Liberté était son nom - Claude Buisson - E-Book

Liberté était son nom E-Book

Claude Buisson

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Beschreibung

Liberté est une jeune infirmière à la sexualité à fleur de peau. Pendant plusieurs années, elle vit à cent à l’heure, profitant avec insouciance de tous les plaisirs de la vie. Sa rencontre avec Alain lui permet de trouver un soupçon de stabilité amoureuse, de vivre avec attachement, et le couple ne va pas manquer de se livrer à des scènes d’érotisme endiablées. Cependant, leur amour survivra-t-il à la frénésie sexuelle dont ne peut se défaire Liberté ?

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Claude Buisson fait usage de sa plume pour dévoiler des histoires romancées, mais inspirées de faits réels. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels "Mademoiselle de Maupassant je vous épouse !" paru aux éditions Du Panthéon en 2021 et "Vengeance Cavalière" édité par Publibook en 2022.

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Claude Buisson

Liberté était son nom

Roman

© Lys Bleu Éditions – Claude Buisson

ISBN : 979-10-422-2178-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon ami Yves Balmès que je remercie

pour la magnifique gouache en couverture de ce livre.

Un grand merci à Joséphine Dorian pour sa préface.

Préface

« Liberté était son nom »

Pourquoi malgré les invraisemblances, les excès de langage et quelques naïvetés, ce livre m’attire et m’interpelle autant ?

Un mystère plane sur ces personnages vrais et attachants qu’il semble connaître ! En fait, je me retrouve dans « Angélique » et dans « Liberté » aussi. Un peu de l’une, un peu de l’autre !

Chacun, je pense, peut se trouver des points communs avec chaque acteur de ce roman (pas comme les autres) !

À vous aussi, lectrices et lecteurs de vous poser des tas de questions, puissiez-vous y répondre ? Dans chaque mot, à chaque page, vous trouverez ce petit grain de sable qui vous ressemble.

La vie quoi !

Jocelyne Dorian

Chapitre 1

La Casa

L’histoire commence au 4 avenue Trudaine à Paris dans le neuvième arrondissement… Nous sommes en 1974. Alain vend son affaire « La Casa Paraguay » où deux meurtres ont été commis au sous-sol, une mélodie macabre flotte encore dans cette taverne, du style d’autrefois, où régnait alors une ambiance chaude et feutrée. L’acquéreur, un certain Léon, un personnage haut en couleur, dit Lucienne pour les intimes, dans le monde de la nuit, un « Homo » comme ils disent… La transaction faite, Alain et Léon sont devenus amis.

Alain avait alors 24 ans et Léon 49. Le jeune Alain buvait déjà beaucoup : 25 pastis par jour, le Rosé, sans oublier les bulles, le champagne pour faire chanter les verres et titiller les sens. Une ripaille de liquides enchanteurs et ce jusqu’au bout de la nuit dans un quartier pittoresque de Pigalle, entre les bars à putes, les bistrots et les diverses et célèbres boîtes de nuit et surtout, chez le non moins célèbre, le prince des nuits montmartroises Michou. Alain, un pur et dur hétérosexuel, mais très large d’esprit, appréciait cette communauté de bons vivants, fêtards, jouisseurs et épicuriens en tout genre sans discrimination. À cette époque, ce mélange et cette promiscuité étaient adaptés aux activités diverses, en ces lieux, toutes tournées vers le plaisir de la chair, mais pas que, pour également échapper au tumulte lugubre des gens comme il faut, s’évader jusqu’à libérer les démons, les fantasmes et donner à l’âme un nirvana de bonheur et de plaisirs sublimés.

Après des travaux de rénovation, la « Casa Paraguay » venait d’ouvrir ses portes tout en gardant son cachet d’une époque afin que son charme désuet s’ajoute aux charmes des belles de nuit, mettant en lumière, même factice, cet antre des folies loin d’être bergères, mais reflétant la nature humaine, en contrastes et en exubérance.

Pour donner du plaire aux habitués avides de goûter aux fruits défendus offerts par ces femmes savantes au corps de rêve, elles surfent avec expérience, en liberté d’expression sensorielle, spirituelle parfois, sexuelle par excellence, en expertes avisées. Elles savent trouver tous les points (G) même les plus étonnants, de la pointe des cheveux (sauf pour les chauves dont elles caressent le crâne avec délectation) jusqu’à l’ongle du plus petit orteil.

Le restaurant ouvrit donc ses portes sur un monde nouveau, aux coutumes vieilles comme le monde et remontant sans doute jusqu’à Lucy, juste avant qu’Ève ne séduise le bel Adam à lui en faire tomber sa feuille de vigne vierge…

Léon avait demandé de l’aide à son neveu Georges, qui habitait Metz, pour l’assister dans la gestion du restaurant. Il n’avait alors que 21 ans, une jeunesse tout en muscle, en énergie et en espoir de réussite, le cœur ardent et l’ambition à fleur de tête, une tête bien faite et à l’esprit de famille.

Alain avait dû vendre son restaurant, car dans le fameux sous-sol, il y avait un bar frivole, tenu par « Ginou » pourtant prudente et toujours sur ses gardes dans ce quartier réputé malfamé et dangereux où deux truands s’étaient entretués à coups de 11/43 pour une des filles convoitées qui s’était sans doute émancipée, échappée du cheptel et soumise à un mac irréductiblement attaché à son bétail humain.

Ginou, la tenancière n’avait pas réussi à les calmer et cela s’était terminé en pugilat. Le restaurant et le bar furent fermés par arrêté préfectoral. Ginou reprit ses cliques et ses claques avec ses filles et trouva un troquet dans un quartier moins chaud : rue Cardinet Paris 17e : « Chez Ginou ».

Chapitre 2

La Maisonnette

Le restaurant a fait peau neuve, il a perdu son exotisme et a changé de nom : « La Maisonnette ». Appellation française contrôlée, pour le jeu de mots « plus nette et plus honnête », à savoir ? Oui, c’est sûr, plus de bar au sous-sol, une sorte d’élévation, d’ascension vers la réussite dans le calme et la bonne humeur. Léon et son neveu Georges embauchèrent un cuisinier, un serveur prénommé Jacques et l’établissement fonctionnait dans une ambiance chaleureuse et sans histoire. Quelques mois passèrent, Alain, l’ancien propriétaire devint l’ami presque intime de Georges, deux bons copains ! Un week-end, Georges invita sa sœur « Liberté » à venir découvrir sa « Maisonnette », elle travaillait alors à l’Hôpital de Metz en tant qu’infirmière. Un joli brin de fille, fraîche, à la beauté insolente, elle avait vingt ans… Alain tomba irrésistiblement sous son charme !

Un véritable coup de foudre ! Ils ne se quittaient pas des yeux et déjà leur cœur battait à l’unisson. Quand les poils se hérissent sur tout le corps, quand un courant alternatif et continu passe de pore en pore en vagues déferlantes, l’âme hisse la grand-voile pour les emmener au large, bercés par les flots ondulants d’un désir à fleur de peau. Coup de foudre, coup de glas, attention les dégâts ! Les phéromones, l’alchimie, la magie, qu’importe l’orage, ou plutôt l’oracle d’amour, les éclairs ont frappé et Cupidon n’a même pas eu le temps de décocher sa flèche ! Ils étaient déjà soudés l’un à l’autre par le regard, tous les sens en alerte… Ils n’attendirent pas longtemps, ivres de désir. Le soir même, ils fusionnèrent comme des damnés, sans réfléchir, laissant à leur corps le libre arbitre dans ce combat passionné où tous les coups sont permis.

C’est un vrai miracle lorsque deux êtres se découvrent, se cherchent, se trouvent, se retrouvent et s’harmonisent corps et âme, sans fausse pudeur, sans honte, avec frénésie en toute liberté !

« Liberté » n’est-il pas le prénom de cette déesse de l’Amour ?

Alain fut surpris par le naturel dont faisait preuve « Liberté » dans sa façon d’appréhender les actes d’amour. Il avait l’impression qu’elle jouissait déjà pendant les préliminaires, un peu comme une petite fille se délecterait d’un sucre d’orge ou d’une crème à la vanille nappée de chantilly. Elle réagissait à chaque caresse, à chaque frôlement d’épiderme comme si elle avait un clitoris dans chacun des pores de sa peau. Ce qui serait le paroxysme de la jouissance. La vraie jouissance est féminine, tout en nuances, en équilibre entre une note mineure ou majeure, allant du moderato en vibrato jusqu’à la finale en apothéose. La jouissance masculine est plus animale, pour ne pas dire bestiale, instinctive et mécanique. Elle répond à l’écho ancestral qui vient du fond des âges, invitant le plaisir jusqu’à l’orgasme, afin de perpétuer l’espèce. Un piège infaillible et vicieux du créateur pour s’assurer que les humains accomplissent leur devoir de reproduction, grâce au plaisir charnel que procure l’acte d’amour. C’est encore plus merveilleux quand les sentiments le sublime, l’amour alors se fait cadeau !

Oubliant le « qui va piano va sano », accélérant le tempo, allant crescendo, ils firent l’amour trois fois de suite, haletant, gémissant, riant à en pleurer de bonheur partagé. Liberté montrait une maîtrise mêlant finesse, force et douceur en usant d’une générosité débordante, offrant son corps souple comme une liane qui s’enroule autour d’un arbre solide et protecteur pour en tirer la sève, telle une sangsue insatiable qui s’accroche au rocher. Une surdouée du genre, une acrobate, faisant naître des sensations ininterrompues à en faire presque mal, à hurler de plaisir. Elle mettait toute son énergie pour extirper de son amant la substantielle quintessence, le laissant exsangue comme un escargot sans coquille. Alain était envoûté !

Les deux amants étaient restés trois jours dans cet hôtel de la rue de Rome. Roméo et Juliette, en apnée, amoureuse ! Alain n’était pas au bout de ses surprises qu’il allait découvrir de jour en jour et de nuit en nuit avec cette étrange créature à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. À l’époque où Alain filait le parfait amour, son ami Léon tomba sous le charme d’Alain ; amoureux transi de ce jeune homme de bonne éducation. Il lui fit d’ailleurs des avances à plusieurs reprises, après une fiesta bien arrosée. Ne voulant pas risquer de prendre le volant dans un état d’ébriété avérée, il devait rentrer chez lui au Bourget, il préféra essayer d’attirer Alain dans ses filets tendus et tordus.

Alain s’était posé mille questions sur les tendances sexuelles de son ami Léon. Était-ce par amitié ou par amour dévié que Léon lui avait fait ces propositions bizarres ? L’univers des homosexuels a toujours fasciné Alain, et ce depuis plusieurs années, en s’interrogeant avec une curiosité quasi scientifique, éthique et biblique, en se disant parfois, il faudrait que j’essaie pour ne pas mourir idiot.

À l’envers ou à l’endroit, c’est encore de l’amour, puisque tout tourne autour de tout dans cette éternité, disait un philosophe ! Alain retournait souvent ces questions en boucle dans sa tête d’hétéro ! Il est vrai qu’il avait parfois ressenti une certaine attirance, sous-jacente envers le sexe masculin et en particulier pour cet ami qu’il appréciait, mais n’avait jamais tenté l’expérience.

Le dernier jour, Alain invita Georges et « Liebe » (Liebe, diminutif de « Liberté » qui signifie : « Amour » en allemand) au club Méditerranée de Neuilly qui n’existe plus.

« Liebe » devait rentrer à Metz, mais arrivé à la Gare de l’Est, son train était déjà parti. Alain décida alors de la raccompagner à Metz en voiture avec son frère Georges. Ils arrivèrent à Metz à 19 heures et Alain devait repartir aussitôt à Paris. Ils reprirent donc la route, délestés de la belle « Liebe ». La voiture déjà fatiguée à l’aller tomba en panne sur l’autoroute à la sortie de Verdun. Une vision d’histoire imprévue au programme. Une dépanneuse vint sortir de l’ornière la coccinelle d’Alain et conduisit les deux passagers jusqu’à un garage. À la sortie du garage, ils découvrirent un hôtel-restaurant très avenant. Il était 20 heures 30. Face à cet endroit qui leur paraissait idéal pour une pause improvisée, Alain se retourna vers Georges en lui lançant d’une voix tonique et décidée : « Allons-y ! »

Et la fête continua ! Après une cascade de breuvages euphorisants et un repas consistant en spécialités de la région, ils retinrent une chambre pour la nuit afin de digérer leurs agapes.

Ils optèrent pour un dernier verre, dans les bars de nuit de Verdun, qui raconte mieux l’histoire avec du bon vin et autres boissons plus corsées pour faire un bon dans le passé et vivre plus intensément le présent. Ils revinrent à l’aube, légèrement éméchés, pour ne pas dire complètement bourrés. Le lendemain, encore un peu dans les brumes vaporeuses de l’alcool, ils apprirent que la coccinelle n’était pas du tout prête à décoller. Ils durent alors louer un Break pour regagner la capitale.

Après une semaine à Paris, Alain retourna à Verdun récupérer sa voiture réparée. Il passa ensuite le week-end à Metz avec sa chère « Liebe ». Il avait au préalable retenu une table et une chambre évidemment. De la table à l’alcôve… : une suite de luxe à l’Hôtel Concorde de Metz.

La soirée fut magique et la nuit idyllique, mais le dimanche matin vint le moment déchirant des « au revoir ». Pour le jour du Seigneur, « Liebe » était en pleurs ! Alain, très épris, ne voulait plus la quitter. Il lui dit simplement, nous avons passé avec ton frère Georges que j’affectionne, des moments inoubliables à Verdun. Tu lui diras que son adorable sœur est le bonheur fait femme !

Ému, un peu hésitant, en la regardant droit dans les yeux : « C’était féerique, je ne te voyais pas dans un autre écrin que dans ce havre de luxe où tu étais à ta place : une étoile dans sa galaxie, un diamant sur une couronne royale, un endroit à la hauteur de ta beauté, un palace digne des grands de ce monde. Je crois, pour tout dire, que je suis tombé amoureux d’une étoile. Et ton prénom : “Liebe” prend tout son sens ! Tu m’as libéré ! ».

Veux-tu, ajoute-t-il, avec un grand sourire aux lèvres, venir déjeuner avec moi, à Verdun centre ? Continuons cette merveilleuse aventure !

« Liebe » lui répondit, les yeux pétillants de tendresse : « Oui, avec grand plaisir, Alain ! »

Verdun devenait le centre de ses préoccupations, il y retourna trois fois dans la même semaine. La troisième fois, c’est Verdun qui vint à lui en l’imprégnant de son triste passé, en sombres souvenirs, en images dramatiques. On ne peut pas seulement passer dans cette ville qui a tant souffert dans ses murs et sa chair. Alain ressentit le poids de la Première Guerre mondiale sur ses épaules comme si les âmes des victimes l’appelaient. Il se mit à penser à son grand-père maternel, blessé à Verdun, lequel mourut en 1919 des suites de ses blessures. En arrivant devant cet hôtel de classe avec « Liebe » à ses côtés, il eut l’impression de faire son entrée dans l’histoire. Lui aussi venait de recevoir une bombe sur la tête, un obus dans le cœur. L’amour l’avait frappé et des milliers d’éclats se répercutèrent à travers son corps. L’amour a des pouvoirs insoupçonnés. Il serait même prêt à penser que Dieu, lui-même, lui envoya une grâce afin de racheter tous ses péchés grâce à la magie d’amour. Dieu pardonne tout ! C’est la raison pour laquelle, je le loue, faute de pouvoir l’acheter…

Aujourd’hui, les bruits de guerre et de désolation sont piégés dans l’ombre de ce passé qui renaît parfois à travers les nuages. Une fumée noire rétrospective forme dans le ciel de drôles de figures menaçantes comme si des fantômes s’amusaient à dessiner le triste décor d’autrefois. Mais le soleil d’aujourd’hui efface tous ces vilains souvenirs depuis que Liebe a envahi son cœur.

Tous les maîtres d’hôtel, les serveuses et les serveurs n’avaient d’yeux que pour elle, la divine « Liebe ».

Pendant le repas, des entrées jusqu’au pousse-café, avec une petite mirabelle du meilleur cru, Alain, à peine la dernière bouchée avalée, la jolie Liebe le fixa de ses yeux langoureux, tout excitée, elle but sa liqueur de prune d’un coup et lui dit à brûle-pourpoint : « Montons dans la chambre mon chéri, viens, je suis impatiente, viens mon amour, sodomise-moi… »

Jamais, au grand jamais, il n’avait entendu un tel propos, venant d’une si jolie bouche et d’une si douce voix. Il appela le maître d’hôtel en lui disant qu’ils désiraient prendre un second dessert dans la chambre, le priant de mettre également au frais une bouteille de champagne millésimée. Le Champagne eut tout le temps de fabriquer ses bulles dans son seau rempli de glaçons pendant que les deux amants chauds bouillants fondaient d’amour fou. Il aurait fallu au moins un iceberg plus gros que celui qui fit couler le Titanic pour calmer les ardeurs de ces deux tourtereaux. Ils ne quittèrent la chambre qu’à l’aube, à peine remis de leurs ébats. Alain la raccompagna à Metz et le jour même reprit la route pour Paris. Il pensa tout au long du voyage à cette fin de week-end fabuleux !

Chapitre 3

Qui est Liberté ?

Alain se doit de révéler aux lecteurs quelle est la vraie personnalité de Liebe. Elle est tellement singulière, même si ses amours sont plurielles… Liberté rime avec vérité ! Si certains sont choqués par son comportement étrange, que les pudiques et les coincés essaient de comprendre que parfois, la libération par le sexe peut être plus efficace que consulter un psy. Oui, Liebe est bien une nymphomane, mais cette hyper sexualité, elle la pratique uniquement les jours ouvrés et redevient entre guillemets « normale » les week-ends.

Avec tous ses partenaires, hommes et femmes, elle se sert de son corps comme d’un cataplasme qui absorbe les désirs trop brûlants et fait refleurir les sens à ceux qui les auraient perdus.

Elle apaise les corps et libère les esprits tourmentés comme par magie, sans baguette. Liberté, l’ange gardien de la santé mentale, morale, physique ne claque pas des doigts, mais les utilise en massages savants, en caresses subtiles, elle se sert de tous les atouts que la nature lui a donnés, en usant de son corps comme d’un instrument de plaisir dont elle joue avec brio sur toute la gamme, une vertigineuse aventure entre jouissance et tendresse. Les sept notes de musique, les dièses et les bémols, les bécards et les pauses, les soupirs et les points d’orgue. Sa partition est infinie, une symphonie grandiose et mystérieuse, inspirée par cette « mante » faite femme, loin d’être religieuse qui invente des nuances inconnues dont elle seule a le secret.

À la banque des plaisirs, elle possède toutes les clés et les crédits illimités.

« Liberté » montre ses faces cachées sans mystère ! Cette femme fatale a tous les pouvoirs, elle pourrait même modifier la vitesse du vent et le cycle des marées. Ah, l’amour avec liberté, c’est du sacré, c’est du super carburant, à en dépasser la vitesse de la lumière ! L’amour n’est-il pas la lumière de la vie ? Qu’il soit platonique, passionnel ou romantique ou encore culbutes érotiques, faire religieusement l’amour, c’est la plus belle façon de plaire à tous les dieux de la planète et de la galaxie !

En matière de préférence dans la longue liste des festivités sexuelles, elle adorait pratiquer la sodomie, un pays où je faisais parfois escale dans les régions vallonnées de ses rondeurs féminines aux gorges profondes à en étouffer de plaisir. Comme un cosmonaute en apesanteur qui traverse l’univers, un raccourci, ce fameux trou de ver pour découvrir le monde par le petit bout de la lorgnette. Elle gémissait de bonheur, espérant qu’il lui pardonne sa verve outrée. Au verger des fruits défendus, sa verge était aux nues. Au pays des délices, Liebe jouissait triplement de la double pénétration, mais là, ce fût avoua-t-il une gymnastique acrobatique très risquée. C’eut été plus facile avec des jumeaux ou quelques adjuvants, ces trucs, sex-toys, pour pratiquer la manœuvre. Comme en cuisine, c’est une histoire de zestes, un peu de piment, de gingembre piqué à l’ail, entrelardé, tendre et moelleux dans un coulis délicieux, parfois explosif comme un geyser. Une débauche des sens, une fureur de vivre, mais avant tout une fureur de jouir !

Liebe en veut toujours plus, encore et encore, elle privilégie ces jeux corporels qu’elle aime particulièrement, elle se glisse entre les bras de ses amants, lascive, émouvante et surprenante ; en un mot, elle a la vocation et donne à cent pour cent dans un balai artistique en caresses langoureuses, en gâteries spéciales comme le cunnilingus, jeu de langue en tout genre, une polyglotte, jolie glotte. Certains la surnommaient la reine de la fellation quand elle plonge en apnée à en perdre le souffle comme une pêcheuse de perles dans les grands fonds.

C’est une pratique courante chez nos ancêtres les bonobos qui ont bien compris que pour régler tous conflits, la solution est dans le plaisir d’accorder nos violons en unissant nos corps, sur les cordes sensibles pour extirper de nos cervelles les fausses notes, se mettre au diapason dans un geste d’amour pour effacer d’un coup une colère velléitaire. S’aimer… pour jamais n’en venir à la haine !

Liberté faisait cela uniquement pour le plaisir, le sien et celui d’en donner aux autres, sans contrepartie financière ou autres échanges intéressés d’ordre politique ou mafieux. Elle refusait qu’on la traite de pute, elle n’en était pas une !

Pourquoi ne pas être généreuse en amour, se disait « Liebe », quand on sait tous que c’est l’essentiel dans la vie, pour le monde animal, bien sûr, et pas que pour les bonobos, mais surtout pour l’espèce humaine. Sans faire l’amour, c’est défaire la vie ! Nous savons aussi que par ordre de priorité : la bouffe, le territoire, le sexe et l’intérêt ! Et quand ces conditions sont à peu près satisfaites, pour parler plus vulgairement, on baise et on dort ! Si on peut y ajouter une touche de sincérité et d’attention particulière, alors c’est se réconcilier avec le genre humain. Avec l’évolution, les bons sentiments se diluent dans la mare de boue qui nous entoure, et parfois par mimétisme, on devient transparent, on perd ses couleurs, on s’adapte, on devient fataliste par obligation. On finit par ressembler à ceux qu’on exécrait et comme eux, on compte ses sous, on se bat pour rester les plus forts ou on se fait avaler par l’ogresse : le monstre, l’incontournable civilisation qui offre tant de visages masqués, un zombie dans la foule, une âme perdue dans la cohue.

Et l’on chante désespérément ce sempiternel refrain (la bouffe, le sexe, le fric) : du rap au hit-parade de notre génération qui scande nos vies sur tous les médias… Les « faces de book », les « Toc du Tic » pour les toqués de l’informatique.

Alain, lui, préfère la marche arrière sur une époque, loin d’être en toc, mais qui sentait bon la vie d’avant et dont il égrène les souvenirs marquants de ses heures de gloire.

Savoir gérer les besoins de son corps pour la santé de l’esprit. Comme le disait son oncle Léon, pragmatique et cash, si tu les faisais payer, tu deviendrais très riche !

« Vingt francs pour un baiser avec ou sans la langue ! Tant pour un massage avec tes divines mains ou avec tes délicieuses fesses, mais là c’est plus cher… ». Il riait en débitant ses idées de marchand de tapis. Enfin, l’amour à la carte selon les services rendus. Et si tu passes à la vitesse supérieure, continuait-il sur le ton du manager qui défend les intérêts de sa pouliche, « de la fellation jusqu’au nirvana c’est le pactole ! ». Ma petite « Liebe », tu n’as vraiment pas le sens du commerce !

Tonton, tu devrais avoir honte de tenir de tels propos, répondait Liberté.