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Boï R*n Duplicata, exploratrice de la galaxie Messier 101, est appelée par le gouvernement de la planète Raïtora qui lui confie la recherche d’un vieux trésor disséminé dans le cosmos. Aidée et accompagnée par Restitué, son conjoint, elle se lance à la quête des différents éléments de ce puzzle. Seulement, elle est loin de s’attendre au mystère que renferme l’objet de ce voyage, ce qui ébranle ses convictions et donne à l’aventure une tournure inattendue…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Très tôt,
Benjamin Framery écrit en se basant sur les films, bandes dessinées et jeux vidéo qu’il explore au quotidien. Ce bagage artistique éclectique lui permettant d’appréhender ses textes différemment, dans
Messier 101 - Amour au sein d’une galaxie, il met en avant un monde peu ordinaire.
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Seitenzahl: 182
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Benjamin Framery
Messier 101
Amour au sein d’une galaxie
Roman
© Lys Bleu Éditions – Benjamin Framery
ISBN : 979-10-377-6969-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Se balader dans la création procurait à Boï R*n Duplicata un sentiment de paix bienfaiteur : son engin stellaire flottait dans un bras de la Galaxie Messier 101. Comme des traces gigantesques, translucides et colorées, les galaxies voisines s’étalaient splendidement à ses iris constellés, à travers la vitre de son casque, celle de son hublot et celle du champ miroir de son spationef le « Multiplicata ».
Les multiples créatures bariolées récupérées sur d’autres planètes se pressèrent au hublot opposé. Effrayées, irritées et à la fois fascinées, elles regardaient la courbure volumineuse d’une planète. Pétrie de masses nuageuses pourpres, l’atmosphère opaque ne permit pas à Boï R*n Duplicata d’identifier la teneur des sols. Des cyclones occupaient la stratosphère. Boï Ran s’approcha pour visionner de plus près la Géante Gazeuse ce qui eut pour effet de rassurer ses compagnons de voyage : les petites griffes rentrèrent dans les coussinets, les poils et les pelages s’attendrirent, les branchies se fondirent dans la peau, les dents d’un coup de langue s’arrondirent, les pupilles retrouvèrent le voile clair de lumière (tout cela selon l’espèce). La plus évoluée d’entre-elles, adaptée à sa trouveuse aimante, déploya une paire d’ailes cristallines, membraneuses, pour se rendre autour de la machine à représentation spatiale, devançant l’intention de Boï Ryn Duplicata.
Son doigt actionna la machine et la galaxie apparut. Puis un nouveau toucher fit apparaître le système qu’elle traversait. Elle toucha l’icône en forme de globe noir et mauve pour l’agrandir et afficher les relevés croisés des sources d’informations dont elle avait soit les autorisations soit acquis l’accès. La planète « X-0-Z prika » était triplement isolée du système 5-p-1-s-a. Parmi les cinq planétoïdes, son orbite était la plus éloignée du « trou de ver ensoleillé ». Deuxièmement, Boï Run Duplicata constata que ce n’était pas une Géante Gazeuse : l’astre possédait un noyau et des couches de roches. Les deux civilisations présentes dans le système, sur les 14 qui furent les peuplades ou communautés planétaires de ce système stellaire, ne le savaient pas encore et ne souhaitaient nullement utiliser des ressources pour le découvrir. Enfin, la part la plus intéressante, une information d’un réseau-or : « X-0-Z prika » connaissait des formes de vie. Une civilisation passée du système « 5 planétoïdes et 1 soleil absorbé » construisit des plates-formes en orbite avec télescopes inversés. Le mystère du rapport-or « X-0-Z prika » évoquait la technologie de gigantesques êtres ou créatures incapables pour l’instant de toute extraction gravitationnelle. (Des explorateurs démystifièrent le rapport-or, toutefois la civilisation actuelle supportait un préjugé. Des astro-didactitiens désignaient une anomalie dans la stratosphère).
Son spationef dépassa lentement la volumineuse planète, laissant derrière, ces obscurs tumultes et contradictions. Boï Ran Duplicata actionna les droïdes sensibles afin de nourrir ses compagnons, organismes de planètes de divers systèmes au sein de cette galaxie, et de les rassurer aussi de la vision. Son arrivée dans le système 5-p-1-s-a coïncidait avec le passage d’un million de comètes derrière l’orbite de la planète « Flaque de nuit ». Elle se considérait comme une exploratrice d’un nouveau genre. Au fur et à mesure, de multiples connaissances et savoir-faire édifièrent son mode de vie original : le splendide vaisseau-miroir « Multiplicata » n’était pas un modèle froid ; elle en avait assemblé les composants, chercher les matériaux sur divers continents de son monde d’origine, assembler les parties comme le réacteur ou les ailerons sur une lune, le 15 d’une révolution diurne de la 6e phase. À l’époque, le coût du voyage, en temps et en dépenses, était élevé : quel souvenir cependant ! Voir ainsi son monde « Dordora » réputée pour la grande diversité de ses espèces mammifères, jaune par les montagnes de sables, aux terres orange, aux mers et océans roses, fut la confirmation de sa révélation : faîtes pour être exploratrice. Elle se rappelait lorsque la lune passait à l’angle 240° de l’étoile centre et projetait son ombre sur Dordora, cette impression nouvelle, sa nouvelle compréhension : son monde vu dans sa globalité, les trames des vagues, les espaces nuageux, les plis sur la surface des montagnes de sable, c’était signifiant. Cela exprimait une vérité sur son monde, quelque chose impossible à comprendre autrement : son monde s’exprimait dans sa lente révolution et Boï R*n Duplicata l’écoutait. Alors que les ailerons refroidissaient de leurs soudures, elle avait entrepris une sculpture de son monde natal en images holographiques avec un pinceau luminescent. Un morceau de fractal en moins par-là, un grattement avec scalpel pour effilocher de la poussière d’image virtuelle et rendre la sensation visuelle et organique omniprésente sur Dordora.
Une vague de lumière comme un flash parcourut le système « 5p1sa » de son point central à ses circonférences. Boï Ran D. sortit du souvenir. La propagation était lente et rapide : lente de son point de vue actuel, rapide vu d’un astéroïde, d’une planète ou d’un satellite. Par intermittence (dont la périodicité était établie avec certitude sur chaque planète mais sans qu’aucune n’ait la même, ce qui ne manquait pas de faire sourire B.R.D), le soleil enfoui du système « 5p1sa » émettait une puissante vague de chaleur, de vie, d’énergie qui parcourait l’ensemble de l’espace multidimensionnel. Un phénomène spectaculaire dû à la particularité de ce système : en son centre, l’étoile n’était pas visible. Comme un gigantesque trou de ver, normalement considéré comme une source d’anti-vie et de matière, qui aurait attrapé dans son champ un Sol’eil ; les scientifiques du système 5p1sa décrivaient cela différemment : il y avait de l’autre côté de ce simili trou noir une forte source lumineuse, si étonnante qu’elle traversait en sens opposé cet aspirateur de lumière et de matière. Déjà que c’était impossible et contraire à l’idée même du trou noir, on apercevait de près selon des rapports de patrouilles transplanétaires des croissants de lumière, comme des fragments sur des parois de verre. Parfois des rayons dardaient et les observateurs parlaient là du Sol’eil absorbé.
De ce tréfonds, une impulsion émanait pour couvrir d’un anneau de lumière, d’une vague de Sol’eil le système : cela expliquait pourquoi les planètes éloignées étaient dotées de vie. Corroborant l’hypothèse sur « X-0-Z prika » qu’il devait y avoir fatalement une vie, différente et non essaimée par une des 14 civilisations primordiales.
La deuxième planète de ce système en partance du « Sol’eil absorbé » constituait sa réelle destination. Plus grande que « Flaque de nuit », planète n° 3, son ellipse orbitale était aussi plus proche de l’approche de Boï Ran Duplicata. De gigantesques zones cyans, turquoises et vert pâle recouvraient la surface de Raïtora. Boï Ran Duplicata la regardait sur son plan holographique. Pour l’instant même avec des outils de vue spatiale, son vaisseau ne pourrait pas lui fournir une image réelle actuelle. Les cinq créatures l’accompagnant s’étaient attroupées autour : elle agrandit le rendu, et caressa la sphère aux délicats bleu-vert. Chacune des créatures se sentit heureuse de cette vision et encore plus celles comme Sin-Co pressentant que ce serait leur destination prochaine. Le petit singe marron à trois queues dorsales se gratta l’estomac plein de poils mauve métallique et bleu crémeux. Cela eut pour effet de faire sortir des cris rigolos de sa bouche, entre ses dents arrondies. Petit à petit, les autres êtres se mirent à rire, ou trembler de plaisir gentil, amusant et amusés. Boï Ran D. sourit de biais, fronça les sourcils, ne sachant quel nom donner à ce spectacle. Puis un grand écran latéral clignota en jaune : on voyait une zone de l’espace autour, orientée vers une autre galaxie aux poudreuses rougeoyantes. Des déformations firent comprendre à l’exploratrice qu’un spationef allait sortir d’un déplacement à vitesse invisible. Si près de son propre vaisseau, ce ne pouvait être un hasard : l’impression de puissance qui accompagnait toute sortie de l’espace invisible fut renforcée par le silence de l’écran. Elle retira le camouflage miroir et fit soulever le blindage matériel pour regarder directement à travers la paroi de verre. Les trois fuselages des vaisseaux avaient ajusté leur vitesse à la leur : elle n’accueillait que ses amis de la sorte ou des compagnons de prestige. Les pilotes avaient coupé le feu à réaction de leur engin, et une douce lumière bleutée sans les propulser maintenait un cap parallèle au sien.
Deux créatures se pressèrent autour d’elle contre la vitre. Boï Ran demanda à l’une d’elles, la plus évoluée, avec son corps de cristal, « Flou-Net », et ses ailes de verre dont la teinte changeait avec la lumière, d’allumer le son en désignant les oreilles d’une des autres créatures.
La voix d’une femme et d’un homme emplit la cabine du « Multiplicata ».
« Ô mais c’est Boï Ran Duplicata. De retour ? »
En arrière-fond, une autre voix masculine envoyait des signaux de reconnaissance à des patrouilles et relais, plus ou moins automatisés.
« Eh oui… cela faisait longtemps. Votre système n’est pas au cœur de la Galaxie. Je suis ravie d’être aussi bien accueillie : j’ai sorti le grand jeu, dit Boï R. en désignant la paroi de verre qui seule la séparait de l’espace. » Le troisième engin dériva et plongea de biais pour se positionner sous le « Multiplicata ». Le second prit de la hauteur et se mit au-dessus.
« Tu peux refermer et relancer ton camouflage. On va t’escorter un parsec ou deux. »
Boï Ran D. ne se fit pas prier, ultra-heureuse de cette proposition. Elle s’entendait particulièrement bien avec cette espèce : les raïtoriens. Elle remit son dispositif et éteignit les lumières pour ne voir que les trois visages sur les écrans du plafond de la coque. Chaque créature en profita pour rejoindre sa couche et se reposer. Positionnés en pyramide autour du vaisseau, les ordres dans lesquels le « Multiplicata » était pris étaient extrêmement agréables à sa passagère.
La Découverte des Cinq Créatures :
Sin-Co, le singe aux douze membres
Boï Ran Duplicata connaissait surtout la Galaxie Messier 101. Une photographie d’un gigantesque œil-satellite révélait une forme spiralaire, comme un tourbillon d’étoiles, dont chaque poussière d’or, de dimension différente, était un soleil. La planète « Co-9+1-R » se trouvait prise dans un de ces volumes d’obscurité pailletés de lumière. Ces mouvements naturels, ces lents systèmes, côte à côte, pris dans l’ensemble mouvant, déployaient à l’entendement du regard la sensation visuelle d’une branche colossale d’une étoile de mer repliée à sa molle pointe contre la force d’un courant.
B.R. Duplicata cette année-là de ce lieu-ci (456/983) allait à la rencontre d’un type de planète nouveau : un disque-pla’. Accompagné alors et seulement de « Flou-Net », sa première découverte et adéquation avec un système organique différent, Boï apportait un caisson sous pression de fruits d’un système voisin et ne se doutait pas qu’elle rencontrerait Sin-Co et en ferait l’acquisition.
« Multiplicata » en était à sa version troisième, l’effet miroir un peu à la traîne, le champ de protection en cours de construction, et des cabines condamnées, car trop pleines de cargaisons futiles. Néanmoins, la seule cabine aménagée lui plaisait à elle et « Flou-Net ». Quelques sculptures holographiques pour constituer sa carte stellaire. Des lampes encagées flottant autour de points magnétiques. Déjà, en ces années, Boï se distinguait par la qualité de ses repas, provisions et soins nutritionnels. Lorsque « Flou-Net » l’eut rejointe elle s’est découvert une véritable qualité : elle aimait trouver la bonne nutrition à ceux qui l’accompagnaient et la trouver. La créature transparente ressemblait à un cristal volant. Des membranes oblongues, organiques servaient d’ailes, et ses yeux endormis à quatre points de son corps petit, n’enlevaient pas l’éclat de sa surface, voyant aussi au sommet. Elle se prit d’intérêt ou d’affection, peut-être d’amour, pour Boï Ran, aussi curieuse qu’elle à son sujet, car « Flou-Net » était attentif aux faits et paroles de l’exploratrice interstellaire. Parfois, elle l’imitait, devançait ses gestes, d’autres fois elle se situait autour d’elle, ou semblait aimer comprendre.
Boï Ran Duplicata aimait ce qu’elle possédait. Au plus sombre des espaces noirs, où les étoiles ne brillaient plus, déplacements obligés pour ce type de spationef, nécessaires à son projet de vie de nouvelle exploratrice exhaustive, elle prit soin de ce qu’elle possédait, de ce qu’elle avait acquis, bien que tout alors paraissait vain et misérable, elle continua à aimer : elle découvrit les aspects pauvres de sa vie, de la vie, elle ne céda pas à l’angoisse ni à la peur, le jour où les appareils de « Multiplicata » s’éteignirent ne délivrant plus de relevés, de comparaisons, d’estimations, de repères… de compagnie. « Flou-Net » s’était mis en sommeil irréversible car comme pour beaucoup d’espèces « les espaces noirs » n’étaient pas vivables. Elle remercia « la Création est le Créateur » pour ne pas l’avoir tuée : elle comprit que peu d’espèces pouvaient vivre avec elle, intimement.
Le temps de la traversée, car elle n’avait aucune mesure viable, une étoile se mit à briller : et peu à peu l’espace se compléta (elle avait traversé une branche de la Galaxie à une autre). Elle explosa sa joie et ce dont elle se souvint le plus : c’est d’avoir aimé ce qu’elle possédait. Qu’y avait-il de changé en elle ? Regard, lèvre craquelée, moue sincère… Par contre, elle éprouva la « nouvelle science » et son spationef était devenu solide, plus discret, plus adapté, plus brillant, plus à sa place, moins insolite…
Un cycle Galactique Commun plus tard, « Co-9+1-R » tournait lentement bardée de constructions satellites et d’une surface brun-rouge comme de la roche et des sables, elle fit « entamer » au Multiplicata les procédures de descente et d’aplanétissage. Lorsque tout fut en ordre et que les autorités civilisées de cette planète prirent le contrôle de son spationef pour l’accueillir, Boï Ran Duplicata rangea l’intérieur du Multiplicata, lava les parsecs parcourus et décora car dans son monde Dordora, celui qui était accueilli se devait aussi de présenter un visage souriant, un habitacle réjouissant, un cadeau d’être heureux du geste.
Les couches atmosphériques, épaisses, défilaient en nuages contre les écrans de surveillance proche, outils premiers de son spationef. Boï R. D. éprouva la sensation étrange, mi-agréable mi-vertige, de ses organes saisis par la force gravitationnelle d’un astre de taille. Les plantes de ses pieds cherchèrent un nouvel appui stable contre le sol de la carlingue. Ses semelles étaient d’acier moulant. Contrairement à un aplanétissage manuel, le champ électrostatique des autorités planétaires protégeait le Multiplicata de tout perturbation, secousse ou risque d’enflammage atmosphérique. La capsule émergea des volumes vaporeux colossaux qu’on nommait nuages, et découvrit les continents, l’architecture rijitamienne et quelques volatiles de type dracolets, souples, mystérieux et puissants. Mystérieux car ils contrôlaient les cieux sans jamais mettre en danger la civilisation implantée sur « CO-9+1-R » et de telle manière que celle-ci, les « rijitamë » n’insistèrent nullement pour les chasser.
À l’aplanétissage, le spationef déplaça des nuages de poussières et de brindilles. Avant d’ouvrir le sas et de déployer la passerelle du « Multiplicata », alors en bêta-construction, Boï Ran Duplicata appuya sur les consoles de bord : la date se convertit en temps planétaire (9000) et son casque reçut la formule chimique respirable (C3M). Pour ne pas apparaître trop mécanique aux « rijitamë » elle appliqua par-dessus un visage. La matière pseudo-organique possédait des micropulsions musculaires qui respectaient les codes des visages rijitamiens*. À quoi bon lui servirait la sincérité, elle était assurée qu’ils ne la croiraient pas. Au moins, la coquetterie de s’être adaptée pour les voir serait bien interprétée.
Le design élancé de son vaisseau interplanétaire fut apprécié : les triangles sombres fuselés, emboîtés, séparés par des stries rouges, réacteurs rougis par la puissance déployée. À mesure des temps écoulés, les parois noires de la coque s’apaisèrent en un bleu pétrole, pervenche sur les arêtes.
Les cités stratifiées des rijitamë semblaient lors de l’aplanétissage (vue du Multiplicata) comme des rigoles sur du sable, des cercles concentriques collés les uns aux autres. Non moins que de l’espace les couches atmosphériques donnaient une impression brun-rouge des sols en vérités ocre orangé, de près les cités paraissaient dures et construites dans un granit couleur beige. Trouées de toute part, les galeries organisées sillonnaient horizontalement les sols de « Co-9+1-R ». Boï Ran D. remarqua qu’importait les niveaux : il y en avait 4 à 5, se distinguaient par des teintes claires ou foncées en alternance, sans lien de communication entre elles. Des passerelles passaient directement au-dessus ou au-dessous de certains niveaux, pour relier le même niveau.
Le langage universel de la Galaxie Messier 101 n’était pas connu sur ce monde « disque -pla’* ». Un module de traduction écrivait les significations sur un écran à cristaux sensibles corrigeant au fur et à mesure. Boï connaissait des jurons du dialecte et des banalités, elle dessinait des doigts son message sur l’écran, validait sur « CO-9+1-R » avant qu’une parole synthétique se charge de délivrer le message sans saveur émotionnelle. Ran était trop occupée à contempler les clichés pris à la descente. Les bords du monde se relevaient en croûtes montagneuses. La face prise dans la rotation faisait face à leur étoile-chaleur. La nuit, irrégulière, était le fait d’éclipse lors des passages nombreux derrière leur sillage. La périodicité et les angles étaient si précis, or hasardeux, et si organisés, or incontrôlables, que les rijitamë durent être étonnés d’apprendre les vérités scientifiques de leur monde à l’âge des connaissances de leur civilisation. « La création est le créateur », songea en son cœur Boï Ran D.
D’un coup du ciel, un dracolet se posa sur la coque du Multiplicata. Un rijitamë posa sa main à deux bras pour rassurer l’exploratrice : les griffes rentrées n’abîmaient pas son spationef, la queue ballante fit ventouse sur une caisse de cargaison à l’intérieur du vaisseau et la sortie avec force et aisance. Le dracolet déploya quatre paires d’ailes jaune anis, à travers desquelles il était possible de voir, avant de s’envoler avec la caisse vers les sommets de la cité.
« Vous en êtes arrivés à les dompter, traduisit du tracé du doigt ganté de B.R.D le module.
Un barrissement tonitruant résonna à l’horizon. Elle savait qu’il n’existait pas d’éléphant ou pachyderme aux confins de ce « monde -pla » et encore moins sur la croûte du versant opposé réduit à l’état d’une écorce stérile et fuligineuse.
« Ne vous inquiétez pas, nous avons découvert un deuxième géant, il y a peu. »
Le visage d’un rijitamë était au bas parsemé de trous divers d’où sortaient en sons, un langage. Pas de nez, mais au niveau des oreilles des ouïes olfactives. Les yeux étaient communs au 70 % de la Galaxie, mis à part paupières, iris et pupilles aux variations infinies entre les espèces. Ceux-là se fermaient de gauche à droite par une peau de visage sans poil. Boï Ran savait que leur manière d’entendre était à peu près celle qui permettait à sa propre espèce de ressentir le touché. En effet, c’est sur l’étendue de la peau qu’ils appréhendaient les décibels. Il paraît que cela leur conférait au rijitamë des qualités de traqueurs, de chasseurs exceptionnels. Toutefois, elle doutait qu’ils perçussent les sons comme les rugissements des dracolets ou ce barrissement de géant.
Car si tel était le cas, elle pense qu’ils seraient effrayés comme elle l’était maintenant. Peut-être recevaient-ils trop peu de visite pour en plus voir les rares personnes accostant sur « CO-9+1-R » marquées, choquées par ces déploiements vocaux et tentaient de les rassurer. Peut-être elle-même souffrait d’un dépaysement qui la rendait hypersensible. Flou-Net se posa sur ses genoux et la rassura par son calme translucide. La lumière dorée traversait formidablement son corps de cristal. À divers points de son être (grossièrement les épaules et les genoux sur sa forme fuselée, volante et oblongue), des yeux s’étaient ouverts à la sortie de la soupape du Multiplicata. Ces quatre points bleus pétant, en plus de celui en cristal au sommet de son organisme, observait ce nouveau monde.
Pendant que Boï Ran avait signé de sa présence des documents, rempli les protocoles et permis les échanges entre les cargaisons et les factures, Flou-Net s’était élevé verticalement dans le ciel et analysait les proches alentours ainsi que des paysages plus lointains. C’est ensemble qu’elles parcoururent les galeries : la principale décoration était des tracés concentriques et répétitifs avec une glaise noire sur fond clair. C’était rassurant, hypnotique parfois, un peu trompeur sur la profondeur réelle des roches. Flou-net dégageait une lueur agréable et son sens de l’observation ainsi que sa compréhension typographique en firent le guide naturel de Boï Ran Duplicata.