Les échos du destin - Hocine Alane - E-Book

Les échos du destin E-Book

Hocine Alane

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Beschreibung

Aqlalas, un jeune homme forgé par une enfance marquée par la violence et l’adversité, découvre auprès de Djedjiga une passion aussi ardente que sincère. Leur romance, malgré les épreuves que la vie leur impose, est profonde et intense, mais ils se séparent. Des années plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau dans des circonstances dramatiques, où Djedjiga trouve une fin tragique. Résolu à offrir un avenir meilleur à sa famille, Aqlalas tente de s’exiler, mais le sort le rattrape de manière cruelle, laissant derrière lui des enfants privés de leur père. Les échos du destin révèle la lutte incessante entre l’amour, le destin et le poids des choix, plongeant le lecteur dans un récit où se mêlent tragédie et résilience.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis 2018, Hocine Alane se consacre à l’exploration des profondeurs de l’âme humaine au travers de ses essais en sociologie et en philosophie. Fort de cette riche expérience intellectuelle, il entreprend la rédaction de son premier roman, inspiré d’une histoire réelle, où il déploie avec finesse son talent à saisir et sublimer les drames de l’existence.

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Seitenzahl: 117

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Couverture

Page de titre

Hocine Alane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les échos du destin

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Hocine Alane

ISBN : 979-10-422-4682-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

Dans les sinuosités envoûtantes des montagnes kabyles, là où le Djurdjura se dresse en majesté, un village fleurit sous le nom évocateur de Tighremt. Entre ses ruelles étroites en terre battue et les collines verdoyantes qui l’entourent se déroule un drame humain où les aspirations individuelles se heurtent aux traditions immuables. C’est dans cet écrin naturel, où chaque pierre semble conter une histoire et chaque regard dissimuler un secret, que se tisse le destin d’un personnage aussi complexe qu’Aqlalas.

 

Sa vie, tissée de fils entrelacés, façonnée par des luttes intérieures et des défis extérieurs, offre un miroir saisissant d’une société en mutation. Dans cet univers où les rêves se confrontent aux réalités les plus brutales, où l’ombre du passé virevolte avec les lueurs de l’avenir, émerge une histoire captivante, où l’espoir se mêle à la désillusion.

 

À travers ces destins entrelacés, nous plongeons au cœur des contradictions humaines, explorant les méandres de l’identité, de la famille, de l’amour et du rêve. Dans ce tableau vibrant de nuances et d’émotions, chaque mot résonne comme une invitation à découvrir la profondeur de l’âme humaine, au-delà des apparences et des conventions.

Les échos du destin

 

 

 

 

 

Au pied du majestueux Djurdjura s’étendent les hauteurs envoûtantes de la Kabylie, où, malgré la topographie rocheuse et escarpée, la région révèle une beauté divine qui laisse sans voix. Baignée de soleil la majeure partie de l’année, cette terre offre des paysages paradisiaques, d’autant plus ensorcelants lorsque la neige se pose délicatement sur les sommets des montagnes, ajoutant une touche magique à la scène.

À perte de vue, des collines ornées de villages authentiques se dressent fièrement, chacun racontant son histoire unique. Ces villages sont le témoignage vivant de valeurs ancestrales que les habitants chérissent et préservent avec une fierté indéfectible. Parmi ces joyaux se trouve le village de Tighremt, où le temps semble s’être arrêté pour laisser place à une symphonie de culture, d’histoire et de nature. C’est un lieu où chaque pierre, chaque rue, chaque sourire raconte une histoire.

Tighremt, comme tant d’autres villages kabyles, porte les stigmates d’un passé où les traditions étaient aussi belles que restrictives. Les femmes, éclipsées derrière les ombres du patriarcat, étaient souvent privées de leurs droits les plus fondamentaux, reléguées à un rôle secondaire, loin des feux de la reconnaissance et de la liberté. Le mariage, souvent orchestré par les parents, laissait peu de place à l’amour véritable, confinant les femmes à une destinée préétablie, presque figée dans le temps.

Cependant, la rigidité des traditions n’épargnait pas les plus jeunes. Les enfants, bien que choyés, étaient souvent éduqués dans la retenue, la tendresse parentale étant perçue comme une faiblesse qui pourrait entraver leur épanouissement en adultes résilients et déterminés.

À cette époque, la vie à Tighremt constituait un combat quotidien pour la survie, la terre étant la seule source de subsistance. Malgré la rugosité du sol, les habitants y travaillaient sans relâche, espérant récolter suffisamment pour remplir leurs précieuses réserves, les « ikufan ». Le labeur était incessant, des oliveraies aux champs labourés, de la quête d’eau fraîche aux forêts pour le bois de chauffage et la cuisine. Les femmes, piliers silencieux de cette communauté, portaient les plus lourdes responsabilités.

 

C’est dans ce décor de beauté sauvage et d’efforts inlassables que les destins se tissaient, que les âmes se forgeaient, et que l’histoire de Tighremt continuait de s’écrire, entre traditions et espoirs d’un avenir meilleur.

L’histoire millénaire de la région de Kabylie est marquée par des épisodes d’injustice flagrante envers les plus vulnérables de la société ; des réalités qui, pour certains, semblent incompréhensibles. Cependant, ces situations trouvent leurs racines dans des événements historiques qui ont évolué au fil du temps, menant à des pratiques souvent comparées à celles du Moyen Âge.

 

Les invasions barbares qui ont ponctué l’histoire de la Numidie et de l’Afrique du Nord ont forcé les populations locales à abandonner les plaines fertiles, où la vie était plus aisée, pour se réfugier dans les montagnes escarpées. Ces régions montagneuses offraient des bastions naturels contre les attaques ennemies, promettant une sécurité relative aux populations en fuite.

 

Les conditions de vie dans les montagnes étaient ardues, mais les habitants ont su s’adapter au fil du temps. Ils ont formé de multiples communautés qui, pour assurer leur survie, se livraient à des luttes incessantes pour contrôler des terres plus fertiles et des sources d’eau précieuses. La nécessité de défendre et d’agrandir leurs territoires a conduit à la mobilisation de la population masculine, créant ainsi une force en nombre capable de faire face aux dangers constants.

 

Malgré des conditions de vie extrêmement difficiles, marquées par la pauvreté, la misère, et des épreuves dévastatrices telles que les épidémies de typhus et de choléra, ainsi que des périodes de famine sévères qui ont entraîné d’innombrables pertes humaines, la population de Kabylie a traversé des périodes sombres au cours des siècles. Ces calamités auraient pu anéantir leur esprit, mais ils ont démontré une résilience remarquable.

 

Face à ces défis, ils ont mis en œuvre des stratégies de survie fondées sur une solidarité exceptionnelle et des structures communautaires bien organisées. Ces structures, semblables à des systèmes démocratiques modernes, ont joué un rôle crucial dans la préservation de leur langue, de leur culture et de leurs traditions, même dans les moments les plus critiques. Ces organisations communautaires ont été la pierre angulaire de leur survie, renforçant les liens entre les membres de la communauté et offrant un soutien mutuel indispensable.

 

Grâce à cette cohésion sociale et à ces liens communautaires forts, les Kabyles ont surmonté les adversités. Leur capacité à faire face aux épreuves les plus graves avec résilience et détermination témoigne de leur force intérieure et de leur adaptabilité. En s’appuyant sur ces bases solides, ils ont non seulement préservé leur identité culturelle unique, mais ont également continué à avancer, illustrant ainsi une capacité remarquable à résister et à prospérer malgré les conditions les plus difficiles.

 

Alors que le soleil commençait à décliner, teintant le ciel de nuances dorées et orangées, une silhouette se détacha à l’horizon. C’était Arezki, un jeune homme d’une quinzaine d’années, fils d’une petite famille du village. Ses yeux pétillants, d’un bleu intense, reflétaient une passion ardente pour la vie, et son sourire chaleureux illuminait chaque visage qu’il croisait. Dès son enfance, il s’était distingué par son charisme et son regard pénétrant. Arezki détestait l’injustice et n’hésitait jamais à affronter même les garçons plus âgés que lui pour défendre ce qu’il jugeait être juste. Cependant, une chose surpassait encore son aversion pour l’injustice : l’école.

 

À cette époque, l’accès à l’éducation était un privilège réservé à une minorité aisée. La majorité des enfants étaient contraints de travailler dès leur plus jeune âge pour contribuer aux revenus familiaux. Tôt le matin jusqu’au crépuscule, ils étaient souvent employés dans les tâches pastorales, aidant à surveiller et à paître les troupeaux de moutons, de brebis et de chèvres. En revanche, ceux qui avaient la chance d’aller à l’école bénéficiaient d’une opportunité rare d’apprendre à lire et à écrire, ouvrant ainsi la porte à un avenir potentiellement plus prometteur.

 

La petite école du village, nichée au cœur d’une forêt luxuriante, accueillait une trentaine d’élèves de tous âges sous la tutelle bienveillante de Monsieur François, leur dévoué professeur. Malgré les défis inhérents à l’enseignement dans un environnement rural, Monsieur François s’efforçait inlassablement d’offrir à ses élèves le meilleur enseignement possible, cherchant à les cultiver tant sur le plan académique que moral.

 

Pourtant, malgré ses aptitudes intellectuelles, Arezki éprouvait un profond malaise à passer ses journées confiné entre quatre murs. Dès qu’il en avait l’occasion, il s’échappait de l’école pour rejoindre ses amis dans leurs activités en plein air, préférant tendre des pièges aux oiseaux plutôt que de se plier aux exigences scolaires. Il aimait la liberté des vastes champs et la compagnie de ses amis, avec lesquels il partageait des moments de complicité et d’aventure.

 

Monsieur François, préoccupé par les absences fréquentes d’Arezki, se vit contraint d’informer son père de la situation. Le père d’Arezki, absorbé par son travail et ignorant des escapades de son fils, décida de lui donner une leçon pour lui enseigner la valeur des études. Un matin, il réveilla Arezki dès l’aube pour l’emmener travailler dans les champs, lui demandant de l’aider à ébrancher les oliviers.

 

Malgré ses dix ans et ses mains délicates, Arezki se mit au travail sans protester. Les épines lui écorchaient les mains, la fatigue l’envahissait, mais il tint bon. Le travail était exténuant, les branches des oliviers étant résistantes et les épines acérées. Le soleil montait lentement dans le ciel, ajoutant la chaleur accablante à la pénibilité de la tâche. Après quelques heures, son père, observant le visage fatigué et les mains égratignées de son fils, lui demanda de s’arrêter et prit ses mains dans les siennes.

 

« Préfères-tu cela à l’école ? » lui demanda-t-il d’une voix calme mais ferme.

 

Arezki, baissant la tête et regardant ses mains abîmées, répondit avec une certaine défiance :

« Oui, je préfère ça. »

 

Furieux et déçu par la réponse de son fils, son père répliqua sèchement :

« Alors, continue à travailler. »

 

Depuis son plus jeune âge, Arezki avait grandi dans le respect et l’amour pour ses parents. Ils étaient sa boussole, lui enseignant les valeurs de la famille, du travail et de l’honneur. À l’âge de seize ans, poussé par le désir de retrouver son père parti chercher fortune en France, il quitta son village pour les rues animées de Paris.

Dans cette époque marquée par l’exode, de nombreuses personnes quittent leur pays d’origine, poussées par la quête d’un avenir meilleur. Certains sont animés par le désir impérieux de fuir la misère et l’incertitude qui planent sur leur avenir, espérant trouver des conditions de vie plus propices ailleurs. D’autres, quant à eux, sont influencés par une vague de mimétisme, aspirant à rejoindre ceux qui ont déjà franchi le pas, dans l’espoir naïf de découvrir un eldorado dans les contrées d’exil.

Après avoir passé plusieurs années loin de chez eux, la réalité de la vie à l’étranger s’avère souvent bien différente de ce qu’ils avaient imaginé. Beaucoup éprouvent des difficultés à retrouver leurs repères dans cet environnement nouveau, surtout sur le plan social. Le rêve qu’ils avaient tant chéri de mener une vie florissante et épanouie se transforme peu à peu en un sentiment d’étrangeté, de déracinement.

Alors, une nouvelle aspiration germe en eux : celle de retourner sur leur terre natale. Certains sont animés par une nostalgie poignante, cherchant à retrouver les traces de leur passé.

D’autres, en revanche, sont motivés par le désir de briller aux yeux de leurs proches, de démontrer qu’ils ont réussi là où tant d’autres ont échoué, cherchant à étaler leur réussite.

Pourtant, une fois de retour, une sensation étrange les envahit. Ils se sentent comme des étrangers dans leur propre pays. Tout ce qu’ils avaient laissé derrière eux a changé, évolué, et ils peinent à reconnaître les visages familiers et les lieux qui ont jadis constitué leur univers. Ils sont confrontés à des images figées de personnes et de lieux qui ont perdu cette étincelle, cette âme qui les habitait autrefois.

Ainsi, pris au piège de l’errance et de la perte de leur chez-soi, ils errent entre deux mondes, se sentant éternellement étrangers, indécis sur l’endroit où ils devraient vraiment être, sans jamais trouver la réponse à cette quête incessante d’appartenance.

Loin de sa terre natale, Arezki nourrissait des rêves grands comme le ciel. Passionné par les voitures et la conduite, il passait des heures à imaginer les routes qu’il parcourrait, les paysages changeants défilant devant ses yeux émerveillés. Il rêvait de liberté, d’aventures, et des horizons lointains qu’il explorerait avec une ardeur insatiable. Ses ambitions débordantes étaient le reflet de son désir de bâtir un avenir exceptionnel, à la hauteur de ses rêves les plus audacieux.

 

Cependant, la vie, avec son lot d’imprévus, avait d’autres plans pour lui. À son retour au village, Arezki fut confronté à une réalité bien différente de ses aspirations. Ses parents, profondément enracinés dans les traditions ancestrales, avaient arrangé son mariage. La nouvelle le prit au dépourvu. Malgré son amour incommensurable pour ses parents et sa profonde gratitude envers eux, il se sentit piégé. Il se retrouvait soudain partagé entre les désirs ardents de son cœur et les attentes imposées par sa famille.

 

Les nuits étoilées, où les montagnes silencieuses semblaient veiller sur le village endormi, devenaient pour Arezki des moments de réflexion intense. Se tenant là, sous le vaste ciel scintillant, il méditait sur son destin. La croisée des chemins où il se trouvait représentait bien plus qu’un choix entre deux routes ; c’était une décision cruciale entre les rêves effervescents de sa jeunesse et les responsabilités imposantes de l’âge adulte qui l’attendaient.