Les hommes des montagnes: Toute la série - Vanessa Vale - E-Book

Les hommes des montagnes: Toute la série E-Book

Vale Vanessa

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Beschreibung

Les hommes des montagnes - Toute la série

Tomes 1 - 4


Sombres sommets, Divins sommets, Insaisissables sommets et Périlleux sommets

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Les hommes des montagnes

Toute la série

Vanessa Vale

Copyright © 2021 par Vanessa Vale

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont les produits de l’imagination de l’auteur et utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, entreprises, sociétés, événements ou lieux ne serait qu’une pure coïncidence.

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris les systèmes de stockage et de recherche d’information, sans l’autorisation écrite de l’auteur, sauf pour l’utilisation de citations brèves dans une critique du livre.

Conception de la couverture : Bridger Media

Création graphique : Deposit Photos: EpicStockMedia; Hot Damn Stock

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Table des matières

Sombres sommets

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Épilogue

Divins sommets

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Épilogue

Insaisissables sommets

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Périlleux sommets

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Contenu supplémentaire

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À propos de l'auteur

Sombres sommets

1

KIT

Je sortis mon bras de sous la couverture et claquai le dessus de mon réveil pour l’éteindre. Mon dieu, il était trop tôt. Bien que le soleil pointe déjà à travers mes rideaux, je rêvais de sombrer encore quelques heures. Je balançai mes jambes en grognant pour m’asseoir. Le mariage d’hier s’était bien terminé, du moins c’est ce que pensaient les mariés. Erin et moi avions réussi à faire décuver son oncle avec deux tasses de café juste à temps pour les photos de famille. Ils n’avaient pas remarqué que l’assortiment de légumes n’avait rien d’un assortiment… mais que c’était du pur brocoli.

Les mariés avaient eu une journée de noces, et certainement une nuit, dont ils se souviendraient toute leur vie, la mienne avait été moins excitante. En guise de samedi soir, j’avais acheté le billet de loterie quotidien de ma mère, retiré mes talons à peine arrivée à la maison avant de m’effondrer dans mon lit pour dormir comme une souche… jusqu’à ce satané réveil.

Nous devions prendre le petit déjeuner avec notre nouveau—et plus gros—client, et tout ce travail était la raison de mon retour à Cutthroat, mais quelques heures de sommeil en plus ne m’auraient pas fait de mal.

Je ne sentais pas l’odeur du café, ce qui voulait dire qu’Erin dormait toujours. Elle avait programmé cette réunion matinale et c’eut été la moindre des choses qu’elle se lève pour nous préparer un shoot de caféine.

Déjà grincheuse, je fis rapidement mon lit avant de quitter ma chambre et de longer le couloir en tirant sur ma chemise de nuit. J’avais à peine atteint le canapé de la grande pièce que je me figeai sur place, clignant des yeux pour être sûre de ne pas rêver. Je n’étais pas encore bien réveillée, mon esprit ne tournait pas encore à plein régime, mais quand j’aperçus Erin allongée sur le sol, je connectai mes neurones en un clin d’œil.

« Erin ! » criai-je, en me mettant à genou à côté d’elle. Ses cheveux blonds étaient maculés de sang. Il y en avait tant que le tapis en étant imprégné. Ses yeux bleus me fixaient, aussi absents que vides. « Oh mon dieu, Erin, réveille-toi ! »

Si je m’étais montrée rationnelle, j’aurais pris conscience qu’elle était morte. Ses yeux ne bougeaient plus. Ses lèvres étaient grises. Quant au côté de sa tête… oh mon dieu, elle était amochée. Mais je me restai irrationnelle et posai sa tête sur mes genoux en lui criant de se réveiller. En réalisant que j’étalais son sang partout, je m’arrêtai et me mis à trembler, tout en regardant autour de moi pour voir comment elle avait pu se retrouver dans un tel état. De l’aide. Elle avait besoin d’aide.

Je la reposai avec précaution sur le sol et courus à ma chambre pour arracher mon portable à son chargeur. Avec des doigts tremblants, je balayai mon écran pour accéder au clavier, mais impossible avec mes doigts couverts de sang, je les essuyai sur mon bas de pyjama avant de réessayer.

« Police-secours, que se passe-t-il ? »

« Je… mon amie… elle est morte. Oh mon dieu. Il faut envoyer une ambulance. »

« Quelle est votre adresse, M’dame ? »

Je répondis, ainsi qu’à toutes les autres questions qu’elle me posa efficacement. Je restai en ligne jusqu’à ce que j’entende les sirènes, puis je raccrochai et courus dehors. La maison d’Erin était faite sur mesure, toute en bois et en verre, avec plus de place qu’il n’en fallait à une seule personne. Elle se dressait dans une enclave huppée remplies de belles demeures posées sur de grandes parcelles et dotées de vues magnifiques qui auraient creusé les comptes en banque de la plupart des gens, mais pas celui d’Erin. C’était une Mills. Je descendis pieds nus les marches du perron pour aller à la rencontre du camion de pompiers et de l’ambulance qui arrivaient dans l’allée et leur indiquai la maison.

« Vous êtes blessée ? » demanda un des ambulanciers en me regardant.

Je secouai la tête. « C’est… ce n’est pas mon sang. Je l’ai découverte.»

Je le suivis dans la maison où ces coéquipiers et trois pompiers se tenaient dans la pièce haute de plafond, devant la cheminée en pierre de taille, ils parlaient dans un talkie-walkie, mais je ne prêtai aucune attention à ce qui se disait.

Je regardai le corps d’Erin près du canapé, comme je l’avais laissé. Les intervenants ne faisaient rien de spécial vu qu’elle était morte. Elle semblait morte, même si elle portait son habituel pantalon de yoga et son débardeur blanc, son côté droit était couvert de sang.

« M’dame, pouvez-vous me dire ce qui s’est passé ? » demanda un pompier en me dévisageant. « Vous vous êtes disputées ? »

Ma bouche en tomba grande ouverte. « Comment ? Non. Je… je me suis réveillée. Je l’ai trouvée comme ça. » Je fis un signe en direction d’Erin.

« Pourquoi êtes-vous couverte de sang ? »

Je me retournai en entendant cette voix. Ce n’était pas un des primo-intervenants, mais quelqu’un d’autre. Quelqu’un que je reconnus rien qu’au son de son voix.

« Nix, » murmurai-je.

L’homme avait hanté les méandres de mes fantasmes nocturnes dans toute la gloire de son mètre quatre-vingt. Il portait un jean et une chemise, une ceinture de rodéo durement gagnée autour de la taille. Son arme de service était vissée à sa hanche juste à côté de son insigne, et de l’autre côté, sa… bosse.

Je clignai des yeux et détournai le regard. Mon dieu, ma colocataire était morte et je ne trouvais rien de mieux à faire que de reluquer l’équipement de Nix. Tout chez lui m’était familier, comme le fait de rentrer chez moi, même si je ne l’avais pas vu depuis un an. Même s’il faisait partie des raisons qui m’avaient poussée à quitter Cutthroat. Bien qu’il n’ait pas montré le moindre intérêt pour moi. Je regardai à l’opposé en sentant le rouge me monter aux joues. Pas parce que je venais de me faire surprendre, mais de honte à cause de l’année dernière. Mes espoirs déçus. Mon amour mal placé.

« Kit, » répondit-il en s’avançant pour poser une main sur mon épaule et se pencher pour me regarder dans les yeux. « Tu n’es pas blessée ? »

Son regard était affuté, inquisiteur, il me regardait de la tête aux pieds.

« Non. C’est son sang. » Je levai les mains et les laissai retomber. « J’ai voulu l’aider, mais… mais il n’y avait rien à faire. J’ai appelé du secours. »

Je rêvais de me laisser tomber dans ses bras, je voulais qu’il me serre fort et me débarrasse de tout ça, mais il n’était pas venu en tant qu’ami, ni même comme un ex-presque-petit-ami. Il était en service. C’était son travail. 

« Je ne savais pas que tu étais revenue, » dit-il.

Je me mordis la lèvre en détournant les yeux de son regard inquisiteur.

« Hmm… le mois dernier. »

« Tu t’es installée chez Erin ? »

« Oui, je travaille avec elle à Mills Moments. » Il sembla déconcerté. « Son entreprise d’événementiel. »

« Oh, je vois. »

« Je voulais mettre de l’argent de côté pour avoir un chez-moi. Nous avons été pas mal occupées à organiser de petits événements—comme un mariage hier soir. Mais notre temps a été principalement accaparé par un gros client, pour l’intendance, la promotion et le marketing du prochain film d’Eddie Nickel. Nous devions le rencontrer ce matin-même. »

Eddie Nickel était une star de cinéma, mais il avait une maison à Cutthroat. Deux enfants. Shane devait avoir quelques années de plus que moi, mais Poppy était dans ma classe au lycée. Ils avaient grandi tous les deux ici avec une nounou pendant qu’Eddie était soit à Hollywood, soit en tournage.

« Un dimanche ? »

Je haussai les épaules. « Ils travaillent tous les jours en tournage. »

« J’enverrai quelqu’un lui parler, » répondit-il. Je n’allais manifestement pas participer à cette réunion. Pas plus qu’Erin. Je déglutis péniblement, réalisant l’atrocité de la situation. Je sentis des larmes monter mais je parvins à les chasser.

Il tourna autour du corps d’Erin, mais pas trop près, avant de s’accroupir, fermant les yeux pour se représenter toute la scène. Il devait voir des choses qui m’étaient invisibles.

Après une minute, il se leva et se tourna vers moi. « Dis-moi ce qui s’est passé. »

« Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Je… je dormais et je me suis levée pour faire du café. Je l’ai trouvée et j’ai appelé police-secours. »

« Où est ta chambre ? » Il regarda autour de lui. L’immense cuisine donnait sur le salon, un escalier en colimaçon partait d’un côté de la cheminée.

Je désignai le couloir desservant l’arrière de la maison. « Derrière la cuisine. La chambre d’Erin est en haut. Le premier étage est une grande suite parentale. »

Il regarda l’endroit indiqué avant de reposer ses yeux sur moi. « Pourquoi es-tu couverte de sang ? »

Je m’inspectai, tournant mes paumes que je vis complètement couvertes et lui relatai comment je l’avais installée sur mes genoux en me demandant si elle s’était cognée la tête. Ce n’était pas grand-chose, les primo-intervenants écoutaient avec attention. Seul le talkie-walkie venait troubler le silence.

Je frissonnai et croisai les bras en réalisant que je me tenais devant Nix et cinq autres hommes vêtue d’un seul minuscule débardeur—porté sans soutien-gorge—et d’un pyjama-short. En baissant les yeux, je vis mes tétons pointer contre le coton extensible, mais ensuite, je vis tout ce sang sur moi. Sa couleur jaune était tachée, tout comme mes mains et mes bras. Il y en avait même sur mon short bleu avec des rayures et sur ma cuisse.

« Quand l’as-tu vue pour la dernière fois ? »

Je relevai les yeux, arrêtai de fixer le sang de ma meilleure amie. « La dernière fois, c’était au Red Barn. Au mariage que nous avons organisé. »

C’était un lieu de réception populaire, en dehors de la ville, sur un terrain de vingt hectares, avec une magnifique étable rénovée pour des multiples usages.

« Je suis partie avant elle, elle a dit qu’elle avait des projets après, » ajoutai-je.

« Lesquels ? »

Je secouai la tête. « Je ne sais pas. Elle ne m’a pas dit. Avec un garçon, j’imagine. »

« La porte d’entrée était ouverte ? » Il pencha la tête vers la porte qui était ouverte en cet instant. Le matin était frais, comme tous les matins d’été du Montana, mais l’air se réchaufferait dès que le soleil serait assez haut.

Je fronçai les sourcils. « Non. Je l’ai ouverte quand j’ai entendu les sirènes. »

« Elle était verrouillée ? »

« Non, » je frissonnai encore.

« Je vois un boitier d’alarme près de la porte. » Il désigna le système dernier-cri. « Elle était désactivée ? »

« Elle ne l’activait jamais, à ce que je sache. Je ne connais pas le code. Euh… je peux aller me chercher un sweat-shirt ? » Le sang avait séché sur mes mains, tiraillant la peau.

« Je viens avec toi, mais les techniciens doivent faire leur travail sur la scène de crime. »

« Scène de crime ? » répétai-je.

« Il arqua un sourcil sombre. « Elle n’a fait de mauvais trip, Kit. »Il regarda le corps d’Erin étendu sur le sol. « Elle a été assassinée. »

2

NIX

Kit Lancaster.

Mon dieu, il fallait que ce soit Kit Lancaster.

Ici. À Cutthroat. Je m’étais demandée où elle était passée. Ou plus exactement, où elle avait pris la fuite. Elle était littéralement partie au milieu de la nuit, et je ne savais pas pourquoi. Un soir, elle était venue dîner, le lendemain elle était partie à Billings. Sans un appel, sans un mot. Même pas un putain de post-it.

Nous n’étions pas sortis ensemble, un café pour discuter de l’organisation du bal de la police ne comptait pas. Quant à un baiser ? Mes lèvres sur sa joue ne comptaient pas non plus. J’avais eu envie de tellement plus. Merde, j’avais eu envie de tout avec elle. J’espérais que son retour en ville signifierait une seconde chance. Car je la désirais toujours, même après une année. Putain, elle était faite pour moi.

Et maintenant ? La femme de mes rêves, la source de mes fantasmes les plus fous était impliquée dans une affaire de meurtre.

Ce matin, la vision d’Erin Mills sur le sol de son salon m’avait ébranlé, mais voir Kit couverte de sang… putain, j’avais pris dix ans rien qu’en la voyant et j’avais cru qu’elle était grièvement blessée. Elle en avait sur les mains, sur les avant-bras et même sur ses vêtements de nuit et le long des jambes. J’avais envie de la prendre dans mes bras et de la serrer fort, de l’arracher aux horreurs qu’elle avait connues de bon matin. Mais c’était la dernière chose que je pouvais faire. J’étais inspecteur et … dans de sales draps.

Elle était couverte de preuves. Sans le vouloir, elle avait saccagé une scène de crime en voulant porter secours à Erin. On retrouverait non seulement son ADN partout dans la maison comme elle y habitait, mais également partout sur le corps sans vie d’une femme assassinée. C’était mon rôle de trouver ce qui s’était passé et de traduire le coupable en justice. Il y avait un protocole, des règles à respecter. Et l’une d’entre elles énonçait de ne pas prendre un témoin dans ses bras—ou un suspect potentiel—et de porter atteinte à des éléments qui pouvaient être des preuves.

Putain. C’était il y a douze heures et je pensais toujours à elle. J’avais terminé mon service et je me dirigeais vers le siège de Mills Moments. Je n’avais osé dire à personne que mon esprit ne pensait pas à la victime, mais à sa colocataire. Sa collègue de travail.

Kit était superbe debout dans cette grande pièce, même avec ses yeux hagards, et les tremblements que la décharge d’adrénaline avait provoqués. Parfaite. Ses cheveux sombres encore ébouriffés de la nuit. Son visage ovale sans aucun maquillage. Elle était parfaite dans son rôle de fille ordinaire. C’était sexy à souhait, à l’exception des taches de sang. Et du cadavre. C’est lui qui m’avait empêché d’avoir une trique d’enfer devant les secours.

Je m’arrêtai à un feu rouge et me remis en place sur mon siège.

Je m’étais montré protecteur envers Kit auparavant, mais aujourd’hui ? Quelqu’un avait-il vraiment eu l’intention de tuer Erin Mills ou bien le meurtrier voulait-il s’en prendre à Kit ? Pourquoi Kit n’avait-elle rien entendu ? Tant de questions en suspens.

« Tu penses qu’elle y sera ? » demanda Donovan, me tirant de mes pensées. Je l’avais sur haut-parleur et lui racontais ma dernière affaire. En tant que substitut du procureur, mon ami allait en entendre parler. À un moment ou un autre. Une fois que nous aurions un suspect. Mais il ne se souciait pas de Kit dans le cadre de notre affaire. C’était à cause de son retour en ville. De retour et dans un incroyable merdier. Après avoir quitté la scène de crime, j’avais appelé Donovan pour lui faire part des premiers éléments. Je lui avais dit que Kit était de retour et qu’on l’avait retrouvée au milieu de la scène. Il ignorait qu’elle était revenue à Cutthroat, il me l’aurait dit sinon. Nous attendions de nous retrouver en face d’elle pour lui faire part de nos sentiments, pour lui dire qu’elle nous reviendrait.

Oui oui, à nous.

J’actionnai mon clignotant et tournai dans la rue principale. Pour un samedi soir à Cutthroat, la rue était bondée, pleine de touristes et de locaux profitant d’un temps incroyable. Rien de tel qu’une soirée d’été dans le Montana, ou sinon l’hiver, quand les montagnes de Cutthroat étaient saupoudrées de neige fraiche.

Je repensai à la question de Donovan. Serait-elle au bureau ?  Impensable qu’elle soit allée chez sa mère. À ce qu’on disait, Mme Lancaster n’avait pas quitté sa maison depuis des années. L’enfance de Kit avait été terrible. Son père était parti quand elle avait six ans et cela avait gravement affecté sa mère. Dépression et anxiété avaient conduit à un syndrome d’accumulation doublé d’agoraphobie. Kit s’était plus ou moins élevée toute seule et avait pris soin de sa mère.

« Selon ce que Kit nous a dit l’année dernière, les courses en ligne et les livraisons l’ont un peu soulagée, mais elle n’ira pas chez sa mère. » Je soupirai en me passant une main sur le visage. « Ce n’est pas comme ça que je voulais le dire. »

Donovan gloussa. « Elle a pu se prendre une chambre d’hôtel. »

Je secouai la tête bien qu’il ne puisse me voir. « J’ai vérifié auprès des hôtels, pas de chambre à ce nom. » C’était l’avantage d’être inspecteur. « Il ne reste que son bureau. »

Je baissai le pare-soleil, ébloui par le soleil couchant.

La ville était nichée au milieu d’un parc naturel et d’une nature sans fin, les gens venaient profiter du Montana et Cutthroat était populaire. Baptisée innocemment à cause de la truite peuplant la rivière qui courait à l’est de la ville, elle était petite, mais connaissait son lot de criminalité. Quelle ville y échappait ? Il y avait largement de quoi garantir la sécurité de mon emploi. Et mon occupation quotidienne. Le dernier meurtre remontait à 1984 quand une femme avait découpé son mari à la tronçonneuse après avoir découvert qu’il la trompait avec une nonne du couvent de Missoula. Cette affaire, cela dit, était différente.

J’avais lancé une demande concernant les finances et les communications d’Erin et découvert que les bureaux de Mills Moments étaient au second étage d’un des bâtiments historiques de l’est de la ville. Entourée de boutiques de luxes et d’enseignes de randonnée très prisées des riches randonneurs. Cela augurait de bonnes choses pour son entreprise d’événementiel. En tout cas bien assez pour avoir besoin de Kit comme associée.

Après que les ambulanciers aient emmené Kit à l’hôpital—pour s’assurer qu’elle était indemne et pour mettre sous scellé les prélèvements ADN—j’avais attendu les techniciens de la police scientifique et le légiste. Cela avait pris des heures de photographier le corps, de tout documenter, rédiger les rapports, calmer mon patron, la presse. La nouvelle d’un meurtre circulait vite, surtout dans une petite ville comme Cutthroat, et encore plus quand la victime se nommait Erin Mills.

L’autopsie serait pratiquée demain, le restant des preuves était en cours d’analyse. Il n’y avait rien de plus à faire, sinon retrouver Kit.

« Tout ce que je sais, c’est qu’ils l’ont laissée quitter l’hôpital après quelques heures, » ajoutai-je. Une patrouille l’a ramenée à sa voiture.

« J’ai un de mes hommes posté devant la maison d’Erin, au cas où. »

« Tu veux dire au cas où la famille Mills ferait des allées et venues pour débarrasser la maison de ses affaires ? »

J’agrippai le volant jusqu’à m’en faire blanchir les phalanges. « Pour ça aussi, » avais-je pratiquement grogné. La famille Mills était une des plus riches de la ville et leur maison ressemblait à un chalet suisse qui pourrait accueillir trente personnes. Il était niché sur un promontoire que seul leur argent avait pu financer. Les ancêtres des Mills avait fondé la ville pendant la ruée vers l’or. Hormis cette maison cossue, la famille possédait un ranch immense à l’extérieur de la ville, sans compter quelques bâtiments sur la rue principale…y compris celui qui abritait l’entreprise d’Erin. C’est un Mills qui présidait à la destinée de la ville depuis les années quatre-vingt. Putain, la famille Mills finançait même le service d’oncologie à l’hôpital.

J’avais été à l’école avec le frère aîné d’Erin, Lucas, et je savais qu’ils avaient tous les deux largement hérité de leurs grands-parents. À voir Lucas, personne n’aurait cru qu’il avait de l’argent, quant à Erin ? Jamais je ne pourrais m’offrir une maison comme la sienne avec mon salaire d’inspecteur, même si je gagnais à la loterie. Ce n’était pas comme si j’aspirais à quelque chose d’aussi grand, ou d’aussi imposant.

Annoncer la nouvelle à M. et Mme Mills que leur fille avait été assassinée—son crâne fracassé par un trophée en verre remerciant la bénévole de l’année… putain, ç’avait été terrible. Ils étaient non seulement dévastés, mais aussi remontés. Ils criaient vengeance. Je ne doutais pas qu’ils avaient ameutés leurs avocats et lancé leur propre enquête, tant ils dénigraient mes capacités. J’étais né dans le même monde que Kit. Peu importe que j’aie une licence de criminologie et des années d’expérience.

Je ne doutais pas non plus que s’ils mettaient la main sur le tueur avant la police, celui-ci ne verrait pas l’ombre d’un tribunal. Ils feraient justice eux-mêmes. C’était le Montana, après tout.

Les déclarations de Keith et Ellen Mills n’avaient fait que confirmer ce que je savais déjà. Ils n’aimaient pas Kit Lancaster, ne l’avaient jamais aimée. Ils pensaient qu’elle n’était pas assez bien pour leur fille, qu’elle avait sur elle une mauvaise influence, à cause de sa folle de mère. Je savais qu’elle était coupable à leurs yeux.

Donovan connaissait Kit depuis aussi longtemps que moi. Au collège. Et il la désirait depuis tout aussi longtemps. Et ouais, deux gamins de douze ans épris d’une fille avec un appareil dentaire. Un vrai cliché d‘ados. Et pourtant nous n’avions rien tenté avec elle au lycée, pas avec nos hormones débordantes et nos érections incontrôlables dès qu’elle souriait. Elle ne nous avait jamais adressé la parole. Elle allait en cours, travaillait comme serveuse au restaurant du coin pour joindre les deux bouts et payer les frais de santé de sa mère. Après ça, elle était partie à l’université locale, mais Donovan et moi avions quitté Cutthroat pour l’université d’État de Missoula. J’avais entendu qu’elle fréquentait le frère d’Erin, Lucas.

Contrairement à ses parents, c’était un chic type. Il se moquait d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche. Je ne m’inquiétais pas que ce soit un mauvais parti pour Kit, mais j’aurais préféré qu’elle soit avec moi. J’étais parti à la fac et je ne pouvais en vouloir à aucun des deux.

Mais ils s’étaient séparés quand il avait intégré la Garde Nationale et avait été envoyé en mission. Quand il était enfin revenu, il n’avait pas rejoint l’empire familial comme l’aurait souhaité son père. Il avait suivi sa voie et n’était revenu à Cutthroat que pour monter une ONG, utilisant son argent pour le bien commun. Mais Kit et lui ne s’étaient pas remis ensemble.

J’étais revenu avec mon diplôme en poche et avait trouvé du travail dans la police, mais Donovan avait enchaîné avec la fac de droit. Il n’était revenu qu’après avoir été reçu au concours du barreau. Alors nous avions commencé à la voir au restaurant. Ensemble ou chacun de notre côté. Nous allions bavarder un peu.

Nous nous étions finalement retrouvés pour parler ensemble de l’organisation du bal annuel de la police. Je n’étais pas enchanté que cette tâche m’ait été dévolue, n’étant moi-même pas très doué pour la danse, mais c’était une occasion de collecter des fonds car l’évènement avait pour but de fournir un soutien aux familles des policiers morts en service. Nous avions appris à connaitre Kit, espérant qu’elle serait emballée par l’idée d’avoir deux hommes. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse hors de la ville sans crier gare.

Peut-être que nous n’aurions pas dû avancer à pas si feutrés. Ou si doucement.

Maintenant elle était de retour et je ne perdrais pas cette occasion une nouvelle fois, même si elle se retrouvait au beau milieu d’une sordide affaire de meurtre. Sa mère ne serait d’aucun soutien. La seule amie qu’elle avait dans cette ville était morte. Malgré sa gentillesse, elle comptait quelques ennemis dans la famille Mills et cela signifiait que la plupart des gens de cette vile allaient bientôt la détester. Kit avait besoin de nous deux. Et nous n’allions pas attendre plus longtemps. Nous allions lui faire connaitre nos sentiments. Ce soir. Immédiatement.

Je me garai sur un emplacement de parking, coupai le contact de mon SUV en me frottant les yeux. « Jusqu’ici, c’est notre principal suspect. »

« Si ce n’est pas un crime passionnel, les prochains suspects seront sa famille. »

« Ne compte pas sur moi pour annoncer à Keith et Ellen Mills qu’ils sont des suspects de premier ordre, » dis-je en frissonnant à cette idée. « Je serais renvoyé dès demain matin. Nous enquêterons sur eux, mais je laisserai Miranski s’en charger autant que possible. » L’autre enquêtrice du commissariat n’avait pas grandi à Cutthroat et ne connaissait pas les acteurs autant que moi. Elle pouvait s’en charger.

« Malin. Tu ne penses quand même pas que Kit a quelque chose à voir là-dedans ? »

Je me sentis insulté qu’il pose seulement la question.

« Putain non. Je doute même qu’elle ait suffisamment de force pour fracasser un crâne comme ça. »

La vision de la tête aplatie d’Erin me hanterait jusqu’au restant de mes jours.

« Erin avait bien une tête de plus que Kit. À moins qu’Erin n’ait été assise sur le sol et que Kit ait été debout sur table basse, l’angle ne colle pas. »

J’avais déjà enquêté sur des meurtres auparavant, mais il était difficile de rester objectif quand il s’agissait d’une personne que j’avais connue quasiment tout ma vie. Je ne me considérerais pas comme son ami, mais comme elle était la sœur de Lucas, nous avions grandi ensemble. Cutthroat était une petite ville.

« À toi de trouver quelqu’un d’autre. »

Je soupirai en l’entendant clamer l’évidence. C’était mon rôle de trouver et de rassembler les preuves, de trouver un motif et des indices qui nous mèneraient au tueur. C’était ensuite à lui de s’assurer qu’il soit condamné et qu’il passe le reste de sa vie en prison. L’affaire était entre mes mains, mais finirait bientôt entre les siennes. C’était lui qui ressentait la pression d’avoir pour père le maire de la ville. J’étais content que le mien soit plombier.

Descendant du véhicule, je coupai le haut-parleur. « J’y suis. Je vais d’abord m’assurer que notre femme va bien. Je suis devant ses bureaux. » Je regardai le deuxième étage. « Il y a de la lumière. »

« Je te rejoins dans quelques minutes, » répondit-il.

« Je veux passer la bague au doigt de Kit et la jeter dans mon lit. La prendre entre nous. Mais vu la situation »— je passai ma main libre sur ma nuque—« Je risque de lui passer les menottes et de la jeter dans une cellule. »

« Comme tu l’as dit, c’est exclu. Elle peut compter sur nous, maintenant. Je veux bien lui mettre les menottes, mais pour l’attacher à mon lit. »

Mais complètement !

3

KIT

Chaque habitant de Cutthroat avait entendu la nouvelle à propos d’Erin. Parmi les vingt-mille habitants, je ne pouvais pas connaitre tout le monde, mais tout le monde connaissait Erin Mills, ou au moins le nom de Mills. La nouvelle s’était répandue comme un feu de paille. Chacun cherchait à alimenter la rumeur, auprès de moi. Ils se moquaient que cela soit cruel, qu’Erin soit mon amie, ou que sa tête ait été fracassée. Après qu’on m’ait laissé quitter l’hôpital et ramenée à ma voiture—avec les consignes strictes de ne pas quitter la ville avant qu’un inspecteur ait pu prendre ma déposition—j’étais allée au bureau.

Je n’avais nulle part d’autre où aller. Je n’habitais avec Erin que provisoirement. Je voulais économiser un peu d’argent et chaque sou gagné atterrissait dans la caution et le premier mois de loyer. Je n’avais pas grand-chose à moi, la tendance de ma mère à l’accumulation m’avait amenée à l’opposé et je ne gardais que l’essentiel. J’avais une télé et un canapé, un lit même, mais ils étaient stockés dans un garde-meuble en attendant que je trouve un chez-moi. Et cela ne serait pas pour tout de suite, ou du moins pas pour quelque chose de décent ni même de définitif.

« On ne parle que de ça. » Ma mère était inquiète et cela n’était pas bon signe. Sa voix déjà tendue d’ordinaire était stridente dans le téléphone.

« Oui, je sais, » répondis-je en faisant les cent pas le temps de la laisser parler. Je l’avais appelée pour lui dire que j’allais bien et qu’elle ne devait pas s’inquiéter. Oh, elle s’inquiétait, mais pas pour moi.

« Tu ne penses pas qu’ils vont venir chez moi, n’est-ce pas ? »

Je fronçai les sourcils. « Qui ? Le meurtrier? »

Elle haleta. Merde, boulette. « Je n’avais pas pensé à ça. Je suis seule. »

Je roulai des yeux. Elle était seule de son plein gré. Sa maladie mentale ne lui laissait pas d’autre possibilité. Ses médicaments lui donnaient un équilibre mais à peine plus qu’un funambule. Un pas dans la mauvaise direction et elle sombrerait dans la démence. Non, sa fièvre accumulatrice avait atteint de telles proportions que personne ne pourrait s’en prendre à elle, tant il était impossible de l’atteindre physiquement. Je ne m’inquiétais pas qu’un malade vienne s’en prendre à elle et lui défonce le crâne. Non, je craignais davantage un incendie.

« Tu es en sécurité. Vraiment. Ce devait être quelqu’un qu’Erin connaissait et avec qui elle s’est disputée. »

Du moins, c’est ce que j’espérais.

« La police ne va pas venir alors ? »

« Ils n’ont aucune raison de le faire. »

« Mais tu n’as pas dit que tu étais là ? »

« Non. » Je m’effondrai sur le canapé en essayant de repousser l’image d’Erin gisant au sol. « Maman, rien ne change pour toi, et rien ne changera. »

« Tu as pris mon billet de loterie ? Et la facture d’électricité ? »

Je soupirai aussi silencieusement que possible. « Oui, pour les deux. Je dois y aller. Je t’appelle demain. » Je raccrochai et laissai tomber mon téléphone sur le coussin à côté de moi. Je me demandai comme j’allais payer ses factures sans travail.

Je ne pouvais manifestement pas habiter chez ma mère. Ce n’était plus une option depuis que j’avais quitté le lycée. Son anxiété était trop grande pour me supporter dans sa maison, et son accumulation frénétique avait rempli ma chambre de bazar. Je ne pouvais pas prendre le risque de la faire rechuter. Si un meurtre ne ravivait pas l’instinct maternel de ma mère, rien n’y ferait.

M’approchant du bureau, j’avisai un élastique à cheveux et coiffai les miens en queue de cheval. Putain, quelqu’un accepterait-il seulement de me prendre comme locataire ? Nix ne m’avait interrogée que quelques minutes mais ça allait venir. J’étais au bout du couloir quand elle avait été tuée. Pourquoi n’avais-je rien entendu ?

Les urgences avaient pris plusieurs échantillons de mon ADN. Ainsi que des photos. On m’avait examinée pour vérifier que je n’avais pas été blessée, ensuite une gentille infirmière m’avait laissée prendre une douche et m’avait donné des vêtements propres. Je regardai mon t-shirt blanc, mon sweat-shirt et mes tongs. Pas la dernière mode, mais au moins, ils n’avaient pas de taches de sang.

Le téléphone de la société avait sonné toute la journée. J’avais craint au début qu’un de nos évènements ait eu un problème mais j’avais rapidement compris que toute la ville cherchait à apprendre des détails salaces sur Erin, de son coiffeur au journal local.

Après ça, j’avais décroché le téléphone pour pleurer un bon coup. J’avais pour habitude d’être seule, mais là… j’avais franchi une autre étape.

Je passerais la nuit ici, le canapé en cuir était suffisamment confortable—Erin n’aurait pas toléré qu’il ne le soit pas—et aviserais de la suite demain. J’essayerais de sauver ce qui était encore possible des événements que nous avions en préparation. Si les gens voulaient toujours travailler avec nous.

Pas nous. Moi.

Putain. Erin était morte. C’était sa société.

Je bondis sur mes pieds en entendant frapper à la porte.

« Kit, c’est moi, Nix »

Mon cœur manqua un battement et je me redressai, tirai le verrou et lui ouvris. Il avait la même apparence que ce matin, son regard affuté m’analysait. Toujours séduisant à sa manière, grand et large d’épaules. La barbe se dessinait sur ses joues et je me demandai si elles étaient douces ou rugueuses. Mon dieu, quelles sensations laisseraient-elles contre mes cuisses ?

« Tu vas bien ? » demanda-t-il en refermant la porte derrière lui. Il me dévisagea, assez longtemps pour voir que j’étais une épave et que j’avais pleuré. Mais au moins, je n’étais plus couverte de sang.

Je ris, à la fois parce que je réalisais qu’il me dévisageait, mais aussi parce qu’après une telle journée, je pouvais difficilement aller bien. Alors je soupirai. « Mon amie est morte. Je n’ai nulle part où aller. Mon salaire doit être sous séquestre, et je n’ai plus de travail. La seule chose qui pourrait arriver de pire serait que tu viennes m’arrêter. »

Son regard sombre soutint le mien, mais il ne répondit rien.

« Oh mon dieu, tu es venu m’arrêter. » Je me léchai les lèvres, gagnée par un début de panique. Alors que je l’imaginais me plaquer contre le mur pour mon propre plaisir, lui ne voulait que—

« Je ne suis pas venu pour t’arrêter. Mais je ne vais pas te mentir. Tu fais partie des suspects. »

J’eus encore envie de pleurer mais je ravalai mes larmes. Non. « Tu es venu me chercher pour m’interroger ? » Ma petite voix était nerveuse. Je n’avais pas d’argent pour prendre un avocat.

Il secoua la tête. « Demain. »

« Alors pas de pistes ? Personne n’a été pris la main dans le sac. »

« Nan… Tiens, je t’ai apporté une partie de tes affaires. » Je reconnus mon petit sac de voyage. « J’ai trouvé ça par terre devant ton placard. Je n’étais pas exactement sûr de ce dont tu avais besoin. Ça devrait te permettre de tenir le temps que les scellés soient levés sur la maison et ensuite, tu pourras tout récupérer. »

Je rougis en l’imaginant en train de farfouiller dans mon placard et, oh mon dieu, dans mon tiroir à petites culottes. Ses grosses mains glissant entre la soie et la dentelle. Rien de tape à l’œil et tout acheté en solde mais j’aimais les jolis sous-vêtements.

« Merci. »

« Je suis aussi venu te chercher pour te ramener à la maison. »

« Je peux rester ici. J’ai déjà fait la sieste sur ce canapé. Il est confortable. »

Son regard acéré parcourut la pièce. « Ce n’est pas une scène de crime, mais nous mènerons une perquisition demain. »

Je regardai autour de moi. « Oh. » Bien sûr. Ils devaient enquêter sur tous les aspects de la vie d’Erin. Son ordinateur était là, ainsi que toute la paperasse. Ce n’était certainement pas bon que je reste là. Cela ne ferait qu’aggraver mon cas. Mais qu’allais-je bien pouvoir faire ?

Il hocha la tête sans dire un mot.

« Son état a encore empiré. Son univers est un château de cartes, ou une maison de papier journal, d’achats sur internet et de pièces remplies de foutoir jusqu’au plafond. Le moindre changement dans sa routine quotidienne et elle rechute. Je lui ai rendu visite quelques fois depuis mon retour mais jamais plus de quelques minutes, cela fait grimper son anxiété. Notre seule interaction reste que je paye ses factures en ligne et que je lui parle au téléphone. »

Je lus de la compréhension plus que de la sympathie dans ses yeux. L’école avait été rude, les autres enfants se moquaient de moi à cause de ma mère foldingue. Mais jamais Nix, pas une seule fois. « Pas chez ta mère. Tu vas venir chez moi. »

Je le fixai la bouche grande ouverte. J’aurais été moins surprise s’il m’avait annoncé qu’il était venu m’arrêter. « Chez toi ? »

Il acquiesça.

Je fronçai les sourcils avant de me tourner vers la fenêtre et de regarder la rue en contrebas. La vie suivait son cours, sans problème, les gens profitant de la soirée d’été dans les restaurants et les petites boutiques. Aller chez lui était un de mes fantasmes depuis des années, mais non. Non. Je devais arrêter de m’imaginer des bêtises sur lui en train de me dévorer, moi ou toute autre femme. Il devait y avoir une meilleure explication, une explication rationnelle.

« Tu as peur que je m’enfuie, n’est-ce pas ? »

Je l’entendis soupirer. « Le meurtrier est en cavale. Je ne veux pas que tu sois seule ici. »

Je me retournai si vite que le monde vacilla un instant. Je croisai le regard sombre de Nix. « Tu penses…. Tu penses qu’il va s’en prendre à moi ? » Je posai une main sur ma poitrine. Putain de merde.

Il haussa ses larges épaules. « Nous n’avons aucune raison de le penser, mais tu étais là. Putain, il s’est peut-être simplement trompé de maison. Avant d’en être sûrs, je veux que tu sois en sécurité. »

Il s’avança vers moi, trop près, et repoussa derrière mon oreille une mèche de cheveux oubliée. Un geste simple mais pas de ceux qu’un inspecteur devrait avoir envers un suspect.

Le fait de penser que Nix veille sur moi était séduisante et j’en eus très envie. Je ne voulais pas affronter cette situation toute seule. Je le ferais, comme toujours. J’avais pris soin de ma mère et non l’inverse. C’était encore le cas. Mais avoir l’aide de Nix ? Qu’il me serre contre lui ? Qu’il veille sur moi et me débarrasse de ces ennuis ?

« Je serai en sécurité, » répétai-je d’une voix neutre.

Non, cela n’arriverait pas. Nix était du genre à résoudre les problèmes. Il faisait ce qu‘il fallait. C’était son métier. En tant qu’inspecteur. Je ne voulais pas de ça. Ou plutôt je ne voulais pas me contenter de ça. Je voulais plus de lui, tellement plus. J’en pinçais pour lui depuis le lycée et je bavais quasiment sur lui à chaque fois qu’il rentrait de la fac. Nous nous étions vus quelques fois pour parler de l’organisation du bal annuel de la police. Un dîner. Un café. Il ne m’avait jamais ramenée chez lui, pas plus qu’il ne m’avait embrassée en douce dans sa voiture. Un baiser sur la joue à la porte de mon appartement, mais je lui avais offert mon cœur—bien qu’il n’en ait jamais rien su. Un amour non réciproque.

Mais j’avais compris, compris qu’il ne voudrait jamais de moi. Je n’étais pas son genre, et cela m’avait fait mal. Tellement que j’avais décidé de quitter la ville.

Bien que j’apprécie sa sollicitude—je doutais qu’il invite tous les suspects chez lui—je ne pouvais pas accepter. Mon cœur ne pourrait le supporter. Une année passée loin d’ici aurait dû atténuer les sentiments que j’avais pour lui, mais non. Putain, non. Je voulais toujours de ses grosses mains sur moi. Sentir la tension de ses muscles sous mes doigts. Je me demandais ce que ses lèvres feraient sur les miennes, ou ailleurs.

Un pur fantasme et j’aurais dû en être remise maintenant. Il ne voulait pas de moi—ou de toute autre femme—du tout. J’avais espéré qu’une année apaiserait mes émotions, mais non.

La mort dans l’âme, je répondis :

« Je suis bien ici. » Je tendis le bras vers le canapé. La fortune d’Erin transpirait jusque dans la manière dont la pièce avait été décorée. Rétro chic de couleur crème et rose pâle. Du verre moderne mélangé à de vieilles briques et les poutres en bois. Elle avait même un chariot de boissons dans un coin. Haut de gamme. Tout comme Erin.

« Kit, » dit-il en soupirant, en faisant mine de s’approcher de moi. Il se ravisa, ayant certainement lu sur mon visage que ce n’était pas le moment. « Ce n’est pas la seule raison pour laquelle je veux te ramener chez moi. Je– »

« Et comment va Donovan ? » l’interrompis-je en reculant.

Il fronça les sourcils clairement surpris de cette question. « Il va bien. »

Donovan Nash était l’autre genre homme qui me faisait palpiter. L’opposé de Nix. Blond, taillé comme un char d’assaut. Tout aussi séduisant. Et beau. Et drôle. Et tant d’autres choses. Il s’était joint à nous à plusieurs occasions pour la préparation du bal, mais rien n’en était ressorti, peu importe à quel point j’en avais envie. J’avais été inconsciente de m’enticher de deux hommes. Avec le recul, tout était évident. Et je me sentais d’autant plus stupide. Stupide de penser que non seulement un homme canon pourrait s’intéresser à moi, mais deux ?

« Je ne peux pas te laisser passer la nuit ici. » Je ne l’avais jamais vu me regarder comme ça auparavant. Avec quelque chose de sombre et presque possessif.

Cela dit, c’était tout à fait déplacé.

« Je sais que tu aimes protéger les gens—»

« C’est toi que je veux protéger, » dit-il en m’interrompant. « Je pensais… je pensais qu’il y avait quelque chose entre nous. Avant. »

« Avant que je ne quitte la ville ? » demandai-je presque agacée. Il se moquait de moi.

« Pourquoi es-tu partie, Kit ? » demanda-t-il.

Comme s’il ne le savait pas.

J’ouvris grand les yeux et la bouche. « Tu es sérieux ? Tu me demandes vraiment ça maintenant ? »

« Cela fait cinq semaines que tu es revenue et la première fois que je m’en rends compte, c’est quand je te vois ce matin couverte du sang de ton amie. »

« Comme je disais, maintenant ? ». J’étais fatiguée, paniquée et tout cela transpirait sous forme de colère et de frustration.

« Je pensais que nous étions amis. » Il passa une main sur sa nuque. « Je pensais même que nous étions plus que ça. »

La porte du bureau s’ouvrit et je sursautai. Eh oui , terrorisée. Nix tendit le bras comme pour me protéger de quiconque voulait entrer.

Donovan passa la tête par la porte du bureau en souriant. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Ce sourire enjôleur n’avait pas changé d’un iota depuis la dernière fois que je l’avais vu, un rappel instantané des raisons qui m’avaient fait quitter la ville, que je n’avais pas oublié non plus.

Ces deux hommes m’intéressaient. Encore aujourd’hui. C’était dingue. J’avais eu le temps d’y réfléchir pendant mon année d’absence. Pourquoi désirer deux hommes ? Pourquoi diable aurais-je envie de deux hommes qui ne voulaient pas de moi ? Et qui se désiraient l‘un l’autre.

« Mon petit chat, » dit-il en entrant dans la pièce avant de me prendre dans ses bras. Il était dur, partout. Chaud. Rassurant. Mon dieu, son odeur. Je pensais l’avoir oubliée mais non. Elle était accrochée à ma mémoire, tout comme le surnom qu’il me donnait. Rien n’avait changé. « Nix m’a dit que tu étais de retour, mais doux Jésus, quand tu reviens, fais-le nous savoir. »

Il ne souriait pas en prononçant ces derniers mots. Bien sûr qu’il savait. Travailler au bureau du Procureur lui donnait un accès direct à ce que Nix et ses hommes avaient pu trouver.

« Je suis désolé pour Erin, » murmura-t-il en me regardant.

Il pouvait voir à coup sûr que j’avais pleuré. Je portais des vêtements fournis par l’hôpital et j’étais dans un sale état. J’avais à peine pu me recoiffer à la main après la douche prise à l’hôpital.

« Putain, c’est terrible. »

Il recula pour se placer à côté de Nix. Les voir tous les deux—gaah !—ensemble. L’un brun, l’autre blond. Un sérieux et un… facétieux. Nix faisait cinq centimètres de plus que Donovan, mais il avait la carrure d’un joueur de football. Je les avais tous les deux dans la peau et pourtant, ils allaient me laisser là, seule, et rentrer chez eux. Ils ne voulaient pas de moi, n’avaient pas besoin de moi. Ils étaient tout l’un pour l’autre.

Il fit un signe de tête à Nix. « Il va découvrir ce qui s’est passé. »

« Je sais. » Je savais que Nix découvrirait la vérité, qu’ils trouverait l’assassin. « Que fais-tu ici ? » C’était une chose qu’un inspecteur rende visite au suspect d’un meurtre, mais le procureur ? Oh. « Oh mon dieu, j’ai besoin d’un avocat ? »

Je regardai Nix fixement.

« Quoi ? » demanda Donovan un peu perdu en arquant un sourcil. « Mon dieu, non. Je suis venu rejoindre Nix pour te ramener à la maison. D’ailleurs, allons-y. »

« Allons-y ? »

« Tu rentres avec nous, » ajouta Donovan, répétant exactement ce que Nix avait dit quelques minutes plus tôt. Alors comme ça, ils habitaient ensemble maintenant. De mieux en mieux.

Jamais de la vie je n’irais. Je ne pouvais pas vivre sous le même toit qu’eux. Mon cœur ne le supporterait pas.

« Elle n’a pas encore accepté, » lui dit Nix. 

« Et pourquoi donc ? Il y a un meurtrier dans la nature. Putain, à la seule pensée que tu aies dormi au bout du couloir pendant que– » Donovan serra les poings, mais ne finit pas sa phrase. Il avait beau être un homme de loi, il n’était pas tendre.

Nulle part.

« J’étais en train de lui demander pourquoi elle avait quitté la ville, » reprit Nix.

« Ce n’est pas un interrogatoire, » répliquai-je.

« Je pense que nous méritons une explication. »

«Oui, petit chat, pourquoi es-tu partie ? »

Mon dieu, ce que je ressentais quand Donovan m’appelait ainsi…

Impossible de les regarder tous les deux. Ils étaient trop parfaits. Trop pour que mon cœur puisse le supporter. Cette journée avait été horrible. Ma vie était un cauchemar. Les choses n’allaient pas empirer si je leur racontais toute l’histoire, la vérité. Rien n’y ferait. Ils ne voulaient pas de moi. Ils partiraient, et je m’installerais sur le canapé pour la nuit. Et peut-être qu’enfin, je pourrais tirer un trait sur eux.

« Très bien. » Je me retournai et posai les mains sur mon bureau, fixant la surface vitrée. « C’est à cause de vous deux que je suis partie. »

« De nous ? » demanda Nix en fronçant ses sourcils sombres. « Tu aurais dû rester à cause de nous. »

Mes yeux s’emplirent de larmes et je secouai la tête. « Je ne pouvais pas rester en ville. J’ai été stupide. »

« De nous désirer ? » demanda Nix.

« Tous les deux ? » ajouta Donovan, dont la voix avait pris une tonalité pleine d’espoir.

J’acquiesçai en me retournant pour leur faire face. Je levai les yeux pour affronter leurs regards. « Je vous désirais tous les deux mais c’est vous qui ne vouliez pas de moi. Vous n’avez pas besoin de moi. Chacun de vous a besoin de l’autre. »

Ils se regardèrent avant de se tourner vers moi. « Mais putain de quoi tu parles ? » demanda Nix.

« Vous voulez que ce soit moi qui prononce ces mots ? »

Donovan posa les mains sur ses hanches. Bien qu’il travaille au bureau du procureur, il ne portait pas de costume, mais un pantalon bleu marine et une chemise. Pas vraiment un cowboy mais pas non plus un citadin.

« Oui. »

« Eh bien, vous vous aimez tous les deux, » criai-je.

4

DONOVAN

Mais. Quelle. Idée ?

Kit pensait que nous étions gays ? Elle pensait que Nix et moi étions ensemble ?

Je la fixai.

Nix fit de même.

Elle était sérieuse. De toutes les possibilités que nous avions imaginées, celle-ci n’avait jamais, jamais traversé mon esprit.

« Petit chat, je ne sais pas si je dois te fesser ou t’embrasser, » dis-je finalement.

Elle était tellement belle. Elle avait toujours été un petit bout de chou, ne m’arrivant même pas à l’épaule. Et pourtant elle avait des courbes. Même noyée dans le pantalon de jogging et le t-shirt deux tailles trop grand—qui ne cachait en rien le fait qu’elle ne porte pas de soutien-gorge—elle était parfaite. De ses petits orteils roses à ses cheveux sauvages et tout ce qu’il y avait de doux entre les deux. Et sur son intimité douce sur laquelle j’avais fantasmé pendant que je m’astiquais. Depuis des années.

Ses yeux couleur chocolat étaient rougis par les larmes, mais cela ne m’empêchait pas d’y lire une profonde honnêteté.

Des mots ne fonctionneraient pas cette fois-ci.

« Et merde, » soufflai-je en m’approchant d’elle pour prendre son visage entre mes mains et l’embrasser. Pas le baiser fraternel d’un ami de longue date. Oh non, je la dévorai, étouffai son cri de surprise, conquérant cette bouche si douce. Impossible qu’elle pense de nous que nous étions gays désormais.

Nix grogna, un son animal dirais-je. Je levai la tête et reculai en regardant Kit osciller. Ses yeux étaient clos, ses lèvres rouges brillaient. Nix me poussa hors de son chemin et l’embrassa à son tour. Voir mon meilleur ami avec Kit ne me rendait pas jaloux. Au contraire, ça me donnait la trique. J’aurais pu enfoncer des clous avec ma bite. Elle nous appartenait depuis si longtemps, et maintenant nous allions le lui prouver.

Il n’y avait plus aucun doute. Je la désirais depuis si longtemps que j’avais dépassé le stade de frustration sexuelle. J’étais dans un état de pure frustration. Un malentendu ayant pris des proportions épiques avait mené Kit au-delà des frontières de l’État. Et pire encore, elle était rentrée à Cutthroat depuis cinq semaines. Cinq. Putain. De semaines. Et ni Nix ni moi n’en avions rien su. Toujours plus de temps perdu.

Et maintenant, putain, elle était mêlée à une affaire de meurtre ? Un suspect de premier ordre vu qu’elle n’avait pas d’alibi. Elle était couverte du sang d’Erin. Son ADN était partout sur elle. Nix m’avait tout raconté mais je n’avais pas besoin de ces détails pour savoir qu’elle était innocente. Quel serait son mobile ? L’argent ? Kit souhaitait-elle la mort d’Erin pour reprendre leur affaire à son compte ? Erin l’avait-elle mentionnée dans son testament ? Une assurance-vie ? Erin avait vingt-cinq ans, pas soixante-quinze. S’il y avait eu le moindre doute sur la réponse à apporter à ces questions, mon service en aurait été informé et Kit serait déjà en prison.

Mais je n’avais aucune nouvelle de la famille Mills. Aucune de mon patron qui jouait certainement au golf avec Keith Mills. En tant que substitut du procureur, c’était mon devoir de mettre le meurtrier sous les verrous. Avec des preuves. Un mobile. C’était le rôle de Nix de trouver tout cela, et le mien que le jury y croit sans l’ombre d’un doute.

S’engager dans une relation avec le premier suspect d’une enquête pour meurtre ? Pas le meilleur choix. Depuis que ma mère avait été renversée et tuée par un conducteur en état d’ébriété—et surtout depuis que l’intéressé s’en était tiré avec une tape sur les doigts et quelques points de permis en moins—j’avais eu cœur à rendre aux malfrats la justice qu’ils méritaient. J’avais toujours tout fait pour cela. Cela ne ramènerait pas ma mère mais cela permettrait aux autres de dormir la conscience tranquille, un luxe que je n’avais pas eu.

Sans compter que mon père pèterait un câble s’il savait que je fréquentais Kit Lancaster. Comme il était maire, il s’accrochait à son écharpe en craignant qu’on ne retrouve pas le tueur de Cutthroat. Cela passerait mal auprès de ses électeurs. Oh, il adorait avoir un fils au bureau du Procureur—pour lui nos deux métiers se mariaient aussi bien que du pain avec du fromage—mais pour veiller sur la ville, pas pour baiser le suspect numéro 1.

Mais peu importe qu’on l’appelle ainsi, Kit était innocente. Certes, si elle était sur le banc des accusés, notre relation serait un désastre, pas seulement pour l’affaire, mais aussi pour mon travail. La défense ferait jouer le conflit d’intérêt avec l’accusé. L’affaire serait compromise. Je serais renvoyé. Et peut-être même radié du barreau.

Mais Kit était innocente. Elle n’était pas une fille facile. Putain, non. C’était Kit Lancaster, la femme que j’allais épouser. Elle n’avait rien d’une meurtrière. Elle était à moi. À nous.

Elle ne serait pas arrêtée. Elle n’aurait pas à affronter la justice. Il n’y aurait pas de conflit d’intérêt. Nix prouverait qu’elle n’avait rien à voir dans cette affaire. Cela finirait par venir ? Dès ce soir ? J’allais m’assurer que oui. Kit allait jouir, sur ma queue, sur ma langue. Toute la nuit.

Quand Nix se retira, il se pencha et la souleva pour la jeter sur son épaule. Putain, oui.

« Nix ! » cria-t-elle en martelant son dos de ses petits poings, faisant tomber une de ses tongs qu’il ne s’embarrassa pas de ramasser avant de quitter son bureau et de prendre la direction du couloir. « Ton camion, » cria-t-il à mon attention et se dirigeant vers les escaliers. « Et n’oublie pas son sac. »

Je rassemblai les clés, le sac et la tong de Kit en souriant avant d’éteindre la lumière et de refermer la porte pour les suivre, non sans avoir pris le temps de me remettre en place pour marcher confortablement.

Personne ne dit mot sur le trajet vers la maison de Nix, plus proche que la mienne. Je n’étais pas sûr de pouvoir tenir avec son doux parfum qui emplissait la cabine. Kit semblait murée dans le silence après nos baisers.

La maison de Nix était un vieux—comprendre : à rénover—bungalow à quelques croisements de la rue principale, mais pas à plus d’un kilomètre des bureaux de Mills Moments. Il l’avait acheté quelques années auparavant et le retapait sur son temps libre.

Nix ouvrit la porte de devant et prit la main de Kit pour la diriger vers le canapé et la poser sur mes genoux.

« Donovan, » souffla-t-elle en essayant de gigoter.

Je la tins fermement d’une main posée sur son ventre, mon doigt passant sous son t-shirt pour rencontrer sa peau douce. Elle était douce partout, et chaude. Si petite, et pourtant si parfaite. « Mon petit chat, si tu continues à remuer ton derrière, nous ne parlerons plus. »

C’est alors qu’elle sentit ma bite appuyer contre sa hanche, grosse et dure et prête à baiser, et elle se figea.

Je la voulais. Nue et en dessous de moi. Sur moi. Entre Nix et moi. Mais je voulais d’abord des réponses. Elle pensait que Nix et moi étions attirés l’un par l’autre, et cela méritait quelques éclaircissements.

Nix attrapa une chaise et la tira devant le canapé pour s’asseoir en face de nous. Un de ses genoux heurta sa cuisse et resta en place pour l’empêcher de fuir. « Explique. »

Je la regardai déglutir, fixer ses pieds sans trop savoir où regarder. Hormis notre baiser tout à l’heure, nous n’avions jamais été aussi proches d’elle. Ses yeux étaient sombres, mais avec des reflets chocolat. Son nez était parsemé de taches de rousseur, elle avait les joues aussi rouges que ses lèvres… dont je me rappelais la sensation. Ses cheveux habituellement longs et lisses étaient sauvages. Tout comme ses émotions, et les miennes.

« Avant mon départ, vous m’aviez invitée au bal de la Police. »

Nix acquiesça. « Je me souviens. Début décembre. Nous étions tous les deux dans le comité d’organisation. »

« Je… je m’intéressais à vous. » Elle rougit. « Beaucoup. À vous deux, en fait. »

Ma bite palpita en entendant ces mots. « Petit chat, » grognai-je.

« C’est pourquoi je me suis portée volontaire, un prétexte pour être avec vous. Nous nous étions rencontrés autour d’un café et pour les préparatifs. Après vous m’avez invitée. » Elle repoussa la mèche rebelle qui s’était échappée et son coude heurta ma poitrine au passage. « Mon dieu, j’étais en panique. Tellement nerveuse. J’étais sur le point de vous dire ce que je ressentais, que j’étais folle de m’intéresser à vous deux. Je veux dire, à deux hommes. Je suis venue ici, je me suis approchée de la porte et je vous ai aperçus par la fenêtre. »

Elle désigna la baie vitrée à droite de la porte d’entrée.

Nix fronça les sourcils. « Et qu’est-ce que tu as vu ? »

Elle me regarda brièvement derrière ses longs cils. Avec une pointe de douleur ou d’embarras. « Tu es sorti de la chambre de Nix en serviette. »

Je remontai le fil de mes souvenirs. Nix m’avait appelé pour me dire que Kit allait passer. Que c’était la nuit idéale pour lui faire part de nos sentiments. En espérant que ceux-ci soient réciproques. Mais elle n’était pas venue. Et nous ne l’avions plus jamais revue. Jusqu’à aujourd’hui.

« Je m’en souviens, » répondis-je. « J’avais aidé quelqu’un à changer sa roue en chemin. J’étais tout crasseux, alors j’ai pris une douche pour me nettoyer. »

« La salle de bain des invités était en travaux, » ajouta Nix. « Alors il a utilisé celle de ma chambre. »

« Mais je t’ai vu, » me dit-elle. « Tu as dit quelque chose à Nix, que je n’ai bien sûr pas entendu vu que la fenêtre était fermée, mais vous souriiez tous les deux. Ensuite tu … tu—»

« J’ai quoi ? » demandai-je en la regardant rougir furieusement.

« Tu avais la trique. Même depuis le porche, je pouvais le voir sous ta serviette. »

Je souris. « Je suis bien monté, petit chat. »

Elle leva les yeux au ciel et sourit un peu.

« J’avais la trique pour toi. A l’idée de te dire enfin ce que je ressentais. »

« Ce que nous ressentions. »

Je soupirai. « Je suis sûr que nous parlions de la manière dont nous allions te déshabiller et te jeter dans un lit. Lequel de nous deux serait le premier à te dévorer la chatte. » Remuant des hanches, je lui fis sentir ma queue en érection. « Tu vois, ça me fait bander encore plus fort. »

« Mais alors… quand vous êtes entrés dans la chambre tous les deux, » ajouta-t-elle. « Qu’aurais-je dû penser à ce moment-là ? »

« Quand j’ai enfilé un short et un t-shirt que j’ai pris sur ma pile de linge propre ? » demanda Nix.

Je voyais son esprit s’emballer, à douter de ce qu’elle avait cru jusqu’alors. « En plus, il y avait la table. »