Léonard le conquérant - Christine Defrance - E-Book

Léonard le conquérant E-Book

Christine Defrance

0,0

Beschreibung

Ancien policier reconverti en agent de sécurité, Léonard n'aspire qu'à une seule chose : changer de vie. Il pensait pourtant avoir trouvé la paix de l'esprit en quittant la police, intégrée à la suite de son père. Ses cauchemars chroniques lui rappelant les fantômes du passé ne font qu'accentuer son mal être que Maria, sa compagne, essaie d'apaiser tant bien que mal. Quand une série de meurtres inexpliqués vont amener l'ancienne collègue et amante de Léonard, Madame la commissaire Claude GUERIN, avec qui Léonard entretient toujours une relation basée sur la nostalgie du passé, à le soupçonner. Maria arrivera-t-elle à comprendre et aider Léonard ? Claude confirmera-t-elle ses soupçons ? Et Léonard...

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 292

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Léonard le conquérant

ChristineDefrance

De la mêmeauteure :

Un jour je te dirai…(2018)

Contacterl’auteure

https://www.facebook.com/ChristineDefrance.Auteur/

[email protected]

© 2021, ChristineDefrance

ISBN :978-2-9579001-1-4

Création de la mise en page : AnneGuervel

Création de la couverture : KarineWillot

À ma famille pour son soutien, sa compréhension pour mon indisponibilité récurrente, pour mes absences tropnombreuses.

À mes filles tout particulièrement pour leur investissement dans la réalisation de celivre.

À Nicole, pour son sérieux dans la relecture du manuscrit… Ce n’était pas une minceaffaire !

À Jean, pour son soutien et sa présence, ainsi que pour ses conseilsavisés.

Un grand merci également à Vanessa et Charles pour leur témoignage sur les conditions d’exercice de cemétier.

Aux hommes et aux femmes, à tous les agents de sécurité de France et d’ailleurs, Force et Honneur àtous.

Préambule

Je m’appelle Léonard, je suis agent de sécurité, gardien, vigile, veilleur, c’est selon. Selon l’endroit et bon nombre de critères que je ne maîtrisepas.

Un vigile, c’est souvent le type bien baraqué à l’entrée d’une boîte de nuit qui vous empêche d’entrer, le videur qui vous expulse avec perte et fracas mais avec la plus grande efficacité, le parasite qui vérifie le contenu de votre sac vous soupçonnant de vol, ou simplement à titre de dissuasion, l’empêcheur de tourner en rond, le mec qui passe son temps derrière les écrans de vidéosurveillance et donc, qui ne fiche rien, qui se contente de regarder des images. Bref, c’est un métier qui lui permet de se la couler douce. J’admets, parfois, les heures sont longues. Et pourtant, il veille en permanence sur vous et sur les biens vous permettant de gagner votrevie.

Mais rendons à César ce qui lui appartient, à commencer par son titre : Agent de Prévention et Sécurité. Cet acteur du quotidien, agent cynophile ou non, grâce à qui vous pouvez travailler en toute quiétude, est là pour vous épauler en cas d’urgence avec ses compétences de secouriste, d’équipier de première intervention. En conclusion, il est un élément majeur de votretranquillité.

Mais pour ce faire, il a des consignes à respecter. Alors forcément, de temps à autre, il est moins sympathique. Malgré tout, il ne doit jamais perdre son self-contrôle, il doit rester ferme et courtois en toute circonstance, ne jamais montrer ses émotions, toujours rester constant. Surtout, il ne doit jamais s’excuser d’effectuer sontravail.

L’agent de sécurité est un éclaireur placé en première ligne du front par lequel l’information doitpasser.

La charge mentale peut, à certains moments, à force de cumul, amener à la saturation. Mais, c’est bien connu, ça ne fait jamais rien un agent de sécurité. Le stress ? Mais quelstress ?

Il est un maillon important dans cette chaîne de sûreté et de calme, et l’on pourrait imaginer qu’il soit considéré à cette juste valeur, et pourtant… La reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous, de même que lerespect.

L’histoire qui va suivre est lamienne.

CHAPITRE I

C’est qui le chefici ?

C’est une nuit d’automne pluvieuse. Je reviens de ma dernière ronde. Je cherche à me réchauffer contre un convecteur à la limite de rendre l’âme, à moitié rouillé, le seul et unique que l’on ait. Et surtout, il ne faut pas se plaindre, c’est déjà une faveur ! Il paraît qu’ils ne peuvent pas faire mieux. Ben tiens ! Le linoléum est troué de brûlures de cigarettes, déchiré par endroit, un vrai danger. Les fils électriques pendent lamentablement. Bref, il en faudrait peu pour provoquer un court-circuit. C’est un nid à courant d’air. La nuit, en plein hiver, on perd dix degrés. Triple épaisseur sur le dos, et encore, la plupart du temps, je ne suis pas là. Je me planque à l’abri, comme je peux, là où je peux. Tout est mis sous alarme. Je ne peux aller que dans les sanitaires. Ça pue et ce n’est pas chauffé, mais c’est déjà moins froid. Forcément, la nuit, ce n’est pas la peine, il n’y a personne. Seul le vigile est présent sur le site. Il a son algéco… Mais à choisir, m’isoler ailleurs me fait unbreak.

Je me frotte les mains, je baille, je m’étire. J’ai froid, je frissonne. Mes bijoux de famille jouent des castagnettes. Je cherche un peu de chaleur contre le semblant de radiateur poussif qui serait tout de même bien capable de me transformer en saucisse grillée. Une petite étincelle et vive le super barbecue de l’année. Du jamais vu Mesdames et Messieurs à cette époque. Je suis certain que je ferais un merveilleux cochon delait.

Je me souviens de mes premières vacations sur un parking de messagerie. Je passais mon temps dans mon véhicule, faute de mieux. Rien pour me réchauffer. Je mettais le contact et faisais tourner le moteur de mon vieux tas de tôle. Le carburant brûlait à vued’œil.

Aujourd’hui, ce n’est pas Versailles, mais je suis protégé. C’est un plus. Tout de même, ils pourraient mieuxfaire.

Et si je m’allongeais sur le banc… Il est trois heures. Dans une demi-heure, j’ouvre, et il tombe des cordes. Le livreur de journaux arrive. Je n’ai pas envie de sortir, ni envie de ressembler à un chat dégoulinant, tenant plus du rat en pleine panique, éjecté tout droit du Titanic en train de couler. Il doit avancer jusqu’à la porte. Il râle, il perd du temps, je m’en fous, je me gèle. Je récupère les trois feuilles de chou. Ah oui, nous avons tout de même la nôtre, il faut bien penser à nous de temps en temps. Donc, il nous est permis de prendre connaissance des nouvelles du jour gratuitement. Yes ! Trop content là ! C’est un avantage absolument prodigieux. Je prendrai un café au resto tout à l’heure après ma lecture que je qualifie d’instructive. Il faut bien se tenirinformé.

Je jette un œil sur le P.T.I1. Je me rends compte qu’il n’est pas chargé… Matériel de merde. Tant pis, je n’ai pas le choix, je ferai sans lui. Et si j’utilisais mon droit de retrait hein ? Pas de P.T.I., pas de ronde. Après tout, je suis tout seul ici. La clôture est en mauvais état, et c’est sans compter les recoins d’ombre. Je peux me faire alpaguer. Pire, être assommé et laissé pour mort. Ça donne envie de bosser. Il ne manquerait plus que la lampe en fasse autant. Je les entends brailler d’ici. Je ris intérieurement au binz que ma décision provoquerait. Je suis mort de rire. Le gardien que vous ne voyez même pas, que vous ignorez quand tout va comme vous le souhaitez, a tout de même un sacré pouvoir sur vous, non ? Je n’ouvre pas, vous ne bossez pas. C’est moi qui tire les ficelles. Moi, Léonard Le Conquérant, le gardien comme vous l’appelez, l’agent de sécurité qui fait partie du décor. Le droit de grève, il paraît que c’est reconnu et légitime. Pour tout lemonde ?

Trêve de plaisanterie, je note sur la main courante que le P.T.I. est hors service. En journée, ils s’en foutent, ils restent ici douze heures, sans même pouvoir pisser. Et moi, je ne bosserai pas ce soir, ni même demain, alorsbasta !

Je regarde ma montre. Ils évitent l’achat d’une pendule. Il faut économiser, les temps sont durs. Je récupère le trousseau de clés, le téléphone de service. J’entrouvre la porte et jette un coup d’œil à l’extérieur. La pluie s’est calmée. Je me décide à sortir. Je me dirige vers le bâtiment administratif, j’ouvre la porte, je coupe l’alarme, et j’effectue une inspection rapide deslocaux.

Puis, je m’occupe du secteur de production. Je compose le digicode. La télésurveillance m’appelle. « C’est l’ouverture ? » Non, sans blague ! Ça se passe toutes les nuits à la même heure, mais des fois qu’on se fasse braquer, j’admets, ça rassure… un peu… « Oui, c’est l’ouverture, c’est l’heure ». Ils demandent le mot de passe, quel mot de passe ? Merde, je l’ai oublié. Et, si je me plante, ils envoient la cavalerie ? Tagada Tagada voilà les Dalton ! Allez, fais un effort mon grand. Je leur dis ce qui me vient à l’esprit, ça marche. T’es le meilleur mon gars ! Plus qu’un petit tour, trois portes à ouvrir, et l’affaire est dans le sac. Je vérifie l’heure sur le téléphone portable, il s’allume, c’est plus pratique et surtout plus rapide. Faut que je me magne, les ouvriers vont arriver. Je cours, et j’aperçois déjà les premiers phares. Oh ! Tu ne peux pas baisser les yeux, enfoiré ? Il s’agite, dès quatre heures du matin, la journée va être longue. Sans blague. Moi, je suis mort, et il faut que je la ferme. Il me reste trois heures à tenir. Il ne va pas me pourrir l’existence. Laisse-le dire. J’ouvre la grille d’entrée. C’est à peine si j’ai eu le temps de m’écarter. Tu te crois où, le frimeur ? Au bowling ? Tu veux faire un strike ? Ta femme a sesrègles ?

Je retourne dans la cabane minable qu’un chien galeux ne voudrait pas. Mes yeux se posent sur les journaux. Je soupire. Je dois y retourner. Les consignes m’obligent à en déposer un exemplaire à l’accueil pour la direction, un autre au local syndical. Bientôt, ils nous feront distribuer le courrier. Comme s’ils ne pouvaient pas s’arrêter au poste de garde pour les récupérer eux-mêmes. C’est quoi le poste de garde au fait ? Ce truc vétuste et insalubre qui nous sert accessoirement d’abri ? La pluie s’est infiltrée sous une fenêtre et dégouline au sol, le long de la cloison. Mais ce n’est rien, nous ne semblons pas mériter mieux. Changer le bungalow ? Mais vous rigolez, vous savez combien ça coûte ? Estimez-vous heureux d’avoir au moins ça. Ouais, parce que nous le valons bien… Nous apprécions cette générosité à sa justevaleur.

Je saisis les deux journaux, je les dépose au pas de course, et, de retour, je remets à leur place clés et téléphone. Je renseigne la main courante, et j’attends que les salariésdéboulent.

Quatre heures quinze. Le défilé de l’équipe du matin commence. Bon Dieu, encore un qui a failli manquer le virage. C’est marqué quoi sur le panneau là ? Dix kilomètres à l’heure ! Repassez le code bande de nazes ! J’ai du mal à intégrer le concept qu’on soit si pressé d’aller au taf. Moi, c’est quand je le quitte, normal. Je guette le bruit d’un choc. Rien. Même pas un dérapage. Je suisdéçu.

Je sursaute à un tambourinement contre la porte. « Ça fait cinq minutes que j’attends » Ah ouais ? Et alors ? Je dois aussi être le garde-barrière. Si ça me gonfle, je vais la bloquer en ouverture. Il veut quoi le pitbull ? Il a oublié son badge. Bon, il va falloir appeler son chef, bien sûr, il ne répond pas quand on le sonne. Il faut lui laisser le temps de prendre son café, de fumer une clope, de se réveiller, de se changer, et cætera, et cætera. Bref, il va attendre encore. Il grogne, il va être en retard, ce n’est pas mon problème, je m’en tape. J’ai des consignes, moi, Monsieur. Je fais mon boulot. Ah ! Le chef rappelle. Alors quoi, pourquoi il ne rentre pas ? Il a sa carte d’identité ? Parce que tu ne réponds pas quand je te cherche, t’as imprimé là ? Je lâche le fauve, il part en claquant la porte, la cahute tremble de tous les côtés. Un jour, c’est sûr, tout va s’écrouler. Je ne sais pas ce qui me retient d’y mettre le feu, de tout plaquer et de quitter ce monde de brutes pour lesBahamas.

Cinq heures, l’équipe est au complet, et, ô merveille, le calme est revenu. J’entends le ronflement des machines au loin, un bruit étouffé par la bâtisse. J’ai envie d’un café. J’en profite pour en griller une. À mon retour, je pose le gobelet sur la table à côté du banc, et je m’installe au mieux, malgré le froid humide de la fin de nuit. Jefrissonne.

Je nettoierai plus tard. Dans tous les cas, je ne vois pas comment rafraîchir cette cage à poules merdique. Ouais ! Sans blague ! La boniche a décidé de faire la grève du zèle. Je ne suis pas encore à la fin de ma vacation. Je peux bien m’accorder un peu de répit… Juste un petit quartd’heure…

Je me sens étrangement bien, apaisé, comme flottant sur une épaisse couche de nuages, l’esprit dans la ouate, libéré. Je vole, je vole… Je plane au-dessus de l’usine minuscule et sa fourmilière en mouvement. Je fais un signe, personne ne répond. Aucune importance, normal, on ne me voit pas, je suis trop bien, en apesanteur. Mais que se passe-t-il ? Je tombe en chute libre, mon corps remue dans tous les sens, j’entends un bruit de voix. Ausecours !

Je retrouve mes esprits dans un sursaut, ma relève estarrivée.

— Mais qu’est-ce que tu fous Léo ? Secoue-toi nom de Dieu, y a au moins dix bagnoles qui bloquent l’entrée, çagueule !

— Il est quelleheure ?

— Six heuresquarante-cinq.

— Ohputain !

Je tourne la tête, mon café est toujours là, froid. Je prends conscience que je me suis endormi. Le collègue actionne l’ouverture de labarrière.

— Putain ! T’as encore pas lavé ! Tu ne vas pas me dire qu’en douze heures de vacation, tu n’as pas eu letemps !

— Rien à foutre ! c’est déjà une merde ce truc-là, ça ne changera pas grand-chose. Je ne suis pas femme de ménage. Je suis agent de sécurité. Écoute, mentionne-le sur la main courante si tu veux. De toute façon, ils ne vont pas me virer pour une connerie pareille. Je m’en bas lescahuètes.

— Tu sais bien que c’est clairement stipulé dans le règlement intérieur. Les agents doivent entretenir le poste de travail ! C’est juste une question d’hygiène et de respect. C’est quand même pas trop demander, non ? Tu fais chier, Léo ! Sinon quoi de neuf ? Y a desconsignes ?

— Quoi, quelles consignes ? Non, rien, le PTI, il déconne. Je l’ai noté. Faudra appeler l’agence dans la journée. SinonR.A.S.

— Je m’en fous, je ne m’en sers pas, lajournée.

— Tu t’en fous ? Moi aussi. On est mal barrés. C’est génial l’esprit d’équipe. Avec moi, c’est donnant-donnant. Dans le cas contraire, chacun samerde.

Allez, moi, je me casse. Je vais me coucher pour de bon. Ras-le-bol. Salut. Bonne journée. À Plus. Je récupère mes affaires à la hâte, je ferme mon sac à dos, et regagne ma voiture garée à proximité. Même le parking des salariés nous est refusé. Nous ne sommes pas du même monde. À chacun sa place. Celle du chien est bien à la niche. Je m’installe au volant après avoir balancé mon baluchon dans le coffre, je mets le contact, et je roule vers d’autres cieux,enfin…

Je suis épuisé. Trente bornes à faire avant de vraiment décompresser. Les yeux brûlent, la nuque est raide. Les paupières ne demandent qu’à se fermer. Mais peu importe, je retourne chez moi, loin de ce prodigieuxbazar.

Klaxons à un carrefour, je manque de me faire emboutir par une voiture à ma droite, j’ai refusé la priorité, j’ai coupé la route, un peu tard, je fonctionne au radar. C’est à peine si je réagis. Je crois que je l’ai échappébelle.

La route est longue, surtout les quinze derniers kilomètres, ce quart d’heure où tout peut basculer, où la vigilance n’est plus là, trop confiant de s’approcher du port, mais le navire n’a pas encore accosté. Ma tête s’alourdit. Je me fais doubler. J’ai du mal àavancer.

Plus que cinq kilomètres. Je vois le bout du tunnel. Le panneau d’entrée de ma ville. J’y suis presque… Plus que cinq minutes… Le sprint à l’approche de la ligne d’arrivée. Enfin E.T. Maison ! Je récupère fébrilement mon trousseau de clés, déverrouille la porte du garage afin de mettre mon véhicule à l’abri. Je suis arrivé àdestination.

Une douche, un petit déjeuner rapide, trois heures environ de sommeil, pas plus, il ne faut pas trop dormir, ce soir je ne travaillerai pas. Je vérifie mon planning pour m’en assurer. J’ai quarante-huit heures de repos, après trente-six heures de travail. Pour l’instant, je ne pense plus qu’à ladétente.

Il est treize heures, ma « nuit » est déjà terminée. À peine quatre heures de repos. Je ferai mieux ce soir, peut-être. Je mets la cafetière en route, je rince le bol utilisé ce matin que j’ai posé dans l’évier, et je branche le grille-pain, j’insère deux tranches de pain de mie. J’ouvre le réfrigérateur, je fais le point sur ce qu’il me reste, plutôt vite fait. Si j’insiste un peu, je suis certain que je finirai par entendre de l’écho. Je prends le fromage, un paquet de jambon cru sous cellophane dont la date est passée de quelques jours. Bon je ne vais pas enmourir.

La fabrique de caféine ronronne, il faudrait que je la détartre, elle est un peu longue, ou est-ce moi qui deviens impatient… J’y penserai demain. Je récupère le récipient et m’en verse une petite quantité. Le pain grillé saute, les tranches sont trop noires, j’ai encore oublié de régler le thermostat. Tant pis pour moi. Je récupère les toasts en me brûlant les doigts, je bois une rasade de café chaudréconfortant.

Ah ! Que c’est bon d’être chez soi. Ne plus penser à rien, ne plus regarder l’heure, ne plus ressentir d’angoisse ou de stress. En même temps, pas de quoi en avoir. Mais bon, pas simple à gérer tous les jours quand même. Et puis j’aime travailler la nuit, là au moins on me fiche la paix. Mon repas frugal terminé, je laisse tout en vrac sur la table de la cuisine. J’ai envie d’air. J’ouvre la porte-fenêtre du séjour et me prends en pleine face le souffle frais de l’automne. Je ne vois pas de soleil. L’humidité persiste. Putain detemps !

J’allume une clope et aspire avec gourmandise cette fumée qui m’empoisonne un peu plus chaque jour. Le toubib me dit qu’il faut que j’arrête à chaque consultation. Je tousse, c’est de saison. J’observe un chat qui avance à pas feutrés, méfiant, comme si j’étais un danger potentiel, c’est bien connu, je suis rapide comme l’éclair, c’est moiSuperman.

Il marque un temps d’arrêt, me fixe de ses yeux verts. Il me fait rire ce greffier. Je prends la pose d’un boxeur prêt à bondir, les jambes écartées, les genoux pliés, les poings prêts à cogner, sautillant sur place, d’un pied sur l’autre. Digne de Mohamed Ali. « Allez viens, tu veux te battre ? Allez viens le chat, viens ! » Il se met sur la défensive et se raidit sur ses pattes en arrondissant le dos, poils hérissés. Silence, la queue du chat balance. Je ris de plus belle. Je me dis que c’est con unchat.

Il prend la poudre d’escampette et s’enfile souplement sous le grillage, passant chez les voisins. Courage ! Fuyons ! Je balance mon mégot, et je referme lafenêtre.

Je fouille dans la pile de mes vidéos, un bon film pour l’après-midi, tranquille. Je branche le lecteur et insère le Compact Disc. Pendant qu’il charge, je me reverse un autre café. Puis je m’installe sur le canapé, pas plus en état que moi. Je me dis qu’il faudrait le virer, juste garder un fauteuil ou deux. Plus tard. Je chope la télécommande sur la table basse et lance la lecture. Le générique défile, je me cale contre le dossier, un oreiller dans le bas du dos et allonge les jambes sur un pouf. Je suisbien…

Je sursaute au bruit assourdissant d’une musique endiablée. Sur l’écran face à moi, une scène de bagarre. Mais quelle heure est-il ? Le film est quasi terminé, je n’ai rien vu. Super ! Il est dix-sept heures trente, la pénombre a envahi la pièce, l’enveloppant d’un noir intense. Seules les lumières des lampadaires de la rue proche projettent un semblant de lueur. Allez Léo ! Je m’étire et me lève péniblement. J’allume la pièce et j’éjecte la vidéo du lecteur afin de la remettre dans son étui. Deux jours de repos et déjà la première journée est bouclée. Saloperie de métier ! Bon, un petit remontant ? Ouais, et puis c’est l’heure de l’apéro, un whisky ne me fera pas demal.

Je m’en sers un verre, la télévision marche toujours, je ne la regarde pas, j’entends, mais je n’écoute pas. C’est juste un bruit de fond, une compagnie pour meubler le silence. Je pense à ma vie, je pense qu’il faut que j’arrête ce rythme de dingue. Je pense que depuis dix ans, c’est ce foutoir qui paye mesfactures.

Un verre, suivi d’un second, puis d’un troisième. Je m’en fous, je ne travaillerai ni ce soir, ni demain, je me sens seul, désespérément seul… Mais quelle femme partagerait ce genre de vie là ? Il y a bien Maria. Elle est géniale, trop sans doute. Elle mérite bien mieux. Elle me supporte… Un peu… Je devrais adopter un chien, ou un imbécile de greffier. J’aurais moins mauvaise conscience… Quoique… Ah ! Quand on parle du loup… Un texto « Coucou comment tu vas ? Je passe ce soir si tu veux, j’apporte le dîner » ? Bof, pas trop envie, plutôt besoin de m’enfermer dans ma grotte, mais bon si ça lui fait plaisir« OK ».

Dix-neuf heures. La sonnette de la porte d’entrée retentit. J’ouvre sur une belle brune aux yeux bleus étincelants « Tu m’aides ? C’est lourd ! » Comment elle fait pour rester aussi belle après toutes ces années ! « C’est quoi ? » « Choufarci ».

Nous échangeons des banalités d’usage, je lui raconte ma dernière nuit, comme tant d’autres, mon ras-le-bol, comme d’habitude, comme de plus en plus. Elle soupire. Je l’ennuie ? Non, elle désespère me dit-elle. Elle désespère de me voir heureux un jour, elle me conseille de consulter. Moi ? Eh ! Faut pas pousser tout de même. Je ne suis pas encore fada ! Je coupe court à la discussion qui me met mal àl’aise.

Nous passons à table. Elle me raconte à son tour sa journée plus agréable que la mienne. Elle, au moins, est satisfaite de ce qu’elle fait, c’est bien. Moi, je ne pourrais pas rester toute la journée, voire certaines nuits, au milieu de bestiaux malades. Mais elle a choisi de leur sauver la vie. Après tout, cela ne doit pas être pire que pour les humains. Dans le fond, c’est Maria qui a raison, il n’y a que mon nombril qui compte. Je n’ai du cœur pour rien, si ce n’est pour mon métier. Si elle savait ce que j’enpense…

J’ai envie d’un autre verre de vin, je ne sais plus à combien j’en suis. Et d’en griller une. Je l’allume dans la cuisine et, à mon habitude, j’ouvre la fenêtre du séjour pour la fumer dans lejardin.

À mon retour, Maria me toise de ses beaux yeux qui n’étincellentplus.

— Tu fumes trop, tu bois beaucoup trop aussi. Combien tu en as descendu avant quej’arrive ?

— Tu m’emmerdes Maria. J’avais une mère, elle, je la respectais, toi, tu n’as pas d’ordres à medonner.

— Bien, écoute, je vais rentrer chez moi. Je t’appelle demain. D’ici là, tu auras sans doute retrouvé tes esprits. Je te laisse la gamelle. Tu auras un repas tout prêtdemain.

Elle se lève, prend son sac à main, son manteau et se dirige vers la sortie. Je la suis en silence. Elle pose sa main sur la poignée et, un instant, s’arrête. Elle fait volte-face, me caresse la joue tendrement « Je ne suis pas contre toi Léo, je suis inquiète, prends soin de toi, à demain ». Elle m’embrasse furtivement sur la joue en se hissant sur la pointe des pieds, etdisparaît.

Maria, cette femme sublime et formidable que je ne mérite pas, cet ange qui me traite comme un roi et moi, je me comporte avec elle comme un vrai con. Faute avouée est à moitié pardonnée paraît-il. Je vais tâcher de m’en convaincre. Et puis, après tout, je ne lui demande rien moi. Elle est assez grande pour prendre ses décisions toute seule. Je ne parle pas de sa taille, sacré couillon ! Elle est mignonnette sataille !

Je laisse le bazar en vrac, je rangerai demain. Je gobe un cacheton prenant soin d’emporter la boîte que je poserai sur la table de chevet, au cas où, et je monte m’allonger. Il faut que je dorme cettenuit…

Je loupe la première marche de l’escalier et m’affale comme un gros sac dans un fracas de tremblement de terre me coupant le souffle. Bravo mon gars. Tu as l’air d’un con. Je grommelle des trucs invraisemblables, des onomatopées interdites aux moins de dix-huit ans, n’ayant de sens que dans mon esprit embrumé, je me relève péniblement dans un grognement qu’un ours des cavernes m’envierait. Eh ! Toi, le gros poilu, laferme !

Allez, un petit effort, on y est presque. Plus que quelques marches. Je m’écroule enfin sur mon lit. Je me laisse aller à ce délice paradisiaque du sommeil. Pas le courage de medessaper.

Salut les terriens, Morphée2 m’appelle, il ne faut pas ledécevoir…

1P.T.I. Aussi appelé « Homme Mort ». (Protection du travailleur isolé) ou un DATI (dispositif d’alarme pour travailleur isolé). Dispositif utilisé par un (ou plusieurs) travailleurs « hors de vue et hors d’ouïe » d’autres travailleurs (exemple : dans un environnement dangereux, pour des veilleurs de nuit). Un téléphone portable est communément utilisé avec la fonction P.T.I. L’alarme se déclenche lorsque l’appareil est en position horizontaleprolongée.

2Morphée est, dans la mythologie grecque, une divinité des rêves prophétiques. Il est, selon certains théologiens antiques, le fils d’Hypnos (Le Sommeil) et de Nyx (La Nuit), et selon d’autres, la principale divinité des mille Oneiroi engendrés par Nyx seule. Il a pour vocation d’endormir lesmortels.

CHAPITRE II

SalutClaudie !

— Qu’est-ce qu’ona ?

— Ce n’est pas beau à voir patron. La victime, un homme d’une quarantaine d’années, type européen. Un certain Gérard ANTOINE. Il a été poignardé dans son lit. L’agresseur s’est littéralement défoulé surlui.

— Hum… Qu’en pense lelégiste ?

— Commissaire GUÉRIN, c’est un plaisir de vousrevoir !

— En voilà un qui a de l’humour. Salut Doc, vos premièresconstatations ?

— La victime a été poignardée à plusieurs reprises, l’arme n’a pas étéretrouvée.

— Couteau ? Poignard ? Quelletaille ?

— Je vous en dirai plus aprèsl’autopsie.

— Des traces de lutte oud’effraction ?

— Oui patron, venez voir. Regardez là, l’agresseur a cassé la vitre pour ouvrir le verrou. Avec un peu de chance, on aura son A.D.N. Pas de traces de lutte. Il a dû l’avoir en pleinsommeil.

— Je veux un relevé complet, traces de chaussures, c’est humide dehors, empreintes, recherches d’A.D.N., si, comme vous le dites, c’est de l’ordre du possible. Et cætera, bref, tout le monde connaît lachanson.

— Okpatron.

Quatre heures du matin. La commissaire Claude GUÉRIN se trouvait déjà sur le pied de guerre. Un balisage jaune entourait le terrain autour d’une maison, en pleine campagne. Quatre heures du matin, bon sang, elle aurait payé cher pour se trouver encore sous la couette. La brigade scientifique s’affairait sur les lieux à effectuer tous les prélèvements nécessaires, à prendre des clichés de la scène du crime. Dans leur combinaison blanche, recouverts de la tête aux pieds, les techniciens biologistes semblaient être des extraterrestres, des cosmonautes, des êtres imaginaires, flottant et virevoltant. Elle qui rêvait de vacances, ce n’était pas pourmaintenant.

Elle s’éloigna de cet univers lunaire, fit un signe de la main à l’assemblée, lança un « ROBERT ! Huit heures au poste avec vos premières conclusions ! » « Ouipatron ! ».

— Salut Claudie, comment tuvas ?

— Salut Léo, y a que toi qui m’appelles comme ça, même les yeux fermés je te reconnaîtrais entre mille. Qu’est-ce quit’amène ?

— Parce qu’il faut une raison pour venir te voir ? Je pensais qu’un vieil ami comme moi avait droit d’accès illimité dans ton jardinprivé.

— Pas à moi tu veux ? Tu n’agis jamais sans raison, jamais si ça ne sert pas tes intérêts, tu te fous pertinemment des autres. Va au but, j’ai du boulotlà.

— Tu bosses sur quoi en cemoment ?

— Ça ne te regarde plus il mesemble.

— Même pas en souvenir du bon temps ? Je t’ai connue plus coopérante. Tu as toujours ton petit whisky dans le bas duplacard ?

— C’est ça, ne me fais pas ton chantage affectif habituel. Je ne me laisse plus avoir. Il est dix heures du matin. Tu n’as pas cassé la gueule à tes démons à ce que jevois.

— Commence pasClaudie.

— Tu culpabilises toujours on dirait. Tu as peur de quoi ? Tu n’es responsable de rien Léo, et tu lesais.

— Je n’ai pas été là quand il le fallait… Je n’ai pas su agir… Deux fois Claudie… Et toi, les tiens, tu les explosesquand ?

— Mais enfin déconnes pas tu ne pouvais rien faire. Les miens ? Comment ça lesmiens ?

— Commissaire Claude GUÉRIN de sexe féminin, mais que Papa aurait voulu de sexe masculin, qui fait tout son possible pour se comporter en mec pour être acceptée par son paternel et qui en oublie d’être une femme. Bref, une vraie casse-cou qui zappe sonidentité.

— N’importequoi !

— Ah ouais ? Et tu crois que je voulais quoi, moi, dans mon lit hein ? Un garçon manqué ? Une dominante adepte de la cravache et des menottes ? Trop drôle les menottes ! Sans doute une déformation professionnelle. À croire que tu ne peux plus t’en passer. Ça m’excite rien que d’y penser la vache ! Non madame, je voulais une femme, une vraie femme, douce, tendre, féminine, sexy, une gonzesse quoi ! À la limite, j’aurais admis le costume del’infirmière.

— Mets-la en veilleuse, tout le mondet’entend !

— Tiens, Madame se soucie de sa réputation ! Ok je mecalme.

— Tu as Maria maintenant, si elle supporte ça encorelongtemps.

— Laisse là en dehors deça.

— Pourtant elle y est mêlée. Je te rappelle que tu as quitté la Maison à cause de ça, et que tu m’as quittée à cause de ça. Apparemment ça ne t’a pas suffi. Alors que tu cherches à me culpabiliser, c’est plutôt gonflé de tapart.

— Je ne suis pas venu pour que tu me fasses lamorale.

— Mais tu m’écoutes quand même, je suis la seule qui arrive à te rentrer dans le lard sans se faire rembarrer. Tu ronges ton frein, mais tu m’écoutes. Je suis peut-être un mec travesti en femme, et d’ailleurs peu importe le costume puisqu’il ne sera jamais le bon pour toi, et je m’en balance. Mais il m’arrive d’avoir les couilles que certains n’ontpas.

— C’est pour moi cette réflexion ? Merci du cadeau,génial.

— Vois avec ta conscience, désolée de te dire ce genre de chose, mais tu l’as cherché. Nous avons été complices sur le terrain bon nombre de fois. On est de la même veine toi et moi, et tu ne peux rien y faire. Même si tu n’es plus flic aujourd’hui, y’a pas d’antidote pour cevirus-là.

— Mouais, j’ai fait une connerie de partirClaudie ?

— Il n’y a que toi qui puisses le savoir Léo. Ce qu’il y a de certain, c’est que tu aurais dû suivre une thérapie avec un psy avant de claquer la porte. Pas à la brigade, comme tu le sais, ce n’est pas demain la veille qu’on en aura un à disposition, à mon grandregret.

— J’aime pas les psys. On en a déjà assezparlé.

— À force de te blinder, tout va exploser. Il faudra bien que tu y penses un jour. Je dois y aller, prends soin de toi. Fais pas de conneriesLéo.

— J’y travaille, comme d’hab. tu me connais. Bye Claudie, à laprochaine.

— Oui, justement… Faisgaffe.

Léonard

Je sors du commissariat et je déambule dans les rues, sans but jusqu’à la terrasse d’un bistrot où je commande un caféserré.

Malgré le froid humide, je suis resté à l’extérieur pour pouvoir fumer, histoire de m’aider à réfléchir. Je sais c’est con, mais ça m’aide à me concentrer. Le serveur dépose un expresso devant moi sur la petite table, me présente la note, absolument pas en rapport avec la taille de la tasse. J’extrais mon paquet de cigarettes de la poche de mon pardessus et cherche fébrilement monbriquet.

La clope entre les lèvres, je joue avec la flamme qui danse avec le vent, je la caresse du bout des doigts, essayant de sentir un peu de chaleur. Je l’approche pour allumer mon distributeur de poison et le pose devant moi. J’aspire une grande bouffée et expire la fumée qui s’échappe en volutes grisâtres. J’observe ce nuage léger et libre de toute contrainte, je me dis que je voudrais bien être à sa place et m’évaporer aussi simplement quecela.

Je pense à la légèreté de Maria, à sa gaieté, à son sourire, à sa beauté. Que puis-je donc lui apporter sinon des embrouilles, des nuages noirs, des orages, des tempêtes ? Quand j’imagine notre couple, j’ai l’impression de voir Quasimodo et Esméralda. Victor Hugo doit bien rire à ce piètre cliché. Personnellement, cette extrapolation me ferait plutôt grincer des dents. Il faudra, qu’un de ces quatre, je lui parlesérieusement.

J’arrête mes réflexions philosophiques et je remonte le col sur ma nuque, je remets mon briquet dans une poche, je bois le café d’une traite, et je file. Je parcours le boulevard d’un pas rapide. Un passant me salue. Je bougonne un bonjour inaudible. Je contourne un square, le cinéma, tiens, je le croyais fermé. Je m’arrête à un food-truck et je commande un hot-dog accompagné d’un cornet de frites pour mon déjeuner. J’accélère le pas et arrive enfin devant chez moi. Je tourne la clé dans la serrure, et, comble du bonheur, je m’enferme dans ma grotte, seul. Je m’adosse contre la porte et ferme lesyeux.

J’ai envie d’unwhisky.

CHAPITRE III

Ah ! Vive lesjournées…

Cinq heures du matin. Putain de réveil ! Je m’assois sur le bord du lit, péniblement. J’ai la bouche pâteuse, j’ai mal dormi. Je passe les doigts dans les cheveux engrimaçant.

Changement de planning de dernière minute, un de plus. J’aurai une prime de dépannage de quinze euros. Ça me fait de belles jambes. Dignes d’une majorette… poilues ! Bien sûr, et demain je repars de nuit. Oh ! Je me tire une balle dans la tête maintenant ou j’attends un peu ? C’est vous qui me diteslà !

Et comme de bien entendu, ce sont toujours les mêmes poires qui dépannent. Eh bien mon vieux, il ne tient qu’à toi de ne plus accepter, fais comme les collègues. Ils ne s’en portent pas plus mal, et tu n’es pas plus payé pour autant ni mieuxconsidéré.

Allez, tu as bien refait le monde pendant dix secondes, il faut y aller. Douche, café pris sur le pouce, et en route. Je n’ai pas vraimentfaim.

J’arrive sur site à six heures quarante-cinq et c’est déjà une vraie ruche. Tout le monde court dans tous les sens. C’est vrai que d’habitude je suis à moitié dans le gaz… dans le meilleur descas.

— Salut quoi deneuf ?

— Bof rien commed’hab.

— Super.