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Deux êtres faits l'un pour l'autre se rencontrent en plein cœur de la forêt. Dès cet instant, leur amour prend forme. Leur seul désir : construire lentement, à la manière de deux escargots, en prenant leur temps, leur amour. Réussiront-ils à bâtir un couple à la mesure de leurs rêves, dans un monde où d’époustouflantes agitations et des passions profondes s’opposent véritablement ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Guidé par d’excellents professeurs internationaux,
Louis-Maurice Parat a exploré un vaste territoire littéraire et artistique, allant de l’orgue et du piano à la peinture et aux romans. Ses voyages et rencontres l’ont inspiré à explorer les sentiments, les croyances, les anecdotes et l’histoire locale, une influence perceptible dans tous ses romans.
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Seitenzahl: 315
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Louis-Maurice Parat
Les deux escargots amoureux
Roman
© Lys Bleu Éditions – Louis-Maurice Parat
ISBN : 979-10-422-1232-2
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Je suis subjugué par « Elle ».
Tous mes sens étaient poussés dans un même état d’émerveillement et d’extase.
Ses yeux se déplacent de gauche à droite, puis de droite à gauche, à une vitesse rocambolesque. Au lieu des cent mille occurrences par jour que l’être humain réalise généralement en ce délai, « Elle », elle bat tous les records : c’est à cent mille fois à la minute qu’ils se mettent en une action vertigineuse tant leur vivacité est phénoménale.
Subitement, ses pupilles se fixaient sur un objet, un animal, une plante. Pourquoi ?
Ses yeux s’immobilisent, hypnotisés sur « ce sujet » de la même manière qu’un photographe est comme « anesthésié » quand il vient de capter le plus beau cliché de sa vie.
Ses prunelles sont d’un bleu intense.
Ses paupières ne sont pas outrageusement maquillées.
Ses épaules sont le reflet de la divine expression du corps féminin, elles tombent, rondes, vers le sublime de son corps ; elles sont dans l’alignement de ses hanches qui, elles montrent l’harmonie de sa taille fine.
Ses cheveux en bataille se rapprochent d’un blond châtain. Ils sont mi-longs, mi-dégradés, allant jusqu’à ces épaules ; quelques mèches forment une pointe vers le côté : des accroche-cœurs.
Elle me déclarera plus tard, quand je l’interrogeais sur ce thème : c’est une coupe longue carrée plongeante. Qui permettait, à un capilliculteur, de faire des merveilles avec de tels cheveux !
Sa physionomie est un modèle du genre en la perfection d’autant que sa symétrie est dans sa généralité, parfaite.
Communément, pour chacun d’entre nous, nous avons un profil de notre face « qui sourit » et l’autre qui dit : « je suis obscur ». Elle, non ! Je le confesse, elle incarne ce portrait idéal, qui est ce chef-d’œuvre féminin.
Les femmes montrent plus facilement l’aspect gauche de leur visage : il est le véritable miroir des émotions. La Joconde, la fille à la perle et bien d’autres tableaux de peintre en représentent les meilleurs exemples.
De même, si, elles se mordent particulièrement la lèvre supérieure à gauche plutôt que du côté droit. C’est le signe d’une certaine attraction. Vers qui ? Vers quoi ? Vers moi, je l’espère, mais, ne suis-je pas un impertinent ?
Cette créature féerique, « ma courtisane », se distingue par un tempérament ouvert à tout.
Cette réflexion me fit immédiatement revenir à mes nombreuses lectures, celles de mes philosophes préférés (Oui ! Je sais, avide de littérature, d’histoire et de philosophie, aussi, j’aime transmettre mon engouement.) :
« Comment est-ce possible une telle individualité ? En convenant d’utiliser les concepts de la personnalité pour cette originalité psychologique ; la question en implique une foule d’autres : comment expliquer et comprendre telle ou telle individualité ? »
Le but de la philosophie, écrit saint Thomas d’Aquin, ce n’est pas de savoir ce que les hommes ont pensé ou ce qu’ils pensent, mais bien qu’elle soit la vérité des choses.
Olympe possède une personnalité marquante, c’est inéluctable. L’ensemble de tous ses caractères permanents constitue sa vraie personnalité, son individualité.
J’ai pu faire apparaître et apprécier au fil du temps cette exceptionnelle particularité qui la met tellement en valeur vis-à-vis des autres.
Elle est, d’une part, analyste : penseuse imaginative et stratège avec un plan pour tout ; inventrice, innovatrice, elle est dotée d’une soif de connaissances ; elle possède un fort caractère qui lui permet d’arriver à ses fins ; penseuse astucieuse et curieuse, elle semble incapable de résister à un défi intellectuel.
Par ailleurs, elle demeure une excellente diplomate : idéaliste, calme et mystique, et pourtant très inspirante et infatigable.
Elle est aussi une personne poétique, gentille et altruiste capable de soutenir une cause louable.
Elle a cette volonté de représenter une leader charismatique, et inspirante, capable de subjuguer n’importe lequel des publics ; rien ne l’arrête généralement pour défendre toutes les causes de tous.
Elle est, enfin, une personne astucieuse, énergique et extrêmement perspicace, qui aime vivre à la pointe du progrès.
Elle a prouvé et prouve tous les jours qu’elle est une excellente gestionnaire, d’une efficacité inégalée en gérant les affaires et les gens.
Elle est une personne extraordinairement attentionnée, sociable et populaire, toujours prête à seconder les autres.
Est-ce une conséquence de son prénom ?
Le philosophe Hume dit, et, c’est primordial, que :
« L’esprit est une sorte de théâtre, ou des perceptions diverses qui font successivement leur entrée, elles passent, repassent, s’esquivent et se mêlent en une variété infinie de positions et de situations ».
N’est-ce pas mon Olympe que ce génie de la philosophie nous décrit ?
Et, Hume révèle dans son style magnifiquement académique :
« Seules les perceptions successives constituent l’esprit, et nous n’avons aucune idée de l’endroit où ces scènes sont représentées ni des matériaux dont elles sont faites. »
De ce fait, l’identité et l’imaginaire se construisent après coup. Le : « Je » : celui que l’on se doit de rechercher dans le futur et le vrai : « Je ».
Les pommettes de ses joues ne sont pas épaisses, elles sont hautes et elles soulignent parfaitement ses yeux, qui n’ont pas, comme cela se produit généralement, cette forme exagérée en amande.
Si quelqu’une tentait de la dévisager, il pourrait remarquer qu’elle n’a pas les cils barbouillés de mascara et autres produits.
Ses yeux donc, naturellement allongés, permettent à son regard de se mettre en valeur.
En bas de ce visage, l’ourlet de ses lèvres, ni minces ni épaisses, répond à ses pommettes.
Ses sourcils bien dessinés, sont très peu épilés et, ainsi, attirent bien l’attention sur ses yeux, ni arrondis, ni tombants, de ses cils qui sont naturellement interminables et si jolis.
Son nez est parfait en ce sens que : l’angle formé par la pointe du nez lorsqu’on la relie au haut du nez et à la lèvre supérieure est supérieur à quatre-vingt-dix degrés. Le contraire est celui du nez masculin qui pointe, le plus souvent, vers le bas.
La distance qui existe entre ses narines et ses sourcils est égale au tiers de sa tête. De plus, la pointe de celui-ci remonte nettement vers le haut.
Ses narines sont d’une finesse à faire rêver les marbres du musée du Louvre.
Ses oreilles fines sont juste plaquées sur sa nuque.
Elles me remémorent celles des statues grecques qui y sont exposées dans ces galeries.
Son visage presque enfantin n’est que la succession de centaines d’expressions. Son regard reflète sa franchise, son menton est volontaire.
Sa physionomie donne de l’espoir à toute la vie. Elle a vraiment l’air d’un bijou radieux.
Était-elle consciente de sa beauté ? Je pense que oui, mais elle paraît ne pas le laisser paraître. Cependant, elle est une femme et toute femme aime à être la plus attirante par la perfection de son visage et de son corps.
La beauté ne se décide pas, n’est-il pas sincère !
Si une œuvre d’art est grandiose, elle l’est entièrement. Si les proportions d’un corps sont harmonieuses, elles le sont exactement.
Sa taille était svelte ; sa poitrine est celle d’une fille de son âge, vingt-quatre ans ; ni exagérés ni « plate », ses seins, admirablement ronds et bombés.
Quand je l’ai aperçue, la première fois, elle se promenait en forêt. Elle s’était habillée avec un chemisier parfaitement ordinaire, de couleur blanche avec des motifs de fleurs disposés de manière artistique. Une sorte de chemise qui recouvre une jupe de couleur claire et sobre, en ce style de fourreau au niveau de ses hanches qu’elle n’avait pas amples, mais déjà convenablement formée. Le bas de la jupe était en forme de tulipe. Le tout était délicieux et non provocant, une tenue correcte pour se promener en forêt.
J’étais extrêmement étonné d’apercevoir une jeune fille, solitaire, presque abandonnée, en pleine forêt.
La nature lui avait vraisemblablement attribué un caractère si analogue à celui des enfants de forêts ; elle ignorait, ou faisait semblant d’ignorer les scrupuleuses maximes de cette pudeur de convention que bien des coquettes pratiquent dans la société.
Curieusement, à mon effet, elle semblait s’accoutumer à ma présence ; elle était sans défiance à ma venue comme si je ne représentais qu’un promeneur innocent.
— Mademoiselle !
Elle fit semblant de ne pas m’avoir entendu.
— Mademoiselle ! Mademoiselle !
En définitive, elle se tourna vers moi.
— Permettez que je vous parle ?
Elle fit semblant de poursuivre sa promenade.
— Je ne suis pas désagréable, laissez-moi vous adresser la parole.
Elle s’arrêta, se tourna vers moi. Comme son regard me signifiait une attente, je m’avançais peu à peu vers cette sauvageonne.
— Je m’appelle Louis et vous, avez-vous un joli prénom ?
— Olympe !
— Vous vous promenez souvent, et seule, dans cette forêt ?
— Oui, certes, nous ne sommes qu’à peu de kilomètres de Paris, mais tout de même !
— Cela fait plus d’un an, en franchissant des distances interminables à travers tous ces sentiers, que je décèle la beauté de la nature, soit dans la forêt, soit dans d’autres endroits ; d’aucuns ne m’ont, en aucune circonstance, importuné.
— Je ne serais pas le premier à le faire, croyez-moi.
Ses yeux allaient dans tous les sens. Elle me déshabillait en même temps.
J’avais un jean fatigué, des tennis à semelles crantées et un pull marin, un vrai, celui que je porte quand je vais ramasser mes casiers à homards à Trégastel en Bretagne. Pas grand-chose pour mes recherches dans les bois ne m’est nécessaire.
Je ne me suis jamais trouvé spécialement beau garçon, bien que la glace m’ait toujours rendu une image au superlatif. De taille convenable pour l’époque, j’ai continuellement le visage souriant et avenant, de beaux yeux noisette ; mon front est dégagé ; les cheveux, encore un peu bouclés, sont coiffés avec une raie sur le côté ; le regard est franc.
Très sportif, je ne possédais pas un gramme de graisse, mais des muscles, des muscles ! Je ne suis pas adepte de monsieur « muscle », mais la gymnastique comme l’athlétisme en compétition nationale et en concours internationaux ont façonné un homme convenable.
— Moi aussi, dis-je, je me promenais dans les bois. Mon but était la recherche de champignons. Pas plus passionné qu’un autre en cryptogamie, je recherchais des champignons vénéneux pour les montrer, l’après-midi, au personnel de mon cabinet d’architecte que je dirige en région parisienne, afin de les prévenir des dangers de leur ramassage.
Je vous narre cela, mais en fait, c’est à Olympe que je le racontais.
Je la suivais, me doutant réellement de quelles sortes de champignons j’allais trouver.
— Je crois savoir de quelle variété est-ce.
— Sans avoir vu cette espèce ?
— Bien sûr, des champignons en « plaque » ici, ce sont des girolles.
— Mais ils ne sont pas orange.
— Ne me dites pas qu’ils sont noirs !
— Si !
— Mais subséquemment, vous êtes devenue propriétaire d’une véritable fortune.
— Dépêchons-nous !
— Ils ne vont pas s’envoler.
— Si ! Si !
Elle me prit la main, elle m’entraîne dans un train d’enfer vers l’emplacement.
— Ce sont des trompettes de la mort ou, si vous voulez, des girolles noires.
— Et alors !
— Vous avez gagné le gros lot, ces champignons sont un délice et tous les excellents restaurants peuvent débourser beaucoup d’argent pour les posséder. On l’appelle la « truffe du pauvre ». Autant vous dire que vous allez vous faire une petite richesse en les vendant à la bonne personne.
— Mais comment allons-nous les transporter ?
— Nous allons mettre toutes nos idées de bricoleurs ensemble, sur ce tapis de mousse, nous les trierons et nous trouverons, murmurais-je, car je ne savais pas comment faire.
— Vous apercevez les lianes sur les arbres ?
— Oui !
— On va les arracher. Puis on va tresser un immense panier avec, si l’on peut, on ajoutera une anse.
— Chouette, on y va.
Une heure et demie après, le panier était confectionné.
Avec Olympe, nous ramassâmes avec précaution l’ensemble des champignons.
— Comment êtes-vous venue en ce lieu magnifique ?
— À pied !
— Et, sauf mon indiscrétion, où habitez-vous ?
— La maison de mes parents se trouve à quatre heures d’ici.
— Vous voulez bien que nous allions vendre notre cueillette ?
— Je me transforme en marchande comme lorsque j’étais insignifiante, fit-elle en éclatant de rire, me laissant apercevoir la beauté de ses dents parfaitement blanches.
— Oui !
— Oui !
— Ma voiture est à côté, je vous emmène ?
— Pas de problème.
Deux heures après, nous étions devant le commerce attenant à mon cabinet, une épicerie de luxe.
— Bonjour ! Jacques, je te présente Olympe. Elle vient te livrer un magnifique panier de champignons.
— Lesquels ?
— Tiens-toi bien, voilà une montagne de trompettes de la mort.
— Pas possible, je viens exactement d’en obtenir une commande massive et j’étais dans l’obligation d’aller spécialement aux halles cette nuit.
— Je crois que tu vas pouvoir dormir cette nuit.
— Bonjour ! mademoiselle, vous êtes ravissante.
— Merci.
— C’est naturel.
— Tenez ! Elle lui tend le panier.
— Pardieu ! Tout cela.
— Où les avez-vous trouvés ?
— Dans la forêt de Marly, près de Saint-Nom-la-bretèche.
— On les pèse ?
— Hé oui ! Déclare Olympe, sautillante comme une gamine.
— Cela nous pèse sept kilos et des poussières, boudi ! Vous avez réalisé une récolte excellente.
— Oui, c’était imposant.
— C’est vous qui avez tressé ce panier.
— Oui, avec ce monsieur.
— Louis, il se nomme Louis, c’est l’architecte d’à côté.
— Oui ! Oui ! Il me l’avait dit, mais comme c’est la première fois que je vends ma récolte, j’en oublie tout. Louis, veuillez m’en excuser.
— Parce que vous vous exprimez par le mot « vous ». À votre âge, c’est plus que grotesque, en conséquence, et à partir de maintenant, tutoyez-vous, s’il vous plaît.
— Bon ! C’est que je n’ai pas l’habitude.
— Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, Louis, je l’ai vu naître, lui, ses frères et ses sœurs. Il est d’une famille estimable et la graine a admirablement pris. Tout le monde connaît ses parents, et la population, d’ici et d’ailleurs, les estime à leur juste valeur.
— D’accord, nous nous tutoierons dorénavant.
Jacques examine la marchandise en se lustrant la moustache.
— Parce que c’est vous, je vous en propose deux cents euros.
— Pardon ! Vous ne vous trompez pas, en m’en offrant tant que cela ?
— Ho ! Si vous voulez, je peux vous en proposer la moitié.
— Non ! Non ! Je vous en adjure.
— Jacques, Olympe a le plaisir de t’offrir ce magnifique panier, c’est elle qui l’a fabriqué avec les lianes des arbres, tu verras dans ton étal, il jouira de beaucoup de succès. Respire de nouveau cette alléchante odeur de sous-bois.
— Tu as raison, bravo, Olympe. Tenez, voilà votre argent. Si vous faites une nouvelle récolte de ces trompettes de la mort, revenez chez moi. Comme vous pouvez le constater, je considère tous mes fournisseurs avec le même sens du respect. Merci, encore. Adieu, Louis, je vous laisse, je dois téléphoner à mon client, c’est un restaurant. Tu dois te douter duquel !
— Oui, toujours le même.
— Exact !
— Tu viens, Olympe.
— Mais l’argent, je dois vous… Tu… T’en donner la moitié.
— Tu veux rire, c’est toi qui les as trouvés, c’est toi qui as fabriqué le panier, c’est toi qui les as ramassés, alors, l’argent, il t’appartient.
— C’est la première fois que…
— Tsss ! Tsss ! Constitue-toi ainsi une tirelire comme lorsque tu étais une petite biquette, tu seras extrêmement gaie d’avoir mis de l’argent de côté.
— Bon d’accord, mais j’ai gardé ma tirelire, mon gros innocent.
— Eh ! Vlan !
— Ben ! Oui !
— Je te raccompagne, je suppose que tu ne sais même pas où tu es.
— Non, pas du tout, mais c’est splendide.
— Louveciennes ! Louis XV y a érigé un château pour son amie, madame du Barry.
— Je n’étais pas au fait de cela.
— Le train va jusqu’à l’Étang-la-Ville.
— Je vais le prendre, alors.
— Oui, c’est cela, avec quatre heures de marche et de l’argent plein les poches. Non, pas question ; en voiture. Tu me guides.
— Direction : L’Étang-la-Ville, chauffeur, s’il te plaît.
— Ho, là, là ! Je vais faire fonctionner le GPS ; à cette heure-ci, je voudrais contourner les bouchons.
— C’est moi qui inscris l’adresse, dit-elle dans un éclatant et merveilleux rire !
— Allons bon, ça commence.
— Qu’est-ce qui commence et qui chagrine monsieur ?
— Rien, rien. Je ne demeure qu’un homme et tu en profites.
— Quoi ? Quelle saleté es-tu, va ! fit-elle en commençant, en riant, à me taper dessus.
— On y va avant que cela ne dégénère.
— OK, mais tu n’as qu’à te tenir convenablement.
— Oui ! Oui ! Jeune Olympe.
Elle demeurait dans une chartreuse ravissante en bordure de forêt.
Je la déposais.
— Quand retournes-tu en forêt ? lui demandais-je.
— Normalement demain.
— On s’échange nos numéros de téléphone et l’on s’appelle. Je viendrais te chercher.
— Tu as raison, j’économiserais mes quatre heures de marche.
— Ne t’inquiète pas, on les fera tes quatre heures de marche.
— Au revoir et merci pour le gain que j’ai empoché.
— Demain !
Fichu caractère ; mais ce regard, quelle franchise. Son visage si naturel. Tout son être respire la fraîcheur, la pureté, la sincérité, le naturel, la spontanéité.
La simplicité de cette fille m’attirait. Les courbes de son corps n’avaient rien d’extraordinaire, elle était fine. Elle se dressait admirablement « droite ». Apparemment, ses jambes étaient ravissantes, ses genoux étaient fins et laissaient voir les premières formes de ses cuisses légèrement musclées.
Mais, c’est ce visage qui me fascinait.
Ma passion, enfin, l’un de mes délires, est la peinture à l’huile sur châssis.
J’aime à faire savoir, et c’est la réalité, que j’aie le privilège d’être « sociétaire des artistes indépendants » au grand Palais à Paris.
En outre, j’ai très vite appris à dessiner les visages et les corps humains.
Représenter un nu est extrêmement difficile ; le corps d’une femme, allongée, dont le dos est tourné vers l’artiste, est encore plus délicat : la hanche, la cuisse sont autant d’éléments qui prennent de la place.
De ce fait, je suis adepte du peintre Ingres qui matérialise les formes par des carrés, des cubes, comme les seins des femmes, des rectangles, des parallélépipèdes à l’instar des membres du corps. Il transpose ces formes géométriques en un feu d’artifice de la beauté féminine. Ingres part d’une étude réaliste de ses modèles, mais tend à les idéaliser, accentuant les effets d’arabesques, la préciosité des costumes, la monumentalité des postures, la noblesse et l’intensité des regards.
Le courant artistique de ma peinture m’impose de savoir saisir, par mon crayon, la psychologie des personnages et d’éviter de vouloir montrer une sexualité débridée alors que cela ne représente pas du tout mon cas. Mon art est plus lié aux problèmes de la société contemporaine. Ce qui est le plus palpitant est celui de varier les postures, celles des corps que je veux célébrer comme celle des spectateurs, hommes ou femmes, que je cherche à troubler par la pureté de mes sentiments à travers mes tableaux lors de mes expositions.
Pour la représentation artistique des hommes, plus de cinquante pour cent des tableaux anciens ou modernes représentent, en réalité, des corps de femmes dont le peintre a représenté à la poitrine une proportion plus réelle, bien certainement. À ce corps de femme, l’artiste inclut une tête d’homme. Le résultat est tellement exceptionnel que c’est la réussite de la grâce de la femme, de la pureté de ses formes, qui en est la cause.
Quant à Olympe, je ne me vois pas lui demander d’ôter ses vêtements afin de peindre en la prenant pour modèle.
En tout état de cause, soyons quelque peu rêveurs et réalistes, je viens d’apercevoir une très ravissante jeune fille qui n’est absolument pas farouche, mais qui a son caractère. Irais-je compromettre une telle harmonie, un presque début d’intimité par une attitude maladroite de ma part ? J’ai d’ores et déjà commencé les premiers pas au cours de ces trois semaines, oh ! Pas farouche ! Mais un contact qui s’avère franc et pour l’un, et pour l’autre. Olympe a tout fait pour me trouver bien dans ma démarche, j’en suis persuadé, elle est sensible à mon attitude, mais ne me le fait pas sentir. Va-t-elle se lasser de nos promenades ? La suite prouvera que non, elle adore trop la nature, cette « chose » qui lui permet tellement de tout oublier, de communier avec la pureté des intentions louables.
J’entreprends la lecture d’un livre ancien et je remarque cette phrase : « les cheveux hérissés et courts, signifie un être fort, fier, hardi, sans repos, convoiteur des choses belles et simples ».
Se trouver face à un fier soldat ?
Plus loin dans le texte, je m’aperçois que c’est logiquement d’une femme, d’une guerrière grecque, la reine des amazones, Antiope, dont l’auteur nous narre l’histoire. Elle tomba amoureuse de Thésée qui l’enleva.
Si Olympe avait eu l’intention de se présenter à un concours de beauté (probabilité infime), elle aurait peu de chances de s’offrir un titre quelconque : ses mensurations, en effet, ne répondent guère aux normes conventionnelles. Mais, contemplez-la, évoluer ! Sainte Vierge, que sa démarche est souple, majestueuse et quelle ampleur de son assurance ! Quelle vivacité aussi !
Olympe est tout ce qu’on veut sauf apathique. Le corps est svelte, aux contours nets et bien dessinés. Elle présente les membres bien galbés et une musculature plus accusée que celle de la plupart des autres femmes. Le problème de la ligne ne l’inquiète guère, même si de temps en temps, je m’en doute, elle s’adonne à des excès alimentaires. Son activité incessante la protège contre des rondeurs malvenues et contre ses masses superflues que toutes les femmes détestent.
L’esprit d’indépendance est le fer de lance de la femme native au sens de l’état naturel de la personne.
Elle représente volontairement l’antithèse de la femme « bonne fille » que chérissent tant d’hommes.
Olympe en représente l’exemple indiscutable.
On voit donc que, dans le contexte socioculturel actuel, la forme originelle des femmes comme Olympe fait qu’elles éprouvent maintes fois des difficultés en amour et surtout en mariage. Elles peuvent aisément présenter des aventures sentimentales grâce à leur magnétisme et à leur dynamisme ; mais ces aventures finissent souvent en queue de poisson, car peu d’hommes acquièrent assez de cran pour supporter leur indépendance.
Elles refusent l’idée que les hommes de notre temps préfèrent davantage les femmes délicates, dociles et soumises. Elles ne se doutent nullement que ces espèces humaines craignent les femmes comme elle. Elles affirment être leurs égales, et en cela, menacent leur estime de soi.
Il sera indispensable qu’Olympe trouve les doses exactes de tact et de bon sens pour préserver son indépendance et en même temps ménager les susceptibilités de l’homme ou des hommes qu’elle aime.
Bien des natives compromettent leur chance de bonheur, les unes en affirmant leur liberté, leur insoumission, leur non-conformisme, leur souveraineté et leur identité de façon provocatrice, les autres en se résignant à s’effacer bêtement et à se sentir déchirées sinon humiliées.
C’est immanquablement parmi les femmes affublant ce prénom d’Olympe, que le mouvement de libération de la femme peut espérer recruter un nombre considérable de prosélytes. Ce sont des militantes motivées et actives sans lesquelles l’amélioration de la condition féminine pourrait demeurer indéfiniment lettre morte.
Olympe de Gouges, cette femme admirable que l’on a accusée d’être révolutionnaire parce qu’elle a eu l’audace de rédiger un livre sur « les droits de la femme et de la citoyenne » en répondant ainsi au texte « les droits de l’homme et des citoyens ». Elle veut imposer que les femmes possèdent intégralement le droit de participer à la vie politique de ce pays qu’est la France.
« Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit.
Dis-moi ? Qui t’a donné « la souveraine mainmise te permettant à opprimer mon sexe ». « Ta force ? Observe le Créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu veux vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tyrannique ».
Elle demeurait une écrivaine ; elle a publié une pièce de théâtre, violente dénonciation de l’esclavage ; puis une réflexion sur les hommes-nègres ; puis une suite au Mariage de Figaro de Beaumarchais dans laquelle elle dénonce le mariage forcé des filles et plaide pour l’émancipation féminine.
Olympe, mon Olympe, se moque éperdument du vieux rêve féminin de sécurité. Elle se sent assez forte pour exister toute seule, hors de l’ombre d’un homme. « Pourquoi s’empêtrer d’un individu qui est masochiste, pour qu’il ne fasse de moi qu’une esclave » ?
Du rêve féminin, elle, comme aujourd’hui, rêve de représenter une sorte d’archétype : un symbole.
Pourrait-elle appartenir à la dynastie des tyrans, ou comme je le pense, exister comme un génie, ou simplement un modèle ? Le respect de la personne humaine, est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ?
Les hommes, la trouvent-elles difficile à « conquérir » ? Je l’ignore, et je ne veux pas le savoir.
Le meilleur moyen d’y parvenir est de la considérer comme une véritable égale de l’homme et de respecter sa liberté, voire ses caprices, car elle a des caprices comme toute autre femme.
Être l’amant ou le mari d’une Olympe autorise éventuellement un privilège. Sa fidélité est assez douteuse, non pas parce qu’elle est foncièrement volage, mais parce qu’elle tient à rappeler à l’autre que sa vie lui appartient. Prévoir et s’attendre à de nombreux coups de tête de sa part. Tout pourra rentrer dans l’ordre si l’amant ou le mari est assez astucieux pour ne jamais la provoquer ou au contraire adopter une attitude trop conciliante.
Olympe est sûrement, comme on peut le lire, un personnage autonome pour qui la liberté est sacrée. C’est aussi (cela, je ne m’en suis même pas rendu compte), une charmeuse, mais, aussi, une passionnée qui apprécie tous les plaisirs de la vie.
Olympe n’admet pas l’immobilisme. Elle a besoin d’action, d’aventures et de changements.
Olympe, je m’en apercevrais plus tard, est une jeune femme sociale, aimable et optimiste.
Olympe est également dotée d’une intuition développée et d’une sensibilité supérieure, ce qui réalise d’elle une personne appréciée pour son tact et sa diplomatie.
Le lendemain matin, je l’attendais, ou bien elle m’attendait, je ne sais plus.
Quelle ne fut pas ma surprise de l’apercevoir habillée d’un chemisier souple blanc dont elle avait retroussé les manches en les renversant sur ses bras ; elle s’était habillée d’une vaste jupe en tissus écossais vert à bande large bleue et entre-bande bleu-gris foncé. Des fils rouges entrelacés dans l’ensemble confèrent une allure distinguée à cette tenue. C’est le tissu des vêtements du clan Murray en Écosse, me dis-je !
Elle avait même accroché l’écusson de ce clan : sur une couronne (ou sable), il représente un demi-sauvage, barbu, torse nu, ses bras tendus et tenant dans la main droite un poignard, dans celle de gauche, une clé.
La devise « Fürth Fortune and file the Fetters » fait le tour de cet insigne.
Elle décida de me décrire tous ces symboles :
Elle m’expliqua que : l’écusson de la famille fait partie des armoiries générales. C’est l’objet tridimensionnel au sommet des bras… : la crête d’une vague sur l’océan, ou la crête d’une montagne ou d’un bâtiment.
Nous avons, paraît-il, des ancêtres extrêmement lointains d’un clan écossais, me dit-elle en riant. Je trouve cet écusson très seyant, tu ne trouves pas ?
Elle avait enchaussé, des snow-boots, et elle avait enfilé des mi-bas blancs.
Quand elle me vit, elle partit d’un fou rire énorme ; alors qu’elle montait dans la voiture, elle en pleurait de nouveau et continuait, la perfide, à se moquer de moi.
L’euphorie était telle qu’elle m’embrassa généreusement sur les pommettes, juste en dessous des yeux pour que je puisse constater combien elle me chinait.
Je n’osais pas lui rendre ces tendres baisers, je lui effleurais le visage très légèrement en ayant peur de l’irriter avec mes poils naissants.
Nous ne retournâmes pas au même endroit, je connaissais un lieu enchanteur où des petits lacs illuminaient cette magnifique et luxuriante arborescence. Des biches et des cerfs y venaient maintes fois.
Son visage enchanteur devenait sérieux à force de distinguer avec émerveillement cet environnement, mais son sourire était éclatant et sublime.
Ses yeux, mais ses yeux, toujours, mobiles avec cette vitesse de déplacement incroyable ; elle détaillait toute la nature qui l’entourait. Elle respirait les arbres, les feuilles et cette odeur de la mousse dans les bois. Elle écoutait, devinait, cette scène, ce macrocosme ; tout son corps embrassait cette merveille qui nous entourait.
Tous les organes de ses sens étaient à l’affût. En aucun cas, je n’avais observé les oreilles humaines effectuer un tel mouvement horizontal favorisant l’écoute de tous les bruits de la forêt, elle obéissait à la nature ; des narines qui ont l’aspect de flabellum pour humer la nature ; et ces yeux qui fouinaient, qui farfouillaient tout ce qui pouvait l’être ; toute cette découverte de la faune et de la flore de cet endroit tellement merveilleux ne pouvait lui échapper.
Puis de cette voix-là plus posée que je ne lui avais jamais prêté :
Nous demeurâmes des minutes à observer, à écouter, à voir.
Puis, elle s’allongea dressant en avant sa poitrine merveilleuse, son ventre parfait.
Je m’aperçus que ses pensées défilaient à la vitesse de l’éclair, ce qui m’était plaisant.
Puis, je me tournais vers elle. Ses traits délicats et exquis acquéraient une expression enchanteresse de douceur. Son corsage, elle l’avait déboutonné, une partie de ses cheveux s’étaient répartis en désordre sur sa gorge. Je savais que ma sauvageonne me testait, mais je n’en laissais rien paraître.
Mon regard se porta sur un ensemble admirable de bruyères dont on humait le parfum.
Mais elle se leva et se rajusta sans se formuler quelques questions ; je savais qu’au fond d’elle-même elle avait auparavant recueilli une partie de mon cœur et que mon attitude pouvait la rassurer.
D’aucun diable se serait bêtement manifesté devant une si engageante scène.
Certain que le tumulte des émotions qu’elle s’était elle-même imaginé en déboutonnant son corsage était calmé, je lui dis :
Elle sautait et dansait de tous les côtés. Son rire avait recueilli des échos dans tous les branchages et dans toute la canopée de la forêt.
Puis, elle me saute au cou et m’embrasse fougueusement sur la bouche.
Et comment donc, je n’ai pas fait semblant, j’ai partagé ce moment plus que délicieux.
Mon esprit, tourmenté, mon corps devenant fiévreux, j’ai compris immédiatement que nous écoulerions notre vie ensemble, et, jusqu’à la fin de nos jours.
Voulant mettre un frein à ses ardeurs, je lui dis, gauchement :
D’un seul coup, elle se raviva :
Elles me bourrent de coups sur le corps tout en riant de la moquerie que je lui ai faite.
Je ne répliquai rien. Je me plantais dans son regard qui, maintenant, restait fixe, enfoncé comme un poignard dans le mien. On s’embrassa de nouveau.
Dans la voiture, nous commençâmes à nous raconter des histoires d’escargots.
Deux escargots montent le long du mur ; arrivé au sommet, l’un des escargots dit : « j’en ai bavé ».
Un automobiliste a perdu le contrôle de sa voiture et se retrouve dans le fossé. Dans l’ambulance, les pompiers l’interrogent sur les circonstances.
Elles me bourrent de coups sur le corps tout en riant de la taquinerie que je lui ai faite.