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Les yeux sont le miroir l’âme…
Très tôt, Tonya Maitland a appris que la vie pouvait être une aventure ou une tragédie. Elle a depuis longtemps laissé la partie tragique derrière elle et se focalise désormais sur l’aventure ! Sa tentative d’être l’un des meilleurs journalistes d’investigation de tous les temps prend un peu plus de temps que prévu, mais tout cela change quand elle se rend dans la petite ville endormie de Yachats, dans l’Oregon.
Ashure Waves, le roi des pirates, est également le Gardien des Âmes Perdues. Malgré toutes les âmes qui l’habitent, le vide qu’il ressent est suffocant. Le « don » qui lui a été transmis ressemble plus à une malédiction. Lorsqu’un vœu prononcé ivre devant un miroir magique lui montre ce que son cœur désire vraiment, il est à la fois déchiré et déterminé à trouver la femme révélée par le miroir… même si cela signifie quitter les Sept Royaumes.
Les yeux perçants de Tonya voient bien plus que ce qu’Ashure ne veut laisser paraître, et il craint que les conséquences ne soient terribles. Quand le roi pirate se rapproche de cette journaliste d’investigation débrouillarde et au caractère bien trempé, cela devient hilarant ! Mais Ashure parviendra-t-il à protéger Tonya afin qu’elle ne devienne pas une autre Âme Perdue ou devra-t-il abandonner ce que son cœur désire vraiment afin de la sauver de lui-même ?
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
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Seitenzahl: 442
Veröffentlichungsjahr: 2021
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
Paranormal Romance
Le Vœu d’un Pirate
Les Sept Royaumes Tome 7
Copyright © 2021 par Susan E. Smith
Publication E-Book en anglais mars 2020
Publication E-Book en français mars 2021
Traduit Par : Charlotte Spender
Relu Par : Gaëlle Darde
Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.
Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
Résumé : Tonya pensait vivre ses meilleures aventures en se lançant à la poursuite des histoires des autres, mais elle se trouve maintenant au milieu d’une histoire plus vraie que nature alors qu’elle cherche une âme perdue, découvre un nouveau monde, et se heurte au roi pirate… et elle ne peut pas écrire un mot là-dessus.
ISBN : 9781952021954 (livre de poche)
ISBN : 9781952021947 (eBook)
Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Fantasy Dragons & Créatures Mythiques | Contemporain | Paranormal | Action / Aventure | Fantasy
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Épilogue
Notes
Plus de livres et d’informations
À propos de l’auteur
Île des Éléments — créée en premier.
Roi Ruger et reine Adrina
Les élémentaux peuvent contrôler la terre, le vent, le feu, l’eau et le ciel. Leurs pouvoirs diminuent légèrement lorsqu’ils ne sont pas sur leur île.Don de la déesse : la Gemme de Puissance.Île du Dragon — créée en deuxième.
Roi Drago
Contrôle les dragons.Don de la déesse : le Cœur du Dragon.Île du Serpent de Mer — créée en troisième.
Roi Orion
Peut contrôler les océans et les créatures des mers.Don de la déesse : les Yeux du Serpent de Mer.Île de Magie — créée en quatrième.
Roi Oray et reine Magika
Leur magie est extrêmement puissante, mais diminue légèrement lorsqu’ils ne sont pas sur leur île.Don de la déesse : l’Orbe de la Lumière Éternelle.Île des Monstres — créée en cinquième pour ceux trop dangereux ou étranges pour rester sur les autres îles.
Impératrice Nali
Elle peut voir le futur.Don de la déesse : le Miroir de la déesse.Île des Géants — créée en sixième.
Roi Koorgan
Les géants peuvent devenir colossaux quand ils sont menacés, mais seulement lorsqu’ils ne sont pas sur leur île.Don de la déesse : l’Arbre de Vie.Île des Pirates — créée en dernier pour les parias des autres îles.
Roi Pirate Ashure Waves, Gardien des Âmes Perdues
Collectionnent tout ce qui est beau. Féroces et malins, les pirates parcourent les îles pour faire du commerce, négocier et parfois, mettre la main sur des objets intéressants.Don de la déesse : le Chaudron des Esprits.Citation remarquable
« C’est la façon dont nous réagissons à ce qui nous est donné qui définit qui nous sommes et qui nous devenons. »
~Roi Ashure Waves~
La légende
La légende raconte que les Sept Royaumes furent créés après une dispute entre la déesse et son compagnon. Elle divisa le monde en deux royaumes et règne depuis lors sur l’un tandis que son compagnon règne sur l’autre.
La déesse créa d’abord les éléments de la terre, du vent, du feu, de l’eau et du ciel. Puis elle créa les élémentaux afin de contrôler ces forces fondamentales et l’île des Éléments, qui devint leur foyer et leur forteresse, car elle n’avait pas fini de créer les peuples de ce monde. À sa première espèce, la déesse donna la Gemme de Puissance, une représentation physique de la création elle-même.
Les dragons furent les suivants, nés de son amour ardent pour toutes ses créatures. Elle leur donna le Cœur du Dragon, un diamant rouge contenant un morceau de son cœur. Il contient la double essence des dragons qui leur permet de se transformer.
Puis le peuple de la mer fut créé et ils reçurent les Yeux du Serpent de Mer, afin qu’un seul souverain puisse dominer l’océan du royaume.
Ce fut ainsi que les peuples de ce monde furent créés, et un par un, chacun reçut un don puissant. L’Orbe de la Lumière Éternelle fut donné à l’île de Magie. Les géants reçurent l’Arbre de Vie. Le Chaudron des Esprits fut donné aux pirates. Les Monstres reçurent le Miroir de la déesse.
Chaque don renfermait un morceau de la déesse. Elle avait tant donné d’elle-même aux Sept Royaumes que celui qui contrôlerait tous les dons pourrait alors contrôler la déesse, et si un morceau devait être détruit, ce serait une blessure mortelle infligée à la déesse, ce qui signerait la mort de leur monde.
Voilà ce que dit la légende : les royaumes continueront à vivre dans la paix et l’harmonie tant que les dons de la déesse ne seront pas utilisés les uns contre les autres. Si cela devait arriver, les Sept Royaumes cesseraient d’exister.
Les yeux sont le miroir l’âme…
Très tôt, Tonya Maitland a appris que la vie pouvait être une aventure ou une tragédie. Elle a depuis longtemps laissé la partie tragique derrière elle et se focalise désormais sur l’aventure ! Sa tentative d’être l’un des meilleurs journalistes d’investigation de tous les temps prend un peu plus de temps que prévu, mais tout cela change quand elle se rend dans la petite ville endormie de Yachats, dans l’Oregon.
Ashure Waves, le roi des pirates, est également le Gardien des Âmes Perdues. Malgré toutes les âmes qui l’habitent, le vide qu’il ressent est suffocant. Le « don » qui lui a été transmis ressemble plus à une malédiction. Lorsqu’un vœu prononcé ivre devant un miroir magique lui montre ce que son cœur désire vraiment, il est à la fois déchiré et déterminé à trouver la femme révélée par le miroir… même si cela signifie quitter les Sept Royaumes.
Les yeux perçants de Tonya voient bien plus que ce qu’Ashure ne veut laisser paraître, et il craint que les conséquences ne soient terribles. Quand le roi pirate se rapproche de cette journaliste d’investigation débrouillarde et au caractère bien trempé, cela devient hilarant ! Mais Ashure parviendra-t-il à protéger Tonya afin qu’elle ne devienne pas une autre Âme Perdue ou devra-t-il abandonner ce que son cœur désire vraiment afin de la sauver de lui-même ?
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
Des siècles auparavant,
Sept Royaumes :
Ashure Waves glissa les objets qu’il venait de voler dans sa poche et salua d’un coup de chapeau plusieurs piétons qui traversaient la rue pavée bondée. Une grande variété d’acheteurs potentiels fourmillaient au marché de l’île des Géants, lui offrant de nombreuses occasions de travailler sur sa dextérité.
D’un doigt, il caressa l’un de ses biens les plus précieux, une bague en or incrustée d’ambre magnifiquement poli. À l’intérieur de l’ambre se trouvait un grain de poussière qui, d’après la légende, aurait été capturé lors de la création des Sept Royaumes. Il n’y croyait pas, mais ce serait une bonne histoire à raconter lorsque le moment serait venu de vendre la bague.
Ivre, il fredonnait tandis qu’il se rendait au vaisseau amiral des pirates, la Guêpe des Mers. Simon Black, son capitaine et le roi des pirates, avait envoyé une missive lui demandant de revenir plus tôt. Ashure espérait que cela ne signifiait pas qu’ils étaient sur le point de lever l’ancre. Il avait fait des plans avec une géante plutôt voluptueuse qui vivait actuellement au-dessus de la Taverne des Cyclopes.
— Un nom ennuyeux pour une taverne, rit Ashure qui descendait le quai en titubant, avant de s’arrêter devant la Guêpe des Mers et de s’exclamer : elle aurait pu l’appeler… « La Taverne du Borgne Aveugle »… ou « Le Cyclope à Un Œil » ! Oh, mais tous les cyclopes n’ont qu’un œil, non ? Ce n’est pas bon.
Il s’agrippa à la rambarde en corde de la passerelle, soulagé de trouver ce soutien supplémentaire, surtout lorsque son pied se coinça dans une des planches de bois surélevées qui devaient empêcher de glisser, et qu’il pencha dangereusement sur la corde. Il cligna plusieurs fois des yeux en regardant l’eau sombre en dessous de lui, puis il jura à la vue de l’un des méchants petits singes des mers de Nali, qui lui souriait depuis le pilotis en dessous. Un frisson le parcourut. Peut-être n’aurait-il pas dû voler une bouteille du meilleur brandy de Nali sur son navire la semaine dernière. Il avait été prévenu que l’impératrice des monstres avait un sens de l’humour diabolique, mais, eh bien, quand l’occasion se présentait…
— Je la rendrai la prochaine fois que je la verrai, promit-il. Je lui ai laissé un joli collier de coquillages en échange.
— Ashure ! Le roi pirate t’attend dans ses quartiers, lui lança Bleu LaBluff depuis le pont.
Ashure fronça les sourcils, se demandant pour la centième fois pourquoi le roi pirate voulait le voir. Il n’était pas officier. Il n’était même pas un très bon pirate ! Il secoua la tête dans l’espoir de dissiper un peu le brouillard qui l’avait envahie. Même au sein de l’équipage, il était considéré comme un excentrique et il était un paria chez les non-voleurs depuis qu’il était en âge d’atteindre une poche.
Ashure regarda Bleu avec un large sourire décontracté.
— Bien sûr que le roi pirate veut me voir. Tout le monde veut voir l’incroyablement fabuleux, le fabuleusement incroyable, Ashure Waves, déclara-t-il avec une révérence maladroite et en levant le bras.
Bleu descendit sur la passerelle et l’attrapa par le bras lorsqu’il faillit basculer à travers un trou non protégé dans la rambarde en corde. Il tapota maladroitement l’épaule de Bleu en l’entendant marmonner un juron alors qu’il faisait tourner Ashure sur lui-même et le poussait dans la bonne direction. Ashure effectua un salut maladroit et trébucha sur le pont. Autour de lui, il pouvait entendre les ricanements des quelques hommes encore en service.
— Le second capitaine lui fera récurer les ponts demain matin si le roi pirate ne prend pas son âme ce soir, marmonna l’un des hommes.
Ashure fronça les sourcils, mais ne se retourna pas pour leur faire face. Il avait entendu des rumeurs sur le roi pirate depuis qu’il était assez vieux pour se moucher. Son père — du moins l’homme qui devait probablement être son géniteur, selon lui — menaçait de l’envoyer au redoutable roi pirate, l’homme qui aspirerait son âme et la garderait prisonnière pour toujours. Sa mère avait ri et avait dit que le roi pirate ne perdrait pas son temps avec quelqu’un d’aussi faible, inutile et chétif que le rat des quais qu’elle appelait rarement « fils ».
À l’âge de sept ans, Ashure avait perdu ses parents et avait fini par vivre à bord de l’un des navires pirates de son plein gré. Cependant, chaque fois que la vie devenait si terrible qu’il craignait mourir, il se sauvait sur l’une des nombreuses îles. Il gagnait sa vie grâce à un travail éreintant, mais il vivait également de vols et d’escroqueries, pour joindre les deux bouts ou simplement pour trouver du plaisir dans le monde. Voilà pourquoi il ne restait jamais très longtemps au même endroit. Que ce soit sur terre ou en mer, il avait toujours mené une vie de pirate.
Ashure ouvrit une porte et descendit un escalier. Il était presque en bas quand il glissa et échappa de peu à une mauvaise chute. Se redressant à l’aide de la rampe, il ajusta les manches de sa chemise sous son manteau rouge foncé. Il se toucha également la tête pour s’assurer qu’il n’avait pas perdu son nouveau chapeau, décoré d’un plumet bleu, vert et violet brillant provenant de l’un des oiseaux-tonnerre de l’impératrice Nali. Un sifflement lui échappa lorsqu’une étincelle d’électricité provenant de la plume lui envoya une petite décharge dans le bout des doigts. Oui, le chapeau était toujours là, avec la plume et tout.
Après s’être passé les mains sur le visage, Ashure s’éclaircit la voix et posa un regard trouble mais concentré sur la porte au bout du couloir. Ce serait son deuxième face-à-face avec le roi pirate. Il doutait que l’homme se souvienne de leur première rencontre ; il avait un peu changé depuis. Il se secoua et se mit de petites claques pour tenter de dessoûler un peu avant d’affronter le dirigeant des pirates.
— S’il vous plaît, déesse, faites qu’il veuille seulement me remercier d’avoir si bien récuré les ponts, marmonna Ashure.
Il s’arrêta devant la porte et leva la main pour frapper. Avant qu’il n’ait pu faire un geste de plus, la porte s’ouvrit toute seule. Ashure resta immobile, incertain de la marche à suivre.
— Entre, Ashure, ordonna Simon Black d’une voix grave et rocailleuse.
Ashure obtempéra. Il regarda par-dessus son épaule en entendant la porte se refermer derrière lui. La vue des quartiers du capitaine lui donna envie d’en explorer le contenu. Le petit rire sec de Simon le fit pivoter sur lui-même.
— Tu es un pirate vraiment particulier, Ashure, commenta Simon en guise de salutation alors qu’il se levait de son siège derrière le bureau massif en acajou foncé.
— C’est mieux que d’être un pirate comme les autres… Monsieur… Votre Majesté, rétorqua Ashure avant de grimacer.
Simon se mit à rire avant d’être interrompu par une toux. Ashure regarda le vieux pirate prendre une inspiration tremblante et s’appuyer contre le bureau avant de le détailler des pieds à la tête. Il attendit, crispé, et se prépara à la réplique cinglante de Simon.
— Tu as bon cœur, les pirates ont besoin de ça, songea le roi pirate.
— Monsieur ? dit Ashure, la confusion perçant dans sa voix.
Simon désigna le fauteuil devant une petite cheminée. Ashure alla y prendre place, observant avec méfiance le vieux pirate prendre une carafe de bourbon en cristal et remplir à moitié deux verres. Il accepta le verre, mais ne but pas. Son esprit s’éclaircissait et son instinct commençait à l’avertir que quelque chose de terrible allait se produire.
Le verre à la main, Simon s’assit sur le fauteuil en face de lui. Ashure regarda le roi pirate avaler la moitié du verre avant de fixer sombrement le feu magique dans la cheminée et de se perdre dans ses pensées. Le temps passa et Ashure resta silencieux, attendant.
— Tu te souviens de notre première rencontre, Ashure ? finit par demander Simon.
— J’espérais plutôt que vous auriez oublié, Votre Majesté.
Ashure grimaça. Il leva son verre et en but une gorgée, pensant que cela ressemblait au début d’un au revoir, et qu’être ivre rendrait peut-être la suite un peu plus agréable.
— Oh ! C’est presque aussi bon que le bourbon de l’impératrice, souffla-t-il avant de se reprendre rapidement. Aussi bon… je voulais dire « aussi bon ».
Simon se carra dans son siège et se remit à rire.
— Et voilà ce qui fait de toi un pirate insolite, Ashure Waves. Non seulement tu as su préserver ta bonté, mais tu dis la vérité.
— Pas toujours, répondit hâtivement Ashure. Il y a des moments où mentir est plus gentil… et plus sage.
Jouant avec le verre qu’il tenait, Simon resta silencieux plusieurs minutes. Alors que l’horloge de la cheminée émettait son « tic-tac » régulier, Ashure sentit de la sueur perler dans son cou.
— Tu avais six ou sept ans la première fois que nous nous sommes rencontrés, murmura Simon.
— Neuf ans… j’avais neuf ans, Votre Majesté. J’étais plutôt petit pour mon âge, mais comme vous pouvez le constater, j’ai grandi depuis, ajouta-t-il.
Simon le regarda dans les yeux un moment avant se détourner rapidement et de hocher la tête. Les très brefs regards que lui lançait le roi pirate lui firent froncer les sourcils. C’était comme si l’homme ne voulait pas le regarder directement pendant qu’ils parlaient.
— Neuf ans, alors. Tu travaillais sur les quais et tu transportais des caisses deux fois plus grandes que toi. Tu étais très novateur pour quelqu’un de si jeune. Tu n’as pas malmené ou traîné les objets, tu as recruté les monstres de Nali pour qu’ils t’aident… et ils ont fait le travail, ce qui était incroyable. Je t’ai observé la moitié de la journée. Tu fendais la foule, tu leur faisais les poches, mais tu glissais toujours quelque chose qui avait de la valeur pour toi dans les poches que tu vidais. Tu persuadais les marchands de te donner des tâches que tu prenais plaisir à effectuer, qu’elles soient importantes ou non, et tu partageais tes maigres revenus avec les monstres qui t’aidaient, leur donnant de la nourriture alors qu’il était évident que tu en avais plus besoin qu’eux, déclara Simon en soupirant.
— Comment savez-vous que je donnais quelque chose à ceux que je volais ? demanda Ashure avec curiosité.
Simon plongea une main dans sa poche avant et en sortit un bracelet fait des crins dorés de la crinière d’une licorne. Il fit rouler les fines mèches entre ses doigts. Ce mouvement envoûta Ashure. Soudain, cela lui revint, il y avait eu une femme qui avait l’air malade, le visage pâle et les membres tremblants. Son panier était rempli de fleurs aux couleurs vives particulièrement belles, en contraste avec ce jour morne, et il n’avait pas pu résister à l’envie d’en prendre quelques-unes.
— Tu as pris quelques fleurs que ma femme avait cueillies pour moi et tu as laissé ceci en échange, dit Simon.
Ashure s’éclaircit la voix, partagé entre le désarroi à l’idée que le grand Simon Black savait qu’il était un piètre pirate depuis toujours et le soulagement qu’il n’avait pas porté atteinte à la fortune de la bien-aimée du roi pirate.
— Cela semblait un échange équitable. J’espère que vous prenez en considération le fait que je n’avais que neuf ans à l’époque. Si j’avais su que c’était votre femme, j’aurais réfléchi à deux fois avant de prendre les fleurs.
— Tu savais qu’elle était malade, n’est-ce pas ? demanda doucement Simon.
— Je m’en doutais, oui, admit Ashure.
Il demandait où cela pouvait bien mener. Pourquoi parler de cela maintenant, tant d’années plus tard ?
— Tu savais que les crins de la licorne la guériraient ? s’enquit Simon.
Ashure esquissa un sourire hésitant.
— J’avais entendu des histoires d’une sorcière sur le marché sur les vertus curatives des crins de licorne. La sorcière a juré qu’ils venaient bien d’une licorne, mais j’ai découvert plus tard qu’elle vendait des crins teints de la monture d’un géant en les faisant passer pour des crins de licorne, révéla-t-il, encore sous le choc d’avoir découvert que c’était la femme du roi pirate qu’il avait guérie !
Il savait qu’elle avait vécu de nombreuses années aux côtés de Simon après cela, décédant seulement récemment. Les drapeaux de tous les navires pirates étaient en berne depuis trois mois.
— Où les as-tu trouvés ? interrogea Simon.
— Je ne m’en souviens pas, mentit-il.
Il avait juré qu’il ne révélerait jamais à personne où il avait trouvé les crins de licorne. À vrai dire, il avait fait un serment de sang.
— Un mensonge, mais un mensonge donné pour protéger une promesse. Sais-tu qui je suis, Ashure ?
La peur lui noua l’estomac et des bribes de toutes les rumeurs entendues lui revinrent.
Il aspirera ton âme… la gardera pour toujours.
— Bien sûr. Vous êtes le roi pirate, le dirigeant de tous les pirates des Sept Royaumes. Vous faites respecter le code d’éthique des pirates et contribuez à maintenir l’équilibre entre les pirates et les autres royaumes, dit-il, récitant le serment que tous les pirates devaient prêter.
Simon se leva. Ne sachant que faire, Ashure l’imita, tenant sans le remarquer le verre de bourbon à moitié plein entre ses mains. Le roi pirate captiva alors son attention par la puissance de son regard.
— Je suis plus que le roi des pirates, Ashure. Je suis le Gardien des Âmes Perdues. Le temps est venu pour moi. Sans la présence apaisante de ma douce Amadeen, il m’est trop difficile de m’occuper des âmes qui m’habitent. Il est temps de transmettre le don de la déesse. C’est ainsi que cela a toujours été, Ashure, d’un roi pirate à l’autre, déclara Simon.
Ashure secoua la tête.
— Je ne comprends pas. Vous ne pouvez pas parler de moi ? Je ne suis personne ! Je suis le fils d’un pirate déshonoré et d’une nymphe détestable qui ne pouvait pas supporter la vue de son propre enfant, protesta-t-il, horrifié que Simon puisse ne serait-ce que le considérer comme le prochain roi pirate.
— Tu es plus que cela, Ashure. Tu es un pirate qui accorde de l’importance aux autres. Tu as de l’empathie, de la force et la capacité de voir les choses d’une manière qui n’appartient qu’à toi, répondit Simon, sa voix se faisant plus profonde et plus douce qu’elle ne l’était un instant plus tôt.
Le son envoûtant de la voix de Simon se mêlait à son sang, faisant osciller Ashure. Il secoua la tête, repoussant l’effet hypnotique.
— Non… je veux dire, non vraiment. Je vous remercie de penser que je ferais un bon roi, mais je n’ai honnêtement aucun désir de diriger quelqu’un d’autre que moi. Et puis, pensez à l’île des Pirates ! Croyez-vous vraiment qu’ils écouteraient quelqu’un comme moi, un simple matelot ? Il y a beaucoup d’officiers qui, j’en suis sûr, sauteraient sur l’occasion de devenir le prochain roi, insista Ashure.
Simon s’approcha de lui et hocha la tête.
— Oui, c’est vrai, et c’est pourquoi tu es parfait pour ce poste. Tu ne recherches pas le pouvoir. Chez toi, voler est plus capricieux que destructeur. Tu n’amasserais pas de grandes richesses aux dépens des pirates sous ton commandement, car tu aides ceux qui en ont besoin. Tu as été choisi il y a longtemps lorsque tu as fait un cadeau simple, mais très précieux à une femme malade, Ashure Waves, déclara Simon d’une voix basse et retentissante.
Ashure tenta de s’arracher au regard du roi pirate, secouant involontairement la tête lorsqu’il ne parvint pas à rompre l’emprise hypnotique. Des couleurs tourbillonnaient dans les yeux de Simon. Ashure entrouvrit les lèvres, prêt à protester en voyant des ombres se tendre vers lui au milieu des tourbillons colorés.
— Non, siffla-t-il, mais au fond de lui, il savait qu’il était déjà trop tard.
— Tu seras un grand roi, Ashure. N’en doute jamais, car moi, je n’en doute pas, déclara doucement Simon.
Ashure se demandait pourquoi la voix de Simon semblait venir du fond d’un vaste tunnel. Soudain, une couleur aveuglante l’engloutit. Sa tête bascula brusquement en arrière et la magie qui l’envahissait le souleva dans les airs.
Son regard était toujours rivé à celui de Simon. Dans ses yeux, Ashure vit le moment très lointain où la déesse était apparue et avait confié les Âmes Perdues au premier roi pirate. La magie déferla en lui. Il pencha la tête en avant, son front touchant presque celui de Simon Black alors qu’il inspirait profondément. À présent, il avait la capacité de prendre une âme et le pouvoir d’en libérer une. Ses doigts formèrent des poings et il chercha à reprendre son souffle.
Il entendit alors les instructions que la déesse avait données au premier roi pirate :
— Sachez que vous devez trouver la personne capable de calmer les âmes en vous. Sans cette paix, elles deviendront plus fortes jusqu’à ce que vous ne puissiez plus les contenir. Si les âmes s’échappent, le mal se répandra à travers les Sept Royaumes et au-delà. Une personne regardera au fond de vos yeux, verra qui vous êtes vraiment et vous aimera d’autant plus.
Les couleurs tournèrent autour de lui puis devinrent noires. La tête d’Ashure bascula de nouveau en arrière lorsque Simon transféra les âmes enfermées au plus profond de lui. Un cri d’horreur rauque monta dans la gorge d’Ashure, mais ne franchit pas ses lèvres.
Aussi vite que le processus avait commencé, il se termina. Ashure resta figé au milieu de la cabine vide, tenant toujours le verre de bourbon à deux mains. Il tourna lentement sur lui-même. Tout était plus clair, plus net, même dans l’ombre.
Un coup bref à la porte attira son attention. Il se retourna en l’entendant s’ouvrir. Le second capitaine entra et fronça les sourcils en le voyant seul dans la pièce.
— Waves, que faites-vous dans… ? commença à grogner le second avant de regarder Ashure dans les yeux, de pâlir et de baisser la tête. Mon Roi.
En cet instant, Ashure prit conscience que son destin était scellé. Il était maintenant le roi des pirates et le Gardien des Âmes Perdues, âmes qui l’imploraient à grands cris d’avoir pitié d’elles alors même qu’il sentait la soif de vengeance qu’elles ne pouvaient cacher.
Dix ans avant aujourd’hui,
Portland, Oregon :
Tonya Maitland gémit à la vue du reflet des gyrophares d’une voiture de police dans la vitrine du magasin devant lequel elle passait. Relevant la capuche de son sweat bleu foncé, elle ajusta le sac à dos sur son épaule et enfonça les mains dans les poches de son pull. Avec un peu de chance, les poulets étaient à la poursuite de quelqu’un d’autre.
— Attends, gamine, cria un homme depuis la vitre du côté conducteur.
Tonya jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, comprit que sa chance avait tourné et partit en courant. Elle entendit l’officier jurer avec véhémence avant qu’il ne monte sur le trottoir et se gare. Lorsqu’il sortit de son véhicule, elle avait déjà parcouru la moitié de l’allée sale.
L’allée croisait une autre rue. Elle se trouvait dans la mauvaise partie de Portland, qui bordait le centre-ville, où elle travaillait sur un projet ce matin-là. Derrière elle, l’officier lui cria de s’arrêter. En guise de réponse, elle leva sa main droite et lui fit un doigt.
Elle disparut au coin de la rue et traversa sans regarder. Un chauffeur de taxi la klaxonna. Là encore, elle le salua du majeur et donna un coup de pied à son pare-chocs pour bien appuyer son « propos ». Elle sourit en le voyant lui rendre son geste.
Un autre regard par-dessus son épaule révéla que l’agent était essoufflé et attendait de pouvoir traverser. Elle emprunta une autre ruelle fermée au bout par une clôture grillagée avec un portillon entouré d’une chaîne et équipé d’un gros cadenas. Par chance, plusieurs grandes poubelles s’alignaient le long du mur jusqu’à la clôture. Elle utilisa la palette en bois appuyée contre la première poubelle comme échelle de fortune et grimpa. Elle les traversa et suspendit son sac à dos à un câble avant de passer par-dessus la clôture. Coinçant le bout de ses tennis usées dans les trous de la clôture, elle décrocha son sac et descendit de l’autre côté.
Elle leva la main et fit un « V » avec ses doigts pour saluer l’officier essoufflé, puis se retourna et traversa rapidement l’allée. Elle était presque au bout lorsqu’une autre voiture de police s’arrêta et lui bloqua la sortie. Un nouveau gémissement lui échappa quand elle reconnut l’officier Max Bennett, qui sortait de la voiture. Elle s’immobilisa à quelques mètres de lui.
— Encore en fuite, Maitland, commenta sèchement l’officier Max en ouvrant la portière arrière de sa voiture de patrouille.
Tonya haussa les épaules.
— Salut, Max. J’essaie juste de vous aider à ne pas baisser votre garde. L’officier Donut, là-bas, semblait avoir besoin d’un peu d’exercice, marmonna-t-elle en se dirigeant vers la portière ouverte avec un soupir résigné.
— J’ai entendu ça, gamine, cria l’officier derrière elle.
— Je m’en occupe, Joe, dit Max.
Tonya se glissa sur le siège arrière et se laissa aller contre l’appui-tête. Elle écouta Joe se disputer avec Max avant que l’officier en pauvre forme ne se retourne en soufflant et ne reparte d’un pas lourd d’où il était venu. Honnêtement, elle ne savait pas comment le gars avait réussi le test d’aptitude physique pour devenir flic. Il devait être incapable d’attraper des méchants à moins qu’ils n’utilisent un déambulateur.
Lorsque Max monta dans la voiture et ferma sa portière, elle le regarda à travers l’écran métallique séparant la partie avant et arrière de l’habitacle. Il parla dans sa radio, annonçant à la Centrale qu’il avait appréhendé le suspect en fuite. Elle leva les yeux au ciel et tira son sac à dos sur ses genoux.
— Ceinture de sécurité, Tonya, ordonna Max.
— Ceinture de sécurité, Max, marmonna-t-elle à son tour.
Ils bouclèrent tous deux leurs ceintures. Tonya savait par expérience qu’il était plus facile de laisser Max penser qu’elle était d’accord avec lui. Sinon, elle devait écouter ses sermons. Elle se carra dans son siège et serra dans ses bras le sac qui contenait tous ses biens.
— Alors, qu’est-ce qui ne va pas avec les gens avec qui tu es cette fois-ci ? demanda Max, regardant les rétroviseurs avant de s’insérer dans la rue.
— Rien, marmonna-t-elle.
Max la regarda dans le rétroviseur.
— Est-ce qu’ils t’ont battue ? insista-t-il.
Elle renifla et leva les yeux au ciel pour toute réponse.
— Ils ne te donnent pas à manger ?
Elle pinça les lèvres et secoua la tête.
— Est-ce que monsieur Rollings a dit ou fait quelque chose d’inapproprié ? voulut savoir Max en la regardant attentivement dans le rétroviseur.
— Oh, là, là, non, non, et non. Les Rollings sont gentils, d’accord ? répondit-elle d’un ton mordant.
— Alors pourquoi tu t’es enfuie ? C’est la huitième fois en deux ans, Tonya. Tu te souviens de la dernière fois où tu es passée devant le juge ? Il a dit que c’était la dernière fois, plus de secondes chances. Si tu ne restes pas avec les Rollings, il t’enverra en détention juvénile. Tu ne pourras pas t’enfuir si tu es enfermée, déclara Max.
Tonya le regarda. Il n’était pas trop mal, pour un flic. Son visage brun foncé était plissé par l’inquiétude. Il agissait comme s’il se souciait vraiment de ce qui lui arrivait. Elle se pencha en avant quand elle le vit lever la main et faire signe à un piéton de l’autre côté de la route.
— T’as enfin réussi à faire dire oui à Angela ? demanda-t-elle.
Max émit un petit rire et caressa son alliance du pouce. Six mois plus tôt, il lui avait dit qu’il pensait demander à Angela de l’épouser. Angela était l’une des avocates du département de la Protection de l’Enfance de Portland. Elle s’était occupée de deux des affaires concernant le placement de Tonya dans une famille d’accueil.
— On s’est mariés le week-end dernier, avoua-t-il.
— Merci pour l’invitation.
Elle se laissa aller contre le dossier du siège et regarda par la vitre. Max lui lança un autre coup d’œil. Elle fit semblant de ne pas le remarquer. Il poussa un profond soupir et s’engagea sur le parking d’un boui-boui qui vendait des hamburgers. Lorsqu’il se gara et coupa le contact, elle le regarda d’un air interrogateur.
— J’ai faim. Tu veux manger un morceau ? lui demanda-t-il.
Elle regarda le bâtiment avant de reporter son attention sur lui.
— Je n’ai pas d’argent. J’espérais…, commença-t-elle.
— J’ai assez, promit-il.
Tonya regarda Max ouvrir la portière et descendre de la voiture de patrouille. Il parla dans la radio accrochée à son épaule, expliquant à la Centrale qu’il prenait une pause déjeuner. Il lui ouvrit la portière et elle descendit à son tour, essayant d’agir comme si elle lui rendait service et non l’inverse.
Ils traversèrent le parking et entrèrent dans le restaurant. Elle s’assit dans un box face à la route. Une femme avec un grand sourire vint prendre leur commande, puis ils se retrouvèrent seuls.
— Qu’est-ce qui se passe dans ta tête, Tonya ? Tu es une enfant brillante. Beaucoup de gens essaient de t’aider. Tu connais les bonnes décisions à prendre : aller à l’école et rester dans ta nouvelle famille. Alors pourquoi tu ne le fais pas ?
Tonya pinça les lèvres et lui lança un regard furieux. Elle ne prenait pas de mauvaises décisions… d’accord, elle en prenait quelques-unes, mais c’était pour les bonnes raisons. À quatorze ans, elle pensait qu’elle se débrouillait plutôt bien par rapport à d’autres filles de la nouvelle école qu’elle ne daignait pas souvent fréquenter.
— L’école c’est ennuyeux, d’accord ? J’ai fini la moitié d’une année de travail en deux semaines. J’ai mieux à faire que de rester assise avec une bande de snobs qui pensent qu’ils sont meilleurs que tout le monde et n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe vraiment dans le monde. Voilà le repas, lança-t-elle sèchement.
Ils reculèrent tous deux sur leurs sièges pendant que la serveuse posait leurs hamburgers devant eux. Elle attrapa la bouteille de ketchup, l’ouvrit et essaya d’en verser sur ses frites.
Rien. Pourquoi une entreprise a fabriqué une bouteille de ketchup dont on ne peut pas sortir le ketchup ? grogna-t-elle en silence tout en tapant sur le fond de la bouteille.
— Laisse-moi faire, dit Max d’une voix légèrement amusée.
Elle le regarda prendre son couteau propre et le faire tournoyer dans la bouteille en verre. Il le retira et lui tendit la bouteille. Elle la prit et versa plus de ketchup qu’elle ne voulait dans son assiette.
— J’ai vraiment pas de chance aujourd’hui, marmonna-t-elle.
— Alors, qu’est-ce que tu fais toute la journée dans la rue ? demanda Max d’un ton désinvolte en lui prenant la bouteille de ketchup.
Tonya, qui s’apprêtait à mordre dans une frite, leva les yeux vers lui. Elle plissa les yeux de suspicion, mais ne vit aucune trace de désapprobation dans son expression, seulement de la curiosité. Elle fourra la frite pleine de ketchup dans sa bouche et prit son carnet dans son sac à dos. C’était le travail de sa vie — ou du moins des deux dernières années de sa vie.
— Je travaille sur une enquête, dit-elle à voix basse.
Elle lança un regard autour d’elle avant de se pencher en avant et de faire glisser le carnet vers Max. Il haussa un sourcil avant de baisser les yeux vers le carnet à spirales usé. Elle le désigna de la tête.
— Une enquête ? répéta-t-il.
— Tu verras. Il me faut juste quelques jours de plus.
Elle prit son hamburger et commença à manger. D’une main, Max ouvrit le carnet et mangea distraitement ses frites de l’autre. Il lui lança un regard choqué avant de reporter son attention sur les notes méticuleuses qu’elle avait prises.
— Où tu as eu ces informations ?
Elle lui sourit.
— Les adultes pensent que les enfants sont stupides. Tu connais le vieux dicton que les adultes aiment répéter tout le temps à propos des enfants qui sont vus mais pas entendus. C’est des conneries, bien sûr. La réalité, c’est que les enfants ne sont pas souvent vus ou entendus, mais on entend très bien quand ils disent des conneries qu’ils pensent qu’on ne comprend pas. Il se trouve que je suis très douée pour ne pas être vue ou entendue, annonça-t-elle en agitant une frite.
Max lui lança un regard désapprobateur.
— Tu peux dire ça sans le langage grossier ? répondit-il sèchement.
— On s’en fout. Ça te plait pas ? Tant pis. Le langage grossier a un certain pouvoir quand il est utilisé au bon moment et dans la bonne situation.
Max secoua la tête tout en continuant à tourner les pages et à lire.
— Les mots sont puissants, le langage grossier, c’est vulgaire, il y a une différence, Tonya. Qu’est-ce qui t’est arrivé pour que tu sois aussi cynique à un si jeune âge ?
Tonya se laissa aller contre le siège en vinyle rouge vif.
— T’as pas lu mon dossier ? Comment tu peux savoir ce que le juge a dit ? Oh… c’est vrai, Angela, peu importe. Tu vas manger ce hamburger ? Je n’ai pas mangé depuis deux jours et je meurs de faim !
Max la regarda de nouveau et poussa son assiette sur la table. Elle n’hésita pas à s’emparer du hamburger et à commencer à le manger.
— Est-ce que tu sais à quel point ce que tu as fait est dangereux ? S’ils t’avaient attrapée… si les hommes avaient vu les informations que tu détiens — Tonya, j’ai vu des gens tués pour moins que ça, prévint Max en fermant le carnet.
— Mais… c’est bien, non ? Je veux dire, les informations, les détails ? J’ai tout documenté. J’ai même des photos. J’ai juste pas assez d’argent pour les imprimer. C’est bien, hein, Max ? demanda-t-elle d’une voix sérieuse.
— Ouais, c’est vraiment bien, gamine. Qu’est-ce que tu voudras faire après le lycée ? Tu es bien trop intelligente pour ne pas aller à l’université. Tu veux rejoindre la police et devenir inspecteur ?
Elle secoua la tête et regarda le carnet.
— Non. Je veux être journaliste d’investigation, la meilleure au monde, comme mes parents avant qu’ils ne soient tués, confia-t-elle d’une petite voix.
Max soupira.
— Tu le seras, Tonya, si tu ne finis pas morte avant d’en avoir l’occasion.
Dans le présent,
Parc d’États de Yachats, Oregon :
Tonya marchait le long de la plage, les bras enroulés autour de la taille. Ses pensées étaient dispersées et la nausée menaçait de lui faire rendre son dernier repas. On l’avait avertie qu’elle pourrait se sentir ainsi pendant une courte période après son retour en raison de la magie résiduelle de son dernier voyage.
Elle tituba et faillit tomber sur un monticule de sable recouvert d’algues. Le cri d’un homme lui fit lever les yeux. Elle leva une main mal assurée et repoussa ses longs cheveux brun foncé que le vent avait rabattus devant ses yeux. Un brouillard glacé s’infiltra dans sa veste et elle frissonna.
— Je suis désolé, mais le parc a fermé au coucher du soleil. Hé, ça va ? demanda le ranger avec inquiétude.
Tonya le regarda avec des yeux hagards. Incapable de parler, elle hocha simplement la tête. Ses vertiges commençaient à l’énerver. Elle n’avait jamais aimé les montagnes russes et en cet instant, c’était comme si elle venait de faire un tour dans le plus grand manège du monde.
— Je vais bien. On est… on est quel jour ? Depuis combien de temps je suis partie ?
— Ça alors ! Est-ce que vous ne seriez pas l’une des personnes qui ont disparu ? s’exclama le ranger, surpris.
— Est-ce que les autres sont revenus ? demanda-t-elle, sa voix s’amplifiant alors que son estomac commençait à se calmer.
— Je m’appelle Marty. Vous êtes Tonya Maitland ?
— Oui. Est-ce que les autres…
Elle secoua la tête avant de reprendre.
— Est-ce que l’agent Tanaka et Ruth Hallbrook sont revenus ? répéta-t-elle, sa voix se faisant plus forte sous l’effet de sa détresse.
— Je n’ai vu personne d’autre. Je pense que je ferais mieux d’appeler la clinique et de voir si le docteur Field est là, recommanda Marty.
Inquiet, il tendit la main vers elle en la voyant chanceler.
Ce nom la fit immédiatement tiquer… Docteur Kane Field. Il saurait, ou du moins son amante, Magna, saurait de quoi elle parlait. Elle hocha prudemment la tête, de peur d’aggraver les vertiges et la nausée qui commençaient enfin à s’estomper.
— Oui, je voudrais voir le docteur Field, accepta-t-elle.
— Kane, attends un peu avant de partir, s’écria Anne Wright.
Kane grimaça et regarda l’horloge au mur. Bon sang, Gabe et lui avaient prévu d’emmener Magna voir un nouveau film et de transformer ce voyage en mini-vacances. Ils étaient censés passer le chercher d’une minute à l’autre.
Avec un soupir résigné, il prit la bouse blanche propre accrochée à la patère à côté de la porte de son bureau. Il avait mis celle qu’il avait portée toute la journée dans le panier à linge dans la pièce du fond et avait suspendu celle-ci sur la patère moins de trente secondes plus tôt.
Espérons que ce ne sera pas long, pensa-t-il en jetant un autre coup d’œil à l’horloge tout en enfilant consciencieusement la blouse blanche.
— Qu’est-ce que c’est cette fois ? Fracture, entorse, coupure ou mal de gorge ? lança-t-il en arpentant le couloir pour rejoindre Anne, assise à l’accueil.
— Rien de tout cela. Marty du parc d’États de Yachats vient d’appeler pour dire qu’il amène une femme qu’il a trouvée sur la plage. Elle semble désorientée et secouée, dit-elle en regardant le mot qu’elle avait griffonné.
Ils levèrent tous deux les yeux lorsque des phares balayèrent la fenêtre. Au moins, il n’eut pas à attendre longtemps leur arrivée.
Marty descendit du pick-up blanc, dont la portière était ornée de l’emblème du parc d’États de Yachats, et se précipita vers le côté passager. Avant qu’il n’ait le temps de l’atteindre, celle-ci s’ouvrit et une jeune femme se glissa dehors. Elle s’appuya contre le pick-up pendant un moment, son langage corporel lui indiquant qu’elle avait besoin de ce soutien, probablement en raison de vertiges, de douleurs ou de nausées.
Kane ne pouvait pas encore voir son visage, mais elle portait une veste de ranger vert foncé. Elle était de taille moyenne, sa peau était pâle et ses cheveux étaient longs et foncés. Marty mit une main sous son coude, mais elle semblait plus stable à présent.
— Qu’en penses-tu ? Drogues ou alcool ? s’enquit sèchement Anne.
— Ça pourrait être un traumatisme crânien, une hypothermie ou pire encore, une agression, murmura distraitement Kane.
Marty ouvrit la porte de la clinique pour la femme et elle le remercia dans un murmure en franchissant le seuil de la porte. Elle regarda Kane dans les yeux et il se sentit soudain mal à l’aise. Elle se dirigea lentement vers lui, Marty sur ses talons.
— Je l’ai trouvée sur la plage. Elle s’appelle Tonya Maitland, dit-il en arrivant au comptoir.
— Maitland ? Ce n’est pas… ?
Anne s’interrompit et regarda Tonya avec curiosité.
— Il faut que je vous parle, dit Tonya, ignorant Marty et Anne.
— Anne aura besoin de vous que vous remplissiez des papiers, commença à expliquer Kane.
Tonya secoua la tête.
— Qu’est-ce que vous savez sur la sorcière des mers ? s’enquit-elle doucement.
Kane se tendit. Il la regarda un instant, son esprit tournant à plein régime. Puis il hocha la tête et ouvrit une porte qui menait à son bureau. Il fit un signe de tête poli à Marty.
— Marty, je vais m’en occuper. Anne, tu ne devais pas aller chercher Bobby chez ta mère plus tôt aujourd’hui ? demanda-t-il.
Anne le regarda avec surprise.
— Oui, mais…, bafouilla-t-elle en regardant Tonya.
— Je m’occupe de tout. Ce serait dommage que tu sois en retard.
Anna sembla incertaine.
— D’accord… si tu es sûr.
Une fois de plus, des phares balayèrent la fenêtre. Kane remarqua que c’était le pick-up de Gabe qui tournait sur le parking.
— J’en suis sûr. Magna et Gabe sont là si j’ai besoin d’aide.
— Oh, bien. D’accord, je ne m’en voudrais pas trop de te laisser alors, répondit Anne.
Kane et Tonya se regardèrent avec méfiance tandis qu’Anne prenait son sac à main dans le tiroir à côté du bureau et se levait. Marty s’était dirigé nonchalamment vers la porte et l’avait ouverte pour Magna et Gabe, qui s’approchaient.
Au moment où Magna entra dans la clinique, Kane s’illumina. Elle lui sourit lorsque leurs regards se croisèrent et les lèvres de Kane tressaillirent involontairement. Il se força à se tourner vers Gabe, se sentant plus apte à faire face à cette situation maintenant que son meilleur ami était là.
Kane adressa un sourire rassurant à Anne quand elle lui lança un regard interrogateur en lui disant au revoir, ainsi qu’à Tonya. Elle lui rendit son sourire et se dirigea vers la sortie.
— Salut, Magna. Salut, Gabe, salua Anne.
— Bonjour, Anne. Comment s’est passée ta journée ? répondit Magna d’une voix agréable.
— Comme d’habitude. Des rhumes, des points de suture, des toux, de l’asthme, remarqua Anne.
— Ouais, on se demande pourquoi il est allé à l’école si longtemps pour faire ce que les mères peuvent faire sans réfléchir, plaisanta Gabe.
— Je te le rappellerai la prochaine fois que tu auras besoin de points de suture et que je n’anesthésierai pas la zone avant de commencer à te recoudre, répliqua Kane.
— Elle était bonne, Gabe. Tu viens toujours la semaine prochaine ? s’enquit Marty.
— Ouais, jeudi prochain si ça te va. La météo a été plutôt bonne ces derniers temps. Je veux faire autant de tests que possible avant que ça change, répondit Gabe.
— À jeudi, alors, dit Marty avec un signe de tête à Kane et un bref sourire à Magna. Passez une bonne soirée.
— Merci. Le nouveau film dont tout le monde parle est à l’affiche. On va aller le voir à Portland ou peut-être même à Seattle. On n’a pas encore décidé, commenta Gabe.
— J’espère que vous prévoyez d’aller à une séance tardive. Vous me raconterez comment c’était. Je ne vais plus souvent au cinéma, dit Marty.
— Ça marche, répondit Gabe.
Kane attendit que la porte se referme complètement avant de libérer le profond soupir qu’il avait retenu. Tonya observait maintenant Magna avec un mélange d’admiration, d’effroi, de curiosité et d’une grande dose de méfiance. Il s’éclaircit la gorge lorsque Gabe le regarda, un sourcil arqué.
— Je pense que nous devrions tous aller dans mon bureau, suggéra-t-il. Gabe, tu peux fermer la porte et éteindre les lumières dans la salle d’attente ?
— Bien sûr, répondit celui-ci en considérant Tonya d’un air curieux.
Kane fit signe à Tonya de passer devant lui. Il tendit la main et toucha celle de Magna au moment où elle passa à côté de lui. Elle le regarda avec une expression troublée.
— Ça va aller, murmura-t-il.
Tonya se tourna et se tint sur le côté. Il se rendit compte qu’elle ne savait pas où aller et il lui indiqua la porte au bout du couloir.
— Tout droit, lui dit-il.
Elle acquiesça d’un signe de tête et traversa le couloir. Il suivit Magna, une main dans le creux de son dos. Tonya le regarda avec circonspection tirer l’une des deux chaises devant son bureau pour Magna. Il lui désigna du menton la seconde chaise, mais elle secoua la tête. Il soupira et se dirigea vers sa chaise de l’autre côté du bureau. Elle resta debout, dos au mur. De cette façon, elle se sentait moins vulnérable et plus au contrôle.
— Très bien, qu’est-ce qui se passe ? interrogea Gabe.
Kane prit une profonde inspiration.
— Madame Maitland est l’une des personnes disparues dont ils ont parlé aux infos. Elle a une question sur la sorcière des mers, déclara-t-il sur un ton au calme trompeur.
— Bordel de merde, marmonna Gabe, les yeux fixés sur le visage pâle de Tonya.
Tonya étudia les deux hommes avec la sorcière des mers. Chaque homme était unique à sa façon. Gabe était grand et musclé, avaient les cheveux noirs et courts, la peau tannée, les yeux marron foncé et son expression était menaçante. Kane était son exact opposé avec sa carrure plus fine, ses cheveux pâles et son teint clair. Ses yeux bleus brillants étaient doux et inquiets.
Alors que les deux hommes de la sorcière des mers étaient magnifiques, c’était Magna qui fascinait le plus Tonya. Ses longs cheveux noirs étaient un peu ébouriffés et sa silhouette gracile démentait la force de son regard. Ses yeux vert foncé étaient habités de tourbillons de couleurs et, si Tonya la regardait sous le bon angle, c’était comme si elle regardait à travers un miroir flou.
— Je suis allée dans votre monde, commença Tonya, prononcer les mots se révélant d’une difficulté inattendue. Je ne sais pas comment, mais je n’étais plus là, sur Terre.
— Vous étiez avec Ruth Hallbrook quand elle a fait son vœu, déclara Magna.
— Un vœu… oui, murmura Tonya en se frottant distraitement le front.
— Le sort que j’ai donné à Ruth s’est corrompu. Elle a mal répété les mots qu’elle a entendus. Elle a dit qu’elle avait entendu un cri et que ça l’avait déconcentrée, expliqua Magna.
Tonya opina du chef.
— Je surveillais Ruth pour obtenir plus d’informations sur les disparitions de son frère et des autres. Je savais qu’elle ne me disait pas la vérité. Puis, dans les toilettes du pub…
Elle rougit en pensant à la façon dont elle avait tenté de duper Magna pour obtenir des informations.
— Je me souviens de vous. Vous m’avez posé des questions sur des endroits que je ne connaissais pas, répondit calmement Magna.
— Ouais. Quand vous êtes partie, j’ai vu votre reflet dans le miroir. Votre peau… était différente, murmura-t-elle.
Tonya leva inconsciemment une main à sa gorge. Elle y fit courir ses doigts en se rappelant ce qu’elle avait vu ce jour-là au pub. Son regard se posa ensuite sur la gorge de Magna et elle siffla doucement lorsque la sorcière scintilla l’espace d’un bref instant, comme si un voile avait été levé entre elles.
— Vous avez…, commença Tonya.
Magna hocha la tête et sourit.
— Des écailles. Ce ne sont pas de véritables écailles, mais elles agissent de la même manière, expliqua-t-elle.
— Comment… est-ce que… vous… avez… fait ça ?
— J’ai utilisé un charme. Il me permet d’évoluer parmi votre peuple sans avoir l’air différente, expliqua Magna.
— Ça m’aurait bien servi au fil des ans, répondit Tonya avec un rire étouffé.
— D’accord, alors à qui en avez-vous parlé, et que leur avez-vous dit ? exigea de savoir Gabe.
L’attention de Tonya passa de la sorcière des mers à l’homme, qui posa une main sur l’épaule de Magna. Sa colère et son inquiétude étaient palpables. Magna couvrit délicatement sa main de la sienne. Tonya jeta un coup d’œil à Kane. Il l’avait observée en silence tout au long de la conversation, sur la réserve. Elle se tourna vers Gabe.
— À personne d’autre que vous. Je dois savoir ce qui est arrivé à Ruth Hallbrook et à l’agent Tanaka. Est-ce qu’ils vont bien ?
— Il y a eu un léger problème, mais je peux vous dire que Ruth va bien. Elle est très heureuse sur l’île des Géants, dit Magna.
— Les géants… d’accord. C’est bien… qu’elle soit heureuse. Je crois que je savais… quelque chose… sur le fait qu’elle était avec les géants. Mike a dit… raaah, il s’est passé beaucoup de choses pendant que j’étais là-bas et le sort qui m’a ramenée m’a ramolli le cerveau. Honnêtement, c’est beaucoup mieux que ce que j’ai ressenti les deux premières semaines dans les Sept Royaumes. Cornelia Fae a dit que c’était parce que le sort qui m’y avait amenée avait été corrompu. C’était comme si j’avais une grippe monstrueuse, marmonna Tonya en se frottant la tempe.
L’expression de Magna était compatissante.
— Je ne sais pas trop ce qu’on vous a dit, donc il se peut que ce soit répétitif. Si c’est le cas, je m’en excuse. Comme vous le savez probablement, mon monde se trouve dans une autre dimension. Il est composé des Sept Royaumes, chacun ayant un souverain différent et possédant un don unique de la déesse qui a créé notre monde. Ma mère est originaire de l’île de Magie. Mon père vient de l’île du Serpent de Mer. Je suis née avec la capacité de faire de la magie et de vivre sous la mer, expliqua Magna.
Tonya hocha la tête et s’avança.
— C’est pour ça qu’on vous appelle la sorcière des mers, ajouta-t-elle.
L’expression de Magna se troubla et ses yeux se remplirent d’une émotion tourmentée. Face à sa détresse, Tonya ne put se retenir de tendre la main pour la poser sur la sienne.