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Alors que Louis et Marie, unis par des années de complicité, s’apprêtent à s’élancer vers de nouveaux horizons, un bouleversement les frappe de plein fouet : le diagnostic du cancer de Marie. Débute pour eux une épreuve où chaque instant se transforme en une lutte silencieuse contre la douleur et la fatigue, un chemin d’endurance partagé dans les regards et les gestes tendres. À travers les nuits blanches et les séances épuisantes, ils puisent dans leur amour la force de s’épauler, d’oser encore croire en demain. Ce récit nous dévoile une poésie de l’invisible, une ténacité douce qui éclaire même les recoins les plus sombres. Hymne à la résilience, il nous rappelle que, parfois, la vie, dans toute sa fragilité, sait encore murmurer l’espoir.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Antonio Carrozza, diplômé de grandes écoles et auteur de deux livres techniques pour commerciaux, trouve dans l’écriture une précieuse échappatoire à la routine. Inspiré, pour ce roman, par une rencontre onirique avec un certain Louis, il mêle habilement réalité et imaginaire, donnant vie à un récit intense où chacun peut se reconnaître.
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Seitenzahl: 249
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Antonio Carrozza
Louis
Roman
© Lys Bleu Éditions – Antonio Carrozza
ISBN : 979-10-422-5223-6
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La force d’un amour à l’épreuve de la vie
Il était 6 h 15 du matin quand Louis ouvrit les yeux. Sa vue se dirigea comme tous les matins sur la porte-fenêtre. Celle-ci donnait sur un balcon duquel Louis pouvait admirer au loin les montagnes, et même si c’était le 20 juin, le premier jour d’été, il pouvait profiter de la vue sur les cimes encore légèrement enneigées.
Comme tous les matins après avoir sondé le ciel, il se leva, se dirigea vers la cuisine et mit en route sa machine à café. Louis aimait le bon café, son odeur, son goût, son corps ; depuis plusieurs années, après un voyage à Vérone, en Italie, où il avait découvert un café 100 % arabica du Guatemala, il ne buvait que celui-ci. « En grains, c’est meilleur », disait Louis en flattant et caressant sa machine. Moulu à la demande, ainsi il pouvait sentir l’arôme avant même que le café puisse couler. Il connaissait parfaitement le cheminement de la machine, et si un des bruits habituels devenait inhabituel, Louis comprenait de suite que sa machine avait besoin de nettoyage ou simplement d’attention. Comme d’habitude, le temps que la LED de préchauffe clignote l’informant de la mise en chauffe, Louis prit sa tasse préférée, une cuillère, un sucre et alla au frigo prendre sa petite bouteille de lait. Louis aimait le café pour son corps et sa douceur et il rajoutait toujours, a contrario d’un puritain du café, son sucre, il disait : « Cela m’apporte du baume au cœur. »
Il y a maintenant plus de deux ans, sa femme Marie lui avait supprimé son petit carré de sucre, non pas par méchanceté, mais plutôt par bienveillance, car quelques examens sanguins, réalisés suite à un malaise au travail, avaient révélé que la glycémie était un peu élevée. Et même si le médecin leur avait dit de ne pas s’inquiéter, Marie se faisait du souci pour son époux. Cette mise au régime de sucre dura 5 jours, après quoi, Marie qui constatait chaque jour le sourire manquant de Louis abandonna cette idée, elle préférait voir le visage de Louis éclairé plutôt qu’éteint. Le sixième jour, soit le dimanche matin, seul jour où Louis se permettait de faire la grasse matinée jusqu’à parfois huit heures du matin, Marie en avait profité pour se lever avant lui, afin d’acheter une baguette de pain et deux croissants.
Louis se leva, regarda le ciel et alla dans la cuisine où il trouva une tasse avec un sucre, une cuillère, la bouteille de lait et un mot doux. « Je préfère quand tu souris, je t’aime, mon amour ». Après cinq jours de pincement au cœur, Louis retrouva son sourire, pour son sucre et pour ces belles paroles.
En ouvrant son frigo pour ranger la bouteille de lait, il posa, comme tous les matins, son regard sur un tableau aimanté que Marie avait acheté il y a bien des années. Elle avait pris l’habitude d’écrire tous les matins l’ordre du jour pour elle-même et surtout pour Louis.
« Louis, n’oublie pas de laver la tasse. »
« Louis, n’oublie pas de passer l’éponge sur la table. »
« Louis, n’oublie pas ton déjeuner et ta bouteille d’eau. »
« Louis n’oublie pas, n’oublie pas, n’oublie pas », suivit d’un cœur.
C’étaient les derniers mots que Marie avait écrits sur ce tableau, avant qu’elle ne décide de partir, de le laisser seul, de vivre une autre aventure, comme elle disait. De l’abandonner après 41 ans de vie de couple et 40 ans de mariage, qu’ils avaient fêté le 29 février, année exceptionnelle pour une vie exceptionnelle.
Une vie simple, faite de bonheur et de malheurs, de rires et de pleurs, de bons et de mauvais souvenirs, couple solide grâce à leur amour réciproque. On dit que dans un couple, il y a toujours une personne qui aime plus que l’autre, eux non, c’était l’exception, leur amour avait le même poids.
Ils partaient au travail le matin en s’embrassant comme au premier jour, ils se retrouvaient le soir en rentrant avec impatience, ils préparaient les repas ensemble, rangeant la cuisine ensemble, choisissant un film ensemble, et ensemble ils se mettaient sous un plaid, même en été.
Avant le début du film, Louis préparait tous les soirs une camomille, afin de s’apaiser et de passer une bonne nuit.
Il n’avait plus rien écrit sur ce tableau et s’était promis de ne jamais l’effacer, à l’exception d’un rappel d’une visite médicale que Marie avait soigneusement noté, mais qui ne servait à rien, car, comme Louis, elle appréhendait en cachette cet examen. « Mammographie au centre de radiologie, le 22 novembre à 14 h 15. »
Marie ressentait depuis quelques mois des douleurs au sein gauche. Elle avait pris un rendez-vous de contrôle chez son médecin généraliste, lequel lui avait prescrit une mammographie, afin d’enlever de possibles doutes.
Le matin du 22 novembre, Marie chercha encore à tranquilliser Louis, qui nonobstant son bon café sucré, avait perdu son sourire et était blanc comme un linceul. « Ne t’inquiète pas, Louis, ce n’est qu’un examen de routine que toutes les femmes doivent faire à partir de 40 ans, et ce, tous les 2 ans et, pour ma part, je ne l’ai jamais fait. »
Elle lui annonça le menu du dîner : « un bon pot-au-feu, comme tu aimes », lui avait-elle dit. Mais Louis était trop angoissé, son estomac était noué, son esprit était parasité par la peur.
« Examen de routine », c’est ce qui était inscrit sur le site web de l’hôpital. Louis le savait, car bien qu’il n’utilisât que très peu Internet, il avait vérifié la définition d’une mammographie :
« La mammographie est une radiographie des seins qui permet de détecter des anomalies. Elle est réalisée lors du dépistage du cancer du sein ou en présence de symptômes. »
Louis s’en voulait de ne pas l’avoir accompagnée, il avait pourtant bien insisté, mais Marie voulait y aller seule, « si tu viens, je vais encore plus angoisser », lui avait-elle avoué.
La journée passa très lentement… Louis regardait en continu sa montre ce qui provoqua un ralentissement du temps ; il appela plusieurs fois Marie, qui ne répondit qu’au septième appel. Avant qu’il ne puisse prononcer un mot, Marie anticipa et lui dit : « tout va bien, ne t’inquiète pas, on se voit à la maison ». Il manquait encore 4 h à la fin de son service ; il était chef d’équipe dans une société de logistique, qui avait changé innombrablement de fois de propriétaire, mais lui, il était resté fidèle à son poste depuis la création, il y a maintenant 42 ans. Encore quelques mois et il serait enfin à la retraite, il serait enfin au côté de Marie le plus possible.
De nombreuses fois, ils se projetèrent dans des voyages imaginaires, sur des îles paradisiaques, dans des pays à l’autre bout du monde, sous des cascades… Et leurs seules connaissances pour ces lieux lointains s’appuyaient sur des revues et des documentaires, voyages qu’ils organiseraient à partir de l’année prochaine. C’est ce qu’ils se disaient chaque soir.
Marie, quant à elle, avait arrêté son travail au premier jour de cette année, elle était comptable au sein d’un très grand groupe. À cette occasion, l’entreprise lui avait versé une prime de départ confortable, « ça, c’est une sacrée prime », avait dit Louis en voyant le chèque.
Elle demanda sa pension et reçut son premier revenu le 1er novembre. La somme versée comprenait les retards de versement, dus à la lenteur administrative dans la gestion de son dossier, soit 6 mois versés en une seule fois. Avec cette somme en y rajoutant sa prime, ils avaient décidé d’acheter une nouvelle voiture, afin de pouvoir parcourir les routes en toute sécurité. Achat qui restait jusqu’à présent, comme pour les voyages, dans le tiroir des projets.
Louis arriva chez lui, comme tous les jours à 17 h, il rentra sa voiture dans le garage, enleva ces chaussures, mit ses pantoufles et rejoignit Marie qui était déjà à l’œuvre dans la cuisine. Il s’approcha d’elle, et l’embrassa fortement en lui donnant un baiser dans le cou : « je t’aime tellement », lui dit-il. « Moi aussi je t’aime tellement », répondit Marie avec un sourire et, sachant que son amour voulait tout savoir sur cet examen, elle anticipa.
Louis se remémorait en continu cet instant, car c’était la dernière fois qu’il put admirer ce visage empreint d’un réel sourire profond, celui qui part du pincement des yeux, au gonflement des joues, aux lèvres en virgules faisant apparaître ces dents brillantes et blanches. Il ne verrait plus jamais ce visage éclairé plein d’amour et de joie, Louis se remémora cet instant à chaque fois qu’il pensait à Marie et, chaque fois, cela lui provoqua un pincement au cœur.
Le lundi suivant, comme tous les matins, il embrassa Marie et ils se souhaitèrent une bonne journée.
La journée passa plus rapidement que le vendredi précédent. Même si cela faisait un lustre qu’il travaillait dans cette entreprise, Louis aimait bien son job. Il salua tout le monde de la main comme à son habitude, s’installa dans sa voiture et rentra chez lui. Il n’habitait qu’à 10 min de là, mais fit un léger détour par le centre-ville, afin d’acheter un bouquet de fleurs. Louis avait pris cette habitude, 1 fois par mois, il rapportait des fleurs de saison à sa douce.
Il rentra le véhicule dans le garage, mis ses pantoufles, se dirigea vers la cuisine et vit Marie assise à table, la tête baissée comme pour lire un magazine, mains croisées et jambe qui gigotait légèrement, comme pour évacuer un stress.
Sans le vouloir, il fit tomber les fleurs, se baissa, les ramassa et les posa délicatement sur la table. Il s’assit et demanda :
Marie leva légèrement la tête.
Louis comprit qu’il ne devait pas rajouter du stress à sa femme, il se leva et dit d’une voix calme et confiante :
Cette urgence fit blanchir Louis qui tournait le dos à la table, faisant mine de préparer le repas. Il sentit une sueur froide dans le corps et une sorte de courant électrique, qui ressemblait à un mélange de peur et de panique. Il se ressaisit et continua la préparation du repas.
« Je fais simplement des œufs au plat avec des champignons », dit Louis en se retournant, Marie fit un signe d’approbation de la tête, elle n’avait pas vraiment faim, mais même dans ces moments difficiles, elle savait qu’elle devait être forte, afin d’éviter que son mari s’écroule.
À table, Louis resta silencieux ne sachant quoi dire. Il leva les yeux de son plat et regarda Marie, juste au moment où il vit une larme tomber dans l’assiette, il se leva tranquillement et alla étreindre sa bien-aimée.
Louis, ne sachant quoi répondre, fit parler son cœur :
« Tu seras toujours la plus belle, tu seras toujours MA plus belle. »
Marie avait effectivement de très beaux seins, ni gros ni petits et fermes. Même si elle avait 60 ans, ses seins tenaient encore seuls, sans besoin de soutien-gorge, comme une jeune de vingt ans, disait sa voisine Miriame, une mère célibataire qui avait emménagé dans la maison voisine, il y avait tout juste deux ans. À seulement 32 ans, elle avait déjà trois enfants de trois maris différents, son credo était « dès qu’il casse les couilles, je le vire », on ne peut pas dire qu’elle eut un langage vraiment soutenu, mais Marie l’aimait bien, elle la voyait plus comme une enfant un peu égarée, qui a simplement besoin d’être épaulée.
A contrario, Louis ne l’aimait pas du tout, il avait toujours peur que cette dévergondée ne mette des idées saugrenues dans la tête de Marie.
Louis décida contre l’avis de Marie de prendre un jour de repos. Il voulait absolument l’accompagner pour cette visite, car même si sa femme ne voulait pas, il sentait qu’elle avait besoin de soutien, et hors de question qu’elle se fasse accompagner par Miriame.
L’hôpital n’était pas très loin, tout au plus 30 min de voiture. Ce trajet fut accompagné d’un silence inhabituel, chacun ne sachant quoi dire. Marie avait peur du résultat final et de la décision, Louis avait peur, tout court.
Arrivés à l’hôpital, ils allèrent au centre des consultations et suivirent les flèches colorées à terre. Ils arrivèrent au fond du couloir où était installé un panneau indiquant « salle d’attente pour les consultations ». À l’entrée de cette salle, il y avait une petite machine semblable à un distributeur simplifié de billets, Marie nota la machine et suivit les instructions, elle appuya sur le bouton et inséra sa carte de sécurité sociale. Un message apparut : « Mme Blanc Marie, rendez-vous avec le Docteur Hebert à 9 h 30, merci de récupérer votre ticket et de patienter dans la salle d’attente. »
Il y avait peu de monde à cette heure-ci, Marie et Louis s’assirent au fond de la salle, proche de la fenêtre. De cette position, ils pouvaient voir l’écran qui affichait le numéro de ticket ainsi que le numéro du bureau où ils devaient se rendre.
Après seulement 10 min d’attente, l’écran afficha « numéro 5 bureau 023, ligne jaune ». Ils se levèrent et suivirent la ligne jaune jusqu’au bureau 023. La porte était grande ouverte, il y avait un médecin assis, qui tapait sûrement un rapport sur son clavier et en même temps dictait un compte rendu sur un petit VoiceTracer de la marque Phillips. Il leur fit signe de rentrer et de s’asseoir, tout en continuant de dicter son rapport sur la patiente précédente. Marie regardait le médecin dans l’attente qu’il finisse et Louis inspecta le cabinet, les livres, les revues, les diplômes.
Quand il eut terminé son rapport, il salua correctement Marie et Louis puis ouvrit un dossier.
Louis n’osa pas regarder, car même si c’était un docteur, il n’aimait pas vraiment que d’autres personnes, surtout un homme, touchent sa femme.
Marie indiqua un point en particulier situé sous le sein gauche. Docteur Hebert leva légèrement le sein de la main gauche et appuya sur différents points avec l’autre main, quand Marie sursauta légèrement. Il appuya plus précisément avec l’index, jusqu’à ce qu’il sente une légère boule.
Un peu gênée par ses tétons durcis à cause du léger froid qu’il y avait dans le cabinet, Marie mit son pull rapidement et rangea son soutien-gorge dans son sac à main.
Le docteur avait déjà enlevé ses gants, s’était rassis et contrôla son agenda.
Il tendit une feuille à Marie, qu’elle devait remettre à l’accueil, et finalement Louis posa sa question :
À ces mots et sans rien dire, le médecin leur serra la main, les salua et s’assit de nouveau en appuyant sur un bouton pour appeler le prochain patient.
En rentrant chez eux, alors que le silence faisait de nouveau loi dans la voiture, Louis lança :
Le jeudi 12 décembre, Louis avait pris sa journée, car il était inconcevable de laisser Marie y aller seule.
Ils arrivèrent à l’hôpital avec 45 minutes d’avance. Louis alla directement à l’accueil en passant devant Marie, chose qu’il faisait rarement.
« Bonjour, nous avons rendez-vous avec le docteur Hebert », dit Louis, sans attendre l’invitation de l’employé, mais Valentine, qui était exceptionnellement l’infirmière de l’accueil ce jour-là, ne le bloqua pas. Elle connaissait bien le docteur Hebert ainsi que le type de patients qu’il recevait. De plus, c’était son chef direct, car, mis à part cette matinée où on lui avait demandé si elle pouvait remplacer quelqu’un pendant deux heures, elle était infirmière au troisième étage, département d’oncologie.
Marie fit signe de la tête en faisant comprendre qu’elle avait bien compris, mais qu’elle était incapable de parler, car le stress lui serrait la gorge.
Marie n’avait jamais connu une quelconque opération et n’était pas familière avec le milieu hospitalier, qu’elle n’avait fréquenté que pour l’accouchement de ces 2 filles. Louis, quant à lui, avait une seule expérience à son tableau, expérience due à la chute d’un carton sur son épaule lors du déménagement du dépôt dans lequel il travaillait ; d’ailleurs, il avait eu plus de peur que de mal, car à première vue le médecin de garde aux urgences avait déclaré qu’il pensait que l’épaule était cassée, alors qu’in fine c’était une contusion, forte certes, mais cela restait moins dramatique qu’un os cassé.
Après avoir clôturé le dossier d’admission, Valentine, en voyant la peur sur le visage de Marie s’installer, lui proposa de l’accompagner, elle se retourna vers sa collègue qui était au téléphone et lui fit un simple geste de la main, signifiant ainsi qu’elle serait de retour d’ici peu.
Ils prirent l’ascenseur dans lequel une douce musique de tranquillité résonnait dans de minuscules haut-parleurs en dessous des boutons d’étage. Arrivée au troisième étage, Valentine les accompagna et les fit entrer dans la chambre 308 :
Louis ne sachant quoi dire était concentré à lire les documents que l’infirmière lui avait remis et après 5 minutes à attendre sans prononcer un seul mot, il leva les yeux sur sa femme et lui demanda si elle avait besoin d’aide. « Ne t’inquiète pas, je peux encore me déshabiller », avait répondu un peu sèchement Marie.
Valentine revint suivie d’Isabelle, l’infirmière-chef.
Voyant que Marie avait des yeux grands ouverts quand elle prononça « bloc opératoire », Isabelle comprit qu’elle devait la tranquilliser sans trop en faire.
Après toutes ces explications dont Marie n’en comprit qu’un dixième, elle réussit à prononcer timidement un petit « oui ».
Isabelle, qui était déjà prête à sortir de la chambre, s’arrêta, le regarda brièvement et lui répondit sèchement, sans le sourire tranquillisant :
Louis regarda son épouse s’éloigner sur un brancard le long du couloir, prendre l’ascenseur et disparaître. Il resta encore quelques minutes debout à regarder au loin, figé devant la porte de la chambre. Ce fut la toux d’un des patients de la chambre 306 qui le fit sortir de sa légère léthargie.
Étant habitué au café de sa propre machine, il ne fit pas le difficile, le distributeur étant le même qu’à son travail. En général, Louis se prenait, soit un chocolat chaud le matin, soit un thé l’après-midi. Il s’assit, prit un journal sur la petite table en face des chaises et dégusta son cappuccino industriel tout en lisant des articles datant de 3 ans.
Marie, quant à elle, était allongée sur un lit légèrement frais, une sorte de tube autour d’elle, comme si elle était dans un tunnel étroit. Le radiologue lui avait mis un casque avec une musique de fond, afin que le « boom boom » de la machine la dérange le moins possible.
Seule dans ce coffre, elle eut l’étrange sensation de claustrophobie et, pire encore, d’un cercueil. Elle pensa à la rumeur qui dit que quand vous êtes sur le point de mourir, vous voyez votre vie défiler sous vos yeux. Marie ne vit rien de tel, elle se rappela seulement les bons moments passés avec son mari et ses filles.
20 minutes plus tard, quand l’examen fut terminé, le radiologue donna deux images à l’assistante pour qu’elle les porte au chirurgien, accompagnée d’un message indiquant que le rapport final lui arriverait dans 15 min au plus tard.
Marie fut amenée au bloc opératoire où un chirurgien l’attendait pour faire sa biopsie.
Il y avait 2 infirmières, l’anesthésiste et le médecin, tous habillés en astronaute, couverts de la tête aux pieds, certains en vert et d’autres en blanc. Marie reconnut l’infirmière Valentine, qui lui prit la main en lui disant que tout allait bien se passer, qu’elle ne sentirait rien.
Une grosse horloge était accrochée au-dessus de la porte. Couchée à attendre la préparation de l’acte, son regard ne pouvait l’éviter ; « peut-être était-ce fait exprès », pensa-t-elle.
« Suivant le résultat de l’IRM, je vais pratiquer deux biopsies en thoracoscopie », dit le médecin à voix haute.
Valentine avait raison et effectivement, mis à part un picotement dû à l’aiguille de la seringue de l’anesthésiste, Marie ne sentit rien, le médecin passa la sonde pour l’échographie sur son sein gauche, regarda un écran, s’arrêta et introduit un pistolet de prélèvement. Il le retira et versa le contenu dans un petit flacon que l’infirmière tenait.
Ensuite il prit un autre pistolet de prélèvement, déplaça légèrement la sonde sous le sein gauche, fit une nouvelle anesthésie locale, patienta 1 minute et effectua le second prélèvement, mit le contenu dans un autre petit flacon. Marie vit seulement l’infirmière qui était à sa gauche mettre des étiquettes sur le dernier flacon, et les protéger dans une petite sacoche. Elle s’apprêtait à partir quand le chirurgien lui donna l’ordre d’envoyer de suite les échantillons au laboratoire.
Les infirmières, encore présentes dans le bloc, lui retirèrent le champ de soin et la nettoyèrent délicatement.
Valentine lui mit un drap léger qui couvrit les seins de Marie.
Un brancardier prit en main le lit sur roulettes, entra dans l’ascenseur et appuya sur le bouton 3e étage.
Elle eut juste le temps de s’habiller, quand son Louis entra avec Valentine. « Ça va, Marie ? » demanda-t-il, en précisant qu’il était au coin café.
Valentine, qui attendait patiemment que le couple finisse leur petite discussion, enchaîna :
Valentine sortit de la chambre et quelques minutes plus tard, Marie s’endormit. Louis, assis proche d’elle, lui tenait la main, n’osant poser aucune question, il préféra reporter ce moment.
Quelques heures plus tard, alors que Marie venait d’ouvrir les yeux, le médecin Yvan Hebert entra dans la chambre, accompagné d’Isabelle, l’infirmière-chef. Il demanda à Marie et à Louis de s’asseoir et, debout tel un professeur d’école, il déroula son pronostic. La seule chose que Louis retint était : « il y a deux probables tumeurs, une au sein gauche, très petite, et l’autre sur le poumon gauche – vous devrez revenir – faire de la chimio… » quelque chose ça, le pire fut « ça ne va pas être facile ».
Le docteur, qui ne prit nullement en compte le regard inquiétant du couple Blanc, continua :
Il finit par :
Et même si, en cœur, Marie et Louis répondirent « non », en réalité ils en avaient tellement, qu’ils ne savaient par où commencer.
L’infirmière-chef était plus posée, plus calme et allait prendre son temps.
À ces derniers mots, Marie sourit, car ce qu’elle redoutait le plus était une ablation totale du sein gauche.
Isabelle remit une feuille avec différents rendez-vous. Le premier était le lundi 16 décembre, ensuite le 03 janvier et le 16 janvier, au matin à 8 h 30 et si possible à jeun. Plus un rendez-vous de contrôle sanguin le 8 janvier.
« Nous allons suivre un protocole qui consiste à faire une injection à intervalle de 12 jours dans la mesure du possible. Quelques jours après la deuxième injection, nous ferons un prélèvement sanguin, afin de vérifier toutes les valeurs et une semaine après la dernière injection, nous programmerons une IRM, soit pour le 22 janvier. Ceci nous permettra de faire un protocole de 3 injections et une IRM huit jours plus tard. Entre-temps,