Mirages - Diane Tchinda - E-Book

Mirages E-Book

Diane Tchinda

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Beschreibung

Joseph Appiah, cinquantenaire et directeur général d'une entreprise pétrolière est aussi propriétaire de plusieurs immeubles. Divorcé d'Hélène et géniteur d'Audrey, il s'est toujours battu pour le bien-être de sa famille. Audrey, jeune femme dynamique et pleine d'ambitions, se retrouve face à la réalité du monde professionnel aux couloirs souvent très obscurs. Son père et Tyal sa meilleure amie décident de s'aventurer entre les murs de ces couloirs dont le parcours semble interminable. Que recherchent-ils au point de tant s'y plaire? En voulant connaitre leur motivation, Audrey découvre au fil des jours que les apparences peuvent être trompeuses.

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Seitenzahl: 134

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Ceci n’est pas une autobiographie, mais une fiction.

Toute ressemblance de lieux, de noms ou de circonstances ne sont que pures coïncidences.

Ce livre ne peut être reproduit entièrement ou en partie, sans l’autorisation écrite de l’auteure.

Remerciements

J’ai bénéficié du regard critique de nombreuses personnes, Judith, Tatiana, Ange, Sophie, Landry. D’avance merci à tous mes potentiels lecteurs proches ou lointains.

Table des matières

La célébration.

Le bout du tunnel.

Le prix d’un boulot

Un papa méconnaissable.

Le point commun.

Le choc.

La maladie de Tyal.

Un aller sans retour.

Qui va loin ménage sa monture.

La célébration

Champagne, vins de grande qualité coulaient à flot dans notre modeste résidence. Mon père savait se donner à fond lorsqu’il s’agissait de célébrer mes réussites académiques. Je célébrais ma soutenance ce jour-là. Tous les amis de mon père, ceux de ma mère et les miens étaient présents, ainsi que la famille. J’étais à présent une diplômée de l’une des plus grandes écoles de management du pays.

Mon père était tellement content. Joseph Appiah c’est son nom ; cet homme assez grand de taille, noir de teint et très jovial à ses heures voulues, bien que parfois très rigoureux en ce qui concerne les études. Je lui avais fait honneur en étant sa fille et en brandissant haut mon diplôme. Il était si fier de moi et savait très bien répandre sa joie. Maman ne cessait de pleurer de joie pour moi. Ah cette femme si sensible mais très forte émotionnellement. Elle était divorcée de mon père lorsque je faisais la classe de Cours Moyen Deux. Cette séparation l’avait beaucoup affecté, me l’avait-elle confié, mais elle avait pu refaire sa vie. Bref, revenons à ce fameux cocktail organisé en mon honneur. Je recevais des tonnes de félicitations de part et d’autre. Justement, en parlant d’amis, Tyal Annan en faisait partie, et était d’ailleurs devenue ma confidente, voire la sœur que je n’avais jamais eue. Tyal aussi était diplômée de la même école. Alors vous pouvez sans doute imaginer la joie dans laquelle nous étions ce jour-là. La fête battait son plein et mon père voulut marquer une allocution particulière pour la circonstance :

« - Bonsoir à tous, grande est ma joie de célébrer la réussite de ma chère fille Audrey, disait-t-il d’un ton plutôt vantard. Ma fille, je suis fier de toi et tu as su me démontrer que tu es la digne fille de ton père que je suis.

- Merci papa pour ton soutien inébranlable et pour la confiance que tu as su mettre en moi, rétorquais-je, les yeux presque remplis de larmes. Maman à toi aussi je dis merci. »

A cet instant, on aurait dit que cette parole avait déclenché une avalanche de larmes chez ma mère. Mais je ne m’en inquiétais pas, c’était des larmes de joie. Maman m’avait serré très fort dans ses bras, et mes tantes aussi. C’est souvent à cet instant que tu te rends compte à quel point le soutien familial est important. La fête battait son plein. Les convives se trémoussaient sur un air musical local.

Après ces moments d’ambiance, je choisis de passer le reste de la soirée avec Tyal, qui d’ailleurs était occupée à déguster les bons plats cuisinés pour l’occasion. Tyal, je l’aimais beaucoup. Une jeune femme pleine de vie, et dotée d’un fort caractère, du genre à dire ce qu’elle pense sans trop gérer les humeurs de ses interlocuteurs. Je la classais dans la catégorie des « no stress », comme on dit au quartier :

« - Alors, ma copine je vois que tu savoures à souhait ta réussite dis donc !

- Ah ça ! Ma chère tu l’as dit. N’oublie pas qu’après les réjouissances le stress de la recherche du boulot fera son apparition.

- Tu as raison, mais ça va aller. »

Tyal avait toujours été ma partenaire de choc, dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle m’avait toujours accompagnée dans mes galères et vice versa. J’étais très contente qu’elle ait accepté de jumeler notre fête de soutenance.

Il était presque vingt heures quand la plupart des convives commençaient à prendre le large. Certains prenaient la peine de me dire au revoir comme pour témoigner de leur reconnaissance. Je ne vais pas vous le cacher, ça me faisait plaisir !! Du moment où j’étais en quelque sorte la reine de la soirée. Maman aussi était sur le point de rentrer :

« - Ma grande, j’aurais souhaité rester encore un peu mais demain j’ai boulot.

- Ce n’est pas grave maman je comprends. Merci d’être venue. Rentres bien et fais-moi signe dès que tu arrives s’il te plait.

- Je le ferais ma chérie, disait-elle en me donnant un gros câlin, comme si c’était la dernière fois que l’on se voyait. »

Je la regardais s’en aller hors du portail vers sa voiture toute rouge comme sa robe. Ah oui, ma mère adorait cette couleur. Elle me disait qu’à chaque fois qu’elle en revêtait, elle se sentait femme fatale. Je ne l’avais pas quitté des yeux jusqu’à ce que sa voiture disparaisse au loin. Lorsque je retournai à l’intérieur de la maison, je n’apercevais plus mon père ; sûrement il était allé se coucher, étant donné la grosse quantité de liqueurs qu’il avait ingurgitée. Il me faisait tellement pitié ce monsieur qui aimait toujours paraitre fort aux yeux de tous, même devant les situations les plus complexes. Mais malheureusement ce soir-là, l’alcool avait eu raison de lui. La fatigue s’était emparée de moi mais je faisais l’effort de paraitre encore lucide pour le reste des convives qui étaient encore sur les lieux.

Au loin, sur la véranda, Tyal s’occupait à se refaire une beauté devant son petit miroir de poche dont elle ne se séparait jamais. Tyal ne se déplaçait jamais sans son kit de maquillage, car me disait-elle toujours, on ne connait ni le lieu ni l’endroit où le prince charmant pourrait apparaitre. Tyal ne cessait jamais de me surprendre ; elle avait toujours plus d’un tour dans son sac. C’est pourquoi j’aimais cette fille car avec elle je ne m’ennuyais jamais. Je me rapprochai d’elle vers la véranda pour savoir quel était son projet :

« - Mais Tyal, tu peux m’expliquer pourquoi tu te maquilles alors que la fête est presque finie ?

- Appiah (elle m’appelait parfois par mon nom de famille) tu ne sais pas que je peux trouver l’homme de ma vie ici ? me rétorquait-elle en faisant des jeux de reins.

- Bref, tu resteras une folle. Dis-moi, tu as pu joindre ta maman pour savoir si elle est bien arrivée au village ?

- Oui, j’ai essayé de l’appeler mais le réseau faisait des siennes. Ma puce laisse-moi aller à la conquête de nouvelles rencontres.

- OK sans soucis. Mais n’oublie pas que la plupart des jeunes hommes sont déjà partis. Je la regardai s’aventurer dans sa petite robe noire à paillettes.»

Effectivement, la salle de séjour se vidait petit à petit et je pouvais constater à quel point mon père avait investi pour cette fête. Je me suis assise sur le fauteuil et quelques minutes plus tard le sommeil m’emporta. Subitement, je fus réveillée par le coup de fil de maman. Avec beaucoup de fatigue, je parvins à décrocher, on aurait dit un vrai parcours du combattant :

« - Allô maman, je suppose que tu es bien arrivée, disais-je avec un timbre de voix plutôt affaibli

- Oui ma chérie. Je viens tout juste d’arriver. Figure-toi que l’embouteillage était de taille cette soirée. Je croyais que je n’allais jamais arriver à la maison, mais Dieu merci j’y suis. Tu peux dormir tranquille ma puce.

- Ahahaha !! Maman pour dire vrai j’étais déjà au pays des rêves. C’est ton appel qui m’a réveillé. Sinon bonne nuit à toi.

- Bonne nuit. On s’appelle demain. »

Maman ne pouvait pas dormir sans avoir de mes nouvelles. Elle n’aimait pas que je me soucie trop pour elle. Au contraire, elle était championne pour se soucier des autres. Malgré la naïveté de mon enfance, je me souviens que je voyais souvent maman pleurer dans la chambre en cachette ; et jusqu’à présent, elle n’avait jamais su que je la voyais souvent en sanglots. Mais bon, j’étais encore petite et mes souvenirs demeuraient assez flous.

Une seconde fois, je me suis évadée de ce doux sommeil qui s’était souvenu de moi après l’appel de maman. C’était Tyal qui me tapotait d’un coté de mon épaule :

« - Ma copine je dois te laisser. La chasse aux hommes n’a pas été bonne.

- Ah bon !! Ma chère ne t’inquiète pas dans la vie il y’a des hauts et des bas. »

Et c’est ainsi que je la raccompagnai jusqu’au portail. Nous qui avions l’habitude de toujours créer des sujets de conversation, ce soir-là, le scénario s’était révélé différent. J’étais néanmoins restée encore un moment au portail jusqu'à ce qu’elle puisse prendre un taxi.

Quelle journée ! La fête était bel et bien terminée. Je me retrouvai seule dans la maison, avec mon papa qui avait pris l’avance depuis fort longtemps au royaume des rêves. Les jeunes filles du service traiteur aussi étaient encore là et s’attelaient à faire le rangement, la vaisselle et le ménage. J’étais retournée sur ce même fauteuil en face du téléviseur et je les observais faire, avec un petit sourire au coin des lèvres. Ah la vie ! Moi la petite fille qui courait et jouait dans toute la maison du haut de ses trois ans, était devenue une jeune diplômée. J’avais fait un parcours sans échec et j’étais la fierté de mes parents. Fille unique je l’étais, chouchoutée je l’étais et je le serai toujours, me disait toujours mes parents, malgré le fait qu’ils n’étaient plus légalement mariés.

Même comme jusqu’à présent je ne concevais toujours pas leur séparation, j’appréciais toujours le fait qu’ils transcendaient leurs différends lorsqu’il s’agissait de mon bonheur. Je remerciais toujours le Seigneur sur ce point-là. Je me disais aussi que personne n’était parfait. Mais j’avais pour ambition de sortir de cette zone de confort, bâtir ma propre indépendance et voler enfin de mes propres ailes. Oui, pour moi je ne voulais pas demeurer la protégée de mes parents, celle-là qui dépend toujours d’eux pour le moindre petit besoin. J’avais pour ambition d’être une femme fatale comme maman, une femme entrepreneure et indépendante financièrement. C’était ça mon rêve, et je comptais beaucoup sur mes connaissances et ma détermination. Je faisais partie de cette rare catégorie de personnes qui croyaient fermement en la méritocratie.

Il fallait que je paye enfin les dames du service traiteur pour le travail abattu. Chose faite, je les raccompagnai au portail. J’avais atteint l’apogée de la fatigue. Comme tous les soirs avant de me coucher, j’adressai une prière et regagnai les bras de Morphée.

Le bout du tunnel

Presque un mois s’était écoulé depuis ma soutenance. Ma seule préoccupation était de trouver à tout prix un travail pour mettre à profit ce que j’avais appris à l’école. Cours magistraux, contrôles continus, révisions, exposés, voilà ce qui agrémentaient mes journées, et même mes week-ends figurez-vous ! Les rares fois où j’avais du temps libre, soit je m’offrais un sommeil bien mérité, soit je les passais chez Tyal, vu que ma mère avait des journées assez chargées à la clinique, entre les consultations et les cas d’urgences à gérer. Pas du tout facile le métier de pédiatre ; mais cela ne l’avait jamais empêché de garder son si beau sourire.

Ma mère est pédiatre à la clinique, depuis bientôt dix ans. Elle a toujours su exercer son métier avec passion et je me souviens quand elle me disait presque tout le temps :

« - Ma fille, ne laisse jamais personne te détourner de tes rêves, même pas ton père et moi. »

Eh oui, maman adorait son métier plus que tout au monde. Elle avait toujours aimé les enfants mais hélas, la vie ne lui avait pas donné la chance d’en avoir d’autres à part moi. D’ailleurs elle ne s’en était jamais plaint ; au contraire elle prenait la vie du bon côté, et pour elle, autant mieux se contenter de ce que la vie nous donne. Effectivement je représentais le plus beau cadeau que la vie lui avait offert et elle me le rappelait à chaque fois qu’elle en avait l’occasion.

Bref, revenons à ma recherche de boulot. Avec l’aide de Tyal qui était aussi en quête d’un emploi, j’avais déposé pas mal de dossiers dans les entreprises de la place. Je puis vous assurer que ce n’est pas une tâche facile de trouver du boulot. Pour avoir une place dans la société ou un poste à responsabilité dans une entreprise, même petite soit-elle, il fallait absolument être l’enfant ou la protégée d’une haute personnalité. Comme on dit communément en langage du quartier, « on est quelqu’un derrière quelqu’un ». Ah oui, c’était ça la donne dans le monde de l’emploi. Tyal et moi ne partagions pas du tout cet avis que nous trouvions banal et que nous attribuions aux paresseux.

Nous marchions des heures et des heures sous un soleil ardent et d’une chaleur pareille à celle d’une braise. A chacune de nos sorties pour les dépôts de dossiers, j’optais toujours pour un habillement responsable, décent et des ballerines noires. Tyal par contre ne se gênait pas de monter à chaque fois sur ses talons aiguilles. Tyal, la jeune femme toujours au taquet, peu importe le lieu et l’heure. Elle était toujours prête à attaquer en ce qui concerne la séduction. Son enfance n’avait pas du tout été rose, car fille unique et ayant perdu son papa très tôt. Elle devait se battre à faire des petits métiers pour payer elle-même son école. C’était une femme très brave et courageuse à qui la vie n’a pas toujours souri, mais qui n’avait jamais baissé les bras, peu importe les difficultés.

Il était quatorze heures à ma montre lorsque Tyal et moi avions décidé de boucler notre périple. Nous sommes allées chez elle pour nous reposer, vu qu’elle n’habitait pas très loin. De plus, ça faisait très longtemps que je n’avais pas vu sa maman. A notre arrivée, elle était assise à la véranda en train de décortiquer la pistache ; elle aimait bien ça « Maman Brigitte ». C’est comme ça que je l’appelais affectueusement car je la considérais comme une seconde mère pour moi. Elle leva la tête lorsqu’elle entendit le portail s’ouvrir :

« - Ma fille c’est toi ? Tu as abandonné ta pauvre maman, soupira-t-elle.

- Non maman je ne t’ai pas abandonné. C’est la recherche du travail qui me prend beaucoup de temps. Sinon comment tu vas ? lui répondis-je en la prenant dans mes bras.

- Je vais bien ma fille. Le commerce ne fonctionne pas ces derniers temps mais on remet tout au Seigneur. Mais Titi (c’était le petit nom de ma copine Tyal) tu ne fais pas asseoir ton amie?

- Mais… maman on vient tout juste d’entrer et en plus tu discutes encore avec elle ! Ok si tu as finis de lui parler, viens ma copine allons à l’intérieur, répondit-elle en me tirant par le bras.

- Titi tu ne changeras jamais. Il y’a le bouillon de plantains à la cuisine pour vous les enfants. Je suis encore occupée sur ma pistache.

- Merci Maman c’est gentil ; j’avais même déjà faim, disais-je avec un air de pitié.»

La maman de Tyal était une femme très gentille. Malgré les déboires financiers qu’elle a eu à traverser dans sa vie, elle a toujours su garder l’esprit de partage. Parfois quand je n’allais pas bien ou quand j’avais des soucis personnels, je la consultais énormément parce qu’elle était très compréhensive. Elle a toujours été d’un grand soutien moral pour moi.

Je rejoignis Tyal au salon et me dirigeai tout droit vers la cuisine. L’odeur du fameux bouillon m’interpellait déjà et je ne pouvais manquer à l’appel. Comme quoi la faim c’est quelque chose je vous assure. Maman Brigitte était un vrai cordon bleu. Déguster ses mets a toujours été un vrai délice pour moi. J’avais même commencé à prendre des cours de cuisine chez elle, mais après j’ai lâché prise. Maman aussi était un cordon bleu mais le hic c’est que son boulot ne lui laissait pas assez de temps libre ; mais le peu qu’elle en avait était consacré à l’art culinaire, surtout les week-ends.