Les Templiers - Jean-Michel Lalanne - E-Book

Les Templiers E-Book

Jean-Michel Lalanne

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Beschreibung

Sarah, chercheuse en histoire, s’intéresse à la 7e croisade. Son enquête, basée sur des faits historiques réels délaissés jusqu’à ce jour par les historiens, lui fait découvrir un trésor spirituel ramené d’Orient par le roi : « le Dogma ». Ce dernier témoigne de la présence des « visiteurs » de très longue date sur notre planète et révèle, grâce à une technologie avancée, de grands évènements de l’histoire ancienne ainsi que de la vie de Jésus. Très vite, Sarah reçoit des menaces de mort proférées par une société secrète qui veut en finir avec cette poudrière, mais est-ce suffisant pour détourner la jeune femme de sa quête ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Depuis son jeune âge, l’écriture a toujours eu une place importante dans la vie de Jean-Michel Lalanne. Ce passionné du mystère des Templiers s’est rapidement inscrit dans les situations mêlant intimement l’Histoire, la fiction et la réalité. Ainsi, Les Templiers – Le secret de la 7e Croisade ou le mystère du Dogma tient en haleine le lecteur qui doit régulièrement se situer entre l’imaginaire et le tangible.

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Seitenzahl: 403

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Jean-Michel Lalanne

Les Templiers

Le secret de la 7e Croisade

ou le mystère du Dogma

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jean-Michel Lalanne

ISBN : 979-10-377-6670-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À ma famille, à la Famille

Avertissement

Ce roman met en scène une enquête contemporaine portant exclusivement sur la 7e Croisade menée par Saint-Louis de 1249 à 1254. Il s’appuie sur des faits réels aux ressources inexploitées à ce jour : les deux templiers, espions du roi, rescapés du massacre de Mansourah. Il bouleverse les interrogations et légendes sur cette période aux nombreux secrets.

Le cœur de l’histoire remet en question les délires et les fantasmes concernant ce fameux trésor jamais trouvé par une étude historique réelle et négligée jusqu’à ce jour.

Et si le trésor était tout autre ? Qu’ont réellement découvert ces moines-soldats pendant cette 7e Croisade ? Qui nous a transmis cette trouvaille ?

Les personnages évoqués dans ce roman sont une pure fiction et toute ressemblance avec une personne connue ou ayant existé serait purement fortuite.

D’autre part, les situations mettant en scène des personnages existants ou ayant existé, des lieux et autres sites civils et militaires n’ont de finalité que de donner un caractère historique et crédible à ce roman.

Prologue

À une dizaine d’années, un enfant continue sa construction avec les éléments de vie qu’il connaît, qu’il vit, ou découvre. Ainsi, au travers de ses rêves et les années passant, il peut vouloir à tout moment devenir écrivain, infirmière, aventurière, instituteur, gardien de zoo, informaticienne, ou autres héros et héroïnes qu’il aura connus de près ou de loin.

Pour certains, la passion pour un métier vient très tôt, avant l’adolescence.

Pour d’autres, cela se déclare pendant ou en fin d’adolescence, et, pour d’autres encore, leur prospection continue de rêve en rêve sans trouver la voie menant à une vie d’adulte accomplie.

L’héroïne de cette aventure se situe dans le premier cas : à dix ans, elle a été illuminée par l’histoire médiévale lors d’une trouvaille extraordinaire un après-midi de l’été 2001 alors qu’elle fouillait la motte médiévale d’Urac à Tarbes avec son ami d’enfance. Depuis ce jour, elle n’a cessé de s’intéresser au Moyen-Âge et s’est définitivement passionnée pour les Templiers et précisément pour la 7e Croisade conduite par Louis IX. Cette passion pour Saint Louis est née à la suite de la caractérisation de faits historiques réels inexploités qui l’ont transportée pendant 23 années depuis cette trouvaille miraculeuse.

Chapitre I

Le secret de Sarah : vers un fantôme familial ?

Paris, jeudi 26 septembre 2013. Il fait chaud et humide. Sarah Ronseil – de son vrai nom « de Ronseil » dont elle a supprimé la particule en raison de problèmes relationnels à son adolescence – est hébergée pour ses études supérieures par son oncle et sa tante, Alexandre et Estelle.

Aujourd’hui, elle a décidé de ne pas sortir pour terminer une analyse de méthode de recherche qu’elle a utilisée pour bâtir sa thèse.

Estelle prépare sa rentrée et Alexandre a pris une semaine de congés. Ils sont tous deux hauts fonctionnaires respectivement dans l’enseignement et au ministère des Finances.

Bien qu’exerçant un métier purement intellectuel, son oncle trouve son équilibre dans les activités manuelles. Il y a deux ans, il a entrepris de construire la maquette de la caravelle Santa Maria. Cette dernière, bien avancée, est stockée à l’étage dans la grande chambre qu’occupe Sarah qui lui sert également de bureau.

Elle est plongée dans sa 6e année de doctorat. Il lui reste 6 trimestres avant de soutenir sa thèse. Tout comme la Nature, elle a horreur du vide. Elle veut que son travail soit sans faille. Pour cela, elle porte une attention particulière pour trier sa volumineuse documentation et ne pas en mélanger les éléments.

À la pause déjeuner, Sarah a été frappée par le comportement nébuleux de son oncle qui semblait alcoolisé alors qu’il n’en consomme habituellement pas. Par nature réservé, il lui a même fait un compliment sur son décolleté qu’il n’a pas quitté des yeux pendant une bonne partie du repas. Elle a alors pris conscience que l’ambiance était lourde et malsaine au point qu’elle a prétexté de manger comme « une cochonne » pour mettre sa serviette autour du cou.

— Oh, te voilà donc convertie en cochonne ? Tu aurais dû me le dire plus tôt !

Sarah ne relève pas, tellement le ton était encore plus équivoque et inhabituel chez cet homme cultivé et distingué. Le déjeuner s’est terminé sur cette scène et ils se sont séparés après avoir nettoyé la cuisine.

Il est environ 15 h et quelqu’un frappe à sa porte.

— Entrez, mon oncle !

— Je viens chercher la maquette du bateau sur lequel je travaille déjà depuis un moment.

Sarah ouvre la porte à son oncle qui se dirige vers le placard mural où se trouve effectivement la caravelle.

— Je ne pensais pas que vous étiez aussi avancé dans sa construction ! Dites donc, il prend forme : on voit bien que c’est un bateau !

— C’est ça, moque-toi de moi. En d’autres circonstances, ça m’aurait fait rire, mais là, le moment est mal choisi.

Effectivement, Sarah le trouve déstabilisé : depuis quelques jours, il semble absent, sur son nuage comme quelqu’un qui est dans son film qui tourne en boucle. Depuis le début de ses congés, il ne la lâche plus : pourtant très respectueux de sa nièce, il n’hésite pas à lui lancer des « ma chérie » ou « mon amour » toujours suivis d’une caresse plus ou moins équivoque. Quand il lui montre une info sur son ordinateur, il se met toujours derrière elle avec une main sur l’épaule ou autour de sa taille. Sarah a bien remarqué ce rapprochement physique, mais, dans sa naïveté, n’a vu là que des marques d’affection.

Il pose le bateau sur une commode et referme le placard. Là, sans se retourner ; il reste immobile, la tête appuyée sur la porte.

— Je vois bien que vous avez un souci. Que vous arrive-t-il ? Voulez-vous que j’appelle votre médecin ou les secours ?

— Ça ne servirait à rien. Ce n’est pas ce type de soin dont j’ai besoin, mais plutôt de réconfort suite à ce que je vis depuis que je suis en congé.

— Mais enfin que se passe-t-il ? Je ne comprends rien, expliquez-moi !

— Je suis épris de toi. Tu es si belle et si douce que je ne peux m’empêcher de penser à toi jour et nuit. Vivre à tes côtés devient une véritable torture.

Sarah, cette jeune femme de 23 ans aux yeux verts, à la silhouette mince, au visage féérique et une chevelure blonde toute en boucles qui possède tous les atouts pour une existence passionnante et rayonnante est soudainement envahie par la terreur : « Non, pas moi, pas moi ! ».

Il s’approche d’elle, les yeux exorbités. Il la prend dans ses bras et serre sa poitrine contre son torse. Il tente de l’embrasser.

Sarah se dégage brutalement et parvient à mettre de la distance en se réfugiant derrière le bureau. Alexandre est incontrôlable : il semble atteint d’une pulsion sexuelle exacerbée, une vraie crise de démence.

Alors qu’elle essaie d’ouvrir la fenêtre pour trouver de l’aide, il saute par-dessus le bureau et la tire violemment vers lui, lui arrachant ainsi son chemisier. Il la traîne vers le lit et l’y jette violemment. Là, il continue à lui arracher le reste de ses vêtements. À son tour, il ôte son pantalon…

La douce vie sans nuages qu’a vécue Sarah jusqu’à ce jour s’effondre brutalement. Le poids de ce corps encore à moitié habillé pèse sur le sien. Fermement maintenue, elle résiste de toutes ses forces, mais ne peut lutter devant ce déferlement de violence. N’ayant aucun doute sur l’acte de son oncle, elle se laisse sombrer petit à petit. Son corps lui fait mal, elle ne voit plus rien, elle perd conscience.

Il est 17 h 30. La maison est calme, il n’y a aucun bruit. Sarah reprend petit à petit ses esprits, regarde l’heure, puis, d’un coup, le cauchemar revient, elle est nue sur le lit, sa tête est en ébullition.

Son corps meurtri et sali ne lui laisse aucun doute : son oncle l’a violée. Tout lui revient dans le moindre détail jusqu’à son évanouissement. Elle ne sait pas combien de temps elle est restée inconsciente.

Totalement perturbée et incapable d’organiser ses idées, elle enfile un peignoir, sort de sa chambre pour chercher du secours.

Elle parcourt en courant le long couloir qui mène à l’escalier, et là, scène d’épouvante, c’est l’horreur : son oncle gît au bas de l’escalier et une large tache de sang s’étale sur le marbre du hall. La moquette est repliée et elle fait attention de ne pas s’y prendre les pieds. Arrivée près de son oncle, elle constate qu’il est mort en essayant de le secouer, mais ses yeux restent ouverts, sans aucune expression. La caravelle est totalement détruite et des morceaux jonchent la deuxième partie basse de l’escalier et une grande partie de la salle. L’émotion est si intense qu’elle se croit dans un mauvais rêve et qu’elle va se réveiller, mais il n’en est rien ; elle est bel et bien éveillée et ne sait plus quoi faire, elle ne sait pas ce qu’il s’est passé, elle est totalement désemparée.

Sarah, dans l’incapacité de raisonner, agit comme un automate : elle a fait avertir sa tante au lycée, a prévenu la police, les secours et ses parents qui ont pris le premier avion pour Paris. Sa tante a très mal réagi à la tragédie.

Le commissaire chargé de l’enquête prend en main la scène et autorise le médecin légiste à effectuer les premières constatations. Après un examen sommaire, le légiste conclut provisoirement à une chute dans l’escalier, éventualité confirmée par la police scientifique qui a remarqué que la moquette en haut de l’escalier était soulevée. Il demande tout de même une autopsie, compte tenu de l’absence de témoin et de la notoriété de la victime.

Sarah sera entendue le lendemain du drame par la police à 11 heures au commissariat, étant le seul témoin présent sur les lieux. Hantée par son lourd secret, elle a toute la nuit pour prendre sa décision sur la nature de la déposition qu’elle fera : doit-elle dire toute la vérité au risque d’être soupçonnée du meurtre de son oncle ou être prise pour une menteuse ? Doit-elle jeter le discrédit sur la famille entière, ou ne rien dire de tout cela et s’en tenir à la découverte du corps alors qu’elle allait se rafraîchir à la cuisine ?

Le lendemain, après une nuit sans sommeil, Sarah part pour le commissariat à 9 heures. Elle a enfin pris sa décision sur le contenu de sa déclaration.

Après une errance apathique sur le chemin du commissariat, l’heure de l’audition arrive enfin. Accueillie avec délicatesse par le commissaire lui-même, qui lui demande si elle veut se débarrasser de ses affaires et de son écharpe, elle refuse et s’assoit, prête à répondre aux questions. Essayant de dissimuler tant son état psychologique que physique derrière des pleurs, des soupirs, des faiblesses et son écharpe, elle commence sa narration sans être interrompue dans un premier temps. Le commissaire propose une pause devant une boisson qu’elle accepte avec plaisir. Bien que le récit se suffise en lui-même tant la sincérité est évidente, il insiste sur des détails à la recherche d’une faille du témoignage. Au bout d’une heure, il lâche prise, car tout est clair pour lui.

— Bien, Mademoiselle, je fais taper le rapport que je vous relierai pour signature.

— Et ce sera long ? Je suis fatiguée et j’aimerais rejoindre ma tante.

— Non, une demi-heure et tout sera terminé pour l’instant. Le rapport du légiste devrait nous parvenir d’ici 48 heures.

Le délai passé, le commissaire vient chercher Sarah pour terminer sa déposition.

— Vous avez donc déclaré que vous étiez seule avec votre oncle Alexandre de Ronseil en cette journée du 26 septembre 2013 à son domicile où vous avez une chambre. Est-ce exact ?

— Oui, Monsieur.

— Vous avez déjeuné seule avec votre oncle et ensuite vous êtes montée dans votre chambre pour continuer vos révisions.

— Oui, enfin, pour terminer une analyse de méthode de recherche que j’ai utilisée pour bâtir ma thèse.

— Passons, aucune importance. Ensuite, votre oncle est venu frapper à votre chambre vers les 15 heures pour récupérer son bateau. Il a prévu d’en avancer sa construction.

— Oui, c’est bien cela.

— Ensuite…

La porte du bureau s’ouvre subitement et un lieutenant prévient le commissaire qu’un homicide a été commis dans un supermarché suite à une altercation.

— Le coupable a pu s’échapper et il est urgent de cerner le quartier. Vous venez ?

— Non, partez sans moi, je vous rejoindrai.

— Bien Commissaire, à tout à l’heure.

— Nous en étions donc… Ah oui ! Donc votre oncle est dans votre chambre et récupère son bateau.

— Oui.

— Environ, 2 heures et demie plus tard, vous sortez de votre chambre pour aller vous désaltérer et découvrez votre oncle en bas de l’escalier gisant dans une flaque de sang. Vous n’avez rien entendu, car vous aviez mis vos écouteurs pour vous distraire.

— Oui.

— Vous constatez également que la moquette en haut de l’escalier est soulevée au point que vous êtes obligée de l’enjamber.

— Oui Monsieur.

— Après, vous appelez les secours et la suite, on la connaît. Pas d’erreur, c’est bien cela ?

— Oui.

— Alors, vous pouvez signer votre déclaration. Il est de mon devoir de vous informer qu’un faux témoignage concernant un homicide est puni d’une peine de prison de 5 à 10 ans et d’une amende de 50 000 à 2 millions €. Sachant cela, vous pouvez vous rétracter tant qu’il est encore temps, ou confirmer en signant le présent compte-rendu de votre témoignage.

— Écoutez Commissaire, il m’est déjà très dur d’avoir vécu une telle scène que je ne vois pas pourquoi je mentirais. Je confirme donc ma déclaration. Où je signe ?

— Sur chacune des pages des deux exemplaires. Bien, voilà qui est fait. Je vais vous parler en bon père de famille : je vous souhaite beaucoup de courage et essayez d’oublier tout cela en vous consacrant à votre métier qui s’annonce passionnant, si j’ai bien compris.

— Merci, Monsieur le Commissaire.

Sarah, avant de rentrer chez sa tante, décide de faire constater le viol par un médecin aux urgences à Lariboisière. Il est 16 h 30 quand elle rentre chez sa tante qui l’attend, totalement effondrée.

— Alors, comment cela s’est-il passé ?

— Le commissaire Duquène a été très avenant envers moi. L’audition a duré environ 2 heures au total.

— Et que pense-t-il de tout cela ?

— Il est peiné d’autant mieux qu’il vous connaît bien puisque c’est un ami de la famille depuis longue date m’a-t-il dit.

— Oui, enfin surtout de ton oncle. Ils se sont croisés pendant leurs études supérieures, mais je ne sais pas quand.

— Et l’enterrement ?

— On ne sait pas : tant que le corps sera chez le légiste, les pompes funèbres ne pourront pas intervenir.

La soirée s’annonce longue et Sarah décide de concocter un dîner léger pour détendre l’atmosphère si possible.

48 heures plus tard, le rapport du légiste arrive sur le bureau du commissaire que ce dernier s’empresse de lire. « La mort a été provoquée par un violent choc à l’arrière du crâne par un objet non contondant, ce qui confirme que, compte tenu de la position du corps au bas de l’escalier, la victime a violemment heurté le sol de marbre lors de sa chute. De plus, de nombreuses contusions sur le dos, les côtes et les bras prouvent que la victime est bien tombée du haut des escaliers.

Les analyses de sang font apparaître quelques traces d’alcool et aucune de produits de nature à provoquer des troubles d’équilibre.

Des fibres ont été trouvées sous les ongles de la victime.

Dans la case Remarques particulières, l’annotation suivante précise : « aucune autre expertise particulière n’a été effectuée (rapport sexuel, pathologie, examen du squelette et organes internes, analyses diverses) en l’absence de demande du Juge ».

Cela fait maintenant 4 jours que le drame a eu lieu et Sarah ne peut plus vivre dans cette atmosphère nocive où chaque regard de sa tante, chaque vision de cet escalier et de sa chambre lui rappellent son viol et le décès de son oncle. Elle décide de déménager au plus tôt. Elle en informe sa tante qui ne peut qu’adhérer à cette décision. Une semaine plus tard, elle a trouvé un appartement. Elle est sur le point de prendre son indépendance en accord avec ses parents qui vivent en Égypte et qui l’aident financièrement.

Le déménagement

Elle quitte donc le domicile de sa tante le 8 octobre 2013 pour s’installer dans un appartement 3 pièces-cuisine dans le 6e arrondissement. La semaine qui suit est vouée à son aménagement et surtout à la livraison des meubles. Cinq jours plus tard, la dernière livraison se fait et Sarah demande à ce que les chaises de la cuisine restent sur le palier, car elle veut faire un peu de place avant.

Il est 20 heures et un homme charmant, la trentaine, pénètre dans l’appartement situé en face du sien. Ils font connaissance, sympathisent et finalement Cédric, c’est son nom, l’aide à rentrer le reste des meubles. Il s’étonne de voir de nombreux bleus sur les bras de sa voisine et quelques traces sur son cou. Il ne relève pas.

Ça, y est, Sarah est autonome et se sent prête pour affronter la vie active.

L’agression du 26 février 2017

6e arrondissement, il est environ 4 heures du matin et un nuage de neige fondue s’abat sur Paris. Une jeune femme s’arrête devant la porte d’entrée d’un immeuble. Elle fouille dans son sac. Elle cherche sa petite lampe de poche : le clavier du digicode est toujours mal éclairé. Tout près d’elle, dans l’ombre du porche, un « Hé, toi ! » la fait sursauter et se retourner. Avant qu’elle ne comprenne, deux coups de feu éclatent, elle s’effondre et heurte lourdement le sol avec la tête.

À la même heure, mais dans le 10e, il fait froid et la neige fondue recouvre régulièrement le pare-brise d’une auto. Elle est garée dans un endroit sombre face à un ancien garage apparemment abandonné. Deux policiers, Cédric Grandas et Nadine Lusset, sont en planque dans le cadre d’une enquête portant sur un pourvoyeur d’objets d’art. Il est 4 h 50 et le vibreur de Cédric s’active. Avant de prendre la communication, il masque avec une carte de tarot l’éclairage de l’écran particulièrement puissant dans l’obscurité.

— Grandas ? C’est Mézard.

— Que se passe-t-il ?

— Tu connais une certaine… Sarah Ronseil ?

— Oui, bien sûr, je suis un ami. Pourquoi ?

Il fait très froid dans la voiture et les deux policiers sont affaiblis et fatigués. À l’annonce de cette question qui ne présage pas une bonne nouvelle, Cédric subit une montée d’adrénaline provoquant un tremblement incontrôlable de ses mains.

— Elle a été agressée devant chez elle.

— Agressée ? mais comment ?

— C’est très sérieux, elle vient de faire l’objet d’une tentative d’homicide.

— Comment ça, homicide ? Allez, accouche s’il te plaît !

Cédric est de plus en plus excédé par le manque de discernement de son collègue qu’il connaît trop bien.

— Elle a été transportée aux urgences de l’hôpital Cochin dans un état grave : elle a reçu deux balles dans la poitrine.

Totalement désorienté, Cédric pose bien évidemment la question probablement sans réponse :

— Et on en connaît l’auteur ?

— Pas encore, Grandas. Le commissaire Dubourdieu n’est pas au courant et l’agression a eu lieu il y a cinquante minutes à peine. La police ne sait pas faire plus vite.

Au ton employé par Mézard, Cédric mesure son agressivité.

— Désolé, Mézard, mais je suis personnellement touché par ce drame.

Le voyant atteint au plus profond de lui-même et ayant compris la situation, Nadine, 25 ans, policière depuis peu est célibataire et fait équipe avec Cédric, ce beau garçon de 35 ans en instance de divorce avec Chloé qui l’a quitté en raison de ses absences trop fréquentes liées à son métier. Leur fils, Ludovic, est âgé de sept ans. Le couple a gardé malgré tout de très bonnes relations, se souciant de l’équilibre de leur enfant et de sa construction pour l’avenir.

Nadine, cette belle brune est la coqueluche du commissariat qui la gâte et la protège.

Elle propose à Cédric d’abandonner la planque. Tous feux et sirènes allumés, Nadine conduit son collègue aux urgences Cochin. La route glissante ralentit ses ardeurs et ce n’est qu’au bout de 50 minutes que Cédric peut enfin prendre des nouvelles.

Sarah est en salle d’opération depuis 30 minutes. La nervosité de Cédric lui vaut un sévère rappel de l’infirmière de service qui lui ordonne d’attendre en salle d’attente, flic ou pas flic. Il repère rapidement la machine à café et ne s’en éloignera pas pendant 3 heures. Au bout de son énième gobelet, il aperçoit un chirurgien qui se dirige vers lui.

Il est 9 h 15, les deux hommes s’isolent. Fatigué, le médecin s’assoit et se montre très direct :

— Vous êtes de la famille ?

— Non, je suis un ami très proche de Sarah Ronseil.

— Je vais être direct : le pronostic vital est engagé. Sarah a donc reçu deux balles dans la poitrine et, à un degré de gravité moindre, un traumatisme crânien n’arrange pas les choses. Les 24 prochaines heures seront vitales.

Cédric, complètement effondré, s’assoit à son tour. Il arrive à remercier le chirurgien pour ses explications. Alors qu’il erre d’une démarche léthargique dans les couloirs de l’hôpital, son portable le ramène à la réalité : c’est son patron, le commissaire Dubourdieu qui lui demande de le rejoindre au commissariat. Cela fait maintenant 30 heures que Cédric est en service, et, éreinté, se présente chez son patron. Cet homme de 1 mètre 85, au comportement bourru, cachant en réalité une personne altruiste, ne voit pas cette fatigue et le sollicite dès son arrivée :

— Alors Grandas, comment vas-tu ou plus exactement, comment va-t-elle ?

Cédric brosse un tableau alarmant sur l’état de santé de la victime.

— On ne peut qu’attendre, le temps travaille pour elle. J’ai donc appris que tu apparaissais en tête de liste des contacts de la victime et que c’est toi qui as été bien évidemment appelé par Mézard en premier lieu ?

— Oui, je lui ai expliqué qui était Sarah et lui ai donné un contact familial sur Paris.

— Mais quelle est la nature de tes relations avec elle ?

— C’est une amie, nous sommes très proches, mais nos relations s’arrêtent là. Nous sommes voisins de palier depuis quatre ans.

— Ah bon ? Elle vit seule ?

— Oui et elle n’a pas d’enfant. Bon, si tu permets, je t’en dirai un peu plus demain, mais là, j’attaque ma 31e heure de service et, là, je vais me coucher.

— Ah oui, quand même ! Bon, on se voit demain à 9 h et nous ferons le point sur tout cela.

Enfin rentré chez lui, Cédric s’écrase sur son lit à peine sorti de la douche. Il est 6 h du matin quand il se réveille après 16 heures d’un profond sommeil. Un copieux petit déjeuner le remet en forme et il est enfin prêt pour rejoindre Dubourdieu à son bureau.

Il appelle l’hôpital et apprend que le pronostic vital est toujours engagé. Plutôt dans le relationnel au quotidien, Cédric ne peut se sortir de l’affectif dans lequel il a sombré depuis le drame. Il refuse d’imaginer que cette magnifique jeune femme de 27 ans disparaisse de sa vie, car elle est un soleil pour lui.

Le cambriolage

Il sort et ne peut s’empêcher de jeter un regard mélancolique en passant devant la porte de l’appartement de Sarah.

Là, stupeur, elle n’est pas fermée et laisse entrevoir un filet de lumière. Il s’approche et constate qu’elle a été fracturée sans ménagement probablement au pied de biche. Il appelle immédiatement Dubourdieu pour envoyer une équipe scientifique sur les lieux pendant qu’il surveillera l’appartement sans y rentrer.

Une heure plus tard, Dubourdieu et les experts arrivent sur les lieux sous les regards des badauds du rez-de-chaussée et de l’étage. Cédric explique brièvement la découverte de la scène à Dubourdieu. Restant à l’extérieur avec Cédric, il fait rentrer les experts pour commencer l’investigation.

La porte est grande ouverte et les deux flics inspectent à distance l’étendue des dégâts.

— Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, Grandas, mais d’ici, on dirait qu’ils n’ont pas touché à grand-chose.

Au bout d’un quart d’heure, les deux flics sont invités à enfiler les couvre-chaussures, gants et bonnet pour rentrer à leur tour. Dubourdieu découvre l’univers de cette jeune femme qu’il ne connaît pas.

L’appartement 3 pièces-cuisine est spacieux et très lumineux. La déco porte une touche franchement féminine, mais quelque chose le choque : l’essentiel de la déco tourne autour de statuettes et d’objets historiques apparemment d’époque médiévale. De nombreuses photos de chantiers de fouilles archéologiques, et, au chœur de tout cela, une photo d’une jeune fille et d’un jeune garçon arborant fièrement en gros plan un cadre dans lequel trône une pièce de monnaie ou une médaille. Il peut lire la minuscule légende « Sarah et Michou – pièce mérovingienne découverte en l’été 2001 à Tarbes / Urac, trouvaille miraculeuse qui m’a transportée pendant toutes ces années dans cette aventure ».

Le bureau aménagé dans la première chambre, lui, ne parlera plus, car il a été entièrement fouillé et saccagé. Cédric constate que son PC portable a disparu ainsi que le disque dur de sauvegarde. La vingtaine de livres qu’elle possède a également fait l’objet d’une fouille approfondie. Dubourdieu continue à visiter les lieux : le matelas, ainsi que trois vases datant du Moyen-Âge ont été retournés.

Enfin, dans les toilettes, aucune trace de passage des cambrioleurs. Les autres décos, portraits et photos de châteaux remarquables du Moyen-Âge, ont été détachés et examinés.

— C’est bien la première fois que je vois un vol par effraction aussi « propre », conclut Dubourdieu. Mais que cherchaient-ils donc ?

— Je n’en ai pas la moindre idée, comme ça à froid.

— De toute évidence, il ne s’agit pas d’un cambriolage classique, mais plutôt d’une visite pour trouver quelque chose de précis.

Cédric, très concentré, est assis sur le bord d’une table. En voyant une enceinte Wi-Fi, un déclic se produit :

— Ou d’une mise en scène ?

— Tu as peut-être raison. Dans ce cas, je vais demander une recherche de micro, on ne sait jamais.

— Je penche quand même vers quelque chose de plus classique : peut-être de la drogue ? Ou alors un proxénète mécontent ? Ou encore un trafic d’œuvres d’art ? Mais, dis-moi, Grandas, que fait cette fille, elle me paraît bien aisée pour occuper un si bel appartement. Elle est fichée chez nous ?

— Mais non, patron, tu n’y es pas du tout : Sarah est la fille de Philippe de Ronseil actuel ambassadeur de France en Égypte qui doit d’ailleurs terminer sa mission cet été, je crois.

— « de Ronseil » ? Mais je connais très bien son père, Philippe. Il est effectivement ambassadeur depuis des années au Proche-Orient. J’ai tenu Sarah sur mes genoux alors qu’elle n’avait que 2 ans. Eh ben, si je m’attendais à cela !

— Tu as été à la salle de bains et aux toilettes ?

— Oui, et je n’ai rien vu de particulier. On dirait qu’ils n’ont pas visité cet endroit.

— Et tu n’as rien vu d’autre ?

Bien que Cédric affecté par cet homicide, son caractère jovial prend le dessus : il affiche un large sourire à son patron. Ce dernier, touché dans son amour-propre se précipite vers les toilettes où Cédric le rejoint.

— Je ne vois rien d’autre !

— Allez, regarde bien !

Dubourdieu, excédé, finit par craquer.

— Bon, alors, y a quoi dans ces chiottes !

— Quand tu vas dans les toilettes chez quelqu’un, tu laisses la porte ouverte, toi ?

Bougonneux, le commissaire s’exécute et Cédric peut entendre : « Ah oui, quand même ! Et tu ne pouvais pas le dire plus tôt, non ? ».

— Si, j’aurais pu, mais tu étais tellement convaincu qu’elle était délinquante, que je n’ai pas voulu te contredire !

Sorti des toilettes légèrement furax, il se calme devant le soutire de Cédric, et finit par dire :

— Comme quoi, même le meilleur commissaire du monde ne peut pas tout voir tout seul !

— Mais pourquoi a-t-elle mis ce diplôme à cet endroit ?

— Je ne sais pas. Peut-être par humilité et en profiter quand-même de temps en temps.

— Donc Sarah est une thésarde ; elle est docteur en histoire et archéologie spécialité recherche. Eh ben !

Dubourdieu est un peu déstabilisé devant l’idée qu’il s’était faite de cette jeune femme en contradiction totale avec ce qu’elle est en réalité.

— Oui, elle est douée. À l’issue et dans la continuité de sa thèse en 2015 qui bouleverse les interrogations, légendes et croyances sur cette période aux nombreux secrets, elle a décidé de continuer ses investigations sur un créneau très particulier des Templiers avec l’aval de son directeur de recherche depuis maintenant 2 ans.

— En quelque sorte, elle est flic, comme nous !

— Oui, on peut le dire comme ça. J’ai fait sa connaissance quand elle a aménagé en face de mon appartement, il y a donc quatre ans. À l’époque, elle avait 23 ans. Nous nous sommes très vite appréciés. Nous nous sommes vus plusieurs fois et avons sympathisé pour devenir de bons amis, amis uniquement ! Je t’évite ainsi la question qui tue !

— Ce n’est tout de même pas pour ses beaux yeux qu’elle a été agressée, j’espère !

Cédric, qui connaît bien les lieux sent qu’il manque quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Il fait part de ses doutes à Dubourdieu qui l’encourage à faire des efforts.

— Des efforts, des efforts, tu en as de bonnes toi ! Quand on voit les choses très souvent, elles finissent par être transparentes.

Il réfléchit par élimination : il ne connaît pas le bureau pour l’avoir visité une seule fois et encore moins la chambre puisqu’il n’y est jamais allé. La réponse à ses soupçons est obligatoirement dans le grand salon qu’il fréquente de temps en temps depuis quatre ans. Il balaie les murs un à un et un déclic se produit quand il « scanne » celui qui fait face à la baie vitrée plein sud :

— Ça y est ! C’est cela !

Un minuscule clou planté dans le mur confirme qu’un cadre était bien suspendu à cet endroit il y a peu de temps.

— C’est son cadeau de Noël offert par ses parents dernièrement. Il s’agit d’un tableau représentant le personnage de Saint Louis en habits d’apparat. À part le cadre qui semblait avoir de la valeur, l’image en avait peu.

Nous ne nous sommes vus que deux ou trois fois depuis son retour d’Égypte le 7 février dernier. Il y a un détail qui me revient : lors d’une brève conversation sur le palier, il y a 4 jours, elle m’avait dit d’une manière très détachée qu’elle venait de recevoir des menaces qui l’avaient bien faite rire. Elle n’a pas voulu m’en dire plus malgré ma demande. Je l’ai quand même sensibilisée en lui disant qu’une menace n’était jamais gratuite et qu’il serait préférable de la déclarer au commissariat.

Tout à coup, le téléphone de Cédric sonne. Il répond, son visage pâlit, il vacille et cherche une table pour se soutenir :

— C’est l’hôpital Cochin, je vous passe le chirurgien qui s’est occupé de mademoiselle Ronseil.

Voyant le choc reçu par son collègue, Dubourdieu demande à voix basse :

— C’est l’hôpital ?

— Oui et j’attends le chirurgien.

Ce dernier prend enfin la communication.

— Désolé d’avoir été un peu long. Mademoiselle Ronseil, gravement touchée comme je vous l’ai dit hier est sortie de son coma et le pronostic vital n’est plus engagé. Elle est sauvée.

Tremblant de tout son corps et très fébrile sur ses jambes, Cédric s’assoit, incapable de prononcer un mot. Dubourdieu prend le relais et remercie le chirurgien pour cette excellente nouvelle.

— Nous voilà soulagés. Je mets en place un agent au chevet de Sarah dans les prochaines heures. Toi, quand tu seras remis de tes émotions, tu iras à l’hôpital le plus vite possible faire la première permanence.

— Je te remercie Dubourdieu. J’y vais de ce pas, mais avant je vais chercher un professionnel pour réparer la porte ou la faire condamner dans un premier temps.

Arrivé sur les lieux, Cédric ne peut évidemment pas voir Sarah, trop faible pour cela. Il décide de rester en attendant que le policier chargé de sa sécurité arrive.

Il est 14 heures et Cédric peut enfin rejoindre son commissariat pour faire le point avec son patron.

— Alors ?

— Elle va du mieux que possible dans son état. J’ai pu voir le chirurgien : il est totalement confiant. Et toi, est-ce que la douille trouvée sur place a parlé ?

— Il est trop tôt pour les résultats, mais je suis peut-être rassuré, mais je dis bien peut-être, car il ne s’agit pas de munitions de gros calibre utilisées par les tueurs professionnels, mais de 22 Long Rifle très répandues. Ça peut-être un illuminé agissant sur un coup de folie ou autre.

— Ou alors, l’œuvre de professionnels qui veulent nous faire croire cela.

— Tout à fait. C’est la raison pour laquelle je fais garder sa chambre nuit et jour. D’ailleurs, j’ai fait un planning. Regarde-le et n’hésite pas à le modifier. Est-ce que tu te sens capable de mener l’enquête au regard de ta proximité sentimentale avec la victime ?

— Pas de souci Patron, je n’osais pas te le demander.

La famille de Ronseil et ses casseroles

— Il y a quelque chose qui me trotte dans la tête : le nom de Ronseil a été évoqué il y a quelques années, mais je ne sais plus à quel sujet. Je te tiens au courant.

Cédric, excellent enquêteur notoirement reconnu est en pleine maturité tant physique que professionnelle. Cette affaire correspond tout à fait à ses compétences. Connaissant bien la victime, il a la conviction que cet homicide est en relation avec ses activités professionnelles. Pour démarrer, pas grand-chose : les menaces reçues et la nature de son sujet d’investigations, les Templiers. Bien que cela soit peu probable, il ne peut rejeter non plus les conséquences d’un épisode douloureux de son passé. Cédric est connu pour ses intuitions qui s’avèrent très souvent fructueuses.

Le lendemain, Dubourdieu appelle Cédric ; j’avais raison : la famille de Ronseil, mais du côté du frère Alexandre, haut fonctionnaire aux finances, a fait la une des journaux. Alexandre, donc l’oncle de Sarah, a fait une chute mortelle dans les escaliers à son domicile alors qu’il était seul avec Sarah. Elle logeait chez le couple pour ces études et suite à ce drame, elle a donc déménagé la semaine suivante. Je suppose que c’est son adresse actuelle que tu connais bien.

— Merci, je vais creuser de ce côté, on ne sait jamais. Il contacte le commissaire Julien Duquène chargé de l’enquête à l’époque.

Les deux hommes se rencontrent le lendemain

— Oui, je me souviens de cette affaire qui n’a pas soulevé de problème particulier, car elle a été classée sans suite. Par contre, je me souviens de la nièce, Sarah, qui a très mal vécu ce drame ; elle était seule avec lui quand l’accident s’est produit.

— Merci commandant.

Cédric rappelle Dubourdieu et lui expose sa rencontre avec son collègue :

— Tu m’as bien dit que Sarah a déménagé la semaine qui a suivi l’accident ?

— Oui, j’en suis certain. Pourquoi ? C’est pour son aménagement que je l’ai rencontrée. J’avais remarqué qu’elle avait des bleus sur les bras et des traces sur le cou. Je mets ces éléments de côté pour plus tard, car c’est le cambriolage qui me tracasse.

Les résultats de l’expertise du cambriolage n’ont rien donné de plus : pas d’empreintes, pas de cheveux, aucune trace. S’étant déroulé dans la nuit qui a suivi l’homicide, il ne peut s’agir que d’une visite liée à cette tentative d’assassinat. D’autre part, la nature des objets dérobés ne semble pas être un leurre, ce sont bien des renseignements que les auteurs cherchaient.

Ce point prioritaire sera abordé par Cédric dès que Sarah pourra s’exprimer.

De plus, et sous la pression de Cédric, l’immeuble a été entièrement sécurisé dès le lendemain, le dimanche. Comment le ou les cambrioleurs ont-ils pu pénétrer dans l’immeuble ? Cédric se trouve face à deux possibilités : ou les malfrats ont attendu qu’un résident rentre et en profitent pour s’infiltrer, ou ils sont résidents eux-mêmes.

Une semaine plus tard, Sarah a repris du poil de la bête et peut ainsi répondre aux questions urgentes.

Le réveil de Sarah

Nous sommes le 4 mars 2017 et le temps est maussade. Son pronostic vital levé 36 heures après l’opération, Sarah, hospitalisée maintenant depuis une semaine, sort peu à peu de sa léthargie et reprend petit à petit ses esprits.

Cela fait 24 heures que Sarah a retrouvé un peu de lucidité. Il est 16 heures et quelqu’un frappe à la porte de sa chambre. Derrière la vitre opaque, elle devine une silhouette masculine cachée en partie par ce qu’elle pense être un énorme bouquet de fleurs.

— Entrez !

La porte s’ouvre et effectivement il s’agit d’un homme caché derrière un énorme bouquet de fleurs. Elle reconnaît « son » Cédric.

— Alors, comment te sens-tu, ma Sarah ? Je suis très heureux de te revoir, mais tu sais que tu nous as fait peur !

— Moi aussi je suis heureuse de te voir. Je vais très bien d’après les médecins. Ils pensent que d’ici une dizaine de jours je pourrai sortir si les résultats sont bons. J’ai appris que j’avais reçu deux balles dans la poitrine, mais je ne me souviens de rien.

— Bien sûr. Une enquête est en cours et je suis chargé de la mener sous l’autorité du commissaire Dubourdieu, mon patron. Compte tenu de la nature de la tentative d’homicide, de tes investigations professionnelles et de la notoriété de ta famille, nous ne devons rien négliger. Aussi, et pour te rassurer également, je garde l’accès à ta chambre en alternance avec mes collègues 24 heures sur 24.

À cet instant, quelqu’un se manifeste à la porte. Il s’agit du copain d’université de Sarah, Sébastien.

— Bonjour, Sarah, Monsieur.

— Bonjour jeune homme. Je suis enquêteur et travaille sur l’agression de mademoiselle Ronseil.

Cédric n’ayant pas décliné son identité, Sébastien ignore qu’il est ami avec Sarah, qui comprend la situation.

— Bonjour, je suis Sébastien Cénac, ami depuis la faculté. Nous avons fait les mêmes études pendant 8 ans, à la différence que je n’ai pas encore fait ma thèse. Alors Sarah, comment vas-tu ? J’ai été très peiné, tu sais. J’ai cru que je t’avais perdue et je ne l’aurais pas supporté.

— Ah, je te reconnais bien là, Seb ! Toujours aussi accro à moi, hein ? Mais tu sais à quoi t’en tenir, n’est-ce pas ? Mais je te remercie profondément de ta sollicitude. Comme tu peux le voir, je vais bien, mais là, je fatigue. Vous avez fini vos questions, demande-t-elle à Cédric ?

— Non, pas tout à fait, j’ai besoin de 5 minutes encore.

Sébastien comprend et se retire en lançant à Sarah « À demain ».

— Je te remercie d’avoir joué le jeu, mais, dans ce type de contexte, les liens particuliers doivent être tus. Donc, si tu es d’accord, nous ne nous connaissons pas, pour l’instant.

— Pas de souci Cédric, mais ce sera difficile !

Bien, je te laisse. Cette nuit et toute la journée de demain, ce seront deux policiers qui se relaieront. Je prendrai ma permanence la nuit prochaine jusqu’au lendemain.

Cédric, sans nouvelles de son patron depuis 48 heures, le contacte.

— Bonjour, patron, c’est Cédric. Tu as eu les résultats d’expertise de la douille et des balles ?

— Oui et je ne t’ai pas appelé, car, comme je m’y attendais, les balles n’ont pas parlé. Par contre, la douille trouvée sur le lieu de l’agression, elle, a parlé : chaque arme à sa signature au niveau de la percussion et nous aurons ainsi une preuve flagrante au cas où nous trouverions l’arme. C’est inespéré. L’agresseur a ramassé une douille, mais n’a pas trouvé la deuxième. De plus, nous avons deux témoins qui n’ont pas vu la scène, mais qui ont entendu deux déflagrations rapprochées. Il ne s’agit donc pas d’un révolver qui, lui, garde les douilles dans le barillet, mais bien d’un pistolet ou d’une carabine automatique. Nous avons bien avancé. Et toi, de ton côté ?

— Je sors de la chambre de Sarah qui ne se souvient pas de l’agression. Demain, je monte la garde en fin d’après-midi, toute la nuit et une partie de matinée. J’espère pouvoir lui faire retracer cette fameuse journée, car il faut aller vite.

— OK, tiens-moi au courant.

Le lendemain, Cédric prend son tour de garde à 18 heures et demande au planton qu’il va remplacer si quelque chose de spécial a eu lieu.

— Non, rien de spécial, si ce n’est son ami de faculté, Sébastien Cénac, qui figure sur la liste des personnes autorisées. Il y est resté d’ailleurs plus de deux heures. Il est reparti il y a environ demi-heure. En outre, les parents de la victime sont également passés, comme tous les jours.

— Merci, Bernard, repose-toi bien.

Cédric entre dans la chambre. Sarah est profondément endormie au point qu’il fait vérifier par l’infirmière que tout va bien et c’est le cas. Elle n’a pas pris son repas. Il ressort et prend son tour de garde. Vers 19 heures, Sarah appelle l’infirmière qui vient de suite. En fait, elle veut de l’eau fraîche et s’inquiète de savoir si la porte est gardée. Cédric s’annonce et rentre dans la chambre. Tout va bien et Sarah est désormais bien réveillée et demande son plateau. Même froid, elle apprécie ce petit repas sans oublier le yaourt à la fraise qu’elle affectionne particulièrement.

— Ah, c’est bien toi, ça ! Toujours un faible pour le yaourt aux fraises ! C’est que tout va bien, alors.

— Oui. Je me sens nettement bien et il me tarde de sortir. Sébastien est venu et il est resté 2 heures. J’ai eu beau lui dire que j’étais fatiguée, mais il n’entendait rien. Je me suis fâchée pour qu’il me laisse et il l’a mal pris en me disant qu’il n’appréciait pas d’avoir été éconduit comme ça.

— Bon, je vais lui en toucher deux mots et lui demander de se raisonner, il a l’âge.

— Merci, c’est gentil.

Chapitre II

L’enquête sur l’agression reprend

— Nous devons avancer dans notre enquête et, si tu en es capable, il faudrait que tu me retraces ta journée de samedi dernier.

— Oui, ça va, j’ai pris de l’avance sur le sommeil lui lance-t-elle en éclatant de rire tout en se retenant, car une côte lui fait mal quand elle rit.

— Je vais donc te guider pour cela, ce sera plus facile. Comment ta journée a-t-elle commencé ?

— Je me suis levée très tard vers les 11 heures, car je me suis couchée la veille vers les 2 h. Je travaille sur les templiers comme tu le sais et je dépouille tout ce que j’ai pu ramener d’Égypte la semaine dernière, enfin, il y a 15 jours maintenant.

— Non, ça fait 3 semaines. Tu oublies la semaine qui vient de s’écouler pendant laquelle tu n’as pas vu grand-chose !

— Oui, si tu veux ! Ensuite, je me suis habillée, j’ai grignoté et passé un coup de fil à ma tante.

Elle est très distante avec moi et je ne sais pas pourquoi. Elle me fait même des reproches sur ma vie privée sur un ton très surprenant. Cette conversation a été très difficile au point que je me suis vexée et j’ai raccroché. J’ai finalisé la planification des deux prochaines semaines et me suis occupée de moi-même.

Étant de soirée avec un groupe d’amis, je me suis pomponnée, car le programme était chargé. C’est en partant que je t’ai croisé sur le palier. En fin de soirée, vers 3 h 30, j’ai pris un taxi qui m’a déposée vers les quatre heures du matin au bout de la rue, à 50 m de chez moi, car ça arrangeait le chauffeur qui déposait un couple d’amis un peu plus loin. Il n’y avait personne, du moins je n’ai vu personne. Je suis arrivée devant la porte de l’immeuble. Alors que je fouillais mon sac pour en sortir une lampe de poche pour éclairer le digicode, là, sorti de je ne sais où, un homme à la voix forte m’interpelle et me dit « Hé, toi ! » et puis plus rien. Le reste, c’est toi qui peux me raconter.

Il était temps que le récit se termine, car Sarah stressait de plus en plus, bien qu’elle ne voulût pas que je m’en aperçoive.

— Tu as composé le code ou pas ?

— Non, j’en suis sûre. Pourquoi cette question ?

— Parce que lorsque les secours sont arrivés 20 minutes après les coups de feu, la porte d’entrée de l’immeuble était ouverte. Sachant que le groom devant la refermer était défaillant depuis déjà plusieurs jours, elle était peut-être ouverte avant ton arrivée, mais ce n’est pas certain. Suite à ton agression, le syndic a fait réaliser les réparations nécessaires et tout est en ordre. Je vais noter cet incident dans mon rapport, on ne sait jamais.

— Pour ma part, je n’ai jamais fait attention qu’elle ne fermait plus. Mais si tu me dis que son fonctionnement était aléatoire…

Il est près de 20 heures, l’infirmière vient voir si tout va bien, en profite pour retirer le plateau et, avec beaucoup de délicatesse demande à Cédric de se retirer, ce qu’il fait immédiatement. Ils sortent tous les deux et Émilie, l’infirmière, prend en aparté le policier pour l’informer que, pendant le temps où il était dans la chambre, un homme s’est présenté vers 19 h 30, demandant à voir Sarah.

— Je lui ai dit que les visites étaient terminées et que de toute façon elle était actuellement entendue par la police. J’ai peut-être eu tort, car il est parti aussi vite qu’il était venu sans rien rajouter. Sa démarche particulière, en se balançant d’un côté à chaque pas, ne m’a pas échappé.

— Merde ! Euh, pardonnez-moi. Non, vous avez bien fait. À quoi ressemblait-il ?

— De votre taille, à peu près, habillé normalement avec un joli manteau gris. Il avait une casquette vert foncé et s’exprimait avec un fort accent comme Yasser Arafat !

Équipe de son ordinateur, Cédric s’installe pour sa permanence sur une table installée à cet effet et commence à rédiger les déclarations de Sarah et Émilie.