Les pouvoirs du cœur - Raphaël Lambassadeur - E-Book

Les pouvoirs du cœur E-Book

Raphaël Lambassadeur

0,0

Beschreibung

Luc se réveille dans une chambre d’hôpital après avoir frôlé la mort à la suite d’une transplantation cardiaque. Depuis cette expérience, il a subi une transformation profonde. Il a pris conscience que sa vie manquait de sens et ce nouveau cœur qu’il porte en lui lui procure des émotions étranges. Une attraction incompréhensible le pousse vers une femme autour de laquelle des phénomènes surnaturels se produisent. Se pourrait-il qu’il soit tombé amoureux d’elle ? Mais alors, quelle serait la source de cet amour ? Serait-ce son nouveau cœur, un simple muscle, ou bien un organe chargé de sentiments et d’émotions dont il aurait hérité ?


À PROPOS DE L'AUTEUR

Raphaël Lambassadeur écrit cet ouvrage pour laisser une trace indélébile de son expérience terrestre. Il mêle habilement fiction et réalité pour nous offrir "Les pouvoirs du cœur", son premier livre publié.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 166

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Raphaël Lambassadeur

Les pouvoirs du cœur

Roman

© Lys Bleu Éditions – Raphaël Lambassadeur

ISBN : 979-10-422-0644-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Muchel…

Avant-propos

Ce texte est incroyable, c’est le mot, incroyable ! comment peut-on croire qu’un cœur transplanté puisse faire revivre au travers une autre personne, les mêmes émotions, les mêmes sentiments ? Eh bien ça marche, on se prend au jeu, l’histoire est somme toute captivante si on aime les histoires d’amour un poil surnaturelles…

L’auteur est certainement un peu fou… Ou beaucoup ? On sent qu’il y a du vécu, mais difficile de démêler ce qu’il puise dans sa vie et ce qui sort de son imagination…

Bonne lecture.

Chapitre 1

Une belle histoire ?

Je m’appelle Luc, j’ai 35 ans et je suis né aujourd’hui. Ou plutôt, je renais aujourd’hui. Je viens de me réveiller, je suis dans un lit d’hôpital ou peut-être au paradis ? Non ! Le paradis n’existe pas, donc, je suis bien dans une salle de réveille et une infirmière me confirme que ma deuxième greffe s’est bien passée. Que, si tout va bien, dans une semaine je pourrais rentrer chez moi et retrouver ma chère épouse Bénédicte, qui m’attend, inquiète dans une salle attenante.

Mais il n’y a pas que Benedicte qui est là, présente, inquiète, plus pour son avenir que pour moi, car elle est bien consciente que ce qui vient d’arriver est entièrement sa faute, si elle n’avait pas trafiqué mon traitement, je n’aurais pas fait de rejet. Je sais ce qu’elle a fait et je sais ce qu’elle veut faire…

Marie est là aussi, à distance, certes, mais elle est bien là, inquiète, elle aussi, mais pas pour les mêmes raisons que ma femme. Marie tient à moi, d’une façon qu’elle n’a pas réussi à qualifier jusque-là, mais des sentiments étranges la tourmentent et me tourmentent également depuis plusieurs semaines, depuis notre rencontre. Depuis que nous nous sommes rapprochés, elle, jeune et malheureuse veuve et moi, convalescent ayant frôlé la mort et sauvé grâce à une transplantation cardiaque. Mais elle doit se méfier Marie, elle le sait, ma chère épouse avait évoqué son assassinat avant que mon cœur ne lâche.

Oui, j’ose dire que je renais aujourd’hui et vous allez comprendre pourquoi. Mais revenons il y a quelques semaines en arrière, lorsque ma vie était un rêve… Enfin si je peux le dire, car avec le recul c’était plutôt un enfer… le rêve a commencé lorsque Marie est entrée dans ma vie.

Je devrais peut-être d’abord me présenter, donc, Luc, 35 ans, implanté cardiaque depuis quelques heures, d’un cœur artificiel venant des États-Unis. Eh oui, moi qui déteste les ricains et particulièrement leur mentalité, je dois les remercier, car sans eux, je serais mort à l’heure qu’il est. Mais je dois surtout remercier ma chère belle famille qui a œuvré pour que je puisse être sauvé. Mon beau-père, principalement, influant, ami des décideurs de notre beau pays.

Mais revenons à moi, je suis quand même le héros de cette histoire ! non ? Je reviendrai plus tard vous parler de ma belle-famille. Je suis l’aîné d’une famille de 3 enfants, une sœur, Cléo, 32 ans, elle est mariée à Paul, elle est commerciale dans le bâtiment, ils bossent ensemble, ils ont 2 garçons Ewan, 8 ans et Alessandro, 6 ans, ils sont merveilleux, je les adore. Et un frère, Gabin, 30 ans, célibataire, sans enfant, il travaille dans l’informatique, il crée des jeux, sa passion. Nous avons eu une enfance heureuse, nos parents tenaient un petit commerce de proximité dans le centre de Beaune, en Bourgogne. J’ai grandi dans ce foyer chaleureux, plein de potes, ou plutôt coéquipiers, partenaires de jeu, principalement.

Depuis tout petit, je joue au foot, j’adore ça, le jeu, pas la mentalité qui ne me correspond pas du tout, mais juste jouer, se dépasser, gagner ! j’aime gagner ! je suis un peu enragé sur un terrain, mais pas au point de faire mal en donnant des coups, je parlais à l’instant de cette mentalité que j ’exècre, c’est surtout ça qui m’insupporte. Non, moi, je veux juste faire mal à l’adversaire en le battant à la régulière. Je ne suis pas et je n’ai jamais été un grand joueur, je n’ai jamais voulu devenir pro, ce n’était pas du tout mon objectif même si, par hasard, j’en aurais eu les capacités. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est transmettre ma passion du foot, cette mentalité de gagneur, dans les règles, en équipe, avec mes potes. C’est pour cela que je suis entraîneur bénévole depuis des années, je crois que j’ai commencé quand j’avais à peine 14 ans, je donnais un coup de main à l’entraîneur des débutants… Je n’ai jamais arrêté depuis. Même mes études ne m’ont pas empêché de poursuivre cette passion, parce que, oui, c’est ma passion. Certains s’éclatent au boulot, d’autres à voyager, ou à cuisiner… moi c’est sur le terrain avec mes jeunes ! Je ne rate jamais un entraînement. Même mes études, j’ai réussi à atteindre un niveau correct sans jamais partir de chez moi, j’ai fait toutes mes études à Dijon, j’avais la chance de rentrer chaque jour. J’ai donc traîné mes basques sur les terrains pendant plus de 20 ans avant que tout s’arrête, net, un après-midi d’octobre, lorsque mon cœur s’est arrêté, comme ça, sans me prévenir… quel salaud ! J’aurais pu y rester. Mais le destin… existe-t-il ? Ce jour-là en a décidé autrement.

J’entraînais la catégorie des 14/15 ans. C’était un samedi après-midi, mes jeunes jouaient contre une équipe du coin. Et moi, comme d’habitude, je courais sur le bord du terrain à les encourager, les conseiller… Bref, à chaque fois, je dois peut-être courir plus qu’eux ! et d’un coup, je tombais, inanimé. Il y avait beaucoup de monde sur le complexe sportif, car plusieurs catégories jouaient. Un des papas présents au bord du terrain qui était venu encourager son fils est intervenu et a pu maintenir mon cœur en activité jusqu’à ce qu’on puisse m’installer un défibrillateur. Les pompiers sont ensuite arrivés et ont pris le relais.

Ce papa, que je ne connaissais pas ou à peine, son fils âgé de 12 ans jouait dans la catégorie des 12/13 ans, était éducateur dans un centre pour personnes handicapées. Il était aguerri aux gestes de premiers secours, il était formé grâce à sa profession. C’est même lui qui avait alerté la mairie, il y a plusieurs mois, lorsqu’il avait constaté que le complexe sportif n’était pas pourvu de défibrillateur. Ce papa, Yvan, m’a, ce jour-là, sauvé une première fois en pratiquant le massage cardiaque, mais également une seconde fois, puisque sans son intervention, il n’y aurait peut-être pas eu de défibrillateur sur place… je lui dois une fière chandelle comme on dit. Ce papa, je n’ai même pas pu le remercier, il est mort quelques jours après m’avoir sauvé la vie, dans un accident de voiture, en rentrant chez lui, après le travail.

Mais je dois vous dire qu’Yvan, ce jour-là, ne m’a pas sauvé 2 fois la vie, mais 3 fois. Je l’ai découvert plus tard, après avoir enquêté au sujet des agissements de mon beau-père. Ce jour-là, sans une transplantation rapide, j’allais mourir dans les prochains jours, et c’est le cœur d’Yvan qui m’avait été greffé.

Vous êtes en train de vous dire que j’ai eu une sacrée chance, oui, en effet, mais il y a quelque temps, en découvrant les magouilles de mon beau-père, j’aurais préféré mourir ce jour-là, à la place de ce papa formidable qui se prénommait Yvan, marié et fou amoureux de sa femme, Marie, ils avaient eu deux enfants. J’aurais préféré mourir, en effet, car à part le foot et mes jeunes, j’avais une vie de merde, j’étais marié à Benedicte, nous n’avions pas d’enfant, elle n’en voulait pas, alors que c’était mon rêve, mais elle s’en foutait. J’avais découvert, il y a quelques mois, qu’elle prenait la pilule en cachette en me faisant croire qu’elle aussi voulait un enfant.

Je détestais mon job, je travaillais avec elle, directrice artistique dans une célèbre agence de pub, elle avait eu le poste à ma place, j’avais œuvré pour qu’elle l’obtienne, le génie de la pub, c’était moi, pas elle. Donc, oui, ce jour-là, j’aurais préféré mourir à la place d’Yvan. Mais tout a changé lorsque Marie, sa femme, est entrée dans ma vie, l’a bouleversée sans bruit, sans aucune intention, elle lui a donné un sens que jamais je n’aurais imaginé.

Je crois que je vous parlais de moi, que j’étais en train de me présenter… Il va falloir que j’arrête de digresser, je vais vous perdre amis lecteurs. Donc, vous connaissez ma famille, pas encore ma chère et tendre épouse, ni sa famille, mais la mienne, je vous l’ai présentée brièvement. Je disais que j’avais eu la chance de faire mes études à côté de chez moi. Après un bac C, je me suis dirigé vers la création artistique, je ne savais pas vraiment quoi faire, mais naturellement, l’université m’a conduit vers un master en marketing et communication. J’étais bon, j’étais même très bon en créations publicitaires, les campagnes, les slogans, j’aimais bien et surtout c’était naturel pour moi. C’est sur les bancs de l’université que j’ai connu Bénédicte. Nous étions en même année, nous suivions les mêmes cours. Elle s’était cherchée un peu, elle n’est pas arrivée dans la pub naturellement, comme moi. Elle avait également obtenu un bac C, mais s’était d’abord dirigée vers les sciences, sous la pression familiale. Le patriarche aurait souhaité un médecin dans la famille, ou un chercheur, ça fait bien dans les soirées mondaines de dire que son fils ou sa fille fait partie d’une élite. Mais, pas un des enfants de la fratrie n’avait les prérequis pour prétendre à ces métiers.

Ma belle-famille, on pourrait les comparer à la famille Ewing dans Dallas, la célèbre série américaine. Sauf que le fonds de commerce n’était pas le pétrole, mais le vin, un des grands vins de Bourgogne, le pommard. En prenant un peu de recul, on y retrouve presque tous les personnages de la série, en moins pire, d’accord, mais on les a. Bénédicte a deux sœurs et un frère. On a bien une alcoolique, une rebelle et le bon fils à papa, mais là c’est plutôt la fille à papa, en l’occurrence Benedicte qui surfe sur les traces, les sales traces de son papa chéri. Lui en revanche, c’est bien le JR de la série et elle, elle le suit de très prés. Seul le fils, mon beau-frère est « normal », si on peut dire.

Donc, une riche famille bourgeoise de la haute société Bourguignonne. Depuis des décennies, cette famille règne sur le domaine le plus important de ce village mondialement connu. Henri IV, Louis XV, Ronsard et Victor Hugo ont été des proches, ils appréciaient ce vin et étaient devenus naturellement des amis de la famille. D’autres grandes figures ont aussi foulé le sol de la demeure familiale : de Gaulle, Chirac, Mitterrand, pour ne citer que les plus célèbres, mais il y a aussi et surtout les décideurs de l’ombre, ceux qui dictent aux politiques quoi faire. On y retrouve des magnats de la presse, du pétrole, de l’industrie pharmaceutique… bref, mon beau-père a su perpétuer la tradition en s’entourant des plus grands.

C’est avec le recul d’aujourd’hui que je me rends compte de tout ça, si je n’avais pas eu ce problème au cœur, je pense sincèrement que j’aurais vécu dans ce milieu sans aucun état d’âme, mais inconscient et malheureux !

J’ai donc rencontré Benedicte sur les bancs de la fac, elle était sublime, blonde, grande, les yeux magnifiquement bleus… Je crois que j’en suis tombé amoureux dès le début, un coup de foudre comme on dit. C’est même une belle histoire, notre rencontre. J’avais tout juste 18 ans, elle 21. Les vacances estivales venaient de se terminer et c’était mon premier jour à la fac. J’avais passé un été assez morose, même si l’obtention du bac m’avait mis du baume au cœur. L’année précédente, j’avais été plutôt triste, j’étais à la recherche de l’Amour, je voulais forcer le destin. À la suite d’une déception amoureuse, ma petite copine, Sandra, m’avait largué plusieurs semaines avant, je ne pensais qu’à rebondir et retrouver l’Amour avec celle qui allait peut-être devenir ma femme et me donner des enfants. J’avais déjà ça en tête à 18 ans ! Je m’étais projeté ainsi avec Sandra et je crois bien que c’est ça qui l’avait fait fuir, je lui parlais d’enfants alors que nous n’avions même pas encore eu notre première fois. C’est dingue comme parfois les rôles peuvent s’inverser : mon côté féminin avait fait peur à son côté masculin… préjugés quand tu nous tiens ! Mais je m’accrochais à cette idée et j’avais passé tout l’été à écumer les boîtes de nuit, les bals, les fêtes de village, à la recherche de l’âme sœur… Peine perdue !

Durant l’été, ma sœur, Cléo, du haut de ses 16 ans, m’avait prédit qu’en arrêtant de chercher à forcer les choses, celle qui allait faire palpiter mon cœur serait peut-être l’une de mes futures camarades de classe. C’est marrant aujourd’hui, avec le recul et ce qui m’est arrivé, de se dire que déjà, à cette époque, mon cœur me tourmentait, pas de la même façon que maintenant certes, mais il me tourmentait. Je n’avais pas prêté plus attention que ça aux dires de ma sœur, mais la bougresse, elle avait eu raison ! Le jour de la rentrée, cette idée folle de retrouver l’Amour à tout prix m’était passée. J’étais plutôt sérieux et studieux et l’idée de reprendre les cours me plaisait assez, mon esprit se concentrait plutôt sur des objectifs scolaires, je n’avais plus de place pour les futilités.

Ce matin-là, ce 1er septembre, je m’en souviendrais toute ma vie. J’avais pris ma 4 L et j’étais parti direction la fac de Dijon. À un feu rouge, dans mon rétroviseur, derrière moi, dans une Twingo verte, je vis une grande fille blonde, plutôt jeune et jolie, ses yeux bleus transperçaient mon rétro et je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, la phrase de ma sœur se mit à résonner dans ma tête. Ah non, pas question de retomber dans cette idée débile de trouver l’Amour, néanmoins, brièvement, cette idée me traversa l’esprit… Et si c’était elle ?

Arrivé à la fac, je m’installais dans l’amphithéâtre où j’allais suivre mon premier cours de l’année. J’étais concentré sur mes petites affaires, mes feuilles, stylos, je préparais tout cela avec attention, sans me préoccuper de ce qui se passait autour de moi. Et, subitement, une voix féminine m’interpella : « je peux m’installer à côté de toi ? » En levant les yeux, quelle fut ma surprise en constatant que c’était la fille de la Twingo ! Resté sans voix d’abord, j’ai murmuré ensuite, bêtement, me dira-t-elle quelque temps après, que la place était libre. Elle était sublime, grande, blonde, cheveux coupés courts, une raie sur le côté, en bataille à l’arrière, des yeux magnifiquement bleus, et un sourire à tomber. Je compris ce jour-là que les coups de foudre existaient. Même si je n’ai pas voulu me l’avouer, j’étais, à cet instant précis tombé follement amoureux de Bénédicte. Car c’était bien Bénédicte, cette fille dans cette Twingo, cette fille dont m’avait parlé Cléo quelques semaines avant, elle était là, bien réelle, arrivée par hasard dans cet amphi. Par hasard, c’est bien le mot, elle s’était inscrit nulle part, elle avait choisi cet amphi complètement au pif… Et quel pif !

Nous avons sympathisé rapidement, elle ne connaissait pas cette fac, moi non plus, nous nous sommes soutenus, elle s’est inscrite dans la même filière que moi et je crois que nous ne nous sommes plus quittés. Elle était issue d’une famille connue dans la région, fortunée, c’était l’une des filles du maire de Pommard, propriétaire quasi exclusif du territoire qui produisait le vin du même nom. Bénédicte avait un chéri, lui aussi, héritier d’une des grandes familles du vin Bourguignon. Je ne le connaissais pas, mais vous vous douterez que je ne l’aimais pas. Nous n’habitions finalement pas loin l’un de l’autre et naturellement, le covoiturage se mit très vite en place. Les jours passaient, nous étions très complices, travaillant sur les cours ensemble, riant souvent aux mêmes blagues débiles… Nous nous rapprochions petit à petit et de confidence en confidence, nous sommes très vite devenus amis. Le fait qu’elle avait un chéri me bloquait. Il n’était pas question pour moi de tenter quoi que ce soit, elle était là, belle, à l’écoute, complice… Je ne pouvais me résoudre à lui avouer mes sentiments naissants, je craignais trop de casser quelque chose entre nous. Ça ne se passait pas bien avec son mec, il l’avait trompée, elle me l’avait avoué et m’avait confessé que la fin était proche. Cela m’avait réjoui, je dois l’avouer. Le lendemain, elle le larguait.

Ça faisait environ un mois que l’on se connaissait, son anniversaire approchait… Mes sentiments devenaient de plus en plus prégnants, je m’étais dit que j’allais lui déclarer ma flamme le jour de son anniversaire. Si des sentiments réciproques existaient, nous avouer notre Amour, ce jour-là, aurait été sublime… Plus ce jour fatidique arrivait, plus j’étais mal à l’aise et plus la peur m’envahissait, je me disais que finalement, jamais je ne pourrais lui avouer quoi que ce soit. Et, plus les jours passaient, plus notre complicité augmentait, je n’arrivais plus à la quitter, elle non plus d’ailleurs, mais ça, je ne le voyais pas… nous étions tellement bien ensemble.

Le jour de son anniversaire, j’étais passé la chercher chez elle pour aller à la fac, comme d’habitude. Je m’étais préparé : après un « joyeux anniversaire » de circonstance, je voulais profiter du fait que je conduise pour lui avouer mes sentiments sans la regarder… Ça me semblait plus facile à sortir de cette façon… Lâcheté, quand tu nous tiens ! Bizarrement, nous sommes arrivés sur le parking de la fac, sans nous dire un mot, je n’avais pas trouvé la force de respecter mes bonnes résolutions. De son côté, elle non plus n’avait pas dit mot, ce n’était pas normal, nous avions habituellement tant de choses à nous dire, depuis la veille au soir ! Finalement, elle prit la parole : « Pour mon anniversaire, j’aimerais t’inviter au restaurant ce soir, qu’en penses-tu ? » me dit-elle. J’étais pétrifié, il fallait que je lui déclare ma flamme, je ne pouvais plus reculer, je ne sortirais pas de cette voiture sans lui dire. « J’ai un problème », répondis-je…

« Ah ? »

« Oui, j’ai un problème… je crois bien que je t’aime… »

« Moi aussi… je t’aime… »

Nous nous embrassâmes tendrement ce matin-là, pour la première fois, dans cette voiture, sur le parking de cette fac… Quoi qu’il se passe dans ma vie, je n’oublierai jamais ce moment magique que nous avons partagé.

Elle m’avoua que le coup de foudre qui m’était tombé dessus ce premier jour, était réciproque, qu’elle n’était pas rentrée par hasard dans mon amphithéâtre. Elle m’avait vu sur le parking et avait décidé de me suivre, elle était paumée et s’était dit que ce mec, là, avec sa « bonne tête » devait forcément être sympa. C’est dingue qu’en y réfléchissant, là, maintenant, je me rends compte que, déjà à ce moment-là, elle avait pris une décision par intérêt, par intérêt pour elle bien sûr. Qu’en serait-il aujourd’hui si elle avait décidé d’en suivre un autre que moi ce jour-là ?