Les Lucioles de Luc - William Vernes - E-Book

Les Lucioles de Luc E-Book

William Vernes

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Beschreibung

Lucie nous raconte deux périodes de la vie d'une jeune fille au parcours aussi douloureux et difficile que beau et féérique. L'histoire se déroule dans une Provence aux odeurs de thym et de lavandes. Les pins aux allures nobles saluent les santon qui meublent cette crèches Provençale Lucie manque de tout. Elle manque aussi de goût. De son enfance merveilleuse à sa vie d'adulte elle va devoir traverser des épreuves. Des épreuves qui la conduiront souvent dans des souvenirs de Noël. Mais va t'elle réussir à dépasser toutes ses souffrances ? Est ce que les lucioles lui seront une aide ? Mais qui sont ces lucioles ?

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Seitenzahl: 142

Veröffentlichungsjahr: 2024

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A mon fils : LUC

Lucie nous raconte ses souvenirs d'une enfance difficile dans le quel les lucioles resteront son repaire.

Dans son jolie village en plein cœur d'une Provence aux goûts et aux odeurs de thym et de romarin, elle nous décrit le beau avec les riches, le pauvre avec ses manques .

Lucie va devoir affronter une ultime épreuve.

Va t'elle la réussir ?

Quand la vie nous fait naître dans une maison qui sent bon l'amour la chaleur et le bonheur et que le destin nous les retire par un coup de baguette magique, comment faire pour être heureux ?

Est ce que les lucioles seront là pour aider aider Lucie ?

Est ce que les manques de Lucie lui donneront le goût d'une résilience ?

Sommaire

Chapitre 1: De Goûts

Chapitre 2 : De Manques

Chapitre 3 : De goûts

Chapitre 4: De manques

Chapitre 5 : de goût

Chapitre 6 : de manques

Chapitre 7 : de goût

Chapitre 8 : de goûts

Chapitre 9 : sans manque de goût

Chapitre 10 : le goût du manque

Chapitre 11 : de manque de Goût

Chapitre 1: De Goûts

Durant cette belle journée d’automne, qu’annonce la fin du deuxième millénaire, je m’applique à ma préparation culinaire. Un dernier rayon de soleil inonde le plan de travail de la cuisine. Il entre par la petite fenêtre qui se situe au dessus de l’évier et vient se répandre dans cette partie de la pièce où installée, je décide de préparer une pâtisserie. Ce n'est pas n'importe qu'elle pâtisserie: ce sera Ma Première pâtisserie.

Et pour une néophyte ce n'est pas rien.

Je ressens sur mon visage cette délicate caresse chaleureuse de ce faisceau, à cette heure précise qu’indique la grande horloge du salon : 17 heures. Je sais que dans les dix minutes qui vont suivre, le soleil commencera son déclin et finira pas disparaître, au loin, pour réveiller une autre partie de la planète. Je profite donc de cet instant en m’abstenant d’éclairer la pièce et de profiter de ce moment unique de ma fin de journée. Moment qui allait changer mon destin et dont je n'avais aucune idée à cette minute même.

Une délicieuse odeur de vanille s’échappe du sachet que je suis en train de déchirer à l’aide de mes dents. Quelques grains de poudre se répandent sur ma lèvre inférieure. Je les ramène avec le bout de ma langue sous mon palais et les glisse sous mes dents. Je les croque avec douceur. Je n’ai ni l’envie, ni le temps de les laisser fondre dans ma salive. La saveur qui se répand sur ma langue me donne l’envie de continuer la préparation d’un dessert composé de bananes. Le nombre d’icônes représentés sous forme de toque de grand chef étoilé, sur la fiche que je viens de déplier en la sortant du paquet de sucre vahiné, précise la difficulté quant à la réalisation de cette recette populaire.

Quel bonheur, il n’y en a qu’une. Cela indique toute la facilité de mon ouvrage et le peu de risque sur lequel je m’engage. Je suis persuadée que mon palais est peu fin.

L’action de manger me lasse. Il y a peu de temps encore, j’aurais certainement préféré d’avaler des insipides pilules, plutôt que de savourer des mets délicats si le choix m’avait été proposé. Me nourrir par pur plaisir de dégustation ne faisait pas partie de mon bien être. Et ce bien être se triple tous les jours , puisqu’il y a trois repas. Ça me donne beaucoup d’occasion de ne pas me faire plaisir.

Aujourd’hui, mon choix est de me lancer dans la confection d’un dessert.

J’avais appris par mon amie Line, chercheuse au CNRS, au cours des repas qui nous réunissaient assez régulièrement, que chaque goût n’était pas perçu par une zone différente de la langue, contrairement à ce que j’avais pu souvent entendre : le sucré à l’avant, l’amer à l’arrière, l’acide et le salé sur les coté. Cette théorie admise au dix neuvième siècle était dépassée car elle n’avait pas été fondée. Aujourd’hui, avec les recherches, il semblait plus probable que c’étaient nos papilles qui avec leur sensibilité envoyaient un message à notre cerveau afin de lui signaler la saveur adéquate.

J’avais appris à l’école, que dans le temps, la saveur amère, celle qui était la moins appréciée, était souvent attribuée aux plantes toxiques qui pouvaient nous empoisonner. Grâce à cela, nos ancêtres se montraient vigilants dès qu’ils goûtaient une nouvelle plante ou fruit à la saveur amère. Ainsi ils évitaient une mort prématurée, inexpliquée. Avec le temps, ils comprirent que leurs inquiétudes pouvaient se révéler exactes.

Depuis l’amertume était devenue l’expression de «l’empoisonnement».

Le moindre besoin de manger m’agace. La vue de toutes ces denrées alimentaires posées sur les gondoles et dans les bacs des supermarchés me désolent. Quelles économies en temps et argent j’aurais pu faire si je n’avais pas un jour décidé comme beaucoup de personnes à me consacrer à la cuisine.

Cuisiner: cette action où il faut passer du temps à l’élaboration de plats qui non seulement vont être engloutis en quelques seconde mais se risquent à de critiques. Telles que:

«

- Il manque du sel, - Tu sais que je ne digère pas l’ail.

- Pourquoi tu ne l’as pas fait plus gratiner.

- Tu aurais du y rajouter de cette épice.

- Ce n’est pas assez cuit.

- Les pâtes collent.

- Il n’y a pas plus de sauce?

- C’est brûlé.

- La viande est dure.

- Je n’arrive pas à déglutir tellement c’est sec....

Jusqu’à :

- Ce n’est pas bon ».

Je trouve impolies les personnes qui se permettent de donner un avis désagréable sur un met, dès la première bouchée avalée et cela avec des remarques acrimonieuses. Il me semble beaucoup plus correct et délicat de rien dire, même si le goût ne correspond pas à nos attentes. Cela au moins afin de respecter le travail de la cuisinière, du temps qu’elle y a consacré ainsi que de la recherche d’idée qu’elle a passée sur le choix de son plat. Parce qu’il faut savoir aussi faire preuve d’imagination dans la cuisine. Ce n’est pas un automatisme. Par ailleurs, la cuisinière n’est pas totalement stupide. Elle peut vérifier par elle même si son plat n’est pas assez salé, ou pas assez cuit. Parfois même pas du tout réussi. Ce n’est pas la peine que d’autres le lui fassent remarquer.

Il lui faut d’abord gérer cette déception, parfois honteuse de ne pas avoir su recevoir correctement ses invités ou sa petite famille. Son mécontentement est bien assez difficilement à avaler, il n’est pas nécessaire de le lui faire remarquer. C’est une digestion pénible.

Cuisiner, ce n’est pas que préparer. C’est aussi: se déplacer vers un magasin pour faire les achats. Choisir les meilleurs produits. Réfléchir à la confection de la préparation. Ne pas oublier le plus petit des ingrédients qui aura souvent la plus grande importance. Passer du temps dans le magasin, à la caisse. De porter des sacs de commissions remplis jusqu'à en déborder sur les hanses, toujours trop lourds et blessants les mains fragiles. Ces sacs qui tirent sur les épaules, attirés par la force de la gravité allongent nos bras, courbent nos épaules,réclamant de la force à nos muscles, provoquant jusqu'à des courbatures migraineuses.

Chaque pas effectué pour se diriger vers la voiture et la maison sont des mouvements de douleur et peuvent ressembler à une danseuse qui se dodine avec rapidité et peu de grâce.

Il ne faut plus penser à soi, puisque le plus important est de toujours penser à cette cuisine insatiable. Je constaterai que tout comme les bricoleurs, la cuisine nécessite un nombre important d’objets et d’ustensiles permettant la réalisation des recettes. Ce n’est pas si simple que ça, de s’improviser cuisinière. Il faut avoir toute la panoplie de casseroles, de poêles, de couteaux, de batteurs etc.

Bref, il faut du matériel digne des artisans et beaucoup de fêtes pour se les faire offrir!

Le déclic se fait à la vue des deux bananes, sur la table, dont la peau vire vers une couleur brune. Elles commencent à se ramollir, à devenir flasques, limite dégoulinantes. Du jus sur la peau légèrement fendue commence à suinter. L’idée de les jeter à la poubelle et de devoir gaspiller ces deux bananes, pendant que d’autres personnes les auraient certainement englouties en deux bouchées, me contrarie.

Je décide de leur donner une dernière chance: celle d’être destinée à ce que la nature a choisi de mieux pour elles: nourrir l’humain plutôt que la poubelle. Cela permet de protéger l’environnement et me donne l’occasion d’accomplir cette promesse que je me fis la veille: mieux cuisiner.

Ingrédients: 80 g de sucre – 80 g de farine - 2 œufs entiers – 100 g de beurre fondu– un sachet de sucre vanillé – une pincée de cannelle – un paquet de pépites de chocolat – deux bananes bien mûres.

Je préchauffe mon four à 250° puis je démarre ma préparation: mélanger les 2 œufs entiers avec les 80 grammes de sucre et les 100 grammes de beurre fondu, le paquet de sucre vanillé avec cannelle et farine. Ajouter les 2 bananes coupées, les pépites de chocolat. Verser dans un moule beurré et faire cuire pendant 15 à 20 minutes. Je lis minutieusement chaque mot sur la fiche de l’emballage du sucre vahiné afin d’être certaine de ne pas commettre d’impair. A chaque étape, je n’oublie pas cette décision prise la veille sur laquelle repose tout mon honneur. Je décide qu’à la fin de cette préparation, j’irai chercher mon livre de cuisine. Plutôt que de le feuilleter, comme certaines personnes font, moi: je le défeuillerai une fois de plus et l’arrangerai à ma sauce.

Pendant que le gâteau prend forme dans le four, je me remémore cette jeune fille qui n'aimait pas manger.

IL y a peu de temps encore, je ne comprenais pas pourquoi il fallait consacrer autant de temps à cuisiner et dépenser autant d’argent pour des moments aussi répétitifs qu’ennuyeux.

Cela me permit de consacrer tout mon temps à d’autres activités plus plaisantes où la cuisine n’avait pas sa place. J’avais fait pire que de me désintéresser à la cuisine, puisque le seul livre de recettes qui m’avait été offert, je l’utilisais pour une de mes passions: la photographie.

J'avais bien un autre ouvrage, qui n'était pas un livre mais un cahier de recettes de maman. Lui, je ne l'ouvrais jamais par peur de l’abîmer comme si à chaque lecture les mots se seraient effacés et auraient disparu dans la feuille. Lui, par peur d'une peau de chagrin qui se serait rétrécie à chacune des recettes lues, je le tenait dans un lieu secret et ne m'en servais jamais.

Sur chacune des pages de mon livre de recettes, je collais des photos que je venais de faire développer. Je ne perdais aucun temps. Aussitôt la pellicule terminée, aussitôt j’allais chez le photographe la déposer pour avoir le plus vite possible les clichés. Parfois, les trois jours d’attente de la transformation de la pellicule jusqu'à son développement m’étaient tout juste insupportable. Combien de fois j’ai du attendre chez le photographe Victor, l’arrivée du livreur, à bavarder de banalités pas si banales que cela pour moi puisque j’apprenais à mieux comprendre le monde de la photographie, sous des airs de fausse photographe amatrice.

Nous avions toujours un quelque chose à nous raconter puisque nous partagions la même passion de la photographie Victor et moi. Lorsque Victor me montrait avec fierté ses clichés, je me disais dans mon for intérieur qu’il pouvait toujours s’accrocher. J’étais bien meilleure que lui, maintenant. J’étais capable de faire des montages avec différents objets mais surtout avec des posters et d’autres photos. De telle manière, que Marlon Brando et moi, dans un noir et blanc des années 50, étions assis amoureusement sur sa moto, ensemble avec nos casquettes en cuir et nos sourires charmeurs. Ma plus belle réussite de l’instant, c’était une photographie de Robert Doisneau qui s’intitulait: « Baiser de l’hôtel de ville» dans laquelle j’avais changé le visage des amoureux par celui de Gabriel et moi. J’avais fait agrandir cette photo en un poster géant et l’avais offert à Gabriel pour notre mariage.

Je me faisais un devoir de garder mes secrets et d’arriver avant le livreur par crainte que Victor ouvrirait et regarderait mes photos avant moi. Lorsque je savais que je n’avais pas photographié des merveilles, j’arrivais un peu plus tard et pouvais constater que la pochette ne collait plus de la même manière que lorsque je les avais récupérées en présence du livreur. Je savais que Victor, curieux de mon amateurisme, voulait vérifier que ce je considérerais comme de l’art, n’était qu’un tas de description coloré sur du papier polaroid sans aucune valeur.

J’adore mélanger les genres, les calligraphies et les couleurs de ce livre de recette avec mes photos. Je n’ai jamais voulu le jeter car je trouvais sa couverture en cuir beige rosé poudré sublime. De plus, Je tenais à sauver ce livre offert il y a huit ans, l’unique cadeau de cette médiocre période de ma vie. Je voulais faire croire à mes amis de passage à la maison qu’il était écrit pas un illustre auteur dont je n’avais jamais entendu parlé, puisque je ne l’avais jamais lu. Chacun de mes amis a toujours voulu voir ce livre, persuadé qu’il était d’une grande valeur.

Il faut dire que je le tenais cacher sous un coffre de verre et personne n’y avait accès. Il était mon trésor, car dans ce livre j'y avais découpé tout au fond, plusieurs pages, afin d'avoir une épaisseur et y déposer le cahier de recette de maman qui lui n'avait qu'une pauvre couverture en plastique vert, quelques pages déchirées, volantes certaines scotchées avec un vieux scotch, mais d'une valeur sentimentale inestimable car il était mon unique héritage. Mon cahier était protégé dans cet écrin.

C'était mon joyau. Ce joyau était précieux et sans valeur marchande alors que le livre était aussi beau qu’inintéressant.

En même temps, comme si de rien n’était, je faisais une très grosse économie dans les dépenses des courses alimentaires. J’avais appris à me contenter de l’ordinaire.

Ce n’était pas si difficile de se priver sans trop en souffrir, puisque dans mon vécu d’orpheline que je subissais depuis l’âge de mes douze ans, je n’avais plus jamais connu le superflu. Le seul vrai manque qui me faisait atrocement souffrir était l’absence de mes parents. Dès lors, j’étais terrorisée à l’idée d’être un jour privée d’amour, de partage, de chaleur. Je savais que le peu qui me serait repris serait d’une douleur abyssale.

Mes parents, je les avais perdu bien trop jeune.

Ils passaient leur journée à se chamailler dès qu’ils étaient ensemble et se cherchaient dès que l’un ou l’autre disparaissait de leur champ de vision.

Maman était une fille du sud de la France. Elle avait le teint mât. Son grain de peau était parfaitement éclatant et faisait de nombreuses envieuses. Son visage lisse et fin et délicat où était dessiné une jolie bouche aux lèvres peu épaisses, laissait entrevoir la blancheur de ses dents à chacun de ses sourires. Ses grands yeux noirs n’étaient jamais maquillés. Son regard profond et inflexible montrait de la détermination, trait caractéristique de sa personnalité. Personne n’osait l’affronter. Elle portait souvent un grand chapeau de paille, sous lequel flottaient ses longs cheveux noirs et raides comme des spaghettis avant cuisson. Elle adorait cuisiner et manger. Soucieuse de sa silhouette, elle faisait régulièrement attention au poids qu’affichait cette satanée balance qu’elle trouvait injuste et lui soulevait de nombreuses colères.

En effet, lorsqu’il s’agissait de peser les caisses de légumes pour la vente aux marchés ou aux clients qui venaient acheter les marchandises directement dans la propriété, il lui semblait bien, que le chiffre affiché, était trop bas par apport aux volumes vendus, contrairement à son poids à elle qui résonnait forcément faux car toujours trop grand par apport à ses courbes.Aucune balance n'avait su la satisfaire. Même les neuves.

Elle avait les courbes parfaites des corps adulés. Sa taille fine et bien marquée permettait d’accentuer encore plus son buste généreux et ses hanches rondes. Ses longues jambes dorées dessinées des reliefs réguliers sous lesquels on pouvait vérifier sa puissante musculature. C’est qu’il fallait qu’elle en ait des muscles. Il lui en fallait de la force pour soulever toute la journée cette quantité de poids. Se baisser, soulever, porter, marcher. Tel un petit robot inépuisable, son travail la prenait de l’aurore au crépuscule. De quoi en faire faiblir plus d’une. Elle était déterminée par sa cueillette et la réussite de son métier. Elle voulait que ses légumes soient les meilleurs et les plus beaux du marché.