Lilith, aux portes des ténèbres - Dagen Malo - E-Book

Lilith, aux portes des ténèbres E-Book

Dagen Malo

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Beschreibung

La vie peut être une grande joueuse d’échecs. Souvent, vous la maîtriserez, et parfois c’est elle qui vous mangera toute crue, Lilith est bien placée pour le savoir. Elle a vécu la trahison, la mort, la solitude, le désespoir et même la perte de sa propre identité. Cependant, il lui reste encore une chose : sa soif de vengeance.


Son but est simple : détruire les créatures surnaturelles qui lui ont tout pris. Pour cela, elle franchira les portes de l’enfer, la frontière entre le bien et le mal. Entre la lumière et l’ombre, Lilith devra choisir. Afin d'y parvenir, elle devra payer un prix, mais lequel ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Médium de profession et formatrice aux mondes subtils, Dagen Malo allie, à travers ses romans, ses deux passions. Avec ses personnages, elle partage avec nous quelques-unes de ses expériences personnelles et nous entraîne ainsi vers des terres inconnues.

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Seitenzahl: 176

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Dagen Malo

Lilith, aux portes des ténèbres

Roman

© Lys Bleu Éditions – Dagen Malo

ISBN :979-10-377-5384-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Des gouttes de sang éclaboussent mes lèvres, le goût métallique prend ma langue, et déjà sur mon visage je sens l’hémoglobine sécher, tandis que la créature au sol rend son dernier souffle.

Voir leurs visages s’éteindre et leurs corps rendre l’âme (si âme ils ont) est jouissif, je jouis de vengeance, de haine pour leur race et je les tuerais un par un s’il le fallait.

Parce qu’EUX… m’ont pris l’amour de ma vie.

Ils nous chassaient, Célio et Lilith, le couple mythique à abattre. Notre mort à tous les deux, garantie de la vie éternelle et de nos pouvoirs. Cél' est mort sous leurs griffes. Aujourd’hui, je suis leur dernier obstacle pour que leur but soit atteint. Ce qu’ils ne savent pas encore c’est qu’en assassinant l’homme de ma vie, ils ont commis un autre meurtre : celui de la jeune et innocente Lili que j’étais. Cette jeune journaliste en herbe, pleine de rêves et d’ambitions…

Leur acte a réveillé la noirceur de mon âme, la noirceur de mes pouvoirs. Des vampiries disparaissent chaque jour sous mes armes. La rumeur a pris de l’ampleur et maintenant ils fuient, et se cachent dans des taudis. Certains, plus froussards encore, se terrent dans de misérables grottes, et d’autres pensent que l’obscurité de la nuit peut les protéger… Pfff, foutaises ! Ni la nuit, ni le feu, ni la mort ne peuvent m’arrêter. Ils sont des créatures de l’enfer et ils ont fait de moi la reine des Ténèbres, grâce à eux.

Le fait qu’ils se cachent rend ma quête plus excitante encore, je suis sans foi ni loi et je les anéantirai jusqu’à ce que je me retrouve face à celui qui a ordonné notre mort…

Une fois justice rendue, je pourrai enfin mettre fin à cet enfer, à cette vie dénuée de sens, je pourrai enfin (peut-être) rejoindre Cel' en mettant fin à mes jours. Pas des plus joyeux comme projet, je sais, pourtant c’est le seul que je m’autorise… Rejoindre Célio.

« Lilith, on y va, il n’y a plus rien à faire ici.

— On va à Allevard. Il paraît qu’il y en a d’autres là-bas, on va voir ce qu’on peut leur soutirer comme infos. »

Je retire mon poignard du vampiries, et le range dans son étui, les yeux rivés sur cette espèce de goudron censé être le sang de ces créatures.

« Mais arrête, on ne peut pas laisser des villes avec des cadavres partout où l’on passe, et tu ne peux pas utiliser ta magie aux yeux de tous, tu réalises un peu.

— Quoi, Diane ? Qu’est-ce que tu veux ?

— Ce que je dis c’est : imagine juste deux minutes si on se fait remarquer, on aura ça en plus à gérer et…

— Oh mais dites-moi, la Grande Diane à peur de se faire remarquer. Pourtant je me souviens qu’à une époque tu adorais cela… Il est loin le temps de DIANE, la grande Déesse, maintenant tu es une misérable qui veut vivre dans l’ombre.

— Lil…

— Écoute, fais comme tu veux, je ne t’ai jamais forcée à me suivre. Si ça ne te fait ni chaud ni froid de laisser la mort de ton meilleur ami impunie, c’est ton choix, moi j’y vais. »

Diane baisse les yeux, lasse de se battre contre ma haine et mon aveuglement. Dans le silence et la résignation, elle range ses affaires et m’emboîte le pas. Je sais qu’elle ne me lâchera pas, parce que je sais qu’elle souffre aussi de la perte de Célio, son acolyte, celui avec qui elle a passé la plus grande partie de sa longue vie ici. Je le sais et j’en abuse.

Cette femme que je méprisais, que je craignais, me suit partout dans ma quête sanglante, depuis la mort de cet homme, depuis la mort de son ami, mon âme sœur. Elle est là, elle assure mes arrières, dans l’ombre elle supporte ma crise existentielle et toutes mes phases de colère, de souffrance… En silence, elle tolère et me seconde, parce qu’au fond elle sait, et je sais, que sans elle, je serai devenue une larve misérable, je me serai donnée et laissé saigner par les vampiries, sans elle, j’aurai abandonné et lâché tout espoir de rendre justice à mon homme.

Son regard topaze se remplit de larmes, elle pose une main compatissante sur mon bras. Son visage reflète tellement de peine, je ressens sa souffrance. Mais je ne peux pas, je la repousse, je ne peux pas la consoler, lui dire que je suis là pour elle, c’est impossible. Je me dois de rester froide à sa douleur, je dois nourrir ma haine pour aller au bout de mon objectif.

« Et Marco hein, Lilith, lui aussi est mort sous les griffes de ces monstres.

— …

— Lui n’avait rien demandé, c’était un mortel, il n’avait aucune chance de s’en sortir, et pourtant il a toujours été présent pour nous, il nous a suivies coûte que coûte et il en a perdu la vie… Tu y penses, à lui ? Non, parce que tu es aveuglée, tu es devenue égoïste, une tueuse, regarde-toi, regarde ce que tu es !

— Comme tu dis, on ne lui avait rien demandé et il est venu, je ne vais pas me sentir responsable de sa mort.

— Mais tu dérailles, ma pauvre ! Elle est où la Lili, la gentille et naïve reporter, hein ? Tu n’as plus rien à voir avec cette femme si belle et souriante, tu le vois ça ?

Je me tourne face à elle, à seulement quelques centimètres de son beau visage, la colère dans les yeux, je veux lui faire du mal.

— Elle est morte. Elle est morte le jour où tu t’es mise à léviter devant mes yeux, le jour où vous m’avez dévoilé toute la vérité sur vous, sur moi.

J’étais heureuse avant, moi. Ma vie était simple, remplie d’illusions et d’espoirs, mais toi ça ne t’allait pas que je sois heureuse, tu étais jalouse de mon innocence… La très grande et majestueuse Jane, cette journaliste redoutable, ma collègue qui me terrifiait, s’est sentie obligée de me cracher la vérité au visage et de détruire ma vie ! Ça t’a fait du bien, tu t’es sentie toute puissante de me dire à quel point je me plantais sur ma personne, t’as kiffé ? Vous… Vous êtes les responsables de tout ce merdier, c’est vous qui m’avez jetée dans la gueule béante de la vérité, vous ne m’avez pas ménagée. Alors, s’il te plaît ne me demande pas de faire attention aux autres.

Vous avez créé cette fêlure en moi, cette faille, et les vampiries m’ont achevée. Je suis morte depuis que j’ai perdu Célio, tu peux comprendre ça ? Tu peux comprendre à quel point j’ai mal ? D’où je viens, ce que j’ai vu, ce que je vis, ce qu’on m’a enlevé… Tu peux le concevoir, juste une seconde, une seule, Diane ? Dans quel état tu serais, toi ? Et je devrai m’excuser pour ce que VOUS AVEZ FAIT DE MOI ! »

Des postillons s’écrasent au sol en sortant de ma bouche, mon doigt pointé vers elle, je la menace du regard de répondre à ça.

« Que tu le veuilles ou non j’irai jusqu’au bout avec ou sans toi, mais je t’interdis de me ralentir avec tes pulsions de conscience. »

Je lui tourne le dos et avance. Oui, je sais, je suis une garce impitoyable, vous vous demandez si vous êtes bien en train de lire la suite de l’histoire de la petite Lili, qui découvre toute la beauté de son histoire et de ses pouvoirs ?

Eh bien oui vous êtes au bon endroit, dans le bon livre, seulement voilà, j’ai le droit d’être dans mon état, j’ai le droit de souffrir, désolée il n’y a pas eu de fin heureuse pour moi.

Jane me suit, j’entends ses pas derrière les miens écrasant les feuilles mortes des arbres, j’entends sa respiration et je sens son désarroi face à mes réactions. Je sais qu’elle voudrait me sortir de tout ça, me libérer, mais elle a compris depuis longtemps que j’ai choisi pour seule voie : la rage. Dans le silence rempli de nos pensées, nous poursuivons notre quête.

On se déplace le plus souvent de nuit, question de discrétion et de prudence aussi, bien que les vampiries soient plus actifs quand le soleil est couché. On se pose pour dormir quelques heures au pied d’un lac, après avoir fait le tour et vérifié qu’il n’y ait personne en vue. Je pénètre dans l’eau pour nettoyer le sang et la crasse accumulée ces derniers jours, l’eau glaciale électrise mon corps nu.

Flottant sur le dos, je lève les yeux vers eux, vers cette Lune que j’ai toujours vénérée, priée, ma Déesse préférée, celle en qui j’avais une foi infaillible.

On ne peut pas dire que j’ai perdu la foi, je me suis seulement détournée de leurs guidances et de leurs voix, le temps de finir la mission que je me suis donnée.

Je ne sais pas si vous vous rappelez lors de la découverte de mes pouvoirs, j’ai vu que je peux contacter autant que je le souhaite et sans effort les guides, anges et déités, choses que du coup je pratiquais pour développer mes autres capacités de Sorcière.

Croyez-moi, je les ai implorés, je les ai suppliés, je les ai appelés quand les vampiries ont égorgé mon homme, je pleurai les yeux rivés vers leur ciel, dans l’espoir qu’ils me répondent, mais chaque fois un silence de plomb, un silence lourd écrasait mes espoirs. Depuis, je crois toujours en eux, je les sens toujours avec moi, toujours là, de l’autre côté du voile, je les aime toujours autant, mais pour le moment j’ai choisi de ne pas les écouter, ni de les consulter, car je sais qu’ils désapprouveront mon choix, et mes actes.

Il faut savoir que jamais ils ne jugent qui que ce soit, c’est une réalité, ils sont réellement au-dessus de tout ça. Ce qui leur importe c’est que l’on trouve notre mission, notre lumière, notre raison de cette incarnation, donc quoi que l’on fasse, ils sont là, jamais ils ne nous tournent le dos.

Ce sont les humains qui leur tournent le dos. Vous savez quand les gens disent « Moi le ciel m’a abandonné », ou « Si Dieu existait il ne m’aurait pas laissé vivre tout ça ».

Eh bien désolé, mais déjà Oui Dieu existe, le père de Jésus, mais ce n’est pas « DIEU » comme on l’entend dans notre société, c’est un des dieux parmi les autres. L’origine c’est la Source, L’univers, le Tout, le Vide… Bref comme vous souhaitez l’appeler. Mais ils ne vous laissent pas vivre un enfer, jamais, sachez que dans chaque épreuve que vous traversez, qui vous met à mal, qui vous bouleverse, l’univers vous offre la capacité de grandir à travers cette étape, de vous détacher et de libérer ce qui vous empêche de vous réaliser. Prenons l’exemple de quelqu’un qui rencontre systématiquement des personnes toxiques, et que chacune de ses relations la brise, ce n’est pas pour la faire souffrir, mais pour la libérer de cette dépendance affective, ou du syndrome de sauveur, pour qu’elle apprenne à ne plus sacrifier sa personne au détriment d’une autre… Si un homme arrive en prison pour trafic de drogue, d’un point de vue spirituel, ce n’est pas une « punition ». Cet homme peut choisir alors de voir cela comme une épreuve qui renforce sa haine et sa colère, ou alors comme une occasion d’ouvrir les yeux, de s’observer, de comprendre, et de remercier cette étape de l’aider à se libérer et dire au revoir à la personne nocive et dangereuse qu’il était. Certes, cela demande un certain courage que de se regarder en face, mais chaque humain à cette capacité en lui, à nous d’aller la chercher, d’où l’intérêt du libre arbitre.

Si vous choisissez leur voie, plutôt que la haine, la rancœur, la colère, alors jamais vous ne serez en souffrance, vous grandirez chaque jour un peu plus, et un jour, vous ne ressentirez plus la douleur, parce que vous aurez appris à la vivre dans l’acceptation et comme une opportunité et non une épreuve redoutable. Ouais ouais, OK je dis ça là, celle qui massacre tous les méchants qu’elle croise, celle qui a choisi de se détourner de leurs conseils par esprit de vengeance.

OK, je suis d’accord, et je n’ai pas d’excuse à ça, c’est tout simplement mon choix, la différence est que je sais qu’ils sont là, et que ma mission est autre, pour le moment j’ai choisi de ne pas la suivre. Juste un petit report sur le planning de ma mission de Vie.

Grâce aux reflets de la lune, je m’aperçois que l’eau est tout compte fait assez dégueulasse… Peu importe, j’ai besoin de me sentir propre, juste un peu. J’ai beau me laver, me récurer, j’ai toujours l’impression d’être sale. Là, dans la nuit, le corps nu je me laisse bercer par les ondulations de l’eau, le regard vers le ciel étoilé, je sens mes blessures, mes cicatrices physiques, psychiques. Célio…

Chapitre 2

J’aimerais vous faire comprendre cette douleur, vous emmener dans les abîmes de mon enfer, je veux vous emmener voir les restes desséchés de mon cœur brisé, comme un verre de cristal que l’on aurait cassé, avec ses éclats qui se baladent dans mon corps et entaillent mon être à chaque respiration, juste pour que vous puissiez comprendre.

Allez, soyez courageux, ce n’est qu’un livre après tout, juste des mots posés sur papier, vous êtes certainement en train de lire confortablement installé, alors n’ayez aucune crainte. Vous, vous êtes à l’abri après tout non ?

Êtes-vous amoureux(se) ? Ou avez-vous aimez si intensément quelqu’un que, c’est tout votre corps qui réagit à lui, chaque fois qu’il pose les yeux sur vous il lit votre âme, il vous libère de tous ces masques, tous ces personnages que vous portez chaque jour. Avec lui, grâce à lui, vous êtes-vous, seulement Vous, dans toute votre beauté. Vous voyez dans ses yeux la beauté que vous êtes. Chaque fois, qu’il est à quelques centimètres de vous, votre corps se réveille, vos sens s’aiguisent, vous aimez cette personne, comme s’il était une partie intégrante de vous. En sa présence, vous êtes à la maison, la notion de temps disparaît complètement. Sa peau réveille vos sens, ses lèvres vous emmènent danser chaque fois qu’il vous embrasse. Cet amour est si pur, si vrai, tellement sincère, qu’il peut faire peur. C’est un amour divin, non destructeur, non invasif, il vous donne des ailes, pour vous emmener vers des horizons inconnus, mais qui ont toujours été en sommeil attendant que quelqu’un vienne les réveiller. Ses bras sont votre refuge préféré et vous savez en plongeant votre regard dans le sien, que vos âmes étaient destinées à se retrouver, qu’il est votre « Autre ». Vous aimez cet amour autant que vous l’aimez lui. Et votre souhait le plus cher, c’est que cette danse dure toute votre vie. Vous sentez dans votre chair, dans vos entrailles, que c’est lui, qu’il est l’Élu… Vous y croyez…

Et alors le jour, ce fameux jour, est là, celui où votre paradis s’effondre…

Le jour où il part.

Et c’est votre être entier qui s’enflamme, votre cœur cogne si fort dans votre poitrine qu’il pourrait en sortir, vos oreilles bourdonnent, elles refusent même physiquement d’entendre ces mots de ruptures. Mais l’information passe dans votre cerveau, il l’a dit, il vous quitte, alors vos jambes ne vous portent plus. Une fissure se dessine sur votre cœur, et coule dans vos veines, empoisonnant tout votre corps, le meurtrissant. Votre corps est aujourd’hui marqué par cette cicatrice, celle de la désillusion, du deuil, du déni, de l’acharnement, du refus.

Vous savez que c’est terminé, mais vous refusez de l’admettre, il était votre « Autre ». Et en tandem, votre esprit et votre corps tentent chaque jour d’avancer, d’intégrer cette nouvelle version de vous, la version où la peur de l’abandon, du rejet, a pris sa place en vous. Les premiers temps, l’espoir vous accompagne, vous guide, vous obsède même, vous vous dites, qu’il va réaliser que c’est une erreur, alors vous avez un nouvel amant, un amant qui ne vous quitte plus, et qui pourtant vous fait tout autant souffrir. Le téléphone, cette chose à laquelle on se raccroche, dans l’espoir fou de voir son nom apparaître, d’entendre sa voix, et cet amant aussi meurtrier qu’il est, reste totalement silencieux, ravivant la douleur, comme un souffle sur des braises encore chaudes.

Vous pensiez ne jamais vous en remettre, qu’il était parti avec un morceau de vous, comme si on vous avait amputé. Que vous pourriez mourir tellement son absence était insupportable ? Et toutes ces phrases de merde qu’on vous balance « Avec le temps tu verras, tu iras mieux » alors que vous, vous savez parfaitement que c’est faux, avec le temps vous allez juste apprendre à vivre avec cette nouvelle compagnie « la douleur » que vous a laissé le départ de votre bien-aimé. Le temps ne soigne rien, avec le temps vous domptez la souffrance c’est tout.

Eh bien, voilà, vous avez un très rapide aperçu de mon calvaire, parce que moi il ne m’a pas quittée, moi il a été assassiné par des créatures viles de pouvoir, parce qu’il a été tué devant mes yeux, alors que j’étais totalement impuissante. Parce que son dernier souffle, il l’a rendu, ses yeux plongés dans les miens, parce qu’au moment de s’écrouler inerte au sol, ses lèvres m’ont dit tout son amour…

En sortant de l’eau, Diane, me tend une espèce de tissu devant me servir de serviette, on va encore marcher un peu, pour trouver un lieu plus isolé en montagne, j’enfile mes vêtements et je la suis dans la nuit. Malgré la distance et la froideur que je maintiens avec elle, ces derniers mois passés à deux nous ont rapprochées, maintenant on sait quand l’autre souhaite rester dans le silence, ou a besoin de tranquillité. Notre relation n’a pas commencé sous les meilleurs auspices on est d’accord, mais aujourd’hui, nous avons le même but, et quoi de mieux pour rapprocher des gens qu’un ennemi commun ? Ce fameux jour, nous avons convenu d’un accord tacite, elle m’a suivie dans ma quête, sans discuter, sans chercher à comprendre ni à me freiner, elle est là, c’est tout. Alors nous sommes les nouvelles « Sorcières » que les vampiries veulent tuer. Je constate que j’ai souvent la mort qui me court après, la puissance de mon être doit vraiment déranger, pour que tant de personnes souhaitent me voir morte. Ce « contrat silencieux » si je suis honnête me permet d’avancer et me rassure… Mais ça, ça reste entre vous et moi, elle n’a pas besoin de le savoir… Oui, je suis fière… On le sait.

« On s’arrête, on n’y voit plus rien. Je fais un feu pour garder à distance les bestioles.

— Et depuis quand tu crains les animaux ? De toute façon je m’en fous, j’ai besoin de sommeil.

— Je crains pas les bêtes, j’ai juste pas envie qu’elles viennent fouiner et chaparder notre bouffe. »

Voilà, c’est un aperçu de nos conversations les plus longues mais aussi les plus calmes, parce que le reste du temps, on s’engueule. Elle, parce qu’elle déteste la femme que je suis devenue, et moi parce qu’elle me pète les ovaires avec son air moralisateur.

On dort à même la terre qui rafraîchit avec l’humidité de la nuit, je mets un vieux poncho à moitié en lambeaux, pour créer une espèce de barrière contre le froid du sol, les flammes crépitent entre nous, mon poignard dans la main, je prie le ciel pour m’endormir rapidement, ou juste pour dormir, chose qui m’est quasi impossible. Mon cerveau bouillonne, il me renvoie en boucle le meurtre de Célio, je revis la scène dans les moindres détails : Lui agenouillé, blessé, la lèvre en sang, son visage tuméfié, il a perdu tellement de sang, que son corps n’arrive plus à cicatriser, une plaie béante dans l’abdomen. Il est à bout de force, notre bataille l’a épuisé, vidé.