Le voyage en diligence - Christine Vedovato - E-Book

Le voyage en diligence E-Book

Christine Vedovato

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Beschreibung

Alors qu’elle marche dans Agen, sous un lampadaire éclairé, Violette se remémore et raconte à sa petite-fille, Clara, le voyage en diligence qu’elle a fait, au même âge, avec sa grand-mère, Éléonore. C’était un voyage en été, dans la campagne agenaise, marqué par des rencontres à la croisée des chemins avec les métiers itinérants, des divertissements dans les relais avec les conteurs itinérants, un peintre paysagiste et une amie, Faustine. Au cours de ce périple, Violette rêve, dans la nuit, d’une jeune fille qui lui ressemble. À Nérac, dans le salon du manoir d’Éléonore, elle retrouvera, surprise, le portrait de cette mystérieuse inconnue. S’engage alors une quête : la découverte du secret de son ancêtre Blandine, la belle meunière.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Christine Vedovato aime les romans du terroir, notamment ceux de Christian Signol. Elle apprécie particulièrement la littérature du siècle des Lumières avec Montesquieu et George Sand, les salons littéraires avec Germaine de Staël, précurseurs des nouveaux courants de pensée des intellectuels qui ont précédé la Révolution. L’époque des diligences, période où les gens prenaient le temps de se connaître entre voyageurs, l’a inspirée pour écrire ce roman.

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Seitenzahl: 197

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Christine Vedovato

Le voyage en diligence

Roman

© Lys Bleu Éditions – Christine Vedovato

ISBN : 979-10-377-6678-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Je marchais dans la rue Molinier à Agen et je vis un lampadaire éclairé qui me remémora mon voyage en diligence.

À ma petite fille Clara je lui parle de mon voyage en diligence que j’ai fait avec Éléonore ma grand-mère au même âge.

Elle me dessina une diligence rouge et je me revis sur les chemins.

Moi, Violette, j’ai vu le jour un matin dans l’Agenais.

Quand les blés jaunissaient non loin de la Garonne entourant mon logis d’une immense couronne, où l’or resplendissait comme un fameux butin. Rempli du souvenir laissé par ses aïeux.

Je vais vous raconter mon voyage en diligence dans la Gascogne. Les souvenirs encore intacts qui me submergent me reviennent en mémoire, les bruits qui résonnent au bruit de pas des chevaux sur les pavés et sur les chemins, au croisement des charrettes et au paysage qui défile immuable dans la campagne du Bruilhois vers l’Albret.

Je me souviens du temps où égrenait les coups, lentement inlassablement, la pendule des comtoises lors des soirées de convivialité lors des veillées autour du Cantou.

Seules les cloches des églises et comtoises sonnaient des heures le long de ces jours qui ressemblaient à une autre, sauf le dimanche où les paroissiens se retrouvaient pour parler de Dieu.

Des hommes dans les cafés qui se retrouvaient pour parler du monde et lire le journal chez les cafetiers.

Je suis née à Agen, ville du pruneau, rue Cajarc. Ici coule le ruisseau de la Bretonnerie qui alimente un moulin, des tanneries qui fabriquaient des toiles à voile pour la navigation qui me faisait rêver à des voyages lointains. Je suis de la famille des Cazal, mon père est négociant en vins de Buzet.

Des panneaux publicitaires à l’angle de ma rue sur le mur :

– Chocolat Menier

– Chocolat Banania

– Café Miramar

– Lu biscuit

Il y a une niche à l’angle de la rue avec un arbre sculpté en pierre.

Des maisons mitoyennes avec des étages à encorbellement, des perrons en pierre, des portes en bois basses donnaient un air identique.

Je suis brune aux yeux bleus comme ma mère Angeline. Mon frère Jean est l’aîné, il a dix ans et ressemble à mon père.

J’aimais ce quartier où je m’amusais avec ma copine voisine Marjolaine dans la rue où passaient les piétons, cyclistes, et rarement des charrois. Le matin près du ruisseau, on voyait passer les travailleurs.

À partir de six ans, pleine d’appréhensions, j’allais avec ma voisine Marjolaine à l’école Sainte-Foy pour suivre une instruction religieuse.

La confrontation avec les autres enfants, le discours du directeur d’école, l’appel dans le préau et la découverte du nouvel instituteur appartiennent au rituel du premier jour.

Notre école, était à un kilomètre qu’on parcourait ensemble en passant par la rue Molinier et le nouveau Boulevard de la République.

Ravies, avec notre cartable en cuir, de passer devant les nouvelles galeries, enchantées de voir les nombreux magasins de cycles, les cafés avec leur terrasse. Nous reprenions le chemin vers la maison à midi avec Marjolaine pour prendre le déjeuner chez nous avant de repartir à l’école dans ce nouvel univers hors du foyer.

Notre salle de classe était constituée de bancs avec tables attachées avec un encrier, une plume, un cahier, des buvards, des livres aux images.

Un tableau à craie avec une carte de France, une mappemonde, un placard avec un squelette, des outils de science. Au fond de la classe, un poêle à bois, une blouse brodée avec notre nom, un porte-manteau à l’entrée pour accrocher notre manteau avec notre prénom.

Dans l’enseignement, on apprenait à lire et à écrire et les leçons de morale.

Une vie de grands, la leçon de l’alphabet, les récompenses avec les timbres et les images.

La cour de récréation plantée de marronniers, trop courte pour s’amuser à la corde à sauter, à chat perché, à la marelle.

Les jeudis étaient attendus avec impatience pour nous retrouver et jouer avec Marjolaine et mes nouvelles camarades de l’école Aglaé, Sidonie, Solange, Ariane, Apolline.

Dans ma rue, en été on jouait à la marelle, au chat perché. En hiver dans la maison, on s’amusait à la maîtresse, aux poupées et à la dînette.

L’année scolaire se terminait par une photo de classe ; la photographie apparaissait en cette fin de siècle.

Le dimanche matin, en famille on allait assister à la messe de la cathédrale Saint-Caprais.

Après la messe, nous prenions le repas dominical traditionnellement chez mes grands-parents qui habitaient rue-du-puits du saumon, large rue qui permettait aux charrettes et aux charrois de passer. La maison faisait face à la maison Sénéchal.

J’ai le souvenir de l’odeur de pommes après avoir frappé avec le heurtoir deux coups sur la porte.

Ma grand-mère, Éléonore, nous faisait un potage. Suivait un poulet marengo accompagné de pommes de terre, suivi au dessert d’un gâteau aux pommes, accompagné de confiseries, et pour les plus grands, d’un café et d’un Armagnac.

À la fin du repas, nous allions au square de la porte du pin. Ce dernier, agrémenté de pièces d’eau attirait les promeneurs et les nourrices qui promenaient les enfants, les joueurs de cartes.

Aux beaux jours durant l’été, nous allions en bord de Garonne pique-niquer.

Ce qui est un des moments les plus agréables de cette journée, le partage et la convivialité autour du panier des victuailles en abondance : pâtés, saucisson, poulet froid, haricots verts, fromages, fruits de saison.

Ma grand-mère avait été limonadière de métier après avoir suivi trois ans d’apprentissage et avoir été fille de limonadier dans la rue Molinier.

La boisson limonade accompagnait ce repas pour les enfants, la blanquette de Limoux pour les adultes, la liqueur de prunes pour le dessert.

Le dessert, des biscuits boudoirs au champagne en respirant l’air de la Garonne où la navigation marchande vers Bordeaux et Toulouse était constante avec la farine, les pruneaux, les vins et les produits agricoles.

Les marchandises sont transportées à bord d’embarcations à fond plat adaptées à la navigation fluviale, on les nomme gabares, sapines, barques pour le transport du sable.

Des bateaux à vapeur se partageaient le transport des marchandises, des voyageurs et de la messagerie.

À l’automne, pendant un repas dominical, accrochée au-dessus du buffet en bois rose, je vis une affiche d’un ballon Montgolfière de Paris.

Éléonore avait fait un voyage à Paris pour voir l’exposition Eiffel et le palais de l’exposition universelle.

Il fallait dix heures pour faire Agen-Bordeaux.

Je feuilletais des livres de Jules Verne, je regardais les images en couleur, émerveillée.

Pour mes neuf ans, la matinée du jeudi s’écoula paisiblement comme tous les jours où je n’allais pas à l’école. Le repas de midi terminé, je retrouvais Aglaé, Marjolaine.

Un rituel les jeudis après avoir écrit ce à quoi on voulait jouer (cache, chat perché, l’épervier) et l’avoir mis dans un chapeau, on faisait un tirage au sort. Après s’être mis en ronde et chanté (ça sera toi qui commenceras).

Brûlant d’impatience de savoir à quoi on allait jouer.

Je rêvais avec le livre de Jules Verne à l’aventure des 80 jours du tour du monde, m’imaginant sur la montgolfière, en survolant la mer, en admirant les bateaux de navigation marchande.

Les montagnes avec leur sommet, on croisait les oiseaux voyageurs, survolant maintenant une île déserte.

Les heures s’étiraient lentement vers la fin de journée, jusqu’au jeudi suivant.

L’année de mes dix ans, lors d’un repas de famille, à la fin du repas, Éléonore me montra des photos de Nérac et du parc de la Garenne, de son manoir, sa nouvelle résidence d’été.

Sur une autre photo, je vis une famille en calèche qui se promenait au bord de la Baïse.

Elle nous proposa de découvrir la ville de Nérac et son nouveau domaine l’été, elle me fit la proposition de l’accompagner à un voyage en diligence, pour l’année de mes dix ans.

Elle me décrit en me racontant comment allait se dérouler le voyage avec les relais de diligence, les veillées avec les conteurs itinérants, les cabarets.

À Nérac, on découvrirait le parc de la Garenne et son château Henri IV.

Un autre voyage dans les Landes de Gascogne pour apprendre les légendes gasconnes du pays.

Je lui dis que j’étais enchantée de l’accompagner dans ce voyage en diligence, que je ferais un récit de voyage en notant les rencontres et les relais, en dessinant les paysages, en écrivant les contes légendes et chansons.

Je prendrai aussi un cahier pour noter les mystères et légendes des Landes de Gascogne.

Elle me chanta une chanson.

Chanson la petite diligence

Mon arrière-grand-mère m’a conté l’histoire de son mariage

C’est un beau roman du temps passé qui débute par un beau voyage

En ce temps-là pour aller loin, on connaissait à peine le train

Et l’on trouvait déjà bien beau la voiture et les chevaux

La petite diligence sur les beaux chemins de France

S’en allait en cahotant voyageurs toujours contents

Il y avait un vieux marchand un curé et son bréviaire

Une fille à marier, un monsieur très distingué

Le marchand dormait, le curé priait

La belle rougissait en silence,

Le monsieur parlait et lui récitait des rondeaux et des sonnets

La petite diligence sur les beaux chemins de France

S’en allait en cahotant par la pluie et le beau temps

Lorsque les chevaux péniblement avaient fait trente kilomètres

À l’hôtellerie du « cheval blanc » on passait la nuit pour s’en remettre

Pour aller de Agen à Bordeaux, il fallait bien huit jours

Évidemment ça donnait le temps de se connaître amplement

La petite diligence sur les beaux chemins de France

S’en allant en cahotant voyageurs toujours contents

Lorsque la côte était dure, ils descendaient de voiture

Et poussaient allégrement, car c’était le règlement

Le ciel était bleu et le beau monsieur faisait les yeux doux à la belle

Tandis que le curé disait « ça y est ! Ces deux-là je vais les marier ! »

La petite diligence sur les beaux chemins de France

Arriva enfin à Bordeaux et c’est tout le roman d’amour.

C’est toujours pareil en France

Mis à part les diligences

Quand on veut se marier

Il faut savoir voyager HUE !

Chanson André Claveaux

Joyeux après le dessert et la clairette de Die, nous reprenions cette chanson gaie et entraînante qui nous donnait l’envie de voyager en diligence.

Elle me fit découvrir, lors d’une promenade dans Agen, la diligence avec laquelle on voyagerait et aussi elle me parla des inconvénients de ce type de voyage.

La diligence était tirée par quatre ou six chevaux, conduite à l’avant par le cocher, il portait un habit de drap bleu roi, boutonné sur le devant de neuf boutons recouvrant entièrement le gilet ; collet droit évasé… boutons de métal blanc avec ces mots : « poste aux chevaux », pantalon bleu ou blanc et les bottes suivant le costume ; chapeau français avec torsade or et argent.

À côté de lui, un postillon. Le maître de poste devait s’assurer que le postillon ne soit pas en état d’ivresse au départ et à chaque relais.

Les voyageurs étaient secoués, sur ces chemins étroits, poussiéreux.

Le confort à l’intérieur tenait à la banquette à tissus et coussinets, on était à l’étroit et deux fenêtres donnant sur l’extérieur permettaient de regarder le paysage défiler dans les chemins de la campagne : à l’époque les trajets sont interminables.

On perd beaucoup de temps aux relais.

Les conducteurs sont de mèche avec les aubergistes afin d’obliger les voyageurs à prendre leurs repas et à coucher dans les auberges, ce qui fait monter les frais.

Un deuxième inconvénient un repas quelque peu précipité au relais, les postillons sont déjà prêts au départ, l’aubergiste enlève la soupière au grand dépit des clients affamés.

Mécontents les voyageurs reprenaient le voyage.

Le maître de poste n’avait pas le droit d’imposer un itinéraire ni celui d’une auberge, mais en réalité, le maître de poste et postillon ne se privaient pas de louer le grand Turc au détriment du Lion d’Or. À l’écurie, il y avait le maréchal-ferrant, un garçon veillait à l’arrivée des voyageurs pour prendre soin des chevaux et les remplacer à l’écurie.

Notre compagnie Royale Fleurette partant d’une petite ville comme Agen, nous n’avions pas à subir ces désagréments des grandes compagnies, en concurrence dans les grandes villes qui se disputaient les voyageurs.

Éléonore me raconta les souvenirs de son enfance à la campagne lors des veillées avec les conteurs itinérants.

La veillée, l’amitié partagée.

Inquiétantes et parfois mystérieuses, lors de la venue d’un conteur, les veillées d’autrefois étaient le décor d’une amitié partagée, elles reflétaient l’appréhension, accentuaient l’imagination et inspiraient craintes et émotions.

Dans cette atmosphère de sérénité, les conteurs itinérants voyageurs rémunérés, nourris et logés captivaient l’auditoire.

Les légendes traditionnelles mettaient en scène les sorcières, les loups, le diable, les fées, les lutins et tant de personnages cités au gré de ces légendes écoutées.

Les visiteurs arrivaient en famille, arpentant sentiers et chemins d’un autre hameau ou d’une autre paroisse.

La veille du départ, je rêvais d’un visage d’une jeune fille blonde comme les blés, aux yeux bleus comme le ciel, avec une voix douce.

Elle me souriait, son sourire était identique au mien, elle m’appelait Violette, je suis ton ancêtre, Blandine. Pendant ton voyage tu découvriras mon secret.

— Mademoiselle Violette

Quelqu’un l’appelait.

Dans son rêve, elle ne distinguait qu’une ombre.

La silhouette était celle d’une jeune fille du temps passé.

Ses traits se fixèrent, s’éclaircirent, tandis que les appels s’amplifiaient…

— Mademoiselle Violette

Blandine cherchait à l’attirer.

Elle lui tendait la main et l’invitait à la suivre.

Allez, venez !… disait-elle encore...

Et, brusquement, les sollicitations furent plus sonores.

Violette ouvrit les yeux.

Le visage d’Éléonore était penché vers elle.

Mais dehors il fait à peine jour.

C’est l’heure. Pour le voyage.

Le jour commençait à poindre lorsque nous prîmes le chemin des voyageurs. Nous partîmes en direction de la poste d’Agen, la brume du matin se dissipait.

La bonne odeur de pain frais de la première fournée du boulanger avait taquiné les narines des voyageurs.

Nous achetons de la viennoiserie pour le voyage.

Les volets des maisons étaient encore clos, les Agenais dormaient du sommeil des matins calmes.

Éléonore et moi, nous arrivions pas longtemps avant le départ. Les autres voyageurs avaient déjà pris leurs billets.

Dans la diligence, on était sept voyageurs, elle ; la corbeille était chargée de bagages.

Il y avait deux lanternes : une lanterne fixée sous le siège du cocher pour éclairer la route et l’autre à gauche des voyageurs pour permettre de lire ou de se parler.

Nous prîmes notre ticket à 300 francs pour le voyage en diligence.

Parmi les voyageurs, un couple, monsieur et madame Mansonville. L’homme brun, habillé de velours et chapeau haut de forme, était monté avec son épouse, la femme en robe époque victorienne vieux rose tout deux accompagnés d’une fillette nommée Églantine en robe crinoline mauve.

Ils voyageaient pour le commerce fluvial.

Un couple monsieur et madame Momtpezat, qui allait voir une tante Néracaise qui habitait dans le vieux Nérac dans une rue étroite qui descendait vers le pont vieux.

Pendant le voyage, le monsieur Montpezat qui voyageait souvent était visiblement content de nous mettre l’appréhension pour notre premier voyage avec les dangers de ce type de voyage.

L’un des dangers de la diligence était les bandits de grand chemin qui était masqués, qui étaient malgré tout des gentlemen pour les dames. Ils les aidaient à descendre de la diligence.

L’autre danger les reîtres, les sacripants, soldats mercenaires.

La diligence s’arrêta près d’une fontaine. Le cocher nous ouvrit la porte pour nous dire de nous rafraîchir.

La fontaine Saint Amans sur une ancienne voie romaine.

Fontaine qui a le don de guérir la maladie des yeux.

Le cocher nous raconta l’histoire du vallon de Vérone, connu pour sa fontaine des voleurs.

Notre voyage présentait visiblement moins de risque que celui du vallon de Vérone anciennement nommé vallon de VIVES qui était réputé pour sa fontaine des voleurs « FONS LASTRONUM » à Saint-Martin de Foulayronnes, près de l’église Saint Martin.

Vallon coupe Gorge, ces bandits de grand chemin se cachaient dans les trous et parois creusés dans le tuf de la falaise voisine et détroussaient les pèlerins désireux de se reposer tout en étanchant leur soif de leur or et objets précieux.

Le cocher nous transmis l’histoire du patrimoine de Saint-Martin de Foulayronnes.

Les falaises surplombaient cette vallée qui avait était habité par des ermites dans les temps préhistoriques, à la période gallo-Romaine. Les habitants de ces falaises venaient chercher l’eau de la fontaine nommait « FONS LASTRONUM ».

Le patrimoine de cette vallée de Vérone avait autrefois deux châteaux : le château de Talives, le château d’Arasse.

Deux moulins à vent : le moulin à vent de la Tuque et le moulin à vent de Talives.

Notre diligence partait du relais poste d’Agen vers le canal d’Agen créé par Paul Riquet pour faciliter le transport des marchandises, du vin et des céréales.

Au départ, nous saluâmes avec joie en agitant un mouchoir les Agenais qui s’apprêtaient à faire leur marché.

Ravies on suivait le canal latéral à la Garonne.

Depuis le flanc de la colline, la vue s’étendait au nord vers l’horizon formé des coteaux verdoyants qui longeaient la Garonne en la dominant de leur masse parfois abrupte.

Le plan d’eau limpide dissimulé par les hautes berges reflétait la clarté solaire en haut des peupliers qui l’ombrageaient.

Le cocher s’arrêta pour faire abreuver les chevaux dans des bassins d’eau aménagés le long du Canal d’Agen.

La diligence longeait les chemins de halage à l’ombre des marronniers. Le reflet dans l’eau était paisible, les mariniers et les éclusiers habitaient sur l’eau.

La diligence poursuivait vers le Passage d’Agen, le long des fermes qui proposaient leurs céréales, en progressant dans la campagne toute verte du feuillage de ses nombreuses haies, l’attelage parvint bientôt en vue du clocher de Goulard.

Dans les champs, la parure verte des pruniers resplendissait dans le jour levant.

Un peu partout dans les vastes prairies, le bétail commençait à paître.

C’est à cet instant que les premiers rayons de soleil d’été vinrent à apparaître, illuminant les toits de quelques fermes, encore luisants du brouillard de la nuit.

En traversant la plaine, les cultures étaient partagées.

Les champs de blé, de maïs, de luzerne, d’avoine, prospéraient au fur et à mesure des saisons.

Des rangées de tournesol étaient disséminées au gré de l’inspiration du semeur.

Derrière la demeure des maîtres, les champs étaient entourés de vastes prairies où paissaient les troupeaux de vaches parmi lesquelles se remarquaient les robes blanches et noires de quelques laitières.

Deux ou trois parcelles de vignes se frayaient une place entre les champs et les prairies.

Leurs rangs comportaient de nombreux arbres fruitiers : pruniers, pommiers, poiriers.

De vieux pruniers émergeaient de la plaine en des endroits inattendus, souvent au coin d’un pré ou à l’extrémité d’une carrière. La campagne respirait le calme, la prospérité et la quiétude.

Suivant les saisons, le chant d’un laboureur venait troubler le silence.

Les enfants des fermes faisaient office de bergers dès la sortie de l’école et s’occupaient chacun de leur troupeau.

Dans le village de Roquefort nous nous sommes restaurés à l’auberge la Licorne.

Et le voyage se poursuivait vers le hameau de Roquefort où nous passâmes devant la ferme de Françounette qui habitait la ferme d’Estanquet, elle vivait au XVIIe siècle.

Ma grand-mère me raconta la légende qu’elle avait entendue enfant lors des veillées d’hiver dans la campagne de Roquefort.

Cette jeune fille d’une vingtaine d’années qui demeurait dans la paroisse de Roquefort auprès de sa grand-mère, dans le dénuement le plus complet…

Son corps hâlé de brune à la peau de satin attirait les galants ainsi qu’une luronne, mais grâce au vieil abbé qui fut son cicérone, la fille restait sage et narguait le destin.

Françounette était belle et agile, fréquentait les bals des environs, et de nombreux garçons attirés par elle cherchaient à la faire danser.

Mais elle était si légère qu’elle les épuisait tous.

Plusieurs incidents attirèrent sur elle la suspicion.

Lors d’une fête votive, deux de ses amoureux se disputèrent.

L’un d’entre eux se fit une entaille aux bras et ne put plus travailler pendant plusieurs mois.

Quelque temps après, un autre garçon qui faisait mine de la poursuivre tomba et se cassa le bras.

Certains affirmèrent qu’elle avait le mauvais sort.

Un sorcier du pays annonça qu’elle était huguenote, ce qui aggravait son cas. Son père la voua au diable, dès son enfance.

Il ajouta que l’homme qui l’épouserait mourrait dans la nuit de noces.

Une femme réputée pour ces dons de divination confirma ses propos…

Ainsi, les plus folles accusations furent proférées, et lorsque les récoltes furent endommagées par la grêle, on accusa Françounette d’en être la cause, d’autant plus que ses champs et ceux de grand-mère n’étaient pas touchés.

Devant l’hostilité générale qui s’était déclenchée à son égard, la jeune fille finit elle-même pas se croire coupable et assista à des cérémonies religieuses afin de se libérer du diable.

Elle participa à un pèlerinage à Bon encontre. Mais un jour, alors qu’elle devait embrasser la statue de la Vierge, un coup de tonnerre éclata.

L’église fut ébranlée, les cierges s’éteignirent et la grêle s’abattit sur les champs de la paroisse de Roquefort, sauf sur ceux de Françounette…

C’en était trop, les habitants du village se rassemblèrent dans la nuit, à la lueur des torches et encerclèrent sa maison pour y mettre le feu.

C’est alors que Pascal, un jeune homme amoureux de Françounette, les arrêta. Bravant les foudres de l’enfer, il déclara qu’il allait épouser la jeune fille.

L’affaire se calma et la foule attendit la nuit des noces pour revenir autour de la maison et assister à des événements extraordinaires.

Ils crurent entendre des bruits et aussi voir des ombres danser sur les murs.

Mais au petit matin, devant sa porte, la jeune mariée se montra fraîche et rose, et selon la tradition distribua des morceaux de jarretière.

Elle fut alors persuadée qu’elle n’était pas sorcière.

À la fin du XVIIe siècle, période durant laquelle eurent lieu ces événements, Françounette risquait d’être pour toujours mise au ban de la société villageoise.

Mais il avait suffi qu’un jeune homme ait le courage de lutter contre le fanatisme de la foule pour que la vérité soit rétablie.

La campagne resplendissante qui s’éveillait donna envie à ma grand-mère de chanter un refrain de sa jeunesse pour honorer ce voyage.

Éléonore me chanta la chanson des blés d’or

La chanson des blés d’or

Mignonne, quand la lune éclaire

La plaine aux bruits mélodieux,

Lorsque l’étoile du mystère

Revint sourire aux amoureux,

As-tu parfois sur la colline,

Parmi les souffles caressants,

Entendu la chanson divine

Que chantent les blés frémissants ?

Armand Mestral

La chanson fredonnée par mamie Éléonore m’émut par sa célébration de la campagne qui s’éveille resplendissante aux amoureux.

Arrivée vers le village de Sainte Colombe en Bruilhois.

Le cocher nous montra les croix en pierre qui servaient de repère pour les voyageurs.

Le cocher descendit de la diligence et nous ouvrit la porte.

Le cocher nous raconta l’histoire du patrimoine des croix en pierre.

Vous allez en croiser sur les chemins à destination de Nérac.

À la croisée des chemins des croix en pierre « de limites » qui servaient de borne à l’entrée et sortie des villages.

Les croix de carrefour implantées à la lisière des chemins guident le voyageur.

Dès le Moyen Âge, les croix en pierre servaient à conjurer le mauvais sort et les effets maléfiques. Les passants offraient des fleurs ou une bougie allumée.