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"Les fables d’Akinou" s’aventure, sur les ailes de la poésie et de l’espièglerie, au cœur de la société marocaine contemporaine. Par la magie du vers et le souffle du conte, ce recueil donne chair à des thèmes universels – amour contrarié, éveil des sens, foi troublée, exil intérieur, dictat des apparences, vertige des réseaux – tout en sondant les failles et les frissons d’un pays pris dans le tumulte de sa propre transformation. Chaque fable, tantôt légère, tantôt mordante, rythmée par la musique des mots et ponctuée de darija, tisse un lien entre le regard critique de l’observateur et la tendresse de l’enfant du pays. Sublimé par les illustrations de Flaminia, cet ouvrage célèbre l’art ancestral du récit tout en invitant à une méditation sur les paradoxes de la modernité.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Ghita Chraibi écrit comme on scrute le monde : avec une curiosité ardente et une profonde humanité. Marquée par l’exil, l’amour et l’épreuve, sa plume poétique interroge la société marocaine, mêlant lucidité critique et attachement aux racines. À travers ses fables, elle révèle la beauté cachée du réel dans ses éclats les plus fragiles.
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Seitenzahl: 35
Veröffentlichungsjahr: 2025
Ghita Chraibi
Les fables d’Akinou
Conte
© Lys Bleu Éditions – Ghita Chraibi
ISBN :979-10-422-6925-8
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C’était une jeune fille belle comme le jour, à qui l’on voulait trouver l’amour. Nombreux étaient ses prétendants, elle ne souhaitait pas se marier pour autant. Elle dévorait les livres à longueur de temps, c’était là sa seule passion. Elle n’avait qu’un mot à la bouche, c’était : « Non » !
La jeune fille, sourire en coin, répondait qu’elle épouserait les livres, point.
Elle repoussait les hommes un à un, en ne décollant pas les yeux de ses bouquins :
— Regarde-les au moins dans les yeux disait son père, ces jeunes hommes méritent mieux. Ce sont de bons partis et tous rêvent d’épouser ta vie.
Adieu Zakaria l’avocat, Othman le businessman et Houcine l’étudiant en médecine ! À ses prétendants, elle préférait le spleen de son roman et de son héroïne.
Le temps filait à vive allure, ce qui n’était pas de bon augure. La belle enfant venait de fêter ses trente printemps.
Et toujours prompte à dire sa gêne, la société voyait en elle une âme en peine.
Pour tous c’était fini, elle ne trouverait jamais de mari. Elle avait désormais passé l’âge du mariage.
Ses prétendants se faisaient de plus en plus rares et ses parents perdaient espoir. Ses amis avaient tous eu des enfants tandis qu’elle multipliait les achats de romans. Mais elle se sentait libre comme l’air, et ce vent-là n’échappa pas au libraire.
Il lui réservait ses livres et lui contait des histoires. Il avait un don oratoire, attendait toujours le lendemain pour lui en dévoiler la fin. Lui seul savait s’y prendre avec la jeune rêveuse, qui au fur et à mesure des récits, en tomba amoureuse.
Ils s’aimaient avec force quand autour d’eux s’enchaînaient les divorces.
Les deux retardataires formaient un couple uni au milieu de leurs amis, de nouveau célibataires.
Et pour la première fois, la jeune femme disait « oui ». Un vrai, un doux, un mûri.
Car rien ne vaut de se précipiter, encore moins de céder à cette pression nommée société. Avec le temps et la patience, on arrive plus vite au but que ce que l’on pense.
À Tanger vivait un homme pieu, très serviable, tout sauf crapuleux. Père de famille et honnête fonctionnaire, il n’était d’aucune sombre affaire.
De sa religion, il faisait la promotion, s’engageant dans des associations, contre la dépravation et les adultères, grand défenseur de ces lois qui lui sont chères, et érigées en institution.
Un jour, alors qu’il prêchait dans la rue, il se trouva fort dépourvu devant une femme aux lèvres carmin, robe fleurie et parfum de jasmin, qui lui conta sans détour son destin. À peine divorcée d’un homme violent, elle cherchait un nouvel amant. Ou mieux : un mari aimant.
Touché aussi bien par son histoire que par son corsage, celui qui ne décollait plus les yeux de son visage, lui proposa son aide moyennant quelques avantages.
En nature, bien sûr !