Les dauphins avaient tout compris ! - Chris Véa - E-Book

Les dauphins avaient tout compris ! E-Book

Chris Véa

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Beschreibung

Vous pensiez avoir déjà tout lu dans le genre littéraire des comédies romantiques ? Lisez ce livre et comparez ! L'héroïne est folle des plantes et - contre toute attente - va mener une épopée palpitante grâce à l'une d'entre elles. Dans son autre quête, celle du bonheur auprès d'un futur mari, lequel des hommes qui l'entourent choisira-t-elle ? Paul, son patron et vraiment un chic type ? Eudes, un client fortuné au charme désuet ? Alexandre, un géant bègue, beau comme un demi-dieu et adorable ? Et vous, lequel choisiriez-vous ?

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Seitenzahl: 125

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Ähnliche


« Le rire est dans la vie comme la Lune dans la nuit noire. »

C.V.

Pour Inès.

Sommaire

CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3

CHAPITRE 4

CHAPITRE 5

CHAPITRE 6

CHAPITRE 7

CHAPITRE 8

CHAPITRE 9

CHAPITRE 10

CHAPITRE 11

CHAPITRE 12

CHAPITRE 13

CHAPITRE 14

CHAPITRE 15

CHAPITRE 16

CHAPITRE 17

CHAPITRE 18

CHAPITRE 19

CHAPITRE 1

« Tout le monde cherche le bonheur, mais le bonheur est un concept. »

- Oh, là, là ! Comment on va réussir à faire une campagne publicitaire à partir d’une phrase comme ça ? lance Julien lors de notre première réunion pour le nouveau marché qu’a décroché l’agence pour laquelle je travaille.

- Au contraire, je trouve qu’on peut décliner l’idée du concept avec plein de situations concrètes : loisirs, famille, argent… répond Alain.

- Oui, mais là, on doit parler de bas, mon vieux !

Je sens qu’on va tourner en rond comme cela arrive parfois. Alors pour couper court à toute nouvelle protestation, j’interviens et je dis à Julien :

- Si tu n’as pas d’idée, tu n’as qu’à lire Propos sur le bonheur d’Alain. Cela t’inspirera peut-être pour la prochaine réunion !

- Ah bon, tu as écrit un livre, Alain ?

- Mais non, pas moi, le philosophe !

Ma blague a fonctionné. Tout le monde éclate de rire et c’est très bon pour la créativité du groupe, sauf peut-être pour Julien qui se renfrogne un peu puis déclare, bougon :

- Si les philosophes s’appellent simplement Alain, maintenant, comment veux-tu faire la différence avec tes collègues ? Il aurait pu choisir un prénom ET un nom de famille pour faire sérieux. Ce n’est pas à vous, publicistes, que je vais expliquer que le nom, d’un philosophe comme celui d’un produit, est plus important qu’on ne le croit et qu’il peut décider d’un destin. On parle d’Einstein, d’Armstrong ou de Curie, pas d’Albert, de Louis ou de Marie.

- Ben si, Marie, on en parle, déclare Sidonie, ma collègue et amie.

- Connais pas.

- Jésus, Marie, Joseph, tu connais pas ? Je te promets que ces prénoms signifient de grands destins !

Encore une fois, tout le monde éclate de rire. Décidément, Julien n’arrive pas à énoncer une de ses théories sans que l’un de nous lui prouve qu’elle est totalement vaseuse.

- Ceux-là peut-être, mais je persiste et signe, si vous voulez que je trouve un slogan pour des bas à partir de cette citation, vous devrez m’appeler Einstein et vous verrez le génie que je vais devenir.

- Bien, déclare Paul, le directeur de la création, qui nous laisse toujours dire tout et n’importe quoi lors de la première réunion, réfléchissez chacun de votre côté. On en reparle demain matin, même lieu, même heure. Einstein-Julien passera en premier pour nous exposer son idée de génie. Fin de la réunion.

Pendant que tout le monde se lève en repoussant bruyamment sa chaise, Paul me dit :

- Renée, tu peux passer dans mon bureau avant de partir déjeuner s’il te plaît ?

- Oui, j’arrive !

Renée, c’est moi. Pas encore la trentaine, mais c’est pour bientôt. J’ai lu Propos sur le bonheur d’Alain quand j’avais dix-huit ou vingt ans et que je ne savais pas encore dans quoi je voulais me lancer dans la vie. Je dois avouer que je n’ai plus aucun souvenir de cette lecture sauf, peut-être, que l’homme a besoin de voir l’horizon pour se sentir plein d’élans. L’horizon devant son ordinateur, aujourd’hui, ce n’est pas évident. Mais j’avoue que j’aime regarder aussi loin que possible lorsque je me balade dans Paris et que je passe sur un pont. J’essaie de distinguer un monument connu au loin, je m’étonne du relief du paysage en voyant des immeubles ou une église dominant largement la ville. Les jours où le ciel devient menaçant, j’aime aussi voir comme certains nuages qui passent au-dessus de la Seine sont gigantesques et donnent un aperçu de la grandeur du ciel et de notre taille comparativement dérisoire sur notre belle planète.

Pour en revenir au bonheur, côté professionnel, j’ai trouvé le mien grâce à mon stage de fin d’études, lorsque je suis arrivée dans cette agence. Comme je suis une « boîte à idées » permanente, totalement incapable de ne penser à rien, Paul m’a proposé de rester après mon stage et me voilà. Je travaille ici depuis bientôt trois ans et je m’y sens bien car l’ambiance y est très bonne. Les horaires sont le plus souvent extensibles, mais comme personne ne m’attend dans mon petit appartement du centre ville, cela ne me gêne pas trop de faire des heures supplémentaires. Autant penser à des campagnes publicitaires qu’à ruminer sur sa situation sentimentale accablante. Et cela me réussit plutôt bien car Paul fait maintenant toujours appel à moi pour trouver une première accroche lors d’un nouveau contrat, accroche qui sera le point de départ de la première réunion de créativité. Il semblerait que je sois un être « inspiré » comme il dit. En disant cela, mon inspiration me fait soudain penser que je devrais peut-être lui demander une augmentation, depuis le temps ! Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés, c’est bien connu.

La citation que j'ai proposée à mes collègues en salle de réunion est une réflexion personnelle sur le bonheur. A l’approche de la trentaine, j’ai besoin de faire un point sur ma vie. Tout le monde cherche le bonheur, mais c’est quoi être heureux ? Comme l’explique Maslow, un des auteurs qui hantent ma table de nuit, une fois que l’on a répondu à ses besoins physiologiques et de sécurité en ayant de quoi manger et un toit sous lequel dormir - ce qui n’est pas le cas pour tout le monde - il reste à satisfaire les besoins d’appartenance, d’estime et celui de s’accomplir. C’est à ces niveaux de la pyramide que les choses se compliquent. Le bonheur est-il la réalisation de soi ? Entre le travail, les transports, la famille ou les amis, les courses, qui trouve encore du temps pour l’introspection ? Est-il la capacité à apprécier le moment présent ? Les rares fois où je m’aperçois du moment présent, c’est quand je me tape un orteil dans un des pieds du lit. Je ne peux pas dire que j’apprécie vraiment le moment, dans ce cas. Le bonheur est-il alors de se contenter de ce que l’on a ? C’est peut-être un peu plus facile : j’ai conscience d’avoir un travail intéressant, de vivre dans une capitale où l’accès à la culture est facile. J’ai assez d’argent pour l’indispensable et un peu plus. Effectivement, c’est une chance. Mais j’ai aussi envie de faire des plans sur la comète, de m’imaginer en couple bientôt puis mère de famille. Et là retour au dernier niveau de la pyramide de Maslow : pour accomplir ce besoin, il faut avoir trouvé une âme sœur, un conjoint, chaussure à son pied, sa moitié ou au minimum le père de ses enfants. Il y a tellement de façons de désigner l’homme de sa vie que cela rend compte de la difficulté à le trouver ! En attendant, la seule passion que j’entretiens depuis un an est avec mes plantes vertes.

- Des plantes ! manque de s’étrangler Sidonie en sortant de la salle de réunion. Mais c’est une passion de retraitée ! Tu ne préférerais pas plutôt faire du jet-ski ? C’est fun, tu rencontrerais de beaux jet-skieurs et tu aurais un corps de rêve !

- Du jet-ski à Paris ? La mer est à plus de 250 km d’ici je te signale, un peu loin pour y aller après le bureau. Et puis j’ai déjà un corps de rêve, enfin presque ! lui dis-je en riant.

- Oui Mémé, pour ton âge, tu es bien conservée… mais réfléchis car avec cette nouvelle passion, tu pourrais partir en week-end et en vivre d’autres…

- Je vois ce que tu veux dire. Mais pour ta gouverne, sache que je voyage grâce à ma passion des plantes. L’été dernier, je suis allée jusqu’en Indonésie voir des Rafflesia arnoldii. J’ai d’ailleurs ramené, en douce, une Rafflesia manillana, qui est aussi l’une des fleurs les plus rares au monde. Elle commençait à pousser sur une plante commune que l’on peut acheter là-bas et qu’on appelle un tétrastigma. J’ai fait celle qui ne l’avait pas vue et les douaniers n’ont rien vu non plus.

- Pourquoi n’as-tu pas ramené la plante que tu es allée voir, la Rat-Fraisia-arnold-dit-oui ?

- Parce que la arnoldii mesure plus d’un mètre de large et peut peser jusqu’à 15 kilos !

- Effectivement pour la ramener sans excédent de bagage, c’était pas gagné.

- En plus, elle sent la viande avariée pour attirer les coléoptères et les mouches qui la fécondent…

- Cela ne m’étonne pas que ce soit la fleur la plus rare du monde. Ils l’offrent à leurs meilleurs ennemis en Indonésie ?

- Peut-être. D’ailleurs Sidonie, si tu continues à m’appeler Mémé, je vais t’en faire livrer une… Allez avance, je dois aller voir Paul. On déjeune ensemble, après ?

- Oui Mémé !

CHAPITRE 2

Le bureau de Paul est un exemple de rangement. Tous les dossiers sont disposés au millimètre près et pas une feuille ne dépasse. Tout le contraire de mon bureau, qui croule sous les dossiers, les dessins, les petits bouts de papier car j’avais une idée, mais pas de feuille sous la main. Mais on n’est pas une boîte à idées permanente sans dommages collatéraux… J’ai à peine refermé la porte de son bureau que Paul me dit :

- J’aimerais que tu t’occupes d’un projet pour un nouveau client un peu spécial.

- Spécial comment ?

- C’est un quinqua bien conservé, plutôt chic et sportif, sympa, mais il a une façon obséquieuse de parler qui énerve tout le monde au bout de cinq secondes de conversation avec lui.

- Diantre ! dis-je avec un accent de dame de grande noblesse.

- Non, justement, ne joue pas sur le même registre que lui car il va penser que tu te moques et il va aller voir une autre agence. Parle normalement et surtout ne ris pas ou ne te fâches pas lorsqu’il parlera. OK ?

- D’accord. Il arrive à quelle heure ?

- 14h.

- Très bien, j’essaierai d’être présente et de ne pas me fourvoyer, très cher ! dis-je en me courbant tout en faisant de grands gestes du bras, comme si je tenais un chapeau dans la main.

Je m’enfuie ensuite très vite pour ne pas recevoir la gomme que Paul me lance pour me punir de mon impertinence.

A l’heure du déjeuner, Sidonie et moi allons nous installer à la terrasse d’un café sur une petite place où il ne passe presque jamais de voitures.

- On n’est pas bien là, au soleil du mois de juin ? dis-je à Sidonie.

- Tu as raison. Demain on reviendra s’il fait beau.

- Tu crois que c’est ça le bonheur : savourer le soleil et le moment présent ?

- Si le bonheur tenait à la présence du soleil, cela voudrait dire qu’on est malheureux au minimum en novembre, décembre, janvier et lors d’étés pourris. Donc le soleil est un atout, il joue sur l’humeur, mais je ne pense pas que ce soit LE bonheur. C’est un petit bonheur, même si on peut être heureux sans lui.

- Mais LE bonheur est-il la somme de petits bonheurs, alors ?

- Peut-être. L’ennui c’est que l’humain a toujours envie de plus.

- Je ne sais pas si c’est du « plus » que l’humain recherche ou du « différent ». Par exemple, tu es contente du lieu où tu habites, mais tu aimes bien partir en vacances aussi. Ou bien, ton armoire est pleine à craquer mais tu as envie de ce petit tee-shirt car il est bien mignon.

- Dans le cas du tee-shirt, je fais une chose : je ne craque que si j’en ai usé un jusqu’à la corde et que j’en fais un chiffon. Sinon, on craque sans arrêt et ensuite on croule sous les affaires et les objets divers. Je crois qu’il est difficile d’être heureux dans la pagaille car on doit ranger sans arrêt, au lieu de consacrer du temps à faire une activité qui nous rend heureux. On a déjà assez peu de temps pour soi, si en plus on le gâche, c’est dommage.

- Un point pour toi. Mais je pense aussi que pour être heureux, il faut déjà prendre conscience et se réjouir des moments où on se sent bien. Juste se dire « là, je suis bien », comme nous maintenant.

- Un point pour toi. Tu sais quoi, on devrait noter les moments où on est heureuse pour les lire quand on n’aura pas le moral. Mais il est presque 14 heures, il faut y aller, maintenant. On reparlera bonheur si tu veux demain, « même lieu, même heure » comme dirait Paul.

- Oui, tu as raison, il faut y aller. Et mi-sérieuse mi-ironique, je lui demande : Tu crois que Paul prendra conscience de son bonheur en nous voyant rentrer à l’heure de la pause déjeuner cette fois-ci ?

- Cela m’étonnerait. Mais si nous arrivons un quart d’heure en retard, c’est surtout nous qui allons comprendre notre malheur !

CHAPITRE 3

14h01. Paul et moi attendons l’arrivée de Monsieur Legrand, enfin du très cher Monsieur Legrand, si j’en crois ce qu’il m’en a dit. Le Monsieur en question arrive à 14h04. Au moins il a la politesse des rois en étant ponctuel. J’ai hâte de l’entendre parler !

- Bonjour Paul, dit-il.

Jusque-là, rien de curieux dans sa façon de s’exprimer. Mais il enchaîne :

- Bonjour chère demoiselle, permettez-moi de me présenter, Eudes Legrand du Plessis, mais appelez-moi Eudes, je vous prie.

Et il me fait un baise-main. Surprise et un brin rougissante, je lui réponds :

- Renée Chesnais, pour vous servir, en esquissant une légère révérence.

Paul me regarde avec des yeux de hibou, mais ne voyant aucune moquerie de ma part, il se tranquillise. En fait, je suis sous le charme. C’est la première fois qu’on me fait un baise-main et, honnêtement, c’est exquis !

Nous nous asseyons autour de la table ronde du bureau de Paul. Celui-ci nous demande si nous désirons un café. Comme nous répondons par l’affirmative, il se lève et va nous servir trois tasses dans la petite cuisine située en face de son bureau. Intérieurement, je me dis que ce chef est vraiment appréciable. Il n’a pas téléphoné à Sophie, la jeune-femme de l’accueil, pour qu’elle prépare les cafés. C’est aux petits détails que l’on sait à quel genre d’homme on a affaire. Monsieur Legrand, enfin Eudes, en profite pour entamer la conversation :

- Je dirige une entreprise spécialisée dans la fabrication de crèmes, de savons et autres produits à base de végétaux biologiques. Paul sait déjà tout cela, c’est pourquoi je vous en parle hors de sa présence. Pour nos vingt années d’existence, je souhaite organiser un événement un peu festif, vous voyez ce que je veux dire, chère mademoiselle ? Paul m’a certifié que vous êtes la collaboratrice idéale pour un tel projet. Le croyez-vous également ?

- Je crois savoir pourquoi il vous a parlé de moi. J’ai une passion pour les plantes et il a certainement pensé que je serais plus inspirée que quiconque dans cette agence pour satisfaire votre demande. Mais je ne peux pas vous le promettre.