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À Hashtaklor, Laïnoka est témoin du meurtre de ses parents à l’âge de 6 ans, une tragédie qui la hante et la pousse à nourrir une obsession : la vengeance. Dans sa quête, elle découvre un dessein bien plus vaste derrière la mort de sa famille, l’amenant à affronter des puissances surnaturelles. Réussira-t-elle à percer les mystères de sa destinée ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jérémy Le Coquil a toujours aspiré à l’écriture, et aujourd’hui, il se lance dans un défi littéraire en solitaire, explorant le style envoûtant et mystérieux de la « dark fantasy ».
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Seitenzahl: 613
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Jérémy Le Coquil
Les chroniques d’Hashtaklor
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jérémy Le Coquil
ISBN : 979-10-422-1374-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Hashtaklor, un monde déchiré par deux puissants dirigeants, l’un est un tyran du nom de Xenendor, érigeant son empire au nord du pays, dirigeant avec une poigne de fer des sujets soumis à des lois, ne pardonnant aucune erreur. Tous vivent dans la peur, les plus pauvres meurent, les plus riches vivent.
Xenendor était le genre d’homme jamais satisfait, il lui fallait toujours et encore plus, malgré la taille conséquente de son empire. Sa soif de conquête n’était pas étanchée, son but ultime était de conquérir tout Hashtaklor et ainsi vaincre le roi Heiller, son seul rival. Ce dernier était un homme bon à la tête d’un royaume modeste, mais possédant une armée d’élite et des soldats spécialistes. Le roi dirigeait avec bienveillance des sujets qui le respectaient. Le royaume était constitué de plusieurs villages possédant de grandes parcelles de terre cultivables et des forêts abondantes en gibier contrairement aux forêts froides du nord où la vie avait beaucoup de mal à se développer.
Le roi n’était pas seul, le prince Anthony son fils âgé de sept ans apprenait ce que devenir roi signifiait, car il était son seul héritier. Quant à sa femme Angélique, elle le conseillait la plupart du temps sur ce qu’il pouvait faire en cas de problème complexe. Elle était une femme avisée et très intelligente. À propos de la guerre, c’était compliqué, car une zone neutre s’était formée au beau milieu du continent le coupant en deux.
Xenendor grâce aux conseils avisés et mesurés de son plus fervent général, Antoine, avait décidé d’imposer ses lois aux ducs et comtes de la zone neutre. Ils refusaient tout bonnement et malgré leurs faibles armées, ils n’étaient pas faciles à impressionner.
Antoine était toujours prompt à la diplomatie. Il avait le don de tempérer les crises lunatiques de l’empereur en choisissant bien ses mots et parvenait toujours à un compromis. C’est grâce à lui et à ses habiles manœuvres qu’il avait réussi à mettre un pied en territoire neutre en promettant que les soldats sous son commandement ne feraient que des patrouilles rapides dans chacune des villes de la zone neutre.
Simplement dans le but de protéger les populations contre d’éventuels bandits.
Et c’est en quelques semaines seulement qu’il parvint à envoyer un gouverneur dans la capitale de Hashti pour y imposer les lois de l’empire en échange d’une protection. Bien sûr, ces mêmes lois firent l’objet de plusieurs griefs entre la duchesse Ranna et les comtes voisins. À eux tous, ils formaient un conseil autoritaire, mais juste, faisant passer le bien de leur peuple avant tout. Les lois de l’empire étaient à l’opposé. La duchesse ne pouvait l’accepter, mais avait-elle le choix ? Et pourquoi l’empire s’intéresserait-il à des villes et villages pauvres, et à une partie des terres désertiques où toute vie était quasiment impossible ? La seule forêt était celle de l’Est abritant peu de gibier. Peut-être l’empereur voulait-il s’emparer des immenses fermes prospères. La duchesse Ranna était clairvoyante. Elle savait ce que l’empereur préparait. Le seul problème était qu’elle ne disposait pas d’une armée suffisante pour lutter ou faire pression. Elle devait simplement se résigner et accepter. Antoine le savait. Il profitait de sa position de force pour lui faire accepter beaucoup de choses qui la rebutaient.
Seule une région du monde était coupée : Jaraal, une région fortement boisée, coupée par une chaîne de montagnes en interdisant presque l’accès. Personne n’allait là-bas ou presque et à raison. Tout le monde parlait de démons et d’un tas de choses horribles. Cette région était peuplée d’une cinquantaine d’habitants, des repris de justice, des bannis, et même des gens voulant vivre loin des lois de l’empire. Mais, le problème qui demeurait était bien réel, des démons y vivaient et proliféraient de plus en plus. Akshia les commandait et surveillait les humains tout en les détestant. Elle décida de son propre chef de lancer des raids contre eux afin d’en faire des Rebuts. Les humains étaient incapables de lutter. Ils s’étaient éteints en quelques années. Seule une famille habitant au pied de la montagne fut épargnée.
En quelques semaines, la magnifique région boisée au littoral sablonneux se transforma en une région à la faune et à la flore mourantes et desséchées. Les arbres étaient devenus noirs. Le littoral boueux, les quelques lacs asséchés et le gibier dévoré ou réduit à l’état de chair pourrissante.
La famille qui vivait au pied de la montagne sentait le danger de plus en plus pressant. Leurs réserves de vivres diminuaient et la chasse ne donnait presque plus rien. À plusieurs reprises Mathias, le père de Laïnoka partit en expédition pour rapporter de la nourriture et de l’eau. Mais sa seule récompense fut la mort. Les démons l’avaient repéré et dévoré sur place. Suivant sa trace, Akshia ordonna à ses rebuts de la suivre et de faire un carnage.
Sophia, la mère de Laïnoka, ne voyant pas son mari revenir, s’inquiéta et sortit de la maison. À peine avait-elle fait quelques mètres qu’elle vit un groupe de démons foncer droit sur elle. Elle rebroussa vite chemin et s’enferma dans la maison. Elle s’y barricada du mieux qu’elle put et fonça vers la chambre de sa fille.
Laïnoka ! Vite, fuyons de cet enfer ! Des démons arrivent droit sur nous.
Laïnoka, choquée, comprit et prit rapidement quelques affaires. Elles partirent toutes les deux en s’échappant par la fenêtre. Dehors, elles entendaient les grognements se rapprocher.
— Laïnoka, prends ma main et ne la lâche surtout pas. Il va falloir courir aussi vite que possible.
Elles se mirent à courir rapidement en direction d’un petit chemin menant de l’autre côté de la montagne. Mais leur course fut stoppée net par Akshia.
— Alors, on veut partir, c’est bien ça ?
Sophia, la mère de Laïnoka se mit courageusement devant sa fille afin de la protéger.
— Mais qu’est-ce que tu nous veux, démon ?
— Je vous surveille depuis fort longtemps, et j’ai repéré ta fille. Elle n’est pas comme les autres humains. Je la veux.
— Jamais je te laisserai la prendre.
— Je me passerai de ton approbation. Je la prends point.
Sophia sortit une dague et se précipita sur Akshia en criant à sa fille : « Vite, enfuis-toi, Laïnoka ! »
Laïnoka courut vers un petit chemin et se cacha d’Akshia.
L’attaque de Sophia ne donna aucun résultat. À moins d’un mètre d’Akshia, son corps fut victime d’une grande faiblesse. Les forces lui manquèrent. Elle tomba à genoux.
Akshia tourna son regard vers elle :
— Vulgaire humaine, tu ne peux pas me tuer. Laïnoka, je tiens ta mère en mon pouvoir. Si tu sors de ta cachette, je te promets de la tuer rapidement, par contre si tu ne sors pas, je t’offrirai un spectacle inoubliable, comment on massacre un être humain !
Laïnoka ne bougea pas, elle était pétrifiée par la peur que lui inspirait Akshia. Son regard noir, sa peau blanc pâle, ses très longs cheveux noirs couvrant son corps nu, tout cela faisait d’elle une démone à la beauté incroyable certes, mais d’une noirceur mentale implacable, au sadisme sans bornes et à la luxure sans pareille.
— Tu ne bouges pas, très bien, maintenant regarde ta mère se faire dépecer vive, et ça tombe bien j’adore dépecer les humains.
Elle commença par lui briser les bras et les jambes, puis la prit par le cou et la souleva du sol, du haut de son mètre quatre-vingts. Avec l’une de ses griffes, elle fit une longue entaille depuis le haut du bras jusqu’au poignet puis elle arracha la peau d’un trait.
La douleur que ressentit Sophia était insoutenable.
Akshia poursuivit. Elle s’acharna sur l’autre bras et sur les jambes de sa victime.
Sophia s’évanouit, car la douleur était insupportable. La démone la jeta au sol et ordonna à ses démons de la dévorer sous prétexte qu’elle ne l’amusait plus.
— Ouvre bien grand tes yeux Laïnoka, j’espère que le spectacle sera à ton goût. Laïnoka ne bougea pas, mais fut traumatisée par cette scène atroce. Elle n’eut le courage de s’enfuir qu’après le départ d’Akshia.
Plus tard, Laïnoka emprunta un petit chemin menant de l’autre côté de la montagne. Elle erra pendant une journée entière. Elle était désespérée, les larmes aux yeux. Au terme du troisième jour, elle était enfin parvenue de l’autre côté de la montagne.
Elle était affamée, assoiffée et épuisée. Sa route la mena à une petite ferme.
Elle ne savait pas si c’était réel ou non. Elle continua à avancer et finit par tomber d’épuisement.
Un homme, revenant de son champ, découvrit la jeune fille au sol. Il courut vers elle et tenta de la réanimer, mais rien n’y faisait, elle était trop épuisée. Il la prit dans ses bras et la ramena chez lui. Il ouvrit la porte avec précipitation et appela sa femme.
— Catherine ! Viens vite, j’ai vraiment besoin de toi. Rejoins-moi dans la chambre d’Hubert.
Sa femme se dépêcha.
— Que se passe-t-il, Charles ?
— J’ai trouvé cette enfant gisant au sol, elle est épuisée.
Charles veilla sur elle pendant deux heures, après quoi elle se réveilla, elle ouvrit les yeux et vit Charles, elle prit peur et se recroquevilla dans un coin de la pièce.
— N’aie pas peur, je ne te ferai pas de mal. Tu es en sécurité ici. Je m’appelle Charles, tu veux bien me dire ton nom ?
— Je m’appelle Laïnoka.
— C’est un joli nom, mais que faisais-tu près de mon champ ?
— Je… je fuyais les…
Elle n’avait pas la force de continuer. L’image de sa mère se faisant massacrer était toujours vive dans son esprit. Charles lisait la terreur dans ses yeux. Il préféra la laisser tranquille quelques heures.
Le soir à l’heure du souper, Hubert, le fils de Charles, de retour de son chez son ami Harry, entra dans sa chambre, il vit Laïnoka sur son lit. Cela le rendit furieux. Il sortit précipitamment.
— Papa, qu’est-ce que cette fille fait dans ma chambre ?
— Oh, Hubert, calme-toi, je l’ai trouvée pas loin de mon champ. Elle était inconsciente. J’ai donc décidé de la ramener ici.
— Eh bien, trouve-lui un autre lit !
— Bon d’accord, calme-toi, veux-tu, calme-toi, je lui proposerai la chambre au bout du couloir.
— Ah oui ! Je garde ma chambre, merci.
— Bon, va mettre la table maintenant. On ne va pas tarder à manger.
— Fais-le toi-même.
— Cesse d’être insolent, mets la table et c’est tout.
— D’accord, je vais le faire.
Au moment du repas, Charles partit réveiller Laïnoka. Elle avait arraché les couvertures, ses doigts étaient presque en sang. Elle pleurait et se débattait comme si elle luttait dans un cauchemar. Charles alla près d’elle et tenta de la calmer.
— Tout va bien, tout va bien, Laïnoka, je suis là…
Rien n’y faisait, elle se débattait encore et encore jusqu’à ce qu’elle se calme d’elle-même. Charles resta la regarder pendant un long moment. Elle se réveilla désorientée et se réfugia à nouveau dans un coin de la pièce, face au mur, repliée sur elle-même.
— Laïnoka, tout va bien, je suis là, tu es en sécurité.
Elle ne bougeait plus, pendant une bonne heure elle resta prostrée contre le mur. Charles tenta une approche et recommença à lui parler.
— Laïnoka, tout va bien, tu veux bien te retourner, allez viens. Elle se retourna lentement et regarda Charles.
— Je… Je suis où ?
— Tu es chez moi. Tu te souviens de moi ? C’était il y a quelques heures de cela, tu m’as même parlé.
— Oui, je… me souviens, tu t’appelles Charles.
— Oui, c’est bien moi, tu as faim ?
— Oui.
— Suis-moi, le souper est prêt.
— D’accord.
Laïnoka était calmée, elle reprit ses esprits et se mit à table. Elle se précipita sur l’eau. Puis ce fut le tour de la nourriture. Cette scène fit enrager Hubert.
— Non, mais, qu’est-ce que c’est que ces manières ? Apprends à manger comme tout le monde.
— Hubert, inutile de le lui dire, elle n’a rien mangé ni bu pendant plusieurs jours, comment tu réagirais toi à sa place ?
— Je ne suis pas à sa place.
Charles avait un fils vraiment insolent et rebelle, toujours à faire n’importe quoi et à fréquenter des gens mauvais.
— Hubert, tu viendras m’aider à préparer la chambre pour Laïnoka. Je crois qu’il doit rester quelques couvertures dans le coffre.
— Pourquoi j’irais faire ça pour elle ? Regarde-la, ce n’est qu’une sauvage.
— Hubert, tu commences à m’échauffer les oreilles.
— Bon d’accord, mais seulement pour cette fois. Je dois partir dès demain matin pour voir Harry.
— Encore ? Eh bien soit, mais sois de retour dans l’après-midi, j’aurai besoin de toi au champ et ta mère n’a pas que ça à faire, elle doit trouver des vêtements pour Laïnoka.
— Depuis que cette fille est ici, vous n’avez que ce nom à la bouche, et moi alors !
— Ha tu vois, tu es jaloux d’elle, si tu étais moins insolent, peut-être qu’on s’entendrait mieux, et d’ailleurs j’ai même l’intention d’adopter cette pauvre petite. J’ai lu dans ses yeux les horribles événements qu’elle a traversés.
Laïnoka se stoppa net.
Charles resta la regarder avec douceur en s’excusant.
— Je suis désolé, si tu veux tu peux quitter la table. Catherine va te montrer ta chambre. Catherine termina son assiette et fit signe à Laïnoka de la suivre. Celle-ci se leva de table et lui prit la main, elle y sentait du réconfort.
Catherine arriva au bout du couloir et ouvrit la porte.
— Ce n’est pas grand-chose, mais c’est ta chambre maintenant.
Laïnoka entra, constatant qu’il n’y a pas de fenêtre, la nervosité monta d’un cran. Elle commença à paniquer et hésita longuement avant de s’allonger sur le lit.
— Ne t’en fais pas, Laïnoka, tout va bien.
Laïnoka, tremblante, exprima son mal-être « Il n’y a… pas de fenêtre. J’aime voir l’extérieur ».
— Je te comprends, ne pas voir dehors c’est comme être en prison, écoute demain, Charles va percer le mur pour y installer une fenêtre. Il la placera où tu veux.
— Merci, merci de votre gentillesse.
— C’est normal, nous ferons tout pour que tu te sentes bien ici.
Laïnoka voulait qu’elle la prenne dans ses bras, mais elle n’osa pas le lui demander. Cependant, Catherine le comprit dans son regard, la pauvre avait besoin d’être réconfortée, Catherine se mit à genoux et tendit les bras vers Laïnoka. Celle-ci se mit à sourire et s’y précipita. Cela lui fit du bien et la rassura. À l’heure de dormir, elle se mit dans son lit et s’endormit paisiblement.
Plus tard dans la nuit, Laïnoka fit un terrible cauchemar dans lequel se trouvait Akshia. Elle la voyait se rapprocher d’elle lentement en la fixant avec ses yeux noirs alors qu’elle la fuyait, mais jamais elle ne parvenait à lui échapper. Elle était toujours là.
Elle se réveilla en sursaut, en nage et toute tremblante. Elle n’avait pas la force de crier, elle pleurait et respirait très vite, ses battements de cœur étaient rapides.
L’angoisse qu’elle ressentait ne fléchissait pas. Elle alluma vite une bougie posée dans ce coin de la pièce pour y mettre un peu de lumière. Elle se sentit un peu mieux et reprit peu à peu son calme et se rendormit.
Plus tard dans la matinée, Laïnoka se réveilla. Elle sortit de son lit et s’habilla. Pendant le repas, tout le monde resta silencieux. Hubert n’était pas encore rentré. Catherine fit ensuite un cadeau à Laïnoka. C’était une belle robe bleu azur ainsi qu’un livre racontant un conte de fées. Quel bonheur ! Jamais elle n’avait eu de tels cadeaux.
— J’espère que ça te plaît, je suis allée au marché ce matin.
— Ho oui, merci, c’est ma couleur préférée, et ce livre je n’en ai jamais eu.
Charles était heureux de voir Laïnoka sourire, il se leva et partit s’occuper de son champ et du bétail.
Laïnoka regagna sa chambre et vit la fenêtre en face d’elle. Elle était contente.
Elle essaya sa robe. Elle était souriante en s’admirant dans la glace. Quant au livre, elle le laissa sur le rebord de la table de nuit. Elle était triste de ne savoir ni lire ni écrire.
Catherine la surprit en train de pleurer.
— Qu’y a-t-il, Laïnoka, quelque chose ne va pas ?
— Ce livre a l’air magnifique, mais… je ne sais ni lire ni écrire.
— Ho, je suis désolée, mais ça peut s’arranger, je peux t’apprendre si tu le souhaites.
— Vraiment ?
— Bien sûr, et on peut commencer aujourd’hui si tu veux.
— Ah, je veux bien.
Le soir même, après le dîner, son apprentissage commença. Elle avait un potentiel incroyable. Elle apprenait plus vite que n’importe quel être humain. En à peine une semaine, elle savait déjà lire et écrire. Charles et sa femme étaient impressionnés de voir à quel point elle était douée. Et puis, cela lui occupait l’esprit. Ensuite, elle demanda à faire la cuisine. Cela était une chose qu’elle savait faire, elle connaissait les recettes de sa mère. Ici, elle avait une foule d’ingrédients qu’elle n’avait encore jamais vus. Les jours passèrent et chaque soir, elle faisait des plats succulents. Même Hubert qui était toujours désagréable avec elle dut reconnaître que c’était délicieux, tout le monde se régalait.
En deux mois, elle avait appris à tout faire dans la maison. Elle le faisait mieux que n’importe qui. Mais la vie de toute la maisonnée en était vraiment facilitée. Catherine avait beaucoup plus de temps libre. Hubert se sentait de plus en plus exclu par ses parents. Son insolence ne l’aidait pas et il détestait Laïnoka chaque jour un peu plus, jusqu’à ce que cela se transforme en haine.
Un jour, alors que tout le monde semblait heureux, Hubert décida d’agir. Pendant le repas du soir, il se leva et commença à exprimer un vrai mécontentement.
— J’en ai assez, vous m’avez exclu de la famille, il n’y a que Laïnoka qui compte, ce parasite m’a volé ma place.
Tout le monde se tut et le regarda, Charles fut le premier à lui répondre.
— Mais non voyons, c’est juste que Laïnoka est tellement différente par rapport à toi, tu as beau être mon fils, tu n’es jamais agréable, toujours insolent, méprisant, si tu t’ouvrais un peu plus, on s’entendrait bien mieux. Tu es toujours loin de nous, et tu fais tout pour que cela arrive, et puis il y a ton ami Harry, il n’est pas fréquentable, il te rend mauvais.
— Et alors, je fréquente qui je veux, lui au moins, il me comprend. Je vais me coucher. Laïnoka se sentait gênée. Elle termina son repas en silence et partit se coucher. Un peu plus tard, avant qu’elle ne s’endorme, Catherine vint la voir.
— Désolée pour cette scène, mais Hubert est très égoïste depuis un certain temps. Il a complètement changé. Il y a deux ans de cela, il n’était pas comme ça. C’est depuis qu’il fréquente Harry. Ce sale gamin est un gosse de riche, il est l’héritier d’une grande guilde de marchands.
— Il doit être quelqu’un de mauvais.
— Oui, en effet, je ne l’ai rencontré qu’une fois, et je peux te dire que ce n’est pas la modestie qui l’étouffe. Il a cette façon de te regarder, un air supérieur. Enfin bref, assez parlé de lui, je te laisse. Bonne nuit.
— Bonne nuit.
Le lendemain, Laïnoka se mit à la couture. Elle voulait faire quelque chose de nouveau. Elle demanda à Catherine de lui montrer comment s’y prendre, celle-ci accepta et lui apprit les bases, cela lui permit de progresser très vite. Elle faisait de tout, du plus basique des rideaux à la plus belle robe. Elle finit par vider le stock de tissu qu’avait emmagasiné Catherine. Tout cela en trois semaines.
Un jour, Catherine alla retrouver Laïnoka alors qu’elle embellissait sa chambre. Elle lui expliqua qu’il fallait qu’elle s’arrête, car tout ce qu’elle achetait était consommé bien trop vite. Laïnoka n’en avait pas eu conscience.
— Laïnoka, je sais que tu veux bien faire, que tu t’occupes autant que tu peux, mais tu ne peux pas continuer comme ça. L’argent que nous obtenons avec la vente de nos faibles récoltes ne suffit plus. Essaie de faire autre chose, quelque chose qui coûte moins d’argent.
Laïnoka resta la regarder. Elle ne comprenait pas le concept d’argent. N’ayant jamais eu une pièce en main, elle ne savait pas qu’économiser était important.
— De l’argent ? Je ne sais pas ce que c’est.
— Tu ne sais pas ce qu’est l’argent ? Je vais te montrer et t’apprendre une chose : vois-tu, ceci est une pièce de 2 Hashtakloress. Cette simple pièce me permet d’acheter de quoi manger pour deux jours, et depuis que tu es là, il ne me reste plus qu’un Hashtakloress. Je dois faire la route jusqu’au village de Jaraal tous les matins pour y vendre les produits de nos récoltes, tu comprends ?
— Oui, je suis vraiment désolée, mais il doit y avoir un moyen pour te faire gagner plus.
— Eh bien, il faudrait que nos récoltes soient plus conséquentes, mais Charles est seul à s’occuper de ça, Hubert refuse de l’aider.
— Dans ce cas, moi je l’aiderai.
— Tu n’y penses pas, tu n’es qu’une enfant.
— J’y arriverai, laisse-moi l’aider.
— Bon d’accord.
Leur conversation s’acheva peu de temps après. Le lendemain après le repas, Laïnoka était prête. Elle s’était habillée avec de vieilles frusques et partit avec Charles pour l’aider au champ. Sur le chemin, elle vit des outils qu’elle n’avait encore jamais vus. Ils étaient cassés à cause d’Hubert et de ses humeurs parfois colériques. Elle tira la manche de Charles et lui demanda à quoi servaient ces outils.
— Oh ça, c’est une charrue, Hubert a cassé une roue de colère. Depuis j’ai le double du travail, la réparer me ferait gagner pas mal de temps, et nous permettrait d’augmenter les volumes de légumes que nous vendons.
— Je vais essayer de la réparer, tu veux bien ?
— D’accord, je te laisse faire, mais tu es sûre de pouvoir la réparer.
— Oui, oui.
Laïnoka se pressa d’aller voir l’étendue des dégâts. Elle examina attentivement l’outil et comprit comment le réparer. Les outils la fascinaient, quelles que soient leurs formes. Son père lui avait appris à fabriquer des choses, et à suivre des plans. Elle s’attela à la tâche efficacement. En vérité, la roue était simplement sortie de son axe. Elle la répara et parvint à la renforcer avec quelques clous et des chutes de bois. Elle la prit et la fit rouler jusqu’à l’autre bout du champ où se trouvait Charles.
— Et voilà, j’ai réussi.
Charles était ébahi.
— Mais comment as-tu fait ?
— La roue était simplement sortie de son axe, elle n’était pas cassée, et j’ai même renforcé les bras.
— Grâce à toi, je vais gagner un temps fou, merci, mais dis-moi, tu as l’air de t’y connaître en outils. J’aurai peut-être une autre tâche à te confier, d’autres outils à réparer.
— Ha oui, je veux bien essayer.
— Bien, attends-moi là-bas près de la grange.
Laïnoka attendit que Charles finisse son travail. Il lui montra ensuite un tas d’outils cassés, il y avait de tout.
— Si tu arrives à réparer chaque outil, je te donnerai une pièce de deux Hashtakloress.
— D’accord, je vais m’y mettre tout de suite.
Hubert était dans sa chambre, il regardait Laïnoka depuis sa fenêtre. Il ruminait en la fusillant du regard. Il la haïssait. Il voulait qu’elle parte. C’est alors qu’il confectionna un plan dans sa tête.
Après une dure journée, Laïnoka gagna sa récompense. Charles était ravi, grâce à son travail, il put ressemer sur une parcelle de champ qui était presque perdue. Après le souper, ce fut l’horreur quand Laïnoka entra dans sa chambre. Tout était chamboulé et cassé, Hubert avait profité de l’absence de sa mère pour tout y casser. Laïnoka était dans tous ses états. Elle se mit à pleurer et se réfugia dans un coin de la pièce, Hubert la regardait et jubilait. Charles alla voir ce qui se passait et vit les méfaits de son fils.
— Hubert ! Espèce d’idiot, je vais te corriger, moi !
Il le gifla à plusieurs reprises et l’envoya dans la grange pour l’y enfermer et le punir. Catherine consola Laïnoka.
— Ce soir, tu prendras la chambre de mon fils, je suis désolée, je ne pensais pas qu’il en arriverait là.
— Mais pourquoi, pourquoi me haïr autant ? Je ne lui ai rien fait.
— Il est idiot et égoïste, je peux te dire qu’après la correction qu’il va recevoir, il ne sera pas près de recommencer.
Charles avait sévèrement puni son fils. Celui-ci dormit dans la grange à même le sol et sans la moindre couverture. Heureusement, pour lui c’était l’été, les températures, même de nuit, étaient assez douces.
L’aide de Laïnoka permit à Charles et sa femme de se faire une petite fortune. Ils pouvaient manger à leur faim et se portaient bien mieux. En une année, la ferme avait prospéré. Laïnoka savait tout faire : le ménage, la cuisine, l’entretien d’outils et de machines complexes, mais il lui manquait une chose, le maniement de l’épée.
Une nouvelle journée avait commencé. Hubert, comme à son habitude, regardait Laïnoka de travers. Avec le temps, elle avait appris à l’ignorer, et à faire comme s’il n’existait pas. Charles et Catherine continuaient leurs tâches comme d’habitude, mais cette vie sans rebondissements commençait à ennuyer Laïnoka. Une idée l’obsédait : elle voulait apprendre à se battre. Elle demanda à Charles sans la moindre retenue :
— Je veux apprendre à manier l’épée.
— Tu en es sûre ? Tu es encore bien trop jeune, je pense.
— Je me sens prête.
— Tu devrais attendre tes dix-huit ans pour commencer un véritable entraînement, et puis même si j’étais chevalier avant, je ne veux plus avoir la responsabilité d’entraîner quelqu’un.
— Mais moi je le veux. Je veux apprendre à me défendre.
— Oublie ça, veux-tu ? Nous ne sommes pas en guerre que je sache. Charles coupa court à la conversation.
Il sentait bien que le ton montait et préférait éviter tout conflit. Laïnoka était déçue, mais cela ne l’empêcha pas de se fabriquer une épée en bois afin de s’entraîner seule. Tous les jours, pendant deux bonnes heures, après le souper, elle exécutait les mouvements que son père lui avait appris. Hubert qui la surveillait toujours s’approcha d’elle.
— Je suis sûr de te battre en deux temps trois mouvements. J’ai appris, avec mon ami, à manier l’épée, j’ai maintenant deux ans d’expérience.
Laïnoka le regarda.
— Tu veux peut-être essayer de me battre ?
— Bien sûr ! Et je te battrai.
— D’accord… Tiens, prends cette épée, elle est pareille à la mienne.
Hubert tendit la main et prit l’épée d’entraînement. Il recula de quelques pas et se mit en position. Laïnoka était prête elle aussi et attaqua la première. Elle assena un coup horizontal large, mais maîtrisé. Hubert bloqua et contre-attaqua. Laïnoka esquiva le coup en se baissant, puis en se relevant, elle attaqua en piqué. Hubert prit le coup de plein fouet et tomba par terre, il se releva, recula et tenta un coup en traître en lui lançant de la poussière dans les yeux. Laïnoka ne se fit pas avoir par ce coup grossier et fonça sur Hubert qui lui assena un coup dans les jambes avant qu’elle ne soit sur lui.
Elle fut déséquilibrée et reçut plusieurs coups sur le corps. Elle ne tomba pas et garda courage. Elle bloqua encore un nouveau coup et frappa le poignet d’Hubert pour le désarmer. Il recula et tomba. Elle s’avança et lui mit la pointe de son épée sous la gorge en lui déclarant : « voilà, tu as perdu ».
Hubert était enragé : « Tu es forte, mais la prochaine fois, c’est moi qui te ferai saigner ».
— Cause toujours, lui répondit Laïnoka. De plus, je compte bien m’améliorer et sache que tes petits tours vicieux ne me surprendront plus.
— Eh bien, c’est ce qu’on verra, lui répondit Hubert, vexé.
Laïnoka et Hubert rentrèrent se coucher. Charles les avait observés et n’était vraiment pas content du tout. Il rejoignit Laïnoka dans sa chambre.
— Laïnoka, écoute. Je ne veux plus te voir avec cette épée. Je t’ai observée, j’ai vu ton combat avec mon fils. Il est lâche et fourbe, alors que toi tu es franche. Cela dit, je n’aime pas du tout l’idée de te voir avec une épée, même si ce n’est qu’un bout de bois inoffensif.
— Mais je veux apprendre, j’ai déjà fait tout ce qu’il était possible de faire à la ferme et dans la maison. Je m’ennuie atrocement. J’ai besoin d’apprendre de nouvelles choses.
— Je te comprends. Dans ce cas, je veux bien t’aider à t’entraîner, mais tu devras attendre d’avoir tes dix-huit ans. En attendant, je te laisse apprendre seule, mais c’est bien parce que tu en as vraiment envie.
— Oh merci Charles !
Charles partit, résigné.
Dans la région de Jaraal, Akshia donna naissance à plusieurs serviteurs, et servantes dont une au sang pur, prénommée Kaya grâce à une démone du même rang du nom d’Alona. Celle-ci était la première-née de sa génération. Ses pouvoirs étaient largement supérieurs à ceux de ses sœurs qui étaient aussi de la même génération. Depuis quelque temps, Akshia préparait le terrain afin de traverser sans encombre, les montagnes de Jaraal. Cette région était totalement morte : plus de flore ni de faune. Akshia s’était donné comme mission de capturer Laïnoka, de la torturer puis de la tuer. Ses trois serviteurs quant à eux seraient là pour son plaisir. Toutes les démones se vautraient en fait dans la luxure. Cela était encore plus vrai dans leur monde au Palais de Sang, un lieu où résidaient les démones de quatrième génération au sang pur. Là-bas, ces démones avaient des esclaves humains capturés et rendus à l’impuissance la plus totale. Ils servaient de jouets sexuels, de nourriture, ou de trophées. Tous ces esclaves rendus immortels étaient sûrs de souffrir éternellement, mais ce n’était pas tout : une démone, pas comme les autres, terrifiait ses sœurs, il s’agissait de Lenka. Elle prenait des tas d’humains et s’en servait comme cobayes pour les étudier. Pour elle, peu importait si ceux-ci étaient morts ou vivants.
Elle les disséquait en y prenant un maximum de plaisir.
Un autre sujet d’étude retenait son attention : la reproduction.
Les démons masculins ne possédant pas d’organes reproducteurs étaient condamnés à ne pas pouvoir se reproduire avec le sexe opposé. La seule méthode que connaissaient les démones était soit de se reproduire avec un humain, la loi l’interdisait, soit de créer une vie par le sang, mais aussi par leur magie. À la naissance du jeune démon, celui-ci devenait un serviteur dévoué, obéissant aux ordres sans discuter. Par contre, quand une démone naissait, elle gagnait un statut privilégié auprès de celle qui l’avait fait naître, avait un rôle plus important, mais surtout jouissait d’une plus grande liberté que les autres.
À force d’entraînements, Laïnoka était devenue très forte. À chaque combat contre Hubert, celui-ci était de plus en plus dépassé et ne pouvait plus rien faire. Charles, en constatant les progrès de Laïnoka, lui proposa plus tôt que prévu de commencer un véritable entraînement.
Mais, il n’en revenait pas ! Il allait apprendre à une fille de tout juste sept ans à manier l’épée ! Laïnoka, quant à elle, était heureuse. Elle allait enfin apprendre auprès d’un vrai bretteur. L’entraînement commençait très tôt dans la matinée. Le programme était simple : endurance, force et agilité.
Laïnoka était du genre patiente et attentive. Elle était prête à tout pour s’améliorer et s’endurcir physiquement. Elle commença par travailler l’endurance. Elle devait courir jusqu’au terrain d’entraînement que possédait Charles. Il se situait à une dizaine de kilomètres au nord. Le chemin était éprouvant pour ceux qui n’avaient pas l’habitude.
Laïnoka l’emprunta et commença à courir. Elle suivait les indications que lui avait données Charles pour trouver le terrain. Elle y parvint ce matin-là sans la moindre difficulté, juste un peu essoufflée. Elle était encore tout à fait prête à continuer. Sa deuxième leçon débuta par de simples exercices de musculation, cela pendant deux heures, puis vint l’agilité où elle travailla sa souplesse et sa rapidité.
Charles était impressionné. Aucune gamine de sept ans n’aurait dû réussir à faire tous ces exercices !
— Laïnoka, tu m’impressionnes, ne veux-tu pas te reposer maintenant ?
— Oui, je veux bien, je commence à fatiguer un peu…
— Incroyable ! Mais comment peux-tu être aussi endurante ? Une fille de sept ans n’a pas à faire tout ça !
— Je ne comprends pas moi-même, répondit Laïnoka. Mais c’est comme ça !
— Allez, laissons cela de côté, maintenant que tu as suivi tes premières leçons, nous allons rentrer, et cet après-midi, nous commencerons le maniement des armes, mais pas que…
— Quand je vois ton talent, cela me donne envie de t’enseigner tout ce que je sais.
Je t’apprendrai donc aussi à tirer à l’arc et à l’arbalète, ainsi qu’à monter à cheval et à te défendre à mains nues.
— Super, merci, j’ai vraiment hâte d’apprendre tout ça !
Et c’est ainsi que tous les jours, Laïnoka s’entraîna. Elle apprenait à une vitesse incroyable et parvint à faire d’incroyable progrès rien qu’en l’espace d’un an.
Le combat à mains nues n’avait plus de secret pour elle. Sa condition physique était excellente, mais psychologiquement, elle restait une enfant naïve. Elle ne parvenait pas à s’endurcir mentalement. Pour elle, tout cela n’était qu’une sorte de jeu sans conséquence : des katas, des combats avec des épées en bois… Tout cela n’avait rien de sérieux ! Charles, lui, voulait rester prudent. Il lui avait appris les bases du Hashtak, un art martial unique très connu dans tout Hashtaklor. Le fondateur de cet art était inconnu, car le secret de son identité était bien gardé. Quant aux pratiquants, ils n’avaient d’autre choix que de suivre les cours des seuls hommes élus connaissant tous les secrets de cet art. Charles avait été l’un d’eux. Mais son grade était de niveau moyen : un niveau juste suffisant pour enseigner les bases. Laïnoka les avait d’ailleurs assimilés très vite. Mais concernant les diverses techniques avancées, cela était une autre histoire.
Peu de gens parvenaient à un tel niveau…
Six ans passèrent. Laïnoka était maintenant âgé de treize ans. Elle maîtrisait absolument tout ce qui concernait l’art du combat, le tir et l’équitation. Elle savait tout faire. Charles était fier d’elle, jamais de sa vie, il n’avait eu pareille élève. Les techniques de celle-ci étaient maintenant largement supérieures aux siennes.
Après toutes ces années, les choses avaient beaucoup changé. L’empire était parvenu à annexer la zone neutre en éliminant totalement toutes les forces armées même celle des comtes. Quant à la duchesse, elle fut humiliée en place publique et emprisonnée dans le donjon du fort des morts qui avait été construit pour inspirer la peur à tous.
Xénériss, le fils de l’empereur fut promu au rang de général des Pazuzus noirs, une armée d’élites, de durs à cuire rivalisant avec les meilleurs soldats du royaume. Ils étaient peu nombreux, mais efficaces, surtout leur chef Xénériss, il était très fort et avait été nommé numéro 1 de la grande guilde des guerriers de Xernen, cela lui avait valu le titre de Guerrier Mélancolique.
Xénériss était un homme spécial, il réussissait tout ce qu’il entreprenait. Cela s’expliquait par le fait qu’il était mi-homme mi-démon, plus communément appelé un « hybride ». Son apparence était identique à celle d’un homme normal, à l’exception de ses yeux. L’un était noir sans pupille, l’autre était jaune. Il était capable de déceler le mal en chaque être humain et de réveiller ce même mal. Cela le rendait dangereux à plus d’un titre. Personne ne parvenait à le vaincre et tous faisaient l’erreur de le sous-estimer à cause de son regard mélancolique. Il maîtrisait le Hashtak comme personne. Son niveau élevé le rendait presque intouchable dans les combats à mains nues. À l’épée, c’était pareil. Son niveau dépassait celui de n’importe qui d’autre, ou presque. Seul le Baron Gabriel du royaume de Heiller était capable de l’égaler.
Les autres généraux de Xénendor étaient tous aussi efficaces. Il y avait Hamlen, chef des armées, Marion, maître espionne et interrogatrice, Antoine, ministre de la Sécurité intérieure qui avait été promu grâce à ses coups de force et la prise de la zone neutre. Une trêve avait été signée entre l’empire et le royaume pour une longue durée grâce aux conseils avisés d’Antoine. Il fallait maintenir le statu quo, et l’empire avait déjà fait couler assez de sang. Selon Antoine, l’empire n’avait plus besoin de grandir davantage. Les ressources y étaient abondantes aussi bien en minerai qu’en nourriture. Xenendor était furieux, mais comme toujours, son ministre savait trouver les mots justes pour calmer les crises lunatiques de l’empereur.
En étant isolée, la ferme de Charles était épargnée par la guerre, ainsi que le village se trouvant à l’ouest.
Seuls deux ou trois villages restaient encore libres des lois de l’empire.
Hubert avait maintenant 15 ans. Banni de la maison, il avait été contraint de se réfugier chez son ami. Harry et lui étaient devenus très proches. Un jour, il lui parla pour la première fois de Laïnoka. Il avait la rancune tenace surtout après son bannissement, dont il tenait Laïnoka pour responsable. Il voulait se venger d’elle de la pire des façons.
— Harry, j’ai une petite faveur à te demander.
— Quelle faveur ?
— Eh bien, je voudrais me venger de cette fille à qui je dois mon foutu bannissement.
— Te venger ?
— Oui, je veux qu’elle souffre !
— Très bien, j’accepte. À ce propos, je vais te montrer quelque chose. Après tout, tu es mon meilleur ami maintenant.
Hubert se demanda bien ce qu’Harry allait lui montrer. Il le suivit jusqu’à la cave et découvrit des filles nues enfermées dans des cages. Elles devaient avoir toutes entre quatorze et quinze ans, l’une d’elles, la plus âgée, apparemment, était attachée à l’un des murs au fond de la cave à l’aide d’une sorte de laisse. Hubert les détailla un à un surpris.
— Tu veux que je t’en offre ? Une de moins pour moi, quelle importance !
— Une esclave ?
— Oui, elle fera tout pour toi. Tu auras tous les droits sur elle. Elle t’obéira sans discuter.
— Je dois bien avouer que c’est tentant. Mais si je dois avoir une esclave, ce sera Laïnoka, tu sais cette fille dont je t’ai parlé.
— Je vois. Tu peux me la décrire ? Quel âge a-t-elle ?
— Dans les treize ans, elle est mignonne, elle a des yeux bleu indigo, une longue chevelure noir de jais, un visage de porcelaine, et j’ajoute qu’elle sait tout faire : la cuisine le ménage tout.
— Intéressant, je voudrais voir ça, combien tu m’en demanderais ?
— Je pensais à 2000 Hashtakloress.
— Quoi, te rends-tu compte qu’il s’agit là de la somme dont il s’agit ? J’espère pour toi qu’elle est vraiment ce que tu dis.
— Bien sûr.
— Parfait. Laissons le temps passer, nous irons voir ça dans deux petites semaines. Mais avant je voudrais que tu en choisisses une parmi ces filles-là. Tu dois te sentir bien seul dans cette dépendance que je t’ai confiée.
— Oui, c’est vrai. Bien dans ce cas, je prends, celle qui est dans la plus petite cage.
— Excellent choix, c’est la plus jeune. Elle est totalement brisée, fais-en ce que tu veux.
Hubert avait le sourire aux lèvres. Pour la première fois de son existence, il avait plein pouvoir sur quelqu’un. Il ramena la fille chez lui en remerciant Harry. La pauvre allait passer un sale moment.
De retour dans la dépendance, il prit la fille par le bras et la jeta sur une chaise.
Il l’attacha solidement et la gifla à plusieurs reprises. Elle pleurait en silence, le visage impassible. Les larmes coulaient toutes seules, Hubert la fixait avec rage. Il prit un fouet et la frappa à plusieurs reprises, une quinzaine de fois de toutes ses forces. La fille était parsemée de marques et de blessures. Le sang coulait. Enfin, il s’arrêta, mais il n’était pas vraiment satisfait : ce n’était pas Laïnoka. Il abandonna la fille et partit faire un somme.
Un jour, la sœur de Harry nommée « Lia » arriva chez lui. Elle voulait des esclaves. Comme toujours, Harry était aux petits soins avec elle.
— Lia, comment vas-tu, ma sœur ?
— Bien, as-tu ce que je veux ?
— Oui oui, j’en ai quelques-unes.
— Allons voir ça.
— Tu es venue seule ?
— Ah, j’avais oublié. Elle attend à la porte. Ouvre-lui et fais-la entrer. Harry ouvrit la porte et découvrit l’esclave de Lia. Il la fit entrer.
Elle était belle et bien habillée. C’était l’esclave préférée de Lia. Elle avait gravi les échelons après trois ans de service.
— Lia, mais tu es sûr que c’est ton…
— Eh bien oui, c’est même ma préférée. Ça fait maintenant trois ans qu’elle est à mon service, et puis tu as vu comme elle est belle ?
— Oh oui, magnifique. Je peux la toucher ?
— Non, pas touche. Il n’y a que moi qui ai le droit de le faire. Numéro 3 enlève cette robe. Lia donnait des numéros à ses esclaves. Pour les obliger à oublier leurs noms.
Numéro 3 enleva sa belle robe se retrouvant en sous-vêtements. Lia s’approcha d’elle et lui fit subir quelques attouchements sensuels.
— Tu as vu Harry, elle ne se rebiffe même pas. Je la touche souvent. J’aime ça. Elle se laisse faire maintenant. C’est normal pour elle.
— Cesse de faire ça devant moi, tu es dans ma maison.
— Comme tu voudras. Numéro 3, rhabille-toi.
— Tes esclaves sont toujours dans ta cave puante ?
— Oui, vas-y, c’est ouvert.
Lia entra dans la cave et fit comme d’habitude. Elle scruta du regard plusieurs filles sous tous les angles et fit son choix. Elle en prit quatre sur les dix qui restaient.
— Quatre ? À la fin, je n’en aurais plus.
— Prends en d’autres, moi à la maison j’en ai déjà huit, quant à la neuvième j’ai dû en faire un exemple pour les autres.
— Je ne… veux pas savoir ce que tu lui as fait.
— Tu en es sûr ?
— Oui oui certain. Aujourd’hui, je ne me sens pas très bien.
— Tu es malade ?
— Oui, mais c’est trois fois rien.
— Bon, alors remets-toi vite. Je vais y aller maintenant. Numéro 3, attache les nouvelles avec ça et file. Ramène-les à la maison et donne-leur des coups de cravache au visage si elles n’avancent pas.
— Oui maîtresse… À tes ordres.
Lia en profita. Elle lui ordonna de se mettre à quatre pattes. Elle tendit la jambe et…
— Lèche, applique-toi !
— Oui, votre Grandeur.
Elle se mit à lécher les bottes sous l’œil excité de Lia.
— J’aime te voir ainsi, tu es une bonne fille. Tu auras le droit à une récompense en arrivant à la maison.
— Vas-y, emmène-les à la maison maintenant.
— Oui maîtresse.
Lia se retourna vers son frère pour lui parler d’affaire.
Après sa discussion avec sa sœur, Harry repensa à ce que Hubert lui avait dit à propos de Laïnoka. Il alla le voir et lui demanda de le guider jusqu’à elle.
Hubert fut surpris. Il ne s’attendait pas à ça. Un sourire se dessina sur son visage.
— Tu es sérieux Harry ?
— Oui, ma sœur veut d’autres esclaves. On va capturer cette Laïnoka aujourd’hui et quelques autres par la suite. Guide-moi jusqu’à elle.
— D’accord, dans ce cas suis-moi tout de suite. J’ai hâte d’y être…
Hubert et Harry étaient en route. Tout le long du chemin, Harry se plaignait des embûches qu’il rencontrait : des arbres renversés, des chemins de ronce et d’énormes flaques boueuses. Hubert le regardait en riant. Ils firent une rapide pause.
— J’avais oublié que tu étais plutôt habitué aux sols pavés, dit Hubert en ricanant.
— Cesse de te foutre de moi, veux-tu ?
— On en a encore pour quatre heures de marche, mais on peut prévoir d’autres pauses si tu veux.
— Quatre heures ? J’espère que ta Laïnoka vaut vraiment le coup.
— Sûr et certain
Ils reprirent la route et continuèrent.
Laïnoka se trouvait au petit atelier qu’elle s’était aménagé. Elle y fabriquait des tas de choses pour donner libre cours à son imagination. Charles, quant à lui, réparait la toiture de la maison qui avait subi une rude tempête. Tout se passait pour le mieux et Laïnoka avait réussi à oublier les événements qui l’avaient traumatisé il y a quelques années. Elle était heureuse d’être aimée de ses nouveaux parents.
Hubert et son ami étaient enfin arrivés à destination.
Ils observaient maintenant la ferme afin de trouver le bon moment. Hubert proposa à son ami de rejoindre la cabane qu’il avait fabriquée non loin de là pour avoir une meilleure vue.
— Harry, regarde, c’est elle là-bas, dans le petit atelier.
— Hubert, tu n’as pas menti.
— Tu vois, je te l’avais dit même si elle s’est coupé les cheveux, elle est toujours aussi mignonne.
— On passera à l’action au coucher du soleil.
— Tu as déjà un plan ?
— Bien sûr ! Regarde-la bien, tu ne remarques rien ?
— Quoi donc ?
— Imbécile à sa ceinture, l’épée et aussi son petit fanion blanc au bras.
— L’épée je l’avais vue, mais c’est quoi ce fanion blanc ?
— Il signifie qu’elle maîtrise les bases du Hashtak. La kidnapper ne va pas être facile.
— Mais alors comment allons-nous nous y prendre ?
— Aie confiance, avec mon plan tout devrait bien se passer. Et puis, ce n’est qu’une gamine naïve n’est-ce pas ?
Au coucher du soleil, ils mirent leur plan à exécution. Hubert se présenta devant Laïnoka. Elle fut vraiment surprise de le voir.
— Hubert ?
— Hé oui, je suis de retour et… je te déteste toujours autant. Mais j’ai quelqu’un à te présenter.
— Qui donc ?
— Oh, un ami à moi.
— Et si je ne veux pas le rencontrer ?
Pendant cette conversation, Harry s’était introduit chez Hubert. Il avait sorti sa dague et inspecta le rez-de-chaussée : personne ! Il en conclut donc que les parents d’Hubert étaient à l’étage. Il grimpa les escaliers et vit Charles en train de faire des plans d’extension pour la maison, et sa femme faisait du rangement.
Charles était concentré sur son activité et ne remarqua pas Harry. Celui-ci l’assomma d’un coup de poing à la tempe. Catherine sursauta et se retourna. Elle vit Harry :
— Mais qui êtes-vous ? Que nous voulez-vous ?
— Oh, trois fois rien, juste que vous jouiez les otages quelque temps. Allez, descendons maintenant !
Catherine préféra obéir, tenaillée par la peur. Harry l’attrapa par le cou, lui mit sa dague sous la gorge. Il la fit descendre des escaliers. Laïnoka qui était encore en pleine discussion avec Hubert ressentit alors un frisson dans son dos. À ce moment précis, Harry sortit de la maison avec Catherine prise en otage.
Laïnoka fut sidérée, désemparée. Tétanisée, elle ne savait pas quoi faire. Harry la fixait « Laïnoka c’est ça ? ».
— Oui.
— Tu vas nous suivre sans faire d’histoire ou sinon, je la tue.
— Je…
— Tu n’as pas l’air de me prendre au sérieux on dirait ?
— Mais je…
— Harry arrête, je crois qu’elle a compris !
— Laïnoka, tu vas nous suivre maintenant ou je lui tranche vraiment la gorge !
— D’accord, je vous suis, mais… ne lui faites rien.
Pendant ce temps, Charles avait repris conscience. Il se releva et descendit l’escalier, il découvrit qu’Harry tenait sa femme, prêt à lui trancher la gorge. Il se précipita sur lui afin de lui faire lâcher prise. Il parvint à le désarmer et à libérer sa femme, mais Harry était un vicieux.
Il sortit un petit couteau et le lança sur Catherine. Charles eut le temps de la protéger de son corps, mais reçut le coup dans l’épaule. Il arracha le couteau et le jeta au sol.
Harry sortit alors son épée. Son fourreau était caché dans sa petite cape. Il n’hésita pas une seule seconde à éventrer Charles en un coup rapide. Celui-ci tomba, les mains sur l’abdomen, en vomissant du sang, Laïnoka fut choquée. Elle se cacha les yeux de ses mains pour ne pas voir cet horrible spectacle plus longtemps. Hubert la prit alors par le cou et la força à regarder. Il lui attacha les mains dans le dos et maintint ses paupières ouvertes. Elle se débattit pour se libérer, mais ce fut en vain. Elle n’avait pas assez de force.
— Bien, hurla Harry, il ne reste que toi maintenant que ton mari est mort, viens par là où Hubert se fera un plaisir de tuer Laïnoka.
— Je vous en prie, laissez-nous !
— Non et j’ai encore autre chose à montrer à Laïnoka.
Catherine pleurait. Elle n’arrivait plus à bouger, tétanisée par la mort de son mari. Harry s’approcha d’elle et s’adressa à Laïnoka : « Hey, regarde ça ! »
Harry trancha lentement la gorge de Catherine en fixant Laïnoka droit dans les yeux. Pour elle, l’histoire recommençait. Son traumatisme oublié refit surface.
Cela fut si fort qu’elle s’évanouit.
— Harry vite, mets-la dans ce sac et partons d’ici au plus vite ! Mais oh, avant que je n’oublie, faisons maintenant un magnifique feu de joie avec cette ferme inutile.
— D’accord, répondit Harry, je vais le faire…
Il mit le feu à la ferme en lançant une torche improvisée dans la maison. Puis les deux amis repartirent direction le lointain village.
Chez Harry, tout était calme. Hubert et son ami étaient revenus avec Laïnoka qui était toujours enfermée dans le grand sac en jute.
Hubert la jeta au sol et l’ouvrit. Laïnoka était à peine consciente. Harry s’approcha d’elle et la réveilla violemment. Elle le gifla et tenta de s’échapper. Harry éclata de rire et lui donna un coup de poing dans l’estomac. Il prit une sorte de collier de sa poche et l’obligea à le mettre. Toute sa volonté disparut, ce qui l’empêcha de tenter à nouveau de s’enfuir.
Elle s’affala au sol sans pouvoir réagir. Harry fit signe à son ami de partir afin d’être seul avec elle. Il la traîna par les cheveux jusqu’à sa chambre et il la jeta sur le lit. Il l’attacha au pied du lit. Il se déshabilla et se jeta sur elle telle une bête sauvage, il la brutalisa en la ruant de coups et lui fit subir sa perversité malsaine. Elle n’avait plus la force de crier ou de pleurer.
Elle avait été souillée. Après des heures de cauchemar, il la jeta à la cave avec les autres sans le moindre vêtement. Il l’enferma dans une cage où seule sa tête restait à l’extérieur, condamnée à rester à quatre pattes.
En face d’elle se trouvait la fille attachée au mur. Son nom était Lanassa. Elle parvint à s’approcher de Laïnoka et tenta de lui redonner courage.
— Je suis passée par là moi aussi… Comment t’appelles-tu ?
Aucune réponse ne sortait. Les événements terribles que Laïnoka avait traversés l’avaient presque détruite. Son regard était vide.
L’enfer dura une semaine. Les six captives n’avaient pour seule nourriture que des restes. Quant à l’eau, elle venait de la pluie toute sale et à peine buvable. Laïnoka parvenait tout de même à remonter la pente après cette semaine infernale.
Grâce à Lanassa qui tous les jours tentait de lui parler et de la rassurer. Elles finirent même par sympathiser.
— Alors, Laïnoka, comment te sens-tu ?
— Un peu mieux, merci, et c’est grâce à toi. Tu m’as redonné courage, même si mon envie de vivre ne tient plus qu’à un fil.
— Ne dis pas ça ! Si nous avons de la chance, Lia viendra peut-être nous prendre comme esclaves. On sera toujours mieux chez elle qu’ici.
— Lia ?
— La sœur d’Harry.
— Je ne veux pas être une esclave.
— Quel autre choix avons-nous ?
Harry venait d’entrer en criant « Lia, votre nouvelle “maîtresse” vous honore… »
— Imbécile, je sais parler toute seule, alors la ferme ! J’espère que tu as des nouvelles à me proposer.
— Oui, une en particulier qui devrait te plaire, c’est celle du fond là-bas.
— Laisse-moi la regarder… Oh, en effet, très belle ! Celle-ci je la veux rien que pour moi, je la prends.
— Lanassa ?
— Oui, j’ai besoin d’elle, alors je la prends.
— Bon, très bien, prends-les et qu’on n’en parle plus.
Lia chargea sa servante d’envoyer les filles chez elles. Comme à son habitude, elle resta discuter avec son frère pour qu’il trouve d’autres filles.
Chez Lia, tout était différent de chez son frère. C’était clair et luxueux. Il y avait cependant une chose dérangeante : des tableaux érotiques malsains. Il y en avait absolument partout.
Lia était du genre dévergondée, se promener nue en place publique ne lui posait aucun problème. Elle jouait avec les hommes et les jetait. Tous les gens du village étant trop reconnaissants pour les emplois qu’elle avait créés pour la critiquer. D’autres l’appelaient la libertine. Et elle n’aimait pas seulement les hommes : elle s’adonnait à des pratiques sexuelles malsaines avec des adolescentes. Elle vivait entourée de jeunes esclaves faisant tout à sa place, jusqu’à la nourrir et la laver. Certaines filles qui lui plaisaient montaient en grade et devenaient servantes, un titre donnant plus de liberté et de sécurité. Quant aux filles qui la décevaient, elle les torturait ou les enfermait dans le noir pendant deux jours sans eau ni nourriture.
Laïnoka avait peur, l’ambiance que dégageait la maison la mettait mal à l’aise. Lanassa quant à elle n’était pas rassurée. La troisième fille tremblait. Lia arriva derrière elles.
— Vous trois, retournez-vous !
Elles se retournèrent pour lui faire face. Elle les inspecta sous tous les angles et remarqua que Laïnoka était quelque peu différente. Son corps était sans défaut et sans la moindre marque : aucune tache de naissance ni de grains de beauté, une musculature parfaitement équilibrée et symétrique.
— Tu n’es pas comme les autres… Finna !
— Oui madame ?
— Je veux que tu envoies cette fille à la salle de bain, et lave-la.
— Très bien madame.
Lia fixa alors Lanassa qui la défiait du regard.
— Pourquoi me regardes-tu avec tant d’insolence ? Tu veux peut-être que je m’occupe de toi ?
Lanassa baissa les yeux.
— C’est mieux, à genoux ! Lanassa s’exécuta.
— En revenant à la maison, j’ai marché dans la boue et le crottin de cheval. Je veux que tu nettoies ces belles bottes.
Lanassa ne savait pas quoi répondre.
— Qu’attends-tu ?
— Je…
— Lèche, immédiatement !
Lanassa s’y refusa, c’était bien trop humiliant.
— Oh, je vois. Tu ne veux pas ? Et toi là, rends-toi utile et force-la à le faire.
La troisième fille, ayant trop peur de refuser, l’attrapa par les cheveux et l’obligea à lécher. Lanassa recracha de dégoût et manqua de peu de vomir.
— Regarde ce boulot, avale et ne laisse rien ou je t’envoie deux jours pourrir dans mon cachot personnel.
Lanassa ne voulut pas obéir. Elle préférait refuser. Pour elle, deux jours dans un cachot sombre étaient une habitude.
— Tu es vraiment bornée ! Numéro 3 !
— Oui maîtresse ?
— Enferme-la dans mon cachot personnel. L’esclave obéit et enferma Lanassa au cachot.
C’était une pièce sombre, très petite, hermétiquement fermée à l’aide d’enchantements spéciaux. Il y avait de l’oxygène pour deux jours à peine. La température était infernale et des sons insupportables sortaient des murs.
Peu de gens supportaient cela : une torture psychologique indescriptible. Lanassa était quelqu’un de dur au mal et difficile à briser, ayant passé son enfance aux mains d’un nécromancien qu’était son père. Elle savait ce que souffrir voulait dire. Elle avait subi les pires tourments pendant 7 ans : privation de sommeil, de vivre et de lumière, enterrée vivante plusieurs fois, privée d’air. Elle était le cobaye de son père. Le but de celui-ci était de trouver les limites du corps humain. Il voulait savoir jusqu’où le corps et l’esprit pouvaient aller. Ces expériences furent interrompues à cause d’un fait qui s’était produit dans l’empire à la suite de quoi, il avait vendu sa fille à un marchand d’esclaves et était parti sans laisser la moindre trace.
Laïnoka avait été lavée, elle était toute propre. Finna resta à côté d’elle jusqu’à l’arrivée de sa maîtresse.
— Alors Finna, tu as fini ?
— Oui, madame.
— Tu peux disposer, je ferais le reste personnellement.
Laïnoka, de sa faible voix:
— Le… le reste ?
— Oui, il faut bien t’habiller, suis-moi.
Laïnoka ne comprenait pas, elle était censée être une esclave et voilà qu’elle était traitée avec tous les égards ou presque.
— Voilà la penderie, viens avec moi.
Laïnoka entra et fut impressionnée. Elle n’avait encore jamais vu autant de vêtements, tant de couleurs illuminaient ses yeux qu’elle ne savait plus où regarder.
— Quelle couleur préfères-tu ?
— J’aime le bleu.
— Tu as de la chance, moi aussi.
— Je ne comprends pas. Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
— Pour l’instant, que tu choisisses une robe, et que tu me suives.
Laïnoka sentait un malaise. Cette gentillesse à l’égard d’une gamine censée être esclave, ce n’était pas normal. Elle regarda un peu toutes les robes et en repéra une en particulier. Étrangement, elle était à sa taille.
— Je choisis celle-ci.
— Bien, tu as du goût, comme moi. Mets-la.
Laïnoka était contente de pouvoir enfin cacher sa nudité. Elle qui n’avait pas porté de vêtements depuis une semaine.
— Elle te va bien. Tiens, mets ça et ce sera parfait.
Lia lui tendit des bas et un porte-jarretelles ainsi que des gants longs de soie et de belles bottes fines.
Laïnoka n’osa pas la contrarier et enfila le reste. Elle se posa néanmoins une question : qu’allait-il lui arriver ?
— Tu es parfaite… enfin presque il reste un détail…
Lia faisait souvent cela aux filles qui l’intéressaient. Elle les habillait comme elle-même avant de leur pratiquer des attouchements sexuels. Elle était tordue et sadique. Elle ne respectait que la beauté superficielle et la domination. Elle avait le pouvoir sur tous les gens qui habitaient le village.
— Laïnoka, t’es-tu déjà maquillée ?
— Non jamais.
— Réglons cela tout de suite. Finna !
— Oui madame ?
— Maquille-la.
— De quelle façon madame ?
— Léger, du noir pour les yeux et du violet pour les lèvres.
— Très bien, je m’en occupe.
Après un cours de moment, Laïnoka était prête.
— Incroyable, elle est plus belle que moi, Finna, tu as fait un excellent travail. Et cette coiffure, elle est parfaite ! Tu peux disposer.
— À votre service, madame.
Laïnoka avait de plus en plus peur, elle n’arrivait pas à imaginer ce qui allait lui arriver. Elle suivit Lia jusqu’à sa chambre. Une pièce magnifique, très colorée, un grand lit, des meubles brillants et un sentiment d’apaisement. Lia ferma sa porte à clé et s’approcha de Laïnoka. Elle lui posa une main sur l’épaule et la fit asseoir sur le bord du lit, puis elle devint intrusive en posant sa main sur la cuisse de Laïnoka qui sentait que quelque chose n’allait pas. Elle était comme paralysée. Elle sentit l’autre main de Lia sur sa poitrine. Elle la caressa simplement pendant un long moment, puis elle s’arrêta.
— Tu n’es vraiment pas comme les autres… En général, les autres filles réagissent différemment. Comment arrives-tu à te contrôler ?