Le viol, ce tueur que l’on croit silencieux - Christ Risnet Nsimba - E-Book

Le viol, ce tueur que l’on croit silencieux E-Book

Christ Risnet Nsimba

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Beschreibung

Mélodie, orpheline de 14 ans, trouve refuge chez son oncle, sans se douter que son existence basculera dans l’horreur. Victime d’abus et de violences insoutenables, elle sombre dans un désespoir sans issue. Acculée, elle commet l’irréparable, espérant que son histoire brise le silence et donne une voix à celles qui, comme elle, subissent ce fléau dissimulé dans l’ombre.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Christ Risnet Nsimba prend la plume pour aider à libérer la parole des victimes silencieuses de viol. Auteur de trois essais politiques, il signe ici son premier roman.

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Seitenzahl: 120

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Page de titre

Christ Risnet Nsimba

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le viol,

ce tueur que l’on croit silencieux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Christ Risnet Nsimba

ISBN : 979-10-422-6345-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le viol, ce tueur que l’on croit silencieux

 

 

 

 

 

Bonjour à tous ceux qui me liront.

Je suis Mélodie Bouaka. J’ai quatorze ans au moment où j’écris ces mots.

Ceci est mon confessionnal et je jure de dire la vérité, rien que la vérité, car mentir ne me servirait à rien.

Morte, je le serai certainement au moment où vous lirez ceci.

Merci de prendre le temps, d’essayer de me comprendre, de vous mettre tant soit peu à ma place, avant de me juger, de m’affubler de tous les noms d’oiseaux, d’évoquer et d’invoquer tous les démons pour que mon passage vers le monde des allongés se fasse avec tribulations.

Le sang sur ce lit est le mien. Vous aurez le loisir de le constater.

Ce qui s’est passé ?

Je vous le dirais sans gêne, mais avant, vous devriez me promettre de faire preuve de tolérance pour que, plus jamais, les jeunes filles de mon âge n’aient à agir de la sorte au nom du silence et de la peur d’être jugées hâtivement.

J’espère, par mon histoire, réveiller en vous le bon sens.

Que les parents qui me liront redoublent de vigilance autour de ce qui se passe chez eux.

Mon histoire est un peu bizarre, mais elle vous apprendra que la négligence de petites choses crée les conditions de la survenue des grandes fautes, des situations qui peuvent s’avérer irréparables.

À toutes celles qui me liront, j’ose espérer vous aider par mon histoire à dire vos malheurs sans craindre autrui.

Sachez que personne, mieux que vous, ne comprendra mieux ce que vous endurez. N’ayez pas peur de dénoncer vos bourreaux.

Puisse mon histoire édifier le monde et le conduire à nous regarder autrement que de simples objets souillés destinés à finir dans la poubelle de l’intolérance.

Je n’encourage pas celles dont les sévices deviennent lourds à porter à faire comme moi. Au contraire, vous devriez vous battre pour reconquérir la dignité que l’on vous a volée, combien même cela relèverait d’un courage exceptionnel.

À celui qui en premier tombera sur ces mots, merci de briser le cercle infernal du silence qui à jamais emprisonne des milliers d’autres victimes, en le transmettant à toute personne susceptible de le faire circuler pour qu’à jamais soit libérée la parole autour de ce crime.

Et s’il m’était permis de formuler une dernière volonté, ce serait celui de voir mon histoire faire le tour du monde, non pas pour me rendre célèbre dans l’au-delà, mais simplement pour que par cette dernière, se libère davantage la parole autour des violences sur mineures.

 

Mélodie Mbouaka,

ce 28 mars 1997 à 5 h 23 min

 

 

 

 

 

 

Je dormais depuis peu, après des heures entières à tourner en rond dans mon lit, redoutant le moment en question, imaginant le pire, l’ultime supplice qui depuis des mois m’aura précipité au panthéon de la peur.

Je savais qu’il viendrait de nouveau, qu’il enfoncerait encore, plus profond, le couteau dans le cœur meurtri de la fille innocente et sans défense que je suis.

Comme à chaque fois, ce n’était qu’une question de temps, d’heures ou peut-être de minutes avant que je ne me fasse de nouveau chosifier par cet homme que j’ai longtemps considéré comme mon unique bienfaiteur, comme mon second papa.

La « chose de mon oncle », c’est ce que j’étais devenu au fil du temps, à mon corps défendant.

Lui dont le vice avait résonné plus fort que la raison, lui qui, profitant de sa position de tuteur et de chef de famille, avait décidé de briser l’adolescente pleine de vie que j’étais jusqu’à ce matin.

Lui, le seul oncle que je croyais capable de m’aider à construire ma vie et de m’affirmer comme étant une femme d’exception, capable d’impacter sa génération à travers son génie.

Il avait décidé de remettre ça, maintenant qu’il n’y avait plus personne pour le lui empêcher, maintenant que j’étais livrée à mon triste sort, sans aide et sans secours.

Le pire, je le ressentais comme par prémonition depuis les premières heures de la journée.

Un vent glacial chargé de peur venait me sortir de mon semblant de paix, chuchotant à mon esprit une triste mélopée qui augurait un sombre événement.

Je semblais tomber dans le vide, mon cœur battant la chamade, signe qu’un incident grave s’abattrait sur moi bientôt.

J’avais vu encore une fois, comme de coutume, ce sourire vicieux déformer son visage au moment de lui servir son petit déjeuner.

C’est le même qu’il faisait souvent, avant de se laisser posséder par les démons de l’impudicité, puis de me transformer en objet de plaisir, avec lequel on s’adonne aux pires fantasmes.

Et le fait que sa femme, ma belle-tante, passait nuit à une veillée de prière était un facteur aggravant de ce qui à coup sûr m’attendait.

La nuit n’a jamais été une alliée pour moi, encore moins une occasion de me reposer après des journées toujours aussi difficiles pour la jeune orpheline et à fleur d’âge que je suis encore au moment où je bafouille ces phrases.

Depuis deux ans, j’ai perdu le sens même du repos, car après avoir travaillé comme une machine en journée, la nuit tombée, je ne peux dormir à poings fermés comme tous les enfants de mon âge.

Mes épisodes de sommeil étant toujours succincts, l’instinct de survie, mue par la peur me fait faire des insomnies.

À 14 ans, je suis devenue une habituée des troubles de sommeil, car vivant dans la peur permanente, dans la psychose du pire qui sait me prendre pour cible depuis mon jeune âge.

En effet, je suis victime d’un harcèlement, mieux, des violences physiques et même morales de la part de mon oncle, mon tuteur, depuis plusieurs mois, sans possibilité de m’en échapper, encore moins d’en parler à qui que ce soit.

Je suis victime de mon corps sans défense qui aura attiré sur moi, les désirs démoniaques et contre nature d’un adulte qui a pourtant tout pour vivre sa vie de débauche sans verser dans l’inceste et le viol.

Victime de mon statut d’orpheline de père et de mère, que le monde aura rejetée, que la famille n’a jamais aimée, à qui le quotidien oblige de mendier l’amour et la considération d’un oncle sans cœur dont le cerveau avait déserté la tête pour se réfugier entre les deux jambes et dont la femme est d’une monstruosité qui met en doute l’instinct maternel.

Comment réagir devant la volonté de nuire d’un oncle qui demeure le seul à te prendre en charge, à subvenir à tes besoins, à t’offrir un toit, une famille, donc un espoir pour l’avenir ?

Comment oser aller en guerre contre une autorité familiale naturelle à laquelle les traditions africaines, elles-mêmes, ont conféré un pouvoir surnaturel, selon qu’elle peut bénir ou maudire une existence avec l’assurance que cela se réalise ?

Je me savais condamnée, dès l’instant où j’étais devenue l’objet de ses désirs les plus monstrueux que je croyais d’une certaine époque.

Il avait grandi, avait acquis un statut social viable et fondé une famille avec une très belle femme que rien ou presque ne pouvait présager de tels égarements.

C’en était encore ainsi cette fameuse nuit, hier.

La peur avait gagné tout mon être.

Trois jours qu’il n’était pas passé accomplir sa sale besogne, qu’il n’était pas venu souiller mon innocence avec sa semence sans doute maudite, car usité à des fins contre nature.

C’est à ça que la vie avait décidé de me réduire.

Elle avait décrété que je ne serais dorénavant qu’un objet sexuel pour mon oncle, que je trouverai normales au fil du temps, ses incursions quotidiennes et redouterai plus ses absences que sa présence, car ces dernières n’augureraient point de bonnes choses à venir.

Pardonnez mon langage sans doute élémentaire, mes propos sans doute crus.

J’écris avec mon cœur inondé de larmes, avec mon cerveau à l’arrêt devant l’expression de tant de monstruosité.

Trois nuits s’étaient écoulées sans qu’il ne se pointe dans ma chambre.

Trois longues nuits à me faire malmener par la peur, m’empêchant de fermer l’œil, car redoutant le pire, l’excès sans doute précédé par cette abstinence qui m’aurait donné un semblant de paix ou de répits, si je ne connaissais pas le personnage sulfureux, mieux, monstrueux qu’il était, que dis-je, qu’il est et demeurera certainement jusqu’à ce que les ombres de la mort l’engloutissent dans l’enfer éternel.

Je le connaissais si bien désormais, pour comprendre que plus il laissait passer des jours, plus il se montrait pervers, inventant et imaginant des pratiques d’une perfidie à faire pâlir le diable.

D’habitude, il laissait passer une nuit et je dois dire que c’était déjà dégoûtant quand la nuit d’après, il décidait de me rendre visite ou de s’introduire dans ma chambre.

Là, j’assistais à l’étalage de sa cruauté, impuissante, sans mot dire, perdue entre la douleur physique d’un corps malmené et la peur d’oser un bras de fer que je savais perdu d’avance.

Qu’avais-je fait au ciel pour mériter une telle condamnation ?

Pourquoi ne donnait-il pas corps à ses fantasmes avec sa femme qui, mieux que moi, serait sans doute réceptive à ce genre de traitement réservé aux adultes ?

J’étais dans une prison dorée où mon existence n’avait qu’un seul but ; celui de satisfaire la libido d’un psychopathe.

Non sans proférer des menaces à mon encontre, il s’adonnait à ses pires fantasmes, sans pitié aucune.

Jamais je n’avais imaginé qu’un humain puisse faire preuve d’une telle méchanceté, surtout vis-à-vis d’un autre être humain, mieux, de sa propre famille.

Souvent, il enfonçait son membre dans ma bouche, le plus profond possible jusqu’à me conduire au bord de l’étouffement.

Les yeux enflés, je pleurais toutes les larmes de mon corps sans que cela ne l’atteigne dans sa conscience.

Au contraire, il semblait prendre un malin plaisir à me faire souffrir.

Te voir souffrir est tellement jouissif, me disait-il quand prit dans une sorte de transe, il me griffait, me mordillait ou même me frappait.

Il arrivait qu’il m’obligeât à recevoir sa semence dans ma bouche, d’avaler sans recracher en le regardant droit dans les yeux, comme une brebis sans défense devant l’autel du sacrifice.

Pardonnez-moi de dire les choses de façon crue.

J’ai déjà tellement souffert de mon silence qu’il me paraît opportun de nommer les choses dans un dernier souffle, avant que la vie ne s’évapore loin de ma pauvre carcasse qui aura, de la part de mon oncle, connu toutes les humiliations qu’une femme puisse subir.

Me souiller était un délice auquel il savait s’adonner.

Tantôt dans mes cheveux, sur ma poitrine, mon visage ou même dans mes oreilles.

Il n’y avait pas une seule parcelle de mon corps ou je ne fus obligée de le laisser cracher sa semence.

Des fois, au lieu de recevoir son sperme, je me voyais inonder de son urine, comme s’il s’agissait d’une douche.

« Laisse-moi te marquer pour qu’à jamais tu m’appartiennes », me répétait-il toujours.

Suis-je encore grossière une fois de plus ?

Pardonnez ma façon de dire les choses.

Je n’ai plus la force de chercher les mots.

J’aurais tant voulu dire mon malheur autrement, mais je me sens tellement sale, si répugnante qu’aucun mot dans mon vocabulaire n’est assez fort pour traduire ma douleur.

De toute ma vie, du moins depuis la mort de mes parents, je n’ai plus jamais été considéré comme un être humain.

Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir des droits, ni auprès de ma famille ni dans la maison de mon oncle.

J’en suis arrivée à oublier ce qui était bon de ce qui ne l’était pas, tant mon existence a été réduite à rien.

J’étais à ses yeux, un vulgaire objet, un détritus qu’il se plaisait à souiller sans remords.

Je peinais à m’y faire.

Malgré le caractère habituel que prenaient ces instants de torture, je n’avais pas réussi à ne plus m’étonner.

Ainsi, chaque jour me ramenait à la case de départ et suscitait le même émoi, causait la même douleur, inspirait la même peur qui grandissait encore et toujours.

J’étais encore vierge et je craignais à chacune de ses incursions dans ma chambre qu’il décide de passer à l’étape suivante, celle de mon dépucelage forcé.

D’ailleurs, il ne cessait de me répéter qu’il réservait le meilleur pour plus tard et ne se sentait pas pressé de me dépuceler.

Ce jour-là, je veux dire hier, j’avais comme par prémonition senti que ce serait le cas, qu’il oserait pousser sa démence encore plus loin.

J’avais les pieds en coton au fur et à mesure que les heures se succédaient pour laisser un peu plus place à la nuit qui venait à grands pas, comme si elle avait hâte de s’abattre sur la terre, dans une sorte de complicité.

Je ne m’aimais plus, d’ailleurs, j’ai perdu le sens de l’amour propre depuis des années.

Mon propre corps était devenu une prison dans laquelle même mes pensées se sentaient à l’étroit.

Les idées les plus noires avaient fini par s’ancrer dans mon esprit, elles devenaient des évidences, des certitudes qui renforçaient l’image négative que j’ai toujours eue face à la question de l’existence, du destin de l’homme – mon destin.

Entre me suicider ou fuir la maison, mes pensées étaient partagées.

Mais où aller ?

Qui voudrait de moi dans cette ville que je n’ai jamais appris à connaître ?

Que dirais-je pour que l’on se soucie de moi et qui oserait croire qu’un cadre de l’une des plus grandes entreprises du pays puisse s’adonner à de telles pratiques avec sa propre nièce ?

Son statut social plaidait pour lui.