Les Royaumes Bas - Pierre Michaël - E-Book

Les Royaumes Bas E-Book

Pierre Michaël

0,0

Beschreibung

Joske, mineur de renom vivant dans les Royaumes Bas, un monde souterrain autoritaire et oppressant, aime se réfugier dans la littérature. Fasciné par l’imaginaire des auteurs, il s’interroge sur la possibilité de rêver de mondes inconnus. Dans cet univers clos, la lecture devient pour lui un moyen d’évasion et de questionnement. Sa curiosité et son besoin d’en savoir davantage lui permettront de découvrir la véritable nature des Royaumes Bas, faisant de lui le seul garant d’un avenir meilleur pour toute l’humanité. Arpentez avec Joske les couloirs sombres de ce huis clos dystopique que sont les Royaumes Bas.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Épris de science-fiction depuis l’enfance, Pierre Michaël puise son inspiration auprès des figures majeures du genre, tels Philip K. Dick ou Douglas Adams. Enseignant en physique, il associe rigueur scientifique et imagination foisonnante dans "Les Royaumes Bas", son premier roman. Par cet ouvrage, il rend hommage aux illustres auteurs qui ont nourri son imaginaire.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 109

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Couverture

Page de titre

Pierre Michaël

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Royaumes Bas

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Pierre Michaël

ISBN : 979-10-422-7017-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À Ijon Tichy, Arthur Dent et tous les autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par ce premier roman, je tenais à rendre hommage à quelques grands noms de la science-fiction.

Je vous encourage, si vous ne les connaissez pas, à découvrir ces incroyables auteurs de science-fiction, par les romans et nouvelles dont le titre est mentionné en début de chapitre, ou par n’importe quelle autre approche littéraire qui, j’en suis certain, enrichira votre quotidien et votre imaginaire comme ils l’ont fait pour moi.

 

Pierre Michaël

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les Royaumes Bas, les nains sont les Rois.

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Le Meilleur des Mondes

(Aldous Huxley)

 

 

 

Le couloir s’étendait devant lui, sombre et humide. Il était en pente légèrement montante et jonché de débris causés par le temps qui passe et abîme tout, même les matériaux censés lui résister. L’extrémité du couloir était barrée par l’éboulement de quelques planches, qu’il déplaça à grand-peine pour se retrouver face à une porte en métal rouillé. Celle-ci était fermée, mais cela ne l’inquiéta pas, car il savait que la clé pour laquelle il avait tant souffert déverrouillerait ce dernier obstacle. Il la sortit de sa poche, l’inséra dans la serrure et la tourna sans difficulté. Et lorsqu’il ouvrit la porte, il découvrit un paysage auquel il n’aurait jamais osé rêver. Il comprit alors…

 

 

 

 

 

Chapitre 2

De la Terre à la Lune

(Jules Verne)

 

 

 

— Quel bonheur de pouvoir enfin s’étendre !

Lorsque Joske arriva chez lui, il eut à peine le temps de se changer qu’il s’écroula aussitôt sur son lit, infiniment fatigué. Il faut dire que son travail à la mine de charbon lui pompait toute son énergie. Douze heures à creuser le sol, de plus en plus profondément, pour dénicher le précieux minerai sans lequel la population des Royaumes Bas ne pourrait survivre, c’était plus que ce qu’un homme normal aurait pu supporter.

Mais cela en valait la peine : non seulement Joske recevait un jour de congé après chaque jour travaillé, mais en plus il avait droit à sa propre chambre. Certes, ce n’était qu’une pièce de 4 m2 sans fenêtres, mais habituellement, on logeait au moins quatre personnes dans un tel endroit. L’espace était devenu le luxe suprême dans les Royaumes Bas.

 

***

 

Il était déjà dix heures lorsque Joske se réveilla d’un sommeil sans rêves. Cela faisait longtemps que la fatigue intense lui avait ôté toute possibilité de rêver, mais Joske s’en accommodait. Il préférait infiniment utiliser sa journée de repos pour s’évader par la lecture. La bibliothèque était devenue son endroit préféré, même s’il avait déjà lu et relu de nombreuses fois le peu de livres qu’elle contenait.

Joske se rendit dans les douches communes pour enfin retirer toute la poussière qui le recouvrait depuis la veille. Et malgré l’eau froide, économie d’énergie oblige, cela lui fit un bien fou et finit de le réveiller complètement. Il profita de ce moment pour s’étendre au maximum, tâche compliquée dans les Royaumes Bas, mais son dos et ses jambes en avaient besoin après une journée éreintante passée dans les mines.

 

Après la douche, Joske se dirigea directement vers la cantine. Une soupe bien chaude allait lui faire du bien, même s’il n’avait pas trop le choix du goût. Seuls les champignons poussaient correctement dans les tréfonds obscurs des caves des Royaumes Bas. Mais il s’en contenterait, il était déjà bien content d’avoir quelque chose à manger gratuitement, un autre privilège lié au statut de mineur.

— Comment ça va aujourd’hui, Joske ? lui demanda la cuisinière.
— Comme toujours : épuisé, mais content d’être en vie, répondit-il en souriant.
— Je vais encore devoir alléger la soupe, la production de champignons a baissé.
— C’est déjà la troisième fois cette année. Que se passe-t-il dans les caves ?
— Je ne sais pas ce qu’ils y font, mais si vous aviez agi de la sorte dans les mines, cela ferait longtemps que le roi Jagmy vous aurait passé un sacré savon ou vous aurait condamnés à…
— Ne le dis pas, s’il te plaît.

Un froid glacial s’installa entre Joske et la cuisinière, qui regretta aussitôt ses dernières paroles. Il ne faisait pas bon rire des condamnations du Roi. Joske s’empara de son bol de soupe sans plus dire un mot, et se dirigea vers l’autre bout du réfectoire, pour s’installer tranquillement à l’écart. Il avala rapidement son potage, le trouvant plus insipide que les autres jours, la faute au rationnement des champignons, puis il partit en direction de la bibliothèque. Au moins, il pourrait un peu se changer les idées.

 

***

 

La bibliothèque, le seul et dernier endroit dédié à l’amusement dans tous les Royaumes Bas, était pourtant très peu fréquentée, les gens trouvant que c’était de l’espace inutilement perdu alors qu’ils étaient obligés de s’entasser dans leurs chambres. Mais le précédent roi, Anastas, avait décrété que la bibliothèque serait désormais « Zone Royale », ce qui la rendait définitivement intouchable, et personne n’avait osé la détruire pour gagner un peu de place dans ce monde pourtant si exigu.

— Qu’est-ce que tu veux lire aujourd’hui, Joske ? demanda le vieux bibliothécaire.
— Surprends-moi ! répondit-il.
— Je sais que tu aimes bien celui-là, dit-il en lui tendant De la Terre à la Lune de Jules Verne.
— Tu crois que la Lune existe vraiment ?
— Tu es fou ? Comment peux-tu imaginer qu’un caillou de plusieurs milliards de tonnes puisse rester en l’air ? Par magie ? Ce n’est qu’un roman, une histoire inventée par une personne qui avait beaucoup d’imagination. Comme pour tous les livres de la bibliothèque.
— Mais il doit bien y avoir quelque chose en dehors des Royaumes Bas.
— Non, il n’y a rien. On y naît, on y meurt.
— Et entre les deux, on y souffre.
— C’est toi qui as choisi d’être mineur. Je t’avais proposé une place à la bibliothèque, mais tu l’as refusée.
— Je n’avais pas envie d’une vie de misère comme la tienne. Tu ne gagnes même pas assez pour te payer un repas correct chaque jour.
— ça n’a jamais tué personne de faire la diète.
— Sauf quand c’est presque tous les jours.
— Moi, au moins, je n’ai pas tout le temps mal au dos et je ne suis pas épuisé à la fin de la journée.
— C’est toi qui m’épuises… conclut Joske avec un petit sourire.

Joske prit le livre et se rendit dans son coin préféré, au fond de la bibliothèque. Là, il pourrait s’étendre et lire sans déranger personne. Et, un instant seulement certes, s’évader des Royaumes Bas.

 

 

 

 

 

Chapitre 3

La Cité

(Clifford D. Simak)

 

 

 

Nulle part, il n’était fait mention de l’origine, de la raison d’être, ou de l’histoire des Royaumes Bas ; aucun livre à la bibliothèque n’en parlait. La mémoire collective avait effacé ce passé révolu pour se concentrer uniquement sur les difficultés du présent.

Et il y en avait ! Nourriture, énergie, surpopulation, espace, tout n’était que combats pour la survie de la population, dont le monde se résumait désormais à un inextricable labyrinthe de couloirs de béton, de métal et de bois, chichement éclairés et dans lesquels se découpait une infinité de portes conduisant aux logements et aux autres espaces utiles, comme la cantine, les douches, la bibliothèque ou le Palais Royal.

 

Les Royaumes Bas s’étendaient sur un bon millier d’étages, mais il était impossible d’en connaître le nombre réel ni la superficie de chacun, tant la disposition des lieux ne prêtait qu’à confusion et ne permettait pas d’imaginer un seul instant la taille réelle de l’endroit.

 

Dans la zone la plus basse se localisaient les caves, réparties sur une dizaine d’étages, dans lesquelles poussaient spontanément les champignons et où on essayait de cultiver d’autres légumes et d’élever des animaux, avec un taux de réussite malheureusement très faible. Il ne faudrait plus attendre longtemps avant qu’une nouvelle famine ne frappe durement la population et ne nécessite de prendre des décisions extrêmes…

Mais les gens y avaient déjà fait face et savaient que ce problème était inévitable, alors ils s’étaient fait une raison et réagiraient comme il se devait en temps voulu. Mieux valait ne pas se gâcher le présent en y ajoutant des difficultés supplémentaires.

 

Sous les caves se trouvaient les mines, éléments indispensables à l’approvisionnement énergétique. Au fur et à mesure du temps, les mines étaient devenues le vrai centre névralgique des Royaumes Bas : s’il s’y passait le moindre problème, c’était toute la population qui en pâtissait. Les mineurs avaient donc acquis des privilèges dont personne n’osait remettre en question le bien-fondé. Cela allait d’un logement privé, bien que de taille réduite, à la nourriture gratuite, en passant par les femmes qui voyaient dans les mineurs la seule possibilité d’améliorer leur quotidien. Et les mineurs ne s’en privaient pas, même si Joske n’était pas vraiment partisan de ce genre de relation intéressée.

On pouvait considérer les mineurs comme la nouvelle classe bourgeoise de ce microcosme qu’étaient les Royaumes Bas ; seul le Roi les surpassait en importance. Cette puissance montait parfois à la tête de certains mineurs, qui justifiaient ainsi des actes moralement et légalement répréhensibles. Le Roi devait alors prendre des sanctions, sans pour autant être trop sévère sous peine de voir éclater une grève au sein des mines, ce qui serait catastrophique pour tout le monde. La société vivait donc dans un équilibre précaire entre les mineurs et la royauté ; et tous savaient que tout pouvait s’écrouler à n’importe quel moment sous cette épée de Damoclès.

 

Dans la zone intermédiaire se trouvaient les espaces de vie, ou plutôt de survie, répartis sur plusieurs centaines d’étages. Là s’entassait une foule considérable dont on avait renoncé à connaître le nombre réel. Et bien que la promiscuité et la misère étaient partout de mise, la délinquance était exceptionnelle, grâce à des décisions drastiques qu’un ancien roi, décédé depuis lors, avait été obligé de prendre pour éviter que le monde ne sombre dans le chaos et la violence. La population essayait donc désormais de venir en aide à la société afin d’améliorer le quotidien de chacun. Les résultats n’étaient certes pas optimaux, mais au moins, la bonne volonté et l’entraide étaient devenues la norme.

Dans le passé, on avait essayé de recenser la population. À une époque lointaine, le Roi Broduik, voulant mieux contrôler son peuple, avait décrété qu’il lui fallait en connaître le nombre précis. Cela avait provoqué une des plus grandes crises qu’aient connues les Royaumes Bas. En effet, le manque d’effectifs, l’organisation défaillante et la disposition des étages rendaient le travail lent et fastidieux, avec des files interminables qui pouvaient durer plusieurs jours. Le monde s’était donc retrouvé à tourner au ralenti, avec une population de plus en plus sur les nerfs. Les ressources avaient rapidement commencé à manquer, faute de travailleurs, provoquant une révolte qui conduisit à la chute du Roi Broduik et à son remplacement par son propre fils Graxys, qui mit automatiquement fin au processus de recensement. Depuis lors, on ne savait plus combien il y avait d’habitants dans les Royaumes Bas. Probablement plusieurs dizaines de millions, voire davantage…

 

Les étages supérieurs, proches de la surface, étaient bien plus énigmatiques. Les éboulis, le manque d’éclairage et les gaz empoisonnés en rendaient l’