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"Lèche maniose ou la fabrique d’oxygène", c’est l’histoire d’un gars qui veut aimer, et d’une fille qui sait danser. Un Paris d’aujourd’hui, un monde qui tousse, mais où l’on s’embrasse quand même. Deux jeunes gens, des idéaux plein le cœur, un bébé en projet, un virus en embuscade. Des disputes, des rêves, du foot, un ticket de loto, et quelques recettes à mijoter. On y parle d’amour, de beauté, de cuisine, et de l’absurdité joyeuse d’être vivant. Car il se murmure que seule l’honnêteté paye… à moins que ce ne soit l’amour.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Camille Chaffanel a grandi en Auvergne jusqu’à l’âge de treize ans, avant de s’installer avec ses parents sur l’île de La Réunion, dont il garde un souvenir vif et inoubliable. Passionné par les arts et la culture, il s’implique dans divers ateliers de création : théâtre, écriture, musique, yoga. Il publie Contingence sine qua non en 2020, puis Les malheurs de Sophocle en 2024.
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Seitenzahl: 125
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Camille Chaffanel
Lèche maniose
ou la fabrique d’oxygène
Roman
© Lys Bleu Éditions – Camille Chaffanel
ISBN : 979-10-422-6715-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Les leishmanioses sont des maladies parasitaires provoquant des affections cutanées ou viscérales très invalidantes, voire mortelles si elles ne sont pas traitées. Elles sont dues à différents parasites du genre Leishmania, transmises par la piqûre d’insectes communément appelés phlébotomes.
Rien à voir avec ce livre.
« Poco importa el pays donde nacimos, lo importante son los idéales por los que luchamos. »
Traduction : « Peu importe le pays où nous sommes nés, l’important ce sont les idéaux pour lesquels nous luttons. »
Camille Borghese (1775-1832)
« Ne dites pas trop de mal de vous, l’on pourrait vous croire. »
Amelie Nothomb
J’ai toujours voulu lécher. J’aimais lécher les bords d’un bol de chocolat chaud, j’aimais me lécher les babines à l’odeur d’un bon repas, j’aimais lécher les cornets sorbets citron en été à la Baule. Quand j’étais enfant, je suçais mon pouce. Parfois, je me faisais un suçon sur l’avant-bras ou sur l’épaule. Il m’est arrivé de venir lécher la truffe d’un chien enfant pour jouer. Quant à ma copine, je lui mordillais doucement parfois l’oreille, ou nous jouions à faire se rencontrer nos nez. Ma copine est assez joueuse. Paradoxalement, pour un gars comme moi qui n’aime pas les footeux, ma copine adore le foot. Elle connaît toutes les équipes. Elle regarde tous les matchs tant qu’elle peut. Elle dit que les garçons qui n’aiment pas le football, ce sont des ringards. Le football, selon elle, est un sport moderne. Elle préfère néanmoins la danse classique loisir qu’elle poursuit depuis huit années. Elle n’est pas professionnelle, mais elle sait faire le grand-écart. Quand on s’embrasse, sa langue vient caresser la mienne avec dextérité et lui apporter des myriades de sensations.
Ma copine a un autre loisir : la psychologie positive. Elle adore. Elle dit que de toute façon si on ne positive pas, dans la vie, on stagne. Pour avancer, il faut se motiver. C’est pour cela qu’elle prend ses cours de danse deux fois par semaine. Et qu’elle est bien à l’heure quand elle reprend son boulot d’infirmière à l’hôpital Sainte-Anne, eh oui ma copine est infirmière psy ! Je n’ai pas lu beaucoup de livres. J’ai peiné à terminer le roman Le rouge et le noir de Stendhal, ne comprenant pas les déboires du héros Julien Sorel, ses déceptions amoureuses avec Madame de Rénal, puis avec Mathilde de la Mole. J’ai lu un putain de bouquin de ce fameux écrivain, le maître du suspense et de l’angoisse, j’ai nommé Stephen King, son livre c’était Charlie, dire qu’en 2015 le journal Charlie a été victime d’un crime odieux, et que l’héroïne de ce roman est une petite fille innocente précisément prénommée Charlie, ça fait réfléchir. Ma copine a lu l’intégrale de Hegel et tout Proust. C’est dire si elle est calée. La louve lèche ses louveteaux lorsqu’elle leur donne la tétée. Ma copine ne m’a jamais donné la tétée, mais nous avons fait des choses intéressantes. Dire que l’on s’intéressait à tout serait exagéré. On s’intéressait à beaucoup de choses. On aimait la vie. On était passionné. On était jeune et plein d’idéaux. C’est comme ça la jeunesse. C’est comme ça. Ça ne peut pas changer. Il n’y a rien à y faire. Quelque part, c’était écrit ; ou dit quelque part. C’était le destin ! Ceci était, est, et donc sera. Les chiens ne font pas des chats. La nuit tous les chats sont gris ; ou angora. Tout ce qui est devient, et deviendra autre chose. Les filles ont plus d’amour que les garçons. L’univers est très ancien, et on ne chasse ses démons qu’à coups de pompe ! Les crucifix c’est bien utile, surtout les crucifix en métal à planter dans le cœur d’un démon. Si Maëlle (c’est le nom de ma copine) s’embêtait ce jour-là, c’est parce qu’elle ne savait pas quoi faire. Ainsi qu’elle s’ennuierait, et ne compterait pas ses heures. L’autre, c’était Marcel (votre hôte), qui essayerait de me pas la réveiller et de faire la vaisselle pendant ce temps. Après avoir bien lavé à l’eau courante toute la vaisselle, l’avoir posé sur le range-vaisselle, et essuyé avec un torchon sec et propre, votre hôte éteignit la hotte aspirante. Il tenait Maëlle en haute estime. Que n’avait-elle pas fait pour lui ? Tout, ou presque. Elle l’avait encouragé, pouponné, engueulé, calmé, apaisé, rassuré, questionné, elle lui faisait des sourires pour qu’il n’ait plus le cœur gros ! Et qu’il se mette à aimer le football, bonté divine ! Elle était d’une présence rassurante. Elle était une irremplaçable alliée. Peut-être un jour ils se marieraient ? Mais pour l’instant il n’en était pas question, ils étaient encore jeunes, et on a bien toute la vie devant soi quand on est jeune, n’est-ce pas ?
Le père de Maëlle était dentiste, à la retraite. Mon père à moi était pompiste, mais il était mort. Lui, Renée, le père de Maëlle, venait à l’appartement de temps en temps. Il ne restait pas longtemps, juste le temps de venir s’informer de savoir comment se portait la petite famille. La mère de Maëlle s’appelait Thérèse. Elle était puéricultrice à la retraite, et elle était épanouie. Elle était toujours d’un bon conseil. Maëlle et moi n’avions pas d’enfants, mais Maëlle avait un frère plus âgé d’elle de quatre ans qui avait eu avec sa compagne deux garçons et une fille. Ce frère, Simon, le fils de Thérèse donc, exerçait le métier de menuisier, et il avait construit de ses mains déjà de nombreux petits meubles, armoires style XVIIIe, secrétaires, buffets, horloges en bois, tables, chaises, petits objets décoratifs en modèles réduits. Aucun de ses clients ne s’était jamais plaint de son travail. Lui, il aimait le foot, il avait beaucoup pratiqué jusqu’à vingt ans, puis, il s’était rangé et avait décidé d’un jour aller assister à une finale de coupe du monde de football. Nous étions en décembre 2019, le dix très exactement.
« Moins de quinze jours avant Noël », se dit Simon. Il pensa qu’au moins il y avait eu une finale de coupe du monde de football organisée en Afrique, en Afrique du Sud, et que c’était un moment que les Africains attendaient depuis longtemps. Lui, il avait décidé d’assister à la prochaine coupe du monde, qui aurait lieu au Qatar, en 2022. Maëlle viendra avec lui, ainsi que Marcel et Renée. Simon emporterait avec lui sa fille Sarah, qui n’avait pas huit ans, pour qu’elle voie le match. Ce serait bien. Ce seraient des moments festifs. Marcel était jaloux parce que Maëlle accordait beaucoup d’importance à Simon. Normal, c’était son grand frère ! mais Marcel avait du mal à garder ses esprits quand elle gratifiait Simon d’un sourire, ou d’un remerciement. Tout en terminant la vaisselle, Marcel, celui qui n’avait pas réussi dans la famille, lui, le bête, le benêt, il ne savait plus sur quel pied danser. Sûr qu’on ne lui attribuait pas beaucoup de place, dans cette famille, il se demandait même pourquoi Maëlle ne voulait pas qu’il la lèche !!! Quand on parlait, à table, durant les dîners de famille, on ne lui donnait pas beaucoup la parole. Il n’avait pas toujours le loisir de converser ou d’émettre un avis ou une opinion. Qu’avaient donc les autres de plus que lui ? Marcel, un mètre quatre-vingts, quatre-vingt-dix kilos, était une force de la nature, mais il était maladroit et gauche. Il ne savait presque rien faire. On lui avait confié la réparation d’un évier bouché, espérant cette fois-ci (coupez, c’est la bonne !) quelques résultats de sa part. Hélas, il n’avait pas bien compris le système hydraulique du lavabo, avait démonté toutes les pièces, mais n’avait pas réussi à les remonter, ce qui fait qu’il avait déclenché un dégât des eaux qui avaient demandé l’intervention des pompiers et d’un plombier professionnel, et avait coûté la bagatelle de vingt mille francs à sa famille (on était passé aux euros, mais il convertissait encore la monnaie en francs.) Dire s’il était une charge pour sa smala, une bouche à nourrir, un poids mort, un boulet. Heureusement il avait Maëlle. Dire qu’à partir du moment ou à la surprise de tous Maëlle et lui après quatre ans de fréquentations s’étaient finalement rapprochés l’on de l’autre, on avait entendu des gens jaser, certains affirmant qu’une fille comme ça méritait mieux qu’un petit gnome tel que Marcel. D’autres, surpris, attendant de voir quelle tournure allait épouser leur couple, s’il tiendrait à l’usure du temps et de la pluie.
Marcel aimait bien quelque chose dans le foot, mais il n’en avait parlé à personne, il avait honte, il se cachait pour ne pas le dévoiler, il fallait à tout prix que personne ne le sache, c’était un secret. Il aimait l’équipe de France de football. Il n’aimait pas le foot, mais il aimait la France. Donc l’équipe de football. Cela frisait l’indécence. Il avait surpris tout le monde. Autant qu’ils ne sachent pas. Chacun ses petits secrets. Il adorait Olivier Giroud, l’avant-centre de l’équipe de France, il trouvait le gardien et capitaine, Hugo Loris, bon, souple, tonique, agile comme un chat, avec un bon dégagement, il renvoyait le ballon loin et précis. Il appréciait, mais c’était un choix politique, que cette équipe soit de toutes les couleurs. Ici, pas de discrimination ! Pas de daltonisme !! Pas de noirs, de blancs. Non, au mieux, du gris !! Il ne faisait pas de la lèche en pensant dire son goût pour l’équipe de France à Maëlle, qui avait bien d’autres chats à fouetter et qui lui répondrait sûrement :
« Ah ouais ? Et puis après ? Que veux-tu que cela me fasse ? » Avant de passer à autre chose. Cependant, ce qui est sûr, c’est que Marcel et Maëlle étaient maintenant en couple depuis déjà trois-quatre mois, et que leur amour durait. L’amour ne dure pas trois ans, comme disait Frédéric Beigbeder, il dure ou il ne dure pas. Et, en l’occurrence, entre Maëlle et Marcel, leur attirance mutuelle et leur plaisir à demeurer ensemble duraient et s’accroissaient de jour en jour. Maëlle dormait toujours. Il était environ huit heures du matin. Dans ses rêves, Maëlle repensait à une ancienne copine qui lui avait dit de se méfier, les garçons, ce sont tous les mêmes, ce sont tous des salauds. Elle réentendait sa copine Carol lui dire d’un ton outré que Jérôme, ce garçon à l’air insoupçonnable, avait fait du mal à Sophie, l’amie intime de Maëlle et Carol, à tel point qu’elle était tombée dans une grave déprime, incurable, avait attrapé un cancer du col de l’utérus, et était morte en trois mois, complètement détruite, passible, et plongée dans un malheur très profond. Jérôme lui avait emprunté son sourire, avec lui elle ne riait plus, elle implorait en vain, elle subissait ses injectives, elle ramassait ses chaussettes sales, elle lavait son linge, elle lui faisait la bouffe. 8 heures 30. Maëlle dort encore. Marcel finit d’essuyer jusqu’à la dernière goutte à l’aide d’un torchon la petite vaisselle de la veille. Hier soir ils ont mangé un cassoulet, et c’est tout. Le téléphone portable de Maëlle sonne. La sonnerie, c’est de la musique zen. Maëlle sort difficilement de sa torpeur et attrape le téléphone.
« Allo ? C’est qui ? »
« C’est Simon. J’ai une nouvelle pas rassurante. »
« Oui ? »
« Voilà, j’ai appris par un collègue du travail qu’il est apparu en Chine en ce moment un nouveau virus qui se transmet de l’animal à l’homme et qui attaque les voies respiratoires. L’animal en question s’appelle un Pangolin dont les Chinois sont friands. C’est comme une super-grippe, mais on peut en mourir. »
« Tu écoutes trop les médias, lui répondit catégoriquement Maëlle. Je ne crois pas une seule seconde à toutes ces conneries. »
« Tu sais bien que les célébrités sont des gens qui mentent. »
« Puisses-tu avoir raison », lui répondit laconiquement son frère avant de raccrocher.
« C’était qui ? » demanda Marcel, curieux.
« Mon frère. »
« Qu’est-ce qu’il disait. »
« Un gros rhume qui peut tuer des gens, non, sérieux, il lit trop de polars. »
« Je n’y comprends rien, fit Marcel, désolé. Et tu ne comprendras jamais non plus pourquoi le Réal Madrid entraîné par Zinedine Zidane a été champion d’Europe trois ans de suite, mon cher. »
« Non, mais j’ai fait la vaisselle », lui répondit pour s’excuser Marcel.
« Eh bien fait moi un bon café et prépare-moi un bon petit déjeuner », répliqua instantanément Maëlle.
« Tes désirs sont des ordres », conclut Marcel tout en versant du café et de l’eau dans la cafetière avant de l’allumer. Ensuite, il prépara un verre de jus d’orange, un bol de fromage blanc nature, et une tartine de bonne baguette à la confiture de myrtilles. Marcel avait pris l’habitude de céder au moindre désir de Maëlle. Il l’aimait fort, et c’est comme cela qu’il s’imaginait pouvoir la garder.
« Je veux un réveil calme, dit Maëlle. J’ai fait un mauvais rêve en me réveillant. »
« J’ai besoin de calme et de quiétude ». Marcel avait, comme à l’accoutumée, servi le petit déjeuner sur la table basse du living room, et Maëlle vint s’asseoir en tailleur autour de la table et commença à croquer sa tartine tout en buvant une goutte de café.
« Tu as fait un bon café », lui dit-elle, laconique. À ces mots, comme chaque fois que Maëlle lui faisait un compliment, aussi petit soit-il, Marcel ne se sentait plus de joie. Le moindre signe d’approbation de Maëlle ou de remarque gentille voulait dire que oui, il avait le droit de rester avec elle, il avait passé le test, une fois de plus.