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En 1965, une campagne isolée en Angleterre est secouée par une série de suicides, perturbant la tranquillité habituelle de cette région paisible. Toutes ces affaires étranges partagent un élément commun : chaque victime arbore une curieuse marque sur le cou, bien que le collier responsable reste introuvable. De l’autre côté du village, à l’occasion de son anniversaire, Sally reçoit de sa grand-mère un cadeau précieux, un pendentif au motif troublant d’un cœur humain… Quels mystères obscurs demeurent enfouis au sein de ce village ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jordan Schmitt a traversé des épreuves douloureuses qui l’ont poussé à se réfugier dans la littérature comme un moyen de transcender sa souffrance et son désespoir. En laissant les histoires, les images et les idées inonder son esprit, il a cherché à émerger de l’abîme dans lequel il était plongé, une quête qu’il décrit à travers ses écrits.
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Seitenzahl: 338
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Jordan Schmitt
Le pendentif maudit
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jordan Schmitt
ISBN : 979-10-422-1810-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
En janvier 1965, la jeune Sally Burgham fêtait son vingt-deuxième anniversaire dans une maison de campagne éloignée en Angleterre.
Ce jour-là, comme chaque matin, Sally se réveilla à la chanson des oiseaux avec un léger sourire. Elle vivait chez sa grand-mère Estelle, qui est sa tutrice légale depuis la mort de ses parents Sébastien et Florence il y a dix ans. Sally était une jeune fille brune aux cheveux longs, légèrement orangés et foncés de nature réservée, mais serviable. Elle n’allait plus à l’école depuis ce jour fatidique alors, elle prenait des cours à domicile. Aujourd’hui était un bon prétexte pour elle de sauter les leçons privées pour profiter de cette journée. Comme d’habitude, Estelle préparait le petit déjeuner en écoutant les informations à la télévision. C’était une femme de 82 ans qui ne semblait pas affectée par son grand-âge, pendant qu’elle remplissait leurs deux bols de thé vert, elle entendit à travers la télé qu’une jeune fille de vingt ans avait été retrouvée morte non loin d’une banlieue dans un parc à enfants. À ce moment-là, Sally descendit toute prête et joliment habillée pour son anniversaire. La première chose qu’elle fit, c’était enlacer sa grand-mère pendant qu’elle avait le dos tourné en lui murmurant : « Bonjour, grand-mère, tu as bien dormi ? Moi, comme un bébé. »
Estelle lui répondit d’un air détaché : « Oui ma chérie, assieds-toi et prends ton petit déjeuner. » Sally ayant très faim s’empressa de manger tout en voulant regarder la télé, mais Estelle l’avait déjà éteinte et se mit à table pour manger en compagnie de sa petite-fille. En mâchant, Sally demanda à sa grand-mère d’un ton enthousiaste : « Alors grand-mère tu m’as prévu quoi pour mon grand jour ? »
Estelle ne répondit pas et lui sourit en caressant gentiment sa joue. Sally pensait que ce fut une manière pour sa grand-mère de lui faire une surprise, alors elle se contenta de finir son petit déjeuner. Après avoir fini, elle embrassa sa grand-mère en lui disant : « Merci, je reviens dans une heure, je vais faire un tour en ville. »
Dans sa tête, Sally pensait qu’à son retour, elle aurait droit à une petite fête entre elles, car sa liste d’amies était très courte, se résumant à une personne, alors elle prit le volant de sa voiture pour s’en aller près de leur village habituel y faire un tour et tuer le temps. Estelle qui se trouvait devant la porte d’entrée la regarda s’en aller avec un air très froid. Sans attendre, elle mit un chapeau marron recouvert d’un voile noir transparent pour sortir, accompagné de fleurs cueillies de son jardin, elle se dirigea derrière sa maison où se trouvait une forêt dense dont on ne pouvait voir la fin. Marchant pendant quelques minutes en sachant parfaitement où elle allait, apparaissait au fur et à mesure qu’elle avançait ce qui semblait être trois tombes en pierre avec sur chacune d’elles le nom de défunts avec à leur sommet une croix en bois.
Une fois arrivée devant, en même temps que le vent soufflait, elle déploya un sourire à faire glacer le sang et jeta de manière brusque les fleurs au-dessus des tombes. Fixant les tombes avec une certaine perversité, elle employa les mots : « Votre fille adorée vous rejoindra très bientôt mes chéries. » Mais son visage devint tendu et des larmes coulèrent le long de son visage caché tandis qu’elle ricanait de façon incontrôlable. Pendant ce temps à mi-chemin, Sally menait sa route au village en chantant en même temps que la radio qui diffusait des chansons qu’elle appréciait, des gouttes de pluie commencèrent à tomber. Elle avait horreur de la pluie, mais ne savait malheureusement plus pourquoi, comme si son âme avait la réponse, mais pas ses souvenirs. Sally, à son tour, se mit à sangloter sans raison, frustrée de ne rien comprendre. Elle choisit de faire demi-tour et de rester chez sa grand-mère qui pourrait essayer de la consoler, voire de l’aider à mieux comprendre cet étrange phénomène. Estelle avait déjà terminé sa sinistre petite escapade et attendait sagement le retour de Sally. En caressant la table de ses ongles longs, elle semblait avoir la tête dans les nuages. Lors de son intense moment de réflexions embrumées, elle se figea brusquement en pensant au jour qui a changé radicalement sa vie et celle de Sally en marmonnant : « Tu vas payer, jamais, je n’oublierai ce que tu as fait… jamais. » En même temps, sa petite-fille était rentrée et avait garé devant sa maison. Estelle mit de l’ordre dans ses idées lugubres et feignit en même temps de faire la vaisselle. Sally ouvrit la porte d’un regard légèrement rouge après s’être frotté le visage, et courut vers sa grand-mère pour lui faire un câlin. Sa voix tremblait quelque peu et Sally demanda à sa grand-mère : « Pourquoi aujourd’hui grand-mère ? La pluie… pourquoi aujourd’hui ? S’il te plaît, dis-moi pourquoi cela m’arrive ? » Estelle montrant à peine une expression d’empathie se contenta de la serrer fort dans ses bras en lui disant de façon posée : « Ne t’en fais pas, chérie, je suis là, viens avec moi je vais te redonner le sourire. »
En lui tenant la main, elle l’emmena jusqu’au salon pour lui dire calmement : « Assieds-toi et ferme les yeux. »
Intriguée par ce qui allait suivre, Sally s’assit tranquillement et sentit tout d’un coup quelque chose de dur et de froid autour de son cou.
— C’est bon, tu peux les ouvrir, déclara Estelle.
Alors, elle y vit, sans cacher son étonnement, un pendentif à la forme inhabituelle d’un cœur humain entièrement noir. Elle se dirigea immédiatement vers le miroir se trouvant à gauche du fauteuil pour y voir sous un autre angle son cadeau inattendu. En la regardant fixement, Estelle lui souhaita : « Bon anniversaire, ma chérie, je l’ai fabriqué moi-même. Surtout, prends-en bien soin. » Bien qu’intriguée et plutôt perplexe, Sally retrouva quand même le sourire et juste avant de se retourner pour la remercier comme il se doit, elle vit au travers du miroir sa grand-mère souriant machiavéliquement avec les paupières bien ouvertes.
Le sourire de Sally s’effaça net et elle sentit qu’une pression anormale venait de s’imposer en elle, une sensation désagréable venait de s’emparer de son être.
Sally se retourna pour comprendre ce visage troublant qu’elle venait de voir, mais ne vit qu’un regard enjoué sur Estelle. Une hallucination était la seule explication pour elle, mais elle était toujours préoccupée.
— Merci, grand-mère, je le garderais toujours sur moi, je me sens un peu fatigué alors, je vais monter dans ma chambre me reposer un peu.
— Repose-toi bien ma chérie. Tu auras droit à un bon gâteau tout à l’heure. Tandis que Sally montait les escaliers vers sa chambre, Estelle la regardait s’en aller avec un regard étonnamment satisfait. Dans son espace privé libre de ses réflexions, Sally se sentait assez confuse, dans sa tête, elle se questionna : « Pourquoi ce sourire ? Que voulait exprimer ce regard ? Mais d’abord qu’est censé vouloir signifier cet objet ? » Ses doigts frôlaient avec intérêt le pendentif, mais la sensation au touché était plutôt étrange, même inquiétante, comme si au contact de cet objet douteux, la perception des choses paraissait sans lumière. Seuls la négativité et le désespoir en ressortaient, son instinct lui dictait de retirer au plus vite le pendentif de son cou pour échapper à son emprise malfaisante. En tentant de l’enlever, elle découvrit avec stupeur que cet objet était à présent impossible à retirer de ses propres mains. Cela la rendit très inquiète, et comme à son habitude quand un évènement déplaisant lui arrivait, elle alluma la télé pour se changer les idées jusqu’à parvenir vers une solution à son problème. Sur la chaîne des infos, l’enquête sur la mort de cette jeune fille présentait qu’il s’agissait apparemment d’un suicide. Un membre des autorités expliquait clairement que la jeune fille s’était elle-même poignardée dans l’estomac et s’était laissée mourir en se vidant de son sang. Peinée et prise de compassion pour la défunte, ce qui attira encore plus l’attention de Sally, c’est ce petit détail qui vint confirmer ses pires craintes. En effet, une fine trace autour du cou de la jeune fille présageait sans la moindre erreur qu’un pendentif ou un collier avait été en sa possession. Pour les autorités, ce détail fut minime et ne mena à aucune autre explication cohérente étant donné que toutes les traces d’un prétendu objet furent comme totalement vaporisées, alors que pour Sally cela changea complètement sa compréhension de ce qui se passait le jour de son anniversaire. Elle éteignit vite la télé et décida alors de prendre un bain pour se rafraîchir en rationalisant la situation comme elle le pouvait dans le déni. Lors de l’écoulement du bain, Sally enleva ses vêtements très lentement, car une seule question occupa ses pensées : « Est-ce que je sais réellement qui est ma grand-mère ? »
Estelle profita de ce temps imparti pour aller dans sa chambre et faire ce dont elle seule avait le secret, un rituel maléfique qui prendrait effet à la seule condition que Sally ait porté le pendentif. Ceci étant déjà accompli, elle se mit à joindre ses deux mains pour commencer l’incantation en fredonnant, assise devant son miroir fissuré de toutes parts sur une table haute de chevet. Ses yeux anormalement révulsés comme si elle était en transe, le sort ne dura pas plus de trente secondes. Une fois cela accompli, une autre fissure apparut sur le miroir. L’air réjoui et de retour à son état normal, Estelle employa un simple mot inquiétant : « Enfin. »
Sally prenait tranquillement son bain, la tête pensante, quand subitement une anomalie en provenance de l’inconnu la submergea et l’empêcha de faire le moindre mouvement comme si une force venue d’ailleurs était en train de la paralyser. Elle suffoqua pendant un court instant avant de tousser à pleins poumons. Prise de panique, elle sortit immédiatement du bain, après avoir mis des vêtements en toute vitesse, Sally remarqua que le miroir avait été fissuré, ce qui la perturba vu qu’elle n’avait rien entendu, mais soupçonna sans hésitation sa grand-mère comme étant responsable de ce phénomène étrange. Résolue et prête à régler une bonne fois pour toutes cette histoire, elle descendit pour enfin avoir une explication à tout ceci. Devant la porte d’Estelle, Sally conserva ses bonnes manières malgré tout et frappa quatre fois en disant : « Grand-mère, je peux entrer ? Il faut qu’on parle, j’ai besoin de réponses et d’explications. » Mais elle ne répondit pas alors, elle y rentra doucement, la porte grinçait et il faisait noir pourtant, Sally aperçut dans toute cette obscurité les yeux bleus perçants de sa mamie grands ouverts allongée sur le côté.
Cette vision assez effrayante la mettait dans une situation malaisante, mais elle prit son courage à deux mains et avança jusqu’à être assez proche de sa tête. Elle avala de stress sa salive, et se pencha pour y faire des mouvements de sa main, de la droite vers la gauche à plusieurs reprises pour vérifier si elle était bel et bien en train de dormir les yeux ouverts.
Aucune réaction, absolument aucun clignement d’œil n’était perceptible, juste de la respiration. Sa bonne conscience lui dictait de la laisser dormir, mais avec les doutes qui lui trottaient à l’esprit, sa patience ne pouvait attendre, et donc elle la secoua doucement en disant d’une voix assez ferme : « Réveille-toi, grand-mère, réveille-toi. » Soudainement, Estelle lui agrippa le cou de sa main gauche en serrant très fort avant de déclarer d’une voix terrifiante : « Tu dois le faire, seul toi peux le faire ! » Après cette déclaration brusque, elle lâcha prise et cessa de façon brusque de respirer. Estelle tomba dans un état second, ce qui semblait être un coma avec son regard figé dans le vide, mais souriant avec comme un air calculateur. Sally, encore sous le choc de son acte et de ses paroles, prit quelques secondes pour reprendre son souffle et toucher son cou. Elle reprit vite ses esprits et alluma la lumière avant d’appeler sans tarder une ambulance. Ils étaient en route, mais leurs maisons se trouvant assez loin de la ville, les secouristes n’arrivèrent pas avant une bonne heure.
Durant ce laps de temps, elle en profita pour inspecter chaque recoin de la chambre de sa grand-mère espérant trouver un indice hors du commun qui pouvait expliquer l’évènement surnaturel qu’elle venait de subir ainsi que la sensation néfaste que lui procurait le pendentif. Depuis toujours, Sally fut persuadée qu’une force supérieure régnait en ce monde et que des choses inexplicables pouvaient se produire dans la vie de chaque être humain. Il y avait forcément une preuve qui pouvait mener à quelque chose, mais hélas cela ne servit à rien. Il y avait pourtant une chose qui l’interpella… le miroir. Elle avait jusque-là toujours vu le miroir de sa grand-mère toujours intacte, alors le voyant entièrement fissuré, il l’intrigua au plus haut point. Même en se creusant les méninges, il n’y avait pas de conclusions satisfaisantes qui lèveraient le voile sur le pendentif.
Tandis qu’elle perdait espoir d’une solution à ce problème, l’ambulance arriva équipée et prête à embarquer la prétendue défunte. Sally et Estelle se trouvaient à présent ensemble dans le véhicule, ils arrivèrent finalement à l’hôpital de ville Allorane. C’est ici là même que Sally vint au monde.
Sur un brancard en direction des médecins, Sally regarda sa grand-mère entrer dans une salle pour vérifier son état général. N’ayant pas le choix de prendre son mal en patience, elle attendit plus de deux heures avant qu’un médecin ne vienne vers elle pour lui annoncer que sa grand-mère était bel et bien tombée dans un coma profond. Apprenant cette terrible nouvelle, elle était triste, mais surtout déçue, car Dieu sait combien de temps peut durer un tel état sans précision rassurante. Le médecin en profita pour lui demander si elle n’avait pas de parents proches ou parents d’amis qui pourraient l’héberger momentanément le temps qu’un miracle ramène Estelle parmi eux. Sally avait effectivement en tête la maison de son amie d’enfance Joëlle Hurton. Les parents concernés furent contactés au plus vite et eurent vent de la situation, ils acceptèrent sans hésitation de recevoir à bras ouvert Sally dans leur foyer. Tommy et Evelyn étaient des parents très accueillants et sympathiques, lorsqu’ils sont arrivés, ils la prirent avec tendresse dans leurs bras pour la rassurer.
— Mon Dieu, Sally, on est tellement désolé d’apprendre ce qui est arrivé à Estelle, déclara avec compassion Tommy.
— Le médecin nous a tout raconté, alors sache que tu es la bienvenue chez nous.
Evelyn se comportait comme une mère affectueuse avec Sally.
— Je suis contente de te revoir, c’est affreux que ta grand-mère soit dans le coma. Mais ne t’en fais pas, on va s’occuper de toi, dit Joëlle en donnant un câlin amical à son amie. Sally se sentit, en l’espace d’un instant, beaucoup moins seule, elle pensa que ce serait une bonne opportunité pour elle de réfléchir à tout cela pour trouver des éclaircissements concernant Estelle. Mais avant tout, elle voulait pouvoir rendre une visite rapide à sa grand-mère pour lui dire au revoir. Le médecin accepta de la laisser seule avec sa mamie comprenant qu’une séparation entre des membres d’une famille pouvait être difficile.
Sally s’approcha lentement vers Estelle, la regarda fixement avant de lui déclarer : « Je finirais par avoir des réponses grand-mère, et je découvrirais tous tes secrets pour comprendre qui tu es. » Elle sortit et remercia le docteur pour cette faveur avant de rejoindre sa nouvelle famille. La maison des Hurton se situait à dix kilomètres de l’hôpital, il s’agissait plus précisément d’une ferme élevant des vaches et des poules ainsi qu’un magnifique champ de maïs. L’agriculture avait aussi une énorme place dans cette propriété privée. Tommy était un grand caucasien de 44 ans à la carrure assez imposante et au visage séduisant. C’était un fermier modèle, également mari et père aimant, qui travaillait d’arrache-pied pour aider sa famille et ses amis. Evelyn, institutrice anglaise de 37 ans, très appréciée dans son école élémentaire, était aussi une épouse aux cheveux châtain clair et une mère dévouée n’hésitant jamais à faire preuve de tendresse envers ses amours. Joëlle, âgée de 24 ans, jeune femme belle débordante d’énergie, à la chevelure noirâtre semi-bouclée, suivait les traces de son père et s’occupait d’aider en tant que fermière apprentie. Les parents, Tommy et Evelyn, étaient amis avec les Burgham depuis l’enfance de Sally, mais leur relation fut très vite coupée quand les parents de Sally perdirent la vie. Après quoi il n’y eut quasiment plus un seul contact. Mais ils n’en sont pas moins restés des gens très amicaux et toujours prêts à aider. Alors, ils la prirent sous leurs ailes en passant d’abord par chez elle pour récupérer ses affaires. Le soir même dans sa chambre d’hôpital, Estelle reprit conscience d’un claquement de doigts et sourit en marmonnant : « Ton voyage débute maintenant ma chérie. J’ai hâte de te revoir… bon anniversaire. »
Le lendemain matin dans la maison des Hurton, au son des vaches et du coq, les deux filles dormant dans la même chambre se réveillèrent avec les rayons du soleil sur leurs lits. Sally, qui avait eu un sommeil réparateur, se mit à bâiller, mais son expression ne reflétait que le doute et l’anxiété. Quant à Joëlle, elle était d’humeur joviale et demanda tranquillement : « Wow, j’ai bien dormi, et toi, Sally ? Le lit était confortable ? » Sally répondit gentiment : « Oh oui, je te remercie, je me sens beaucoup mieux grâce à vous. » Mais Joëlle comprit au vu de son air que c’était loin d’être la pure vérité, voulant lui remonter le moral au mieux, elle déclara amicalement : « Bon écoute, prends-toi une bonne douche et ensuite descends prendre le petit déjeuner avec nous, on va se régaler. Ce sera déjà une meilleure façon pour toi de commencer la journée. » Sally hocha la tête et prépara ses vêtements, par la même occasion en guise de remerciement pour l’hospitalité agréable, fit la conversation avec son amie d’enfance avec curiosité.
— Au fait, comment se passe ta vie ? Est-ce que tu es étudiante ?
Joëlle répondit avec conviction.
— Non, figure-toi que j’ai décidé d’aider mon père dans l’agriculture et l’élevage, je trouve ça tellement apaisant et sain.
Cette réponse fit chaud au cœur de Sally d’en apprendre plus sur elle qui menait la vie qu’elle souhaitait.
— Je suis vraiment contente pour toi, et pour être honnête, cela te correspond à merveille. Tu seras une excellente fermière, j’en suis sûre. Joëlle se sentait flattée, bien que triste pour son amie qui traversait des épreuves difficiles à surmonter, même si elle ignorait la vraie source de son mal-être. Elle s’avança donc vers elle pour la serrer tendrement dans ses bras.
— Merci, je suis heureuse que tu sois ici, nous sommes là pour toi maintenant. Surtout n’hésite jamais à me faire part de tes problèmes, je te soutiendrais quoi qu’il arrive, après tout, on est amies.
Cela réconforta Sally de savoir qu’une amie sera présente pour alléger ses peines. Après que leur amitié fut ravivée, Sally prit sa douche tandis que Joëlle rejoignit ses parents en bas qui préparaient le petit déjeuner, elle alluma la télé, se mit sur une chaîne et passa de la musique à thèmes joyeux pour bien débuter la matinée.
Tommy préparait des toasts pour chacun et demanda à sa fille de façon enthousiaste : « Alors ma grande, tu es partante pour aider ton vieux père au champ de maïs aujourd’hui ? » Elle répondit : « Oh oui papa, j’ai hâte, dis maman est ce que demain serait possible pour toi qu’on aille toutes les trois au marché du coin, je voudrais lui faire changer d’air. » Evelyn trouvait sa proposition juste, et lui répondit avec entrain : « Mais bien sûr ma belle, demain après-midi, on ira ensemble, ça tombe bien, je ne donnerai pas de cours cet après-midi. » Fraîche et propre, Sally descendit tout en sentant une odeur appétissante d’œufs sur le plat et de toasts, Evelyn l’attendait, le sourire aux lèvres.
— Viens Sally, je t’en prie, assieds-toi et mange autant que tu le veux.
Tommy posa l’assiette chaude, bien préparée pour Sally devant elle.
— J’espère que tu as faim, ne te prive pas et sers-toi autant que tu veux, tu as besoin de reprendre des forces.
Joëlle mit ses mains délicatement sur ses épaules une fois assise pour la mettre à l’aise.
— Tu vas voir, papa et maman sont de vrais cordons bleus. Bon ce n’est pas tout, mais moi, je tiens plus faut que je mange.
Habituée à être dans une ambiance assez froide et morbide, au côté de sa grand-mère, Sally ressentit une immense chaleur affectueuse et réconfortante au sein de cette famille idéale qu’elle avait plus éprouvée depuis belle lurette.
— Du fond du cœur, merci de m’avoir accueilli chez vous. Je me sens un peu gêné de m’imposer dans votre vie comme un cheveu dans la soupe.
Tommy lui servit après qu’elle finissait sa phrase un verre bien rempli de jus d’orange.
— La meilleure façon de nous remercier Sally, c’est de manger. Alors à l’attaque ma grande.
Evelyn se mit à rire et embrassa affectueusement cette dernière sur la joue.
— Tu peux déjà te considérer comme membre intégrante de notre famille.
Joëlle s’asseyait et lui tenait la main en signe de réconfort.
— Comme je te l’ai dit, on sait ce que tu traverses, on sera là pour t’aider dans les bons et mauvais moments.
En entendant tous ces mots réconfortants, la pression et l’angoisse qui jusque-là lui pesaient venaient de baisser d’un cran à tel point qu’elle se mit à pleurer de joie malgré elle témoignant sa gratitude envers eux.
Les estomacs pleins, comme convenu Joëlle et son père Tommy se préparèrent en direction du champ, Evelyn de son côté proposa à Sally de se reposer durant la journée et quitta la maison pour donner ses cours à l’école élémentaire catholique à quatre kilomètres de chez eux. Sally se mit alors dans le salon et regarda la télé, elle défila plusieurs émissions jusqu’à tomber sur celle qui lui donna à nouveau des frissons. L’enquête concernant cette jeune fille suicidée était à deux doigts de se conclure en tant qu’affaire classée, mais contrairement aux dernières nouvelles, cette fois-ci Sally entendit le nom de la victime… Andréa Wilfield. Maintenant son objectif était clair, trouver les parents de cette fille et découvrir comment elle avait obtenu cet objet qui venait selon elle très probablement d’Estelle. En fouillant un peu, Sally trouva et vérifia donc l’annuaire qui se situait à l’entrée sur une table haute. Elle feuilletait plusieurs pages avant de finalement tomber sur la page en question. Alors, elle pointa avec son index le nom et l’adresse correspondant, mais pas de chance Sally devait prendre son mal en patience, car sa voiture se trouvait toujours chez sa grand-mère, rester ici jusqu’au soir était la seule option qu’elle avait. En retournant vers le salon pour s’asseoir sur le canapé, elle sortit son pendentif qu’elle avait caché au Hurton de peur de les inquiéter et de passer pour une folle. Sally ne pouvait s’empêcher de penser à cette pauvre fille décédée, et plus le temps passait, plus elle commençait sérieusement à penser qu’Andréa Wilfield ne s’est pas suicidée sans l’influence d’un objet ou d’une personne l’ayant poussé à commettre cet acte tragique. Pour elle, Estelle serait responsable de la mort de cette fille innocente.
— Grand-mère, pourquoi as-tu donné ce pendentif à cette jeune fille ? Si c’est toi la raison de sa mort… je ne te le pardonnerais pas. Je vais faire de mon mieux pour t’arrêter… ainsi que cette malédiction.
Le même jour dans l’hôpital en plein midi avec un plateau repas englouti sur les jambes, Estelle avec son air satisfait rendit tous les soignants s’occupant d’elle perplexes et surpris de son rétablissement qui fut plus qu’instantané. Un médecin nommé Jonathan Liver qui s’occupait de ses analyses lui déclara avec un ton préoccupé : « Madame Burgham, je dois dire que je suis assez surpris par ce qui vous est arrivé, je veux dire, d’après les analyses, vous êtes en parfaite santé et vous me dites qu’il n’y a aucun antécédent médical dans votre famille, pourtant vous êtes subitement tombé dans le coma et le lendemain, vous êtes déjà rétabli. J’avoue n’être jamais tombé sur un cas comme le vôtre, pourtant je suis bien content que votre état soit rétabli alors, bon retour parmi nous madame Burgham. » Estelle répondit nonchalamment : « Comme c’est gentil de votre part, très cher, mais vous savez monsieur Liver, il y a beaucoup de choses dans ce monde qui ne s’expliquent pas, même par votre science. »
Quoi qu’il en soit, le médecin ne pouvait pas faire autrement que de la faire reconduire chez elle, deux ambulanciers l’attendirent à l’entrée avec une voiture standard de l’hôpital. Pendant qu’elle se faisait raccompagner par son médecin, elle croisa en cours de route une vieille connaissance qu’elle interpella pour échanger des frivolités. Le médecin ne voulait pas s’imposer dans cette rencontre, alors il s’éloigna de quelques mètres pour les laisser discuter tranquillement, après trois minutes de conversations, elle s’excusa envers Liver pour l’attente et ils s’avancèrent jusqu’au véhicule. Il constata que des gouttes de pluie se mettaient à tomber et il soupira en déclarant à Estelle : « Désolé Madame Burgham, pour votre sortie, j’aurais préféré un meilleur temps que celui-là. » Elle sentit de petites gouttes qui lui touchaient la peau, et afficha un air ravi en regardant le ciel.
— Au contraire ce temps est parfait, merci à vous d’avoir pris soin de moi.
— Il n’y a vraiment pas de quoi, nous sommes surtout rassurés que votre condition se soit rétabli aussi vite, dit-il toujours satisfait d’avoir pu aider un patient sans la moindre complication.
— D’ailleurs, êtes-vous sûre de ne pas vouloir prévenir votre petite fille Sally de votre sortie ? Elle avait l’air très déboussolé à votre arrivée, ça pourrait la rassurer de vous savoir sans danger et en bonne santé.
Estelle baissa sa tête, ensuite la releva en lui mettant sa main sur son épaule.
— Merci à vous d’être aussi prévenant et attentionné, mais je sais que mon retour surprise lui fera encore plus plaisir, croyez-moi. Pas la peine qu’elle se déplace quand j’ai déjà à mes côtés deux séduisants ambulanciers pour me ramener à elle, dit-elle d’un air confiant en regardant ses transporteurs, ne voulant plus la retenir plus longtemps, il hocha la tête et lui serra délicatement la main.
— Rendez-moi service, une fois rentré chez vous, pensez à bien vous reposer durant cette semaine.
Avant de monter dans la voiture, elle tourna la tête vers lui.
— Il n’y a plus de raison de s’inquiéter pour moi, je saurais quoi faire en rentrant. Au revoir.
Sur le chemin menant à sa maison, la pluie se faisait de plus en plus forte comme si son retour faisait pleurer le ciel lui-même, à mi-chemin et à l’arrière de la voiture Estelle joignit ses deux mains et commença à marmonner la même incantation qu’elle fit le jour de sa perte de conscience pour activer le pendentif.
Pendant ce temps le conducteur parla à son collègue en annonçant d’un air impatient : « Au fait Alan, ce week-end c’est l’anniversaire de ma fille, bien entendu, tu es invité, on fera ça chez moi avec quelques amis. » Son collègue répondit avec entrain : « Merci de m’avoir prévenu Dave, je viendrais avec plaisir. C’est fou comme les années passent à une vitesse… ça va lui faire quel âge à Tina ? »
— Huit ans, bon sang, c’est vrai que ça passe vite comme l’éclair… ah ah. Elle en a déjà marre que je lui raconte des histoires pour dormir, répondit-il en se rendant compte que sa fille grandissait de plus en plus.
Dave Jirove était un homme assez costaud et grand d’origine anglaise qui portait des lunettes. Alan Charavez, lui, avait une allure plus fine de taille moyenne d’origine mexicaine. Tous les deux se connaissaient depuis leurs débuts dans le métier d’ambulancier il y a de cela cinq ans qui a forgé, avec les années, une belle amitié.
— Tant qu’on en parle, tu m’autoriserais à amener une femme que j’ai rencontrée ? demanda Alan voulant présenter sa petite amie.
— Je préfère t’arrêter tout de suite, si c’est encore une de tes copines vulgaires qui s’habille comme une traînée tu peux oublier, répondit sans détour Dave refusant d’afficher de mauvaises fréquentations devant sa fille.
— Venant de toi ça m’étonne, dois-je te rappeler que ton ex-femme est loin d’être un modèle à suivre en ce qui concerne son image.
Dave ricana à sa moquerie tant ce qu’il disait était vrai.
— Justement, tu te rendrais un grand service en évitant les erreurs que j’ai commises, choisis la femme qui te convient, mais aie au moins un minimum d’exigences tu vois ce que je veux dire ?
Dave s’inquiétait pour son ami qui passait son temps à jouer les coureurs de jupons pour des relations sans lendemain.
— Rassure-toi, Allison est différente de toutes les femmes que j’ai pu fréquenter, et puis je n’ai jamais eu une relation qui a duré aussi longtemps. C’est une femme avec beaucoup d’humour, une personnalité exceptionnelle avec qui on peut parler de tout et de rien. Sincèrement quand je suis avec elle, tout me paraît facile et pour rien au monde, je ne la quitterais. Je crois que c’est la bonne et d’ailleurs, on s’est déjà dit, « je t’aime », c’est une phrase que j’ai l’habitude d’entendre, mais que moi je n’avais jamais dite avant de la rencontrer. Dévoila Alan plein de passions et d’enthousiasme pour sa vie amoureuse.
Dave fut plus que content que son ami de toujours finisse par se caser pour vivre une relation qui a un avenir rempli d’épanouissement.
— Bah ça pour une surprise, il me tarde de la rencontrer alors. Je veux dire quelle est cette femme qui aura droit à l’amour d’Alan Charavez eh eh. C’est bon, tu peux venir avec elle, et… amenez ce que vous voulez.
Arrivé à bon port devant sa maison, la pluie s’arrêta subitement, Estelle voulut remercier comme il se doit les deux ambulanciers et s’adressa en premier lieu à Dave en lui disant d’un air détaché : « Attendez ici un moment, j’ai un petit quelque chose à vous offrir pour vous remercier de m’avoir déposé. » Il ne savait pas refuser un présent offert par une personne âgée, cela venait de l’éducation qu’il a reçue. Alors, Dave accepta et attendit sagement en papotant avec Alan. Elle avait bien entendu écouté toute leur conversation dans leur véhicule alors, elle entra dans sa maison et elle y resta pas moins de deux minutes.
Durant leur conversation, Alan voyait en cette maison une mauvaise énergie qui s’en dégageait, étant aussi très croyant dans sa culture en ce qui concernait les sujets occultes, il se sentit d’un coup mal à l’aise devant cette maison et appela Estelle afin qu’ils puissent tous les deux quitter les lieux. Juste après avoir prononcé son nom, elle ressortit lentement avec entre ses mains un autre pendentif confectionné de ses mains maculées du mal. Elle s’approcha directement vers Dave pour lui donner en main propre l’objet avant de lui dire avec un visage assez malaisant : « Prenez ceci, et offrez-le à votre fille pour son anniversaire. » Il fut assez touché par son geste, il prit donc le pendentif pour la mettre dans sa poche de pantalon.
— Merci, madame, je suis sûre qu’elle sera contente, prenez soin de vous.
— J’y compte bien, au revoir, messieurs et encore merci pour votre aide, déclara-t-elle en leur tournant le dos pour retourner dans sa maison.
Alan, après un signe d’au revoir de la main, était assez méfiant en ce qui concernait le cadeau ainsi que la demeure. Alors, ils remontèrent tous les deux dans le véhicule pour continuer leur travail.
— Hey, tu es sûre de vouloir garder ça ? Ce truc à la forme d’un cœur humain, depuis quand ce genre de pendentif existe ? Si tu veux mon avis, il te portera malheur, jette-moi cette saloperie, dit Alan inquiet de ce que l’objet pourrait leur faire subir.
— Tu t’inquiètes pour rien, c’est juste un pendentif avec un cœur humain, moi je trouve ça original et puis tu sais bien que je ne refuse jamais rien aux personnes âgées, surtout qu’elle l’a sûrement fabriqué elle-même. Mais t’inquiète, il est hors de question que j’offre ceci à ma fille, déclara Dave pleinement conscient que ce n’est pas un cadeau ordinaire.
Alan fut soulagé de l’entendre et démarra le véhicule prêt à partir.
— Là, tu me rassures, il n’empêche que tu devrais t’en débarrasser ou alors le refiler à une personne que tu détestes histoire de lui envoyer un mauvais karma.
Dave se mit à rire et avala un chewing-gum pour lui répondre.
— Laisse tomber, tu sais bien que je ne crois pas au surnaturel, ou à toutes ces conneries de destinée, malgré tout, ton idée est alléchante, si jamais une personne m’insupporte, je lui ferais cadeau de ce petit bijou maudit, déclara-t-il sarcastiquement.
Tous les deux plaisantèrent, tels des complices et, quittèrent les lieux. Estelle les regarda s’éloigner par sa fenêtre de cuisine, après quoi elle se fit un thé vert chaud revigorant en déclarant : « Comme c’est bon d’être de retour chez soi, Sally ma chérie, ta grand-mère n’est pas encore morte. » Plus tard elle s’installa confortablement sur son fauteuil devant la télé avec son thé encore bouillant sur la table, et se mit à tricoter un pull. C’est alors que sortie de nulle part, Estelle se mit à chanter d’une voix douce et apaisante… une berceuse qu’elle fredonnait à l’époque pour faire dormir son fils Sébastien et Sally pendant leur enfance respective : « Quand viendra la vérité, seule ta personne se révélera. Sois conscient de ta place en ce monde, et ton âme s’illuminera. Réveille ton esprit, libère ton cœur. Ferme les yeux, choisis ta voie. Reste auprès de moi, je suis à toi. Oublie tes peurs, et trouve la foi. » Chaque soir durant ces différentes périodes de sa vie, Estelle se servait de cette composition personnelle pour emmener les êtres qu’elles chérissaient dans les bras de Morphée. Des moments nostalgiques inoubliables qui laissaient paraître sur son visage… le bonheur.
En parallèle chez les Hurton le même jour en début de soirée, Sally attendit impatiemment que le repas en famille soit terminé pour enfin leur dévoiler ce qui est à l’origine de ses problèmes. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne passât pas un bon moment en leur compagnie avec quelques rires et anecdotes familiaux divertissants. Cela étant fait, elle leur annonça d’un ton sérieux, mais calme avant qu’ils ne se lèvent pour débarrasser la table : « Excusez-moi, j’aimerais vous parler de quelque chose d’important, c’est à propos de ma grand-mère. Il faut absolument que vous sachiez ce qui se passe. » Ils s’asseyaient donc et Evelyn répondit : « On t’écoute ma belle, dis-nous ce qu’il y a. » Le père et la fille eux acquiescèrent et tendirent l’oreille, alors Sally prit une grande bouffée d’air et commença à parler de la journée d’hier et du présumé accident d’Estelle, tout ceci jusqu’à sa venue chez eux. En dix minutes, elle a expliqué dans tous les détails tout ce qui était arrivé auparavant et a terminé sa conclusion en leur montrant son pendentif. Elle partagea ses craintes concernant les pouvoirs maléfiques qui en émanaient. Bien entendu, cette révélation fut des plus troublantes et inattendue pour les Hurton.
— Donc tu dis que ce pendentif aurait comme une influence paranormale sur toi ? Et tu ne peux pas l’enlever, mais c’est affreux, déclara Evelyn plus qu’abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre.
— Pas seulement moi, j’ai vu aux infos que la jeune fille Andréa Wilfield a été retrouvée morte dans une banlieue. Vous en avez sûrement entendu parler, pour les autorités ce n’est qu’un simple suicide malheureux, mais ils ont aussi montré la trace de pendentif autour de son cou, et je sens au fond de moi que c’est ma grand-mère et sa création de ces derniers jours qui sont la source même de son suicide. Alors ce que j’ai à vous demander est assez gros, mais je voudrais vraiment que vous m’emmeniez chez les parents d’Andréa afin d’avoir de meilleurs éléments pour stopper ma grand-mère, répondit Sally déterminée à aller jusqu’au bout.
Sous le choc, Tommy et Evelyn se regardèrent, il y avait une décision clé à ne pas prendre à la légère.
— Tu nous excuses un instant Sally ? J’aimerais en discuter quelques minutes avec Evelyn, demanda poliment Tommy voulant s’entretenir avec sa femme de ce problème épineux.
Sally comprenait tout à fait sa requête, alors elle hocha la tête et attendit avec Joëlle à ses côtés. Les parents s’éloignaient et Joëlle encore pensive se jeta à l’eau envers Sally pour lui dire en lui tenant la main : « J’ignorais que tu aies dû traverser tout ça, pour être franche, je ne pensais pas que cette histoire était plus complexe que ça. » En lui tendant également la main avec un sourire réconforté, Sally lui rendit son geste et prit sa main, cela représentait pour elle un signe de confiance, alors elle lui répondit d’un air reconnaissant : « C’est moi qui suis chanceuse de vous avoir dans ma vie, vous êtes ma vraie famille maintenant, il n’y a qu’à vous que je pouvais faire part de mon dilemme. Je ne vous remercierai jamais assez. » Les deux amies s’enlacèrent, c’est à ce moment que les parents revinrent en donnant à Sally leurs réponses, tout d’abord Tommy s’asseyait en face de Sally avec Evelyn debout à côté de lui.
— On ne connaissait pas vraiment Estelle, mais vu qu’elle est dans le coma ça nous laissera le champ libre pour agir et surtout après que tu as traversé ses épreuves Evelyn et moi, on ne peut rester là sans agir alors que tu souffres de ne pas savoir le fond des choses. C’est d’accord ma grande, on va t’aider et on fera de notre mieux pour te protéger, dit Tommy prêt à s’investir avec Evelyn dans cette histoire hors du commun.
— Tes parents étaient chers à nos cœurs même si en fin de compte, on s’est connu que peu de temps on s’était pris d’une grande affection pour eux avant qu’ils nous quittent. Toi, tu es leur trésor alors, il est hors de question qu’on te laisse te débrouiller seule après tout, on leur doit bien ça.
Ses mots prononcés ont réconforté le cœur de Sally si fort que tout le poids qui lui pesait jusqu’à ce jour-ci était devenu aussi léger qu’une plume. Elle les prit chacun dans ses bras et leur fit un câlin de soulagement suivi de larmes libératrices. Joëlle voyant ce beau spectacle se joignit à eux pour partager ce doux moment de tendresse, elle avait l’impression de n’avoir plus seulement une amie, mais bel et bien une sœur qui l’épaulerait quoi qu’il arrive.
— Je ne te lâcherai pas d’une semelle, on vivra cette expérience ensemble, déclara Joëlle au visage gai.