Marion Jones - Harriet Beecher Stowe - E-Book

Marion Jones E-Book

Harriet Beecher-Stowe

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Beschreibung

Elizabeth Harriet Beecher Stowe, née le 14 juin 1811 à Litchfield et décédée le 1er juillet 1896 à Hartford, est une femme de lettres américaine, abolitionniste. Elle est principalement connue pour être l'auteur de "La Case de l'oncle Tom" (1852), une représentation de la vie des Afro-Américains sous l'esclavage. Le roman se vend à des millions d'exemplaires et exerce une influence notable aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il alimente les forces anti-esclavagistes dans le nord-américain, tout en provoquant une colère largement répandue dans le Sud. Elle a écrit plus de 20 livres, dont des romans, trois mémoires de voyage et des collections d'articles et de lettres. Elizabeth Harriet Beecher Stowe a exercé une influence à la fois par ses écrits et ses prises de position publiques sur des questions sociales contemporaines.

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Marion Jones

Quelle variété infinie de beautés dans la nature ! Que d’espèces différentes dans la seule nature humaine ! La fleur et l’activité de l’enfance, la fraîcheur et l’entier développement de la jeunesse, la dignité de l’âge mûr, la douceur de la femme, toutes variétés multiples, mais parfaites dans leur espèce.

Mais rien n’approche de l’image du ciel comme la beauté du vieillard chrétien. C’est comme le charme de ces paisibles journées d’automne, lorsque les fortes chaleurs d’été ont disparu, que la moisson est en sûreté dans la grange, et que le soleil répand ses derniers feux sur les champs nivelés et les feuilles jaunissantes. C’est la beauté plus sévèrement morale, plus rapprochée de l’âme que celle de toute autre époque de la vie. La fiction poétique ne sépare jamais le vieillard du chrétien ; c’est qu’il n’y a aucune autre période de la vie où les vertus du christianisme trouvent à se développer plus harmonieusement. Le vieillard qui a survécu aux orages des passions, qui a su résister aux tentations, qui a transformé les élans impétueux de la jeunesse en habitudes d’obéissance et d’amour ; qui, après avoir servi sa génération sous l’égide de Dieu, cherche alors un appui pour son corps et pour son âme affaiblis dans celui qu’il a fidèlement servi ; ce vieillard est peut-être l’image la plus pure de la beauté sanctifiée que l’on puisse rencontrer dans ce bas monde.

Des pensées à peu près semblables occupaient mon esprit un jour que je détournais mes pas du cimetière de mon village, où je m’étais arrêté après de longues années d’absence. C’était un agréable endroit ; une pente douce de terre rejoignant un ruisseau qui brillait en courant à travers les cèdres et les genévriers, dominée de l’autre côté par une verte colline où les maisons blanches du village se déroulaient comme un collier de perles.

Rien n’est plus pittoresque dans un paysage que ce contraste d’un cimetière… cette cité du silence, comme la dénomment si poétiquement les Orientaux… placé au milieu des richesses et des joies de la nature ; ses pierres blanches miroitant au soleil, souvenir permanent du déclin, dernier anneau de la chaîne qui unit le mort au vivant.

En traversant lentement les étroites allées pour lire sur chaque monticule l’inscription funéraire de l’époux laborieux et économe, de la femme soigneuse et rangée, de l’enfant moissonné dans sa fleur, tous en ayant fini avec les soucis et les joies de ce monde, je m’arrêtai devant une simple pierre portant cette inscription : « À la mémoire de Howard Dudley, décédé dans sa centième année. » J’avais jadis connu cet aimable vieillard ; tous les dimanches, dix minutes avant le service, sa haute stature un peu voûtée pénétrait dans l’église couverte d’un habit noisette à larges basques et hauts parements, sur l’un desquels deux épingles étaient toujours régulièrement plantées, Lorsqu’il était assis, le bord supérieur de la stalle lui arrivait au menton, et sa tête argentée planait au dessus comme la lune sur l’horizon. Sa tête vénérable eût servi de modèle pour un saint Jean… chauve sur le sommet et garnie seulement autour des tempes de quelques touffes argentées :

Mais seulement autour de ses tempes ridées,

Des cheveux argentés tombaient en ondulant :

Ainsi les blancs festons du givre étincelant

Décorent un vieux chêne aux branches dénudées.

Il était déjà fort âgé, et les lignes accentuées de son patient visage semblaient dire : « Et maintenant, Seigneur, pourquoi donc attendre ?… » Mais il vécut encore de longues années, et jusqu’au dernier moment il vint occuper sa stalle à l’église.

Il était connu de près comme de loin comme la personnification vivante de la paix et de la charité, toujours prêt à cacher ou à excuser les fautes des autres. Tant qu’il y avait doute dans un cas déclaré de mauvaise action, il disait que le coupable n’avait pas eu de mauvaise intention… Mais quand le fait était trop avéré pour admettre cette excuse, il valait mieux à son avis faire le moins de bruit possible ; personne ne pouvait répondre d’un moment de tentation.

Quelques pages du livre de sa vie feront plus clairement rassortir les traits saillants de son caractère. Un certain rusé propriétaire terrien du nom de Jones, qui ne brillait pas par sa réputation d’honnêteté, avait vendu à M. Dudley un lot de terre d’assez forte valeur, et il en avait reçu l’argent ; mais sous divers prétextes il avait différé d’en remettre les titres de cession. Dans ces entrefaites il mourut, et le titre ne put se retrouver, tandis que par testament il léguait ce lot de terre à l’une de ses filles.

Le vieux M. Dudley dit que c’était extraordinaire ; qu’il savait bien que Seth Jones avait la réputation d’aimer l’argent, mais qu’il ne le croyait pas capable d’une telle action. Et il alla trouver le squire Abel pour lui exposer l’affaire, afin d’en obtenir réparation s’il était possible.

— Je n’aime pas le dire, mais vous savez, squire Abel, M. Jones était, était ce qu’il était, bien qu’il soit mort aujourd’hui. C’est tout ce que le brave homme put trouver pour accuser un mort. Lorsqu’il eut appris que le cas n’admettait pas de réparation, il s’en consola en réfléchissant que la terre était passée en héritage à deux pauvres filles. J’espère que cela leur profitera. De Silence je n’ai pas grand’chose à dire, mais Marion est une jolie petite fille. Et le vieillard s’en alla consolé, disant que, puisqu’il n’y avait rien à réclamer, mieux valait ne rien dire de cette affaire.

Ces deux filles en question, Silence et Marion, étaient la plus âgée et la plus jeune d’une nombreuse famille, rejetons des trois femmes de Seth Jones, dont il ne restait que ces deux filles. L’aînée, Silence, était une grande forte fille, à l’œil noir, les traits durs approchant de la quarantaine, avec une grosse voix, bien résolue, et ce que l’Irlandais appellerait d’une manière décente de s’en servir. Son nom était un problème pour tout le voisinage, car elle avait plus de facultés et de dispositions à faire du bruit qu’aucune autre fille du village. Mademoiselle Silence était une de ces personnes qui ne se sentent nullement disposées à céder la plus faible partie de leurs droits. Elle affrontait toutes les discussions, battait en brèche les oppositions, se défendait avec courage, et faisait courir pour elle hommes, femmes et enfants comme après une diligence. Bien qu’elle fût la fille d’un homme riche, richement dotée pour sa part et bien proportionnée, elle possédait une résolution innée à l’indépendance et à la liberté telle, qu’on ne lui avait jamais connu qu’un jeune homme qui se fût aventuré à venir la demander en mariage ; mais il fut renvoyé avec la promesse que s’il montrait de nouveau son visage autour de la maison, elle lâcherait ses chiens sur lui.

Marion Jones différait de sa sœur comme le convolvulus diffère de la tige grossière qui le supporte. À l’époque où nous nous reportons, c’était une fille modeste, rougissante et svelte, âgée de dix-huit ans, aussi timide et réservée que sa sœur était hardie et robuste. L’éducation de la pauvre Marion avait coûté à miss Silence un monde de peines et d’ennuis, et après tout, disait-elle, la fille ne sera jamais qu’une sotte, puisqu’elle ne pouvait l’habituer, comme elle, à tenir tête au monde.