Mon double excentrique - Pascaline Violon - E-Book

Mon double excentrique E-Book

Pascaline Violon

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Beschreibung

Patchwork de textes, nouvelles, impressions et autres curiosités inspirés de souvenirs, de rencontres ou simplement sortis tout droit de mon imagination...

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Seitenzahl: 111

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Ähnliche


Sommaire

LA MEILLEURE EXCUSE POUR ARRIVER EN RETARD AU BUREAU

PROMENADE A VELO AU CREPUSCULE

DANS LE SECRET DES ARBRES

SI LA CUISINE POUVAIT PARLER…

A LA RECHERCHE DE LA MOTIVATION PERDUE

MAMAN RECTO VERSO

L’ERMIT’ACADEMY

QUI EST-CE ?

L’AFFAIRE SPINOZA

TOUT ÉTAIT DIT

L’AVENTURE AU BOUT DE LA RUE

VOYAGE EN TERRE INCONNUE

PENSEE POUR NASREDIN

SOUVENIRS D’ENFANTS

L’INCROYABLE POUVOIR DES LIVRES

AMELIE NOTHOMB

HAÏKUS

A TOUTE ALLURE !

MON INVITATION AU VOYAGE

A TOI FEMME ENGAGEE

LA PUNITION

L’ART DE LA RESOLUTION A SONNE

MON VOYAGE LE PLUS FOU

LE P’TIT BAL PERDU

MONOLOGUE D’UN GARDIEN DE MUSÉE

LA MYSTÉRIEUSE DISPARITION DE LA JOCONDE DE SALERS

LES RETROUVAILLES

EPILOGUE

MON PIRE SOUVENIR DU JOUR DE L’AN

DERRIÈRE LA FENÊTRE FERMÉE, UNE SILHOUETTE ÉTRANGE SE PROFILE...

AH, LA DIABOLIQUE !

HORS SAISON

MON DOUBLE EXCENTRIQUE

LA MEILLEURE EXCUSE POUR ARRIVER EN RETARD AU BUREAU

Il m’est arrivé une chose incroyable ce matin…. Vous ne devinerez jamais ce qui s’est passé ! J’étais dans mon lit, lovée bien au chaud sous la couette. J’étais à peine réveillée, je rêvassais. Je pensais tranquillement à… rien. Pas grand-chose ni rien de très précis en fait. Je pensais au printemps. J’imaginais le soleil, les fleurs pousser dans les champs, le vent souffler dans les herbes hautes. Je pensais à mes filles, mes deux rayons de soleil. Je les câlinais et les embrassais tendrement. Et je souriais. J’étais bien. Je n’attendais rien. Je ne pensais à rien.

Quand tout à coup… la porte de ma chambre s’ouvrit brusquement et qu’une galette des rois se jeta sur mon lit ! Non, elle n’avait pas été lancée par quelqu’un qui voulait jouer au frisbee et me réveiller par la même occasion. La galette des rois courrait, littéralement sur ses petites pattes boudinées. Elle sautait partout l’air complètement terrifié. Elle avait peur. Elle fuyait quelque chose. Mais quoi ? Je n’en n’avais aucune idée et j’étais déjà moi-même bien trop sidérée par ce spectacle pour réfléchir et encore moins agir. Assise dans mon lit, j’étais tétanisée. Et pourtant, je voyais parfaitement cette galette sauteuse qui mettait des miettes et du gras partout. J’étais horrifiée ! Puis comme si cela ne suffisait pas, j’ai vu un renard entrer dans ma chambre ! La truffe en effervescence, il furetait partout ! Mais que se passait-il ? Est-ce que je dormais encore ? Etait-ce un cauchemar ? Etais-je dans Alice au Pays des Merveilles ? Puis j’ai vu le renard, ce petit renard, c’était plutôt un renardeau en fait, bondir sur la galette des rois pour tenter de l’attraper. Un renard et une galette dans ma chambre, sautant sur le lit, passant sous mon lit…. Au secours ! Je devenais complètement folle ! En évitant les coups, je réussis tant bien que mal à m’extirper de ce lieu maudit et fermer la porte. J’étais définitivement réveillée et hors du lit maintenant… Il n’y avait plus aucun doute. Il fallait absolument que je neutralise ces deux intrus avant qu’ils ne mettent complètement ma chambre à sac. Comment faire ? C’est alors que la comptine de la galette me revint en mémoire… Très prudemment, j’entrais à nouveau dans ma chambre puis d’un geste vif, j’ouvris la fenêtre. D’un bond, je vis la galette sauter par la fenêtre et s’enfuir à toute vitesse suivie de près par un renard tout salivant, qui avait visiblement très envie de manger une galette pour son petit déjeuner !

L’affaire étant réglée, je pouvais reprendre le cours normal de ma journée et me rendre au travail. Vous comprenez maintenant, pourquoi, je ne pouvais décemment pas être à l’heure à cette réunion ce matin… aussi passionnante soit-elle ;-)...

PROMENADE A VELO AU CREPUSCULE

Un soir d'été. Nous sommes à la fin juin. Les jours sont longs. Il a fait chaud toute la journée. La nature s'apaise et les êtres vivants trouvent un peu de repos en ce début de soirée. Enfin pas tous... Certains sont encore à pied d’œuvre. Pour les agriculteurs, la journée est loin d'être terminée. Ils savent que la nuit sera courte. La moisson ne laisse pas de répit. Quand le blé est à maturité et bien sec, il faut le moissonner. Ne pas risquer l'orage.

Tandis que les machines, tous phares allumés, dessinent des surfaces parfaitement géométriques à perte de vue, je taille la route sur mon vélo. Je file sur les petites routes de campagne désertes. Cheveux et nez au vent, je respire à pleins poumons l'odeur des blés fraîchement coupés dans la chaleur déclinante du soir. Le soleil qui rougeoie au loin sur la ligne d'horizon éclaire d'une manière singulière cette immensité qui se déploie tout autour de moi. J'appuie de plus en plus fort sur les pédales et m'enivre de ce spectacle. Je prends de grandes bouffées de cet air si particulier, lourd et herbacé que l'on ne retrouve qu'à cette période de l'année, l'été, en Beauce. Le parfum du blé moissonné. Et je rentre chez moi, revigorée et régénérée, impatience d'enfourcher mon vélo le lendemain pour replonger dans le tableau des moissons. Pour évaluer la progression du jour, emplir mes narines de cette odeur, à la fois chaude et douce de la coupe, s'arrêter un instant pour effleurer quelques épis bien secs et me demander s'ils feront partir de la moisson du lendemain... Car je sais que le spectacle sera de courte durée. Dans trois semaines tout au plus, c'est terminé !

DANS LE SECRET DES ARBRES

Je t’aperçois au loin et je m’approche. Je viens vers toi. Tu es là, majestueux, ancré dans le sol. Nul ne peut passer à côté de toi sans te voir. Nul ne peut nier ton existence. Tu es là depuis plus d’un siècle. Tu contemples le monde. Tu seras encore là après mon passage sur ce chemin et nul doute que tu seras encore là après ma mort.

Je te fais face maintenant et je te regarde. Je me sens toute petite à côté de toi, fragile. Je pose ma main délicatement sur ton tronc rugueux et je ressens immédiatement les épreuves de la vie, de Ta vie, sous tes aspérités. Je sais que c’est inutile, mais instinctivement, j’approche mon oreille et j’écoute. Je T’écoute. Tu es aujourd’hui le seul arbre au milieu de ce champ cultivé. Et c’est un miracle que tu sois toujours debout. En effet, à une époque bien plus lointaine, tu as vu les hommes creuser des tranchées et enterrer des mines tout autour de toi. Ta première réaction a été l’incompréhension. Que se passait-il ? Quelle était cette agitation ? Tu as assisté, impuissant, à la modification du paysage. Adieu fleurs sauvages, herbes folles et autres oiseaux. C’était la fin des sons et de la vie de la nature. A la place, tu as vu des hommes prendre place dans les tranchées, s’y entasser, s’y disputer, s’y affamer… s’y perdre et perdre leur humanité. Tu les as vus s’entre-tuer. Pourquoi ? Le mystère reste entier pour toi. Tu les as bien entendus parler de guerre, de batailles, de victoires. Ils n’avaient que ces mots-là à la bouche. Mais partout autour de toi, il n’y avait que des cadavres. Tout n’était que mort et désolation. Plus aucun souffle de vie. Seules tes racines encore jeunes mais déjà profondément ancrées dans le sol te ramenaient alors à ta vie et à ton humanité. Tu t’es accroché à cette vie comme personne, au milieu de ce décor funeste. Tu t’es tourné vers le ciel, la lumière et tu as grandi. Puis la guerre a fini par cesser. Les soldats sont rentrés chez eux et les années ont passé. La nature a repris ses droits et les paysans leurs cultures. Les oiseaux sont revenus fabriquer leur nid au creux de tes branches. Des amoureux sont venus s’enlacer à tes pieds. La vie a repris son cours normal dans une force incroyable. Et tu as fini pas oublier pour te concentrer sur cette vie, plus forte que tout, qui coule à chaque instant dans tes veines. La Vie.

SI LA CUISINE POUVAIT PARLER…

Nous sommes juste à la fin de la Première Guerre Mondiale. Ernest, gazé dans les tranchées vient de décéder, quelques mois à peine après son retour du front. Madeleine, enceinte de leur troisième enfant se retrouve alors seule pour gérer la ferme et la famille. Elle a déjà fait face pendant la guerre. Pas le choix. Mais là, il faut bien continuer à vivre. Avancer. Sans état d’âme. Pas le temps. Pas d’argent non plus. Et les enfants à élever. Il fallait leur donner une situation. Et faire tourner la ferme évidemment : les bêtes à nourrir, la culture des champs à assurer au fil des saisons. Robe noire, chignon serré et regard dur. Madeleine était une maîtresse-femme comme on en croisait beaucoup à l’époque. Digne et fière en toutes circonstances.

Pour la ferme, les tâcherons étaient d’une aide efficace. En cas de coup dur, elle savait pouvoir compter sur le soutien des hommes du village. La maison en revanche, c’était SON domaine. Le domaine réservé aux femmes depuis toujours. Et tout particulièrement la cuisine, pièce centrale de la maison et point névralgique des affaires de la famille depuis des générations. Madeleine tenait son ménage d’une main de fer. Pas de gants de velours. Des mains rendues calleuses par le travail. Des mains rapides et précises qui ne manquent jamais leur cible lorsqu’il s’agit de corriger les enfants. Dans la cuisine. Toujours. Pour l’exemple. Pour que tout le monde sache à quoi s’en tenir. Pas de discussion. Pas de procès. La cuisine, lieu de sentence à exécution immédiate. Témoin discret des joies et peines du quotidien, si la cuisine pouvait parler… elle écrirait un livre. Pas un livre de cuisine, non, mais un livre sur les secrets des hommes. Ce qui se tait derrières ses murs et se cache dans son antre. Elle raconterait comment Madeleine fait face aux épreuves de la vie. Les visites régulières du voisin. Ce voisin, gentil au demeurant, qui s’installe souvent pour « causer » tandis qu’elle lui verse machinalement une eau-de-vie. L’hospitalité… Mais la cuisine sait très bien que Madeleine n’a pas du tout envie de le voir et encore moins de lui parler… elle connaît déjà son discours par cœur. L’entraide pour la ferme, les enfants, rompre la solitude et plus de moyens financiers aussi… Elle sait bien qu’ils ne sont pas riches et qu’un peu plus d’argent ne ferait pas de mal. Mais non, c’est impossible, Madeleine ne veut pas se remarier. Elle est fière et veut montrer qu’elle sait faire face toute seule. Et puis…. Louis est veuf lui aussi et plutôt gentil mais elle ne l’aime pas. Un homme à la maison maintenant, avec d’autres enfants en plus, ce serait trop de complications ! Sur ce point, la cuisine est d’accord. Elle a beau être toujours rangée et parfaitement tenue, elle n’est pas extensible tout de même ! Plus de monde, ça veut dire plus de bruits et plus de va-et-vient. Elle aime ses moments de calme où elle se retrouve en tête-à-tête avec Madeleine, l’observe et recueille ses confidences…

- « Le boucher a une sœur, vieille fille, qui s’occupe déjà de sa mère ! Tu n’as qu’à l’épouser, elle saura s’occuper de toi et de tes enfants aussi ! » rétorque Madeleine à Louis.

- « Tu sais très bien qu’elle ne m’intéresse pas ! Elle est aigrie et puis elle ne connaît pas la vraie vie comme toi ! ».

- « Je comprends surtout qu’à partir d’un certain âge la virginité des femmes n’intéresse plus les hommes. Elle les fait fuir… » réplique-t-elle, un petit sourire narquois sur son visage.

Elle ne se démonte pas Madeleine. Jamais. Elle a du caractère et de l’esprit aussi. Adressant un clin d’œil au Louis un peu désabusé, elle le renvoie chez lui d’un coup de torchon sur l’épaule. Il finira bien par oublier cette idée ridicule de mariage et trouver une fille aimable qui prendra soin de lui et tiendra son ménage. Ah si la cuisine pouvait rire… dans ces moments, elle rirait à gorge déployée, à faire secouer les assiettes, les rideaux, les meubles et les murs ! Un véritable tremblement de terre hilarant !