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Clément et ses amis résident dans une région reculée de l’Idaho et sont accablés par de nombreux problèmes. Lorsque leur dépendance à l’héroïne devient insupportable, ils doivent tout mettre en œuvre pour s’en sortir. Le manque, les erreurs passées qui les hantent, la quête de vengeance… Tous ces défis pâlissent en comparaison de ce qui attend Clément, alors qu’il se retrouve enfermé entre quatre murs. Il doit laisser son passé derrière lui, mais se trouvera-t-il toujours au même endroit à son retour ? Réussira-t-il, avec l’aide de ses amis, à surmonter ces épreuves ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pierre Lefebvre perçoit le cinéma et la littérature, dont il est amateur, comme d’excellents moyens de partager ses récits. Pour son premier roman, il s’est particulièrement inspiré de deux œuvres majeures, Las Vegas Parano de Hunter S. Thompson et Trainspotting d’Irvine Welsh.
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Seitenzahl: 137
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Pierre Lefebvre
Le prince de Westyle
Roman
© Lys Bleu Éditions – Pierre Lefebvre
ISBN : 979-10-422-2170-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Timothy Leary, un célèbre penseur de l’air psychédélique qui nous avait vendu un rêve lumineux. Une expérience qui devait être spirituelle, censée être émancipatrice. Il avait glorifié les marginaux en soulignant la rigidité morbide du monde normal. Cependant, à trop rêver, la réalité cauchemardesque n’en a été que plus violente une fois revenus. Par la suite, il y a eu une retombée terrifiante à une forme de normalité. La seule question envisageable était, que restait-il ? Une fois toutes les illusions déchues, tous les paradis artificiels disparus, que faire ? À quoi s’accrocher ? C’était la mort d’une époque et le début d’une aire nouvelle. La fin de la Beat generation, la fin de l’ère hippie, la mort d’un nouveau rêve américain. Ce rêve qui scandait des « Peace and love » et qui militait pour les égalités des sexes, des races, pour l’émancipation et la fin de la guerre. Cette Amérique qui s’est réveillée comme d’une gueule de bois pour se faire engloutir par une réalité soudainement plus pragmatique, plus sinistre… En plein déni face à la mort d’une époque glorieuse si furtive et fantasmée qu’on douterait de son existence même.
Nous étions affalés sur un putain de canapé en remettant notre existence en question, je me souviens avoir dit un truc du genre :
— L’herbe ne me fait plus d’effets, passe-moi la cuillère…
Mon collègue était littéralement écroulé sur le côté, il venait de se taper un fix d’héroïne. Sa ceinture lassée au bras, la seringue vide encore plantée dans sa veine, son regard vitreux… J’ai alors dû me débrouiller tout seul. Accumuler tout mon malheur et le faire bouillir avec un petit peu de bile dans une cuillère en s’injectant le tout dans une veine purulente. On me souhaite un bon voyage au pays des merveilles pendant que tout s’écroule autour de moi. Une fois qu’on est de l’autre côté, on n’a plus envie de revenir. Malheureusement, je savais très bien que tout reviendrait à la normale une fois réveillé. Toutes mes responsabilités me retomberont sur le coin de la gueule sans que je ne demande rien en retour…
Je m’appelle Clément, mais mes proches me surnomment Clém. Quand j’étais petit, mes parents m’appelaient le Renard, car ils trouvaient que j’étais rusé et que j’aurais probablement un bon avenir. Enfin, on voit ce que cela a donné, mon soi-disant avenir, je l’ai foutu aux chiottes. Les raisons ? Ma chute dans la drogue, ma perte de confiance en moi due à mes professeurs qui me détestaient, un mélange de tout ça… Au lieu de faire de grandes choses, j’ai choisi la simplicité. Je viens d’avoir vingt ans et j’ai quitté la maison familiale pour me mettre en colocation avec mon meilleur ami. C’est ce même ami qui est avec moi dans les limbes en ce moment même. Il s’appelle Lorenzo, je préfère son surnom de Lolo. Ma mère m’avait dit qu’il avait une mauvaise influence, mais je n’ai jamais été d’accord là-dessus. Ensemble, nous avons trouvé un petit appartement en pleine banlieue. La visite ne dure pas longtemps, nous avons : un petit salon avec une cuisine, deux chambres, une salle de bain et les chiottes.
J’avais dû m’endormir peu de temps après le fix, c’est quand on toque à la porte que je me réveille. J’essaie de me relever du canapé, mais coordonner mes mouvements est une épreuve en soi.
Je hurle pour ne pas que la personne dehors s’en aille en croyant qu’il n’y a personne.
— Une minute, j’arrive !
— Dépêche, Clém.
Cette voix, c’est Naomie, la petite amie de Lolo qui vient sûrement pour prendre de nos nouvelles.
J’ouvre la porte et me dirige vers la cuisine pendant qu’elle fait comme chez elle.
— Tu veux un café ?
— Non merci, ça ira… Laisse-moi deviner, vous avez passé la journée ici à vous shooter et tu viens de te réveiller ?
— Exactement !
Une fois mon café servi, je retourne sur le canapé avec elle pour parler. Lolo est encore en train de dormir à côté de nous, elle retire la seringue de sa veine et détache la ceinture qui avait laissé une trace rouge sur son bras.
— Comme d’habitude, vous êtes dans un état pitoyable…
— Ouais on sait, crois pas que c’est facile pour nous non plus.
— Écoute Clém, je tiens à vous et je n’ai pas envie qu’il vous arrive quelque chose de grave… Je te demande seulement de faire attention, d’accord ?
— Je te promets, rien ne nous arrivera.
Soudainement, j’ai eu comme une révélation. Mes yeux se sont ouverts, on ne peut plus continuer ainsi. Il faut que je me calme sur ces merdes qui me pourrissent la vie.
— Tu m’aides à mettre Lolo dans sa chambre ?
On le prend sur nos épaules et on le dépose dans sa chambre en fermant derrière nous.
— Je ne vais pas tarder à y aller, vous devriez faire comme moi. J’ai déniché un job, mon entretien c’est cette après-midi.
— Lolo a déjà un taf, sinon comment tu crois qu’on paye l’appart.
— Il est dealer d’héro ! Je vous parle de trouver un vrai métier avec des horaires et des responsabilités… Tu sais, ce truc que tu détestes.
Elle a raison, je déteste qu’on me dise quoi faire et que l’on me donne des ordres toute la journée. Elle dit ça pour nous châtier un peu, pour que l’on bouge notre cul de ce canapé. Quand elle s’en va, ça me laisse un goût amer, ce n’est pas mon fond de café dégueulasse, mais bien la vérité de tous les propos qu’elle a tenus. Il est temps pour nous de nous remettre en question. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de prononcer les mots magiques : c’est fini, j’arrête, je décroche…
Ce n’est pas simple de prendre la saine décision d’arrêter l’héro du jour au lendemain, croyez-moi ! La première difficulté qu’il faut affronter c’est le manque, il faut vite trouver un substitut. Tous les moyens sont bons : Valium, méthadone, herbe… Bref, de quoi combler le manque en attendant que cela aille mieux. Mon objectif est d’y arriver par mes propres moyens, il est hors de question que j’aille dans un centre de désintox pour suivre un programme débile.
Si je veux réussir, il faut que je sois méthodique, il me reste un sac rempli d’herbes de quoi tenir de trois jours avec un peu d’optimisme. Ayant déjà trop fumé aujourd’hui, il me faut un verre pour me remonter le moral. Je me saisis de ma veste qui est sur le porte-manteau et m’en vais en fermant à clef derrière moi, je n’ai pas pris la peine de réveiller Lolo au passage, il a l’habitude. Le pub le plus proche est à seulement dix minutes à pied, quand j’y vais ça me fait une petite balade. Dehors le ciel est assez nuageux, il est même possible que je me prenne une averse au retour. À cette heure-là de l’après-midi, les rues sont souvent désertes, il doit être 15 h ou 15 h 30, grand max. Avec Lolo, on la surnomme la ville fantôme à cause de cela, en fait c’est juste un bled perdu au milieu de nulle part. Bienvenue à Perry, une ville paumée dans l’Idaho. Le pub dans lequel je suis en train de me diriger s’appelle Le Gary. C’est un tournant majeur dans ma vie d’adulte et je vous expliquerai pourquoi plus tard. En pénétrant à l’intérieur, une odeur mêlant bière et sueur s’imprègne dans mes narines. Putain, ce que cet endroit a pu me manquer ! Adossé sur le comptoir, Thompson sirotait tranquillement sa pinte de bière. Il s’agit d’un autre ami qui fait partie de notre bande. C’est une montagne, il est grand et musclé. Ce n’est pas à l’héro qu’il se shoot, mais à la baston de manière générale. Le genre de personne qui aime l’odeur du sang au petit-déjeuner et qui n’hésite pas à frapper le premier pour x raison. Il se retourne vers moi et me fait signe de venir.
— Clém ! Qu’est-ce que tu deviens depuis la semaine dernière ? Je vais prendre une pinte pour mon pote, s’il vous plaît !
— C’est fini Thompson, j’en peux plus. J’arrête l’héro…
— Putain, enfin une bonne nouvelle ! Je t’avais bien dit qu’il fallait que tu décroches de cette merde. Juste, rappelle-moi comment ça s’est passé la dernière fois que tu as voulu faire une désintox ?
— Cette fois-ci, c’est différent… dis-je en prenant ma bière.
— Je connais cette voix faible, alors tu es sérieux. Raconte-moi ce qui s’est passé ?
— J’ai parlé avec Naomie, elle m’a fait prendre conscience que je suis en train de gâcher ma vie. Je n’ai pas de boulot, je reste tous les jours sur un canapé et comble du désespoir, je suis accro à l’héroïne.
— Tu devrais dire à Lolo de faire de même, content de te revoir parmi nous. On lève nos verres à ton avenir !
Une femme s’est interposée entre nous et a commencé à parler avec Thompson, lui et la meuf qu’il vient de rencontrer se dirigent vers les chiottes, sans doute pour s’envoyer en l’air, ce ne sont pas mes affaires. Je pense juste finir ma bière et rentrer chez moi, ma journée est déjà assez merdique comme ça… L’héroïne constipe, l’effet de mon dernier fix est en train de se dissiper. Je rêve de chiottes immaculées d’émeraude, mais vu l’urgence j’irais n’importe où. Je cours le plus vite possible pour avoir une cabine, une fois assis sur la cuvette j’hôte mon pantalon et mon caleçon rapidement. Je me mets alors à chier une grande quantité de merde, ce qui fait au passage un boucan d’enfer. Une odeur putride se dégage. J’avais oublié un léger détail : dans la cabine voisine, Thompson était en train de faire sa petite affaire jusqu’à ce qu’elle se mette à hurler.
— Ha, mais c’est dégueulasse, ça pue la merde ici ! dit-elle avant de partir en courant.
— Clém, putain tu es un homme mort !
Là, c’est le moment où je dois prendre mes jambes à mon cou. Une fois sorti de la cabine, Thompson s’est mis à me courir après comme un malade mental. En pleine rue s’engage cette course poursuite intense. Par chance, je suis plus rapide que lui, il mettra un peu de temps avant de s’essouffler. Au bout de plusieurs mètres parcourus en pleine rue, il abandonne lâchement et je peux retourner chez moi en toute sérénité. En ouvrant la porte d’entrée, Lolo était de nouveau assis sur le canapé, il avait l’air à peu près clean. Il était scotché à la télévision et il mit sur pause en me voyant arriver.
— J’ai loupé quoi pendant ma longue sieste ?
— Ta meuf est venue nous voir. Elle voulait t’annoncer qu’elle a un nouveau job, mais tu dormais. Je reviens du bar où j’ai croisé Thompson et il veut ma mort.
— Tu as fait quoi encore comme connerie pour qu’il t’en veuille ?
— Mon fix était fini, j’avais une chiasse pas possible alors qu’il baisait dans les chiottes à côté. La nana s’est barrée en courant et il m’a poursuivi.
Nous nous sommes esclaffés jusqu’à en avoir les larmes aux yeux. Si je ne lui dis pas maintenant, il sera trop tard. J’essaie de redevenir sérieux pendant ce court instant.
— Écoute Lolo, il faut que je te parle d’un truc important…
— Je reconnais ta voix sérieuse, y a quoi ?
— J’ai décidé de décrocher, Naomie veut que je te convainque de faire de même.
— Merde ! Vous savez que j’y arriverais pas… Non… Non…
Dans sa voix se mêlait un mélange de tristesse et de peur, c’est la première fois que je le vois dans cet état. Il se jette dans mes bras alors qu’il est en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Je ne sais pas trop quoi dire, je lui fais de petites tapes dans le dos.
— Si jamais tu as besoin d’aide ou même pour en parler, sache qu’avec Naomie on est là pour toi, quoi qu’il arrive. Rappelle-toi, on est tes amis pour la vie.
— S’il te plaît, ne me laisse pas tomber, tout seul je n’y arriverai pas…
— Je te promets, frérot.
On a donc décidé de faire équipe, on s’entraide et on a chacun interdiction de toucher cette merde. Nous autorisions quand même l’herbe et les drogues que nous appelions douces.
La soirée ne faisait que débuter… Lolo avait loué une cassette d’un film avec Jean-Claude Van Damme dans le rôle du mec qui tabasse tout le monde. De quoi nous divertir un petit moment, histoire de décompresser et penser à autre chose, pourtant le manque est tout de même là, je le ressens bien. Le plus dur c’est les premières heures sans injection. Mentalement, j’étais réglé comme une horloge, mon corps attendait avec impatience. Mes marques aux bras commençaient à me gratter, il faut que je résiste. Nous sommes plus forts qu’elle, jamais plus…
Finalement, on s’est endormis devant le film, nous n’avions pas notre compte de sommeil.
Pour que vous puissiez comprendre comment tout a basculé, il faut remonter deux ans en arrière, plus précisément en 1988. C’était notre dernière année d’étude, nous étions tous les trois. Moi, Lorenzo et Thompson, les cancres de la classe qui étions déjà promus à un avenir incertain. Il faut croire que travailler ce n’était pas un boulot fait pour nous. Imaginez, des jeunes cons qui ne savaient pas trop quoi faire. Nous avions essayé pas mal de choses pour nous évader de cette réalité que l’on trouvait merdique. Herbe, speed, LSD, exta… Nous avions tout essayé, toujours à la recherche d’un bonheur artificiel. Tous nos proches nous faisaient la morale, mais nous nous en foutions pas mal pour être honnête. C’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à merder pour de bon avec Lolo… Peu importe combien on amassait, il nous en fallait toujours plus. Nous étions invités à une soirée chez des amis à nous. Il y avait de la bonne musique, nous étions dans notre coin avec nos verres de bière à la main. Je n’avais pas tardé à voir les gagnants sur le plan sexuel, Thompson et Lolo n’avaient pas tardé à draguer. Moi je me sentais seul dans un lieu inconnu. J’étais en manque d’affection et ma libido était au point mort. Thompson était sûrement en train de baiser dans une chambre. Lolo tapait la discute avec une nana du nom de Naomie, qui deviendra par la suite sa petite amie. Une fille était venue m’aborder pendant ce temps, elle n’avait pas l’air en bon état. J’en avais déduit cela en voyant ses marques qu’elle avait aux bras et qu’elle ne faisait que gratter. Cependant, j’appréciais sa couleur de chevelure rose.
— Hé toi, ça te dit de venir avec moi ? On pourrait trouver un pieu pour s’amuser…
Elle donnait l’impression d’être désespérée, je ne sais pas ce qui m’a pris pour accepter d’aller avec elle.
— Pourquoi pas, si cela en vaut la peine.