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Cet ouvrage traite du statut de la femme qui n'a pas voulu enfanter. Chacun des arguments fait face à des questions et assertions, qu'elles soient incongrues ou malveillantes, et aussi, bien sûr, au mépris, hostilité et insultes des femmes et hommes bien-pensants de la société. Ce livre fera écho chez toutes celles qui vivent ou ont vécu cette traversée infernale. Peut-être donnera-t-il aussi matière à réfléchir à ceux et à celles qui ont participé à ce tourment !
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Seitenzahl: 60
Veröffentlichungsjahr: 2024
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La réflexion, l’analyse, le combat, contenus dans ce livre concernent essentiellement et exclusivement les femmes et hommes que j’ai rencontrés à l’occasion de situations diverses et variées, ou bien que j’ai entendus ou encore lus. Cet ouvrage ne saurait s’adresser à la maternité en tant que telle, bien évidemment.
Halima Ghériballah
À Magali, dont la confiance absolue en mes écrits m’a définitivement convaincue, sans même qu’elle ne le sache, à rédiger ce livre. Je la remercie pour l’impulsion qu’elle m’a donnée.
À Nadia, qui, au-delà du temps, ô combien précieux, qu’elle a pris pour me guider, me gratifie par son investissement.
À Serge, mon compagnon, qui, par son enthousiasme débordant, m’a confortée dans ma décision d’aborder ce sujet brûlant.
À Chris, ma petite sœur, qui me soutient toujours avec bienveillance, à chacun de mes projets de rédaction.
À Moun, ma grande sœur, qui par son humour corrosif concernant le débat de la maternité, a complètement participé à ma décision d’écrire cet ouvrage.
À mes amies, amis et toutes celles et ceux qui m’ont encouragée en attendant, avec impatience, cet essai.
J’ai délibérément choisi de ne pas être mère, et c’est précisément cette liberté que l’on ne me pardonne pas.
Halima Ghériballah
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Dans notre société moderne, évoluée, émancipée, les femmes sont soit des mères, soit des salopes, entre les deux, rien, le vide. Comme un vide juridique. Il y a, bien sûr, une place de choix pour les femmes qui n’ont pas pu avoir d’enfant, elles, ce sont des victimes, alors que celles qui n’en ont pas voulu sont des salopes. Celles qui en ont fait sont des mères, à défaut d’être des saintes.
Que n’ai-je entendu et même parfois essuyé comme insultes à chaque fois que j’ai annoncé que je ne voulais pas avoir d’enfant. J’ai compris, à force, que je touchais au sacré. Je me suis retrouvée dans le camp des personnes ayant une tare à cacher, une « tare » étant employée dans mes écrits comme ironique, cela s’entend, dans le camp de ceux qui devaient faire leur « coming-out ». À chaque fois, j’allais au combat. Comme Lydie que j’ai connue, à l’occasion d’une reconstitution historique à laquelle nous participions, Lydie à qui j’ai demandé si elle avait des enfants et dont le visage s’est transformé, fermé, dont les mâchoires se sont contractées, les dents serrées, dont le regard soudainement rétréci a laissé filtrer des yeux étincelants de hargne. Et c’est avec une voix menaçante et dans un souffle qu’elle a laissé tomber un « non, et je n’en veux pas ». Habituée aux représailles, elle s’apprêtait, elle aussi, au combat. Elle fut comme un miroir, un écho, une continuité de moi et j’ai mesuré devant l’altération agressive de ses traits, à quel point nous devions nous tenir solidement debout pour braver les foudres de la société. Pour ce faire, j’ai écouté et observé les mères et les pères. J’ai cherché en moi pourquoi je ne voulais pas être mère et j’ai cherché les mots les plus justes pour le formuler le plus clairement possible. Et avec le temps, les affrontements ont fini par m’amuser.
Face à l’indignation des femmes, la colère même, face à leurs invectives, face à la médiocrité de leurs arguments offensifs et agressifs, face aux interrogations dans les yeux des hommes et à leurs réflexions sexistes, j’ai décidé de répondre à toutes ces questions posées et muettes, qui sont, à vrai dire, des questions rhétoriques, car toutes ces femmes et tous ces hommes qui méprisent les nullipares1, n’attendent pas de réponse, convaincus qu’ils sont qu’aucune raison au monde ne peut justifier un tel manquement.
Je vous livre les assertions, les affirmations, les convictions auxquelles j’ai été exposée depuis que je suis en âge de procréer.
Je vous livre tout simplement une joute.
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1Femme n’ayant jamais porté d’embryon - Le Robert - Dictionnaire historique de la langue française - Alain Rey - Tome II - p. 1552 (par extension, qui n’a pas eu d’enfant)
« Une femme qui n’a pas d’enfant n’est pas une femme ! »
Ah ? Bon ! Que sont donc ces espèces nouvelles, ni homme, ni femme ? Quelle sottise ! Non, une femme qui n’a pas d’enfant n’est pas une mère, point. Il est vrai que la femme étant intrinsèquement liée à la maternité, faire des enfants semble être une évidence, voire une obligation. Celles qui n’y souscrivent pas ne sont donc pas des femmes, et bien sûr pour parachever et couronner la stupidité des analyses et des conclusions brillantes, ce sont, en plus, des égoïstes.
Alors qu’en est-il de ces femmes qui ne veulent pas d’enfant, qui ne veulent pas procréer comme Dieu qui, Lui, a créé ? Qu’avons-nous à dire ? A défendre ? En fait, rien ! On ne devrait pas avoir à se justifier sur ce choix ou alors j’aimerais beaucoup entendre le discours des mères, leur motivation à vouloir un enfant, quand on voit, pour certaines, ce qu’elles en font. Quand on voit le poids que ces enfants semblent faire peser sur elles, et ce qu’elles font peser sur eux, même si elles les aiment, bien évidemment, mais là n’est pas le débat.
De mémoire, enfant, je ne me souviens pas avoir jamais dit « plus tard, quand j’aurai des enfants ».
Je n’ai jamais été appelée par cet instinct, comme on dit. Et c’est une chance car à l’âge d’enfanter physiquement, mentalement, psychologiquement et intellectuellement, dire que je n’étais pas prête est un euphémisme. Aussi, ai-je eu beaucoup de chance de n’avoir jamais eu envie, l’enfant que je n’ai pas fait, aussi. Et dans la foulée, je rajouterais mon entourage. Aujourd’hui, je peux analyser et très clairement formuler ce choix qui part, d’abord, tout de même, de ces hormones muettes, à en croire mes amies mères qui au-delà d’avoir envie d’être maman, me disent, pour la plupart, avoir physiquement ressenti un besoin impérieux, irrépressible de porter un enfant.
Donc, hormones muettes d’accord.
Mais intellectuellement, aucune envie d’être mère. Et croyez-moi, c’est cette non-envie que l’on ne nous pardonne pas. Que touchons-nous chez les mères qui se gargarisent de l’être, qui en ont fait une carrière, une identité, une religion ? Que touchons-nous dans notre société qui nous méprise discrètement et qui voudrait nous voir coupables du péché de n’avoir pas enfanté ?
Je vais, pas à pas, expliquer, et ce sera personnel, ma farouche volonté de n’avoir pas voulu être mère, de n’avoir jamais regretté et de continuer à m’en réjouir.