Les braises de l’espoir - Klary McKray - E-Book

Les braises de l’espoir E-Book

Klary McKray

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Beschreibung

"Les braises de l’espoir" retrace le parcours de Claire et Thomas, unis face à l’épreuve de l’autisme de leur fils, Mathis. Dans leur foyer, chaque avancée est une victoire, chaque instant, une bataille empreinte de tendresse et de courage. Mais un drame vient fracasser cette harmonie fragile, les plongeant dans une épreuve où douleur et doutes menacent de les engloutir. Pourtant, au creux des ténèbres, une lueur subsiste : celle de l’amour, de la résilience et d’une renaissance possible. Un récit sur la force des liens familiaux, la traversée du deuil et la lumière qui peut jaillir des épreuves les plus sombres.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Klary McKray, ayant grandi en famille d’accueil, a trouvé dans l’écriture un moyen d’exprimer ses émotions. Passionnée par les mots et le dessin, elle puise dans son expérience, notamment avec son petit frère, pour écrire Les braises de l’espoir.

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Seitenzahl: 226

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Klary McKray

Les braises de l’espoir

Roman

© Lys Bleu Éditions – Klary McKray

ISBN : 979-10-422-6789-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Avant la tempête

Le matin se levait doucement sur la maison de Claire et Thomas. L’air était encore frais, et la lumière du soleil perçait les rideaux de la chambre, projetant des ombres claires sur les murs. La maison avait ce parfum familier du matin – le café fraîchement préparé, les draps qui gardaient encore la chaleur des corps endormis. Une tranquillité absolue.

Mathis était déjà réveillé. Comme toujours, il avait pris ses habitudes. Il n’aimait pas être réveillé brusquement, alors Claire savait qu’elle devait lui laisser le temps de se réveiller à son rythme. Le bruit léger des pas de son petit garçon résonnait dans la maison, toujours un peu particulier, comme une danse solitaire dans sa propre réalité. Elle se leva lentement, les bras légèrement endoloris par une nuit trop courte.

Mathis, à sept ans, ne dormait jamais profondément, et il avait souvent besoin de se lever pendant la nuit. Mais ce matin-là, il semblait tranquille.

Thomas, lui, était déjà dans la cuisine. Il était un homme du matin, toujours prêt à commencer la journée avec un sourire. Claire se rendit doucement dans la cuisine. Thomas était en train de préparer le petit-déjeuner – des pancakes, la spécialité de Mathis. Le parfum du beurre qui fondait dans la poêle se mêlait à l’odeur du café qui percolait dans la machine.

« Tu sais, tu pourrais être chef à temps plein, Claire dit en souriant, se frottant les yeux pour effacer la fatigue de la nuit.

Thomas tourna son visage vers elle, un sourire fatigué sur les lèvres. Chef de pancakes, tu veux dire. J’ai encore des progrès à faire pour tout le reste. »

Claire rit doucement, s’asseyant à la table. La cuisine était le cœur de leur maison, l’endroit où ils se retrouvaient tous les matins. La routine, même si elle était parfois épuisante, leur apportait un sentiment de stabilité. Mathis, qui détestait être pressé, n’aimait pas quand la journée commençait trop vite, mais ici, tout semblait lent et prévisible. Il pouvait se réveiller à son propre rythme, profiter de la chaleur de la maison avant de se plonger dans le monde extérieur.

Le petit garçon entra dans la cuisine, tout doucement, comme une apparition silencieuse. Ses yeux sombres se posèrent un instant sur ses parents, mais il ne dit rien. Mathis n’avait jamais été un enfant bavard. Il n’avait pas encore trouvé les mots pour exprimer ce qu’il ressentait, et peut-être que, tout simplement, il n’en avait pas besoin. Il se dirigea vers la table, s’installant sans un bruit.

Claire lui adressa un sourire doux. « Bonjour mon amour. » Elle se pencha légèrement pour toucher son épaule, un geste qu’il évitait parfois, mais elle savait qu’il finirait par accepter. Ce matin-là, il ne bougea pas, comme s’il savait que c’était juste une façon pour elle de le rejoindre dans son monde silencieux.

Thomas posa une assiette de pancakes devant lui, décorée de fruits frais, et Mathis, sans un mot, se mit à manger lentement. Les gestes étaient simples, mais ils étaient remplis de tendresse. Claire et Thomas se regardèrent, un sourire complice sur leurs lèvres. Ils savaient que leur fils ne dirait jamais « merci », ni même « bonjour », mais chaque mouvement de Mathis était une déclaration d’amour silencieuse. Chaque petite victoire dans la communication de leur fils était un pas vers quelque chose de plus grand. Un sourire, un regard prolongé, un geste d’affection… tout cela avait sa propre beauté.

« Tu as vu le programme de l’école pour cette semaine ? » Thomas demanda à Claire en lui tendant une tasse de café.

« Oui, mais je suis un peu nerveuse pour la réunion de jeudi. Ils vont probablement nous parler des progrès de Mathis. » Claire répondit en soupirant doucement. Mathis avait du mal à s’intégrer dans les groupes d’enfants, et chaque réunion à l’école semblait la plonger un peu plus dans l’incertitude. Mais elle n’était pas seule dans cette épreuve.

Thomas était là, toujours à ses côtés, pour l’épauler dans les moments de doute.

« On fera ce qu’on peut. On sait tous les deux que Mathis progresse à sa manière. » Thomas posa une main sur la sienne. Ce simple geste, si naturel, faisait partie de leur complicité. Ils étaient une équipe. Rien n’était parfait, mais ils se soutenaient, jour après jour, comme ils l’avaient toujours fait.

Le petit-déjeuner se poursuivit dans un silence confortable, entrecoupé de petites questions pratiques. Les pancakes étaient toujours le moment préféré de Mathis. Claire savait que ce petit rituel, si simple, était quelque chose qui apportait à leur fils une forme de sécurité. Mathis mangeait sans se presser, ses yeux fixant ses assiettes, concentré sur la texture et la couleur des aliments. Claire l’observait discrètement. Elle savait que l’autisme de Mathis lui offrait une vision du monde qui n’était pas la même que celle des autres enfants. Les sons, les textures, les lumières… tout cela pouvait parfois être accablant pour lui. Mais ici, dans cette maison, il était en sécurité. Il n’y avait pas de jugements, pas de pression. Juste de l’amour, sans condition.

Une sortie au parc

L’après-midi, comme souvent, ils décidèrent de se rendre au parc. Mathis, même s’il n’interagissait pas avec les autres enfants, adorait observer les oiseaux et les arbres. Claire avait appris à apprécier la beauté de ces moments calmes. Elle s’assit sur un banc, regardant son fils s’éloigner un peu. Il se dirigea vers un coin tranquille du parc, loin des autres enfants qui jouaient bruyamment. Mais Claire n’en avait pas besoin. Elle savait que Mathis avait trouvé son espace.

Thomas la rejoignit sur le banc, en souriant, heureux de voir que Mathis avait trouvé un peu de paix. « Il est comme son père, tu sais. Il regarda Mathis, qui était là, à l’écart, à observer la nature avec un regard concentré. Un solitaire, mais toujours heureux. »

Claire sourit, mais une pointe de tristesse traversa son regard. « Tu crois qu’il va s’adapter un jour ? » Elle n’avait jamais cessé de se poser cette question, surtout quand les rencontres à l’école devenaient plus difficiles.

« Il a son propre rythme, Claire. Il faut juste qu’on le suive. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de grandir. Lui, il fait ses premiers pas à sa façon. Thomas la regarda tendrement, lui prenant la main. Et toi, tu n’es pas seule dans tout ça. On est ensemble. »

Claire ferma les yeux un instant, se sentant réconfortée par la force tranquille de Thomas. Elle savait qu’il était toujours là pour elle, pour Mathis, quoi qu’il arrive. Et en ce moment, dans ce parc tranquille, avec son fils et son mari à ses côtés, elle se sentait en paix. Le monde extérieur était parfois rude, mais ici, chez eux, il n’y avait rien d’autre que la chaleur de leur famille. Rien n’avait plus de valeur que cela.

La soirée à la maison

Le soir, après le dîner, ils s’installèrent dans le salon. Thomas alluma la télévision, mais personne ne semblait vraiment intéressé par ce qui se passait à l’écran. Mathis était dans sa chambre, jouant seul, ses jouets disposés méticuleusement autour de lui. Claire et Thomas se regardaient en silence, un sourire apaisant sur leurs lèvres.

« Je n’ai pas besoin de plus, tu sais, murmura Claire en s’appuyant contre lui. Pas tant qu’on est tous ensemble. »

Thomas hocha la tête, lui caressant doucement les cheveux. « Moi non plus. Tant que tu es là, tout ira bien. »

Mathis arriva alors, lentement, dans le salon. Il s’assit sur le canapé, se blottissant contre sa mère. Claire, le cœur léger, le serra dans ses bras, même si elle savait que, parfois, il détestait être touché. Ce petit moment de tendresse, aussi rare soit-il, était leur façon à eux de se dire qu’ils s’aimaient.

Ce soir-là, tout semblait parfait. Rien n’était compliqué. Ils étaient juste une famille, ensemble, unis dans l’amour et l’acceptation de leurs différences. Le monde à l’extérieur pouvait être bruyant, chaotique, difficile, mais ici, dans cette maison, l’amour de Claire, de Thomas et de Mathis était tout ce dont ils avaient besoin pour se sentir complets.

Chapitre 2

Des jours ordinaires, des trésors cachés

Les jours passaient avec une certaine régularité pour Claire, Thomas, et leur fils Mathis. Leur vie était faite de rituels, d’habitudes, et de ces moments si simples qu’ils en devenaient précieux. Mais pour eux, chaque jour était une victoire, une démonstration de leur amour inébranlable face aux défis constants de l’autisme de Mathis.

Le lundi matin était toujours le plus difficile. Mathis avait du mal à s’adapter aux changements de rythme. Claire savait qu’il détestait l’école, pas parce qu’il n’aimait pas apprendre, mais parce que l’environnement était souvent trop bruyant, trop chaotique pour lui. Ce matin-là, elle sentit la tension dans la maison dès qu’elle descendit dans la cuisine. Mathis était déjà éveillé, mais il errait dans le salon, les doigts serrés sur une petite balle anti-stress qu’il ne quittait presque jamais.

Claire s’approcha doucement. « Bonjour, mon cœur. » Elle lui parla avec cette voix douce et calme qu’elle avait adoptée au fil des ans, sachant qu’un ton trop brusque pourrait déclencher une crise. Mathis leva les yeux vers elle, mais il ne répondit pas. Il continua de presser sa balle, son regard légèrement fuyant.

Thomas entra alors dans la pièce, une tasse de café à la main. « Mathis, regarde ce que j’ai trouvé. » Il tendit un petit avion en papier qu’il avait fabriqué. C’était un rituel qu’il avait instauré chaque lundi, un moyen d’apaiser leur fils avant l’école. Mathis tendit timidement la main et prit l’avion. Il ne dit rien, mais son expression se détendit légèrement.

Claire observa la scène, son cœur gonflé de gratitude pour son mari. Thomas avait ce don de rendre chaque situation un peu moins lourde. « Tu es incroyable », murmura-t-elle en passant à côté de lui pour attraper un verre d’eau.

« Non, je fais juste ce que je peux », répondit-il avec un sourire.

Les trajets silencieux

Le trajet jusqu’à l’école était toujours une épreuve. Mathis s’asseyait à l’arrière, son avion en papier entre ses doigts, et fixait la fenêtre sans un mot. Claire jetait de temps en temps un coup d’œil dans le rétroviseur, cherchant un signe, une expression, quelque chose qui lui donnerait l’impression qu’il était prêt pour la journée. Mais son fils restait impassible, enfermé dans son monde.

Quand ils arrivèrent devant l’école, Mathis hésita. Il ne sortit pas tout de suite de la voiture, fixant la porte d’entrée avec une intensité presque douloureuse. Claire descendit et ouvrit doucement la portière. « Viens, mon ange, c’est juste une autre journée. »

Mathis serra son avion en papier contre sa poitrine et sortit finalement de la voiture. Il ne prit pas la main de Claire, comme toujours, mais il marcha à ses côtés jusqu’à la porte. Avant qu’il n’entre, elle se pencha légèrement. « Je serai là à la sortie, comme toujours. Je t’aime. »

Il ne répondit pas, mais son regard croisa le sien pendant une fraction de seconde. C’était suffisant pour Claire. Elle savait que, dans son propre langage silencieux, il avait entendu ses mots.

La routine du couple

Avec Mathis à l’école, Claire et Thomas avaient quelques heures pour eux. C’était rare, ces moments où ils pouvaient respirer, parler de choses qui n’étaient pas liées à l’autisme, ou simplement profiter de la compagnie l’un de l’autre.

Ce jour-là, ils décidèrent de faire un tour au marché du centre-ville. Le bruit des étals, les couleurs vives des fruits et légumes, les odeurs de pain chaud leur donnaient une sensation de normalité. Claire se tenait près de Thomas, son panier à la main, tandis qu’il discutait avec un boulanger au stand. Ils semblaient si ordinaires, comme n’importe quel couple, et pourtant, tout dans leur vie était marqué par des sacrifices et des adaptations.

« Qu’est-ce que tu dirais d’un dîner à deux ce soir, après que Mathis fut couché ? » proposa Thomas en prenant une baguette fraîche.

Claire rit doucement. « Un dîner à deux dans le salon avec des jouets de Mathis sous les pieds ? Pourquoi pas. »

Il lui sourit. « Ça me va. Tant que tu es là, je m’en fiche de l’endroit. »

Claire sentit une chaleur envahir son cœur. Elle se rendit compte à quel point elle avait de la chance d’avoir un mari comme Thomas, patient, aimant, toujours prêt à rendre leur vie un peu plus douce.

Les défis de l’après-midi

Quand ils récupérèrent Mathis à l’école, il semblait fatigué. Son visage était fermé, et il évitait leur regard. Claire savait que quelque chose s’était passé. Une journée difficile, peut-être un bruit inattendu, ou un changement dans la routine de la classe. Elle posa doucement une main sur son épaule, mais il se détourna brusquement.

« C’est bon, mon amour. Tu n’as pas besoin de parler. On rentre à la maison. »

Mathis se glissa à l’arrière de la voiture sans un mot. Sur le chemin du retour, Claire sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle les ravala. Elle ne pouvait pas pleurer devant lui, pas maintenant. Thomas, qui conduisait, posa une main rassurante sur sa cuisse. « Il va aller mieux une fois à la maison. Il a juste besoin de retrouver son espace. »

De retour chez eux, Mathis se réfugia immédiatement dans sa chambre. Claire le laissa faire, sachant qu’il avait besoin de ce temps pour se recentrer. Elle resta dans le couloir pendant un moment, écoutant les petits bruits qu’il faisait en jouant avec ses jouets. Parfois, il alignait des voitures en silence, d’autres fois, il fredonnait une mélodie qu’il avait entendue quelque part.

Thomas la rejoignit, une tasse de thé à la main. « Tu veux qu’on fasse quelque chose pour le détendre ce soir ? »

Claire haussa les épaules, fatiguée. « Je ne sais pas. Peut-être juste un film, quelque chose de calme. Il aime bien les dessins animés avec peu de dialogues. »

Un moment de douceur

Ce soir-là, après le dîner, ils mirent un film pour Mathis. Il s’assit sur le canapé, son avion en papier toujours à portée de main. Claire et Thomas s’installèrent à côté de lui, à une distance respectueuse. Mathis n’aimait pas qu’on envahisse son espace, mais parfois, il permettait à ses parents de s’approcher un peu.

Alors que le film avançait, Claire sentit quelque chose d’inattendu. Mathis, sans un mot, se glissa un peu plus près d’elle, jusqu’à poser sa tête contre son bras. Son cœur manqua un battement. C’était si rare, ces moments de tendresse physique, qu’elle n’osa même pas bouger.

Thomas, qui avait remarqué le geste, posa une main sur l’épaule de Claire, un sourire complice sur le visage. C’était leur récompense, leur petite victoire dans une journée remplie de défis.

Un amour inébranlable

Quand la maison fut enfin silencieuse et que Mathis s’endormit, Claire et Thomas se retrouvèrent dans le salon. Ils partagèrent un verre de vin, savourant ces rares instants de calme.

« Tu penses qu’on fait assez pour lui ? » demanda Claire, sa voix tremblante.

Thomas hocha la tête. « On fait ce qu’on peut. Et tant qu’on est là pour lui, je pense qu’il le sait. »

Claire sentit les larmes couler sur ses joues. « Je veux juste qu’il sache à quel point je l’aime. Même s’il ne peut pas me le dire. »

Thomas l’attira doucement contre lui. « Il le sait, Claire. À sa manière, il le sait. Et tu es une mère incroyable. »

Ce soir-là, dans l’intimité de leur maison, Claire sentit la force de leur amour. Ils n’avaient pas une vie parfaite, mais ils avaient ce qui comptait le plus : l’unité, la compréhension, et l’espoir.

Chaque jour était un défi, mais c’était aussi une nouvelle chance de se prouver qu’ils étaient plus forts que tout ce que le monde pouvait leur imposer.

Chapitre 3

Les racines de l’amour

La vie de Claire, Thomas et Mathis, bien qu’emplie de défis, suivait un rythme particulier, une symphonie d’amour et de patience où chaque note, même dissonante, trouvait sa place. C’était une vie tissée de gestes silencieux, de rituels soigneusement construits et de petits moments volés au chaos. Ce samedi-là allait être marqué par ces instants de beauté simple, ceux qui leur donnaient la force de continuer.

Un réveil en douceur

Le soleil s’élevait lentement au-dessus de l’horizon, inondant la chambre de Claire et Thomas d’une lumière douce et dorée. Le samedi matin était un moment rare de répit. Thomas était encore endormi, ses traits détendus, une main posée sur le ventre. Claire, éveillée depuis quelques minutes, savourait cette vue. C’était dans ces instants tranquilles qu’elle réalisait à quel point elle était chanceuse de l’avoir à ses côtés.

Elle se redressa doucement, prenant soin de ne pas le réveiller. La journée allait être chargée, comme toutes les autres, mais elle tenait à lui laisser ce moment de repos. Alors qu’elle se dirigeait vers la cuisine, elle entendit un léger bruit provenant de la chambre de Mathis.

Elle ouvrit la porte doucement. Mathis était déjà debout, comme toujours. Il ne dormait jamais tard, son horloge interne étant réglée avec une précision quasi militaire. Il était assis sur le tapis au centre de la pièce, ses jouets soigneusement alignés devant lui. Ses petites mains faisaient glisser une voiture miniature sur le sol, et son visage était concentré, presque grave.

« Bonjour, mon ange », murmura Claire en entrant.

Mathis ne leva pas les yeux. Elle ne s’en formalisa pas ; c’était sa manière de commencer la journée, et elle avait appris à respecter ces moments de solitude. Elle s’agenouilla près de lui, gardant une distance suffisante pour ne pas envahir son espace.

« Qu’est-ce que tu construis aujourd’hui ? » demanda-t-elle doucement.

Pas de réponse. Mais ses doigts bougèrent légèrement, indiquant qu’il avait entendu. Pour Claire, c’était suffisant.

Petit-déjeuner en famille

Dans la cuisine, le bruit du percolateur emplissait l’air d’un arôme réconfortant. Thomas, réveillé par l’odeur, entra en bâillant et en s’étirant. Ses cheveux en bataille lui donnaient un air décontracté qui fit sourire Claire.

« Bonjour, beauté », dit-il en s’approchant pour l’embrasser.

Claire leva une main pour l’arrêter. « Pas avant le café », plaisanta-t-elle.

Ils échangèrent un sourire complice. Ce genre de moments, aussi banals soient-ils, formait le ciment de leur relation. Leur amour n’avait jamais été spectaculaire ou flamboyant ; il était dans ces petits gestes, ces sourires, ces touches légères qui disaient tout sans un mot.

Mathis les rejoignit peu après, ses pas légers sur le parquet. Il tenait son avion en papier, son fidèle compagnon. Claire plaça une assiette de pancakes devant lui, sachant qu’il ne mangerait probablement que les bords légèrement croustillants. C’était un rituel : couper les morceaux de manière parfaite, toujours en suivant un ordre précis.

Thomas s’assit à côté de lui, prenant soin de ne pas entrer dans sa bulle. Il prit son propre pancake et le fit voler dans les airs, imitant un avion. « Regarde, Mathis, mon pancake vole comme le tien ! »

Mathis leva brièvement les yeux, un éclat de curiosité traversant son visage. Ce n’était pas un sourire, mais pour Claire et Thomas, c’était un triomphe. Chaque interaction, chaque moment de connexion, était une victoire.

Préparatifs pour la plage

Après le petit-déjeuner, ils commencèrent à préparer leur excursion. Claire emballa les essentiels : des serviettes, des collations, de l’eau, et, bien sûr, les jouets préférés de Mathis. Thomas, de son côté, chargeait la voiture, sifflotant une mélodie joyeuse. Il aimait ces sorties en famille, même si elles demandaient une logistique minutieuse.

Mathis, cependant, semblait nerveux. Il errait dans le salon, serrant son avion contre lui. Claire le remarqua immédiatement. Elle s’approcha doucement.

« Mon cœur, on va à la plage. Tu te souviens de la mer ? Tu aimes les vagues. »

Il ne répondit pas, mais son balancement d’avant en arrière s’arrêta, un signe qu’il écoutait. Claire posa une main sur son épaule, mais il se détourna immédiatement, comme s’il avait été brûlé.

Thomas intervint alors. « Mathis, regarde ce que j’ai trouvé ! Il sortit une petite pelle en plastique rouge de son sac. On peut creuser des trous dans le sable. Ça pourrait être amusant, non ? »

Mathis fixa la pelle pendant un long moment, comme s’il pesait le pour et le contre. Finalement, il la prit, mais sans un mot. Pour Claire, c’était un soulagement. Ils pourraient partir sans crise majeure.

La magie de la mer

Arrivés à la plage, le vent salé et le bruit des vagues les accueillirent. Mathis semblait fasciné par l’étendue infinie de l’eau. Il resta immobile pendant plusieurs minutes, fixant l’horizon. Claire et Thomas respectèrent son silence, le laissant absorber l’environnement à son rythme.

Ils installèrent une couverture sur le sable. Claire déposa un parasol pour protéger Mathis du soleil, sachant qu’il était très sensible à la chaleur. Thomas, lui, courut directement vers l’eau, éclaboussant joyeusement.

« Viens, Mathis ! » cria-t-il, ses bras ouverts.

Mathis hésita. Claire le regarda, le cœur battant. Elle savait que ces moments de transition étaient cruciaux. Trop de pression, et il pourrait se refermer. Pas assez, et il risquait de ne pas sortir de sa zone de confort.

Finalement, il avança lentement, son avion en papier toujours dans une main. Thomas l’accueillit avec un sourire éclatant. Il tendit une main vers lui, et, à la surprise de tous, Mathis la toucha brièvement. Ce contact fugace était monumental. Claire sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle les retint. Elle voulait savourer cet instant sans le gâcher.

Un moment de connexion

Après avoir joué dans l’eau, ils retournèrent à la couverture. Thomas, toujours l’âme d’un enfant, commença à construire un château de sable. Mathis, intrigué, s’assit à côté de lui.

« Tu veux m’aider ? » demanda Thomas en lui tendant la pelle rouge.

Mathis hésita, ses doigts serrant son avion. Mais après quelques secondes, il prit la pelle et commença à creuser, imitant les gestes de son père. Claire les observa, son cœur débordant de gratitude. Ces moments, si rares, étaient des trésors.

« Regarde, maman, on a fait un château ! » s’exclama Thomas en riant.

Mathis ne dit rien, mais il toucha le château du bout des doigts, son visage éclairé par une expression douce. Claire sortit son téléphone pour capturer cet instant. Elle savait que ces souvenirs seraient précieux, surtout les jours où tout semblait trop difficile.

Le retour à la maison

Sur le chemin du retour, Mathis s’endormit à l’arrière, son avion toujours dans sa main. Claire et Thomas échangèrent un sourire. Ils ne parlaient pas, mais leur silence était chargé de sens. Ils savaient qu’ils avaient vécu une journée spéciale, un de ces moments qui rendaient tout le reste supportable.

« Tu es incroyable », murmura Thomas en posant une main sur la cuisse de Claire.

Elle tourna la tête vers lui, surprise. « Pourquoi tu dis ça ? »

« Parce que tu fais tout ça possible. Tu rends sa vie meilleure. La nôtre aussi. »

Claire sentit une boule se former dans sa gorge. Elle ne se considérait pas comme exceptionnelle. Elle faisait simplement ce qu’une mère ferait pour son enfant. Mais entendre Thomas le dire lui donna une force nouvelle.

Un ciel étoilé

Une fois Mathis couché, Claire et Thomas s’installèrent dans le jardin avec une couverture. Le ciel était clair, parsemé d’étoiles. Ils s’allongèrent côte à côte, leurs mains entrelacées.

« Tu crois qu’il sera heureux, un jour ? » demanda Claire avec sa voix presque en murmure.

Thomas tourna la tête vers elle. « Il l’est déjà. À sa manière. Il a nous, et c’est tout ce qui compte. »

Claire ferma les yeux, laissant ses larmes couler cette fois. Elle savait que leur chemin était difficile, mais tant qu’ils étaient ensemble, elle croyait en l’avenir. Ils étaient une équipe, une famille, et rien ne pourrait les séparer.

Chapitre 4

L’équilibre fragile

Le dimanche matin se leva sur un ciel couvert, mais la maison de Claire et Thomas brillait d’un calme presque sacré. Les souvenirs de leur escapade à la plage flottaient encore dans l’air, comme une chaleur douce réchauffant leur foyer. Pourtant, Claire ressentait une étrange pression dans sa poitrine. Une intuition, peut-être, ou simplement la fatigue accumulée. Elle tenta de l’ignorer.

Un rituel bien rodé

Mathis était debout bien avant ses parents. Il avait déjà aligné ses jouets sur la table basse du salon, chaque véhicule soigneusement placé par taille et couleur. Claire sortit de la chambre en s’étirant, une couverture enroulée autour d’elle. Elle trouva son fils assis en tailleur, les yeux fixés sur son avion en papier.

« Bonjour, mon cœur », murmura-t-elle, sa voix douce comme un souffle.

Comme toujours, Mathis ne répondit pas. Mais Claire savait qu’il l’avait entendue. Elle s’agenouilla lentement à côté de lui, en restant à une distance qu’il jugeait acceptable.

« On va prendre le petit-déjeuner ? Tu veux tes céréales préférées ? »

Un hochement de tête presque imperceptible fut sa seule réponse. Claire sourit. Ce petit geste représentait beaucoup. Chaque jour, elle devait trouver un équilibre entre l’encourager à sortir de sa zone de confort et respecter ses besoins.

Dans la cuisine, Thomas préparait déjà du café. Ses cheveux en bataille et son t-shirt froissé lui donnaient un air désinvolte. « Salut, beauté », dit-il en lui tendant une tasse fumante.

Claire sourit en attrapant la tasse. « Salut, toi. Tu as bien dormi ? »

Thomas haussa les épaules. « J’ai rêvé de nous à la plage. Mathis qui sourit… C’était beau. »

Elle hocha la tête, son cœur se serrant légèrement. « Oui, c’était une belle journée. »

Un moment de crise

Alors qu’ils s’installaient pour le petit-déjeuner, une chose inattendue se produisit. Mathis, assis à sa place habituelle, fixait intensément la table. Son avion en papier était posé devant lui, mais quelque chose semblait le déranger.

« Tout va bien, Mathis ? » demanda Claire doucement.

Il ne répondit pas. Au lieu de cela, il attrapa soudainement son avion et le froissa entre ses mains. C’était un geste inhabituel, presque agressif, et Claire sentit immédiatement l’orage approcher.

« Chéri, qu’est-ce qui ne va pas ? » tenta-t-elle, sa voix calme mais alerte.