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Elle, l’essence féminine, la force de caractère, la puissance solitaire, doit convaincre son public, un tribunal bondé de sceptiques et d’ennuyés, que s’être vengée de son violeur ne fait pas d’elle un monstre.
Ce violeur dont elle n’évoquera jamais le nom.
Parce que le mal n’a pas d’identité.
Seulement le mal.
Qu’avoir voulu défendre son honneur et son corps ne fait pas partie de ce mal et que lui enlever ses enfants à cause du danger qu’elle représente est une infâmie. Mais la table des valeurs a été renversée il y a longtemps. Et Elle, cette lumière à la flamme presque éteinte, luit plus fort à l’orée de son crépuscule.
Quelles rencontres forgent une identité ? Quel message peut-on encore porter dans la France actuelle, noyés que nous sommes, où l’information la plus insignifiante prend autant de place que la plus importante ? Une femme traumatisée tente d’y voir clair et raconte son malheur, devenu banal.
Pour continuer de dire, malgré les détours, les obstacles et le désespoir, que nous pouvons faire mieux.
Pour continuer de lire, d’écrire et de rêver.Drame à un personnage
Durée estimée : 75 minutes
À partir de 14 ans
À PROPOS DE L'AUTEUR
Quentin Bérard est Auteur, metteur en scène, comédien et compositeur, Il commence à écrire dès le plus jeune âge.
Il découvre le théâtre ama-teur à l’Université Bordeaux Montaigne.
C’est cette expérience qui l’amènera à entrer aux Cours Florent Bordeaux en 2019 et à monter trois ans plus tard la compagnie Âmérante
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Seitenzahl: 49
Veröffentlichungsjahr: 2023
Quentin Bérard
Drame
ISBN : 979-10-388-552-1
Collection :Entr’Actes
ISSN : 2109-8697
Dépôt légal : Janvier 2023
© Illustration de Couverture Marvin Jacques pour Ex Aequo
© 2023 Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays
Toute modification interdite
Editions Ex Aequo
ELLE
C’est bon ?
Je peux y aller ?
Eh
Putain ça commence bien
Je peux y aller ?
Oh répondez, on est pas à un enterrement
J’y vais ?
Vous êtes bien prêts ?
Et prêtes, ouais
Je m'attendais à beaucoup plus de
Je sais pas
Plus de flashs
Plus de cotillons
Brbrbrbrbrbr
Dans tous les sens, mais
C'est aussi bien comme ça
Comment on se sent, avant ?
Avant d'entendre la vérité ?
Mh ?
Tu te sens comment toi ?
Bien ?
Tu devrais pas
Parce que tout ce que je vais dire c'est à propos de ta gueule
Et de ta gueule
Et de ta gueule
Et de la tienne
La tienne
Et la tienne
Beaucoup de choses à dire pour tant de gueules
Ça m'fait pas peur
Bien chanceux que ça me fasse pas peur
Ça m'ferait faire
Ferait faire
G-U-E-U-L-E, prononcé gueule
J’adore les mots
Quelle chance
Quelle chance, putain
Wow
C’est vrai qu’on est bien, là
Qu’on est mieux
Un peu à l’étroit, confinés
Mais libres
Quelle chance
Et puis y’a le partage
Ça joue. Beaucoup, même
Ça va ? Vous réalisez ?
Hello!
Ouais, ouais les gars
Et les filles, m’emmerdez pas avec ça
C’est bon
Énième morceau de bravoure au service de Sa Majesté la bien-pensance
Get ready, ça va secouer
Dans tous les putains de sens
Au service du monde qu’on a tous oublié
Pas enregistré dans nos smartphones
Piqûre de rappel
Ça commence par une paire de zigotos dans un 16m²
Tout petit. Minuscule, vraiment, fallait baisser la tête pour entrer
L’une de ces chambres de bonnes qu’on voit dans les films, voyez ?
Sauf que les films sont souvent en noir et blanc, que les bonnes vivent pas vraiment dedans
Dans les films, si, mais pas là, dans ce que je raconte
Par contre, le toit est vraiment en pente, du bois partout, et les toilettes sont sur le palier
La douche, non
Jamais compris pourquoi
Si y’a une douche, autant mettre un chiotte, non ?
Logique, j’crois
Si t’as la place de mettre un bidet
Un putain de bidet
T’y mets un clapet, ça fait chiotte, merde
On a fini par s’en servir comme ça, d’ailleurs, c’était forcé
Quelques ajustements par ci par là et on nous a plus jamais vu sur le palier à faire la queue à 8 du mat’ pour aller pisser
C’qu’on était bien
On était bien, hein ?
Bah ouais, qu’on était bien
Bien sûr qu’on était bien
Lui, c’est Jean
J-E-A-N, prononcé Jean
Des cheveux bruns, dont il dispose à loisir, il en fait ce qu’il veut, au gré de ses humeurs
Des yeux bleus pétants, qui tirent sur le gris à la lumière de la Lune
Et un asthme pétaradant en fonction des saisons
A-S-T-H-M-E, prononcé asthme
Et de s’il dort ou pas, aussi
Un asthme comme un sifflet de prof de sport quand il rigole trop fort
Ou comme un sifflet de prof de sport essoufflé quand il dort
La comparaison est mauvaise, il fait pas de sport, de toute façon
Si, du sport de chambre, un peu
Mais pas beaucoup
Pas longtemps
Avec un nom comme Jean, tu fais pas du sport de chambre
Pas longtemps
Nope
Et pourtant il est beau, il a une autorité naturelle
Il met des chaussures à talonnettes pour se donner un style
Il a lu que le bruit que tu fais en arrivant quelque part, ça installe ton autorité
Il a dû trouver ça sur Twitter
De la connerie tout ça
Bonne grosse daube
On s’en fout, de tes pompes, si tu dois avoir de l’autorité, même à poil ça se voit
C’est dans le ressenti, dans la pulsion, l’instinct
Ça se ressent dans tout le corps, ça vibre, le charisme
Ça t’envahit, tu te le prends dans la gueule, wow
Lui, non. C’est pas ça du tout
Pas de prime abord, en tout cas
Il a le syndrome Daredevil, comme je dis
T’as vu Daredevil ?
Spelled D-A-R-E-D-E-V-I-L
La série, pas la bouse d’une heure et demie
Oui, non ?
Tu regarderas, l’acteur principal, il est pas attirant de prime abord, mais plus il parle, plus tu tombes sous le charme
C’est Jean
T’en as, dès qu’ils ouvrent la bouche, tout se barre en couille, lui c’est l’inverse
Charisme + l’infini d’un coup
Mais son corps est une épave
C’est comme ça
Une rencontre comme dans les films
Un mec esseulé, pilier de bar, mort à l’intérieur, s’enfile whiskey sur whiskey en tapant la causette à son verre
Une meuf paumée, des kilos en trop, maquillée comme un camion volé, un viol dans les pattes
V-I-O-L
Et de l’argent du tribunal à pas savoir quoi en foutre
Le monde d’avant
C’est fou, non ?
Aller dans un bar, entrer librement, parler à ça de la tronche de l’autre.
Ça semble choquant aujourd’hui, non ?
Je regardais un film de Noël l’aut’ jour, ça se passait dans une entreprise, vous connaissez le délire, machine a un boulot pourri, perd tout d’un coup, s’en va se mettre au vert à la campagne et tombe soit sur son amour de jeunesse soit sur un copain d’enfance qu’a jamais eu sa chance (soit les deux en même temps, c’est quand le scénar’ est un poil plus élaboré) et elle découvre que ce mec, ou ces mecs, sont devenus riches et beaux, success story en veux-tu en voilà, et il bosse dans une entreprise
Et ça m’avait choqué, instinctivement, de le voir se balader à l’intérieur sans rien sur la gueule