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Un pacte infernal, une série de meurtres énigmatiques, une vérité plus effroyable que tout ce que l’on pourrait imaginer… "Meurtre de sang-froid" vous plonge dans une spirale fatale dont il est impossible de s’échapper. Dans un geste désespéré, un cordonnier s’allie à des trafiquants de drogue, espérant ainsi échapper à la misère. Mais lorsque des morts violentes s’enchaînent et que la violence éclabousse son quotidien, tout bascule. L’enquête piétine, les pistes se dérobent, et une révélation glaçante se dessine : sa propre épouse pourrait-elle être au cœur de cette hécatombe ? La vérité, insoutenable, pourrait bien être plus mortelle encore que les crimes eux-mêmes.
PROPOS DE L'AUTEUR
Inspiré par les épreuves de l’existence,
Chris Ward trouve dans l’écriture une catharsis aux tourments intérieurs. Naviguant entre poésie et romance contemporaine, il signe "Meurtre de sang-froid", un thriller mêlant crime et passion, invitant ses lecteurs à une réflexion sur la justice et ses implications profondes.
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Seitenzahl: 544
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Chris Ward
Meurtre de sang-froid
Roman
© Lys Bleu Éditions – Chris Ward
ISBN : 979-10-422-5995-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux privés, des noms de firmes, des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que le fait du hasard.
Ce livre est un roman sorti tout droit de l’imagination de l’auteur.
Prologue
Nous sommes lundi. Le jour se lève, et les volets entrouverts de la chambre laissent apparaître les rayons du soleil entrant en direction du lit où est encore endormie Marie Fourel.
On entend, dans la cuisine, des bruits d’une cafetière italienne qui siffle quand le café est prêt. Des bruits de cuillères s’entrechoquent lorsqu’on les place sur un plateau, avec deux bols de café fumants, des chocolatines et des croissants, deux verres de jus de fruits et un petit vase surmonté d’une rose rouge à l’intérieur.
C’est Paul Bertier. Il vient de déposer le plateau du déjeuner sur le lit et réveille Marie en douceur avec un baiser sur son épaule encore découverte. Marie se réveille.
— Bonjour, mon chéri ! dit-elle en écartant les bras pour s’étirer.
— Bonjour, mon amour ! Tu as bien dormi ?
— J’ai très bien dormi avec toi à mes côtés, c’était super, mon cœur !
— Mais qu’est-ce que tu m’as amené là ? Le café au lit ? C’est gentil, mon amour !
Et ils s’embrassent d’un long baiser langoureux !
— Eh oui ! Nous sommes ensemble depuis une semaine, mais nous n’avons rien dit au bureau. Personne n’est au courant, mais ils doivent bien parler dans notre dos. C’est un peu compliqué, car il est encore marié. Mais il a demandé le divorce, enfin, je crois. L’avenir nous le dira. Pour l’instant, cette perspective me convient très bien !
Après ce petit-déjeuner copieux, ils s’habillent et sortent de l’appartement. Dehors, il fait chaud : c’est une période de canicule et de sécheresse inhabituelle pour le printemps, trop précoce selon les météorologistes. Les rivières manquent d’eau, et il n’a pas plu depuis plus de six mois.
Beaucoup de Préfets ont interdit d’arroser les champs et les cultures et ont réduit la consommation d’eau au robinet, car la nappe phréatique est descendue à son plus bas niveau. Ils s’asseyent à une table de bar, sous un parasol.
— Vous désirez monsieur, dame ? demande le serveur
— Deux bières, s’il vous plaît !
— Je vous apporte votre commande, répond le serveur.
Le serveur revient avec leurs deux bières et engage la conversation :
— Il fait très chaud aujourd’hui, n’est-ce pas ?
— Oui, il fait très chaud !
Un peu à l’écart du couple, dans le même bar, on entend le cliquetis d’un appareil photo qui s’enclenche automatiquement. C’est certainement un détective privé. Marie entend ce bruit et embrasse Paul langoureusement, comme pour offrir une preuve à sa femme qu’il en aime une autre.
C’est le dernier jour de congé du couple. Ils passent leur dernière soirée dans un restaurant près du marché couvert. Déjà, beaucoup de monde se presse en terrasse, et un orchestre bien connu dans la région joue de la musique. Ils mangent et dansent toute la soirée.
Pendant ce temps, à l’arrière-boutique d’un cordonnier, un homme se fait tabasser à mort par plusieurs individus. Quand les voyous s’aperçoivent qu’ils ont frappé un peu trop fort, ils se débarrassent du corps dans un parc avant de prendre la fuite en voiture, à toute allure.
En fin de soirée, Marie et Paul rentrent se coucher dans l’appartement situé boulevard Gambetta, un logement avec une façade un peu vieillotte qui mériterait un bon décrassage. Soudain, une 405 turbo les dépasse à vive allure.
— Il est fou, ce chauffard qui roule si vite en ville !
Mais au matin, après une nuit de sommeil réparateur, nos deux tourtereaux se lèvent avec la tête un peu brouillée. Ils déjeunent tranquillement, quand soudain le téléphone de Paul sonne :
Dring ! Dring ! Dring !
— Allô ! Chéri, ton commissaire a appelé à la maison. Si tu n’es pas au travail, tu es où ?
— Je bois un café dans la salle de repos. Je vais aller le voir.
Marie, ayant entendu la sonnerie, sort de la douche avec une serviette autour du corps et demande :
— C’était qui au téléphone, mon amour ?
C’était ma femme. Elle se demande où je suis, car le commissaire a appelé chez moi. Il n’arrivait pas à me joindre sur mon portable.
— Tu as regardé ton portable, s’il n’y avait pas de messages ?
— Bon, j’y vais, mon amour. Il s’ensuit un baiser langoureux ! J’irais voir le commissaire en arrivant !
Dix minutes plus tard, Paul Bertier arrive au commissariat de police, où le commissaire l’attend :
— Bertier, venez dans mon bureau ! Vous n’étiez pas chez vous cette nuit ? La prochaine fois, prévenez-moi. Vous n’étiez pas joignable sur votre portable. Vous m’excuserez, mais c’était important. Nous avons un meurtre à élucider. Je vous mets sur l’affaire avec la commandante Fourel. Mais où est-elle ? Je n’arrive pas à la joindre !
— Mais, commissaire, vendredi soir en partant, elle m’a dit qu’elle était en congé pour trois jours.
— Bertier, allez au parc du Colombier. Nous avons une mort suspecte. On vous attend sur place. Moi, je vais essayer de joindre la commandante.
Dring ! Dring ! Dring !
— Ce n’est pas possible. Je n’arrive pas à la joindre. Où peut-elle bien être ? Je tombe sur son répondeur :
— Allô, Fourel, je n’arrive pas à vous joindre depuis ce matin. Rappelez-moi !
Marie Fourel, chez elle, fume une cigarette sur son balcon après le déjeuner. Elle pense soudain à son portable, le cherche partout dans son appartement et finit par le retrouver enfoui entre les coussins du canapé. Elle s’aperçoit qu’il est déchargé depuis la veille. Elle le met en charge et découvre un message sur son répondeur. Elle l’écoute.
1
— Allô ! Bonjour, commissaire, vous m’avez appelé ?
— Bonjour, Fourel. Vous devez aller au parc du Colombier. Nous avons une mort suspecte. Bertier vous attend sur place et vous mettra au courant !
— Mais commissaire, je suis en congé pour trois jours.
— Vous les prendrez plus tard. Je vous ai mise sur l’affaire avec Bertier !
Paul Bertier est un capitaine intègre, toujours habillé à quatre épingles avec un costume gris clair et une cravate gris foncé. Il est arrivé sur les lieux le premier. Les cotons tiges étaient déjà présents pour effectuer les premières constatations. En s’adressant à un brigadier, il demande :
— Qui est le témoin ?
— C’est monsieur Gilbert Massier, répond le brigadier en le désignant du doigt.
— Bonjour, monsieur. Vous êtes bien monsieur Gilbert Massier ? demande Bertier, remarquant son blouson en daim, son jean bleu et ses baskets blanches d’une marque connue.
— Oui.
— Alors, expliquez-moi, dit Bertier en sortant un carnet de la poche intérieure de sa veste.
— Voilà, je faisais ma promenade quotidienne pour sortir Narco, mon berger allemand, dans le parc du Colombier. Je suis passé devant un banc, et il y avait un homme couché dessus. Je lui ai dit, en le bousculant de la main : « Eh ! Monsieur, il ne faut pas dormir sur le banc. » Et là, il s’est écroulé à mes pieds. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé la police.
Pendant ce temps, Marie Fourel arrive sur les lieux.
— Bonjour, Paul. Bonjour, André. Je viens d’arriver. Vous me mettez au parfum ?
— Bonjour, Marie. Bien ! Voilà, il n’est pas mort naturellement, il a été tué. Son corps comporte plusieurs ecchymoses suspectes. J’ai donc envoyé tous les prélèvements au laboratoire pour analyse. Je vous en dirai plus après l’autopsie. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il est mort après 22 h 30 hier soir, de blessures infligées par des coups de poing. Les agresseurs devaient être plusieurs.
Marie Fourel est une commandante probe, toujours habillée en jean bleu, avec des baskets façon jean et un pull vert pâle sur un chemisier blanc. Elle a toujours son mobile dans la poche arrière de son jean. Un policier passe et lui lance :
— Marie, tu as dormi où cette nuit ? Tu as les mêmes vêtements qu’hier !
— Ça te regarde pas, occupe-toi de tes oignons !
— C’est vrai, tu étais où hier soir ? ajoute Bertier d’un ton moqueur.
— Hier, je suis allée voir mon fils chez mon ex. On a discuté à son sujet et j’ai dormi sur le canapé.
— Tu n’as pas remis le couvert ?
— Mais, ça va pas, non ? On est là pour travailler !
— Lieutenant Verot, faites une enquête de voisinage habituelle, la totale ! Je veux votre rapport demain dans la journée !
— Moi, je vais rentrer. Je dois prendre mon fils au lycée des Prés Saint Jean. Je vous retrouve après à la brigade.
— OK, dit Paul. On t’attendra pour le briefing !
— Et toi, rassemble tout ce que tu pourras sur la victime.
En attendant son fils à la sortie du lycée, Marie aperçoit un jeune homme discutant avec des lycéens. Elle sort son portable et le prend en photo. « Celui-là est un peu louche, » pense-t-elle. Son fils arrive avec son sac à dos. C’est un grand gaillard de quinze ans avec une voix en pleine mutation.
— Tu as passé une bonne journée au travail, maman ?
— Oui, mon chéri ! Tu sais que j’étais en congé pour trois jours. Je voulais les passer avec toi, mais mon boss m’a mise sur une nouvelle affaire.
— Donc, tu ne vas pas rester avec moi ?
— Je vais te ramener chez ton père, mon cœur.
Ils reprennent la route pour Saint-Privat-des-Vieux où son père les attend. Marie l’avait prévenu qu’elle ne pourrait pas garder leur fils, étant prise par son enquête.
— Puisque c’est comme ça, je vais demander la garde exclusive au juge ! Tu ne respectes pas tes engagements.
— Tu ne vas pas me faire ça ! Ce n’est pas ma faute !
— Allez, va à ton travail. On en reparlera plus tard.
Marie redémarre sa voiture et se dirige vers son bureau, mais elle conduisait les yeux brouillés de larmes. En arrivant devant le poste de police, elle sèche ses larmes avec un mouchoir en papier qu’elle sort du vide-poche. Personne ne doit être au courant de sa vie privée. Elle reprend ses esprits, sort de sa voiture et entre dans le commissariat avec une allure de dirigeante de brigade.
— Bonjour Commandant, dit un des gardiens devant la porte.
— Bonjour brigadier. Ça va à la maison ?
— Oui, Commandant, tout le monde va bien. Merci !
Marie monte dans son bureau, quitte son blouson et l’accroche au porte-manteau. Elle se dirige ensuite vers la salle commune et s’adresse à tous :
— Alors, où en est-on de cette affaire ? Qui commence ? Bertier, vous vous êtes renseigné sur la victime ?
— Oui, il est cordonnier, il s’appelle Vallier Victor et a 45 ans d’après sa carte d’identité. Il est marié et domicilié à Clavière, dans une copropriété. Sa cordonnerie est située rue d’Avéjean.
— Vérot, ça a donné quoi, l’enquête de voisinage ?
— Rien de spécial, Commandante. Ah, si, un voisin des alentours du parc a entendu une voiture démarrer sur les chapeaux de roues en faisant grincer les pneus vers 22 h 30 hier soir.
— Je vais chez la veuve. Bertier, vous venez !
Pendant le trajet dans la voiture, Bertier sentait bien qu’il y avait quelque chose qui la tourmentait.
— Qu’est-ce qui ne va pas, Marie ?
— Je pense à cette voiture qui nous a passés devant, hier soir !
— Oui, celle qui roulait à vive allure. Tu te rappelles la marque ? C’étaient certainement les tueurs !
— C’était une 405 turbo, j’en suis sûre !
Ils arrivent enfin au domicile de la victime et sonnent à la porte. Une dame vient ouvrir, elle avait un bébé sur les bras et on entendait dans la maison des cris d’enfants.
— Bonjour, madame Vallier, je me présente, Commandante Fourel, en présentant sa carte de Police, et voici le Capitaine Bertier. Est-ce que l’on peut entrer ?
— Vous avez combien d’enfants ?demande Bertier en sortant son petitcarnet.
— Quatre. Trois filles et le dernier, un garçon. Mais pourquoi vous me posez toutes ces questions ? Mon mari a eu un accident ?
— Oui, si on peut dire. Il a été trouvé mort allongé sur un banc au parc du Colombier,dit Bertier.
Madame Vallier s’effondre sur le canapé en cuir, en pleurs.
— Je peux vous poser quelques questions de routine ?
— Est-ce que je peux le voir ?
— Non, pas pour l’instant !
— Votre mari, quand vous l’avez vu pour la dernière fois ?
— Il m’a téléphoné hier soir à 18 h 30 pour me dire qu’il rentrait.
— Et son retard ne vous a pas inquiétée, quand il n’est pas rentré à la maison ?
— J’en ai l’habitude, cela lui arrivait de ne pas rentrer de la nuit.
— Bon, je vais vous laisser, mais il faudra venir au commissariat demain matin pour signer votre déposition. Bertier, vous venez ?
Ils reprennent la voiture et, pour aller plus vite, il met le gyrophare.
— Il faut prévenir l’assistante sociale ?
— Non, pas aujourd’hui. Laissons-la tranquille pour le moment. Cependant, il faut se renseigner sur le témoin. Vous demandez à Julie de le faire. Je vais voir le Juge pour une perquisition au magasin de la victime.
— OK ! Je m’occupe de tout.
— Ah, il faut que tu te renseignes sur ce type, je t’envoie sa photo sur ton portable. Il avait une attitude suspecte devant le lycée de mon fils, il me semble qu’il dealait.
Une heure plus tard, Marie revient avec une commission rogatoire pour la perquisition, et la brigade complète se rend au magasin de la victime. À leur arrivée, Paul et Marie découvrent que la porte du magasin est entrouverte.
— Paul, appelez les cotons tiges, on a besoin d’eux pour les empreintes.
Chaque policier met son gant en caoutchouc pour tout récupérer.
— N’oubliez pas l’ordinateur, peut-être va-t-il nous révéler des informations intéressantes. Gilles et Julie, vous venez avec nous perquisitionner au domicile de la victime.
Arrivés au domicile, ils entendent les enfants pleurer. La mère a dû leur annoncer qu’ils ne verraient plus leur père.
Dring ! Dring ! Dring ! La porte s’ouvre.
— Bonjour Madame Vallier. Nous avons une commission rogatoire pour perquisitionner votre domicile avec votre consentement.
— Qu’est-ce que vous cherchez encore ?
— Julie, tu restes avec elle et les enfants.
— Je monte à l’étage, dit Gilles.
À peine commence-t-il à fouiller la chambre du plus jeune qu’il s’écrie :
— Commandante, venez voir !
Paul et Marie montent rapidement. Ils sont stupéfaits de découvrir une réserve de drogue cachée dans le doudou du petit. En redescendant, Marie s’adresse à la mère :
— Vous étiez au courant de ce que faisait votre mari ? Vous vous rendez compte ? Le petit aurait pu y mordre et mourir.
— Mais de quoi parlez-vous ? Mon mari était cordonnier !
— Et ça, c’est quoi, d’après vous ? demande Marie en montrant le doudou rempli de petits sachets emballés dans un sac plastique.
— Il vous apportait beaucoup d’argent ?
— Moi, je l’apportais à la banque. Vous pouvez vérifier, je le déposais sur le compte du magasin. Je croyais que c’étaient des chaussures qu’il réparait. Vous pensez que c’est pour ça qu’il est mort ?
— J’en ai bien peur, madame !
— Nous allons tout faire pour retrouver ses assassins !
— Julie, reste avec les enfants pendant que madame Vallier vient avec nous pour faire sa déposition.
Arrivée au poste de police, Marie invite Rose Vallier à s’asseoir.
— Vous voulez boire quelque chose ? Un café peut-être ? Gilles, tu peux aller chercher un café pour madame, s’il te plaît !
— Je sais que cela n’allait pas fort depuis août 2022. Son comptable lui avait annoncé qu’il devrait déclarer la faillite. Son bilan était désastreux, surtout depuis 2019, avec le Covid et les confinements à répétition. Il était au bord du gouffre.
— Qu’est-ce qu’il a fait pour s’en sortir ? demande Paul
— Il a demandé un crédit à sa banque pour son fonds de roulement, mais la banque a refusé.
— Alors, continuez ! dit Paul.
— Il a changé de banque !
— Et ensuite ?
— Un jour, en mars, une personne est venue au magasin lui proposer de gagner beaucoup d’argent en travaillant pour elle. Il a signé un contrat d’association. Il devait réparer des chaussures qu’on lui apportait, d’après ce qu’il m’a dit.
— C’est une nouvelle méthode des dealers, commente Marie en regardant Paul. Continuez, madame Vallier !
— Tous les clients apportaient une paire de chaussures à réparer.
— Je comprends, dit Marie. Lui, il devait mettre un sachet de drogue dans le talon de chaque chaussure, les réparer et encaisser le prix fixé par l’associé.
— C’est pour ça que l’on a découvert dans le magasin plusieurs paires de chaussures sans talon ! dit Paul.
— Pour un cordonnier, au bord de la faillite, il a vite gonflé son compte bancaire en deux mois ! ajoute Marie.
— C’était inouï, il avait beaucoup de clients, il ne comptait pas ses heures ! répond madame Vallier. Je peux partir maintenant ?
— Vous pouvez y aller, mais avant, il faut signer votre déposition ! Restez à la disposition de la justice.
— Au revoir Madame !
Quand elle est sortie du bureau, Marie se tourne vers Paul :
— Dimanche, il avait voulu arrêter ce petit manège qui ne lui plaisait pas. Mais il s’est retrouvé piégé. Les assassins lui ont fait comprendre que ce n’était pas lui qui commandait, et le commanditaire a envoyé ses hommes de main pour faire le sale boulot. Et voilà comment Monsieur Vallier Victor s’est retrouvé assassiné par plusieurs coups de poing.
— Ils ont voulu faire un exemple pour tous les autres commerçants qui ont fait appel à lui pour un prêt, ajoute Paul.
Et se retrouvant tous devant la machine à café, ils discutent :
— Alors qu’est-ce que vous pensez de madame Vallier Rose ?
— Je la trouve un peu trop au courant de ce qui s’est passé. J’ai l’impression qu’elle n’est pas claire, dit Paul d’un air soucieux !
— Moi, j’ai parlé avec ses filles pendant que je les gardais. Issues d’un premier mariage, elles m’ont confié que monsieur Vallier était très gentil avec elles. En revanche, leur père biologique était méchant quand il avait bu : il frappait leur mère souvent. C’est pour ça que leur mère l’a quitté, pour protéger ses filles, dit Julie avec empathie !
— Bon ! assez bavardé, retournons au travail !
Ils se retrouvent tous assis devant le tableau noir.
— Nous avons donc une victime : Monsieur Vallier Victor ! Et elle dépose une photo prise au parc.
— Julie, qu’est-ce que tu as découvert ?
— J’ai fait le tour de tous les commerçants. Tous déclarent avoir perdu beaucoup d’argent avec ce satané Covid et le confinement obligatoire. Comme tous les petits commerces, ils n’ont pas eu droit aux aides de l’État, beaucoup ont déjà mis la clef sous la porte, d’autres se sont suicidés.
— Il nous faut découvrir si ces suicides ne constituent pas des crimes maquillés,réagit Marie d’un air énervé !
— Tu t’y colles, Gilles, demain matin !
— OK, commandante !
— Nous sommes tous fatigués par cette journée. Rentrez chez vous. Après une bonne nuit, nous y verrons plus clair demain matin.
Le soir, vers 20 h, Marie est chez elle, bd Gambetta.
Dring ! Dring ! Dring ! La sonnerie de la porte d’entrée retentit. Marie pense : « Qui peut bien venir à cette heure-ci ? »
Elle se dirige vers le judas pour voir qui se trouve derrière la porte.
— Chérie, ouvre-moi ! lance une voix qu’elle reconnaît immédiatement.
— Je suis fatiguée. Rentre chez toi. Ta femme et tes enfants t’attendent ! répond Marie, sèchement.
— Allez, mon amour, laisse-moi entrer ! insiste Paul.
— Rentre chez toi. Nous deux, ça ne peut plus durer !
Le voisin de palier de Marie sort de chez lui et intervient :
— Qu’est-ce qui se passe ici ? J’ai entendu madame vous dire de rentrer chez vous. Alors, qu’est-ce que vous attendez ?
Paul, gêné, s’exécute. Il prend l’ascenseur pour descendre et quitte l’immeuble.
2
Pendant ce temps, Marie s’était déshabillée et était sous la douche. C’était une belle et jolie femme de quarante ans, bien physiquement et sportive. Après la douche, elle enfila une nuisette et un shorty fleuris, puis se glissa dans son lit pour la nuit. Elle était tellement fatiguée qu’elle s’endormit rapidement.
Cependant, dans la nuit, son sommeil fut perturbé. Elle se tourna à gauche, puis à droite, comme en proie à un mauvais rêve ou plutôt à un cauchemar. Les événements de la journée avaient ravivé des souvenirs de son passé qu’elle avait cherché à oublier. C’était un épisode de sa vie dont elle avait tenté d’effacer les traces.
« C’était en 2008 que tout a commencé, écrit-elle dans une ébauche de son livre. J’avais vingt ans, j’étais sur les bancs de la fac de droit. Nous étions jeunes, et j’ai consommé de la drogue pour faire comme tout le monde. »
Son téléphone la ramena brusquement à la réalité.
Dring ! Dring ! Dring !
Elle se réveilla en sursaut, essuya ses yeux bleus imbibés de larmes et regarda l’heure : il était sept heures du matin.
— Allô ! Qui est à l’appareil ?
— Commandante, je suis le brigadier de garde Marmey Philippe. Je vous appelle, car nous avons un nouvel homicide qui ressemble à celui d’hier. Le commissaire m’a demandé de vous prévenir qu’il vous attend sur place, à la cité des Cévennes. Je vous envoie l’adresse par SMS.
— Merci, brigadier. Je m’habille et j’y vais !
Elle enfila un jean, un pull vert et ses baskets préférées, idéales pour courir si nécessaire, puis but un café déjà froid. Elle descendit quatre à quatre les escaliers, sans attendre l’ascenseur, et rejoignit sa voiture garée sur le boulevard. Essoufflée, elle démarra sa Peugeot 205 et se dirigea vers les Cévennes, en passant par l’avenue Carnot et en longeant le Gardon jusqu’aux immeubles concernés.
— Ah ! Enfin, tu arrives !dit le commissaire.
— Bonjour Commissaire, bonjour Paul, bonjour Julie, bonjour Gilles !
— Bonjour Marie !disent tous ensemble.
— Comment s’appelle la victime ?
— Paul, mettez-la au courant. Moi, je rentre au commissariat !
— Alors, voilà, Marie. C’est un jeune homme qui n’a aucun papier sur lui, nous le saurons par les empreintes digitales plus tard. En attendant, nous n’avons rien de plus.
Marie s’accroupit près de la victime pour l’observer de plus près. En fouillant ses poches, elle trouva une carte de séjour dissimulée dans une poche secrète.
— Alors, André, qu’est-ce que tu peux nous dire sur cette jeune personne ?
— Bonjour Marie, comme tu dis, il est un garçon de vingt ans à peine, lui cependant, est mort d’une overdose, il a comme le premier des ecchymoses sur les avant-bras.
Ce sont des crimes prémédités. Comme d’habitude, je fais au plus vite.
— Oui, fais au plus vite, car deux morts en deux jours, ça commence à faire beaucoup. J’ai l’impression que les malfrats se débarrassent de témoins gênants pour leur bizness.
— Paul, il s’appelle comment le jeune homme déjà ?
— Vallier Daniel ! Ce n’est pas le fils du cordonnier ? Cette tête me dit quelque chose. Ah ! Ça y est, je vois ! Marie, c’est la photo que tu m’as envoyée sur mon portable pour chercher des renseignements.
— Je ne pensais pas le retrouver si vite, de plus mort. Il habite où ?
— Au Prés-Saint-Jean, Bat C, répondit Paul en rentrant dans la voiture avec Marie.
Et dans la voiture, pendant qu’il conduit, Marie le regarde :
— Qu’est-ce que tu as ? Tu m’en veux pour hier soir ?
— Oui !
— Moi, tant que tu es marié, je ne peux pas m’investir dans une relation durable. Tu comprends ça ?
— Oui ! Je comprends, mais je suis déçu.
— Nous arrivons, Paul !
Tous deux inspectèrent les boîtes aux lettres et sonnèrent à une porte du rez-de-chaussée.
Dring ! Dring ! Dring !
La porte s’ouvrit sur une femme déjà bien éméchée en ce début de matinée.
— Bonjour madame Vallier, dit Marie en montrant sa carte de police.
— Oui ! Anciennement madame Vallier, maintenant j’ai repris mon nom de jeune fille : Valérie Dubois.
— On peut entrer deux minutes ? Nous avons quelques questions à vous poser.
— Asseyez-vous, madame, dit Paul !
— Quand avez-vous vu votre fils pour la dernière fois ?
— Trois mois au moins !
— Il vivait où, alors ?
— Mais pourquoi toutes ces questions ?
— Madame, nous l’avons trouvé mort à la cité, les Cévennes.
— Il est mort comment ? demanda madame Dubois.
— Tout simplement d’une overdose de drogues.
— Mais mon fils ne ferait jamais ça !
— Pourquoi avait-il quitté la maison ?
— Parce qu’il voulait retrouver son père biologique.
— Bon, madame, il faudra que vous veniez au poste cet après-midi pour faire votre déposition.
— Paul, on rentre au bureau.
Entre-temps, monsieur Baudras André, le légiste, était venu au bureau pour déposer son compte rendu sur la première victime.
— C’est bien une mort à cause des coups de poing qu’il a reçus, dit Gilles à Julie.
— Bonjour à tous ! dit Marie.
— Bonjour commandante !
— Qu’est-ce que vous avez trouvé sur le jeune homme ?
— Rien de plus, dit Gilles. Il vivait dans la rue et, pour se laver, il allait chez des copains.
— Et il dealait devant les lycées ! dit Marie, un peu énervée.
— Nous, nous avons trouvé autre chose, il avait quitté le domicile de sa mère depuis trois mois. Il voulait retrouver son père biologique.
— D’après les empreintes qu’on a relevées dans le magasin de cordonnerie du père, elles sont différentes de celles du père, ce sont peut-être celles du fils, on attend les résultats d’analyses,ajoute Julie.
— Paul et moi, nous allons retourner au magasin, on a peut-être raté quelque chose.
Quand ils arrivent au magasin, les scellés avaient été coupés.
— Qu’est-ce que vous faites là ? demande Marie.
L’individu cagoulé s’enfuit en courant, et Gilles se lance à sa poursuite pour essayer de le rattraper.
Pendant ce temps, Marie fait le tour et regarde dans tous les coins du magasin.
— Il a couru plus vite que moi, le bougre ! dit Paul, essoufflé.
— Paul, viens voir ! s’exclame Marie.
— Qu’est-ce qui se passe encore ?
— Regarde dans le secrétaire, tu as un sac de scellés pour mettre tout dedans ?
— Oui, Marie ! Il y en a pour plus de 50 000 € en billets de banque !
— Il y a aussi ce sac de drogue en comprimés.
— Cet individu avait dû venir pour récupérer le matos.
— Prends des photos, on en aura besoin au bureau !
— Clic ! Clic ! Clic ! Clic ! Voilà, c’est fait, j’en ai pris quatre !
— Allez, on rentre !dit Marie avec perspicacité ! Nous allons nous concentrer sur cette affaire avec Gilles et Julie ! Ils ont peut-être trouvé quelque chose aussi !
À peine sont-ils rentrés, Marie n’a pas le temps de s’asseoir que Gilles entre dans son bureau.
— Commandante, nous avons un autre mort !
— J’arrive et elle croise Paul qui revient des scellés. Paul, tu viens aussi. Nous avons un troisième mort.
Dans la voiture que Paul conduit, il se pose un tas de questions. Marie l’interpelle :
— Tu es bien soucieux, tu penses à quoi ? dit Marie !
— Je pense au mec qui m’a fait courir. Il avait une cagoule et un masque médical. Je ne pourrais pas le reconnaître. Si c’est lui, il a dû se faire tuer, car il n’a pas ramené ce que nous avons trouvé.
— Si c’est lui, nous saurons que ce que l’on a dans les scellés a beaucoup de valeur à leurs yeux. Ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins.
Tout de suite, ils arrivent sur les lieux du crime.
— Bonjour André ! Qu’est-ce que tu as à nous dire sur cette victime ?
— Bonjour Marie ! Nous verrons après l’autopsie, mais je peux affirmer qu’il a été tué avec un 9 mm, de trois balles à bout portant. Ça m’a l’air d’être une exécution pour faire un exemple !
— Alors Gilles, il s’appelle comment ce jeune homme ?
— Vu sa carte d’identité, il se nomme Gérard Massier !
— Gérard Massier, tu dis !
— Oui ! Gérard Massier ! Mais il porte le même nom que notre témoin d’avant-hier.
— Il va falloir convoquer Gilbert Massier. Gilles, tu t’en occupes !
— Bien, commandante, je le fais tout de suite !
— Il est tard pour aujourd’hui. Vous pouvez rentrer tous chez vous. Demain, il fera jour ! Je vais chercher mon fils de quinze ans au lycée.
En attendant devant le lycée, elle ne voit pas son fils arriver. Elle entre et s’adresse à la directrice.
— Bonjour Madame ! Vous n’avez pas vu mon fils, Sylvain Jobert ?
— Non ! Non ! Il n’est pas sur la liste des collés.
Elle prend son téléphone et appelle son ex-mari.
— Allô ! Marc ! Sylvain est chez toi ?
— Non ! Non ! Il n’est pas chez moi. Il n’est pas avec toi ?
— Non, je vais attendre encore un peu avant de lancer une alerte enlèvement.
— Tu m’appelles s’il rentre à la maison !
Puis vers vingt-deux heures trente, chez Marie, le téléphone sonne :
Dring ! Dring ! Dring ! Dring !
— Allô ! dit Marie.
— Vous êtes bien Madame Jobert ?
— Non ! Je ne suis plus Madame Jobert depuis longtemps !
— Madame, regardez dans votre messagerie, un mail vocal.
— Oh ! Non ! C’est pas vrai !
Une vidéo apparaît où elle voit son fils attaché avec une corde sur une chaise.
— Maman, fais ce qu’ils te disent, sinon je vais mourir, ils me tueront.
— OK, dit Marie, affolée. Qu’est-ce que je dois faire ?
— Vous devez récupérer aux scellés le gros sac de comprimés et les cinquante mille euros. Je vous rappellerai dans vingt-quatre heures pour vous indiquer le lieu de livraison.
Marie appelle immédiatement Marc.
— Allô ! Marc ! J’ai reçu un appel. Ils ont Sylvain. Ils veulent que je fasse quelque chose d’illégal, sinon ils tueront le petit. Personne ne doit être au courant.
— Toi, tu ne dois rien dire, mais moi, oui. Demain vers huit heures, j’irai au poste de Police pour porter plainte pour enlèvement. J’espère voir ton équipe pour leur expliquer la situation.
Et le matin, Marie n’a pas dormi de la nuit en pensant à son fils ! Vers huit heures du matin, Monsieur Pierre Rousset, commissaire principal, entre au bureau et voit Marc assis sur une chaise dans la salle d’attente.
— Tiens, bonjour, Monsieur Jobert. Que faites-vous là, à huit heures du matin ? Marie n’est pas encore arrivée !
— Je sais, commissaire, elle m’a téléphoné, hier soir : notre fils a été kidnappé par des ravisseurs peu scrupuleux. Je viens porter plainte pour enlèvement.
— Gilles, tu enregistres sa plainte, c’est très important ! Moi, je vais voir le Procureur pour demander des renforts !
Mais le Procureur actuel, proche de la retraite, ne veut pas se mêler de cette affaire en cours. Il attend l’arrivée du nouveau Procureur pour faire les présentations à l’équipe de secrétaires, avocats et greffiers qui travaillent avec lui.
Toc ! Toc ! Toc ! Toc !
Son greffier est allé ouvrir la porte de son bureau.
— Bonjour Monsieur le Procureur ! Bonjour, Albert. La femme et les enfants vont bien ?
— Oui, oui, commissaire. Tout le monde va bien, même celui qui est en route !
— Cela vous en fait combien maintenant ?
— Avec celui qui est en gestation, ça fera quatre !
— Bonjour commissaire Rousset ! Que me vaut l’honneur de votre visite ?
— Monsieur le Procureur, nous avons en ce moment un dossier difficile : trois meurtres et un enlèvement. J’ai besoin de renforts.
— Je suis bientôt retraité, vous vous arrangerez avec le nouveau Procureur. Tiens, justement, le voilà qui arrive !
— Monsieur Rousset, voici la nouvelle Procureur, Jeanne Grenge !
Jeanne Grenge était une femme de trente ans, féminine et sportive. Elle est vêtue d’un ensemble vert olive avec un chemisier fleuri et ouvert, car un de ses boutons s’était dégrafé. Elle s’en est aperçue et le reboutonne.
— Vous m’expliquez, commissaire ? dit la jeune Procureur !
— Voilà, depuis trois jours nous avons trois morts et un enlèvement.
Je suis venu aujourd’hui pour vous demander des renforts.
— Qui a été enlevé ?
— Le fils de la commandante !
— Donc ces renforts sont prioritaires !
— Monsieur Albert, reportez tous mes rendez-vous de cet après-midi.
— Oui ! madame, je fais le nécessaire !
— Allons-y ! commissaire, je veux voir toute votre équipe !
Arrivés au commissariat, le commissaire Rousset présente la nouvelle Procureur au personnel.
— S’il vous plaît, écoutez tous ! Voici la nouvelle Procureur, madame Jeanne Grenge.
Marie arrive au même moment. Gilles, de dos à la machine à café, se retourne et remarque l’élégance de la Procureur. En sourdine, il murmure :
— Waouh !
— Marie, expliquez la situation à la Procureur, dit le commissaire en se dirigeant vers le tableau déjà commencé.
Marie prend la parole :
— Vous avez tout d’abord le premier mort : Monsieur Vallier Victor, 40 ans, cordonnier. Ensuite, un premier témoin : Gilbert Massier, 40 ans, qui a découvert le corps. Puis le deuxième mort : Daniel Vallier, 20 ans, fils de Victor issu d’un premier mariage. Ensuite, le troisième mort, Gérard Massier, 18 ans, fils du premier témoin. Enfin, mon fils de 15 ans, Sylvain Jobert, qui a été enlevé. À droite, nous avons la deuxième femme de Victor, Rose Vallier, qui a eu des jumelles, Laura et Lucie, 12 ans, issues d’une première union, et le tout dernier, Lucas, 3 ans.
— Si je comprends bien, tous ces dossiers font partie d’une seule et même affaire ! déclare la jeune Procureur !
— Oui, une affaire de drogue !réplique Marie, soucieuse !
— Je vois que je vais avoir du boulot ! Expliquez-moi comment vous allez procéder.
— Tout d’abord, je dois faire ce qu’ils me demandent si je veux récupérer mon fils. Ils m’ont donné vingt-quatre heures pour leur remettre ce qu’ils réclament.
— De quoi s’agit-il ! questionne la Procureur.
— Le sac des 50 000 € et celui des comprimés que l’on a mis aux scellés hier matin.
— Donc, il nous reste plus que 14 heures pour élaborer une souricière avec les renforts supplémentaires. Je retourne à mon bureau. Comme j’ai annulé tous mes rendez-vous, je vais pouvoir travailler sur ce dossier sensible.
— Albert, écrivez un courrier pour le juge des affaires matrimoniales de nommer une assistante sociale qui s’occupera des enfants de Rose Vallier.
— Pour travailler correctement, on pourrait se tutoyer, propose Albert.
— Appelez-moi Jeanne. Tu t’occupes de tous les dossiers ! Moi, je vais me chercher une chambre pour ce soir.
3
— Ok, Jeanne, je m’occupe de tout ! Demain, nous pourrons travailler sur tous les dossiers en cours.
Et pas plutôt sortie du tribunal, elle s’empresse de téléphoner :
Dringh ! Dring ! Dring !
— Allô ! Gilles, on peut se voir cet après-midi, pour boire une bière ?
— Allô ! C’est toi, Jeanne ? Tu sais, tout à l’heure, j’ai été surpris de te voir au bureau après treize ans d’absence ! Oui ! Bien sûr, il n’y a pas de problème, on parlera du passé. On se voit où ? Mais, au fait, nous avons un enlèvement en cours, nous n’avons pas le temps de tergiverser ! Il nous faut être prêts pour coordonner les opérations avec le GIGN.
— Tu as raison, j’avais complètement oublié !
Dans l’attente de l’appel téléphonique des malfrats, Marie est anxieuse. Tout est prêt pour la suivre incognito. Elle espère qu’il n’arrivera rien à son fils. Elle a le sac de sport contenant les 50 000 € en billets de banque et le sac de comprimés.
Dring ! Dring ! Dring !
— Allô, madame Jobert ! Vous avez la came ?
— Oui, tout est dans le sac de sport !
— Très bien, vous allez mettre le sac dans une poubelle, près du Gardon derrière le restaurant.
— Je vous donnerai le sac que si vous me rendez mon fils. Qu’un de vous me ramène mon fils, et il repartira avec le sac de sport.
Le malfrat part chercher le gamin et le ramène à Marie. Il prend le sac et s’en va.
Ils ne se sont pas aperçus que les policiers planqués derrière d’autres voitures garées, attendant que le malfrat revienne avec le sac, avaient encerclé leur voiture. Tous les policiers du GIGN les ont arrêtés et mis les menottes.
— Beau travail ! dit la Procureur aux policiers !
— Voici, une affaire rudement bien menée ! Félicitations à toute l’équipe !ajoute le commissaire !
Marie repart avec son fils et le ramène chez son père à Saint-Privat-des-Vieux.
— Marc, je te ramène Sylvain !
— Tu veux manger quelque chose ?demande Marc à son fils.
— J’ai pas faim ! Je monte dans ma chambre. Je suis fatigué ! dit Sylvain, déboussolé.
— Et toi, Marie, tu restes manger ?
— Non ! Non ! Je suis fatiguée aussi ! Je rentre chez moi.
Le lendemain matin, c’était un samedi, Marie vient de se réveiller, il est huit heures trente, elle prépare son petit-déjeuner avec un bol de café avec des biscottes beurrées quand, soudain, une sonnerie retentit :
Dring ! Dring ! Dring !
Elle ouvre la porte, le facteur est là, impassible.
— Bonjour madame Fourel ! J’ai une recommandée avec accusé de réception ! Signez ici, madame !
Dès que le facteur est parti, elle ouvre la lettre et commence à lire !
— Oh ! le salaud ! Il m’a fait ça, c’est injuste !
La lettre, à en-tête du tribunal d’instance, indique qu’elle est convoquée chez le juge des affaires matrimoniales pour l’ouverture d’une enquête. Une demande de garde exclusive a été déposée par Marc Jobert. Marie appelle Marc :
— Allô ! Pourquoi, tu m’as fait ça, Marc ?
— Allô ! Bonjour. Merci de m’avoir ramené Sylvain !
— Bon, je suis en retard. Il faut que j’aille au bureau. On en reparlera plus tard ! dit Marc.
Marie, dévastée, se dirige avec sa 205 Turbo vers le bureau de Police.
— Bonjour à tous ! en arrivant essoufflée !
— Félicitations, Marie, pour hier soir. Du bon travail !
— Revenons à nos moutons ! Gilles, qu’est-ce que tu as trouvé sur ces bandits ?
— Tous, des gens honnêtes, à première vue !
— Julie, tu peux fouiller dans la vie privée de chaque individu !
— C’est déjà fait, commandante. Tous font partie de la même famille.
Vous avez dans la ferme qu’ils exploitent, le père Charles Massier, le patriarche, veuf de Marianne St-Léger, son épouse, décédée en janvier 2023. Ensuite, Gilbert Massier, le fils aîné de notre témoin n° 1 de lundi dernier, et Rolland Massier, 33 ans. Vous avez aussi Rose Massier, épouse Vallier. C’est elle qui a demandé à son père d’investir dans la cordonnerie de son mari Victor Vallier. Enfin, vous avez Gérard Massier, fils de Gilber Massier. Tué de 3 balles de 9 mm.
— Vous allez me les chercher tous les trois dans des voitures différentes. Il ne faut pas qu’ils communiquent entre eux !
— Ok ! Commandante, je m’occupe de Charles Massier avec Julie, dit Gilles.
— Ok ! Commandante, je m’occupe de Gilbert Massier, ajoute Paul avec un autre brigadier.
— Ok ! Commandante, je m’occupe de Rolland Massier avec mon binôme, dit Phillipe.
— Moi, je vais voir madame Rose Vallier, née Massier.
Dring ! Dring ! Dring ! La porte s’ouvre.
— Bonjour madame Vallier ! J’ai quelques questions à vous poser !
— Je vous en prie, répond Rose ! Vous voulez un thé ? J’allais m’en prendre un.
— Non ! Non ! Non ! Merci ! Tout d’abord, vous saviez ce que faisait votre mari ! Je suis sûre que vous ne m’avez pas tout dit ! Profitez, c’est votre dernière chance, aujourd’hui ! Quel rôle, jouez-vous dans cette ferme ?
— C’est vrai, je joue juste le rôle de comptable et de secrétaire ! Mon père cultive 20 ha de terre. Je ne sais pas du tout ce qu’il cultive. Pour moi, c’est du blé, du maïs, de l’orge et des betteraves fourragères.
— Vous allez me faire croire, que vous ne savez pas, pourtant il se servait du Glyphosate pour augmenter la productivité des cultures, en comptabilité, vous avez certainement vu dans les factures qu’il utilisait beaucoup trop d’engrais alors que c’est interdit en France.
— Je lui ai dit que c’était interdit !
— Et qu’est-ce qu’il vous a dit ?
— Toi, tu gères la comptabilité, le reste, tu ne t’en occupes pas ! Quand il revenait, moi je n’étais pas toujours là à la ferme ! J’y allais une fois par semaine pour faire les comptes. Et puis, j’avais ma famille à m’occuper, mes enfants et mon mari, c’est déjà beaucoup ! Quand je pourrais récupérer le corps de mon mari ? Je voudrais lui faire un enterrement digne de son nom !
— Je vais voir le légiste, vous pourrez peut-être l’enterrer très bientôt !
Je vous laisse, mais ne sortez pas de la ville.
En partant vers le poste de Police, Marie reçoit un coup de téléphone.
Dring ! Dring ! Dring !
— Allô ! madame Fourel, où en êtes-vous avec cette affaire ? dit la Procureur.
— Nous avançons ! Nous avançons ! Madame la Procureur ! J’ai envoyé des équipes pour l’interpellation de trois suspects ! Je rentre au bureau pour les accueillir !
— Trois suspects ! dit la Procureur étonnée.
— Oui, monsieur Massier Charles, le patriarche ! monsieur Massier Gilbert, notre témoin N° 1 et son frère Massier Rolland ! Ils sont tous de la même famille ! Je vous laisse, j’arrive au bureau !
— Ok ! Vous me tenez au courant de l’avancée de l’enquête !
Et quand elle arrive au bureau, les trois suspects étaient déjà là et étaient chacun dans une salle différente pour qu’ils ne communiquent pas entre eux.
— Alors, Gilles, comment ça se passe ?
— Eh ! bien, Marie, tout se passe bien, ils ne parlent pas, ils ont tous demandé un avocat !
— Pour moi, ce sont des fermiers qui cultivent leur terre et vivent bien de leur labeur.
— Tu as raison, Marie, leur revenu se situe aux environs de 50 000 € par ans ! dit Gilles.
— Les avocats commis d’office sont arrivés, ils ont demandé de s’entretenir avec leur client.
Je les ai emmenés dans leur salle respective !
— Ok ! Philippe, j’arrive !
Dring ! Dring ! Dring !
— Allô ! dit Gilles, en ce moment je ne peux pas, nous sommes en train de poser des questions aux suspects.
— Attendez-moi, je veux voir ça !
— Ok ! Madame la Procureur !
— Marie ! Paul ! Julie ! il faut attendre la Procureur pour commencer ! dit Gilles, un peu secoué par cet appel !
— Cela fait 13 ans déjà, il se rappelle des soirées arrosées après le Bac, nous avions un peu consommé, mais c’est du passé maintenant. Je comprends pourquoi elle a choisi la magistrature. Avec ce qui lui est arrivé, tout le lycée ne parlait que de cela ! Mais nous ne savons pas réellement ce qui s’est passé ! se dit Gilles dans sa tête.
— Bonjour, Madame la Procureur !
— Les avocats sont arrivés ?
— Oui, Madame la Procureur ! Mettez-vous derrière la vitre pour les voir et les écouter.
— Vous pouvez commencer l’interrogatoire ! dit Gilles dans les 3 salles
— Je mets en route la caméra, dit Paul, nous sommes le vendredi 16 juin 2023. Alors, monsieur Massier, vous savez pourquoi vous êtes ici ?
— Je ne sais pas pourquoi ?
— Parce que votre petit fils, Gérard Massier a été tué, car il travaillait pour un grand patron de la drogue !
— Je ne savais pas, monsieur le Capitaine !
— Ce que je peux vous dire, c’est que je recevais des ordres de cultiver un certain nombre d’ha avec cette cochonnerie. Moi, je récoltais chaque année, je transportais plusieurs tonnes à l’usine de traitement où l’on me payait rubis sur l’ongle. Pour moi, ils étaient réglos et j’envoyais ma fille Rose Vallier le porter à la banque.
— Elle est où cette usine ? demanda Paul avec fermeté.
— Elle est à 5 km de ma ferme en direction d’Anduze !
— D’accord, nous irons faire un tour. Et après ?
— Ils me livraient des sacs de comprimés clos hermétiquement que je devais livrer à mon gendre Victor Vallier, le cordonnier ! Je ne savais pas ce qu’il faisait avec !
La Commandante Marie Fourel était dans une autre salle, toujours avec une caméra qu’elle met en route et après avoir indiqué la date, elle filme l’interrogatoire.
— Monsieur Gilbert Massier, quel rôle jouez-vous dans ce trafic, j’ai joué un rôle minime, je devais me promener, découvrir le mort et vous appeler. C’est un service que je devais à ceux qui ont donné les coups de poing.
Quant à Julie, Gilles est allé la rejoindre pour l’aider dans son interrogatoire, car elle n’est pas habilitée à le mener. Elle ne peut que les assister !
— Monsieur Rolland Massier ! Quel était votre rôle dans cette affaire ?
— Mon rôle était d’enlever monsieur Jobert Sylvain et de récupérer les comprimés et l’argent que vous aviez dans les scellés.
— On m’a payé pour faire le sale boulot !
— C’est l’autre au-dessus de vous qui ramasse les bénéfices et eux ne sont pas inquiétés.
— Je vous libère pour l’instant, mais restez à la disposition de la justice ! dit Marie, déçue de ne rien avoir de concret. Elle retrouve Pauldans le couloir. Et toi, Paul, tu as quelque chose ?
— Oui, moi j’ai mis en garde à vue, monsieur Charles Massier, le temps de vérifier son alibi. Et toi, Gilles, tu as quelque chose ?
— Oui, moi j’ai mis en examen Rolland Massier, pour enlèvement d’enfant mineur.
— Ok !disait la Procureur à Gilles qui venait de partir. Commandante, je vous félicite pour cet interrogatoire rudement bien mené !
— Merci, Madame la Procureur ! Je rentre à la maison me prendre une douche et lire quelques dossiers en retard !
Au bout d’une heure de lecture, elle s’est endormie assise sur son lit ! Mais dans la nuit, une personne vient sonner à sa porte.
Dring ! Dring ! Dring ! Elle regarde par le judas et dit :
— Allez-vous-en, je ne suis pas prête à avoir une relation sérieuse avec vous !
— C’est moi, votre voisin de palier. N’ayez crainte, je suis là, je monte la garde !
— Je n’ai pas besoin d’un ange gardien. Allez vous coucher, moi je suis fatiguée, je n’en peux plus, je vais dormir !
Après un week-end de repos, c’est le 19 juin, il est 8 heures 30 du matin et le bouton de sonnerie à sa porte d’entrée.
Dring ! Dring ! Dring ! Dring ! Dring ! avec insistance.
— Cela suffit maintenant ! dit Marie en regardant son réveil et en ouvrant la porte, elle dit :
— Bonjour madame ! excusez-moi !
— Vous êtes tout excusée ! Je suis madame Clot Véronisue, assistante sociale de l’U.D.A.F, j’ai été nommée par le juge des affaires matrimoniales, car votre ex-mari a demandé la garde exclusive de son fils Sylvain.
— Il n’a pas fait ça ? S’il l’a fait, devant moi il fait l’homme gentil et puis il me plante un couteau dans le dos.
Elle prend sa voiture et rentre au bureau et dit :
— Bonjour tout le monde !
— Marie, qu’est-ce que tu as ?
— J’ai mal dormi et en plus cerise sur le gâteau, mon ex-mari m’envoie une assistante sociale, car il veut la garde exclusive de mon fils de 15 ans !
— Ton fils est aussi le sien, il a des droits, ton fils a besoin d’une vie stable, c’est normal que son père s’intéresse à lui.
— Pourquoi, tu me dis ça, Paul ? Tu as déjà vu l’assistante sociale ? Et tu lui as dit n’importe quoi ! Tu te venges ?
— Oui ! Elle est venue me voir ce matin et j’ai répondu à ses questions !
— Donc, elle a questionné tout le monde au travail ?
Quelques jours plus tard, Jeanne Grenge, remise de ces émotions après l’explication qu’elle a eue avec Gilles, ne se souvient pas de ce qu’il s’est passé et Gilles n’était pas présent ce jour-là du 26 juin 2010, c’était un samedi soir de la dernière semaine scolaire où la fête battait son plein, Jeanne, une très jolie fille de 17 ans avec toutes les formes, il ne lui manquait rien.
Plusieurs garçons plus vieux qu’elle l’ont coincé à la sortie de la boîte de nuit « La Caverne » où j’ai fêté la réussite de mon bac de fin d’année.
— Elle est bien bâtie ! disait l’un des assaillants de 10 ans de plus qu’elle, c’était certainement la tête pensante de l’équipe de bras cassés qu’ils formaient. Ils n’en étaient pas à leur premier essai, ils s’en sortent toujours grâce aux parents riches et les parents des victimes acceptent une grosse somme d’argent pour abandonner les poursuites et dans ce principe-là ! Jeanne a des flashs qui lui reviennent de temps en temps, elle a expliqué à Gilles que des souvenirs lui revenaient par intermittence. Elle ne revoit pas encore le visage de ses agresseurs. C’est un passage de ma vie pour lequel nous reviendrons plus tard en tant que Procureur !
Mais pour l’instant, je suis au Tribunal et en principe, je dois recevoir beaucoup de dossiers en suspens par mon prédécesseur.
— Alors, Albert, nous commençons par qui ?
— Par Charles Massier, en comparution immédiate après son arrestation !
— Faites-le entrer ! Charles Massier accompagné de ses gardiensentreà son tour devant le juge !
— Alors, monsieur Massier, qu’avez-vous à déclarer pour votre défense ?
— Moi, je suis un paysan agriculteur, j’élève des vaches pour le lait, la viande et la reproduction, mais avec les aléas de la vie trop chère on ne s’en sort plus comme avant.
Donc, quand une personne est venue me proposer de cultiver une plante en grosse quantité, avec la promesse que je serais payé « rubis sur l’ongle », soit 20 000 €, je n’ai pas hésité. Tous les ans, ils viennent chercher les plantes sèches pour les transformer, qu’ils disent ! Après je ne sais pas ce qu’ils en font, mon travail de paysan, c’était d’emmener la plante à maturation.
— Et après ? dit Jeanne ! Vous saviez que c’était illégal !
— Après, j’ai appris que mon gendre ne s’en sortait pas avec la Covid 19, je lui ai proposé de voir cette personne qui m’a aidé. Je l’ai envoyé voir monsieur Vallier Victor, le cordonnier. Et ils se sont mis d’accord sur la manière de travailler : il n’avait qu’à faire le boulot, ressemeler des bottes et toute sorte de chaussures. Pour chaque paire, il était payé en fonction du prix du ressemelage, auquel s’ajoutait le coût des fournitures qu’il devait intégrer. Il encaissait ainsi directement la totalité de son travail.
— Vous voyez, Madame la Procureur, il vous a tout dit ! dit son avocat commis d’office ! Vous devriez le relâcher, de toute façon, il ne partira pas de chez lui, il a ses animaux à s’occuper, il ne s’envolera pas à l’étranger.
— La seule chose que je peux faire pour l’instant, c’est de vous mettre un bracelet électronique à vos pieds.
Après quelques minutes d’attente pour faire cogiter le prévenu, la Procureur appelle la Commandante :
— Allô ! Commandante Fourel, vous pouvez venir à mon bureau au Tribunal avec le Capitaine Berthier pour installer un bracelet électronique sur monsieur Charles Massier.
— Ok ! nous arrivons ! dit Marie.
Dix minutes ont suffi, le temps de démarrer la voiture, pour arriver au Tribunal.
— Bonjour Madame la Procureur ! disent Marie et Paul.
— Paul, tu lui mets le bracelet ! dit Marie d’un ton autoritaire.
— Vous savez monsieur Massier, que vous ne pouvez pas vous éloigner de votre propriété.
— J’ai compris, Madame la Procureur ! Merci, pour les animaux !
Une fois qu’il a passé la porte :
— Pour l’instant, pour lui, je ne peux rien faire, mais un jour, il rentrera en prison pour la drogue ou autre.
— Pourquoi, Madame la Procureur ?
— Bon ! Il est parti, je redescends au commissariat, Marie ! dit Paul.
— Ok ! Paul, je te rejoins plus tard !
— Marie, vous savez tenir un secret !
— Ce que je vais vous dire doit rester secret jusqu’à leur arrestation, car ces personnes-là ne m’ont pas reconnu. Je dois faire l’effet de surprise.
— Que vous est-il arrivé ?
— Voilà, Marie, j’ai été violé dans ma jeunesse. C’était une soirée arrosée pour la réussite du Bac. À cette époque, j’avais 17 ans. J’étais un peu pompette et, à la sortie, un groupe de jeunes m’a abordée, accompagné d’un homme plus âgé, qui devait avoir plus de 60 ans dans mes souvenirs. C’était lui le chef de la bande, chargé de payer un jeune qui n’avait que 3 ans de plus que moi. Ce dernier m’a droguée, probablement en glissant une drogue de synthèse dans mon dernier verre. Ce que l’on appelle communément la drogue du violeur !
Ils m’ont attiré sous le parking près du Gardon et ils m’ont violé tous les cinq. Ils iront tous les cinq en prison. Mais avant je dois trouver d’autres filles qui ont été violées par les mêmes personnes. Déjà, à l’époque, ils étaient tous des dealers et surtout des violeurs impunis, car depuis des années, il n’y a jamais eu de plaintes, car ils payaient les parents des jeunes filles pour qu’ils retirent leurs plaintes. Aujourd’hui, je les ai libérés pour mieux les faire suivre par une brigade de policiers spéciale qui se fonde dans la masse. C’est le seul moyen pour les arrêter. Il faut préparer une filature, je veux qu’ils me mènent au grand patron. Celui qui tire les ficelles !
— Jeanne, il faut que j’y aille, j’ai un rendez-vous dans le bureau du juge des matrimoniales, car mon ex-mari a demandé la garde de mon fils.
— Allez-y vite, il ne faut pas faire attendre le juge.
Une heure après, elle sort du Tribunal en pleurs et croise Jeanne Grenge qui lui dit :
— Alors comment cela s’est passé, Marie ?
— Le juge a donné la garde à son père !
— Marc Jobert !
— Marc Jobert, vous dites ?
— Vous avez une photo dans votre sac à main ?
— La photo ne date pas d’aujourd’hui ! Il avait 28 ans à l’époque où je l’ai connu. Maintenant, il en a 40 et on a divorcé parce qu’il avait une maîtresse et il l’a toujours en ce moment.
— Ne vous en faites pas pour votre fils, il vous reviendra un jour ! Bon, je file, je rentre à mon Hôtel.
— Vous n’avez pas encore trouvé un appartement ? Demain, vous venez dormir à la maison au Bd Gambetta, j’ai une chambre d’ami qui n’attend que vous, d’accord !
— Si cela ne vous gêne pas, c’est d’accord ! à demain !
En partant, en ayant vu la photo, elle l’avait reconnu et des flashs lui reviennent, elle revoit le plus vieux se pencher sur elle tout en déboutonnant son pantalon « Tenez-la bien », disait-il. Avant de m’évanouir, j’ai entendu : « Ma belle, tu vas le sentir passé ». Cette voix je la reconnaîtrais entre mille, ce n’était que le début, car les trois autres ont fait de même pendant que j’étais évanouie, c’est pour ça que je n’ai pas pu avoir de relation avec un homme depuis cette date. Même avec mon fiancé de l’époque, Gilles Vérot, ce jour fatidique, il était déjà dans sa famille dans le Midi. J’espère qu’un jour nous pourrons renouer l’amour que nous avions tous les deux maintenant que je l’ai retrouvé.
4
Une semaine après nos interpellations, lors des perquisitions au domicile de chaque individu, nous avons trouvé chez l’un, un FM de l’armée avec un chargeur plein. Chez un autre, nous avons trouvé un Fusil à lunette, ceux qu’utilisaient les tireurs d’élite de l’armée et les deux autres avaient un 9 mm chacun et plusieurs sachets d’héroïne pure.
— Vérifiez Marie, l’emploi du temps des quatre individus !
— Ok ! Madame la Procureur, je m’en occupe !
— Ok ! Marie à très bientôt !
— Gilles, tu prends Gilbert Massier. Tu épluches toute sa vie privée et professionnelle, téléphone, compte bancaire, la totale !
— Julie, tu prends Rolland Massier, tu fais pareil, la totale !
— Moi, je pars chez Charles Massier, je vais le voir dans sa ferme pour lui poser quelques questions de routine.
Mais quand il m’a vu « Il a pris ses jambes à son cou ». Mais il n’avait pas compté sur la rapidité de Marie à la course à pied. Elle a fait un plaquage au sol et l’a arrêté !
— Mais pourquoi vous êtes parti, je venais tout simplement vous poser quelques questions !
— Je ne parlerais qu’en présence de mon avocat !
— D’accord, tournez-vous afin que je vous mette les menottes ! Il est seize heures trente, je vous mets en garde à vue pour refus d’obtempérer.
En entrant au commissariat et s’adressant à un brigadier ! Philippe, vous me le mettez en cage, ça lui apprendra les bonnes manières !
— Qu’est-ce que vous faites, Fourel ? dit le Commissaire, étonné ! Relâchez-le ! Vous n’allez pas nous mettre un autre scandale sur le dos. Il n’a personne qui s’occupe de sa ferme, entre les écolos et les défenseurs des animaux, il faut le laisser tranquille. De toute façon, je viens d’avoir la Procureur au téléphone, elle veut vous voir tout de suite.
Dix minutes après, Marie était dans le bureau de la Procureur.
— Qu’est-ce qui se passe, Jeanne ?
— Tu te souviens, il y a quelque temps, j’ai fait une demande de réouverture des dossiers de viols sur enfants mineurs et adultes. Au vu des faits, le juge a autorisé une ouverture d’enquête préliminaire. Et la semaine dernière, quand tu m’as montré la photo de ton ex-mari jeune, je l’ai reconnu. Il est l’un des cinq agresseurs qui m’ont violée, c’est Marc Jobert, il avait 27 ans, il y avait également Victor Vallier, le premier mort dans notre affaire de drogue, il y a aussi Gilbert Massier, notre témoin dans cette même affaire et Rolland Massier, lui, n’avait que 20 ans, c’est ce dernier qui m’a draguée à l’époque en 2010, j’avais à peine 17 ans. Il s’intéressait à moi, j’étais contente, nous avons dansé toute la soirée, mais à la sortie de la boîte de nuit, ils m’attendaient. Je ne vais pas te raconter l’histoire, tu la connais !
— Mon ex-mari ? Ce n’est pas possible ! Quoique ! Je pense que j’ai divorcé à cause de son attitude à vouloir faire l’amour quand moi je n’en avais pas envie, que j’étais fatiguée et qu’il me prenait de force.
— Avec cette nouvelle affaire, tu vas pouvoir récupérer ton fils, mais ne lui dis rien, d’accord !
— Pour les besoins de l’enquête, je resterais calme !
— Tiens ! cela me fait penser que j’ai une autre affaire de viol similaire d’une adolescente de 13 ans. Ses agresseurs en avaient 15 ans. À l’époque, les parents avaient retiré leur plainte, car les parents des agresseurs étaient des notables et avaient payé une certaine somme, après le père de cette victime a démissionné de son travail à la mine pour ouvrir une fabrique de meubles. Parmi les agresseurs, il y avait Charles Massier, en 1963, il avait 15 ans. Pour cette affaire et les suivantes, il y a prescription, mais avant de partir à l’armée, en 1968, il l’avait encore violé et seul et s’était engagé dans la marine pour échapper à la condamnation. Et à son retour à la vie civile, il y avait une enfant de cinq ans issue du premier viol qui se nomme Christelle Cordier, et la mère Delphine Cordier, il faut que je la retrouve, elle m’aiderait pour la réouverture du dossier.
— Jeanne, il faudrait mettre une annonce sur les journaux quotidiens et à la radio et à la télévision pour une recherche de témoins et victimes.
— Tu t’en occupes, Marie ! J’espère que cela va marcher !
— Oui ! nous la ferons ce soir à tête reposée, je t’attends pour souper !
— Oui, j’arrive ! À peine entrée dans l’appartement, Jeanne se prépare pour prendre une douche. Elle se déshabille devant Marie qui la regarde fixement des pieds à la tête.
— Quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ? Cela te dérange ?
— Cela ne me dérange pas ! tout le contraire, je regardais ton corps qui est superbe ! Tu devrais t’inscrire dans un site de rencontre pour rencontrer un homme gentil qui prendra soin de toi ! Avec tout ce que tu as vécu, ce serait normal de chercher à trouver l’amour !
— Mais, Marie ! Je l’ai retrouvé l’homme de ma vie ! Il travaille dans la Police, pour moi, je l’aime toujours, mais je ne sais pas si lui a encore des sentiments pour moi !
— C’est qui, il travaille chez nous ?
— Oui ! J’attends qu’il se déclare, mais peut-être qu’il aime une autre personne ! En 2010, c’était déjà mon fiancé et il doit s’en vouloir de ne pas avoir été ce jour-là près de moi. Je ne lui en veux pas, c’est un concours de circonstances.
— C’est qui ? Ne me fais pas attendre si longtemps !
— On en reparlera après ma douche, j’y vais !
Pendant ce temps, Marie cherche parmi le personnel du commissariat, dans sa tête, Philippe, non, c’est pas possible, il est marié et il a des enfants, Olivier, il vient d’arriver, Paul, non, il est marié aussi, il n’y a plus que Gilles qui est célibataire.
— Oh ! une bonne douche cela fait du bien pour se décontracter ! Et elle va dans sa chambre pour s’habiller pour la nuit, malgré la chaleur de l’été. Elle revient avec une nuisette sur le dos et un shorty blanc cassé et va dans la cuisine pour commencer à préparer une bonne salade niçoise pour le repas pendant que Marie, sous la douche, chante « Casser la voix ».
— Tu as raison, Jeanne, une bonne douche remet les idées en place !
Après le repas, nous pourrons réfléchir sur cette annonce ! Ah ! tu as préparé une salade ! c’est très bien, tu as pu trouver tout ce qu’il fallait ? Je vais m’habiller et je reviens !
— Oui ! Marie, passons à table !