Les fils de liberté - Zanni L’œillet - E-Book

Les fils de liberté E-Book

Zanni L’œillet

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Beschreibung

Un marionnettiste en manque d’attention crée des pantins, animant leurs corps et illuminant leurs yeux. Ces derniers étant très beaux, il a l’idée de monter une troupe. Alors, il écrit des pièces qu’il leur fait jouer chaque soir sur scène. Cependant, une règle dominait dans cette troupe : pas de relations en dehors de celles des scénarios écrits pour le spectacle. Pourtant, Ourella, poupée fétiche du théâtre, s’éprend de Lâme, le petit soldat maladroit qui vient d’arriver. Comment s’aimer lorsque les cœurs sont enfermés dans une prison de bois ? Les deux amants pourront-ils se libérer des fils qui les rattachent à leur maître ?


À PROPOS DE L'AUTEURE 


Pour Zanni L’œillet, la littérature a toujours été une source de réconfort et un moyen d’évasion. Ce réconfort, elle souhaite le partager avec ses lecteurs en leur proposant Les fils de liberté, son premier ouvrage.

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Seitenzahl: 83

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Zanni L’œillet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les fils de liberté

Conte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Zanni L’œillet

ISBN :979-10-377-8161-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Illustrations : Fabienne Maignet

Relecture : Anna Eychène

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Acte premier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Ouverture

 

 

 

Il était une fois, dans un chapiteau itinérant, une troupe de marionnettes très spéciales. Leur créateur les avait fabriquées avec tant de passion que leurs cœurs s’étaient mis à battre, éclairant leurs regards et permettant à leurs corps de bouger sans l’aide du moindre fil.

« Quelle originalité ! me direz-vous. Ton histoire ne ressemblerait-elle pas à celle d’un certain Gepetto et de son petit bonhomme au long nez ? »

Bien sûr, si l’on parle d’être de bois, c’est tout de suite à eux que l’on pensera, mais la différence dans mon histoire c’est que l’homme n’aimait pas ses créations comme le père qu’était Gepetto pour Pinocchio. De ce fait, l’aventure prendra une tout autre tournure.

Passée la stupeur de voir ces morceaux de bois s’animer, le Marionnettiste se rendit compte que, par je ne sais quelle magie, il gardait une emprise toute puissante sur elles. Et en les observant danser devant lui, il sentit une idée poindre dans son esprit : « Comme elles sont belles dans leurs petits vêtements de couleurs, et comme leurs gestes sont gracieux ! se disait-il. Il ne fait aucun doute que je ne serai pas le seul à tomber en admiration devant leur talent enchanteur. »

Lui, qui n’avait connu toute sa vie que les moqueries de ses congénères, vit tout de suite une occasion en or de briller aux yeux du monde.

« Je monterai une troupe, j’écrirai des pièces que je leur ferai jouer sur les places des villages et avec l’argent que je gagnerai, je construirai un chapiteau itinérant pour attirer plus de monde et gagner plus d’argent. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le nouveau maître Marionnettiste fabriqua plus de pantins, écrivit des histoires qu’il leur fit jouer en public et, comme il l’espérait, le succès ne tarda pas à pointer le bout de son nez. La troupe des marionnettes enchantées se fit un nom dans tout le pays et on vint de très loin pour admirer les poupées de bois sur scène.

Les règles au sein de la troupe étaient très strictes et si l’une de ses créations venait à y déroger, il n’hésitait pas à la jeter au feu pour en fabriquer une plus belle encore et plus obéissante. Oui, on est loin de l’idée de père aimant et protecteur n’est-ce pas ? Mais ce qu’il ne savait pas, et ce dont il faudra vous souvenir tout au long de l’histoire, c’est qu’à chaque fois qu’il insufflait la vie à une marionnette, il perdait un morceau de son âme. Eh oui, comme dirait un certain arbre de conte de fées : « Tout se paie en ce bas monde ».

On ne peut pas s’improviser créateur sans y perdre quelque chose de précieux.

Si vous me le permettez, je vais avancer l’histoire à l’endroit qui nous intéresse…

Cela faisait déjà un moment que la renommée de la troupe avait dépassé toutes les espérances du Marionnettiste. Il était désormais propriétaire d’un beau théâtre dans la plus grande ville du pays et sa joyeuse compagnie comptait quatre magnifiques poupées :

- La Grande Dame, sa toute première création, celle qu’au fond de lui il aimait profondément, même s’il ne se l’avouera jamais. Une femme élancée, vêtue de noir, comme si elle eût porté un deuil éternel, au regard mélancolique et à la voix de cristal.
- La Servante, fraîche et fougueuse. Une séductrice dans l’âme. Elle aimait avoir les regards posés sur elle et n’hésitait pas à employer tous les moyens pour arriver à ses fins, fussent-ils plus ou moins respectables.
- Le Jeune Roi, premier imbu de sa personne. Il ne faisait pas grand-chose pour attirer l’attention parce qu’il était persuadé d’être le meilleur en tout, le plus beau et le plus adorable, ce qui d’un côté n’était pas tout à fait faux, car c’était le seul personnage masculin de la troupe.
- Et enfin, Ourella. La dernière fabrication du Maître, celle dont il était le plus fier. Une perle de beauté, un sourire qui eût fait de l’ombre au soleil et des yeux pareils à deux étoiles. Il était allé chercher très loin pour trouver les deux pierres dont il s’était servi pour les faire briller et c’est chez un marchand un peu douteux qu’il avait fini par tomber sur des perles de jade d’une pureté sans égale. Grâce à sa notoriété, il avait même réussi à les avoir pour une bouchée de pain. Mais je m’égare. L’important est de savoir qu’Ourella était la plus belle poupée de toutes ses créations existantes et passées. La Servante la jalousait maladivement et le Jeune Roi voulait la faire sienne, car il jugeait que sa beauté eût très bien orné sa propre perfection naturelle. Quant à la Grande Dame… non, la Grande Dame s’en moquait, je crois. La Grande Dame ne faisait plus attention à grand-chose depuis un moment. Elle passait le plus clair de son temps libre à contempler un miroir sculpté dans du bois brûlé. Nul ne sait pourquoi, mais c’est une autre histoire que je vous raconterai plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2

Le nouvel arrivant

 

 

 

En attendant, les répétitions allaient toujours bon train, éprouvantes pour les marionnettes, mais efficaces pour les représentations.

Or, un beau jour, alors que le Marionnettiste observait Ourella danser sur la musique de la Grande Dame, il parut insatisfait. Au bout d’une heure, agacé, il arrêta tout. Sans explication, il renvoya toutes les poupées dans leurs loges et partit s’enfermer dans son atelier.

Située à l’écart dans le théâtre, c’était la pièce où il gardait toutes ses notes et tous ses outils pour créer. Aucune marionnette n’avait le droit de s’y aventurer.

Le Marionnettiste y resta trois nuits et trois jours. Il n’y eut pas de représentations pendant ce temps-là, mais puisque les marionnettes ne savaient rien faire d’autre que répéter, c’est ce qu’elles firent en attendant des nouvelles de leur Maître.

L’après-midi du troisième jour, tout le monde était dans la salle de répétition et travaillait l’ouverture de la pièce lorsque le Marionnettiste entra brusquement, poussant devant lui une grosse caisse à roulettes. Tout le monde se figea.

« Pourquoi avez-vous arrêté ? interrogea l’homme. Jouez, dansez ! »

Le Jeune Roi et la Servante s’empressèrent alors de reprendre la valse qu’ils avaient interrompue, et la Grande Dame continua de gratter sa guitare. Seule Ourella resta immobile, lançant au Marionnettiste un regard perdu. Celui-ci s’avança vers elle avec ces paroles :

« Mes marionnettes sont belles. Si belles que la vie est entrée en elles. Il faut le montrer, sinon, à quoi servez-vous ? Toi, tu es la plus belle de toutes mes marionnettes. »

Il caressa la joue de la poupée et passa sa main dans ses boucles dorées.

« Plus douce que le lin, plus lumineuse qu’une étoile. Tu attires tous les regards dès que tu entres sur scène. Tu es le clou du spectacle, mais depuis quelque temps, tu as changé. »

Le Maître laissa tomber sa main, et une grande déception parut dans sa voix.

« Ta beauté sombre un peu plus dans cette… mélancolie que tu te donnes. Le public n’a pas besoin de ça. Il veut rire, s’émerveiller. Un public qui pleure n’est pas un public satisfait. Il va falloir que tu te reprennes et je sais ce qu’il te faut. »

Un sourire machiavélique se dessina sur son visage.

« Que dirais-tu d’une belle histoire d’amour ? »

Les yeux d’Ourella s’arrondirent et le Marionnettiste continua en s’adressant aux autres :

« Chers enfants, accueillez comme il se doit votre nouveau camarade : Lâme ! »

Il ouvrit, devant les regards curieux, la caisse qu’il avait apportée, dévoilant un petit bonhomme affublé d’un vieux casque de soldat tout cabossé. Il avait un fusil de bois dans les mains, avec une rose au bout, et il le pointait au hasard, d’un air mal assuré. Quand, après un signe du Marionnettiste, il essaya de sortir de la caisse, il se prit les pieds dans les lacets de ses bottes trop grandes et atterrit sur les fesses, devant Ourella.

Les autres marionnettes éclatèrent de rire :

« Qu’est-ce que c’est que cet empoté ? » se dirent-elles en s’approchant pour le malmener.

Touchée par la candeur évidente du jeune soldat, Ourella essaya tant bien que mal de le défendre, mais lorsque la Servante et le Jeune Roi avaient trouvé un nouveau souffre-douleur, il devenait très difficile de les détourner de leur cible.

Je ne suis pas certaine qu’il existe dans les autres contes une relation comparable au lien qui se tissa entre Lâme et Ourella à partir de cet instant.