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Deux amis, Christian et Laurent, rêvent de profiter pleinement de la vie. Alors, ils prennent la décision d’investir dans un immeuble et de le louer afin de fructifier leurs revenus. Cependant, l’appât du gain, des femmes et des voitures vont les emmener à l’irréversible ! Et vous, jusqu’où iriez-vous pour une existence meilleure ?
A PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur de plusieurs recueils de poèmes, Laurent Charrier retrouve l’envie d’écrire après une longue période de silence. Location(s) est son deuxième roman publié après La clé de l’histoire.
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Seitenzahl: 108
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Laurent Charrier
Location(s)
Roman
© Lys Bleu Éditions – Laurent Charrier
ISBN : 979-10-377-5316-8
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J’ai l’âge, aujourd’hui, où je peux raconter ma vie. Mes quelques cheveux restants sont blancs, et les rides ont pris possession de mon visage. Au fil du temps, elles m’ont volé ma jeunesse. À l’aide de ma meilleure amie, ma canne, j’arrive encore à me déplacer. Je n’ai plus vingt ans, mais mon esprit reste vif. J’ai toujours su saisir le bon moment, capter la bonne sensation, c’est peut-être pour cela que je décide aujourd’hui de raconter mon histoire, sur ce cahier. Le faire plus tard, sera certainement trop tard. C’est le bon moment ! Je m’appelle Laurent Carlier, je suis âgé de soixante-douze ans. Financièrement, je suis aisé. Je possède à peu près tout ce qu’un homme désire posséder. Je possède une belle maison avec vue sur mer, de l’argent, de belles voitures, et la certitude d’avoir vécu comme je l’entendais. La fortune n’est pas venue à moi toute seule ! D’une certaine manière, j’ai dû beaucoup transpirer pour avoir la vie dont j’ai toujours rêvé. Je ne peux pas dire que j’étais un cancre à l’école, mais je n’effectuais que le strict nécessaire. De cette façon, mes parents étaient plus ou moins satisfaits de mes bulletins scolaires. Bien sûr, comme tous parents, ils espéraient toujours davantage. Avec des notes moyennes, j’avais la paix à la maison ! L’école m’a assez vite laissé tomber. Ou plutôt, j’ai vite compris qu’écouter toute la journée un professeur n’allait pas me convenir. Je savais dès la sortie du collège ce que je voulais faire de ma vie professionnelle. Je voulais gagner de l’argent. Peu importe le travail à effectuer. Plus pour rassurer mes parents, que par envie, je prolongeais ma lassitude jusqu’aux bancs du lycée. Je n’effectuai que deux trimestres. Cette année-là, mes parents disparaissaient dans un accident de voiture. Ce fut un réel traumatisme. Je ne m’en suis peut-être jamais vraiment remis. Perdre ses parents en un claquement de doigts, comme cela est d’une violence inouïe ! Après la tragédie, tout se bouscula à une vitesse folle ! Resté à la maison, les gendarmes m’apprenaient la nouvelle, et j’embarquai dans leur auto, direction l’hôpital. Selon leurs informations, à ce moment précis, mes parents étaient encore en vie. Mais leurs pronostics vitaux étaient engagés ! Arrivés aux urgences, je n’avais pas encore franchi les portes du service, que l’on me confia la terrible nouvelle. Plus de grands-parents, pas d’oncle ou de tante, je me retrouvai seul au monde ! Mes parents n’étaient pas propriétaires, nous vivions dans un petit immeuble au 2e étage. Je n’ai jamais aimé cet endroit, il était impersonnel, et tous les bâtiments se ressemblaient. Nous n’étions pas tristes d’habiter dans cet appartement, mais nous n’étions pas heureux non plus. Étant majeur depuis peu, je pus refuser la proposition qui m’était faite d’intégrer un foyer pour jeune. Des souvenirs de ce lieu, je n’ai gardé qu’une seule photo ! Nous étions tous les trois dessus. Une époque dont avec le recul, je n’ai pas su profiter de sa saveur. J’avais demandé au gardien de l’immeuble, avec qui nous avions de bonnes relations, de s’occuper d’une vente aux enchères pour les meubles et les différents objets restants. Il accepta tout de suite, sans hésitation. De maison en maison, je faisais suivre mon sac, chez des copains de classe. Ma situation avait bouleversé tout le lycée ! Deux ou trois jours plus tard, je ne me rappelle plus, le gardien me recontacta, il devait me remettre l’argent du vide maison. Ce n’était pas une grosse somme, 26 355 Francs. L’argent en poche, je quittais définitivement la vie de lycéen. Je n’avais plus de raisons d’y rester. J’avais refusé également toutes les aides proposées par le rectorat. Moralement, j’étais assez costaud. Bien plus d’un aurait sombré dans la déprime ou dans la folie. Moi non, une seule obsession, bien vivre. J’avais trop longtemps vécu des petites économies de mes parents, à calculer sans cesse si nous pouvions dîner au restaurant ou pas ! Hors de question de revivre cette période à compter ses sous ! Je laissai cette vie d’adolescent derrière moi, et commençai très vite à travailler. J’ai pratiqué le porte-à-porte, un travail complètement révolu aujourd’hui, mais qui m’a permis au fil des années de mettre un peu d’argent de côté. Ce petit pécule, et un peu d’argent qu’il me restait du vide maison, je l’ai investi dans un petit commerce, une mercerie. La vieille dame qui désirait vendre son bien m’avait grandement aidé ! Je ne connaissais absolument rien au métier de commerçant ! Touchée par mon tragique destin, elle me guida pas à pas dans le monde du travail, et généreusement, me proposa un prix pour son bien défiant toute concurrence. Quelle gentille personne ! Ce n’était vraiment pas un métier de rêve, mais je parvenais tout de même à me verser un salaire quelques mois plus tard après le départ définitif de mon mentor. Je fus assez ému qu’elle me quitte, mais sa décision de prendre sa retraite était ferme. Ma sympathie finissait par payer. J’étais parvenu à fidéliser des clients et ma charge de travail s’en trouvait plus conséquente. J’étais de plus en plus en retard sur mes commandes et les factures. À l’étage se trouvait mon petit studio, rien d’extraordinaire, mais c’était mon premier chez moi. C’est bête, mais des années plus tard, c’est quelque chose que l’on n’oublie pas. Lorsque l’affluence était moindre, je montais le petit escalier en bois, et m’octroyais une petite bière. En me rafraîchissant, je me laissais aller à rêver tout simplement. Par la fenêtre, je dominais légèrement le quartier, et m’amusais à comparer les différents métiers qui s’agitaient devant moi. Certains, me rendaient envieux, d’autres me faisaient prendre conscience de la chance que j’avais de travailler à l’abri du froid et du vent. Au tout début de mon acquisition, j’ouvrais le magasin du lundi matin au samedi soir, quasiment non-stop. Je ne comptais pas mes heures, mais je m’aperçus vite que le samedi après-midi était souvent calme. Étant donné que ma clientèle était exclusivement des connaissances, ils apprirent avec compréhension, mon choix, tout d’abord de fermer le samedi après-midi, et quelques semaines plus tard, le matin. Cela me permit de sortir les fins de semaine, et ainsi, de faire la fête. Je n’étais pas riche, mais je pouvais me permettre de faire la tournée des grands Ducs ! J’allais de bar en bar, rencontrer de nouvelles têtes, discuter de nos vies respectives, nos galères, boire des coups. Bref, se lâcher ! Non vraiment sans le vouloir, je finissais par m’associer à un jeune homme, ambitieux comme moi. Christian Grouillin. Avec Christian, nous nous sommes rencontrés par hasard, un vendredi soir dans un bar. Accoudés tous les deux au comptoir, je lui renversais son verre par mégarde, et pour me faire pardonner, je lui en offrais un autre. Physiquement, nous nous ressemblions sauf à un détail près, il avait une fine moustache brune qui renforçait son côté gentleman. Ce soir-là, je me rappelle très bien avoir évoqué avec lui, tous nos rêves et nos envies. Très vite, nous sommes devenus proches et inséparables. Nous nous sommes retrouvés tous les week-ends suivants ! Il venait de quitter son emploi à la poste, et désirait se projeter vers d’autres horizons. Comme moi, il souhaitait profiter de la vie. Mais pour se faire plaisir, il faut de l’argent. Très vite, je lui proposai de travailler avec moi. C’était comme une évidence, cela ne s’explique pas. Une personne croise votre route, et sans même vous parler, vous continuez votre chemin ensemble. Il s’intégra très vite au sein de la mercerie, et lorsque je le pouvais, je lui augmentais son salaire. En très peu de temps, il devenait mon associé sans avoir mis un centime dans la petite structure. L’évidence pour nous était que la mercerie ne serait qu’une passerelle professionnelle. Deux, trois années, tout au plus pour investir dans un autre projet. Nous avions de l’ambition, et des envies de bien vivre. Des rêves d’enfants que nous voulions voir devenir réalité. Ils n’étaient pas démesurés comme certains, mais de l’argent, des voitures, des femmes et de beaux hôtels ! Rien de bien extravagant. Notre mercerie n’était pas très lucrative. Elle nous demandait beaucoup de présence pour peu de reconnaissance. Les gens étaient parfois culottés et osaient souvent, sans aucun scrupule, nous retourner des objets qu’ils avaient eux-mêmes cassés, en prétextant un défaut de fabrication. Si j’avais dû compter le nombre de fois où nous avons lâché des sourires commerciaux, le chiffre serait énorme. C’était notre première affaire et nous étions malgré tout satisfaits.
— Christian, j’ai calculé l’argent que nous avons pu mettre de côté. Cela fait deux ans passés que nous travaillons ensemble. Sais-tu combien nous avons pu épargner ?
— Non, mais lorsque je vois l’expression de ton visage, je devine un mauvais chiffre ! Je me trompe ?
— 112 550 Francs !
— Ce n’est pas si mal ! Effectivement. Mais pour investir dans l’achat d’une maison, cette somme est trop basse.
— Il va peut-être falloir penser à changer de commerce. Comme je te l’ai déjà dit, l’idéal serait d’avoir assez d’argent pour acheter un petit appartement. Ensuite, nous pourrions le mettre en location, et se partager les mensualités.
— Je suis d’accord avec toi. Mais à Montpellier, pour acquérir un bien, il nous faudrait au moins 200 000 Francs. Oublions les appartements trop récents, et projetons-nous sur des logements plus anciens. Tu es bon bricoleur, nous pourrions envisager d’acheter à bas prix, et procéder à quelques travaux. Qu’en dis-tu ?
— Oui, pourquoi pas. L’idée me plaît bien.
— Je suis ravi que tu sois d’accord avec moi ! Si j’étais une femme, je me marierais avec toi !
— Au lieu de dire des bêtises, sers-nous un verre de vin ! De toute façon, il est l’heure de fermer. Baisse le rideau, veux-tu ?
— Encore une journée très moyenne !
— Effectivement, une de plus !
Ce soir-là, nous pouvons dire que c’était un tournant dans notre histoire. Les chiffres de ces derniers jours n’étaient pas bons du tout, et cette mauvaise situation nous poussa vers une remise en question déjà pressentie. Quelques jours plus tard, nous vendions la petite mercerie à un jeune couple. Nous ne l’avions pas pris comme un échec professionnel, plutôt une marche à gravir, une expérience. Malheureusement, ce genre de commerce était en perdition. Nous le quittions pour une bouchée de pain. Le jour de la remise des clés, nous avions tous les deux un pincement au cœur. C’était le début de notre aventure, si je puis dire ! Mais Christian et moi, depuis le début de notre relation, rêvions d’avoir une vie meilleure, aisée. Il faut l’avouer, nous ne voulions plus trop travailler. Je pense qu’il faut être passionné pour tenir un commerce, et tous les deux nous n’avions pas la flamme. Seul le contact humain paraissait vraiment nous intéresser. En tous cas, nous ne voulions plus accumuler les heures comme nous l’avions fait ces dernières années. Tout juste la trentaine franchie, nous aspirions à plus profiter de la vie, sortir, rencontrer des femmes, s’amuser. Nous étions des célibataires endurcis. Nous étions tous les deux charmants, sans vantardise de ma part, mais nos relations n’étaient jamais sérieuses. Cela nous arrangeait bien finalement. Pas de compte à rendre, libre comme l’air et personne pour brider nos ambitions. Quelque temps après la vente de notre commerce, Christian et moi emménagions dans un petit appartement, quelques kilomètres plus loin. Les dépenses étaient encore un peu plus amoindries. Son loyer en moins et la petite vente de la mercerie augmentait un peu notre capital. Nous habitions à cette époque au 10 Place Roger Salengro à Montpellier. Notre appartement se situait juste en face d’un petit parc portant le même nom. C’était un endroit calme, en plein cœur de la ville. Dans le quartier se trouvaient quelques commerces. Une boucherie, une pharmacie, un bar, une épicerie et un peu plus loin, une fleuriste. Une petite ville dans la ville. Presque tout le monde se connaissait. Nous vivions un peu en dehors du temps et de ses avancées technologiques. Le temps dans ce lieu semblait s’être arrêté au début des années 70. C’est ce qui faisait son charme, et personne ne voulait vraiment quitter ces décors anciens. Souvent le samedi midi, nous descendions au bar, boire quelques verres et refaire le monde. Un vrai bar des années 60, avec de la musique en fond, des cacahuètes, tombées sur le comptoir en zinc, desséchées. Au sol, un carrelage noir et blanc à carreaux rappelant sans difficulté ces célèbres chaussures à lacets.
— Qu’est-ce que tu veux boire Christian ?