Lino & Dan - Jo Gouveia - E-Book

Lino & Dan E-Book

Jo Gouveia

0,0

Beschreibung

Dan et Stoopi, deux petits extraterrestres vivant sur Terre en 2928, sont engagés dans les forces de l’ordre de l’organisation mondiale du futur. À la faveur d’une mission des plus banales, ils se retrouvent projetés en plein Far West en 1876. Là, ils feront la rencontre de Lino et cet évènement perturbera drastiquement leur objectif initial. Suivons-les dans une aventure déroutante.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Durant de longues années, Jo Gouveia a consommé sans relâche les contes fantastiques, les bandes dessinées, les vieux westerns ainsi que les films américains qui traitent des voyages dans le temps. C’est sous cette influence qu’il nous propose Lino & Dan, son premier livre publié.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 262

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Jo Gouveia

Lino & Dan

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jo Gouveia

ISBN :979-10-377-8873-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes Parents

À mon Frère

À mes filles

1

Nous sommes en 1860, un convoi de chariots traversait de grandes plaines arides pour rejoindre la côte Ouest. Un convoi de plusieurs familles venu d’Europe pour tenter leurs chances dans ce nouveau monde. La route est longue, pénible et fatigante, mais le moral et la volonté les font avancer vers le but tant attendu.

Douglas Lancaster a été payé par toutes ces familles pour mener ce convoi jusqu’à Los Angeles. C’est un homme droit et honnête qui affectionne le sens de la justice.

Au loin, quelques arbres laissent à penser qu’un point d’eau pourrait les y attendre, pour y dresser le campement pour la nuit. Un éclaireur rejoint le chef du convoi :

— Mr Lancaster, le coin est agréable pour y passer la nuit et on pourra faire boire les chevaux, dit-il.

Le campement se forma donc. Dans un chariot, un couple avec leur garçon de cinq ans fait de leur mieux pour s’intégrer malgré le stress que les convoyeurs leur font subir, la femme est enceinte et le voyage lui est extrêmement pénible. N’ayant pas le confort approprié, elle craint pour sa grossesse, et appréhende le voyage. Il ne se passe pas comme elle le souhaitait.

Dans ce convoi, plusieurs personnes montrent un tout autre visage : deux hommes, attirés par l’argent facile, voyage pour seul but de voler le salaire du chef de convoi.

La nuit commence à tomber, les discussions s’épuisent pour laisser place au silence. Toutes les familles se préparent à se coucher. Les hommes de Douglas Lancaster organisent un tour de garde.

Le calme règne désormais. Les deux hommes entrent dans le chariot du chef de convoi, qui se trouve en face du chariot du couple avec le jeune garçon. Celui-ci n’eut pas le temps de voir les bandits, il fut rapidement assommé et ligoté.

À ce moment, la femme enceinte commence à avoir des contractions de plus en plus douloureuses. Le mari sort chercher de l’eau et tombe nez à nez avec les deux voleurs, qui commençaient à prendre la fuite, qui ne manqua pas de réagir :

— Hey, qu’est-c’que vous faites-vous dans ce chariot ? c’est celui de Mr Lancaster !

Afin de ne pas donner l’alerte, les deux hommes sortent leurs revolvers et menacent le père de famille.

— Les mains en l’air et rentre dans ton chariot, menaça l’un des malfrats à voix basse.

L’homme inquiet pour sa famille obéit, suivi par les deux voleurs.

— Tiens, tiens, mais… y’a du monde la d’dans ! remarqua l’un des deux.
— Laissez ma famille en dehors de vos histoires ! rétorqua le père de famille.

La femme gémit de plus en plus fort, ce qui commence à stresser le mari.

Un des deux voleurs veut faire taire la femme et s’empresse de lui mettre la main sur la bouche. Mais le jeune garçon, caché jusque-là, sort de sa cachette et vient mordre la main de celui qui veut faire du mal à sa maman. Surpris par l’initiative du petit, il donne involontairement un coup au ventre de la malheureuse.

La femme poussa un grand cri, ce qui réveilla quelques familles aux alentours.

Le mari, pris d’une colère, empoigna le voyou et lui administra une droite qui le fit tomber du chariot, il faut savoir que cet homme sait se servir de ses poings !

Le bruit de la chute, ainsi que les gémissements de la malheureuse, firent sortir les personnes les plus proches du chariot. Le mari sortit à son tour, il tenta de frapper à nouveau le voleur, mais son complice sortit également et donna un coup de crosse de revolver sur la nuque du malheureux qui perdit connaissance.

Allonger dans le chariot et ne pouvant pas bouger, la femme hurla au secours.

Des hommes voulurent appréhender les malfaiteurs, mais l’un d’entre eux, plus rapide, s’empare du jeune garçon qui venait de sortir sa tête du chariot pour voir son père :

— Si l’un d’entre vous approche, je descends le p’tit !

Les voleurs, devenus désormais preneurs d’otage, montent à cheval avec leur butin et le jeune garçon.

— Que personne ne nous suit ou ça ira mal pour lui ! dirent les canailles.

Sur ces paroles, les voleurs prirent la fuite précipitamment sous les yeux de toutes ces personnes, dépourvus de courage afin d’empêcher l’escapade des bandits.

Depuis le chariot, on entendit les plaintes d’une mère envahie de désespoir, de haine et de douleur quand elle comprit ce qu’il venait de se passer. Elle cria tellement fort, qu’elle faisait peur aux chevaux ; elle sortit même son mari du coma qui se leva d’un bond. L’homme n’avait pas encore les idées claires mais sauta dans le chariot à temps pour assister à la naissance de son enfant !

Dix ans plus tard, dans une petite ville nommée Hill Sky, entre Los Angeles et Fort Yuma, en Californie. Un groupe de jeunes garçons, plus ou moins du même âge, chahute devant un petit bois. Le plus grand de taille s’appelle Jason Macleod et est le fils de la personne la plus influente de la ville, le plus riche éleveur de bétail de la région, Matt Macleod.

Jason est celui qui prend plaisir à manipuler ses camarades de jeux et qui arrive à les pousser à faire toutes sortes de bêtises. Il faut dire qu’il fait tout pour obtenir la fierté de son père.

Cette fois-ci, ou devrais-je plutôt dire, comme à son habitude, il pousse le jeune Lino à faire des choses absurdes : aller réveiller un ours dans sa grotte.

— Hey, Lino, si t’arrives à réveiller l’ours, ça prouvera que t’es pas un froussard ! provoqua Jason.

Lino est un garçon gentil, discret, très peureux et aussi d’une grande maladresse. Mais pour ne pas se faire exclure du groupe et aussi pour prouver qu’il n’est pas un froussard, il se doit de le faire. Pourtant, la trouille le terrasse. Il sait aussi pertinemment que Jason ne le laissera pas tranquille s’il ne s’exécute pas.

Tout doucement, Lino s’approcha de la grotte à pas feutré, avec la boule au ventre. Plus il s’approchait et plus le stress montait en lui. Ayant l’impression de faire beaucoup de bruit, il ralentit.

À une dizaine de mètres de là, les autres garçons, qui bien évidemment étaient cachés, commencèrent à crier à l’unisson :

— Allez, vas-y, froussard, poule mouillée…

Ils se mirent également à siffler !

En les entendant, Lino prit son courage à deux mains, fit un grand pas motivé, puis ralenti de nouveau. Le reste de la bande se remit à siffler plus fort.

— Pas si fort, vous allez réveiller l’ours, chuchota Lino sans réfléchir.
— Mais c’est pour ça qu’on est là… pour voir l’ours à son réveil, dit Jason en éclatant de rire.
— Oui mais c’est à moi que t’as demandé de l’faire… enfin je crois… je sais plus… lui répondit Lino déboussolé.

Lino, toujours très apeuré, se décide à avancer tout doucement. À trois ou quatre mètres de l’entrée de la grotte, il marcha sur un bout de branche morte qui cassa sèchement avec une belle résonance.

Soudain, un grand silence se fit sentir, et même les garçons, cachés derrière un tronc d’arbre mort, retiennent leurs respirations. Tous les yeux sont grands ouverts et dirigés vers la grotte.

Quelques instants après, l’ours sortit de son antre en cavalant et grognant vers Lino. À la vue du monstre, il opéra un demi-tour quasi instantané. Devant ce spectacle inattendu sans vraiment l’être, la petite bande se mit à détaler en criant et gesticulant.

L’ours prit Lino en filature, peut-être parce que c’est lui qu’il a vu le premier, et était derrière ses talons. Tout le monde dévalait une légère pente tout en évitant les quelques arbres sur leurs passages. Deux garçons se prirent un arbre en pleine face à force de vouloir toujours regarder derrière eux. Puis chacun emprunta un chemin différent en s’éloignant les uns des autres.

L’ours toujours à ses trousses et ne sachant pas trop où aller, continuait à suivre Lino qui se dirigea vers la vieille cabane du vieux Sam. Le vieux Sam est un ancien chercheur d’or qui n’a jamais rien trouvé et qui s’était finalement installé au pied d’une colline proche du ruisseau.

Après un lavage dans le ruisseau, le vieux Sam venait de mettre à sécher les quelques vêtements qu’il possédait, sur une corde. Lino passa près du linge, telle une balle que l’on venait de tirer au revolver. L’ours, beaucoup moins attentionné, passa au travers en emportant les vêtements encore accrochés à la corde, et arracha par la même occasion les piquets plantés au sol. Avec une chemise sur les yeux, l’ours n’y voyait plus et commença à ralentir.

Le vieux Sam attrapa son fusil et se mit à tirer quelques cartouches en l’air pour effrayer ce gros plantigrade.

L’ours prit peur et fit demi-tour en grognant, toujours avec la chemise sur les yeux.

Effrayé par les coups de feu, Lino trébucha et tomba comme une crêpe au sol. Sam en profita pour pointer son fusil vers lui. Paniqué et furieux, le vieil homme lui fit part de son mécontentement :

— Mes vêtements… mes vêtements… mais… qu’as-tu fait malheureux ? hurla-t-il.
— Mais j’ai rien fait moi, c’est l’ours… il me courait après et puis…

Le vieil homme interrompu Lino.

— C’est toi qu’il suivait, alors c’est ta faute ! T’as dû faire quelque chose qu’il n’a pas digéré ! cria le vieux Sam.
— Mais… je… non… balbutia Lino.
— Espèce de parasite, tu… tu n’es qu’un bon à rien. Laisse-moi, déguerpis au plus vite avant que j’te fasse un deuxième trou là où j’pense ! hurla-t-il de plus belle, en pointant son fusil vers Lino, faisant mine de vouloir faire feu.

Celui-ci n’attendit pas de l’entendre une deuxième fois, il prit ses jambes à son coup et courut aussi vite qu’il put !

Quelques années plus tard, toujours à Hill Sky, par une belle soirée très chaude, l’ambiance est plutôt festive dans le Saloon de la belle Barbara, car c’est son anniversaire. La bande d’ivrognes, fidèle à cette bâtisse et amoureux de la belle, chante à tue-tête avec leur voix de crécelle. Ash, le barman, ne chômait pas afin de satisfaire tous ces soiffards, mais il s’aperçut d’un problème qui risquait de ne pas passer inaperçu : les réserves de whisky commençaient à s’épuiser.

Toujours ravissante et séduisante, et davantage ce jour-ci, Barbara était montée sur la scène pour remercier tous ceux qui ont pensé à son anniversaire, et à ceux qui lui ont apporté un présent. Pendant son discours, son regard fut attiré par la « discrétion » de Ash qui lui faisait des signes de tête ainsi que de grands gestes, afin qu’elle vienne vite le rejoindre au bar.

Devant l’insistance de son barman, elle dut bâcler son discours. Elle s’apprêta à descendre de la scène quand un homme voulut l’aider en la prenant par la taille, avec une main plutôt baladeuse. Il fut surpris de recevoir un bon coup de poing, administré avec soin par la belle, qui ne mâcha pas ses mots pour lui faire comprendre qu’il ne savait pas à qui il avait à faire !

— Non mais tu t’prends pour qui ? Espèce de sale coyote pouilleux, recommence ça et j’te f’rai goûter à d’la soupe aux molaires ! s’écria Barbara furieuse.

L’homme, étalé au sol, ne broncha pas. Barb lui jeta un dernier regard méprisant, et se dirigea vers le bar.

— Belle droite, Barb ! Tu sais toujours aussi bien parler aux hommes à c’que j’vois, lui dit Ash.
— Seulement à ceux qui me respectent de cette façon. Qu’est-ce qu’il y a de si important ?
— Bon, plus sérieusement, nous n’avons bientôt plus de whisky, et ces puits sans fond ont toujours autant soif, que proposes-tu ? demanda-t-il.
— Quoi ? Jack n’a pas encore fait sa livraison ? À moins qu’il ne vienne demain ! pensa Barb.
— Jack ? C’est qui ce Jack ? D’habitude c’est Bruce qui nous livre ! Ou alors il a bu tout son chargement et cuve quelque part à l’ombre, rit le barman.
— Dis pas d’âneries. J’ai rencontré Jack il y a trois ou quatre semaines lorsque j’étais du côté de Nashville, dans le saloon d’un vieil ami. Il fait un excellent whisky, mieux que celui que nous avons actuellement et pas plus coûteux. Bref, nous avons signé un contrat pour que ce soit lui qui nous livre désormais. Et franchement, il va certainement beaucoup te plaire, et comme tu as toujours soif, autant que le club des becs salés auquel tu es membre permanent, ça devrait aller, rit-elle.
— D’accord, c’est toi qui vois, c’est toi le boss, boss ! Mais j’espère qu’il sera là au plus tard demain alors, sinon faudra aller se ravitailler ailleurs… et puis j’ai pas toujours soif, qu’est-ce que tu racontes ? Et de quel club tu parles ? interrogea Ash intrigué, en se servant un verre.

La patronne du saloon éclata de rire en posant la main sur le bras du barman qui s’apprêtait à boire son nectar préféré.

— Arrête de boire, laisses-en pour les clients, c’est pas toi qui viens de t’plaindre à cause de nos maigres réserves ? Eh bien voilà pourquoi nous n’en avons presque plus… c’est toi qui l’boit, remarqua la belle taquine.

Ash resta avec son verre à la main en le contemplant quelques secondes, puis le reposa en regardant sa patronne avec un sourire gêné. Il attendit que la boss s’éloigne, regarda autour de lui et s’envoya dans le gosier sa dose de whisky, avec un sourire satisfait et heureux. Mais il avait perdu trop de temps à bavarder et les clients s’impatientaient.

Assis à une table dans un coin du saloon, un jeune homme courtisait une belle demoiselle. Il se faisait discret et parla doucement de peur d’être dérangé.

— Quand est-ce que tu vas chanter, Emma ? questionna le jeune homme.
— Bientôt, lorsque la patronne me fera signe, répondit la belle demoiselle.
— Est-ce que tu veux venir marcher un peu avec moi ? Et voir le coucher du soleil ? demanda-t-il.
— Je voudrais bien mais j’ai encore plusieurs chansons pour la soirée ! Demain, on pourra aller se balader si tu veux. On pourrait même aller au lac se baigner, puis manger quelque chose à l’ombre d’un arbre et regarder les nuages passer ! proposa-t-elle.

Soudain, un homme s’approcha de la table et dit :

— C’est avec moi qu’elle ira se balader demain… hein Emma ? interrompit l’intrus.

Les yeux des deux jeunes gens se tournèrent vers cette mystérieuse personne. Lino en fut glacé de terreur.

— Jason ! tu sais bien que je n’irai pas avec toi et je te l’ai dit cent fois, laisse-moi tranquille, rétorqua Emma.

Le petit Jason avait bien grandi et j’étais toujours aussi odieux et malfaisant envers son prochain.

— Lino, tu te lèves et tu sors d’ici ! lui ordonna Jason.

Lino aussi, avait bien grandi et était devenu un bel homme mais toujours très peureux ! Il se leva donc.

— Non, Lino, tu restes ! lui ordonna Emma en lui tenant la main, qui le fit rougir et faire de grands yeux de bonheur.
— J’ai dit… dégage ! lui ordonna Jason en criant.

Essayant de faire le brave devant Emma, Lino, la boule au ventre et mordillant ses lèvres, lui répondit non rassuré :

— Non ! Je n’sortirais pas !
— Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? demanda Jason en faisant un pas en avant pour mieux entendre.

À ce moment, les amis de Jason se placèrent derrière lui. Ce dernier attrapa Lino par sa chemise et se prépara à lui envoyer son poing, lorsqu’Emma lui prit le bras pour l’en empêcher.

Un homme assis à une autre table leur dit :

— Hey, si vous voulez vous battre, allez dehors ! Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Barb, alors pas de grabuge ici !

Se libérant de la main d’Emma d’un simple geste, Jason emmena Lino à l’extérieur du saloon, devant les portes battantes.

Toujours agrippé par la chemise, Lino reçut un coup de poing à la mâchoire qui le propulsa dans la rue.

— C’est là qu’est ta place… dehors, avec les chiens… et les chats de Monsieur Chang ! s’exclama Jason en riant.

Le malheureux était allongé par terre dans la rue déserte. Les amis du voyou, qui étaient également les employés de son père, rirent aux éclats. Un Mexicain nommé José, travaillant également pour les Macleod, qui a un rire très communicatif, suivait le groupe mais ne paraissait pas convaincu de la maltraitance que Jason infligeait à Lino. Il était obéissant envers le fils de son patron et paraissait presque en avoir peur.

Emma, qui ne pouvait pas faire grand-chose, se tenait à côté des portes battantes.

— Tu ne seras jamais quelqu’un si tu te laisses faire par cet abruti, il faut que tu te défendes. lui conseilla Emma, avant de retourner à l’intérieur.

Le soleil commença à se coucher, laissant place à de belles couleurs orange noircissantes. Lino se releva tant bien que mal et ramassa son chapeau. Ne sachant que faire, il pencha la tête en avant et regarda son couvre-chef en poussant un soupir de désespoir. Il entendit la voix d’Emma, qui commença sa chanson, sous les cris de joie d’un public imbibé de whisky. La fête battait son plein et faisait un raffut de tous les diables. Malgré tout ce bruit, il sursauta à cause d’une bagarre de chats dans un passage en face du saloon, et à côté de chez Monsieur Chang.

— Toi être crétin ! lui fit part Monsieur Chang, en fumant sa pipe dans la pénombre devant sa blanchisserie.

Lino se retourna et lui répondit poliment :

— Bonsoir Monsieur Chang ! Belle soirée, n’est-ce pas ?

Tout en marchant, Lino leva la tête et s’aperçut que le ciel était magnifiquement étoilé. Ralentissant pour mieux contempler ce spectacle divin, il fut surpris de voir une étoile filante. Il fit un vœu, puis laissant apparaître un petit sourire, il secoua un peu la tête, pour se dire que non, il ne pourra jamais se réaliser.

Au loin, dans la rue, on pouvait entendre un chariot qui s’avançait lentement vers notre ami. Quand le chariot arriva à son niveau, l’homme qui tenait les rênes lui demanda :

— Bonsoir, monsieur, pourriez-vous m’indiquer le drugstore de la ville, s’il vous plaît ?
— Ah, je veux bien mais ça va pas être possible, le drugstore est abandonné depuis quelque temps, vous aurez du mal à vous approvisionner, répondit Lino calmement.
— En fait, nous avons acheté le commerce et nous venons nous y installer !
— Ça, c’est une bonne nouvelle, ça manquait de commerçants par ici. Bienvenu, Monsieur, bienvenu à Hill Sky. Vous avez dit nous ! Vous et votre famille ? questionna Lino.
— Ah oui, pardonnez-moi, ma femme et mon garçon m’accompagnent. Ils sont à l’arrière, ils dorment encore, la route a été longue et rude depuis Los Angeles. lui répondit l’homme sur le chariot.
— Ah ? Vous venez de Los Angeles ? Bien, bah, le drugstore est juste là, presque en face du saloon ! Je vous souhaite une bonne nuit, Monsieur, lui dit Lino s’apprêtant à partir.
— Oui, Los Angeles est une très grande ville, mais ça ne nous a pas plu, et nous préférions acheter un commerce dans une petite ville. Lorsqu’on nous a parlé de Hill Sky qui n’en avait pas, on a sauté sur l’occasion… mais excusez-moi ça n’a pas l’air d’aller, mon jeune ami, vous avez reçu un coup au visage, on dirait. remarqua l’homme qui venait de descendre du chariot pour mieux s’en assurer.
— Oh ce n’est rien, vous savez c’que c’est, on joue entre amis et puis ça dégénère un peu… lui répondit Lino avec une voix tremblante.
— Vous êtes sûr ? Parce que c’est pas l’impression que vous donnez…
— Non, ne vous inquiétez pas pour moi, c’est rien. Allez… bonne nuit Monsieur, dit Lino en s’éloignant du chariot à petits pas.
— Bonne nuit et à bientôt, répondit l’homme en se grattant la tête.

Il se dit alors à voix basse :

— Pauvre garçon, il a l’air tellement désespéré, j’en ai de la peine pour lui.

Avec un air abattu, le malheureux continua son chemin jusque chez lui. Lino vivait chez Jane O’hara, une dame d’un certain âge, qui tout au long de sa vie, recueillait des enfants seuls ou abandonnés, et s’en occupait comme s’ils étaient les siens. À ce jour, elle avait cinq enfants et le grand Lino qui n’est jamais parti de chez elle malgré son âge. Ce grand dadais était d’une aide précieuse pour Jane, car dû à son âge, elle n’arrivait plus à s’occuper des enfants comme elle le souhaitait.

2

Laissons ce petit monde et faisons un bon dans le futur, et tout particulièrement en l’année 2928 !

La terre entière vit en paix et a fondé un nouveau drapeau aux couleurs orange et blanches, avec les initiales : L.U.C.E., qui veut dire « Liberty and United Country on Earth ». Le dirigeant de ce Monde futur est appelé : « Great Thinker », il est choisi parmi un groupe de jeunes gens venus de différents endroits de la planète, avec une moyenne d’âge de vingt-huit ans. Le dirigeant est élu à vie après un parcours scolaire vertigineux. Mais malgré la paix mondiale, la délinquance et le crime y règnent toujours, et les forces de police mondiale du Great Thinker sont là pour maintenir l’ordre.

Environ deux cents ans auparavant, la terre donna asile à deux espèces différentes d’extra-terrestres qui vivaient sur une même planète. Celle-ci explosa, et laissant derrière eux des milliers de leurs semblables à un destin funeste inévitable, un groupe d’une cinquantaine de rescapés des deux espèces purent s’échapper à temps à bord d’une navette.

La première de ces espèces est les « Stoopi ». Ils n’ont pas de noms ni de prénoms. D’ailleurs, ils s’appellent tous entre eux comme ça. C’est une espèce assez étrange physiquement parlant, car ils ont un corps plutôt étonnant : leur corps est fait d’une sorte de gaz brumeux ! Sur terre, ils sont obligés de vivre dans une enveloppe translucide qui leur sert de combinaison. Ils mesurent tous environ quarante centimètres et ne sont pas plus épais qu’une asperge. Ils ont trois doigts à leurs mains, une tête grosse comme un pamplemousse et un ventre de la taille d’une pomme. La seule chose qui peut, à peu près, les différencier les uns des autres, ce sont leurs cheveux tressés mi-longs de couleurs variées, qui recouvrent la totalité de leurs têtes (une ou plusieurs tresses, suivant les individus). Malgré leurs petites carrures, ils ont une très grande force, une grosse voix, certains ont un mauvais caractère et sont donc constamment en train de râler.

La deuxième espèce est appelée les « Blue Moon Dweller », sûrement due aux cratères qui recouvraient leur planète. Elle ressemblait beaucoup à notre lune, mais leur monde était tout bleu. Ce sont des personnages d’un mètre de hauteur, mince et de couleur orange pâle. Avec une tête proportionnelle à leur corps, ils ont une petite crête orange plus prononcée. Dépourvus d’oreilles et de nez, mais avec des orifices bien présents.

Leurs corps sont élastiques à volonté et d’une très grande résistance aux chocs, et ont trois doigts également à leurs mains. De nature fière, ils ont aussi un sens de la justice très droit, et sont toujours prêts à aider quelqu’un dans le besoin. Au vu de toutes ces qualités, c’est avec logique que tous les « Blue Moon Dweller » ont intégré les forces de police du « Great Thinker ».

On ne sait pas vraiment quel âge ont tous ces E. T. car ils sont plus vieux que la disparition de leur planète.

En l’an 2928, l’architecture mondiale ainsi que les automobiles (dépourvue de roues et qui plane à ras des routes) sont inspirées des tendances Art Déco des années 1920 à 1950. Comme si le monde se prenait de nostalgie pour cette belle époque révolue, qui date quand même de plus d’un millénaire.

Le Great Thinker a ses bureaux dans un quartier de la ville de New Lisbow, en Californie. Son bureau se trouve au treizième étage dans un bâtiment ressemblant fortement au « Chrysler building » de New York, mais en beaucoup plus petit.

Depuis son somptueux bureau spacieux et très richement décoré, il convoqua Dan, un « Blue Moon Dweller » afin de lui confier une mission hautement importante. Dan est un de ses meilleurs agents, qui a déjà résolu d’innombrables missions avec succès. La mission en question est de récupérer un objet très particulier inventé par trois scientifiques, un « Stoopi » et deux humains.

— Dan, je voudrais que tu récupères cet objet et que tu me l’apportes, afin que je le mette en sécurité, dans un lieu fortement sécurisé… évidemment ! Il s’agit d’un objet permettant de voyager dans le temps et l’invention se trouve sur la base Alamo, sur la Lune, là où elle a été inventée, et le but est que le Stoopi scientifique… Ah ! j’en ai assez de les appeler comme ça, il faudrait que je fasse une loi qui les obligerait à avoir un nom et un prénom comme tout l’monde, nom de nom… grogna le Great Thinker agacé.
— Avec tout le respect que je vous dois, nous les avons toujours nommés ainsi, et je pense qu’il faut continuer dans ce sens ! rétorqua Dan.
— Je n’vois pas pourquoi. Tu t’appelles bien Dan, toi… Bon, on en reparlera plus tard… Qu’est-ce que je disais déjà ?
— Vous alliez me parler du but du Stoopi scientifique…
— Ah oui… le but du Stoopi scientifique… donc, le but du Stoopi scientifique est…

Le Great Thinker fut interrompu par l’arrivée du co-équipier de Dan !

Celui-ci est un Stoopi, ses cheveux gris et bleu, avec deux tresses partant de chaque coin de sa bouche (on pourrait presque les prendre pour des moustaches) et une qui part de son front vers le haut, lui permettent de se différencier de ceux de son espèce. Il faut préciser que celui-ci est courageux, vaillant et forme un excellent tandem avec Dan, mais il est aussi maladroit dans ses gestes et paroles et a toujours faim ! Il est aussi un de ceux qui ont toujours mauvais caractère !

— Salut, tout l’monde ! Dan, on mange quoi c’soir ? Parce que je m’suis levé tôt ce matin, et j’ai pas mangé à cause du trio de voleurs qu’on a arrêté ce midi dans la galerie commerciale. T’as dit qu’on mangerait plus tard ! Mais plus tard… c’est quand pour toi ? Bon sang de… fit remarquer le Stoopi affamé, avec sa grosse voie habituelle.
— Hey, Stoopi ! regarde qui est avec moi ! lui ordonna Dan en interrompant son ami.

Regardant Dan, puis tournant lentement la tête vers le Great Thinker. Une lueur de lucidité lui traversa son petit cerveau, et le Stoopi réalisa qui il avait en face de lui !

— Oh pardon Monsieur le Great Thinker, je n’vous avais pas vu… je veux dire, je vous avais pas reconnu… euh, je vous ai pas remarqué… s’exclama le Stoopi en se mettant à genou afin d’être pardonné.
— C’est bon, c’est bon, relève-toi Stoopi ! ordonna son chef.

Le Great Thinker verrouilla sa porte depuis son bureau et s’expliqua :

— Au cas où quelqu’un nous dérangerait à nouveau, dit-il.
— Qui vous a dérangé ? demanda le Stoopi étonné.

Le dirigeant jeta un regard furieux vers le Stoopi mais préféra ne pas répondre.

— Bon, qu’est-ce que… allait dire le Great Thinker avant d’être interrompu à nouveau, par son visiophone cette fois-ci. Il décrocha l’appareil :
— Je suis occupé, pas maintenant ! cria-t-il à son interlocuteur avant de raccrocher.
— Vous vouliez me dire que le but du Stoopi scientifique est de… invita Dan afin que le chef à continuer sa phrase.

Soudain, un gros bruit se fit entendre, c’était le grondement de l’estomac de Stoopi. Celui-ci regardait le Great Thinker avec un grand sourire gêné, en posant ses mains sur sa petite bedaine affamée. Puis il alla s’asseoir sur une chaise près de la fenêtre du bureau.

— Comment… une si petite chose peut faire un aussi gros bruit ? Bon, euh… venons-en à la mission ! marmonna le chef.

Stoopi tourna la tête vers la fenêtre l’air de rien.

— Oui, bon ! continua le dirigeant en scrutant dans son bureau pour voir si quelqu’un d’autre serait susceptible de l’interrompre.
— Le but est que le Stoopi scientifique… invita Dan à nouveau.
— Le but est que le Stoopi scientifique s’en serve pour voyager dans le temps afin de filmer et prendre des photos dans le passé, pour renseigner notre monde avec des détails précis sur son histoire. Le Stoopi scientifique sera témoin de faits historiques pour que nous puissions mieux comprendre l’histoire de nos anciennes civilisations ! raconta le Great Thinker, satisfait de ne pas avoir été interrompu.
— Vous n’avez pas peur qu’il interfère sur des scènes qui pourraient avoir des conséquences dans notre présent ? interrogea Dan.
— Comment on fait pour voyager dans l’temps ? Parce que j’aimerais bien savoir qui m’a piqué tout mon Zloum sucré, hier ! demanda le Stoopi, en parlant d’une friandise de son époque.

Après deux secondes de silence, le Great Thinker continua comme s’il n’avait pas entendu le Stoopi.

— J’espère que non, car grâce à sa petite taille, il pourra se faufiler sans que personne ne le remarque, ainsi il ne perturbera pas le cours de l’histoire, dit le Great Thinker.

Le Stoopi, ne pensant qu’à lui à ce moment, s’écria :

— On mange quoi sur la lune ?

En ne tenant pas compte de la question de Stoopi, Dan demanda :

— Dites-moi… quelle taille fait l’objet ?
— D’après mes renseignements, ça tiendrait dans une main, répondit le chef.
— Merci, Monsieur le Great Thinker, nous partons immédiatement ! Informa Dan, en faisant un signe de tête à son ami pour qu’il le suive.
— Qu’est-ce t’as, toi ? Tu veux ma photo ? questionna le partenaire de Dan, en s’adressant à une statue, faisant mine de la boxer.
— Tchao Great Thinker, dit le Stoopi en faisant signe de la main, pour dire au revoir à son chef.

Le dirigeant leva les yeux au ciel et soupira.

Notre tandem embarqua dans une navette pour deux personnes, à leurs tailles respectives, et décolla en direction de la lune. À peine entrés dans le véhicule spatial que Stoopi se mit à chercher de la nourriture. Mais le casier des vivres ne contenait qu’un paquet de biscuits secs.

— Alors là… c’est inadmissible ! s’estomaqua Stoopi.
— Qu’est-ce qui est inadmissible ? lui demanda son ami.
—