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Normandie – 6 juin 1944 – Omaha Beach – Secteur Fox Green Dans le fracas du débarquement alliés, le jeune caporal allemand Franz Wittmann reçoit un ordre de mission signé de la main même du « Führer » Adolf Hitler : « Partez sur le champ, suivez cette carte et ramenez-moi l’un des trésors les plus légendaires de l’histoire. » De l’autre côté, en bas de la plage, le lieutenant américain William Hooper reçoit le même ordre signé du commandant suprême des forces alliés, le général Dwight Eisenhower. La guerre se termine et emporte avec elle l’un des plus grands mystères de l’humanité. Allemagne – juin 2044 – Cologne La vie de la journaliste Helen Wittmann changera en quelques minutes, elle sera entraînée dans une quête terrifiante qui va bouleverser ses certitudes. Avec l’aide de l’arrière-petit-fils d’un vétéran américain, elle va se trouver confrontée à un groupuscule néonazi sur les plages de Normandie, là où, il y a cent ans, une génération entière de soldats a sacrifié leur jeunesse en quelques minutes pour libérer l’Europe.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Passionné d’histoire et guide touristique sur la bataille de Normandie,
Thierry Bidault rend hommage, par le biais de
Mémoires secrètes, à une génération qui a sacrifié tout ou partie de leur vie pour la liberté de leur peuple. Cet ouvrage qui renferme également une part de l’histoire familiale de l’auteur s’inscrit, au-delà de son aspect romanesque, comme un réel devoir de mémoire.
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Seitenzahl: 479
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Thierry Bidault
Mémoires secrètes
Roman
© Lys Bleu Éditions – Thierry Bidault
ISBN : 979-10-377-5631-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma famille et mes parents,
À ma femme Christelle et mes filles Andréa, Pauline et Mailynn pour leur support indéfectible.
Chapitre I
Mémoires secrètes
Au nom des sanglots longs…
L’histoire nous a donné rendez-vous. Le signal hurle à la mort. Je croyais à un nouvel exercice, comme ce fut le cas depuis des semaines, mais cette fois c’est pour de bon, je le sens. Je dois m’extirper au plus vite de notre abri. Dehors, le jour se lève difficilement. Je lève rapidement les yeux. Il n’y a pas d’étoiles dans le ciel. Le temps est couvert et le vent souffle sur la côte. Je cours, je cours. Je cours de plus en plus vite. C’est le moment de mettre en pratique toutes les répétitions de ces dernières semaines. Nous devrons jouer notre partition la plus juste possible pour nous en sortir. Nous sommes tous dépendants les uns des autres. Il n’y a que comme cela que l’on s’en sortira. Savoir qui est à sa gauche, qui est à sa droite, et pouvoir compter dessus. Je descends, je descends encore la colline, le long du serpentin creusé il y a un an maintenant. Mes genoux amortissent mes sauts. Je saute et je glisse dans les trous. Je suis agile, l’adrénaline circule dans mes veines, mais je sens mon cœur qui bat à tout rompre, comme s’il voulait sortir de ma cage thoracique. Soudain, je lève la tête et je prends conscience que l’horizon est noirci de milliers de navires de toutes les tailles. Je vois un compagnon commencer à rendre coup pour coup. Tout explose autour de moi. Les arbres se déchirent, la terre explose, la fumée encombre mes poumons. Le ciel se met à hurler. L’enfer est venu prendre possession de cet horizon qui était si beau hier. Je sens la mort frôler mes oreilles, j’entends ses hurlements me vriller les tympans. Je la vois déverser ses chimères par centaines et emporter mes camarades dans l’autre monde. Elle fait déferler des vagues de fer et de feu devant moi. Hors d’haleine, j’ai peur. J’ai tant prié, tant imploré le Seigneur de m’apporter sa protection. Je cours encore, je vois mon but, ma position. Je suis vif. Tous mes sens sont maintenant en éveil. Voilà, j’empoigne ma mitrailleuse, et je tire. Je tire à n’en plus finir, c’est comme un réflexe de survie. Les mottes de terre volent autour de moi. Et puis, je vois ces combattants du nouveau monde tomber par grappes à peine les portes de l’enfer entrouvertes. Ce matin, la mort est venue faire son marché et elle a un très grand panier…
Cologne – hôtel Hilton, centre-ville – vendredi 3 juin 2044
Helen Wittmann se réveilla en sursaut. Son Smartphone affichait 2 : 33 du matin. Le souffle court, elle peinait à reprendre ses esprits. Des gouttes de sueur perlaient sur ses tempes. Elle regarda à gauche puis à droite. Des images de cauchemar lui revenaient vaguement en mémoire ; des bribes de guerre. Elle se frotta les yeux et s’essuya la nuque avec la serviette qu’elle avait mise sur son oreiller.
— Mon dieu mais qu’est-ce que je fais ici ! se dit-elle. Elle ne reconnaissait pas l’endroit et se trouvait dans un de ces états dans lesquels on se trouve après avoir dormi profondément pensant se réveiller dans sa propre chambre.
— Ah… C’est vrai… se dit-elle. Elle reprit ses esprits peu à peu. Puis elle se leva et alla en direction de la fenêtre qu’elle avait laissée ouverte cette nuit pour laisser entrer le peu de fraîcheur qu’il y avait à l’extérieur. Elle avait préféré laisser au repos la climatisation de l’hôtel. Dehors la nuit était chaude et calme. Le vent léger faisait onduler les rideaux et venait caresser la pointe de ses cheveux blonds sur ses épaules nues. Un couple qui sortait de la discothèque un peu plus loin en contre bas s’embrassait langoureusement sur le trottoir d’en face sous le regard inquiet d’un chat, qui guettait sa proie près des poubelles. Cet été s’annonce caniculaire pensa-t-elle, tout comme il y a quatre ans, où le puits chez ses parents était à sec.
Les courbes savoureuses de sa silhouette élancée se découpaient dans la lumière que la lune envoyait au travers de la fenêtre. Helen se dirigea alors vers le petit réfrigérateur pour y prendre une bouteille d’eau minérale. Elle croisa son propre regard dans le petit miroir de la salle de bain.
« Oh, ma pauvre Ely, t’as vraiment besoin de partir en vacances », dit-elle en se frottant le visage. Puis elle retourna dans son lit pour tenter d’y retrouver le sommeil interrompu par cet étrange cauchemar qu’elle n’expliquait pas. Peut-être était-ce dû au surmenage ou bien à cette journée qui justifiait sa présence à Cologne ?
Helen Wittmann est rédactrice en chef du Der Spiegel, l’édition régionale de l’hebdomadaire allemand. Elle a fait ses études de journalisme à Cologne. Fille unique de 34 ans et célibataire depuis 7 mois, elle vit dans un loft du centre-ville de Düsseldorf. Mais c’est à Cologne qu’elle se réveilla en sursaut. Elle doit y couvrir l’inauguration d’une stèle commémorative de la Seconde Guerre mondiale, installée dans le hall de l’hôtel de ville de Cologne. De nombreuses chaînes de télévision seront présentes également puisque la sculpture célèbre le souvenir et le rapprochement entre les peuples dans le cadre des commémorations du centenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les commémorations doivent s’étaler sur un an, du 6 juin 2044 au 8 mai 2045, pour que plus jamais l’humanité ne revive un tel chaos.
Helen est très respectée dans son métier ; pour son professionnalisme, mais aussi très jalousée pour son talent, et son succès auprès de la gent masculine. Certains de ses collègues l’appelaient « Déesse Diane », au regard de son visage ressemblant à la comédienne allemande Diane Krüger. Helen a toujours été sportive, elle aimait la performance physique. Elle se destinait à une carrière d’athlète. Bourrée de talent, à 16 ans elle intégrait le pôle « sport étude athlétisme » de Cologne pour devenir championne de saut en hauteur. Malheureusement, pour l’Allemagne, à 21 ans, après plusieurs titres régionaux et trois titres de championne d’Allemagne universitaire, une blessure à la cheville l’écarta de son destin olympique. Son fiancé de l’époque, journaliste sportif, la fit alors intégrer la rédaction d’un magazine sportif, où elle fit ses classes. C’est ainsi qu’elle débuta dans le journalisme.
Ces commémorations, et cette cérémonie en particulier, revêtent un caractère particulier pour elle. En effet, son arrière-grand-père doit y être décoré avec une poignée d’autres vétérans encore en vie, venant de divers pays. Ils étaient reconnus pour leur bravoure et leur courage lors de ces années sombres mais aussi pour avoir œuvré pour la paix les années qui suivirent.
Helen avait enfin réussi à retrouver le sommeil malgré la chaleur moite qui régnait cet été sur l’Allemagne, lorsqu’elle entendit tambouriner à la porte.
— Mlle Wittmann, Mlle Wittmann, réveillez-vous Mlle Wittmann !
Helen sursauta.
— Que se passe-t-il ?
— Il est 9 h 15, Mlle Wittmann, j’ai fait plusieurs fois sonner votre téléphone comme vous me l’aviez demandé pour votre réveil, mais vous ne répondiez pas !
— 9 h 15 ? Oh, mon dieu, je suis en retard, la cérémonie est à 10 heures. C’est bon merci, répondit-elle à haute voix.
Helen se prépara à la hâte et 30 minutes après elle se trouvait au volant de son Audi, en direction du hall de la mairie de Cologne où allait se dérouler la cérémonie. Elle profitait des arrêts aux feux rouges pour finir de se préparer : Coiffure et maquillage. Arrivée devant l’hôtel de ville, tous les médias étaient déjà en place depuis plus de 2 heures. Aujourd’hui était le lancement de 12 mois de festivité commémorant le centenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs pays étaient bien sûr associés à ces événements avec une délégation importante présente sur chacun des sites. Cologne avait fait l’objet de bombardements intenses de la part de la Royal Air Force avant juin 1944, comme bon nombre de villes allemandes. D’autres commémorations débutaient simultanément en Angleterre : à Londres, frappé par les bombardements allemands lors du Blitz en septembre 1940. Mais aussi, à l’abord du 6 juin, date choisie du débarquement en Normandie, des célébrations à Portsmouth, Southampton, lieux de départ de l’armada alliée.
Une fois sur place, Helen n’eut pas le temps d’embrasser son arrière-grand-père, qui se trouvait déjà sur scène, mais leurs regards s’étaient croisés un court instant, le temps de rassurer le vieil homme de la présence de son arrière-petite-fille. C’était une journée importante pour l’ancien caporal Franz Wittmann. Le rapprochement des peuples était ce qu’il avait toujours souhaité. Subissant la guerre et les ordres, effectuant son service militaire, il ne pouvait alors que s’y plier. Cependant, ces derniers temps, il se sentait très fatigué. Toutes ces années lui pesaient, mais il tenait absolument à être présent aux célébrations du centenaire. « Après, je pourrais partir… » disait-il. Il était heureux et rassuré de la présence bienveillante de sa « Princesse Hély », comme il l’appelait. Ils ont toujours été très proches. Il a toujours mesuré le bonheur d’avoir pu traverser la Seconde Guerre mondiale sans égratignure et à toujours faire en sorte de mériter cette chance de vivre. Des valeurs qu’il a inculquées à ses enfants ainsi qu’à Helen. Toujours très curieuse, elle avait passé de longues heures à écouter les récits de la période d’engagement de son arrière-grand-père au sein de la Wehrmacht. Récits qu’il distillait toujours avec retenue, pour la protéger ou par pudeur peut-être se disait-elle, même si cela l’exaspérait et qu’elle aurait aimé en savoir plus sur la vie de son arrière-grand-père.
— C’est normal que tu sois devenu journaliste, lui disait-il. Mais par-dessus tout, il était fier que ce soit elle qui couvre l’événement et qu’elle en soit le rapporteur pour le pays et pour les générations à venir. Pour que personne n’oublie jamais.
Le hall de l’hôtel de ville, qui datait du 18e siècle, avait été apprêté pour la circonstance. La statue qui était recouverte d’un drap blanc trônait au centre de la salle. À ses pieds, une estrade où se trouveraient bientôt, le maire de Cologne, Helmut Huebner, des représentants du Gouvernement, le secrétaire d’État à la Défense, Karl Brüggen ainsi que des vétérans allemands, anglais, américains, russes, canadiens, français, italiens et polonais. Les ennemis d’hier et alliés d’aujourd’hui allaient être réunis sous la coupole des libertés édifiée dans le monumental hall d’entrée de l’hôtel de ville de Cologne. Une délégation des armées de l’ONU ferait un arc de cercle de part et d’autre de l’estrade. Un tapis rouge avait été déroulé sur le perron depuis le hall d’entrée. Des vases de cristal contenant des fleurs de lys avaient été disposés de part et d’autre des marches. Les drapeaux d’une vingtaine de pays bordaient le perron, jusqu’au hall d’entrée. La ville était en effervescence pour cet événement. Des fanions aux couleurs de tous les pays du monde ornaient les lampadaires, les devantures de magasins et envahissaient toute la ville. Les journalistes s’étaient massés sur les marches et dans le hall. Le balai des véhicules officiels escortés de motards venait de se terminer. Les différents services de sécurité étaient très présents.
Tout le périmètre de l’hôtel de ville avait été bouclé. Des snipers étaient postés sur les toits entourant le bâtiment municipal. La cérémonie allait enfin pouvoir débuter. Le maire prit place sur l’estrade, et entama un discours empreint d’émotion, de respect et de reconnaissance. Helen était concentrée sur son reportage au pied de l’estrade. Les hauts responsables de chaque délégation se succédaient dans un discours de fraternité. Puis enfin… la remise des décorations. L’émotion était palpable, pourtant, tout se déroulait parfaitement. Les anciens soldats héros, victimes et blessés de guerre, étaient décorés à tour de rôle. Les flashs crépitaient. Helen sentit alors un étrange frisson la parcourir, de la fierté, de la joie, mais aussi une sorte d’inquiétude lorsque son arrière-grand-père reçut sa décoration des mains de Karl Brüggen. Un sourire entre les deux hommes, en effet ils se connaissaient bien pour avoir été souvent ensemble lors de célébrations précédentes. Le secrétaire d’État à la Défense était devenu un ami de la famille. Régulièrement interviewé par Helen en politique, il éprouvait le plus grand respect pour Franz Wittmann, et cela avait beaucoup pesé dans son élection au poste de député et à sa nomination de secrétaire d’État à la Défense. Helen sentit une crispation dans les yeux du caporal Wittmann au moment où leurs regards se croisèrent, mais son visage arborait un tendre sourire. Helen, elle, était inquiète.
La statue allait être maintenant dévoilée par son créateur le grand sculpteur Hemrich Bäuer. Il avait travaillé 2 ans sur cette œuvre qui allait orner le hall de l’hôtel de ville de Cologne, et qui devait symboliser la réconciliation des peuples. Le drap venait d’être tiré par le maire et le sculpteur, on entendit alors une clameur monter dans la salle. Helen commentait :
Il était 10 h 45, la chaleur inondait déjà Cologne et une moiteur envahissait le hall de la mairie. Les flashs crépitaient, et les applaudissements devenaient assourdissants. Tout à coup, Helen vit son arrière-grand-père s’effondrer dans son fauteuil roulant, il devait prendre la parole pour remercier Hemrich Bauer pour sa sculpture, mais il sentit un vertige monter en lui et sa conscience l’abandonner. Les services de sécurité ainsi que le maire se précipitèrent pour lui porter secours et l’emmener en arrière de la scène dans un endroit plus frais. Helen arriva à son tour. La salle était sous le choc. La cérémonie tarda à reprendre son cours. Les secouristes présents firent de suite un diagnostic, Franz était livide, en sueur ; ces sueurs dont on ne sait jamais où elles vont nous mener, où l’on se dit « Mais que m’arrive-t-il ? ». Était-ce juste un malaise dû à la chaleur étouffante qui régnait dans le hall ? Helen était inquiète. Elle savait la santé de son arrière-grand-père fragile. Puis le secouriste qui prenait son pouls et sa tension s’exclama :
Dans un ultime sursaut d’énergie, Franz ouvrit les yeux et prit la main de son arrière-petite-fille qu’il serra avec forces. Il y glissa une petite clé, puis le souffle court, lui dit :
Helen resta pétrifiée, alors que l’ambulance emportait en urgence le dernier vétéran allemand vers l’hôpital Central. Bousculée par ses confrères de la presse qui s’affairaient autour de l’ambulance pour décrocher « LA » photo du jour, Helen sortit de sa torpeur. Elle regarda sa main, que venait de serrer quelques instants plus tôt son arrière-grand-père, il y avait cette petite clé. Elle se remémora alors ses dernières paroles. Comme prise de panique, elle retourna vers la statue de bronze et traversa en courant le hall de la mairie, qui était encore bondé de spectateurs, de militaires, et hauts dignitaires. La fanfare jouait les hymnes et des musiques militaires, mais ni le maire ni le ministre Brüggen n’eurent le temps de lui demander des nouvelles qu’elle avait déjà pris la direction du parking.
L’ambulance qui transportait Franz Wittmann arriva après quelques minutes à l’hôpital Central de Cologne. Les services d’urgence étaient prêts à le prendre en charge. Wittmann était toujours conscient mais dans un état critique.
Franz Wittmann était né le 10 avril 1926 à Rhynern près de Dortmund, d’un père charpentier et d’une mère lavandière. Il avait 17 ans en 1943, lorsqu’il fut appelé à faire ses classes dans la vallée de la Ruhr, dans un régiment de transmission, il se passionnera pour le codage. Puis, il sera incorporé comme caporal dans 1er bataillon de la 3e Compagnie de régiment d’infanterie 726, 716e division d’infanterie. Sous les ordres du capitaine Ottemeyer, et envoyé en avril 1943 sur la côte Normande. Après le débarquement, il fut prisonnier de guerre et envoyé aux États-Unis pour travailler dans une ferme avec d’autres prisonniers de guerre. De retour en Allemagne, il retrouve sa fiancée quittée 3 ans plus tôt, pour l’épouser en 1946. De cette union naîtra un fils en 1947, Friedrich, qui lui donnera un petit fils, Karl en 1975, qui aura à son tour, Helen Wittmann le 15 juin 2010.
L’Audi roulait à vive allure à travers la banlieue de Cologne en direction du manoir Wittmann. Les kilomètres défilaient mais les minutes semblaient interminables. Helen suivait son instinct en essayant de ne pas se poser de questions. Malgré tout, elle se disait que cette journée ne faisait que commencer et qu’elle avait basculé en un éclair. Qu’allait-elle trouver dans le double fond du tiroir ? « Cela semblait réellement d’une importance capitale dans son regard », se disait-elle « prends tout ce qu’il y a et rejoins-moi, fais vite, s’il te plaît ». Était-il seulement encore en vie à l’heure actuelle ?
La voiture de la journaliste déboucha dans la rue du manoir. Les portails des pavillons défilaient rapidement sur les bas-côtés. Il n’aurait pas fallu que quelqu’un traversât la route à ce moment-là, se disait-elle. Elle arriva enfin devant le manoir. Elle ouvrit le grand portail de bois à l’aide d’une des télécommandes que lui avait données son arrière-grand-père des mois auparavant. La porte électronique s’ouvrit lentement. Trop lentement. Helen tapa d’impatience sur son volant. Puis le passage se fit. La voiture démarra, faisant déraper les roues avant sur les graviers. Elle avança dans l’allée dans un nuage de poussière et vint se stopper devant le perron. Nicholas, le jardinier qui était en train de terminer d’arroser les parterres sursauta à l’arrivée de la voiture, alors qu’Angela, la maîtresse de maison qui avait reconnu la voiture d’Helen accourue sur le perron, toute surprise et inquiète de la voir ici à cette heure alors que la cérémonie était censée avoir commencé !
— Mais que se passe-t-il ? Que faites-vous là ? Vous ne devriez pas être… cria-t-elle, lorsque Helen eut atteint le haut de l’escalier pour pénétrer dans le hall d’entrée. Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, qu’Helen avait déjà grimpé quatre à quatre le grand escalier. Soudain, elle se stoppa reprenant son souffle. Prise par l’émotion, des dizaines de souvenirs lui revinrent en mémoire. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas revenue au manoir… Enfant, elle aimait jouer à cache-cache avec son arrière-grand-père, pour jouer les espionnes, « Ne pas se faire voir lors de réunions de famille » était la mission ou encore enfermer Franz discrètement « pour rire » dans son cabanon où il passait des heures à peindre des paysages. L’émotion la submergeait. Elle essuya une larme le long de sa joue et se dirigea sur la droite vers le grand bureau. Bien sûr, il était toujours fermé à clé. Mais si sa mémoire ne la trompait pas, la clé se trouvait encore sur le gros lustre en bois du couloir. « Bingo ! La preuve que j’étais une bonne petite espionne ! » se dit-elle. Il aimait l’appeler ainsi quand elle avait 8 ans « Ma p’tite espionne ». Angela regardait impassible ce petit manège sans pouvoir obtenir plus d’explication de la part de la jeune femme qui était entrée telle une tornade. Helen était concentrée sur sa mission et se trouvait maintenant face au secrétaire de son arrière-grand-père.
Mais ce n’était pas le moment de s’attendrir. Helen balaya de la main à nouveau l’intérieur du tiroir. Mais il était vide. Il ne semblait pas y avoir de fond escamotable, et le tiroir ne s’enlevait pas pour éventuellement pouvoir l’inspecter autour.
Elle commençait à paniquer.
— Je ne trouve pas…
Soudain, elle sentit comme une petite tête de clou qui dépassait :
Pendant ce temps, à l’hôpital Central de Cologne, le médecin en chef avait déjà établi un premier diagnostic, et il était soucieux. Soucieux car, malgré le fait qu’il connaissait parfaitement son patient depuis toutes ces années, il savait qu’il avait bénéficié d’une santé exceptionnelle, mais désormais très fragilisée par son grand âge. Le professeur Inkerman connaissait bien Franz Wittmann. Il connaissait son histoire. Il savait que Franz avait servi pendant la guerre avec la Wehrmacht sur la côte normande dès avril 1943. Sur la plage qui allait devenir la mythique plage d’Omaha Beach. Franz avait été envoyé là-bas entre autres, pour participer à la construction de ce que le Führer appelait : le mur de l’Atlantique. Un bouclier de béton, d’acier, de mines et de canons qui était censé contenir toute offensive depuis la mer. Après l’entrée en guerre des États-Unis fin 1941, Hitler redoutait une offensive alliée de grande ampleur venue de l’ouest. Les fortifications devaient s’étendre tout le long de la côte ouest-française, mais depuis la Norvège jusqu’à la frontière espagnole. Mais fin 1943, soit deux ans après, elles n’existaient réellement que dans le Pas de Calais et le nord de l’Europe, là où précisément l’état-major allemand pensait probable : l’offensive alliée pour reconquérir le continent. Dans le Pas de Calais, la distance à travers la manche avec l’Angleterre n’était que de 80 kms. Il eût été logique que les Alliés attaquent à cet endroit précis. Le maréchal Erwin Rommel nommé par Hitler à la tête du Groupe d’armée B avait mené plusieurs inspections sur la côte normande et il était clair à ses yeux que les défenses du mur de l’Atlantique n’étaient pas assez fortes. Il fit donc accélérer la construction de bunker. Le caporal Wittmann fut envoyé en Normandie, pendant que certains de ses camarades se trouvaient encore sur le front de l’est. En quelques mois, il avait pu se lier d’amitié avec les habitants de Colleville-sur-Mer, un petit village côtier du Bessin de 200 habitants. Sous l’occupation, les relations entre villageois et Allemands étaient plus ou moins cordiales, mais Franz avait su se faire accepter. Il allait chercher du lait à la ferme du Chemineau et donnait son linge à la jeune fermière de la famille, avec qui il avait tissé des liens d’amitié. Franz passait le plus clair de son temps entre préparation de défenses, manœuvres d’alertes et moments de détente, ce qui lui permettait entre autres d’écrire à ses parents. C’était la Seconde Guerre mondiale et il avait été formé au combat, mais il ne comprenait pas toujours les raisons profondes de ce conflit et les Normands étaient plutôt gentils avec lui. Il redoutait le jour où peut-être les alliés allaient faire déferler sur ses nouveaux amis et lui-même, un déluge de feu et de bombes. Franz Wittmann : caporal de 17 ans obéissait aux ordres.
Helen Wittmann observa interloquée, son butin étalé sur le bureau.
Helen avait entre les mains un sac de velours vert, il semblait peser lourd !
Helen fut surprise et très inquiète de la tournure que prenaient les événements. « Bon, il faut y aller, vite ! De quoi pouvait-il bien s’agir ? » Cette question, elle l’avait retournée des dizaines de fois dans sa tête, durant tout le chemin qui l’avait mené de l’hôtel de ville au manoir. « Se pouvait-il que ce soit un testament ? » Elle se refusait à le voir partir. Son arrière-grand-père qui avait survécu à la Seconde Guerre mondiale était un héros à ses yeux, car il avait énormément œuvré pour la paix ensuite.
Angela, la fidèle maîtresse de maison de Franz Wittmann, et Nicholas, le jardinier du Manoir, se tenaient devant la porte du bureau l’air inquiet.
Il était maintenant midi et le soleil était déjà très généreux dans le ciel. Consciente de l’importance de sa mission et surprise par la demande de son arrière-grand-père, elle répétait inlassablement cette question « Mais de quoi s’agit-il ? » Son arrière-grand-père qu’elle vénérait lui avait raconté son passé militaire de nombreuse fois ; le respect, la discipline, le courage, et aussi la peur. Elle prenait donc la demande de son arrière-grand-père comme un ordre. Cet arrière-grand-père qu’elle était sûre de connaître par cœur lui avait toujours tout raconté de son passé. Elle en était persuadée en tout cas. « Mais alors » se dit-elle « Il avait donc un secret ? ».
Angela Flockart était au service de Mr Wittmann depuis 40 ans, et elle en avait 57. Toujours sportive, Angela Flockart avait été championne de natation, à bientôt 60 ans elle avait encore la ligne. Elle avait été embauchée avec sa mère Ingrid. Franz Wittmann avait beaucoup aimé Ingrid Flockart. Elle avait toujours été présente pour lui après-guerre, et il considérait un peu Angela comme sa fille. Elle s’était tout d’abord occupée des tâches ménagères, puis à la mort de sa mère, elle a repris la tenue de la maison. L’organisation des dîners et réceptions. Elle a veillé toute sa vie sur celle de « Witty », comme elle l’appelait.
Le jardinier du manoir : Nicholas Neumann avait 45 ans. Un homme athlétique, grand et mince, le visage carré. Il était au manoir depuis 7 ans. Son père était Majordome de Karl Brüggen alors qu’il n’était pas encore ministre de la Défense. C’est lors d’une soirée de charité que Karl Brüggen avait rencontré Franz Wittmann, ils avaient longuement échangé leurs points de vue sur de nombreux thèmes : la Seconde Guerre mondiale comme l’avait connu Franz, l’état de l’Union européenne après l’épidémie de COVID-19 ou le mélange des cultures entre les peuples européens, ainsi que la crise économique et monétaire qui venait de se terminer. « La prospérité est enfin revenue en Europe » lui dit Brüggen « Oui en effet, fit Franz, mais vous savez, l’homme est un animal, il a des besoins basiques et l’homme est un loup pour l’homme, il a besoin de se battre. Chassez le naturel, il revient au galop ! Nous redémarrons un nouveau cycle, mais je ne serais plus là pour voir le résultat ! » Ils restèrent en contact fréquemment. Et c’est au cours d’une de ces soirées que Karl Brüggen demanda à Franz s’il n’aurait pas une place de jardinier pour le fils de son majordome qui était diplômé de la grande école d’horticulture de Berlin. Sans hésitation, Franz Wittmann accéda à sa demande. C’est ainsi que Nicholas Neumann fût embauché en tant que jardinier en chef au Manoir.
Helen arriva enfin à l’Hôpital Central. Elle arrêta son Audi juste devant les urgences et se dirigea rapidement vers l’accueil. Elle savait que le temps ne jouait pas en sa faveur.
La sonnerie du téléphone retentissait pour la cinquième fois dans le grand bureau du 23e étage de la tour Mercedes de Berlin. Une voix grave décrocha :
Helen sortit lentement de l’hôpital. Elle était perdue, désemparée. Elle était venue ici pour couvrir l’ouverture des commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale où son arrière-grand-père devait être décoré. Cet événement devait être suivi de différentes autres cérémonies dans toute l’Europe, notamment en France. Et la voilà finalement, à son chevet, avec un mystère entre les mains. Elle était en proie au doute. Elle n’osait pas ouvrir le paquet.
Il y a maintenant 2 heures qu’Helen avait rencontré le médecin de Franz. Il lui avait dit que son état n’était pas désespéré mais très préoccupant. Assise depuis 45 minutes sur un des bancs du parc de l’hôpital, elle réfléchissait à cette situation. Il fallait évaluer les différentes options qui pouvaient se présenter à elle et elle tentait donc d’échafauder des stratégies. Mais là, elle la journaliste, ne savait pas comment s’y prendre. Où peut-être, n’osait-elle pas se lancer ? Elle regarda alors le ciel, cherchant un signe, une réponse. Il faisait très chaud, le parterre de fleurs embaumait tout le parc, et cela l’apaisait. Soudain, elle se dit :
Tout à coup, la sonnerie de son smartphone la fit sursauter et la tira de sa torpeur. Elle ne connaissait pas le numéro mais l’indicatif était celui de Cologne. Elle prit quand même l’appel pensant qu’il s’agissait peut-être de l’hôpital. Elle eut quand même la présence d’esprit de se garer et de stopper le véhicule sur le bas-côté de la route.
Helen fut surprise de cette familiarité et en même temps touchée de l’attention qu’avaient portée les différentes délégations à l’égard de son arrière-grand-père.
20 h 15 : Helen reprit la route et arriva bientôt à sa chambre, à l’hôtel du Lion d’Or de Cologne. Les affichages électroniques de température dans la ville affichaient encore 30 °C. La vague de chaleur qui traversait l’Europe en ce mois de juin 2044 était sans précédent. Mais Helen n’avait qu’une idée en tête : Le mystère autour de ce petit sac de velours que lui avait fait chercher son arrière-grand-père, mais elle n’avait qu’une hâte : prendre une douche, se rafraîchir. Helen se sentait vidée émotionnellement. Il faisait trop chaud, l’atmosphère était étouffante, et elle étouffait ! Elle arriva dans sa chambre que la climatisation avait rafraîchie. Elle posa son butin sur son lit avec ses clés et son téléphone, puis se ravisa, en se demandant si la paranoïa ne l’avait pas atteinte. Elle ferma les doubles rideaux et mit le petit sac de velours vert sous l’oreiller.
Elle retira ses habits à la hâte, sa peau nue était brûlante. Lorsqu’elle se mit sous la douche, elle faisait couler de l’eau fraîche sur le haut de son corps et qui ressortait chaude sur ses pieds. Elle se prélassait sous la douche un instant, se remémorant tous les événements de cette journée. Elle pensait aussi à ce qui se trouvait sous son oreiller et elle en mesurait toute l’importance. Là, il ne s’agissait plus d’un jeu, comme lorsqu’elle avait 8 ans. C’était pour de vrai ! Cette énigme était sans doute un petit morceau d’histoire.
Elle sentait comme une sensation de trac qui montait en elle, car elle était seule et sa vie allait basculer.
Sortie de la douche, Helen s’enroula une serviette autour du corps puis sur les longs cheveux, elle récupéra le petit sac sous son oreiller puis s’allongea sur le lit et en commença l’inventaire.
— Voyons voir, se dit-elle. Bon ! Le papier codé de Franz ! Ça, c’est tout lui. Et… une balle… de mitrailleuse probablement ? Elle retourna ensuite ce qui semblait être un morceau de tissus emballé dans du papier de soie.
— Des épaulettes d’Oberleutnant, des insignes de col, et l’aigle de la Wehrmacht. Helen était surprise car elle ne se souvenait pas qu’il lui ait dit un jour qu’il avait été promu lieutenant. De plus, au dos de ces insignes était inscrit : « F. Wittmann ». Les insignes de col étaient aussi ceux d’un lieutenant. Elle allait de surprise en surprise. De toute évidence, Franz ne lui avait pas tout raconté.
Helen étudia ensuite avec attention le message que Franz avait griffonné à l’hôpital avant de perdre connaissance.
Elle attrapa une feuille de papier à l’en-tête de l’hôtel pour y dessiner le carré et commença à déchiffrer :
Il avait préparé la balle à la manière d’un criptex pour y dissimuler une énigme. Helen la prit à la main puis regarda à l’intérieur et vit un petit bout de papier enroulé très serrée qui dépassait. Elle le fit sortir. Le papier était maintenu avec un élastique. Elle le fit sauter et déroula le message. À l’intérieur, il y avait aussi une petite barre de métal de 3 cm, gravé.
La lettre était écrite de la main de Franz.
« Ma tendre Ely,
Comme tu le vois, cette fois ce n’est pas un jeu. J’avais modifié cette balle traçante qui vient de mon arme lorsque que j’étais en place à mon point fortifié nommé : WN 62 à Colleville sur mer, sur la plage qui allait s’appeler : Omaha Beach en juin 1944. Je ne l’ai pas tiré celle-ci. Je l’ai conservé pour ne jamais oublier l’horreur de cette guerre et ce qu’elle nous a obligé à faire. Nous devions défendre notre peau. Mais j’ai tué. J’ai tué tellement du haut de cette colline. Les GI américains tombaient à peine la porte de leur barge de débarquement ouverte. Mes camarades sont tous tombés là-bas sous une déferlante de feu. Je t’ai raconté bien des choses sur mon passé, mais j’ai gardé pour moi un terrible secret, que je ne peux te révéler ici par sécurité. En plus de ma haine du programme nazi, j’ai désobéi. J’ai désobéi pour de très bonnes raisons, que tu comprendras. Mais voilà, il faut être très prudent et prendre des précautions. Je pense que je ne suis pas le seul sur cette affaire. Sa divulgation et sa présence entre de mauvaises mains pourraient entraîner le monde dans le chaos le plus sombre qui soit. Je ne peux rien te dire de plus mais je te guiderais, puisque la charge t’en revient, maintenant que je ne suis plus à tes côtés. Prends cette clé, suis les informations. N’aie pas peur.
Je t’aime Ely. »
Helen essuya la larme qui venait de perler sur sa joue, puis elle prit alors la clé triangulaire gravée d’un code et estampillée « Deutsche Bank ». Elle se dit alors par déduction que des documents devaient se trouver en lieu sûr. Mais elle n’était toujours pas plus avancée, hormis le fait d’être certaine maintenant qu’elle se trouvait impliquée dans un lourd secret.
22 h 22 : Tout à coup, le téléphone d’Helen se mit à vibrer et la fit sursauter. Le nom d’Angela, la gouvernante du manoir, s’afficha sur son écran tactile. Helen décrocha.
Angela raccrocha le téléphone et traversa le salon pour aller à la fenêtre qui était ouverte. Le manoir semblait vide et angoissant en l’absence de Franz. Le vent s’était levé en cette chaude nuit du 3 juin 2044 et faisait des courants d’air dans la maison. Les portes-fenêtres claquaient dans le salon. L’orage menaçait. Angela repensa alors à la venue d’Helen et alla dans la cuisine préparer le thé. Elle mit de l’eau à chauffer dans la bouilloire. Elle aimait préparer du thé en vrac, « du Earl Grey bien sûr » comme lui disait Franz, certainement des restes de ses différents séjours en Angleterre après-guerre. Et elle sortit une boîte de sablés normands. Les préférés d’Helen selon son arrière-grand-père. Soudain, elle entendit le parquet craquer dans le couloir. Elle leva la tête et pensa que peut-être il s’agissait d’Helen. Mais elle se dit que finalement, il était trop tôt et puis elle n’avait pas entendu retentir l’alarme de détection d’entrée installée au portail. Elle s’arrêta un instant pour écouter, puis reprit ses préparatifs, se disant que l’orage approchait. Helen ne doit plus être très loin maintenant se dit-elle. Angela se dirigea vers une des portes-fenêtres du salon pour y attendre la jeune femme. Elle sentait son anxiété monter à l’idée de lui faire toutes ces révélations selon les recommandations de Franz. Son regard se perdait dans les grands arbres du jardin. Ils léchaient le bâtiment mais laissaient filtrer les lueurs blanchâtres de la pleine lune. Malgré la chaleur qui régnait encore à cette heure, elle sentit un frisson la traverser. Soudain, elle entendit le signal sonore de la bouilloire indiquant que l’eau était prête. Elle retraversa alors le salon, quand tout à coup, elle vit la silhouette d’un homme encapuchonné à l’autre bout du couloir. Elle sursauta et demanda :
La tension monta à nouveau. Ils étaient à quelques centimètres l’un de l’autre. Nicholas reprit :
— C’est pourquoi tu vas me dire tout ce que tu sais du secret de ce cher Franz. Mais s’il te plaît, il ne faut rien dire à la fille, elle est trop émotive, elle ne sera pas objective. Alors, parle ! Où est-ce qu’il cache la relique ?
Soudain, l’alarme du capteur d’entrée installé au portail retentit. Helen ! pensa Angela.