Le temps d’un été - Claire Wyss - E-Book

Le temps d’un été E-Book

Claire Wyss

0,0

Beschreibung

Jeune femme pleine de caractère, Kayla se résout à accepter un emploi d’été chez Tyler, un ancien camarade qu’elle méprise, pour veiller sur ses jeunes frères jumeaux. Immergée dans un quotidien mouvementé, où les souvenirs du passé se mêlent à une tension palpable entre elle et Tyler, Kayla doit faire face à une situation aussi improbable qu’inattendue. À travers les épreuves, les révélations soudaines et les rapprochements troublants, cet été dépasse largement le cadre d’une simple expérience professionnelle. Il devient une introspection profonde, remettant en question ses certitudes sur l’amour, les relations humaines et sa propre identité. Un voyage émotionnel et transformateur s’offre à elle, laissant présager des bouleversements inoubliables.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Claire Wyss révèle sa passion pour l’écriture dès l’âge de treize ans, donnant naissance à de nombreuses histoires empreintes de romantisme. Animée par l’ambition de devenir une grande écrivaine, elle perfectionne son art au fil des années, jusqu’à ce qu’une inspiration fulgurante donne vie à un projet décisif. Cet ouvrage, fruit de son imagination et de son travail acharné, incarne l’accomplissement d’un rêve d’enfance désormais concrétisé.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 428

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Claire Wyss

Le temps d’un été

Roman

© Lys Bleu Éditions – Claire Wyss

ISBN : 979-10-422-5567-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Cinq ans auparavant…

Kayla

— Tu bois autre chose ? me propose mon amie, Ronnie, déjà bien saoule.

Elle a bu au moins huit verres de vodka orange, pas étonnant qu’elle soit dans un état pareil ! Nous venons toutes les deux d’avoir dix-sept ans, je trouve que c’est un peu tôt pour se bourrer la gueule.

Mais apparemment, elle n’est pas du même avis.

— Rien du tout, Ronnie. Viens, on va se coucher.

Zane, le gérant de cette soirée, a prévu pour tout le monde une chambre. Enfin, nous sommes plusieurs dans une chambre. Mais il a une très grande maison, car ses parents sont très riches. C’est d’ailleurs le seul de la classe qui puisse organiser une aussi grosse fête, personne d’autre ne le peut. Tous les week-ends, pratiquement, c’est ici que toute la classe se retrouve. Nous faisons la fête chaque vendredi et chaque samedi. Bien évidemment, des majeurs viennent vite s’incruster. C’est plus drôle.

Ronnie me tape sur la main quand je la prends dans la mienne pour la guider à l’étage qui mène aux chambres.

— Non ! Je veux boire encore.

— Non, tu as assez bu !

— Ça va les filles ?

Je tourne la tête vers Nathan, un garçon de notre classe, qui en pince beaucoup pour Ronnie. Il est toujours là au bon moment, lui ! On dirait qu’il nous suit tout le temps, ça fait presque peur.

— Oui, dis-je. Merci, Nathan. On n’a pas besoin de toi.

J’essaye de le contourner, mais Ronnie se jette dans ses bras pour l’embrasser.

C’est une blague ?

— Ronnie ! je m’écrie. Qu’est-ce que tu fabriques ?

Nathan me pousse, un peu trop violemment, car je tombe par terre, me faisant mal au dos.

J’ai envie de pleurer, chaque fois c’est pareil, j’ai l’impression qu’elle se fout de ma gueule tout le temps, elle ne vient ici que pour boire et elle couche toujours avec des garçons différents.

Tous les week-ends !

Ça en devient lassant. Je veux partir.

— Tout va bien, Kayla ?

Une voix rauque se fait entendre dans ce vacarme, et deux bras rassurants m’aident à me relever.

C’est Tyler. Qu’est-ce qu’il me veut, lui ? M’humilier ? J’ai déjà une amie qui le fait au quotidien.

Où est Giorgia ?

— Oui, dis-je.

Son index caresse ma joue sans que je m’y attende, je m’écarte avant de comprendre qu’il a essuyé une larme qui avait coulé.

Génial, comme si c’était le moment de pleurer. Et devant lui en plus.

— Laisse-moi.

Je passe à côté de lui pour lui échapper, mais il n’est pas du même avis, car il m’attrape le bras et je me retrouve face à lui.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

— En quoi ça te regarde ?

— Viens.

Je le laisse m’entraîner à l’étage, où le bruit est moins pénible, c’est plus calme, mais les boum boum de la musique résonnent tout de même.

Nous arrivons dans une chambre où il ferme la porte.

— Pourquoi tu pleures ? me demande-t-il.

— Oh épargne-moi ta pitié, Tyler ! Depuis quand tu t’inquiètes pour moi ?

Il ne répond pas et baisse les yeux.

— Les gens tristes me rendent triste.

Mes larmes arrêtent de couler pour le regarder et… il sourit !

En quoi est-ce drôle ?

— Allez, Kayla, dit-il en me touchant l’épaule d’un geste amical. Tu sais, je vois bien comment elle se comporte avec toi, tu es trop gentille, tu ne le vois pas ?

Je renifle et croise les bras sur ma poitrine inexistante.

« Tu n’es qu’une planche à pain, qui voudrait de toi ? »

Je chasse ce souvenir, mais une larme s’est encore échappée.

— Ne pleure pas. Elle ne mérite pas tes larmes. Ta seule véritable amie, c’est Giorgia. Ne le vois-tu donc pas ?

Cette fois, j’ose croiser son regard. Il a raison.

Et pour une raison qui m’échappe, c’est Tyler qui m’ouvre les yeux, sans même avoir forcé les choses, sans même me l’avoir prouvé. Ses mots m’ont aidée.

Je lui souris pour la première fois.

— Merci, Tyler.

1

Kayla

9 h 15

Je vais commencer mon nouveau travail dans quelques heures et je suis toujours couchée.

Je n’ai pas revu Tyler depuis au moins un an, et je ne pensais pas le revoir de sitôt… à vrai dire, je ne pensais pas le revoir du tout.

Mais la vie a été injuste et m’a remise sur son chemin.

Je décide de me lever et de ne pas trop y penser, sinon, cela va me démotiver encore plus.

J’enfile un jean slim bleu avec un top blanc ou l’on aperçoit légèrement mon ventre, dévoilant mon piercing au nombril.

J’attache mes cheveux en une queue de cheval haute, puis j’enfile mes compensées dorées.

Ma valise est déjà prête depuis hier soir.

Pour cacher mon mécontentement, si ça peut arranger, je mets un peu de fond de teint, du crayon noir atour de mes yeux, du fard à paupières blanc, qui brille, et pour finir, je mets du mascara sur mes longs cils noirs pour leur donner un peu plus de volume.

Je décide de ne rien mettre sur mes lèvres.

Une fois prête, je fais mon lit pour la dernière fois et je pars direction maison de Tyler.

Pour une fois, ça circule bien à Londres. Comme par hasard.

Il habite à Camber Sands, à environ dix minutes de la plage ; ça, c’est chouette.

J’arrive rapidement devant chez lui, alors que j’ai quand même fait deux heures de route, j’ai l’impression d’en avoir fait à peine une heure, et je lâche un soupir.

— Allez, Kayla… me dis-je à moi-même. Ça ne va pas être si terrible.

D’après ce que j’ai compris, les parents de Tyler ont eu deux jumeaux qui sont maintenant âgés de dix ans. Et ils sont partis cet été, tout l’été pour profiter à deux, sans enfants. Sauf que, étant donné que Tyler a une vie professionnelle, il ne pouvait pas se permettre de prendre trois mois de vacances, et ça tombait très bien, car je cherchais un boulot de trois mois. Durant tout l’été. Ce qui va me permettre de mettre de l’argent de côté pour m’acheter un appartement bien plus grand que mon studio de 15 m². Le temps d’un été, Kayla. Rien de plus.

Je peux bien faire l’effort de m’entendre avec lui juste cet été, faut se dire que ce ne sera pas long. Il sera au travail la plupart du temps.

Je ferme les yeux et soupire une dernière fois avant de sortir de la voiture. Je me dirige vers la porte d’entrée.

Belle baraque. On n’a pas tous les mêmes moyens…

Putain… mais dans quoi je me suis embarquée ?

J’appuie sur la sonnette et attends que quelqu’un vienne m’ouvrir.

C’est l’un des jumeaux qui vient m’ouvrir la porte, un petit blond aux yeux gris, alors je souris immédiatement et le salue :

— Salut, toi. Enchantée, je suis…

— Tyler, y a la nouvelle dame qui va s’occuper de nous ! crie le petit garçon.

— Entre, me dit-il en me laissant passer. T’es encore plus jolie qu’en photo, il avait raison.

Je souris malgré moi, ne comprenant pas ce qu’il veut dire par « il avait raison », et me dirige vers la maison.

— Viens, il t’attend dans la cuisine.

— Merci.

Le petit m’emmène dans la cuisine, là où je vois Tyler, assis sur un tabouret avec des papiers et ses lunettes d’intello sur le bout du nez.

Effectivement, il m’attend.

Par politesse, il se lève pour m’accueillir et vient se planter devant moi.

Il a pas mal changé depuis un an, j’en reste outrée, ne bougeant plus pendant une minute, mais je me ressaisis vite, je ne veux pas qu’il croie qu’il a de l’effet sur moi. Je trouve qu’il s’est beaucoup musclé, ses épaules sont différentes et sa chemise moule parfaitement bien son torse qui m’a l’air d’être bien tracé.

Ses cheveux sont toujours aussi clairs, ils bouclent légèrement sur le dessus, et il a de la barbe. Un peu. Il a même beaucoup grandi.

— Bonjour, Kayla, dit-il en me tendant une de ses mains, ravi de te revoir. Tu n’as pas changé.

Il me sourit de toutes ses dents parfaitement droites, grâce à l’appareil dentaire qu’il a porté.

Je prends la main qu’il me tend et la serre dans la mienne.

La peau de sa paume est douce et agréable.

Hein ?

— Ravie également, dis-je en forçant un sourire à mon tour. Tu n’as pas changé, toi non plus.

— Ce n’est pas ce qu’on m’a dit.

— On t’a menti.

Je n’ai pas envie de lui dire qu’il est presque devenu un dieu grec, il va se faire des idées et ce n’est pas ce que je veux.

Nos mains se lâchent, puis il retourne s’asseoir à sa place et me fait signe de prendre place sur le siège d’en face.

Ce que je fais.

— Les garçons, dit-il, allez jouer dans votre chambre.

Les jumeaux s’exécutent et Tyler pose son regard sur moi.

— Fallait que ça tombe sur toi, commence-t-il.

— Je ne t’ai pas demandé de me choisir, lui réponds-je.

Il se met à rire.

— Tu sais combien vous étiez à vous présenter ?

— Ça m’est égal.

— Deux, répond-il sans même m’avoir écoutée.

— Et tu t’es dit que tu allais choisir ta meilleure amie de toujours ? C’est adorable !

— Très drôle, Kay, mais si j’avais eu le choix, je ne t’aurais pas choisi.

— Ne m’appelle pas comme ça !

J’ai toujours détesté qu’il m’appelle Kay, c’est le seul qui m’ait toujours donné ce surnom ridicule.

— En fait, il s’est avéré que l’autre personne avait l’air bien trop âgée pour ce boulot.

Ses yeux vert clair, que j’ai toujours trouvé magnifiques d’ailleurs, me dévisagent.

— Ton profil m’intéressait plus. Je me suis mis dans la peau d’un vrai patron, tu vois ? Je n’ai pas écouté ce que le Tyler, qui ne te porte pas vraiment dans son cœur, me disait.

Quel imbécile !

— C’est adorable, Ty. Merci beaucoup, je crois que je vais pleurer.

Je fais mine d’essuyer une fausse larme qui coule sur ma joue.

— Assez parlé, dit-il. Je dois aller bosser.

Tyler se lève et attrape un papier rempli de…

— Voilà toutes les règles à respecter pour mes frères. Je te laisse les lire attentivement. Je ne rentrerai pas tard et j’aurai le temps de te montrer ta chambre et tout le reste.

J’aurai le temps de visiter toute seule.

Il commence à partir, mais je l’interpelle :

— Oh, petite question.

Il se retourne.

— Je ne suis pas voyante ou autre, donc je ne connais pas leurs prénoms. Tu pourrais peut-être me dire comment ils s’appellent ?

— C’est Esteban et Henri.

— Comment je fais pour les reconnaître ?

— Esteban a des lunettes. Bonne journée.

Et sur ce, Tyler s’en va, me laissant là, avec deux enfants que je ne connais pas. Je n’ai pas l’habitude d’en côtoyer. Je fais comment ? On dit que les femmes ont toutes un instinct maternel. Est-ce que c’est vrai ? Si c’est le cas, le mien ne s’est pas encore développé. Mais il va bien falloir qu’il se montre, cela pourra m’aider.

J’espère seulement une chose, qu’ils soient gentils avec moi et qu’ils ne me fassent pas la misère.

2

Kayla

Ne pas donner à manger entre les repas.

Ne pas céder à leurs caprices.

Ne pas chahuter après manger.

Ne pas oublier de se laver les mains avant de manger et après.

Ne pas oublier la crème solaire avant d’aller à la piscine.

Ne pas dire de mots grossiers.

Et bla bla bla…

Foutues règles ! Je n’y prête même pas attention et j’accroche la feuille sur le frigo. Comme ça, si des fois je pense à la lire… C’est vraiment lui qui a fait ces règles débiles ? Ou bien est-ce les parents des garçons ?

— Qu’est-ce qu’on va faire aujourd’hui, nounou ?

Je ne sais pas lequel m’a demandé, mais je me retourne vers le petit et lui réponds :

— Eh bien, qu’est-ce que vous diriez si on sortait tous les trois pour aller manger une glace ?

Il est encore tôt, mais je pense que dans l’après-midi, une petite sortie ne serait pas de refus.

Je ne pense pas qu’ils aient envie de passer leur été enfermés ici, à ne rien faire. Moi non plus, de toute façon.

— Ouais ! Trop cool !

— Avant de partir, on pourrait faire un jeu ? À quoi vous aimez jouer ? Un jeu de société, ou bien avec des jouets que vous avez dans votre chambre… c’est vous qui choisissez.

— On adore le cluedo ! me répond le petit à lunettes.

Esteban, je crois.

Un petit châtain clair, comme Tyler, et avec des yeux gris, comme son jumeau. Ils se ressemblent beaucoup. C’est uniquement la couleur de cheveux et les lunettes qui les différencient.

Je leur souris, puis Henri, celui qui ne porte pas de lunettes – et celui qui m’a ouvert – va chercher le jeu de société, qu’il installe sur la table basse du salon.

C’est une belle pièce, avec une grande télé, un grand canapé gris en cuir, puis une petite table basse avec des poufs de la même couleur que le canapé.

Les meubles sont magnifiques et remplis de cadres.

Je jette un rapide coup d’œil à ces photos et je remarque sur l’une des photos, le Tyler peu musclé que j’aie connu, avec son appareil dentaire et son air tout le temps blasé. Ses sourires étaient très rares.

Il a vraiment changé physiquement.

Je dois avouer qu’il est très beau.

Tyler a toujours eu un beau visage, je l’admets, je ne l’ai jamais trouvé moche. Il avait son petit charme à lui.

Mais bon, on ne s’aime pas, on ne peut pas se voir, c’est un fait, donc je ne vais pas non plus le complimenter et avoir des pensées gentilles à son égard. Lui et moi, ça n’a jamais collé. On aimait s’insulter et se faire la misère. Je ne sais même pas pourquoi.

— Tu viens ? me lance Esteban.

— Oui, j’arrive.

Je m’installe en bout de table et je choisis le personnage Mlle Rose.

Esteban choisit M. Moutarde et Henri, Professeur violet.

***

— Je soupçonne Mlle Rose d’avoir tué, dans le patio, avec…

Le petit Esteban laisse du suspens avant de sortir la dernière carte et de lancer :

— Le revolver !

Il se lève en levant les bras :

— J’ai gagné ! Et toi, dit-il en me montrant du doigt, tu es l’assassin. Tu as bien caché ton jeu.

— Et tu m’as démasqué, dis-je en riant.

— Moi j’étais persuadée que l’arme c’était le poison…

Henri est triste d’avoir perdu, le pauvre…

— Tu prendras ta revanche, d’accord ? On a trois mois entiers pour se faire des parties. Et maintenant, qui a faim ?

— Moi !

Les deux jumeaux ont répondu dans un même élan.

Nous partons en direction d’un fast food, ils se régalent, puis nous allons ensuite manger une glace, comme prévu.

— C’est cool qu’on ait pu manger un hamburger, hein Henri ?

— Oui, c’est cool que Tyler soit d’accord.

Comment ça soit d’accord ?

— Vous ne mangez jamais de fast food ? je leur demande.

— Non, on n’a pas vraiment le droit. Tyler dit que c’est de la mal bouffe et que c’est beaucoup trop gras.

— Ah… mais une fois de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal.

J’essaye de me rassurer moi-même. Je sais que j’ai fait une connerie.

— Heureusement que t’es arrivée, dit Esteban, sinon, on aurait jamais eu de hamburger et frites durant tout l’été.

— C’est bon à savoir…

Oh merde, j’aurais peut-être dû les lire, ces règles, finalement.

Au loin, j’aperçois une grande roue.

— Oh regardez, ça vous dit un petit tour ?

Ils hochent la tête tout sourire.

Je prends trois places, puis nous montons à l’intérieur, les garçons, le sourire jusqu’aux oreilles.

— Vous n’avez pas le vertige, j’espère ? dis-je une fois que nous sommes montés à l’intérieur.

La porte de notre cabine se referme et celui qui vérifie que tout est bien en place – un jeune homme de mon âge – me sourit et me fait un clin d’œil. Il est canon. Un brun aux cheveux courts, des yeux bleus et un visage d’ange. Son sourire est à tomber. Il doit en avoir des filles à ses pieds.

Je lui rends son sourire et me concentre de nouveau sur la question que je viens de poser.

— Non non, dit Henri.

— Et toi, Esteban ? je demande pour être sûre.

Celui-ci se colle contre moi et serre mon bras, posant sa tête sur moi. Un geste qui me réchauffe automatiquement le cœur.

— Je sais, tu vas me protéger. Alors, je n’ai pas peur.

J’avoue que je suis assez surprise qu’un enfant qui me connaît depuis quelques heures me fasse déjà confiance. Mais c’est rassurant. Cela me motive encore plus. J’ai envie de les rendre bien, qu’ils soient bien avec moi tous les jours.

Henri nous rejoint dans notre étreinte, les deux maintenant collés contre moi. Puis nous commençons à monter, la vue est de plus en plus belle, j’adore regarder.

— Wouah ! se réjouit Henri. Je suis trop content d’être là.

Esteban ose me lâcher et s’approche de la vitre en plastique pour admirer à son tour, la vue éblouissante que nous avons devant nous. Camber Sands est magnifique.

J’adore. Et les jumeaux sont très contents eux aussi.

Et c’est le principal, c’est ce qu’il faut.

3

Kayla

J’entends la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer aussi vite.

— Je suis rentré, lance Tyler.

Déjà ?

Il arrive dans la cuisine et la première chose qu’il voit, c’est moi, en train de cuisiner.

Il est seulement 18 h 30, mais j’avais envie de m’y prendre tôt.

— Salut.

On pourrait croire que je suis la mère au foyer, attendant patiemment le retour de son mari, qui, lui, se tape sa secrétaire au bureau.

Est-ce que Tyler se tape sa secrétaire ?

En quoi ça m’intéresse ? C’est sa vie, pas la mienne.

Je ris intérieurement, je vais loin dans mes pensées.

— Salut, je lui réponds.

— Comment s’est passée cette première journée avec les garçons ?

Je ne daigne même pas le regarder. Flemme de me retourner. Est-ce que l’on va vraiment être obligés de se parler tous les jours ?

Oui, idiote.

— Bien, je dirais. Ils sont adorables. Je ne sais pas de qui ils tiennent d’ailleurs.

Je le sens sourire derrière moi, et il pose ses affaires sur une chaise.

— Qu’est-ce que tu prépares ?

— Des raviolis pour les garçons et moi, et…

Je me retourne vers lui en le regardant.

— … Pour toi, un plat à part empoisonné.

Tyler lève un sourcil, fait le tour du plan de travail pour venir vers moi et s’approche lentement de moi.

— Tu les as faits maison ?

Son torse touche presque ma poitrine, ils sont à quelques centimètres seulement et sans que je comprenne pourquoi, mon corps est parcouru de frissons.

— Quoi donc ? dis-je, perturbée de ce contact soudain.

— Les raviolis bien sûr.

Je me concentre pour ne pas garder les yeux rivés sur son torse musclé que j’ai envie de toucher.

De toucher ? Ça va pas bien !

— Oh, oui oui, fait maison.

— Alors comme ça, tu as des talents de cuisinière.

Je n’arrive toujours pas à détacher mon regard de son torse, ses pectoraux m’ont l’air d’être durs.

— Eh bien oui, comme tu peux le voir.

Mes yeux descendent accidentellement vers le bas, ils s’arrêtent sur la braguette de son pantalon, qui forme une légère bosse.

Est-ce qu’il bande ?

Non, impossible. C’est juste moulé.

Mes yeux s’attardent un peu trop là, je n’ai pas envie de les détacher de sa…

— Tu permets que je mette la table ? me dit-il en désignant le tiroir à assiettes, que je bloque, parce que je suis devant.

Surprise et prise en flagrant délit, je baisse vite le regard vers le bas, faisant mine de nettoyer quelque chose sur le sol avec mon pied.

— Pardon, il y avait… une tâche sur le sol.

Je me décale sans le quitter des yeux, et il attrape quatre assiettes, qu’il va installer à table.

Je reprends mon souffle délicatement quand il s’est enfin éloigné de moi.

Ah parce qu’il s’était coupé ?

Mon Dieu, il faut que je me ressaisisse. Il ne doit pas m’intimider. Ce serait trop bizarre.

Je me tourne de nouveau vers ma préparation et essaye de ne pas être déstabilisée.

***

Tout le monde est installé à table et ce sont les garçons qui brisent le silence. Ouf, car ça devenait gênant.

— Tyler, t’as vraiment choisi la meilleure nounou !

Henri confirme ce que vient de dire Esteban :

— Oui, elle est vraiment gentille !

Je rougis, ça me touche, je sais qu’ils ont été rassurés dans la grande roue, et ils doivent sûrement faire allusion à ça.

— Ah oui ? lance Tyler en jetant un œil dans ma direction.

— Elle nous a emmenés manger un bon hamburger et de bonnes frites ! continue Henri. On a pu jouer aux jeux…

Je manque de lâcher ma fourchette.

— Hamburger, frites ?

Je fais les gros yeux à Henri, mais pourquoi il a été obligé de mentionner le fast food ? C’était bien parti.

— Ne sois pas fâché, dit Esteban à son grand frère, elle ne savait pas. Et nous, on ne lui a pas vraiment rappelé.

Sans écouter son petit frère, Tyler me fixe d’un air mauvais et me lance :

— Il me semble t’avoir donné une feuille avec les règles à respecter.

— Oui, effectivement… je réponds. J’ai peut-être oublié… de la lire entièrement.

Il arque un sourcil.

— Tu as oublié ? Donc, je te donne une liste de règles à respecter pour mes petits frères et tu oublies de la lire ?

— Les garçons, allez jouer dans vos chambres, je viendrai vous dire bonne nuit.

Ils n’ont pas à subir l’humeur exécrable de leur grand frère, pas en ma présence en tout cas.

Ils s’exécutent à ma demande, et moi, je me lève et débarrasse.

— Je te parle, Kay !

— Hé ! Sur un autre ton ! dis-je en posant les assiettes sur le plan de travail.

Nous sommes debout l’un en face de l’autre et nous commençons à hausser le ton. Je vais essayer de rester calme. Ça ne sert à rien de s’énerver.

— Oui, je n’ai pas lu ta liste, et je m’en excuse, d’accord ? Ça ne se reproduira plus. Maintenant, s’il te plaît, je suis fatiguée, est-ce que tu peux me montrer où je vais dormir ?

Finalement, je n’ai pas pris le temps de visiter la maison toute seule, j’ai préféré apprendre à connaître les jumeaux.

Tyler hésite un court instant puis finit par hocher la tête.

— OK… suis-moi.

— Je finis de débarrasser et j’arrive.

— Je vais t’aider.

Il m’aide à tout mettre dans le lave-vaisselle, puis il essuie même la table, même si c’est un peu mon rôle, mais ça va, je ne vais pas m’en plaindre. Je suis nourrice et femme de ménage un peu. C’est ce pour quoi j’ai signé, ça faisait partie du contrat.

— Allez, viens, dit-il, quand tout est fini. Je vais te montrer ta chambre.

4

Kayla

Tyler m’a montré ma chambre, elle est assez luxueuse, j’aime beaucoup, et en plus, j’ai la salle de bain qui est dans le même endroit.

Mon lit est grand, c’est un deux-places, les draps sont en satin rose, c’est ma couleur préférée.

— Passe une bonne nuit, dit-il en fermant la porte.

Je n’ai pas le temps de lui répondre qu’il est déjà parti.

Il se fait déjà tard, je suis crevée et je n’ai qu’une seule envie, c’est de me blottir dans les draps, qui m’ont l’air d’être si propres, et ce matelas qui a l’air tellement confortable !

Mais je dois d’abord aller dire bonne nuit aux garçons, alors je me dirige vers leur chambre, où ils sont en train de jouer aux voitures.

— Les garçons, dis-je, il est l’heure d’aller dormir.

Ils ne ronchonnent même pas et se dirigent directement dans la salle de bains pour se brosser les dents et enfiler leur pyjama. C’est trop mignon, ils ont le même identique. Le pantalon est large avec plein de dauphins dessus, et le t-shirt est à manches courtes avec une grosse tête de dauphin.

Ils reviennent ensuite dans la chambre et se mettent sous les draps.

— Vous n’avez pas oublié de vous débarbouiller la figure ? je demande les bras croisés.

— Ah si ! s’écrie Esteban.

Les jumeaux se lèvent et courent de nouveau à la salle de bain, mais cette fois je les suis.

J’ai envie de m’occuper d’eux, alors je leur prépare deux cotons avec de la crème hydratante, puis je leur nettoie le visage, chacun à son tour.

— Là, vous pouvez aller vous coucher.

Ils se remettent sous la couette et ferment directement leurs yeux. Peut-être que la sortie d’aujourd’hui les a fatigués.

— Bon… bonne nuit, les garçons, dis-je en éteignant la lumière.

— Bonne nuit, disent-ils en chœur.

Hâte d’aller dormir !

Je retourne dans ma chambre en fermant ma porte, l’odeur est agréable à sentir, ça sent comme le neuf, j’aime beaucoup.

Ça me change complètement d’endroit, mon studio humide ne me manque pas.

Je prends dans ma valise, une culotte en dentelle blanche, très sexy, ma nuisette couleur rouge sang en satin et le reste de mes affaires, puis je me dirige vers la salle de bain, où je m’enferme.

L’eau chaude qui coule sur ma peau est tellement agréable que je pourrais y rester des heures… mais soyons raisonnable, je ne suis pas chez moi, je ne peux pas trop me permettre d’user de l’eau, je n’aimerais pas qu’on le fasse chez moi.

Je me savonne et profite encore quelques minutes de cette merveilleuse douche, avant de sortir pour me démaquiller et me brosser les dents.

Le lit m’attend !

Mais comme il fait très chaud, car nous sommes en été, j’ai besoin de boire dans la nuit.

La clim qui souffle au-dessus de mon lit me fera un bien fou, mais ç’a tendance à me sécher la gorge.

Alors, je sors de la chambre et me dirige vers la cuisine pour aller me chercher une bouteille d’eau bien fraîche.

Elles sont au sol, dans un pack, et je me baisse pour en prendre une.

— Tu n’es pas couchée ?

Je me redresse en sursaut et en poussant un cri.

Il m’a fait super peur ! C’est malin.

— Putain… je soupire une main sur le cœur. Tyler, tu m’as fichu la trouille !

Tyler rigole, à mon grand étonnement, en me dévisageant de haut en bas. Et lui, qu’est-ce qu’il fait là ? Il surveille mes moindres faits et gestes ?

Je me racle la gorge, gênée.

— Qu’est-ce que tu cherches ? me demande-t-il en posant finalement son regard dans le mien.

— Euh…

Lui en revanche, il y a de quoi le reluquer de haut en bas. Je vais profiter de cette vue.

Il ne porte pas de t-shirt, mais seulement un short, qui, lui d’ailleurs, descend légèrement en bas de ses hanches.

Son torse est magnifiquement bien taillé, je suis choquée, lui qui n’était pas du tout comme ça avant, quand je l’ai connu, il a vraiment changé physiquement. Comme s’il venait de s’envoyer en l’air, Tyler a les cheveux ébouriffés, et des gouttes d’eau lui tombent sur le torse, descendant plus bas encore, où mon regard ne devrait pas s’attarder, mais trop tard. Son short est tellement bas sur ses hanches que je peux voir le début de ses poils.

Et en dessous… ça donne quoi ?

Allez, reprends-toi là, ça devient bizarre.

Il est magnifique.

— Une bouteille d’eau, je lui réponds finalement.

— Je crois savoir ce que tu penses.

Tyler me dit ça, tout en se rapprochant de moi.

— Pardon ?

Je suis un peu surprise, et mon réflexe est de reculer, mais plus je recule plus il s’approche.

— J’ai beaucoup changé en un an, n’est-ce pas ?

— Ah oui ? Oh, effectivement.

Un rire nerveux s’échappe de mes lèvres, je suis vraiment gênée.

— Arrête, Kayla. Je sais que dans ta petite tête, tu te dis que je suis vraiment à tomber.

— Je n’irais pas jusque-là.

Il se rapproche encore plus, et je ne sais pas à quoi il joue là.

— Toi… il continue en passant sa main sur mon épaule, faisant glisser une bretelle de ma nuisette, tu as changé aussi, physiquement.

Mon pouls s’accélère et je sens des palpitations dans mon corps.

Qu’est-ce qui m’arrive ?

C’est impossible ! Tyler ne peut pas me procurer ne serait-ce qu’une once d’excitation.

Sa main descend le long de mon bras et voilà que je suis prise de frissons.

Stop !

Je le repousse en le regardant droit dans les yeux.

— À quoi tu joues ?

Il me regarde en fronçant les sourcils, et il hausse les épaules, puis se recule finalement.

— Je… aucune idée.

Je remonte ma bretelle, attrape ma bouteille d’eau et m’en vais dans ma chambre, mon cœur battant encore si fort.

Je me mets sous la couverture et… juste pour vérifier, je dirige ma main vers mon entrejambe.

Oh putain !

Tyler m’a réellement fait de l’effet… pourquoi ? Et en si peu de temps c’est possible ?

Et si je ne l’avais pas repoussé ?

Qu’est-ce que nous aurions fait ?

Est-ce qu’il aurait été capable de m’embrasser ?

Est-ce qu’il aurait été capable de me baiser sur son plan de travail ?

Est-ce qu’il m’aurait fait jouir ?

Et lui, aurait-il joui ?

Oh mon Dieu !

L’excitation est encore plus présente en imaginant des scènes torrides avec Tyler…

Sans vraiment m’en rendre compte, j’effectue des mouvements avec mes doigts sur mon clitoris, et je ferme les yeux en pensant à ce qui aurait pu se passer si je ne l’avais pas repoussé.

Tyler me porte et me pose violemment, mais sûrement sur le plan de travail…

Il soulève ma nuisette et arrache ma culotte, puis il enlève en vitesse son short, il est nu dessous.

Mes mouvements s’accélèrent, c’est trop bon.

Il sort son pénis et me pénètre violemment, mais j’aime ça, et le bruit qui en sort de sa gorge encore plus !

— Tyler !

J’accélère encore, je vais venir tellement vite.

Il fait des va-et-vient puissants, excitants, jouissants… et il se vide en moi en poussant un cri de plaisir.

Et j’atteins également l’orgasme, mais dans la réalité et… avec mes doigts.

Je réalise ce que je viens de faire, me masturber en pensant à celui que je hais.

J’ai honte.

J’espère que personne ne m’a entendu dire son nom à voix haute. Ce serait vraiment bizarre.

Je suis vraiment en manque de sexe, il faut que je sorte et que je trouve un homme rapidement. Cela doit faire deux mois que je n’ai pas fait l’amour. Je comprends pourquoi mon corps a réagi ainsi. Ce n’est pas parce que Tyler me plaît, non, rien à voir.

Je préfère dormir et ne plus y penser.

5

Kayla

Je me réveille ce matin, gênée et honteuse de ce que j’ai fait hier soir.

Personne ne m’a vu, personne ne le sait, mais je me sens mal de fantasmer sur Tyler, sachant que je ne l’apprécie pas. Mais est-ce si mal d’avoir envie de son ennemi ? Il reste un homme et je reste une femme, avec des envies.

Je me prépare et sors de la chambre pour aller dans la cuisine directement, où j’y trouve justement Tyler. Les petits doivent encore dormir, il n’est que 8 h 30.

Je me racle la gorge et le salue :

— Bonjour.

Je prends dans le frigo, du jus de fruits, que je me sers dans un verre et que je bois cul sec.

Sans même me jeter un coup d’œil, il me répond :

— Salut, j’espère que ta première nuit s’est bien passée ?

— Oui, merci. Le matelas est vraiment top. Et toi, tu… as bien dormi ?

Je ne sais pas ce qu’il est en train de faire, tout un tas de papiers traîne sur la table, et je crois qu’il les signe un par un.

Finalement, il lève les yeux vers moi en enlevant ses lunettes et me sourit.

— Oui, très bien. J’espère aussi que tu ne t’es pas déshydratée.

Mon cœur rate un battement, et pourvu que ça ne se voie pas. Je crois bien que mon visage est devenu rouge de honte.

Je ne pensais pas qu’il allait évoquer le sujet, vraiment pas.

— Tyler… dis-je en m’approchant. Tu t’attendais à quoi hier soir au juste ? Alors oui, tu as changé physiquement, tu es mieux qu’avant, je dirais même que tu es beau, mais… comment dire, je ne t’ai jamais porté dans mon cœur et ça, tu le sais. Ce n’est pas maintenant que ça va changer. Et je suppose que c’est pareil de ton côté. Est-ce que je me trompe ?

Il me regarde de la même façon qu’il me regardait hier soir, de haut en bas, puis il passe un doigt sur ses lèvres.

Oh… les palpitations…

— Non. Tu as raison. Tu ne m’attires pas non plus. Mais je reste un mec, tu sais bien. Je mentirais si je disais que je ne te trouve pas sexy. Permets-moi de te dire que tu es très sexy. Surtout en petite nuisette.

Je soupire d’exaspération et rougis de plus belle.

Pitié qu’il ne le remarque pas…

— Toujours aussi direct. Mais je retiens bien que tu me trouves sexy, je prends ça pour un compliment.

Il se retrouve debout, en face de moi et je n’arrive pas à savoir à quel moment il s’est levé. Et à quel moment s’est-il autant approché de moi ?

— Tu peux. Qui sait, peut-être qu’un jour sous un mal entendu… tu pourrais te retrouver dans mon lit… encore.

Je ris à mon tour en posant une main sur son torse, histoire de mettre de la distance. Ce contact, pourtant si naturel en temps normal, arrive à m’arracher un frisson de plaisir.

— Je pense que ce jour n’arrivera pas, Ty. Ce n’est pas parce qu’une fois on a failli coucher ensemble que ça doit réellement arriver.

Tyler me sourit et enlève ma main de son torse.

— Bonne journée, Kay.

Il se dirige vers la porte et disparaît très vite à l’extérieur.

Quand je pense que j’ai fantasmé sur Tyler, bordel ! Qui fait ça ? Fantasmer sur son pire ennemi ?

C’est naturel, Kayla. Le plaisir sexuel est humain. Se masturber en pensant à un connard est humain.

Jamais il faut qu’il ne le sache, je ne lui dirais jamais, ça, c’est sûr. Bon, en même temps, je me vois mal aller le voir et lui dire : « Au fait, je me suis masturbée en pensant à toi l’autre soir ». C’est trop la honte.

J’espère qu’il n’a pas vu mon embarras.

Pour penser à autre chose, je décide d’aller un peu bronzer dehors avant de réveiller les garçons, à cette heure-ci, il fait bon. Ni trop chaud ni trop froid, donc c’est parfait.

Je pars enfiler un maillot de bain, pendant que mon café coule – j’en ai bien besoin – puis je vais m’installer sur un transat au bord de la piscine. Je pose ma tasse fumante sur la petite table à côté, et la laisse refroidir légèrement.

Je ferme les yeux et profite du soleil et de l’air frais qui s’offre à moi, c’est agréable ici. J’ai l’impression d’être loin de la réalité, loin de Londres et c’est parfait. Je vais peut-être songer à déménager ici.

C’est une période où il pleut là-bas en plus, donc la déprime.

Je prends mon téléphone pour faire une story Instagram, en faire jalouser, même si personne ne réagira, mais c’est pas grave, ça m’amuse.

Ce luxe.

Je me prends en selfie sur le transat, en train de profiter du soleil, l’huile faisant briller ma peau déjà bronzée, puis je prends une autre photo de la piscine, supplément vue magnifique en face.

Finalement, je ne mets pas en story, je poste directement sur mon profil.

Je repose l’appareil en me mettant un fond de musique, j’aime beaucoup la musique, en écouter est tellement apaisant. Au bout de dix minutes, mon téléphone se met à sonner, et c’est une copine à moi qui m’appelle. Giorgia. Elle connaît Tyler, nous étions tous les trois dans le même lycée.

— Salut, Giorgia, dis-je. Ça fait un bail.

— Deux mois pour être exacte, me dit-elle.

Je ne m’étais pas rendu compte que ça faisait si longtemps, mais bon, l’important est que je l’ai au téléphone actuellement. C’est ma meilleure amie. Elle a toujours été là pour moi, tout comme moi j’ai toujours été là pour elle, bien évidemment. C’est la seule qui m’ait jamais trahi, qui ne se soit jamais servie de moi.

— Je suis contente que tu m’appelles.

— Oui, j’ai vu ta story, je me suis dit que tu n’étais pas trop occupée, alors je me suis permis de t’appeler. Tu es où ? En vacances ?

Ah oui, c’est vrai qu’elle n’est pas au courant. Étant donné que ça fait deux mois que l’on ne s’est pas appelées, j’ai oublié de le lui dire.

— Non, j’ai trouvé un boulot pour l’été. Je fais du baby-sitting.

Inutile de préciser où exactement, elle me poserait bien trop de questions, et puis elle n’est pas obligée de savoir. Même si je lui dis presque tout, là, j’ai peur des représailles.

— T’es dans le coin ?

— Non, c’est à Camber Sands. En plus, c’est à dix minutes de la plage, ça, c’est vraiment chouette.

— Tu vas faire ton boulot, mais en même temps, tu vas grave t’amuser en fait.

Elle rigole derrière le téléphone, et je la suis. Elle me manque.

— Je te promets qu’on se verra à mon retour.

— J’espère bien !

Je jette un œil à l’heure et il est déjà 9 h 15, c’est passé super vite, j’ai l’impression que je viens tout juste de m’installer au bord de la piscine.

— Je dois te laisser, il faut que j’aille m’occuper des enfants.

— Tu en as combien ?

— Deux. Ce sont des jumeaux.

— J’espère qu’ils ne vont pas t’en faire voir de toutes les couleurs…

Je l’espère aussi, mais pour le moment, ils n’ont pas du tout l’air d’être pénibles, au contraire, ils ont l’air d’être adorables. Je ne m’en plains pas pour le moment, et je souhaite que ça dure comme ça tout l’été.

— Tu sauras tout une fois que je serais rentrée.

— Y a plutôt intérêt. Gros bisous, ma Kayla.

— Gros bisous.

Je raccroche en première, puis je me laisse encore quelques minutes supplémentaires pour profiter du calme.

6

Kayla

Avec Henri et Esteban aujourd’hui, nous sommes allés au bord de la mer, nous avons fait des châteaux de sable, jouer dans les vagues, bronzés.

Je me suis vraiment amusée avec eux, ils sont gentils et patients.

Henri m’a dit que c’était dommage que Tyler travaille, que nous aurions pu passer la journée à quatre.

Le pauvre, il ne sait pas que Tyler et moi on ne s’apprécie pas, on ne leur montre pas, ils n’ont pas à assister aux problèmes d’adultes, et nous n’avons pas à leur montrer que nous nous détestons. Ce sont des enfants.

Sur le chemin du retour, Esteban, qui est installé à l’arrière de ma voiture avec son frère, me lance :

— Dis nounou, on peut s’arrêter au magasin ? On doit acheter un cadeau à Tyler.

Je le regarde dans le rétroviseur :

— En quel honneur ?

— Bah dans une semaine c’est son anniversaire, lance Henri.

Ah oui je m’en rappelle, son anniversaire c’est le 12 juin. Comment est-ce que je m’en rappelle d’ailleurs ? Ce n’est pas censé être important pour moi.

— D’accord, on va s’arrêter. Mais vous avez votre argent de poche ?

— Merci nounou ! Oui, on a tout ce qu’il faut.

Sinon je m’en fiche, je prends le cadeau. Ce sera uniquement pour eux que je le ferais, pour leur faire plaisir, ça m’est égal.

***

Les jumeaux choisissent une belle chemise bleu ciel pour leur frère, avec leur argent de poche finalement, que leurs parents leur ont laissé pour les deux mois à venir.

Après ça, nous rentrons à la maison, et je suis surprise de voir que Tyler est déjà rentré.

Il n’est que 17 h, normalement il devrait rentrer plus tard.

— Oh tu es déjà là ? lance Esteban à son grand frère.

Tyler le prend dans ses bras en souriant, mais il a l’air contrarié.

Je me baisse à la hauteur de Henri et lui souffle dans l’oreille :

— Va cacher le cadeau dans votre chambre.

Henri s’exécute, attrape son jumeau par le bras, et les deux vont donc cacher le cadeau.

Je m’approche de Tyler qui est accoudé sur le plan de travail, il a l’air pensif.

C’est bon, prends sur toi Kayla.

— Tout va bien ? je lui demande gentiment.

Il tourne la tête vers moi.

— Non, dit-il sans hésitation.

Je m’installe à côté de lui. Qu’est-ce qu’il a franchement ?

— Tu veux en parler ?

Et pourquoi diable est-ce que je lui demande ? Je ne veux même pas savoir.

— Oui et non.

OK…

— Tu veux que je te laisse seul ?

Oui, laisse-le seul. Tu t’en fiches.

— Je me suis pris la tête avec ma secrétaire. Et j’étais tellement remonté que je suis parti.

Je hoche simplement la tête, je ne sais pas quoi lui répondre. Ça arrive à tout le monde de se prendre la tête avec quelqu’un.

S’il est contrarié à ce point, c’est qu’il a une histoire avec elle, non ?

— Je l’aime bien, mais elle, elle se fait des films.

— Tu es amoureux d’elle ?

Qu’est-ce que ça peut te faire ?

C’est peut-être indiscret ce que je viens de dire, mais c’est sorti tout seul.

— Oh non, loin de là. Mais je ne supporte pas qu’on me repousse. Qu’elle m’ait repoussé m’a mis en rogne !

Le rire qui s’échappe de ma gorge me surprend moi-même.

Il va croire que je me moque de lui. Je crois que c’est un peu le cas, en fait.

— Excuse-moi, mais Tyler, il faut accepter d’être repoussé dans la vie. Tu n’avanceras pas si tu t’arrêtes à ça.

Il me regarde en fronçant les sourcils.

— Ouais, c’est facile à dire pour toi.

J’arque un sourcil, il se fout de moi là ?

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Bah toi, tu as toujours été repoussée dans ta vie, je me trompe ?

Je croise les bras sur ma poitrine.

— Non pas toujours, mais les fois où je l’ai été, je l’ai acceptée et je ne me suis pas apitoyée sur mon sort. Donc oui, tu te trompes.

— Je ne m’apitoie pas sur mon sort !

Le ton monte entre nous, je n’aurais jamais dû lui adresser la parole à cet idiot.

— Ah non ? Et qu’est-ce que tu fais là ? Tu devrais être au travail actuellement ! Tu as une réaction d’adolescent !

— Mais…

— Au pire, je m’en fiche, dis-je en me levant. Débrouille-toi, je ne sais même pas pourquoi je t’ai demandé comment tu allais, grosse erreur de ma part. Ça me servira de leçon. Tu as quand même vingt et un ans, grandis un peu.

Dans une colère profonde, je replace violemment le tabouret à sa place, devant un Tyler surpris de ma réaction.

Je m’en vais dans la chambre des jumeaux pour les aider à emballer le cadeau de leur abruti de frère, je le fais à contrecœur, vraiment pour eux parce qu’ils ne savent pas le faire. Je me dois de les aider. C’est aussi mon rôle.

— Ça a l’air facile, me lance Henri quand il voit comment emballer une chemise.

— Un vêtement est facile à emballer, lui réponds-je. Pour moi, du moins. Vous voulez essayer ?

— Mais il est déjà emballé.

Je leur souris et déchire mon emballage.

Imagine que le visage de Tyler est l’emballage.

Me voilà à avoir des envies de meurtre.

— Plus maintenant.

Les jumeaux se regardent tout contents, j’en fais deux heureux au moins, sans rien faire d’extraordinaire.

— Apprends-nous ! s’écrie Esteban en replaçant ses lunettes rondes sur son petit nez.

— Vous allez voir que vous allez vite prendre la main, c’est si facile. J’ai appris à votre âge. On va faire un exercice. Regardez.

J’attrape deux t-shirts à eux dans leur placard, que je leur donne.

— Vous allez chacun emballer ces t-shirts. Vous allez faire exactement comme moi. Suivre mes mouvements. D’accord ?

Ils hochent la tête, très attentifs à ce que je leur dis, ils vont réussir directement, c’est sûr.

— Déjà, on plie le vêtement. Rien de bien compliqué, faites comme moi.

Ils plient les deux t-shirts très bien, tout en suivant mes conseils, ils n’ont pas vraiment de difficultés. Je pense qu’ils sont pas mal débrouillards.

— Ensuite, vous prenez une bonne quantité de papier cadeau, quand même, et vous placez le vêtement dessus.

Dans un calme absolument, les jumeaux m’écoutent attentivement, suivent à la lettre ce que je fais en reproduisant la même chose, pour au final, avoir un emballage parfait.

— Vous voyez, c’est nickel. Y’a rien de difficile.

— Merci nounou, dit Esteban.

Ils se jettent dans mes bras en me faisant chacun un bisou sur les deux joues. Je suis tout sourire de cette attention soudaine, je ne m’y attendais pas, ça me touche. Je n’ai pas l’habitude.

Nous cachons le cadeau de Tyler sous le lit, puis les garçons se mettent à jouer avec leurs dinosaures, je décide de rester avec eux, j’ai envie d’être auprès d’eux, ça me fait du bien.

Je les aime déjà beaucoup.

Mais que va donner un été entier sous le même toit que Tyler Davis ?

Un enfer promis.

7

Kayla

Ce soir, j’ai préparé des spaghettis à la bolognaise, avec des boulettes de viande maison, les deux et les garçons sont très contents, ils dévorent leur assiette.

Tyler aussi a l’air d’adorer mon plat, il le mange comme s’il n’avait pas mangé depuis une semaine, et j’ai remarqué qu’il me jetait pas mal de coups d’œil, le sourire aux lèvres.

— Franchement, c’est délicieux, me dit-il.

Étonnant.

Recevoir des compliments de sa part n’est pas courant, je ne sais pas comment je dois le prendre, mais je suppose que ça doit être en bien.

— C’est gentil.

— Tu pourrais rester toute la vie avec nous ? demande Esteban.

— Oh ouais ! poursuit Henri. Ce serait génial !

Je ris en enroulant mes spaghettis dans ma fourchette.

— Ce ne serait pas possible les garçons.

C’est vrai que c’est bon. Quand c’est fait maison, c’est souvent meilleur.

— Dommage…

Henri mange une boulette de viande en regardant son grand frère.

— Tu sais que Tyler nous a parlé de toi beaucoup de fois.

Le concerné avale de travers, boit de l’eau et dit à son petit frère :

— On ne parle pas la bouche pleine ! Et arrête de mettre mal à l’aise Kayla et de raconter des bêtises.

Je regarde Tyler et lance :

— Je ne suis pas du tout mal à l’aise.

Puis je m’adresse à Henri, qui regarde son aîné d’un air… que je ne saurais décrire, mais il n’a pas l’air content.

— Mange tranquillement, Henri. Et quand tu auras avalé, tu pourras parler.

Je prends une bouchée, le sourire en coin, Tyler très gêné par cette situation, je le vois qu’il serre les mâchoires, et, j’ai hâte de savoir ce que le petit a à dire.

— Tyler, il nous a dit que tu étais super belle, s’empresse de parler Henri une fois qu’il a avalé.

Son jumeau confirme et en rajoute une couche :

— Oui, et il a aussi dit que t’étais une fille qui lui avait tapé dans l’œil il y a quelques années.

Le visé se racle la gorge et pose ses couverts :

— Bon ça suffit ! Arrêtez de dire n’importe quoi.

Il se lève, ouvre le frigo et attrape quatre petits pots de tiramisu que j’ai préparé ce matin avant de partir.

— Tu as dû lui faire mal pour lui taper dans l’œil, s’étonne Esteban.

— Oui, suis son jumeau, ça doit être très douloureux.

Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire, ils sont bien trop innocents, ils ne peuvent pas trop connaître cette expression.

— Effectivement, dis-je. Il s’en est souvenu apparemment.

Au loin, je vois Tyler rire de son côté, de sa connerie qu’il a racontée.

Je me lève à mon tour et débarrasse les assiettes vides pour les mettre dans le lave-vaisselle.

Je suis étonnée de ce que je viens d’entendre.

Est-ce que c’est vrai ?

Je me dirige vers Tyler et lui chuchote :

— La vérité sort de la bouche des enfants.

Je le vois fermer les yeux et soupirer, et ça me fait rire.

Nous mangeons le dessert en silence, puis après ça, j’emmène les garçons dans la salle de bain pour qu’ils se brossent les dents.

Je leur ai déjà fait prendre leur douche tout à l’heure, avant de manger, car avec le sel de la mer, le sable et tout le reste, ils n’ont pas râlé.

— Allez, on frotte bien pour les caries.

Ils crachent et disent en même temps :

— Au revoir caries !

C’est moi qui leur ai appris ça, cela peut donner la motivation du brossage de dents. Enfin, c’est ce que je me suis dit. Ils ont dix ans, mais ça les amuse.

Je les mets au lit et retourne dans la cuisine, où s’y trouve toujours Tyler, assis à table, son pot de dessert vide.