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Un vacarme déchire le silence du matin et tire Hiro Ito et ses amis de leur sommeil. Sur le pas de leur porte, dix couffins, dix lettres mystérieuses… En un instant, leur vie bascule. Ce qui n’était qu’une journée ordinaire devient le point de départ d’une aventure imprévisible, tissée de rebondissements, de liens inattendus et d’une famille aussi singulière qu’irrésistible.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Céline Troquereau n’aurait jamais imaginé devenir auteure. Enfant, lire et écrire relevaient du défi. Mais à 16 ans, quelques auteurs lui ouvrent les portes d’un monde insoupçonné : celui de la magie des mots. Malgré une dysorthographie tenace, elle ose enfin se lancer dans l’écriture… et, depuis, elle n’a plus jamais arrêté.
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Seitenzahl: 280
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Céline Troquereau
Le père de famille et le docteur
Roman
© Lys Bleu Éditions – Céline Troquereau
ISBN : 9979-10-422-7055-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avant toute chose, je tiens à dire qu’elle est une amie chère et précieuse. Une personne incroyable, sincère et très généreuse.
Nous nous sommes rencontrées sur un site d’auteurs amateurs et sûrement qu’on s’est un peu parlé par hasard ou par envie. Au départ, ce n’était rien de plus que des échanges sur un chapitre ou des personnages appréciés.
J’apprécie sa manière de décrire les choses et d’entrer dans le vif du sujet alors que, généralement, j’ai une préférence pour le mystère et l’indécision. J’affectionne aussi son réalisme quand elle aborde parfois les sujets difficiles. Plus simplement, j’aime son travail, son style, sa plume.
Ça a sûrement été un coup de foudre en y réfléchissant.
Un coup de foudre artistique.
Au début, nos échanges étaient discrets, puis, très vite, ils sont devenus quotidiens.
On a appris à se connaître au travers d’écrans et, grâce à elle, j’en suis venue à me dire qu’il était encore possible de rencontrer des gens incroyables, intéressants et honnêtes en ce siècle.
Elle est une amie formidable, une mère et une épouse dévouée. Elle aime prendre soin des autres, leur faire découvrir ses passions et n’hésite jamais à aider si on lui demande.
Mais discutons un peu de ce livre.
Écrire n’est pas un travail pour elle, c’est une joie et une passion qu’elle entretient. Elle n’hésite jamais à faire des recherches sur un sujet qu’elle ne maîtrise pas ou peu, à approfondir ses connaissances personnelles pour avoir une bonne histoire à raconter.
Écrire est une pause dans sa vie de tous les jours et à l’intérieur de ce livre, une histoire originale sur la vie, la paternité et les difficultés que cela peut engendrer comme les petits bonheurs anodins. Les nouvelles rencontres, comme les anciennes, peuvent influencer sur les choix des personnages avec une ambiance chaleureuse et remplie de petits moments de bonheur, même si parfois des nuages apparaissent. Ce sont ces moments sombres qui donnent de la profondeur au texte et qui permettent aux personnages d’évoluer.
Mais avant d’être tout ça, avant d’être une histoire sur la vie, c’est aussi et avant tout, une histoire d’amour.
Une histoire d’un père célibataire renouant avec ce sentiment qui pourrait presque lui paraître étranger et d’un homme qui réapprend ce qu’est l’amour.
Une histoire qui, je l’espère, plaira au plus grand nombre d’entre vous.
En lisant, j’aimerais que d’autres personnes tombent amoureuses de ses histoires. Appréciez son univers et soyez charmé par lui.
Leeloo
Dring, dring, dring, dring, dring, dring…
La sonnerie de la porte retentissait depuis deux bonnes minutes sans discontinuer. Il était sur les rotules et n’arrivait pas à se réveiller. Le jour d’avant, il avait eu une journée chargée et avait fini tard le soir. Ce matin, il comptait faire une bonne grasse matinée, cependant, ce bruit strident l’empêchait de fermer l’œil. À contrecœur, il se décida quand même à sortir du lit. Il fallait à tout prix qu’il y aille, si ses colocataires se levaient en premier, ça allait mal tourner, surtout avec deux d’entre eux.
Hiro Ito s’étira en bâillant et entama ses premiers gestes en vue de se mettre sur ses pieds. Il souffla de dépit quand il entendit la voix de son ami Ryu s’élever dans le couloir. C’était trop tard, il plaignait la personne devant la porte.
Putain ! Vous pouvez pas la fermer ! Sans déc’ qui ose me réveiller de la sorte un samedi matin ?
La sonnerie s’arrêta net. L’individu avait dû percevoir le son au travers du pan de bois et devait sûrement attendre patiemment qu’on vienne ouvrir. L’homme, toujours en colère, se rua vers l’entrée bien décidé à massacrer celui qui l’avait forcé à se lever si tôt en week-end. En s’ouvrant, la porte claqua contre le mur, retentissant dans tout l’appartement. Ryu allait hurler quand il se figea net, bouche bée.
Yo, Ryu, n’y va pas franco, laisse-m’en un peu, s’écria un nouveau venu dans le couloir. Je veux également le massacrer.
Hiro inquiet enfila un peignoir et courut dans le vestibule afin de tempérer ses compagnons. Peu avant d’arriver à leur hauteur, il fut surpris de les découvrir tendus et silencieux, la tête baissée vers leurs pieds. Ito alla jusqu’à eux, les poussa légèrement de manière à voir ce qu’ils observaient au sol. Il s’immobilisa à son tour, pendant quelques minutes de réflexion. Il entama quelques pas dans le couloir de l’immeuble et son regard chercha à accrocher un indice, quelque chose ou quelqu’un prêt à répondre à ses questions. Des bruits de voix s’élevant de son appartement le ramenèrent à la réalité. Il exécuta un demi-tour et vint retrouver ses amis.
Les gars ! Qu’est-ce que c’est que ça ? s’exclama, surpris, un nouvel arrivant.
Toma… ça se voit…, répondit dépité celui qui s’était énervé aux côtés de Ryu.
Tama si je demande… je veux dire… je sais ce que c’est, je te demande ce qu’ils font là devant chez nous.
Comme si je….
Ça suffit les frères Mori ! siffla Hiro. C’est pas le moment de se disputer.
Qu’est-ce qui se passe ? demanda une nouvelle voix.
Ah ! Yuri te voilà, Akira vient aussi, ça nous concerne tous, appela Hiro.
Les deux derniers arrivèrent et, comme les autres, ils blanchirent et se turent un instant. Les six hommes, Hiro, Ryu, Tama, Toma, Yuri et Akira regardaient leurs pieds ou plutôt les couffins au sol. Effectivement, quand Ryu avait ouvert la porte, il était tombé sur une dizaine de berceaux en tissu et coton contenant chacun un bébé endormi et une lettre. Cela l’avait stoppé net dans son élan. Un effet identique s’était produit chez tous les résidents de l’appartement quand ils étaient arrivés tour à tour.
Bon, j’imagine que ces berceaux n’ont pas été apportés par une seule personne, hein ! Mais là, visiblement, personne en vue. Et on ne peut pas dire que c’est une erreur, il y a des lettres à nos noms, analysa Hiro d’un ton neutre. Cela l’aidait à accepter la réalité et à essayer de comprendre pourquoi et comment les bambins avaient atterri sur le pas de leur porte.
Et que fait-on ? se renseigna Akira.
On va pas les laisser là, prenons-les, déclara sérieusement Ito.
Tous acquiescèrent. Ils prirent un ou deux couffins chacun et se dirigèrent vers le salon. Là, ils observèrent les bébés, tous étaient différents et ils avaient l’air d’avoir le même âge à quelques jours ou quelques mois près. Hiro attrapa en premier sa lettre. Son regard se porta sur ses compagnons qui, eux, n’y comprenaient rien non plus. Ses yeux revinrent sur l’enveloppe entre ses mains. L’espace d’un instant, il hésita. Il l’ouvrit et la lut à voix haute dans le but de se donner du courage et de manière à ne pas avoir à tout expliquer.
Cher Hiro,
Par où commencer ? En premier lieu, je m’appelle Hinata et je dois te demander pardon pour ce que je suis en train de te faire. Nous ne nous sommes vus qu’une seule fois et je te contrains à faire cela. Malheureusement, je n’ai pas d’autre choix. Je ne peux pas garder les enfants, même si je le désirais. Tu dois te demander qui je suis et pourquoi je te dis qu’ils sont de toi. Pourtant, je te jure qu’ils ne peuvent être que de toi. On s’est rencontrés l’année dernière dans un bar de Kyoto, lors d’un week-end entre amis. J’étais venue de Nara avec les miennes, Yüna, Emi, Sanaé, Yumi et Hisaé. Toi de Tokyo avec les tiens,Ryu, Tama, Toma, Yuri et Akira.
Oh ! Les belles filles de Kyoto, l’interrompit Yuri se souvenant de la jolie brune aux yeux bleus avec qui il avait passé de bons moments.
Oui, laisse-moi finir, s’il te plaît, le réprimanda Hiro, irrité qu’on l’ait interrompu de la sorte, avant de reprendre sa lecture.
Tout comme vous, nous sommes amies d’enfances. À la fin de notre cursus scolaire, afin de pouvoir nous émanciper, nous avons pris la décision de vivre ensemble. Cela fait donc des années que nous nous côtoyons. De notre point de vue, nous sommes liées autant qu’une fratrie de sœur. Tu peux donc imaginer combien nous étions heureuses quand nous avons appris nos grossesses. Être mamans et pouvoir élever nos enfants toutes ensemble était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Nous avions l’intention de nous occuper d’eux nous-mêmes et de fonder notre propre famille, tout était prévu ou presque. Seulement, on ne fait pas toujours ce que l’on veut. C’est à ce moment-là que des imprévus sont arrivés. Deux d’entre nous ont eu des jumeaux et une avait des triplés. Malgré tout, nous pensions qu’on pourrait garder dix enfants à six.
Pardon, si des larmes tachent le papier. J’ai encore mal en repensant aux derniers mois. Cependant, je dois au moins t’expliquer ce qui s’est passé, afin que tu renonces à me retrouver, toi, ou tes amis.
D’abord, je vais répondre aux questions que tu dois te poser. J’ai eu de faux jumeaux. Tes enfants sont Mao et Mia. Je te demande d’en prendre soin.
Ito s’arrêta de son propre chef cette fois-ci. Il regarda les différents couffins. Il avait pris la lettre de Mao et Toma désignait du bout des doigts sa fille Mia. Il ramena le berceau de la petite près de son frère. Le garçon avait une touffe de cheveux noirs en bataille, tout comme sa sœur, qui les avait éparpillés. Les deux étant endormis et bien emmitouflés dans leurs couvertures, il ne voyait que cela. Ne voulant pas les réveiller, il les détaillerait plus tard. Il pouvait attendre un peu. Au vu de la lettre, il allait avoir tout son temps. Il soupira et reprit.
Revenons à mon histoire. Sache que nos parents n’étaient pas tous derrière nous. Les miens étaient mitigés. Au fil des mois,je pensais pouvoir leur faire accepter ma grossesse.De plus, j’espérais que la vue de leurs magnifiques petits-enfants leur donnerait envie d’être grands-parents.Malheureusement, ce fut bien plus compliqué que ça.
Les neuf mois de grossesse se sont bien passés. Nous nous soutenions, allions ensemble chez la sage-femme. Cependant, quand vint l’heure des accouchements, ce fut plus difficile.
Hisaé, la maman de Law, le mit au monde avec deux mois d’avance. Il a passé ses premiers jours dans une couveuse. Bien qu’il aille mieux maintenant – sois-en rassuré – ses parents la harcèlent afin qu’elle abandonne son fils, sous prétexte qu’il est un peu fragile. Ils ont même été jusqu’à contacter les services sociaux leur racontant qu’elle n’était pas apte à élever un enfant. On a réussi à le garder jusqu’à présent. Mais à ce jour, on ne peut plus faire face.
En ce qui concerne les cinq autres, nous avons accouché à peu près à terme à quelques jours de différence. Dans chaque couffin, j’ai mis le livret de famille et le carnet de santé de chaque bébé. Vous saurez tout ce qu’il faut savoir sur eux depuis ces trois derniers mois.
Ma meilleure amie Yumi et sa sœur Yüna ont accouché le même jour. Cette journée qui aurait dû être des plus heureuses fut des plus tristes. Mon amie d’enfance depuis la maternelle a perdu la vie en mettant au monde ses trois fils, Nao, Naoki et Naoto. Ses parents étaient si bouleversés qu’ils ont rejeté les enfants, leur reprochant la mort de leur mère. Comme si c’était leur faute, les pauvres. Ensuite, ils ont forcé sa sœur, la mère de Seiji, à l’abandonner. Refusant de le faire, ils l’ont mariée de force peu de temps après la naissance. Ils avaient entamé les démarches dans le but de mettre les quatre cousins, Naoki, Nao, Naoto et Seiji à l’orphelinat. Par chance, au dernier moment j’ai réussi à les récupérer. J’avais promis de les protéger. Pendant ces trois derniers mois, j’ai été la mère à plein temps de six enfants.
Une autre de mes amies, Sanaé, a fait un baby blues et a rejeté ses enfants. Nous avons dû l’hospitaliser. C’est la mère des faux jumeaux, Mina et Jun. Hélas, à la suite de ça, elle a fait une réelle dépression et son internement a été prolongé. Nous ne savons pas quand elle sortira. Nous doutons qu’elle puisse s’occuper seule des enfants. En définitive, nous n’étions plus que trois à élever les dix enfants.
À la fin de mon congé maternité, mon employeur m’a annoncé ma mutation dans l’une de nos filiales à l’étranger. C’était ça ou le renvoi. Sache que trouver un travail dans ma branche est très difficile. Bien entendu, il m’a bien fait comprendre que je ne pouvais pas emmener les enfants avec moi. Ni les miens ni les autres. De plus, je n’aurai ni les moyens financiers ni le temps de m’occuper d’eux là-bas. Quand j’en ai parlé à mes parents, ils ont insisté sur le fait qu’ils ne voulaient pas m’aider avec autant d’enfants, même si leurs propres petits-enfants en faisaient partie.
L’accouchement de ma dernière amie, Emi, s’est bien passé. Malgré tout, ses parents la poussent à abandonner sa fille Rima.
Le problème est que deux femmes seules ne peuvent pas prendre soin de dix enfants, surtout si elles n’ont pas l’aide de leurs parents. Tout cela en plus de la pression des services sociaux… Et puis, il faut reconnaître que ce ne sont pas les plus riches d’entre nous.
Après mûre réflexion et après avoir réfléchi à la meilleure manière de ne pas les séparer, on a pensé à vous. Vous nous avez fait bonne impression. Vous avez l’air de gentilles et honnêtes personnes. On se souvient également que vous avez de bonnes situations. Ce sont vos enfants, on est sûres que vous pourrez les garder. Personne ne viendra vous les prendre. Nos parents ne vous poursuivront pas et les services sociaux non plus.
S’il vous plaît, prenez bien soin d’eux. Vraiment, je te demande pardon et je te remercie du fond du cœur. Dis-leur que je les aime.
Hinata
À la fin de la lecture, les six hommes se regardèrent en silence. Peu à peu, tous prirent leurs lettres respectives et les lurent. Toutes racontaient la même histoire. À part celle de Law et Rima, toutes étaient écrites par Hinata à la place de leurs mères. D’autres lettres étaient adressées à Seiji, Rima, Mina, Jun, Mao, Mia, Nao, Naoto, Naoki et Law.
Durant la lecture, Toma sourit. La jeune femme avait écrit qu’elle avait choisi le nom de leur fils en repensant à son travail d’agent de police. Elle voulait que leur enfant ait quelque chose venant de son père. Le mot « law » en anglais signifie « loi ». Cela serait parfait ! Au fond, sa profession était bien de faire respecter la loi. Il sortit de ses pensées en entendant la voix de son frère.
Que faisons-nous ? demanda Tama.
Nous n’avons pas trop le choix, répondit Hiro. Il attrapa un papier, un crayon et griffonna quelques mots. Ryu, Akira et Toma vous partez acheter ça. Ce sont des couches, biberons et autres accessoires de bébés, prenez-en beaucoup, on en a dix. Yuri et moi, on ira acheter de quoi les faire dormir et les vêtir.
Et moi, je vais nous trouver un nouvel appart, ou une maison. J’ai peut-être quelques idées, décréta Tama.
Terminée la grasse matinée du week-end ! Les cinq hommes se préparèrent rapidement et allèrent accomplir leurs missions. Tama, toujours en pyjama, s’installa devant son ordinateur afin d’effectuer quelques recherches en s’occupant des enfants. Il pria pour qu’aucun ne se réveille avant le retour des autres.
Le soir, les enfants étaient bien éveillés. Pour le plus grand plaisir de leurs pères, ils n’étaient pas si bruyants finalement. Au contraire, chacun babillait et jouait avec son nouveau jouet : hochet, peluche et autres accessoires de son âge. Lorsqu’ils avaient fait les courses, leurs pères n’avaient pas lésiné, obéissant à Hiro, qui leur avait dit d’en prendre beaucoup. Ils avaient presque dévalisé un ou deux magasins.
À leur retour, les six hommes avaient passé la journée à réaménager leur appartement. Chaque papa devant prendre soin de sa progéniture. Par exemple, la pièce servant de bureau fut réaménagée en nursery, ce qui serait plus confortable. Dans cette pièce seraient installés les triplés de Yuri, ainsi que les jumeaux de Ryu. Les cinq bambins feraient chambre commune, les autres iraient avec leurs propres géniteurs.
Une fois que tout fut bien disposé, ils se reposèrent sur le canapé du salon, les couffins à leurs pieds. Ils faisaient plus ample connaissance avec leurs enfants et les détaillaient.
J’ai lu qu’il fallait leur parler, expliqua Tama.
Comment ça ? se renseigna Ryu.
Regarde-moi faire ! Tama se pencha vers le berceau et d’une voix douce, il dit : « Bonjour, je suis Tama Mori et toi, tu es mon fils : Seiji Mori ». La petite bouille blonde, aux grands yeux bleus hérités de son père et de son oncle Toma, gazouilla en agitant son hochet. Tu vois, comme ça.
Bien ! s’exclama Ryu. Si on doit se présenter, alors allons-y ! sourit-il en mettant son visage devant sa fille. Bonjour, je suis Ryu Abe, et toi, tu es Mina Abe. Les yeux bleus de la petite fille pétillèrent à l’écoute de son prénom. À côté de toi, c’est ton frère. Ryu alla contempler son fils. Il était ravi de constater que les deux bambins avaient hérité de sa chevelure noire et de ses yeux bleus. Toi, tu t’appelles Jun Abe. Le garçon attrapa une petite peluche multicolore. Il essayait de l’agiter. N’y arrivant pas, son père l’y aida. Heureux de cet échange, père et fils purent écouter le bruit de la clochette à l’intérieur du jouet, ce qui fit rire le bébé.
À moi maintenant. Tout content, le rouquin de la bande s’adressa à ses trois enfants également roux. Bonjour, je suis Yuri Watanabe, et vous êtes tous les trois mes enfants. Votre mère avait un sacré sens de l’humour, car, en plus de vous ressembler comme deux gouttes d’eau, vous avez des prénoms qui commencent de la même manière. Heureusement, j’aperçois un ou deux signes distinctifs. Par exemple, toi, tu es Nao Watanabe et tu as mes yeux noirs. Toi, tu es Naoto Watanabe et tu as plus de taches de rousseur que tes frères et les yeux bleus de ta mère que tu partages avec ton autre frère. Là, il se pencha vers le dernier et il dit : « Toi, tu es Naoki Watanabe ». Les trois petits réagirent à leur façon à la voix de leur père qui les dévorait du regard. Pourtant, je suis soulagé, Hinata a pensé à tout. Elle a mis des étiquettes partout, même sur vos couffins, cela m’aidera à ne pas vous confondre. Quant aux habits, elle vous a préparé une gamme de couleurs à chacun. Nao porte le jaune du soleil. Naoto le vert de l’herbe et Naoki le bleu du ciel. Il se mit à rire avant de dire : à vous trois, vous êtes mon printemps. Il entendit les autres rire à leur tour. Heureux, il s’exclama. À toi Hiro !
Bien, bien ! L’homme se remit de son mini fou rire. Moi, je suis Hiro Ito et toi tu es Mia Ito, déclara-t-il en regardant une petite fille aux cheveux noir-ébène semblables aux siens et aux yeux vert émeraude de sa mère. Il regarda ensuite son fils, portrait craché de sa sœur. Toi, tu es Mao Ito et je suis ravi de vous rencontrer. Du moins… Il s’arrêta et leva la tête vers Akira. Dis-moi, en tant qu’avocat, tu pourras faire quelque chose pour cela ? Il montra les carnets de naissance de ses enfants. Dessus, il n’y a que le nom de leur mère, donc ce ne sont pas vraiment des Ito.
Oui, lundi après-midi, prenez quelques heures, on ira remplir leurs papiers et on deviendra officiellement leurs pères. En plus, avec Toma qui est agent de police, ce sera d’autant plus facile. Bon à moi. Bonjour, je suis Akira Sato et toi, ma belle, tu es Rima Sato. La petite fille, qui ressemblait à son père avec ses yeux marron et ses cheveux châtains, sourit.
Eh bien, il ne reste plus que nous deux, sourit un blond aux yeux bleus dont le fils, plus âgé que les autres de deux mois (bien qu’aussi petit qu’eux du fait de sa naissance prématurée) donnait l’impression de le fixer. L’enfant ressemblait à sa mère, il était brun aux yeux noirs. Il ressemblait plus à Hiro qu’à lui-même. Néanmoins, cela ne le gênait pas. Bonjour je suis Toma Mori, toi tu es Law Mori. Contrairement aux autres, il ne se contenta pas de le regarder. Délicatement, il prit la tête de Law d’une main et son petit corps de l’autre et le souleva. Il le cala entre ses bras comme il l’avait vu dans l’une des vidéos trouvées sur le net et il continua les présentations. Là-bas, c’est ton oncle Tama Mori et ton cousin, Seiji Mori. Tama adressa un signe de la main en guise de bonjour.
Il est trop petit pour bien te voir de si loin, expliqua Ryu qui lisait un article sur le développement des bébés sur le web.
La soirée passa ainsi tout en discutant, s’informant, mangeant et jouant. Tous se mirent au lit vers vingt-deux heures à la suite du dernier biberon. Tous les enfants faisaient leur nuit de vingt-deux heures à sept heures sans se réveiller. Hinata avait fait ça bien, car elle leur avait mis un carnet avec les habitudes de chacun et leur rythme de vie. Malgré leur jeune âge, chacun s’était adapté aux autres alors, pendant leur sommeil, le père qui s’occuperait des bébés pendant la nuit serait tranquille. Les pères heureux allèrent se coucher dans le but d’être en forme à leur réveil.
Le lundi matin, Tama partit tôt à son travail. Il avait été embauché dans un cabinet d’architectes. Il avait décidé de faire cela pendant trois ans afin de voir la réalité du marché avant de se mettre à son propre compte. En arrivant, il alluma son ordinateur, se dirigea vers la salle de repos et mit la machine à café en route. Il en prépara deux tasses qu’il empoigna avant de se rendre d’un pas décidé dans le bureau de l’un de ses collègues et patron.
Kenzo, salut.
Oh Tama ! T’es là tôt aujourd’hui, merci d’avoir préparé le café.
De rien. Ouais je voulais te parler. Un signe de la main de la part de Kenzo lui proposant de s’asseoir l’incita à continuer. Voilà, il m’est arrivé un truc de « ouf » et j’aurais besoin d’aide. Ne t’inquiète pas, ça ne remettra pas en question mon contrat.
Ok, raconte ! répondit un peu tendu l’homme en regardant le grand blond portant toujours des lunettes de soleil, ce qui l’avait amusé à leur première rencontre.
Tama conta avec enthousiasme son histoire et celle de ses amis. L’autre le regarda perplexe. Il attendit la fin de son monologue pour prendre la parole. Il savait que l’homme n’était pas quelqu’un qui se confiait facilement, alors le voir faire sa tirade était assez intéressant et l’histoire était fascinante.
Waouh ! Et vous êtes sûrs de vouloir les garder ?
Ouais, c’est notre chance d’avoir une famille.
Vous n’avez que vingt-neuf ans ! En tant qu’homme c’est encore jeune. Vous pourrez construire plus tard une famille, ce n’est pas comme pour les femmes. Et ton projet… l’homme se tut quelques instants. Il se dit que la situation pourrait peut-être, finalement, lui être bénéfique. Tama était très bon dans son domaine et le perdre serait dur. Son contrat devait prendre fin l’an prochain. Grâce à ce retournement de situation, peut-être pourrait-il le garder quelques années de plus. Il aurait sûrement besoin d’argent. Ok dis-moi : de quoi as-tu besoin ?
Je cherche une maison pouvant accueillir jusqu’à seize personnes près de Tokyo. Je sais que, dans la ville, ça va être dur et super cher. En revanche, en campagne proche, on devrait trouver un truc correspondant à notre budget.
Je vois. Tu sais que tu trouveras moins cher s’il y a des réparations à effectuer ?
Ouais, ça nous fait pas peur.
Bien, je vais t’aider à chercher. En fait, je crois que j’ai une idée, on m’a parlé d’un projet, je vais voir ce qu’il en est, se souvint le directeur.
Super, merci. J’aurais autre chose à te demander.
Oui.
Si… pour mon contrat… je pouvais rester un peu plus longtemps… hésita Tama.
Autant que tu veux ! s’exclama Kenzo, ravi de pouvoir garder un si bon élément encore un peu. Au fait, que pense ta famille de votre nouvelle situation ? Elle ne dit rien ?
Oh non ! Toma et moi, on est orphelins.
Je ne savais pas. Avec cette nouvelle information, il comprenait mieux certains traits de caractère de l’homme : son manque de confiance en l’autre ainsi que son attachement à son petit frère. Et tes amis ?
Yuri n’a plus que son oncle et sa tante. Même s’ils sont sympas et présents, il ne veut pas les ennuyer, il pense leur en avoir déjà assez demandé. Akira a un vieux grand-père qui a la tête ailleurs, c’est un inventeur de génie, il est juste très mauvais en relations sociales. Tu peux être juste à côté, il ne te calcule pas ! Ryu était avec nous à l’orphelinat. Hiro a encore ses parents, ils sont du genre à toujours le désavouer. Ils sont si stricts qu’il préfère ne pas les voir, car cela finit constamment par une dispute.
En gros, vous êtes tous bien seuls… Kenzo les plaignait presque. Presque, car à la manière dont Tama parlait d’eux, ils n’avaient pas l’air de se lamenter sur leur sort, tous s’amusaient et vivaient leurs vies sans regret.
Oui, cependant, on a su devenir une famille et on va l’offrir à nos enfants.
Eh bien, félicitations et bon courage. Le blond confirmait ses pensées et il en était heureux pour lui.
Merci, sourit de toutes ses dents Tama qui se faisait peu à peu à l’idée de créer sa propre famille et surtout qui voulait voir Seiji grandir.
Les deux hommes se mirent au travail et Kenzo tint parole. Il chercha une maison en sifflotant, heureux que son employé le reste encore pour un moment.
Ils se trouvaient dans la campagne de Tokyo. À trente minutes en voiture. Tama les avait amenés ici, car il avait trouvé une maison dans le village. En arrivant dans ce dernier, il avait été agréablement surpris. Son regard détaillait l’architecture. Les maisons étaient dans un vieux style Edo1. Elles paraissaient venir d’une autre époque, on aurait dit que le temps s’était arrêté. Pourtant, ils n’étaient pas loin de la capitale. Cela lui plut. L’atmosphère du bourg semblait propice à l’éducation des enfants. Les rues n’étaient pas bondées de voitures, les trottoirs assez larges et praticables, même en poussette.
La veille au soir, Tama leur avait annoncé avoir visité l’endroit. Il leur avait vanté l’air non pollué, la petite école, la bibliothèque, divers magasins de nourriture, de vêtements et avait fini par décrire les parcs où amener les enfants jouer. Il avait ajouté avoir examiné la maison. Bien sûr, il y aurait des travaux, toutefois, cela restait faisable. De plus, il avait travaillé sur un nouveau plan des lieux qui les satisferait tous. Ito avait donc pris le temps de voir où se trouvaient les différents bâtiments par rapport à la maison. Celle-ci était à deux minutes du village.
Quand ils étaient arrivés, ils avaient longé un mur en pierre haut et long qui ne laissait rien voir de l’intérieur. Ici, ils seraient bien protégés. Au vu de la clôture, le jardin et la demeure devaient être immenses. Tama alla ouvrir le portail de bois qui devait mesurer au moins trois mètres de haut. En entrant, ils purent voir l’immense parc et une allée de gravier menait au parking devant la demeure.
Avant de la voir, il l’avait imaginée. Malgré tout, il fut surpris de sa grandeur, de son matériau et de son apparente ancienneté. On voyait bien que le bois était là depuis plusieurs siècles. Effectivement, ici, ils pourraient vivre aisément à seize, chacun pouvant y trouver sa place et son espace. Hiro regardait la façade. Il sourit, le blond avait vraiment bon goût. Il ferma les yeux quelques instants et se remémora les derniers jours.
La semaine d’avant, ils avaient trouvé des couffins devant chez eux. Dix en tout. Chacun avait fait ce qu’il fallait afin de les accueillir au mieux. Des lits avaient été montés dans l’appartement. Celui-ci étant trop petit pour seize personnes, leur bureau à tous était devenu la chambre de cinq des enfants. Le lendemain, ils avaient décidé de faire une nouvelle chambre qui serait occupée par les cinq autres enfants. Ils n’étaient pas embêtants, seulement, les pères ne pouvaient plus rien faire avec leur progéniture en train de dormir. Ito avait proposé sa chambre et avait déménagé sur le canapé du salon. La première chambre avait les fratries Watanabe et Abe et la seconde avait les cousins Mori, la fratrie Ito et la petite Sato. Ils avaient été soulagés d’apprendre que leur logement était bien insonorisé. Ainsi que de s’apercevoir que les enfants faisaient leurs nuits et ne pleuraient qu’en de rares occasions. Chacun avait aménagé son emploi du temps afin d’aider Hiro qui avait pris sa semaine. Il avait fermé son dojo de manière à s’occuper des petits. Les hommes de l’appartement s’étaient mis d’accord sur le fait de devenir les pères de ces gamins. Au terme de plusieurs discussions, plus ou moins houleuses, la décision avait été prise de ne pas contacter les mères et de ne pas faire de tests sanguins. Ils étaient leurs progénitures, point à la ligne. Ces jeunes femmes de quatre ans leurs cadettes leur avait fait confiance en leur confiant leurs trésors, suite aux souffrances que la plupart d’entre elles avaient subies. C’est ainsi que ces futurs trentenaires – dans un an ou moins – étaient devenus pères célibataires et allaient réaliser le rêve des mères des bambins. Les élever ensemble en famille.
Les trois premiers jours avaient été difficiles. Malgré tout, ils avaient réussi à trouver un rythme. Pendant ce laps de temps, tous s’étaient aperçus d’une chose essentielle. Hiro Ito avait une vocation, celle d’être père et d’organiser une maison. Ravis de cela, ils l’avaient laissé faire.
De son côté, au début, il s’était senti un peu délaissé, s’apercevant que les autres s’en remettaient toujours à lui. Ce sentiment négatif fut annulé au moment où Ryu était arrivé avec un mini bus de seize places – trouvé et réparé dans son atelier de mécanicien – de façon à pouvoir tous les transporter. Il s’était également senti épaulé quand, chacun à leur tour, ils avaient pris un jour de congé leur permettant de l’aider avec les enfants.
Au bout de cinq jours, Tama Mori était arrivé avec un sourire aux lèvres. Le blond avait retiré ses sempiternelles lunettes de soleil et montré ses yeux bleus. Cela faisait un moment que personne ne les avait vus, à l’exception de son frère Toma. Les deux se ressemblaient beaucoup. Contrairement à leurs fils qui, malgré le fait qu’ils soient cousins, étaient complètement à l’opposé l’un de l’autre. Seiji avait une peau blanche et était blond, ce qui en faisait le portrait craché de son père. Law était brun avec le teint hâlé à l’image de sa mère. L’homme les avait dévisagés tout heureux, puis leur annonça haut et fort :
J’ai trouvé ! Un de mes collègues architectes m’a parlé d’une maison assez grande pour nous seize. Elle est à une demi-heure de Tokyo dans un village assez campagnard.