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Une vengeance implacable, ourdie avec une froideur méthodique, s’abat sur des personnes irréprochables en apparence. Sur « les sentiers de la honte » se nouent des comptes à rendre, aussi impitoyables qu’inéluctables. Lorsque Jean-Claude Carnot revient dans sa région natale de Compiègne, il se retrouve mêlé aux enquêtes du commissaire Tartempois. Au cœur d’un univers où règnent les illusions et les masques, la vérité se dérobe sans cesse. Mais dans cette danse périlleuse entre faux-semblants et violence, Jean-Claude pourra-t-il payer le prix de sa survie sans perdre son âme ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pendant quarante ans,
Jean-Paul Decrock a consacré sa vie à ses activités professionnelles, tout en restant attentif à l’univers de la littérature. La retraite lui a offert l’opportunité de réaliser son désir profond : écrire. Dans "Les sentiers de la honte", il brosse un portrait sombre des travers humains, où les bassesses conduisent trop souvent aux meurtres. Si les assassins peuvent être éliminés, l’ombre de Satan, elle, continue de régner en maître sur le monde.
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Seitenzahl: 212
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jean-Paul Decrock
Les sentiers de la honte
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Paul Decrock
ISBN : 979-10-422-6153-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
J’avais à l’époque 22 ans, et j’achevais mon service militaire. À Compiègne. Comme reporté dans mon livret militaire, j’étais libéré de mes obligations légales de service actif et déclarais me retirer route de Kerlou – Bannalec. Bourg de Bretagne où vivaient mon père et sa seconde femme. Je n’avais aucune envie de revenir dans un tel environnement. Mon père également préférait que je débarrasse le plancher. Aussi décidai-je de rester dans la région compiégnoise.
Oui, j’avais aimé la Bretagne, mais il me fallait couper le cordon ombilical. Qui, en fait, avait déjà disparu avec la mort de ma mère. J’avais 9 ans lorsque le Bon Dieu avait décidé de la rappeler à Lui. Et quatre ans plus tard, mon père se remariait. La pièce rapportée échoua dans son rôle de substitution. Au grand jamais, nous ne connaîtrions l’amour d’une mère. Il est évident qu’avec la présence de maman Rose, notre vie aurait été différente. Mais nous ne maîtrisons pas notre destin.
Après avoir joué 16 mois au petit soldat, je consultais donc les petites annonces concernant les emplois libres à Compiègne. Une ville que je connaissais pour y avoir fréquenté les bancs de l’institution Guynemer et ceux du lycée Pierre D’Ailly. Cité guère éloignée de notre résidence familiale d’alors ; Moyenneville. Dans la semaine qui suivit ma démobilisation, une banque retint mon attention ; et début juin, je devins employé aux écritures. Je louais un deux-pièces à Gournay-sur-Aronde distant de 20 km de Compiègne. Je connaissais ce bourg car il fut aussi notre résidence familiale après celle de Moyenneville. J’y retrouvais le milieu de mon adolescence, et le plaisir de revoir mes anciens copains et copines. Ma vie prenait un autre sens.
J’avais 13 ans, et mon père acceptait une offre d’emploi à Moyenneville. Créer une division viande dans une conserverie de légumes appartenant à une riche famille de la région. Les Bernard. Il était veuf depuis 1956. Nous logions dans une maison préfabriquée faisant face à celle d’un « vétéran de 14-18 », le dénommé Jacques Dupont. Une rue nous séparait.
Notre logis était sans aucune isolation thermique. Très froid l’hiver et très chaud l’été. La maison était bordée d’un grand espace vert donnant sur des champs à perte de vue. Nous étions à la campagne. Sur la gauche de notre terrain habitait les Heitz. Un couple sympathique qui nous offrait quelques friandises. Tout en nous surveillant du coin de l’œil. À la demande du père. Rapidement nous fîmes la connaissance de Jacques Dupont. Le vieil homme m’invita ainsi que mon frère cadet à cueillir fraises et framboises de son jardin. Nous lui confiâmes nos états d’âme, mais étions surtout intéressés pour son vécu 14-18. Il montra une grande réticence à en parler. Une seule fois, il fut plus disert.
Mon frère tenta, tout comme moi, de revenir sur le sujet en évoquant notre grand-père maternel qui fut lui aussi l’un de ces poilus. Pas de réponse. Il préférait nous emmener dans son carré de potager, et de nous faire partager sa passion du jardinage. Il nous montrait aussi ses livres et nous détaillait la vie des grands de la culture française. Il me prêta ses bouquins. Je découvris Hugo et ses Misérables, voire la Sologne de Genevoix.
Les Leduc – proches voisins de Dupont – nous invitaient une fois l’an pour un déjeuner. La femme Léonie était dans une trentaine ; et son mari, Marcel, dans une bonne cinquantaine. Leur mariage remontait en 1946. À cette époque, Léonie avait 18 ans et Marcel 36. Je restais béat devant la beauté de Mme Leduc. Mon père également. Le mari ne semblait pas y prêter d’attention. Il nous assommait avec la rentabilité de ses placements en bourse. Sages comme des images, nous attendions notre dessert : le direct à la télévision de la finale de coupe de France de football. Mais jamais nous n’avions eu une relation comme celle que nous entretenions avec le père Dupont. Et me direz-vous qu’étaient-ils devenus Dupont et les Leduc en 1969 ? Nous y venons.
Grâce au support financier de ma grand-mère maternelle, je fus en mesure de me payer une voiture d’occasion. Cela me permit de rayonner dans la région. M’enfoncer dans la forêt de Compiègne, et revisiter le château de Pierrefonds. Plus quelques virées en bord de Manche. Par politesse, je vins saluer les proches de ma belle-mère installés à Moyenneville. Puis je renouais avec le père Dupont et les Leduc.
Jacques Dupont portait allègrement ses septante. Une touffe de cheveux blancs, et un front bombé tombant sur un nez en promontoire. Il avait les yeux bleus et des lèvres fines surmontées d’une moustache à la Clemenceau. Un corps ramassé sans un pouce de graisse. Des poignes à faire craquer les jointures de vos doigts. Toujours vêtu d’une veste de velours recouvrant une chemise blanche à col fermé. Et un pantalon de même nature que la veste. Dupont vivait seul et n’avait aucune aide-ménagère. Il passait une grande partie de sa journée dans un potager qui faisait bien des envieux. Il en était ainsi du facteur du village qui était tout retourné quand Jacques lui donnait une salade voire quelques poireaux. Il avait aussi de grands talents de cuisinier, et les passants humaient voluptueusement les effluves sortant d’une potée alsacienne. Il n’était guère bavard et évitait le genre humain. Un ours qui avait en horreur l’ordre établi. Se sentant très proche de Brassens et Ferré. Chez lui, aucune photo ou souvenir mais des rayons de livres. Ses auteurs : Genevois, Flaubert, Maupassant, Hugo, Zola, Dumas voire Camus. De la poésie et de la grande musique avec une préférence marquée pour Mozart et Beethoven. Le village acceptait cet ours mal léché mais que n’aurait-elle pas donné, la commère, pour ouvrir son album de famille ? On ne savait rien de lui. Avait-il été marié ? A-t-il des enfants ? Ses parents ? Des femmes ? Tout au plus savait-on qu’il était né en Alsace en 1896 et qu’il s’était engagé en 1914. Il avait alors 18 ans. Ses relations dans le village se limitaient au facteur et au maire du village qui fut lui aussi engagé sur le front en 1914. Dupont restait une énigme.
Et les Leduc, ses voisins ? Le couple avait éclaté. Sans passer par la case divorce. Ils étaient séparés. Par politesse, je rendis visite à Marcel, le mari laissé sur le bord de la route. Cadre de 59 ans proche de la retraite. Lors de mes retrouvailles, j’ai constaté une entame du physique. Marcel s’était rapetissé. Il ne tenait pas en place et son corps était parcouru de tics nerveux. Des yeux globuleux qui se cachaient derrière de lourds verres fumés ; et des lèvres lippues s’ouvrant sur une denture brûlée par la nicotine. Et pour finir, une perte de cheveux. Il prenait toutefois grand soin de son apparence. Habillé avec des costumes de marque et portant des chaussures haut de gamme. Et des bagues de valeur à la plupart de ses doigts. À le voir, on le prenait pour un maquereau. On se posait même la question sur l’origine de ses revenus.
Marcel se leva, ouvrit son armoire à alcool ; et se versa une rasade de Cognac. Il m’en proposa, mais je refusais. Puis il s’assit. Huma son poison, le but d’un trait ; et d’une voix calme et posée, il fit une curieuse analyse des raisons du départ de son épouse.
Rien d’autre à ajouter. Et pourtant Léonie restait très présente dans la vie de Marcel. Sur l’un des murs, un poster représentant l’ex de Marcel. Assise. L’une de ses mains reposant sur un guéridon. La chevelure d’un noir agressif remontée en chignon. Des yeux vert profond et une bouche avide de croquer dans la vie. Sous le corsage de toile fine, une poitrine qui attirait l’œil des coquins. Presque une gravure de mode. Les commères l’accusaient d’être une aguicheuse voire une fille de mauvaise vie. Néanmoins, il est indéniable que la beauté est fréquemment altérée par des personnes aigries de ne pas avoir été dotées de la même façon par la nature.
Soudainement, j’eus des envies de partir. Je n’aime pas les ambiances d’un confessionnal.
Un soir de juin 1969, je reçus un appel de la gendarmerie de La Neuville. On me signala sans ambages le décès de Léonie Leduc, et on me demandait de passer au poste.
Et on raccrocha…
Le temps de ramasser mes papiers d’identité, et je prenais le volant de ma récente acquisition, une Aronde Montlhéry. Je passais par Moyenneville et longeais les maisons des Dupont et Leduc. Au domicile de ces derniers, une foule de curieux s’agglutinait devant la porte d’entrée. Avec le cortège habituel des photographes et journalistes. Le tout étant encadré par quelques gendarmes. Je fus sur le point de m’arrêter, mais tout au contraire, j’accélérais. Les 4 km séparant les deux communes furent rapidement avalés, et j’entrais dans la gendarmerie. Déclinant mon identité, et signalant que j’étais attendu par le commissaire Tartempois. On me fit patienter dans une salle mal éclairée.
La porte s’ouvrit, laissant entrer un pachyderme qui eut ces quelques mots :
Petit de taille et marchant en crabe. Une tête au carré surmontée d’une épaisse tignasse. Les yeux, de couleur noire, étaient petits et s’enfonçaient en partie dans les orbites. Des lunettes rondes en écailles, et un cou touchant presque le menton. On remarquait aussi des oreilles de grande taille dont l’une était décollée. Des lèvres fines mangées par une foisonnante moustache. Et une dentition qui ferait fuir le dentiste ! Le commissaire me tendit la main. Une paume humide. Tartempois dégoulinait. Sa chemise blanche présentait sous les aisselles des auréoles de sueur.
Je pris place autour de la table d’investigation. Il fit de même, et posa un dossier de quelques feuilles face à lui.
Autant l’être était repoussant, autant le ton de sa voix était doux et cajoleur.
Tartempois se leva et fit quelques pas. Il attendait une réponse.
Tartempois me tapait sur le système. Je n’ai pu me retenir de lui dire son fait.
Encore n’est-ce pas !
J’attendis quelques secondes avant de répondre. Je me méfiais de ce pachyderme aux yeux globuleux. Le mieux, me dis-je, serait de me dégager au plus vite de l’emprise qu’il avait sur moi. Aussi suis-je resté très vague dans ma réponse. Sachant aussi qu’il en connaissaitplus que moi sur les relations entre les Leduc et Dupont.
Un calme de quelques secondes puis la pendule se mit à sonner l’heure. Le commissaire se leva avec difficulté.
Je lui serrai la main et je sortis de la gendarmerie. En me retournant, je vis Tartempois, une cigarette aux lèvres, et me faisant un signe de la main en guise d’au revoir. Une certitude s’ancra en moi. Celle que je reverrai rapidement le commissaire Jules Tartempois.
Je rejoignis Gournay/Aronde. Nous étions en fin d’après-midi et la chaleur était plus supportable. On respirait. Les Français se garderont alors d’accuser qui de je ne sais quoi. Pourquoi mes compatriotes ne voient-ils le monde que par le petit bout de la lorgnette ? Les fortes chaleurs sont le commun de l’Asie voire de pays européens tels que la Roumanie. De tout temps, nous avons aussi connu des périodes de fortes chaleurs, voire glaciaires. Ainsi en 1895 à Paris, de la mi-août à la mi-septembre, la moyenne des températures fut de 37 °C. Début 1709, sous Louis XIV, on connut les grands froids avec des températures de – 18C ; et cela pendant plusieurs mois. Évitons l’amalgame entre climat et météo.
D’un revers de main, je chassais ma poussée d’irritation et revins sur le meurtre de Léonie Leduc.
J’en étais là de mes réflexions lorsque mon portable grésilla. Tartempois.
Et de raccrocher sans me demander mon accord pour sa visite du lendemain. Je n’y prêtais guère d’attention particulière car j’étais toujours sous le coup de la mort de Dupont.
L’émotion était si forte que je ressentis le besoin de sortir et d’aller dîner chez Robert Le Goff. Un breton d’origine qui avait repris l’hôtel-restaurant de la place précédemment détenu par un franc-maçon.
Qui était ce commissaire proche de la retraite ? Une carrière qui aurait pu être une success story s’il avait accepté d’être plus politique dans certaines affaires. Mais Jules de son prénom était d’une nature franche, et détestait enfouir la réalité.
Dans une enquête concernant le meurtre d’un homme de pouvoir, il avait identifié l’assassin. Qui malheureusement appartenait au monde des puissants. Malgré les ordres de ses supérieurs pour faire de ce meurtre un cold case, il avait procédé à l’arrestation de cet éminent représentant de la République qui fut par la suite condamné à 10 ans de prison. Jules en paya le prix. Lui qui était une référence dans la police judiciaire fut muté à La Neuville-Roy. On l’envoyait au purgatoire. Mais cette sanction ne changera aucunement le professionnalisme du commissaire qui avait pour devise celle de l’Olympique de Marseille Droit au but.
Dans le meurtre de Léonie, Jules avait d’office écarté Dupont de sa liste de suspects. En revanche, un paquet de lettres retrouvé dans l’un des tiroirs du secrétaire de Léonie mit en évidence une passion passagère de Jacques Dupont pour Mme Leduc. Ces lettres remontaient aux années 60. Le vieux aurait donc succombé au charme de la soubrette. Mais cela n’avait pas duré, car la jeune femme passait aisément d’un coq à l’autre. Toutefois le commissaire avait la quasi-certitude que le mari avait eu vent de cette liaison. Marcel n’aurait-il pas alors pété les plombs et jeté sa femme dans un coin de cimetière ?
Pour le moment, il laissait Marcel Leduc dans sa peine ; mais sans le perdre de vue. Grâce à son important réseau d’indics.« Sans eux, la police aurait bien du mal à trouver les coupables », disait-il. Sa hiérarchie lui accorda sans rechigner un tel supplément de budget. On craignait Jules Tartempois.
Jules était intrigué par Léonie. De ce qu’il savait, son métier lui rapportait gros. Très rapidement, elle put subvenir à ses besoins. On la disait aussi très portée sur le sexe. Tartempois avait donc demandé à son adjoint Caramel de procéder à l’identification du harem de Léonie. Pour Carnot, et au vu de ses relations avec le vieux Dupont, le commissaire voulait en savoir davantage.
Et le portable qui se mettait à jouer la Madelon. Robert Pignouf.
Une belle et grande gueule. Dans sa trentaine – soit en 1960 –, il avait rejoint les troupes de l’OAS après avoir servi dans les commandos lors de la guerre d’Algérie. Il n’avait pas accepté que le grand Charles donne l’indépendance aux Arabes. Et il avait suivi le fameux quarteron de généraux en retraite dénoncé par de Gaulle ; et qui luttait pour une Algérie française. Les services secrets mirent fin aux agissements de Pignouf, et il se retrouva en prison pour atteintes à la sûreté de l’État. Une fois son temps d’emprisonnement effectué, il revint dans la vie civile. Les anciens de l’OAS, connaissant les qualitésculinaires de Bébert, lui assurèrent sa reconversion dans la restauration. Il devint le gérant du Carrefour de Gournay/Aronde.
Robert pesait plus du quintal. Un visage de bœuf surmonté d’une tignasse fournie et d’un blanc laiteux. Le nez aplati suite à une fracture récoltée dans une bagarre de rue ; et de grosses lèvres très sanguines. De petits yeux noirs surmontés de sourcils broussailleux. Le regard parfois vous paralysait. Son torse était revêtu d’un éternel t-shirt noir et à manches courtes. Cela faisait ressortir des bras musclés et très velus. Bien souvent, il portait un bermuda qui laissait apparaître des mollets d’athlète. Tout en Bébert, vous incitez à jouer l’agneau. Cette brute était dans la force de l’âge. Il venait de fêter ses 39 ans. À ses côtés, une petite rousse aux yeux pers. Elle portait le prénom d’Éliane.
Cette gamine de 31 ans – 8 de moins que Bébert – attirait les regards. Petite et toute en finesse, Éliane avait toujours le mot qu’il fallait avec la clientèle. Et surtout le sourire qui désarmait le grincheux. Alors que Bébert trônait derrière son comptoir, la petite courait d’une table à l’autre pour prendre les commandes, et encaisser les factures. Mais personne ne connaissait ses origines. Au vu de sa maîtrise de la langue de Shakespeare, on la disait née au Royaume-Uni ; et curieusement, les habitués n’osaient pas aborder directement ce sujet avec la compagne de Bébert. Seul Tartempois (et Bébert) connaissaient le passé d’Éliane, mais Jules se gardait de le révéler à qui que ce soit.
À peine installé, Bébert vint s’asseoir à ma table. J’en fus bien surpris.
Je sentais la gêne de mon interlocuteur. Suite aux probables injonctions de Tartempois, il venait aux nouvelles. Aussi, je devais lui donner quelques biscuits afin de l’éloigner ; et lui permettre ainsi de faire correctement son activité d’indic. Je lui révélai mon profond attachement à feu Dupont, et lui annonçai que je devenais son unique héritier. On pouvait lire une grande tristesse dans mon regard. Je faisais pitié. De fait, Bébert continua de me tarabuster.
Par cette question, il tentait d’en savoir plus sur les relations entre le couple Leduc et Jacques Dupont. Le pauvre ne savait pas que j’en étais incapable.
Puis après avoir déplié ma serviette et pris mes ustensiles de découpe, je passais commande :
Le patron se leva et se dirigea vers la cuisine. Je l’observais. Il semblait dépité. La récolte d’infos n’était pas fameuse.