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Bestseller de la liste USA Today !
Sept royaumes incroyables, huit contes sexy d’amour, d’angoisse et d’aventure ! Cette série de contes de fées contemporains vous emmènera dans un monde habité par des dragons, un peuple de la mer, des pirates, des sorcières, des monstres, des élémentaux, et un roi solitaire qui a désespérément besoin d’espoir…
Choisis bien ton trésor, voleuse…
Drago, roi de l’île du Dragon, est le dernier des magnifiques dragons des Sept Royaumes. Amer et seul, il abandonne le vide de son royaume et se retire dans les cavernes sous le palais. Sous la forme de son dragon, il reste caché du monde et protège le Cœur du Dragon, le dernier héritage de son peuple… jusqu’à ce qu’il soit dérangé par la plus insolite des voleuses.
L’excursion de Carly Tate au parc d’État de Yachats prend un tournant lorsqu’elle est surprise par une soudaine tempête. Cherchant un refuge, elle trébuche à travers un portail magique et arrive dans une caverne débordant de trésors ! Pourtant, aussi incroyables que soient les tas d’or et de bijoux scintillants, elle est subjuguée par la silhouette endormie d’un magnifique dragon.
L’apparition de Carly provoque une série d’événements qui vont non seulement changer la vie de Drago, mais qui vont aussi affecter les Sept Royaumes. Un dragon âgé de plusieurs siècles pourra-t-il protéger son plus précieux trésor ou le mal qui a détruit sa race lui prendra-t-il également Carly ?
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
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Seitenzahl: 305
Veröffentlichungsjahr: 2020
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
Le Trésor du Dragon
Les Sept Royaumes Tome 1
Copyright © 2020 par Susan E. Smith
Publication E-Book en anglais septembre 2017
Publication E-Book en français août 2020
Traduit Par : Charlotte Spender
Relu Par : Gaëlle Darde
Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.
Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
Résumé : Une pièce débordant de trésors, un dragon terrifiant qui la garde et une voleuse aux formes généreuses qui choisit le dragon comme récompense ! Que faudra-t-il pour voler le cœur d’un métamorphe dragon ?
ISBN : 9781952021411 (livre de poche)
ISBN : 9781952021404 (eBook)
Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Fantasy Dragons & Créatures Mythiques | Contemporain | Paranormal | Action / Aventure | Fantasy
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Au commencement…
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Épilogue
Notes
Plus de livres et d’informations
À propos de l’auteur
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Sept royaumes incroyables, huit contes sexy d’amour, d’angoisse et d’aventure ! Cette série de contes de fées contemporains vous emmènera dans un monde habité par des dragons, un peuple de la mer, des pirates, des sorcières, des monstres, des élémentaux, et un roi solitaire qui a désespérément besoin d’espoir…
Choisis bien ton trésor, voleuse…
Drago, roi de l’île du Dragon, est le dernier des magnifiques dragons des Sept Royaumes. Amer et seul, il abandonne le vide de son royaume et se retire dans les cavernes sous le palais. Sous la forme de son dragon, il reste caché du monde et protège le Cœur du Dragon, le dernier héritage de son peuple… jusqu’à ce qu’il soit dérangé par la plus insolite des voleuses.
L’excursion de Carly Tate au parc d’État de Yachats prend un tournant lorsqu’elle est surprise par une soudaine tempête. Cherchant un refuge, elle trébuche à travers un portail magique et arrive dans une caverne débordant de trésors ! Pourtant, aussi incroyables que soient les tas d’or et de bijoux scintillants, elle est subjuguée par la silhouette endormie d’un magnifique dragon.
L’apparition de Carly provoque une série d’événements qui vont non seulement changer la vie de Drago, mais qui vont aussi affecter les Sept Royaumes. Un dragon âgé de plusieurs siècles pourra-t-il protéger son plus précieux trésor ou le mal qui a détruit sa race lui prendra-t-il également Carly ?
Il y a fort, fort longtemps, la paix régnait sur les îles des Sept Royaumes. Chaque royaume, les îles du Dragon, du Serpent de Mer, de Magie, des Géants, des Éléments, des Pirates et des Monstres, était gouverné par un des sept puissants souverains qui veillaient sur leurs royaumes. Chaque souverain avait reçu un don de la part de la déesse qui avait créé leur monde ; un don promettant l’harmonie parmi les royaumes tant que ces dons seraient protégés et qu’ils ne s’en serviraient pas contre les autres. Les souverains étaient justes et équitables, et comprenaient que leurs royaumes avaient besoin les uns des autres pour prospérer.
Hélas, la paix ne dura pas. Une nuit, une étrange lumière brillante tomba du ciel et plongea dans l’océan. Ceux qui virent la météorite traverser les cieux sombres firent des vœux d’un cœur léger. Une jeune sorcière des mers vit l’étoile filante et nagea pour l’attraper. Elle n’avait pas conscience que quelque chose de sombre et de mauvais vivait en son cœur — une obscurité qui prendrait lentement possession d’elle et menacerait la structure même des Sept Royaumes.
— Retourne sur l’île, je te rejoins bientôt, ordonna Drago.
— Crois-tu que ce soit sûr, Drago ? demanda Theron, son regard glissant sur les vagues vers l’homme qui avait émergé des ténèbres d’un noir d’encre.
Drago émit un grognement d’avertissement. Son second inclina ses ailes et recula, augmentant la distance entre eux. Cinq dragons, tous membres de sa garde d’élite, planaient non loin. Les trois mâles et les deux femelles gardaient un œil méfiant sur l’eau en-dessous d’eux. Même avec la vision d’un dragon, ils ne pouvaient rien voir dans l’obscurité croissante apportée par les nuages d’orage autour d’eux ou à travers les vagues tumultueuses.
— Retournes-y immédiatement, ordonna Drago.
— Oui, mon Roi, accepta Theron à contrecœur, s’élevant dans les airs et lançant sèchement un ordre aux autres gardes.
Drago ne lâcha pas Orion des yeux. Le roi des mers soutenait son regard avec la même expression intense. Ressentant la tension entre les deux hommes, l’imposant dragon des mers qu’Orion chevauchait secoua la tête.
— Orion, grogna Drago.
— Je suis venu demander une trêve, dragon. Tu représentes le dernier des royaumes. Les autres ont accepté de faire la paix, déclara Orion.
Lorsque Drago renâcla, de petites bouffées de fumées lui sortirent des narines en tourbillonnant et furent soufflées vers Orion par le vent qui se levait. Inquiet, le dragon des mers eut un mouvement de recul. Un sourire satisfait courba les lèvres de Drago quand il vit Orion lutter pour maîtriser l’énorme créature. Le regard dur et furieux qu’il lui lança fit comprendre à Drago que le roi des mers avait parfaitement conscience qu’il avait fait exprès d’effrayer le dragon des mers.
— D’où vient ce soudain désir de paix ? demanda Drago d’un ton moqueur.
Orion pinça les lèvres d’exaspération.
— Tout n’était que mensonges.
— Qu’est-ce qui n’était que mensonges ? exigea de savoir Drago.
— Je ne désirais aucunement ton trésor ni voler le Cœur du Dragon, Drago. L’île du Serpent de Mer possède ses propres trésors. Nous n’avons pas besoin de l’or et des bijoux enchantés des dragons et je sais qu’il ne faut pas essayer de voler le don de la déesse, dit Orion.
Drago claqua des dents.
— Tu affirmes cela, pourtant, j’ai capturé tes hommes, qui jurent le contraire. Tu as également accusé les dragons d’avoir brulé vos champs au-dessus de la mer. Personne de mon peuple n’a attaqué ton royaume et pourtant, certains reposent au fond de l’océan pendant que leurs compagnes et leurs enfants pleurent de chagrin, rétorqua-t-il.
— Je sais, mais je jure sur le Trident que ceux que tu as capturés sont sous l’emprise de magie noire, forcés de faire des choses qu’ils n’auraient jamais faites autrement. Je jure également que ce n’est pas mon peuple qui a attaqué les dragons dans le ciel. Ils… Drago, ils reposent comme des statues, changés en pierre par un sort que je n’avais encore jamais vu, répondit Orion, sa voix à peine audible par-dessus le bruit du vent et des vagues.
— Tu le jures ? Alors qui a fait usage d’une telle magie noire ? interrogea Drago d’une voix dure. Les seuls à posséder un tel pouvoir sont les habitant de l’île de Magie.
Orion hésita et son regard se perdit au loin sur la mer avant de revenir sur Drago. Celui-ci put voir le regret dans les yeux de l’autre roi. Il y vit aussi la sincérité.
— Non, ce n’était pas l’île de Magie, c’était ma cousine Magna, finit par dire Orion.
— La sorcière des mers ? demanda Drago.
— Oui, il lui est arrivé quelque chose. Je l’ai bannie, mais je crains que cela ne suffise pas. Sa magie devient de plus en plus puissante et doit être arrêtée définitivement. Ce sont ses mensonges et sa traîtrise qui ont provoqué les guerres entre les royaumes. Elle a lancé un sort — des ténèbres comme je n’en ai jamais vus l’habitent, Drago. Ce n’est pas naturel. Plus nous nous combattons, plus cela se renforce. L’unique moyen de vaincre le sort est d’unir nos forces, dit Orion.
— J’ai senti les ténèbres en elle quand elle est venue me demander l’asile. J’aurais dû la tuer à ce moment-là, au lieu de quoi je lui ai donné ma parole que je la protègerai de toi quand elle a dit que tu étais devenu fou. Sache une chose, Orion, si je la trouve en premier, toute l’eau de l’océan et sa magie noire ne la sauveront pas du feu de mon dragon, jura Drago.
— J’espère que nous n’en arriverons pas là. Acceptes-tu la trêve, Drago ? Je m’engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que justice soit faite pour les actes hideux que Magna a commis, dit Orion d’un ton solennel.
— Oui, Roi des mers, je ne désire aucunement continuer la bataille, surtout si elle nourrit la magie noire de la sorcière des mers. Il y a eu assez de mort et de destruction. J’accepte ta trêve, roi des mers, mais sois prévenu : la sorcière des mers paiera pour sa traîtrise si nos chemins se croisent un jour, dit Drago en inclinant ses ailes afin que le vent puisse le soulever plus haut.
— Je comprends. Va en paix, Roi dragon, répondit Orion.
Drago regarda Orion tirer sur les rênes de son dragon des mers. La bête tourna avec impatience et plongea. Après quelques secondes, seule la mer agitée fut encore visible. Des éclairs zébrèrent le ciel, suivis par le roulement du tonnerre.
Tout en pivotant, Drago réfléchit à ce qu’Orion lui avait dit : une trêve, la fin de la Grande Bataille. La paix était enfin revenue dans les Sept Royaumes, mais pas avant qu’ils n’aient connu une grande souffrance provoquée par la soif de pouvoir d’une femme. La rage consumait Drago de l’intérieur. Il était sérieux quand il avait dit à Orion qu’il serait impitoyable avec la sorcière des mers.
En tant que roi de l’île du Dragon et souverain de tous les dragons, il était de son devoir de protéger son peuple. Lorsque la sorcière des mers s’était échouée sur les rives de l’île du Dragon, il avait cru ses mensonges. Son corps était ratatiné et pâle. Elle lui avait juré que son cousin était devenu fou. Ses affirmations selon lesquelles Orion voulait voler le trésor du dragon pour financer sa tentative de prise de l’île du Dragon avaient semblé insensées jusqu’à ce que des pilleurs venant de la mer soient capturés. Ils avaient tous dit la même chose.
Il y avait ensuite eu les attaques contre les dragons qui volaient vers d’autres royaumes. Beaucoup, dont ses propres parents, avaient disparu, sombrant vers leur mort dans les profonds abysses sous l’océan qui séparait chaque royaume. La sorcière des mers, Magna, avait murmuré à l’oreille de Drago que cela ne serait pas arrivé, si seulement il avait eu les pierres du Trident. S’il les avait, alors non seulement il contrôlerait ceux qui vivaient sous les vagues, mais il posséderait également un trésor d’un pouvoir inimaginable.
Drago comprenait les dangers de contrôler un objet ne provenant pas de son royaume : cela pouvait rompre les délicats fils de magie unissant les Sept Royaumes. Il y avait une raison pour laquelle les dragons ne pouvaient pas contrôler le Trident, tout comme il y avait une raison pour laquelle le peuple de la mer ne puisse pas voler le Cœur du Dragon. Les pierres sacrées contrôlaient l’essence même de chaque espèce — eau et feu. Chaque royaume possédait un objet ancien.
Son père l’avait formé à toujours prendre en considération les conséquences profondes de ses décisions. À quoi bon posséder un si puissant trésor si le monde n’existait plus ? Les doux murmures de Magna avaient fini par être trop insistants et il avait menacé de la remettre à la mer et de laisser Orion s’occuper d’elle si elle n’arrêtait pas. Elle avait disparu le lendemain.
Avec un grand soupir, Drago survola l’eau aussi vite que lui permettaient ses ailes. Son corps s’élevait et descendait en rythme avec les vagues qui gonflaient. Des nuages d’orage tourbillonnaient loin dans le ciel et le grondement du tonnerre ainsi que la sensation grandissante d’électricité statique dans l’atmosphère annonçaient les vents extrêmement violents sur le point de frapper.
Drago et ses gardes menaient une dernière patrouille au-dessus des eaux encerclant l’île avant que la tempête ne frappe quand il avait vu Orion. Un balayage rapide du ciel le prévint que le grain risquait de se transformer en un véritable cyclone. Comme pour confirmer ses pensées, des hallebardes glacées d’une pluie battante se mirent à tomber en d’épais rideaux aveuglants.
Drago était encore à plusieurs kilomètres lorsqu’il entendit le premier appel à l’aide de son peuple. La confusion l’envahit tandis que de plus en plus de cris de terreur retentissaient. Alors qu’il luttait contre les vents violents, une peur inhabituelle le poussa à avancer à un rythme inconsidéré pour rentrer chez lui. Il n’avait pas peur pour lui-même, mais pour les siens.
Les cris angoissés de son peuple résonnaient dans sa tête. Sa confusion fut encore plus grande quand leurs hurlements perçants commencèrent soudain à s’estomper.
Le sang de Drago bouillonnait en lui. Sa queue fendit l’air comme un fouet et sa vitesse brisa le mur du son, la déchirure résonnant dans l’air tel un éclair. Il avait été trahi — mais pas par Orion. Quelque chose d’autre attaquait son peuple, quelque chose d’étranger à leur monde.
Les cris des autres dragons transpercèrent son âme, faisant paraître son acharnement à les rejoindre douloureusement inefficace. Un sentiment de panique commença à l’envahir à mesure que chaque voix se taisait. Lorsqu’il ne resta rien d’autre qu’un trou noir là où s’était trouvée sa connexion avec les autres dragons, la panique le submergea complètement.
— Non ! rugit Drago, apercevant l’île du Dragon à travers la pluie.
Au loin, il vit une silhouette sur la falaise rocheuse se tourner pour le regarder avec triomphe… la sorcière des mers ! Ses cheveux noirs tourbillonnaient autour de sa silhouette pâle. De sombres rubans de sorcellerie fusaient de ses doigts. Drago vit Theron et deux autres membres de sa garde d’élite voler vers elle. Les rubans sombres les transpercèrent. Il regarda, incrédule, leurs corps se raidir et se transformer en pierre. Comme au ralenti, chaque dragon tomba du ciel. Deux d’entre eux chutèrent dans la mer et disparurent sous les vagues. Theron s’écrasa au sol, roula puis s’immobilisa, le feu de son dragon figé pour l’éternité à quelques centimètres à peine de la sorcière des mers.
— C’en est fini d’eux, Drago. Tu es tout seul. Donne-moi le Cœur du Dragon et je te rendrai ton faible et pathétique peuple, murmura-t-elle, le vent portant ses mots jusqu’à lui par magie.
— Jamais ! Meurs, sorcière ! rugit Drago.
— Je l’aurai quand tu seras mort. Un dragon ne peut survivre seul bien longtemps. Même ton précieux trésor ne te sera d’aucune utilité pour rester en vie, rétorqua-t-elle avec un sourire moqueur.
Furieux, Drago cracha une puissante boule de feu de dragon blanc. Le rire démentiel de la sorcière des mers s’éleva par-dessus le bruit de la tempête lorsqu’elle plongea de la falaise vers les vagues en contrebas, disparaissant dans les sombres profondeurs entourant l’île. Le feu de dragon explosa contre la falaise, envoyant une avalanche de roche surchauffée dans la mer et brûlant la silhouette figée de Theron.
Drago scruta les bords de la falaise. Les silhouettes immobiles de son peuple le fixaient, leurs visages à jamais déformés par des expressions d’horreur. Tout ce que Drago voyait, c’était son incapacité à les protéger.
Il plana jusqu’au bord de la falaise. Ses ailes puissantes se plièrent et il se laissa tomber près de Theron avant de se transformer en sa forme bipède. Il leva une main tremblante pour toucher son ami et camarade. Un chagrin comme il n’en avait jamais connu déferla en lui, enserrant son cœur comme s’il s’agissait de la même pierre qui avait transformé son peuple. Renversant la tête en arrière, Drago émit un rugissement de rage qui se propagea à travers les Sept Royaumes. Chaque souverain sentit le vide et sut que bien que la Grande Bataille qui les opposait soit terminée, une guerre bien plus mortelle était sur le point de débuter. La peur se répandit, enserrant les cœurs et les âmes des autres habitants dans ses mains avides, puis le monde s’immobilisa quand le bruit du rugissement de Drago s’estompa pour laisser place à un silence assourdissant.
Plusieurs jours plus tard, Drago reculait afin d’étudier son travail. Il avait rassemblé autant de membres de son peuple qu’il avait pu trouver dans leurs maisons pour les protéger des éléments. Il avait installé à l’intérieur de la grande salle ceux qui vivaient et travaillaient au château.
Il tourna les yeux vers la plus proche silhouette. Theron le fixait. Il leva une main et la passa le long de la longue trace noire sur le côté du cou du dragon, pris de remords.
Il s’arrêta et ferma les yeux tandis que la douleur atroce familière le transperçait de nouveau. L’espace d’un instant, il aurait voulu qu’elle soit assez puissante pour le tuer sur le coup. La douleur, le vide et les sentiments d’impuissance et de remords étaient presque plus que ce qu’il pouvait endurer.
Toutes ses tentatives pour localiser la sorcière des mers par la magie avaient été infructueuses. C’était comme si elle n’existait plus. Sans savoir comment elle était parvenue à transformer son peuple en pierre, il était impossible d’inverser les effets. Il n’y avait rien d’autre à faire. Même le Cœur du Dragon n’avait pas le pouvoir de briser un tel sort — il le savait car il avait tenté de l’utiliser. Prenant une profonde inspiration, il ouvrit les yeux et raidit ses épaules de détermination. Un jour, la sorcière des mers referait surface et à ce moment-là, il serait prêt. En attendant, il protègerait ceux qui ne pouvaient pas le faire eux-mêmes.
Drago pivota et se dirigea vers l’entrée de la grande salle, refermant les portes massives derrière lui. Il prononça un sort afin d’en verrouiller les portes avant de franchir à grands pas la double porte menant à l’extérieur. Avec un murmure, il lança un sort pour ensorceler le château. Il ferait de même pour toute l’île du Dragon. Personne ne serait capable d’y mettre un pied, pas même ceux du royaume magique. C’était un sort connu de lui seul. Ceux qui seraient assez malchanceux pour parvenir jusqu’aux rivages périraient, piégés entre les hautes falaises et l’eau.
Se transformant, il s’élança dans les airs. Il fit cinq fois le tour de l’île, renforçant le sort jusqu’à ce que la brume devienne épaisse et lourde. Il ne revint au château qu’une fois satisfait. Il atterrit sur la tour la plus haute et scruta une dernière fois l’île. Ce serait la dernière fois qu’il la verrait.
Drago cligna des yeux et regarda en direction du sol. S’élançant de la tourelle, il plongea. Un instant avant l’impact avec la surface dure de la cour, le sol s’ouvrit et il disparut à l’intérieur. Le gouffre atteignait presque trente mètres de profondeur et l’ouverture se scella derrière lui dès qu’il jaillit à travers. Il s’arqua, descendant en piqué le long de l’escalier de pierre élaboré puis passa sous un passage voûté menant à l’immense caverne en contrebas. Dans la chambre la plus profonde, il survola la mer de trésors jusqu’à atterrir sur une montagne de pièces d’or et de bijoux. Son corps glissa le long de l’avalanche de trésors jusqu’à une grande plateforme.
Drago gravit les marches jusqu’au sommet. D’un coup de queue, il balaya les pièces et les bijoux qui étaient tombés sur la plateforme en pierre avant de tourner sur lui-même et de s’allonger. Son regard parcourut l’immense fortune des dragons. Au loin, il pouvait voir les répliques de son père et sa mère. Ils avaient été les premiers à disparaître, peu après le début de la Grande Bataille. Ils s’étaient rendus sur l’île des Monstres pour voir Nali. Leur perte les avait profondément ébranlés, les autres dragons et lui.
— Je vous ai déçu, père, mais je n’abandonnerai pas, jura Drago en regardant la statue de son géniteur. Je n’ai plus rien à protéger, si ce n’est le Cœur du Dragon que vous tenez. Je le garderai jusqu’à mon dernier souffle.
Drago baissa la tête, ferma les yeux de chagrin et, alors que le silence grandissait, s’attela à la tâche de garder le trésor de son peuple. Bientôt, les heures se transformèrent en jours, et les jours en semaines. Les semaines devinrent années, et les années laissèrent place à l’abîme de solitude qui crût en Drago. Il finit par se fatiguer, dormant davantage à mesure que sa solitude et la magie qu’il devait utiliser pour garder un corps fort commençaient à lui peser. Il se réveilla brièvement lorsqu’une légère perturbation ébranla l’île. Le sol trembla sous lui, mais il ne sentit pas d’autre présence et se rendormit rapidement.
Le Cœur du Dragon brilla vivement, scintillant comme si la déesse avait conscience que le dernier des dragons était en danger de mort. Drago n’eut pas conscience que l’énorme diamant rouge sang s’élevait d’entre les griffes de la statue de son père où il reposait. Perdu dans le royaume de ses rêves, il dormait alors que non loin, un portail s’ouvrait lentement sur un autre monde.
Carly Tate fredonnait la chanson diffusée à la radio tandis qu’elle s’arrêtait doucement devant l’entrée du parc d’État de Yachats. C’était le grand jour ! Elle prenait le contrôle de sa vie. En réalité, c’était déjà le troisième jour du « grand jour ». Elle allait commencer à faire du sport, perdre du poids, chercher à avoir un meilleur travail et peut-être même penser à partir de Yachats, en Oregon. Elle pourrait même peut-être bien envisager de déménager à Portland ou Seattle.
— Lentement mais sûrement, dit-elle à haute voix, répétant son nouveau mantra.
Elle devait juste se focaliser pour rester concentrée, ce qui n’était pas un exercice dans lequel elle excellait particulièrement. Par chance, sa colocataire et meilleure amie depuis toujours l’aimait telle qu’elle était… la plupart du temps. La pauvre Jenny avait les meilleures épaules sur lesquelles pleurer et ne devenait que légèrement folle quand Carly s’effondrait après avoir choisi de sortir avec le mauvais genre de gars — comme Ross Galloway.
— Combien ? demanda le ranger d’un ton empreint d’un léger ennui.
— Juste moi, répondit Carly en lui tendant son pass pour le parc d’État.
— Faites attention le long des chemins ; on dirait qu’une tempête se prépare. Le parc ferme au coucher du soleil. Veuillez vous garer uniquement dans les zones dédiées et ne pas nourrir les animaux sauvages, dit le ranger, lui rendant son pass accompagné d’une carte du parc et de la carte de stationnement pour son tableau de bord.
— Merci, répondit Carly.
Elle jugea qu’il était sans doute préférable de ne pas dire au ranger qu’ils avaient eu la même conversation au cours de ces trois derniers jours. Elle en serait ainsi à sa quatrième excursion en autant de jours. Une belle pile de cartes jonchait maintenant son siège passager.
Accélérant, elle suivit la route sinueuse. Les mêmes vieux sentiments se mirent à l’étouffer à mesure qu’elle avançait. Elle tendit la main et monta le volume de la musique comme elle l’avait fait au cours des trois derniers jours, espérant que cela déclencherait une cela déclencherait une décharge d’adrénaline et non une envolée de son imagination d’adrénaline et non pas d’imagination.
De grands séquoias et d’autres plantes à feuillage persistant bordaient la route étroite et sinueuse. Une mousse verte poussait sur les rochers, les rendant glissant, et des fougères luxuriantes montaient plus haut que ses hanches. Carly savait exactement à quel point la mousse était glissante et à quelle hauteur les fougères montaient car la veille, lorsqu’elle avait atteint le sommet du sentier, elle avait posé le pied sur un rocher pour un « moment à la Rocky » et avait promptement — et très inélégamment — atterrit sur le cul au milieu de fougères.
Carly n’était pas une gracieuse athlète. À vrai dire, le simple fait d’utiliser le mot athlète et son nom dans la même phrase suffisait à la qualifier pour participer à un épisode de Comedy Central Stand-Up1 en tant qu’humoriste. La veille, elle avait décrété qu’elle avait plus de chance de devenir une star internationale de l’humour que de perdre le poids qu’elle voulait et de parcourir le sentier de randonnée dans son intégralité sans se tuer au passage. Elle avait malgré tout juré à Jenny — sa très athlétique meilleure amie — qu’elle le ferait même si cela la tuait.
— Malheureusement, ça pourrait bien me tuer, marmonna Carly quand elle bougea sur le siège de sa Ford Focus rouge foncé et qu’elle sentit les ecchymoses et ses muscles protester suite à sa chute de la veille.
Elle marmonnait toujours entre ses dents lorsqu’elle se gara sur le parking près du début d’un sentier de randonnée avant de couper le moteur. Elle n’avait pas encore essayé ce chemin. Prenant l’une des cartes de la pile, elle y jeta un coup d’œil et plissa le nez avant de pousser un petit gémissement.
— Six kilomètres et demi, grogna-t-elle en appuyant son front contre le volant. Tu peux le faire, Carly. C’est seulement six kilomètres et demi. Ça ne sera qu’une simple promenade, dit-elle, un reniflement lui échappant à ce jeu de mot. D’accord, tu fais ça et tu pourras te faire plaisir avec une petite glace au Dairy Queen2 sur le retour, qu’est-ce que tu dis de cette récompense ?
Reculant sur son siège, elle se pencha et prit le petit sac à dos sur le plancher avant de fourrer la carte dedans. Elle ouvrit la portière et descendit avec un autre grand gémissement avant de jeter un coup d’œil autour d’elle afin de s’assurer que personne ne pouvait la voir ou l’entendre. Elle se tourna, claqua la portière et mis les clés de sa voiture dans sa poche.
— Glace. Souviens-toi de la glace, marmonna-t-elle entre ses dents tout en forçant ses muscles endoloris à se mettre en mouvement.
Elle s’avança sur le chemin et mit le sac à dos en jean et cuir sur ses épaules. Elle s’accrocha aux bretelles et commença à descendre le sentier inégal.
— Glace…, marmonna-t-elle à chacun des premiers deux cent soixante et onze pas avant de commencer à se concentrer sur d’autres choses importantes — comme les ours affamés, les pumas et Bigfoot.
Presque quatre kilomètres plus loin et à seulement un peu plus de la moitié de sa randonnée, Carly était de mauvaise humeur. Elle était tombée — une fois de plus — quand le grand café glacé qu’elle avait bu plus tôt avait noyé sa vessie et rendu urgent l’arrêt au stand. Comme il n’y avait pas de toilettes le long du sentier, elle avait été forcée de trouver un buisson à arroser.
Évidemment, il était impossible de trouver un endroit plat. Les seules options disponibles étaient une paroi rocheuse à escalader ou une pente raide à descendre. Ses muscles douloureux et son manque de coordination, plus le fait qu’il n’y aurait rien pour la cacher si elle escaladait, signifiaient qu’elle n’avait pas d’autre alternative que de tenter de descendre la pente raide. Elle y était parvenue, mais pas sans glisser à plusieurs reprises. L’arrière de son jean et ses genoux étaient couverts de boue froide et humide qui venait s’ajouter à la misère de son corps endolori.
Par chance, elle avait découvert un petit ruisseau qui jaillissait des rochers un peu plus loin sur le chemin pour se nettoyer un peu. L’eau glacée lui avait permis de laver la boue de ses mains et de se rafraîchir. Évidemment, ses doigts étaient gelés maintenant.
Reste positive, Carly. Au moins tu n’es plus toute sale, pensa-t-elle tristement tout en continuant à gravir péniblement le sentier.
Carly ne put s’empêcher de penser que si toutes ses mésaventures n’avaient pas suffi à la convaincre qu’elle aurait dû se contenter d’aller à la salle de sport, le temps imprévisible de l’Oregon aurait dû être l’élément décisif dans sa décision. La chute de température et les épais nuages en rouleau lui disaient qu’elle avait été idiote d’être avare et de laisser sa gêne l’emporter. Ces deux inquiétudes — argent et Ross, et pas nécessairement dans cet ordre — l’avaient tenue à l’écart de la salle de sport de la ville.
Elle avait été réticente à l’idée de payer pour l’abonnement annuel avant de savoir si elle allait s’en tenir à son plan de faire du sport. Elle avait acheté l’abonnement une fois, quelques années plus tôt… et n’y était jamais allée. Bien sûr, elle était plus âgée et mature à présent, ce qui aurait dû signifier qu’elle était plus disciplinée, seulement Carly se connaissait assez bien pour savoir que ce n’était pas le cas lorsqu’il s’agissait de faire du sport. Si elle y avait réfléchi un peu plus, elle aurait simplement dû prendre l’abonnement mensuel, mais cela lui aurait coûté cinq dollars de plus chaque mois, ce qui, en un an, aurait représenté un énorme surplus de soixante dollars par rapport à l’abonnement annuel.
Mais la vraie raison pour laquelle elle n’allait pas à la salle de sport, c’était qu’elle ne voulait pas tomber sur Ross Galloway. Ross était l’incarnation du mauvais garçon. Jenny l’avait prévenue, mais Carly avait été gaga dès qu’il était arrivé au bar du coin, près du front de mer, avec son jean délavé, son t-shirt élimé, sa veste en cuir noire et son attitude désinvolte. Elle savait bien qu’il ne fallait pas sortir avec un gars rencontré au bar. Elle savait qu’il ne fallait pas sortir avec Ross Galloway — c’était déjà un mauvais garçon au lycée, bon sang ! Elle s’était pourtant sentie plutôt bien après sa première bière quand il l’avait invitée à sortir avec lui — ce n’était pas quelque chose qui arrivait si souvent. Il se rendait également à la salle de sport, la seule en ville.
Au quatrième rendez-vous, Carly s’était rendue compte de son erreur et avait appelé Jenny pour qu’elle vienne la chercher. Il était vrai que ce n’était pas entièrement la faute de Ross. Elle n’avait pas voulu lâcher le filet de pêche sur son bateau. C’était un accident. Et puis c’était lui qui avait voulu fumer ! Ce n’était pas comme si elle avait fait tomber l’allumette exprès. On pourrait penser que si le gars possédait un bateau, il saurait s’il y avait des objets inflammables à bord.
Carly leva les yeux lorsqu’une grosse goutte de pluie s’écrasa sur sa joue. Presque en larmes, elle se concentra sur le sentier devant elle quand une nouvelle goutte atterrit sur le bout de son nez. Un éclair traversa le ciel, suivi d’un coup de tonnerre à faire trembler la terre.
— Vraiment ? Tu crois que ça me plaît tellement que tu veux en rajouter une couche ? Tu aurais pu attendre, tu sais. Je suis presque à mi-chemin du retour. Juste encore une heure… ou deux, se disputa Carly avec le ciel avant d’être récompensée avec trois autres grosses gouttes et une brume dense qui approchait rapidement. Super ! Je te remercie vraiment… ou pas ! J’espère que tu t’amuses parce que je dois te dire que ça craint vraiment du boudin. JE DÉTESTE FAIRE DU SPORT !
Évidemment, se disputer avec le ciel n’était pas quelque chose que la plupart des personnes saines d’esprit faisaient, mais cela aida Carly à se sentir un peu mieux. Elle eut un mouvement de recul lorsqu’un éclair frappa assez près pour qu’elle ait l’impression que ses cheveux se dressaient sur sa tête. Bon d’accord, peut-être que les dieux du ciel écoutaient et que cela ne les amusait pas qu’elle leur crie dessus.
Accélérant, Carly essaya d’avancer le long du sentier irrégulier à moitié en marchant, à moitié en trottinant. Elle étouffa un cri au moment où un autre éclair frappa. Le temps ne savait-il pas qu’il devait seulement pleuvoir, pas y avoir un véritable orage ? Elle aurait dû vérifier les prévisions météorologiques avant de sortir de sa voiture.
— Le ranger n’aurait-il pas dû insister pour que personne ne fasse de randonnée ? Il savait fichtrement bien qu’une tempête se préparait. Ce n’est pas son devoir d’aider à protéger des idiots comme moi d’eux-mêmes ? jura Carly entre ses dents.
Elle s’arrêta brusquement quand un petit tas de rochers dégringola sur le chemin devant elle. Puis la pluie se mit à tomber en rideaux épais, la trempant. Elle tira la capuche de sa veste sur sa tête, jurant de nouveau lorsqu’elle se prit dans son sac à dos. Elle devait trouver un endroit sûr pour s’abriter de la tempête. Un puissant craquement lui fit lever la tête. Elle écarquilla les yeux d’horreur en voyant un arbre penché vaciller dangereusement vers elle. De petits cailloux pleuvaient autour d’elle, la touchant aux épaules.
Carly se rapprocha d’un bond de la paroi rocheuse et fut surprise de remarquer une fissure sombre qui s’étirait verticalement du sol jusqu’à environ cinquante centimètres au-dessus de sa tête et qui semblait être l’étroite entrée d’une grotte. La chance lui souriait peut-être enfin. Ce n’était peut-être pas l’hôtel du coin, mais c’était toujours mieux que de se faire frapper par la foudre ou écraser par des arbres et des rochers.
Carly se faufila dans l’étroite fissure dans la paroi rocheuse et émit un grognement frustré. Pourquoi la stupide ouverture ne pouvait-elle pas être plus large de quelques centimètres ? L’image d’horribles insectes effrayants ne lui traversa l’esprit qu’une fois qu’elle fut à moitié dans la fissure. Elle espérait vraiment qu’il n’y avait pas d’araignées, de serpents ou d’autres bestioles dans le renfoncement sombre.
Un éclair et le craquement dans l’air lui firent désespérément rentrer le ventre afin de pouvoir se glisser à l’intérieur. Évidemment, elle resta coincée. Remuant d’avant en arrière, elle ajouta quelques jurons sonores pour accompagner les nouvelles ecchymoses qui venaient s’ajouter à sa collection avant de jaillir brusquement dans des ténèbres d’un noir d’encre.
Elle se tourna et attrapa une branche de l’autre côté de l’ouverture puis secoua violemment la branche mouillée, espérant malgré tout que cela suffirait à chasser les méchants diablotins et leurs toiles collantes qui pourraient se cacher près de l’entrée. La pluie redoubla d’intensité, se déversant sur le flanc de la montagne à tel point que l’ouverture ressemblait plus à l’arrière d’une cascade. Carly hoqueta dans le noir.
— Voilà pourquoi je déteste faire du sport, grogna-t-elle en frissonnant.
Se détournant du mur d’eau, elle agita distraitement la branche de sa main gauche tout en prenant son téléphone de la droite. Elle tenta de faire glisser son doigt pour déverrouiller l’écran et émit un grand juron quand cela ne fonctionna pas. Elle glissa la fine branche entre ses genoux couverts d’un jean sale et utilisa son index droit pour allumer l’option lampe de poche de son téléphone. Faisant lentement glisser le faisceau lumineux le long des parois et du sol, elle observa l’étroite grotte.
— J’avais dit à Jenny que ça me tuerait. Des archéologues vont trouver mon corps momifié dans mille ans et dire « Oui, c’est un parfait exemple de Darwin en action », marmonna-t-elle dans sa meilleure voix de « savant scientifique ».
Elle fixa les parois avec un effroi croissant, certaine de les voir grouiller de toutes sortes d’insectes mortels déterminés à la saigner à blanc.
— Oublie la momification. Je vais être rongée jusqu’à l’os ! elle reprit son souffle et ses lèvres esquissèrent soudain un petit sourire. J’imagine que c’est une façon de perdre du poids.
Jenny Ackerly, sa meilleure amie et colocataire, avait ri ce matin-même lorsque Carly avait dramatiquement prédit sa propre mort par le sport. Eh bien, Jenny ne rirait plus en ne la voyant pas revenir.