Maux d’amour - Richard Laureen - E-Book

Maux d’amour E-Book

Richard Laureen

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Beschreibung

Salvateur ou destructeur, merveilleux ou vénéneux, l’amour nous conduit sur des chemins que nul n’aurait pensé emprunter. Il possède bien des épines et n’est pas que vecteur de bonheur, bien au contraire. Dans "Maux d’amour", chacun des héros explore un des multiples versants de ce sentiment : fraternel, amoureux, amical, pervers. La force de cette émotion les mène vers des destinations qu’ils n’auraient jamais imaginées, mettant en lumière la complexité et la dualité de l’amour.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Laureen Richard a grandi à la campagne dans un environnement idéal pour les promenades et les moments de détente, ce qui a éveillé son amour pour la lecture. Influencée par des auteurs emblématiques comme Baudelaire et Stephen King, elle a affiné son regard sur le monde et la complexité de la nature humaine. En portant une attention particulière aux émotions profondes et souvent inexprimées, elle capture avec délicatesse les sentiments intenses qui animent chacun de ses personnages.

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Seitenzahl: 57

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Laureen Richard

Maux d’amour

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Laureen Richard

ISBN : 979-10-422-5959-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ironic gloss

ou l’histoire d’une perte ironique

L’hommequi a unebonnecompagneest la plusheureusecréature de dieu. Le solitairedoitêtremisérable, sa seulechanceest d’ignorer ce qu’il perd.

Stephen King, La ligne verte

Y a destas de chosesquelesgenspensentpaspouvoirfaire et puissoudainilsdécouvrent qu’ils peuvent…

Stephen King, Histoire de Lisey

Il avait beau répéter son plaidoyer dans sa tête, le problème était bien concret : plus de liquide et une machine qui l’appelait d’une façon terriblement diabolique. Mais rien, nada comme on dit. Nothing, nothing, nothing… Encore une fois, il avait joué et encore une fois il avait eu le rôle du looser. À contrecœur, il sortit de cet endroit qu’il savait maudit.

Expliquer à Elena ce petit déboire n’allait pas être une partie de plaisir. Cela s’annonçait mal, très mal, et un jour, elle aussi, il finirait par la perdre. Il ne comprenait toujours pas ce qu’elle pouvait lui trouver. C’est vrai, au fond, elle devait être un peu maso pour le supporter.

La passion du jeu, comme toutes les addictions, a son lot de fardeaux : mensonge, stress, humeur en dent de scie et avant tout, égoïsme. Et Ludo n’échappait pas à la règle. Il se fichait complètement de cette superbe femme à la grâce naturelle, à l’air désinvolte qui en réalité cachait une paranoïa fort élevée. Rien à secouer qu’elle puisse payer les pots cassés… pour ne pas dire rien à foutre d’ailleurs.

Il ruminait et ruminait, ressassait tous les arguments bidon de montée d’adrénaline, de palpitant, de joie, de sensation orgasmique du « vas-y, vas-y, ah, oh… et merde, je ne suis toujours pas LE grand gagnant ! » ou encore « hop, hop… chier ce cheval de merde, c’est pas vrai ! » et continuait son auto-persuasion le long du chemin qui le ramenait chez lui.

Combien ? Quel était le montant ? Il ne s’en souvenait même plus. Tout ce dont il se souvenait nettement, c’est qu’il allait se faire assaisonner d’une manière très relevée.

Mais en même temps s’il ne jouait pas, comment aurait-il pu rêver de façon bien réelle ? Comment s’imaginer sur une montagne, cheveux au vent, yeux étincelants de mille feux ? Comment prétendre pouvoir finir ses jours à l’ombre d’un baobab ou encore sur une terrasse de sable blanc s’étalant à des kilomètres à la ronde ? Franchement, il fallait mettre toutes les chances de son côté et pour cela il fallait jouer. Que le reste du monde le comprenne ou non, pour lui c’était clair comme de l’eau de roche. La solution miracle : le jeu.

Seulement voilà, un problème bien terre-à-terre se posait à lui : l’argent qu’il dépensait ne se reproduisait pas… au contraire, il disparaissait bien plus vite qu’il n’apparaissait. Le 28 du mois, il arrivait sur son compte et, comme par enchantement, au 1ersuivant, il avait disparu… Le tour de passe-passe le plus tendance des temps modernes…

Si Chaplin l’avait prédit, sa bobine de film se serait détruite après la première projection, afin de bien illustrer le concept.

En attendant, ce soir-là il n’avait plus rien. Plus un rond. Pas même un centime au fond d’une poche percée ou le petit sou bienvenu, tombé dans l’ourlet au hasard d’un déshabillage trop rapide… Bref, pas un radis en poche. Sa carte bleue ? Autant ne pas y penser, elle était game over… La carte bancaire, invention du siècle pour endetter sans jamais avoir la vraie valeur de l’argent… Bientôt les billets et les pièces ne seront que souvenirs tellement ce petit morceau de plastique permet au monde entier de déculpabiliser. Au départ, un outil bien utile et au bout du compte une aliénation. Si elle est unie à son mari le chéquier, alors là, vous êtes finis ! Dépendant de ces deux entités, vive l’argent virtuel et adieu les piécettes, les billets, la monnaie ! Bienvenue au nouveau club très tendance des « fichés Banque de France ».

Ah, cette nuit si douce, cette nuit étoilée, paisible, présageant un lendemain sans nuages. Les feuilles des arbres semblant se laisser caresser par ce léger souffle divin… La lune guidant ses pas sur ce sentier qui bientôt… serait bétonné. Pour tout cela aussi il voulait jouer, tenter de devenir quelqu’un qui pourrait agir pour son p’tit village, son trou… Empêcher tous ces chiens friqués de dénaturer SON coin. Ouais, pour ça aussi, fallait du blé, pour ça aussi il fallait espérer.

Passant devant un de ces vieux bancs en pierre, il y posa son corps lourd d’angoisse et de manque. Putain à un chiffre près… un de plus et il le sentait, il était sûr que son prochain jeu aurait été le bon. Si seulement le patron avait bien voulu lui faire une avance, mais au lieu de cela il lui avait rétorqué un « Fais pas chier, Ludo, tu sais bien qu’on ne peut pas, je ne veux pas de problème avec le PMU ou la FDJ… » Mon cul, tu veux juste m’emmerder, s’était-il surpris à penser. Ah le jeu ! Sa passion, sa destruction.

Et il se sentit tomber dans la détresse du drogué. Il éprouva une sensation d’incompréhension universelle, d’une place qui n’était pas la sienne dans un monde malade, intoxiqué comme son âme.

De nouveau, il songea à Elena. Sa beauté. Ses yeux remplis de mélancolie chaque fois qu’il s’apprêtait à passer la porte d’entrée pour ses soi-disant « besoins d’air, de décompresser ». Sa peau si douce et si jeune malgré tous les soucis qu’il lui apportait, car il y en avait un paquet. Les fins de mois pires les unes que les autres, les emprunts aux proches (surtout les parents d’Elena) qui s’accumulaient, les crédits au point de faire un dossier de surendettement, les hontes dans les supermarchés caddy blindé et carte bleue refusée… Tout ça, elle le lui devait à lui, rien qu’à lui. Pour le coup, elle pensait à lui tous les jours simplement en allant chercher le courrier et son lot de mises en demeure pour impayés.

La belle Elena, la femme la plus débrouillarde qu’il ait connue.