Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
« HUGUETTE : Je suis en train d’halluciner ?
DASHA : Non, bien sûr que non.
HUGUETTE : Alors pourquoi j’ai l’impression d’être la seule à te voir ?
DASHA : Parce que... »
Huguette est suivie par une gardienne cueilleuse qui lui vole ses souvenirs. Seulement, elle est la seule à la voir. Pourquoi ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Manon Lamare a étudié les arts de la scène. Grande passionnée du domaine, avec Les petites lumières, elle met en avant son univers théâtral.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 56
Veröffentlichungsjahr: 2022
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Manon Lamare
Les petites lumières
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Manon Lamare
ISBN : 979-10-377-7129-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Poème de Edgard James Button
À ma mère qui, malgré les difficultés, continue à aimer
À ma Grand-mère qui, même si elle ne peut plus parler, a encore des choses à dire.
À mon grand-père Georges, noyé par la maladie de l’oubli
signé Vincent
Personnages
Préface
Quand, Dis-moi seulement
Quand es-tu arrivée ?
Comme si de tout temps
Tu as toujours été
Grecs, Romains et Perses
Tu leur as survécu
Les hommes et les espèces
Les as-tu tous connus
Ta douce peau sélène
Bardée de filaments
Comme la belle Hélène
Brille au firmament
Montagnes et désert
Jusque les sous-bois
Où tu vis la lumière
Pour la première fois
Ce n’était qu’une enfant
Que tu avais trouvée
Quand un éclat ardent
De sa tête fut tombé
Tu étais pâle alors
Attiré par son bruit
D’un pas feutré d’abord
L’as approché, saisi
Ainsi, voilée sereine
Par tant d’émotion
Parti cueillir les graines
Ta grande passion
Doux chat des tourbières
T’immisçant chez autrui
Collectant les lumières
Joyaux de leurs esprits
De délicates mains
Prends donc ces pierreries
Faisant de nous, humains
Malades de l’oubli
Je ne vois, mais t’entends
Guette mes souvenirs
Tu souffles dans le vent
Quand ils veulent me fuir
Félin sélénien
Rendant les hommes fous
Te gave sans déclin
De pensées à ton goût
Berces ces lueurs perdues
Ces lumineuses pierres
Ne perds jamais de vue
Ces petites lumières.
Note générale
Cette pièce a une double chronologie. Pour la jouer, il faudra séparer l’espace scénique en deux pour faire comprendre la dissociation entre la chronologie du réel et celle des souvenirs. Il faudrait la jouer comme un conte pour adultes. Dasha est un personnage omniprésent, elle est la représentation de l’oubli.
Scène 1
Médecin, Dasha, Huguette
Lumière en douche bleue dans le fond, la lumière vient doucement éclairer la pièce, on se trouve dans un bureau de médecin. Huguette est assise face au médecin, qui tient une pile de documents entre ses mains.
MÉDECIN : Bonjour, Madame, alors nous avons une série d’examens complémentaires à vous faire faire. Nous allons commencer par une série de questions. Pouvez-vous me dire en quelle année nous sommes ?
HUGUETTE : Nous sommes en deux mille un.
MÉDECIN : Très bien, pouvez-vous me donner la date d’aujourd’hui ?
HUGUETTE : Nous sommes le seize juillet.
MÉDECIN : OK, très bien. Pouvez-vous additionner seize plus vingt-trois ?
(La médecin continue à parler en muet et Dasha fait son entrée.)
DASHA : Bonjour, Huguette.
HUGUETTE : Tu es qui ?
DASHA : Je suis Dasha, je suis ce que l’on appelle une gardienne cueilleuse.
HUGUETTE : Je ne comprends pas, qu’est-ce que tu fais là ?
DASHA : C’est toi qui m’as appelée.
HUGUETTE : Je ne crois pas
DASHA : Si, ça fait longtemps que tu m’appelles, je t’ai observée depuis un moment, mais j’attendais que tu sois prête à ce que je sois auprès de toi.
HUGUETTE : Je suis en train d’halluciner ?
DASHA : Non, bien sûr que non.
HUGUETTE : Alors pourquoi j’ai l’impression d’être la seule à te voir ?
DASHA : Parce que personne d’autre ne me voit. À moins d’être malade comme toi.
HUGUETTE : Je suis malade ?
DASHA : Oui, mais ne t’en fais pas, je suis très méticuleuse et très douce.
HUGUETTE : Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
DASHA : Ce n’est pas l’heure.
HUGUETTE : Comment ça, ce n’est pas l’heure, tu peux être plus claire ?
DASHA : Tu comprendras en temps voulu, d’ailleurs, c’est ce qu’elle essaie de t’expliquer.
HUGUETTE : Mais, elle entend quand je te parle ?
DASHA : Ça dépend, parfois oui, parfois non. Tout dépend si les humains sont assez sensibles.
HUGUETTE : Qu’est-ce que tu fais ?
DASHA : Je prends des notes, j’écoute, j’observe. (Dasha s’assied près d’Huguette)
HUGUETTE : Tu vas rester là ?
DASHA : Oui, pendant un certain temps, après ça dépend des personnes.
HUGUETTE : Tu as une tête qui fait peur, tu as l’air toute blafarde. J’aimerais que tu partes.
DASHA : Je suis ton amie, il ne faut pas avoir peur.
HUGUETTE : Je ne trouve pas que tu as un air très rassurant.
DASHA : Ce n’est qu’une question d’apparence. Je trouve que tu juges beaucoup.
HUGUETTE : Tu racontes vraiment n’importe quoi, qu’est-ce que tu fais ?
DASHA : Je te récupère ta lumière, elle ne te sert plus à grand-chose celle-là.
HUGUETTE : N’y touche pas.
DASHA : Allez, laisse-moi la prendre, tu en as beaucoup trop.
HUGUETTE : File, tu commences déjà à m’agacer.
DASHA : Eh bien, on peut dire que tu as un sacré caractère.
HUGUETTE : Si tu dois me suivre partout, il faudra que tu t’y fasses.
DASHA : Tu devrais rentrer chez toi, tu vas avoir besoin de repos. Tiens, prends ce qu’elle te donne, voilà, mets-le dans ta poche. Allez, je te laisse filer, j’ai quelque chose à faire.
Scène 2
Dasha
La lumière se baisse légèrement pour laisser le temps aux comédiens de sortir de scène, on voit Dasha qui se déplace discrètement dans la salle, sa démarche est similaire à celle d’un chat. Elle attrape la lumière qui est tombée sous la table, au moment où elle la saisit, elle commence à regarder le public.
DASHA : Alors ça fait un moment que vous me regardez, je ne pensais pas que vous pouviez me voir. Qu’est-ce que je fais ? Rien, juste mon travail. Comment ça quel travail ? Vous n’avez jamais entendu parler des gardiens ? Moi on m’appelle la cueilleuse. Je vais vous expliquer, alors chaque jour je traque les humains pour récolter ceci (montre une lumière