Mourir à Lyon - Jean DESPREZ - E-Book

Mourir à Lyon E-Book

Jean DESPREZ

0,0

Beschreibung

Mourir, même à Lyon est intolérable, mais au petit matin, c’est pire. Le ou les tueurs, sont et seront toujours, impitoyable.
Le capitaine Comte, Charles de Portes d’Enstré, OPJ en la Capitale des Gaules, s’est vu confié l’enquête, par la très belle Substitute Alexandra, qui ne lui est pas indifférente !
Même le Médecin légiste, pense que c’est pas cher payé, 2 balles, pour un travail bien fait et sans appel. S’ensuit une enquête débridée, qui conduit le Capitaine Comte, de Lyon à Paris.
Le ou les auteurs, n’ayant pas l’intention de prendre le Comte à rebours, tentent tout pour échapper à leurs crimes.
Si vous êtes incrédules, ou si vous avez un doute, entrez dans cette investigation, de toute urgence, pour ne pas disparaître par ignorance.


Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 1074

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Couverture

Page de titre

 

 

Mourir à Lyon

 

 

 

Manque de savoir vivre

 

de Jean Deprez

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À lire en urgence pour ne pas disparaitre par ignorance.

 

 

 

 

Le temps d’un roman

Editeur

Collection « Roman policier »

 

Mourir à Lyon

Mardi 1er novembre

 

Il fait nuit. je roule sous la pluie. J’ai froid. J’ai surtout sommeil. Je dors derrière le volant. Comment oser me réveiller, après une nuit d’ivresse avec une jolie blonde, j’en témoigne, elle était blonde.

A 6 h, mon Principal, Jean Allemant, commissaire en l’Hôtel de Police de Lyon, rue Marius Berliet, m’a appelé. Un homme sans vie a été découvert. La Police a été demandée en urgence. Mon groupe est chargé de l’enquête.

J’ai la vague idée, tandis qu’il me téléphonait, il était encore dans son lit !

Pour cette nouvelle affaire, Je dois me rendre dans le 4ème arrondissement de Lyon, angle des rues Louis Thévenet et Richan.

Mon adjoint, le lieutenant Pierre Dupont, dit « stone » est déjà sur place.

Dans ma Porsche 356, de 1961, j’essaye de rouler, entre les couloirs des bus, les pistes cyclables, désormais, non genrée. Celle-là, il fallait la trouver et une forte dose d’humour pour l’annoncer aux Lyonnais.

Plus c’est gros, plus ça passe.

Lyon, en ce premier mardi du mois, sur la colline, qui travaille, il ne cesse de pleuvoir. Une pluie fine, pénétrante et glacée. Un temps à ne pas mettre, un Capitaine de police, dehors !

Ce sont les aléas du métier. Je râle contre le temps, l’heure matinale, la circulation. Je complète cette litanie, par le travail ! Être disponible 24/24 h et 7/7 jours, du 1er janvier au 31 décembre.

Le plus gros problème de cette équation, est que l’année suivante, vous effacez tout et vous recommencez.

 

Nous n’avons pas été présenté, dommage pour vous, cela vous aurait fait des relations.

Je me prénomme Charles et me nomme, De Porte d’Enstrée.

Mon arbre généalogique, remonte, au moyen âge. Mon aïeul, Jehan des Prez, baron de la Porte, habitait la Marche limousine, zone frontière, entre le Limousin et l’Auvergne.

En 1152, Aliénor d’Aquitaine, par son mariage avec le futur roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt, a fait basculer le duché d’Aquitaine dans les possessions anglaises. Henri II devient donc le suzerain du Comté de la Marche.

Deux siècles, plus tard, toujours sous domination Anglaise, le Baron, Jean, pour subvenir aux besoins de sa Maison, devient installateur de pont-levis.

Il était mandé dans toute la Marche. La qualité de ses ouvrages, ainsi que sa garantie pièces et main-d’œuvre, pendant dix ans, sur ses réalisations, lui ont valu la reconnaissance des Seigneurs des fiefs alentours.

Il est a souligner, qu’il fut le premier, a proposer une garantie décennale, sur ses pont-levis, bien avant la loi Spinetta, de janvier 1978.

Le Roi Philippe le Bel, est renseigné, par son conseiller, Guillaume de Nogaret, sur la qualité de ses travaux sur les ponts et installations y afférentes.

Philippe IV, le fit engager, immédiatement, pour la pose et la maintenance des ponts et poternes des châteaux Royaux.

Un honneur pour mon ancêtre, que de servir le Roi !

Le Roi, voulant étendre le domaine Royal, fît convoquer, le Baron de Porte. Philippe le Bel, demande à Jean des Prez, si il a les plans, ainsi que les clefs des nombreux châteaux, sur lesquels, il est intervenu.

Fort de sa réponse, positive, Philippe IV lui demande, de l’aider à conquérir la Marche Limousine. Jean, n’a plus d’avenir, en Marche, sous la domination Anglaise.

Il se rallie au roi de France.

Pour encourager les Français à le suivre dans son combat, contre l’impérialisme Anglais. Le 21 mai, il lance son fameux discours de Limoges et fonde le parti : « La Royauté en marche ».

En 1308, avec ses compagnons, mon aïeul fait tomber les pont-levis et ouvrir les poternes, pour permettre aux troupes de Philippe le Bel, de conquérir la Marche.

Cet acte de bravoure, incontesté par le Roi, a permis d’épargner de nombreuses vies, de l’ost de Philippe IV le Bel.

Reconnaissant, pour honorer son geste, le Roi le fit Comte de Porte d’Enstrée, Titre que nous portons depuis cet adoubement.

 

Peu après, la guerre de Cent Ans, éclate, à 1453, qui oppose la dynastie des Plantagenêt à celle des Capétiens.

Il faudra attendre 1531, pour que la Marche, soit définitivement intégrée au domaine royal.

C’est un pan de l’histoire de la région, hélas méconnue et un hommage certes tardif, pour mon aïeul.

La nuit du 4 août, nous a été fatale. L’Assemblée nationale constituante, a voté la suppression des privilèges féodaux. Je suis devenu Capitaine de Police, par vocation, non par lucre.

Je continue mon panégyrique.

J’ai 31 ans, je suis célibataire. J’ai grandi à Paris dans le XXe puis le Ve arrondissement. Mes parents ont déménagé sur Boulogne-Billancourt. Lycée J.B. Say dans le XVIe. Fac de droit. Licence en poche, je rejoins l’Ecole de Police, près de Lyon. Après mes trois ans de droit, je n’ai rien fait de travers, comme quoi l’éducation, mène à tout.

En fonction de mon classement, second, derrière ma petite amie de l’époque, j’ai choisi de rester sur Lyon, ma ville d’adoption.

 

Dans ma voiture, je n‘a pas de GPS. Armé de mon seul plan de Lyon, je repère, enfin la trace de ces rues. La pluie n’arrange pas ma progression. Les essuie-glaces, d’époque sont un peu, aux abonnés absents. Les Lyonnais ne flânent pas, avec ce temps. Difficile de demander son chemin aux autochtones.

De guerre lasse, comme le Maréchal Emmanuel de Grouchy, à Waterloo, parvenu place de la Croix Rousse, je prends mon téléphone et j’appelle mon adjoint.

— Bonjour Pierre

— Bonjour Capitaine, je vous ai reconnu, maintenant, j’ai votre téléphone enregistré dans ma base de correspondants !

— Pierre, je suis boulevard de la Croix Rousse. Je vais me garer place des Tapis, devant le commissariat du IVe, viens me chercher.

— J’arrive Charles !

Je finis à peine de garer mon automobile, qu’avec son gyrophare et le deux tons, il arrive plus vite que je l’avais escompté !

Le mardi, la petite place de la Croix Rousse est occupée par le marché et le boulevard, par le marché forain. Il faut se lever de bonne heure pour trouver une place de parking !

Je suis malgré tout, garé « illégalement » devant le commissariat du IVe arrondissement. Je vois déjà la tête des flics du commissariat devant ma voiture. Une Porsche en plus, sur les emplacements réservés à la police. Attendez, mon gaillard, a votre retour, votre compte est bon !

Crime de lèse police !

Assis dans la Clio Renault de service, du lieutenant, j’apprécie, le chauffage, le désembuage, pour ne parler que de ces côtés pratiques d’une voiture du XXIe siècle ! Quant aux bruits, pardon, elle n’a que 170.000 km, après tout. Ne soyons pas mauvaise langue. Ma Porsche 356, elle vit. Vous vivez à l’unisson dans ce bolide, qui dans les années 50 / 60, était le plus polyvalent, sur la route.

En moins de quelques minutes, dans la circulation normale, sans accessoires, Nous arrivons à l’angle des rues Louis Thévenet et Richan.

Déjà des policiers ont barré, les rues avec leurs voitures et la rubalise,

« Police ne pas franchir « 

Au pieds d’un immeuble de Canuts, git, sur le trottoir de la rue Richan, un homme d’une quarantaine d’années. Deux impacts de balles, ont troué son imperméable Burberry. Quel gâchis, un imper de ce prix !

L’homme à l’intérieur est tout aussi négligent.

Mourir place Bellecour, c’est plus classe que mourir rue Richan, ventrebleu !

Le médecin légiste et la police technique et scientifique, arrivent pratiquement en même temps. Le légiste, qui répond au nom de Norbert Santys, se penche, regarde et conclu doctement, il est mort de deux balles dans la poitrine !

De mon côté, je suis satisfait. Mon diagnostic, est identique au légiste. J’aurais dû faire médecine, plutôt que droit. En conjuguant les deux, j’aurai pu devenir Médecin-légiste.

— Docteur, avez-vous trouvé ses papiers ?

— Non, il n’a aucun papier sur lui. Par contre, dans sa poche, une feuille d’agenda sur lequel est écrit, « l’Esplanade, rue Thévenet ». C’est tout !

Le légiste me demande, s’il peut transporter le corps, à l’IML. Je lui donne mon accord. J’ai photographié, la scène de crime et en gros plan, le défunt.

Pour me remémorer les lieux, je prends, également, différentes photos, Dans mon écran, j’aperçois un panneau sur une maison, vraisemblablement, celle du gardien : L’ESPLANADE !

Ce n’est pas un bâtiment, mais un caravansérail. Vu la construction, élevée sur 12 étages et sa longueur, il doit bien contenir plus d’une centaine de logements ! L’enquête ne s’annonce pas sous les meilleurs hospices.

— Pierre, as-tu déjà fait questionner les voisins immédiats ?

— Oui, mais j’ai peu de personnel. D’après les gens interrogés, nul ne le connait dans le quartier. J’ai demandé des renforts, pour élargir l’enquête de voisinage.

— Très bien, lieutenant Dupont, vous serez bientôt capitaine, si les petits cochons ne vous mangent pas !

Un policier de Scientifique, vient vers nous. Il m’informe qu’il a trouvé sous le de cujus, une seule douille, sur les deux balles tirées.

Un indice supplémentaire, susceptible d’identifier, son meurtrier. Si nous retrouvons l’arme, le suspect, vraisemblablement, sera derrière !

N’ayant plus rien à glaner rue Richan, je demande à Pierre de remballer les gaules et de me déposer près de ma voiture.

J’ai même oublié l’emplacement de stationnement, de ma Porsche.

— Tu es garé devant le commissariat, Alzheimer Charles, Alzheimer !

Parquée là, elle ne risquait pas d’être empruntée. De nos jours, il ne faut pas dire volée mais bien empruntée.

Le changement, dans la continuité……

Arrivé près de ma 356, le comité d’accueil est à la hauteur de mes espérances ! Au minimum, trois agents, tournent autour de ma voiture. Deux pour l’admirer, un pour me coller une contravention. Je m’approche, pour reprendre mon automobile et quitter la Croix-Rousse.

— Bonjour Messieurs, vous permettez, je désire reprendre ma voiture ?

— Bonjour Monsieur, vous êtes garé sur un emplacement de police, vos papiers, permis de conduire, carte grise, assurance !

— Acceptez mes excuses, je suis de la maison. Le marché de la Croix-Rousse, prend tout l’espace disponible. J’ai dû, pour une affaire urgente, me garer en toute hâte.

Qu’elle est belle, qu’elle est bien dite cette phrase, mais difficilement compréhensible pour le sous brigadier !

— Comment, vous roulez en Porsche et vous vous dites de la maison. Suivez-moi !

A peine rentré, le commissaire alerté par le bruit de ses perdreaux, me reconnait. Nous nous sommes rencontrés, sur une affaire.

Saluts fraternels entre collègues.

— Que fais-tu dans mon quartier ?

— Nous avons un mort, rue Richan. Connais-tu cet homme ?

Je lui montre la photo prise, de mon portable.

— Non inconnu, pour moi. Prête-moi ton appareil, je vais faire le tour de mes hommes.

Quelques minutes passent, le commissaire revient, avec un gardien.

— Capitaine, j’ai bien vu cet homme. Je lui a indiqué son chemin, rue Louis Thévenet. C’est tout.

— Avez-vous noté, un élément suspect, dans son attitude. Était-il anxieux, énervé ou terrorisé ?

— Non, je n’ai rien remarqué de bizarre, dans son comportement. Seulement sa voiture, une 911 et son élégance. Il avait surement, un rendez-vous galant, a mon avis. Il était sapé comme un milord et sentait le parfum à plein nez.

— Quand vous l’avez renseigné, était-il sorti de sa voiture ?

— Oui, il était à pied. Il était vers la petite place de la Croix-Rousse. Il m’a remercié, puis est monté dans la 911, garée en double file.

— Merci Brigadier, bonne journée.

Pour continuer de parler de l’affaire, le commissaire m’entraine au Paddy’s corner, le pub en face, du commissariat.

LeProgrès, journal de Lyon, ne va pas manquer, de monter en épingle, ce meurtre. Il faut avoir le même langage, vis à vis de la presse.

Alors devant un verre, quoi de plus sympathique.

Je le remercie chaudement de sa collaboration.

 

Je reprends ma 356, direction l’Hôtel de Police. Je me gare sur mon emplacement.

En passant devant la voiture de mon adjoint, je constate que le capot de sa Clio est froid.

Le groupe sera au complet !

 

Dans mon bureau, conciliabule avec mon équipe. J’ai avec moi, les lieutenants Emilie Delage et Pierre Dupont. Les inspecteurs, Louis Lapointe, dit Bic. Ernest Lejeune dit le Gamin complète l’équipe. Manque Pauline Quatre, notre stagiaire, absente, pour maladie.

Elle ne s’est pas foulée, pour trouver des surnoms aux collègues, ma « dream team » ! Les perdreaux volent bas, cette année.

Récapitulatif des premières constatations.

Je fais circuler, parmi le groupe, la photo du défunt, inconnu de tous !

Pierre Dupont, mon Lieutenant, prend la parole.

— Notre client avait sur lui une page déchirée d’un agenda Hermès, Ce n’étais pas un économiquement faible, le mort de la rue Richan. Tu en dis quoi Charles ?

— J’ai rencontré le commissaire du IVe. Il n’a jamais vu ce monsieur, ni une partie de ses troupes. Il a fait circuler la photo. Un brigadier lui a indiqué, ce matin, le chemin pour rejoindre la rue Louis Thévenet. Précision, il était à pied, lors de sa demande, mais a rejoint une 911, garée en double file. Toutes ces constatations tendent à prouver, qu’il n’était pas dans le besoin.

Attendons le résultat de l’autopsie et de l’enquête de voisinage.

Fin de la journée, Le mort est inconnu, aucuns autres indices, que ceux de la scène de crime et d’une douille sous le mort.

 

Nous ne sommes pas plus avancés !

Mercredi 2 novembre

 

Aujourd’hui, nous sommes donc mercredi.

Réveil, douche et petit déjeuner. La routine d’un célibataire. Je suis furieux, avec cette nouvelle enquête, comme prévu, je ne peux pas prendre ma semaine, pour faire la fête avec mes copains. Pour la fête, c’est la mienne, une nouvelle affaire.

Elle se présente mal !

De retour à l’Hôtel de police, je demande, si le Commissaire Principal, peux me recevoir. il peut !

Je lui fais un rapport oral, très succinct. Nous n’avons pas identifié la victime. Quant aux indices, trouvés sur place, elles nous font entrevoir, la profondeur du néant.

Mon petit Charles, me dit l’ancien, toujours affable.

Il remonte toujours ses troupes de la même manière.

— Je vous fais confiance pour trouver le ou les coupables et clore l’affaire, dans les meilleurs délais, bien entendu !

Il est bien gentil, le chef. Son comportement est immuable, des encouragements, et peu de moyens. II t’incite à aller à la pêche, mais avec quel hameçon, ça débrouille toi, c’est ton problème !

Pas évident, même pour un policier de génie, comme moi.

 

Nouveau point dans mon bureau.

L’enquête de voisinage a apporté des résultats mais, moins qu’espérés. Quelques habitants de l’immeuble l’Esplanade, se souvenaient d’avoir répondu à un inconnu. Il demandait Elisabeth, elle avait changé de nom après son mariage. Il interrogeait, au hasard, par l’interphone, les occupants.

Avaient-ils croisé cette Elisabeth ?

Personnes n’avait souvenir d’une Elisabeth, habitant l’Esplanade.

 

Un résidant, de l’immeuble le Belvoir, situé en face de la barre de l’Esplanade, a remarqué, hier matin, entre 5 et 6 h, un homme, élégant, portant un imperméable. Il l’a d’autant plus regardé, qu’il descendait d’une Porsche 911. Comme, les voitures de ce modèle, se ressemblent toutes, il n’a pas pu préciser si c’est une 993 ou 997. Mais il est formel, c’est une 911. Il n’a rien vu d’autre. Ce même témoin n’a rien entendu, après l’arrivée de la Porsche.

J’en conclue, que l’arme utilisée, était munie d’un silencieux.

Voilà nous avançons !

Nous savons maintenant, qu’il est venu mourir, dans le IVe, à la Croix-Rousse, comme l’aurai confirmé, Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice, maréchal de France.

J’espère que le légiste va nous donner de nouveaux indices, pour nous permettre d’identifier la victime.

— Pierre, s’il te plait, consulte et compare les avis de recherches des personnes disparues.

— Bien patron !

— De ton côté, Emilie, demande à l’opérateur, les numéros de téléphones qui bornait hier entre 5 et 6 heures sur le relais le plus proche.

— Louis, les réseaux sociaux.

— Ernest, tu aides tes petits camarades.

— OK boss !

Comme chef de groupe, j’engage, comme toujours, mes hommes, dans d’inévitables tâches administratives et itératives.

— Je ramasserai les copies, ce soir !

Pour ma part, je vais voir, la substitute du Procureur, Madame Alexandra Rodes, en charge du dossier. Je souhaite, avec elle, faire le point sur le mort de la rue Richan.

Nous nous connaissons, pour avoir suivi, ensemble, différentes affaires.

Pour rien au monde, je ne voulais manquer de la revoir. La beauté de cette jeune substitute du procureur de Lyon, ne me laisse pas indifférent. Malgré mes numéros d’amoureux transis, la substitute, semble toujours m’ignorer.

Nous parlons de l’affaire et du peu d’indices recueillis, également de ce que j’estime, devoir effectuer pour faire avancer ce dossier. Elle acquiesce, me suit dans mes conclusions.

Elle est d’accord, dans le respect de la loi, voilà résumé notre conversation.

Inutile de vous préciser, que je suis un vrai policier, mais aussi un chien…policier, avec la truffe toujours froide, malheureusement, mon charme n’a pas agi sur la magistrate !

 

Exit, retour à l’Hôtel de Police et nouveau point à l’ordre du jour.

Pour l’heure, mon équipe a beau se démener, résultats c’est comme à l’est, rien de nouveau !

Côté recherche des personnes disparues, pas de signalement, correspondant au défunt.

Rien sur les réseaux sociaux.

Malgré une commission rogatoire, demandant, en urgence, à tous les opérateurs de la téléphonie, la liste des téléphones accrochés par le relais du IVe. Toujours pas de listing !

Je n’y tiens plus.

Je demande au lieutenante Emilie, une très jolie brune, de me suivre. J’ai un goût certain, pour choisir mes collaborateurs. En plus d’être jolie, elle est efficace. Malheureusement, elle est mariée. Avez-vous remarqué, que les belles femmes, sont comme les places de parking, elles sont toutes prises, restent les payantes et les interdites….

 

Nous quittons l’Hôtel de Police.

Direction l’Institut Médico-Légal !

Sur place, après plus d’une demi-heure de trajet, merci les Verts, trop sectaires, pour administrer une ville comme Lyon !

Nous demandons au planton, le docteur Norbert Santys. Le préposé, en réfère à son correspondant, qui lui-même doit réitérer notre demande à l’assistant du Praticien. Que de formalités pour assister à une autopsie. Ma lieutenante et moi, nous nous en passerions si bien !

Encore une chose pour moi, qui ne passe pas. De certains ont voulu et obtenu de féminiser les mots ! Pas tous, par exemple, pour les docteurs, les avocats, vous pouvez, à loisir féminisez. Vous obtenez doctoresse, avocate, mais pour un Maitre, très difficile à féminiser.

La rigolade dans les Etudes Notariales et surtout, sans parler des prétoires.

J’imagine, une cliente de s’exclamer, après son divorce, « Mais il a tout obtenu grâce à sa Maitresse, lui » !

Là, comme par hasard, le masculin est conservé.

Alors, les nouveaux immortels, redevenez mortels !

 

Enfin nous entrons. Des cris et des éclats de voix nous parviennent. Norbert le médecin chef, réprimande vivement un étudiant, en médecine.

— Pourquoi as-tu couché avec elle, bon sang ?

— Elle était nue, allongée, que devais-je faire ?

— L’autopsie, Emmanuel, l’autopsie !

 

Norbert, un peu énervé, a déjà mis sa charlotte, revêtu son grand tablier blanc en plastique et ses bottes. Pour compléter la panoplie double gants chirurgicaux et lunettes de protection. Doctement, pour un docteur, c’est dans ses cordes, il nous rabâche, ce que nous savon.

— S’agissant d'un acte de procédure pénale, la loi requiert votre présence pour y assister. Je voulais vous fixer un rendez-vous, mais vous m’avez devancé. Nous sommes tous présents, je procède.

Il demande à son assistant, de lui présenter l’invité d’honneur !

Humour de légiste, pour tenter de compenser la mort, qu’il côtoie, tous les jours.

Il dirige le Scialytique, pour un parfait éclairage.

— Nous allons commencer, nous dit-il !

Tu parles d’une invitation ! Je préfère de loin, un séjour dans la cage aux lions !

Scalpel en main et hop, plus vite qu’il n’en faut aux Agents de Surveillance de la Voie Publique, pour vous mettre une contravention, il réalise l’autopsie.

C’est leur boulot et Dieu sait, s’ils le font bien, je parle des ASVP !

Pour celui qui n’a jamais assisté à une autopsie, il est impossible de s’y habituer. Le cadavre, découpé, éviscéré et examiné dans tous les sens, c’est insoutenable.

Un assassin pratiquant de tels sévices, a sa victime, c’est perpète.

Merci Maitre Badinter. Il gardera la tête sur les épaules, lui !

La litanie, médico-légal commence.

— Notre client, humour noir, est un homme de type caucasien, dans la force de l’âge. Il est bien tenu. Porte des vêtements d’un grand couturier. Rien de particulier à dire, sur l’examen externe.

Il poursuit.

— Il a été assassiné de 2 balles, tirées de moins d’un mètre, environ, compte tenu de la poudre sur son imperméable. Le calibre, à priori du 9 m/m.

Après une pause, il déshabille le défunt, avec son assistant et l’étudiant « gaffeur ».

Après une demi-heure, il dépose dans un haricot, une ogive de balle.

— Regardez, celle que j’ai extraite, une merveille. Les stries sont parfaites, la balistique, avec la douille que vous avez retrouvée, va vous donner le type d’arme utilisé. Quant à la deuxième balle, elle a traversé son corps, sans toucher d’organes vitaux. Avez-vous remarqué, qu’il portait un pacemaker, pour le cœur. Cette petite merveille de technologies, va nous en apprendre beaucoup, sur notre homme. En plus d’enregistrer, les stimulateurs Boston Scientific, possèdent tous un numéro de série.

Enfin, un peu de concret !

— Je vais contacter le fabricant par mail : Peace First à Boston et avant la fin de la semaine, je vous communiquerai le nom de votre cadavre !

— Docteur, à quelle heure estimez-vous la mort ?

— Hier, vers 5 h 30.

Clair, net, précis !

Emilie et moi, remercions le praticien pour l’aimable accueil, dans son royaume des morts. Je regagne, après une heure de trajet, l’Hôtel de Police. En cause, les pistes cyclables, non genrées, les plus nombreuses, à Lyon.

O tempora, o mores !

Les romains l’ont constaté avant nous. L’éternel recommencement !

 

Nouvelle réunion.

Je fais part de la nouvelle concernant le pacemaker, que portait le mort de la rue Richan.

Enfin ça bouge…mais vraiment pas de quoi battre, Fabio Quartararo, ex-champion du monde, de moto GP !

Pour décompresser, je décrète, pour nous mettre dans l’ambiance de la Croix Rousse, de les transporter sur la scène de crime. Je pense que mon groupe, doit s’imprégner des lieux. C’est plus parlant que des photos.

Ensuite, apéro, au 4ème. C’est un café restaurant, que j’ai repéré, Grande rue de la Croix Rousse. Bistrot de quartier, avec sa terrasse, son marbre, les zincs ayant disparus !

Ambiance sympathique, Nous nous accordons une seule tournée, surtout ne pas dépasser un verre, sinon, bonjour les dégâts !

C’est une bonne chose, mais maintenant, ce sont les drogues qui viennent supplanter l’alcool.

Et demain ?

 

La journée se termine. Nous rentrons tous dans nos foyers.

J’habite Caluire et Cuire. A chaque fois, que je prononce le nom de mon agglomération, j’ai une réflexion sur Sainte-Jeanne et à son effroyable supplice.

« Encore un miracle de Dieu, elle était vierge et elle est morte en Sainte ».

Acceptez mes excuses, je ne fais que rapporter ici, une des calembredaines de mes petits camarades de comptoir.

Caluire, est une commune au nord de Lyon, limitrophe avec la Croix-Rousse. En sortant du « bistronomique », je récupère mon bolide. Direction ma maison, située a un jet de pierre.

Le maire vert, de la capitale des Gaules, rend les automobilistes verts de rage ! Au bout de dix minutes, toujours en pestant, je franchis le portail automatique !

Rien n’arrête le progrès !

 

C’est une grande maison bourgeoise du XIX ème siècle, achetée, suite a un héritage, de ma tante Albertine, sœur de ma mère.

C’est immense, pour moi !

Hall, salon, salle à manger, salle se billard, fumoir et cuisine au rez-de-chaussée. A l’étage, 6 chambres, 3 salles de bains, dressing.

Si vous souhaitez vous porter acquéreur, contactez l’agence immobilière, située sur la rue Dumont d’Urville. Ce célèbre explorateur, a remarqué la beauté de la Vénus de Milo. Dès qu’il l’a vu, les bras lui en sont tombés.

Dans la cour, derrière mon volant, je repense que, pour circuler dans Lyon, il faut affronter, maintenant, des embouteillages monstres.

Comme feu Michel Coluche, je pensais benoitement ;

« Pour qu’un écologiste soit élu, il faudrait que les arbres votent ».

A mon avis, à Lyon, les chênes ont voté, comme des glands.

« Quand la bêtise gouverne, l’intelligence est un délit » Henry de Montherlant, l’avait déjà anticipé !

Je n’ignore pas, que la France, pollue à hauteur de 0,9 % à l’échelon mondial !

A mon avis, la surpopulation, est du plus grand facteur de pollution.

La terre à connu des pics de glaciation et de réchauffement, me semble-t-il.

Enfin, je termine ma diatribe.

 

Par contre, Maria, vit dans une aile de la demeure. Elle veille sur moi, sur la maison et le ménage. Heureusement, car je suis encore un vieux garçon.

Maria, femme battue pendant des années, a enfin osé porter plainte, contre son bourreau, monsieur Lucien Sansson, qui est resté sans voix, quand je l’ai arrêté. Alors jeune inspecteur, j’ai enquêté et dénoué l’affaire, en prouvant la culpabilité de son mari. Seule, avec un petit garçon, prénommé Jules, je l’ai senti déboussolée, après la condamnation de son tyran. Je lui ai demandé, si elle voulait s’occuper de mes problèmes d’intendances. Logée, nourrie et des gages, heureuse de cette proposition, elle m’a dit oui, sur le champ.

Depuis, nous ne nous quittons plus.

 

Elle est devenue indispensable !

Jeudi 3 novembre

 

Ce matin, dans ma voiture, mes noires pensées d’hier soir ressurgissent. Tous les matins, pendant les temps d’attentes, je pense, qu’une voiture qui roule, pollue moins qu’une voiture arrêtée, moteur tournant. Beaucoup de voitures, à Lyon, naufragées des vélos, polluent, pire qu’avant l’avènement des messies de l’écologie !

 

Les listings, des opérateurs téléphoniques, branchés, entre 5 et 6 h, sur le relais, proche du lieu où a été retrouvé l’inconnu, sont enfin arrivés.

Ils concernent trop de trafic, jamais actuellement, par ce biais, nous ne trouverons le moindre indice, constate Emilie. En plus nous ne connaissons pas le numéro de téléphone, de la victime.

— Dans un premier temps, OK, dis-je, mais conservez-les, car lorsque notre homme aura, comme Lazare « ressuscité », nous nous pencherons sur ses appels téléphoniques. C’est une piste à mettre de côté pour le moment.

— Pierre, les avis de recherches ?

— Rien, avec le gamin, nous sommes remontés jusqu’à l’année 2021, que pouic !

— Regarde, les mains-courantes, peut être trouverons nous une info.

— Ce salmigondis, que sont les réseaux sociaux, Louis ?

— Négatif, ce monsieur est un fantôme !

— Bien, j’en conclu qu’un autre indice est notre témoin, qui a remarqué une 911 Porsche. Coupé que nous n’avons pas retrouvée, malgré nos recherches dans rue Richan et les rues adjacentes.

— Nous attendons le légiste, pour l’électro-stimulateur, qui infailliblement, devrait nous sortir son identité. La balistique pour l’arme. Mais, depuis mardi, nous n’avançons pas. Nous ne connaissons pas la victime et nous n’avons aucuns indices, sérieux.

En conséquence, concentrons-nous, sur les affaires pendantes.

 

Fin provisoire de la partie !

 

En milieu d’après-midi, le légiste me communique, par téléphone, le nom du porteur du pacemaker : Jean des Carmilles.

Emilie entre immédiatement le nom, dans la base de données de la Police. L’ordinateur mouline un peu. Le pédigrée du client s’affiche sur l’écran. Après vérification, il ne semble pas en adéquation, avec le mort.

Il habite Paris, avenue Foch. Je connais pire comme adresse parisienne.

Sa photo ne correspond pas au mort, alors quid ?

Le légiste est formel, c’est bien Jean des Carmilles, le titulaire, de ce pacemaker, tout du moins sur le listing du constructeur.

Nouvelle impasse. Comment un homme peut-il porter un stimulateur, sous un faux nom ?

C’est pourtant impossible une telle erreur. A moins que le de cujus, ait usurpé, ou utilisé frauduleusement une autre identité. Pourquoi celle de Jean des Carmilles !

Fort de cette nouvelle énigme, je me rends, avec une certaine idée derrière la tête, chez la substitute du Procureur la belle Alexandra Rodes.

Je n’ai pas de rendez-vous. Je veux lui faire une surprise !

C’est un peu osé, mais je tente. Après une petite attente, Je suis introduit, dans le bureau de la Magistrate.

Courbettes, œil de velours, sourire 71 ter, n’ont aucuns effets sur Alexandra. Aussi, je rentre dans le vif du sujet, concernant l’inconnu de la rue Richan. Le pacemaker, piste prometteuse, mais voilà, elle a fait pschitt, pour nous. Le greffé vivant sur Paris. Je suis d’accord, avec ma substitute, pour adresser à la Police Parisienne, plus connue sous le sigle, PP, une commission rogatoire, pour qu’ils entendent Jean des Carmilles.

Mais cette procédure va prendre un temps fou, à la PP pour interroger, comme témoin, le sieur Jean des Carmilles.

Si une affaire n’est pas résolue dans les meilleurs délais, elle a des chances de finir aux archives. Nous en sommes bien conscients, mais en l’état, wait and see, comme disent les Anglais !

Nouvel œil de velours et sourire 17, mais rien ne détourne Alexandra. Je lui serre la main, direction l’hôtel, avec Alexandra ?

Non seulement l’Hôtel de Police, l’enquête, toujours l’enquête !

 

Je demande à Ernest Lejeune de venir avec moi, pour me conduire à la succursale Porsche de Lyon. Ma 356 est suivi par ce concessionnaire, Je connais tout le monde. Le patron nous reçoit immédiatement.

— Bonjour Capitaine, un problème sur votre voiture ?

— Bonjour Jacques, non, pas de problème, mais vous pouvez m’aider. J’ai un individu qui a vu une 911, sur les lieux d’un méfait. J’aimerai rencontrer, comme témoin, le propriétaire de ce véhicule. J’ignore tout, l’année, le modèle et l’immatriculation.

Je lui présente la photo du conducteur, il lui est inconnu.

— Il se peut, que dans vos équipes, de vendeurs ou dans les l’ateliers, quelqu’un connaisse ou reconnaisse ce quidam.

Je poursuis,

— Jacques, je vous présente Ernest Lejeune, en charge du dossier. Il va vous donner quelques photos de notre homme. En faisant tourner dans vos différentes structures Porsche, merci de lui faire part de vos recherches. Il est à votre disposition, si vous le souhaitez, pour faire circuler la photo, parmi votre personnel.

— Non inutile, je vous informerai, si nous retrouvons votre homme !

 

De retour à l’Hôtel, la balistique vient d’envoyer son rapport.

Il s’agit d’une arme de collection. Un pistolet, semi-automatique, de marque Luger, type P08 de la 1ère guerre mondiale. Cette arme, Allemande, a connu une large diffusion. Autant chercher une plume dans l’édredon de grand-mère.

Pas plus avancé, mais au moins, si nous trouvons l’arme, le coupable ne sera pas loin.

Dans mon bureau, après avoir fait le tour de table avec mes collaborateurs il en ressort que le seul élément dont nous sommes sûr, c’est la marque du pistolet. Un Luger 9 m/m.

Le reste, le pacemaker, le listing des portables ayant « accroché » l’antenne, près de Richan et la 911 ne sont que des éléments, inexploitables, pour le moment.

Décevant, cette enquête, elle part mal !

Il faut trouver n’importe quoi, mais vite.

 

La nuit porte conseil, à demain !

Vendredi 4 novembre

 

Réveil du bon pied, douche, ensuite, je m’habille avec mon plus beau costume, sans oublier la cravate.

A la cuisine, Maria a préparé le café, les croissants frais, livrés par le pâtissier.

C’est Byzance, tous les matins !

Si j’ai revêtu mes plus beaux atours, c’est pour rencontrer la substitute du Procureur. Je rêve, c’est le terme exact, je rêve de l’emmener, plusieurs jours à Saint Tropez. Hôtel de la Figuière, club 55 et diner chez Nigon.

Onirique ce paradis !

Après le petit déjeuner, je compose le numéro d’Alexandra. Elle répond, Dieu est avec moi.

Auguste présage ?

Oui elle accepte de me rencontrer, vers 10 h 30 pour l’affaire, connue désormais sous le vocable, de « Richan ».

A 10 h 20, je me gare sur l’emplacement Police, du palais de Justice. Je rabats mon pare soleil, pour indiquer, aux hommes en bleu, que je fais partie de la Maison !

Toujours avec mon sourire de jeune premier, j’entre et salue la substitute. Je remarque, pour la première fois, le sourire qu’exquise Alexandra en me serrant la main.

Mon charme, bien évidemment !

Sans détours, je lui fais part de mon vœu de me rendre sur Paris, pour interroger le « porteur » du pacemaker, le dénommé Jean des Carmilles.

Je lui en ferai un rapport, par téléphone, aussitôt après mon entrevu avec ce Monsieur.

Pour accélérer l’enquête, elle n’est pas contre mon déplacement, bien au contraire. Dans un élan, sans précédant de sa part, elle me communique son numéro de portable.

Je lui présente des hommages et regagne l’Hôtel de Police.

Ayant prévu mon déplacement, j’ai pris ma valise. Je demande à Emilie de me déposer à la gare.

Nach, Paris, comme en 40 !

Dans le TGV, Je consulte différents dossiers en cours, mais je retombe sur l’affaire « Richan », nom donné à mon enquête. Je fulmine de ne pouvoir avancer !

Deux heures plus tard, Paris. Je prends un taxi, chauffeur avenue Foch. Pour une fois, la circulation est plus fluide qu’à Lyon. Pourtant, il parait qu’à Paris ce sont les travaux, qui perturbent les déplacements, à Lyon, ce sont les pistes cyclables, surtout les « genrées » !

L’immeuble haussmannien parait le plus cossu de l’avenue. C’est dire. Une grille avec des tôles, pour occulter l’entrée. Un interphone, Jean des Carmilles, Je sonne. Personne, même pas un maitre d’hôtel, vivrait-il au-dessus de ses moyens ?

Que faire avenue Foch ? Bien qu’un important trafic l’emprunte, peu de passants et pas de commerces. Le pire, pas un seul bistrot. Je sonne chez le concierge, pardon, ici il s’appelle gardien. Je présente ma carte de police, indiquant mon grade. Le gardien se fige au garde-à-vous.

— Brigadier-chef Edgar Pinot, à la retraite, Monsieur le Capitaine.

— Repos mon brave, repos.

Il me déplie sa vie. Pendant trente-cinq ans, policier à Paris, ça vous marque un homme. Après gardien de la Paix, il est gardien d’immeuble, ce depuis 5 ans. Il est logé avenue Foch. Les étrennes sont somptueuses, Que demander de plus ?

Le bonheur est avenue Foch !

Je lui pose d’anodines questions sur les habitants de l’immeuble, pas de celui d’en face, bien sûr ! Rien à dire, tous très gentils avec lui. Comme il est consciencieux et serviable, il est apprécié, selon ses dires, des propriétaires. Concernant Des Carmilles ? Rien n’a redire, il est très discret, même mieux, secret, selon le psychologue de la loge.

— Il rentre, en général à point d’heure, dit-il.

Il a été élevé à Lyon le gardien. C’est typiquement Lyonnais, cette réflexion.

— Vous êtes Lyonnais ?

— Oui Capitaine j’ai grandi à Villeurbanne. J’ai été Gardien de la Paix sur Lyon. Pour suivre ma femme, j’ai demandé ma mutation sur Paris. Première affectation, le 9,3. Ensuite, le commissariat du XVIIe, plus calme. Cinq ans plus tard, elle me quittait pour un escroc sévissant sur la Côte d'Azur

Une heure à tuer, pour un flic, c’est un comble.

Je lui demande de garder ma valise, il accepte Mes effets personnels en lieu sûr, je me dirige vers l’avenue des Champs Elysées, là je pourrai déguster un Whisky et réfléchir sur la conduite à tenir avec Des Carmilles.

C’est très agréable de revoir sa ville natale.

Je descends les Champs, beaucoup de choses ont changé. Je ne reconnais plus, la plus belle avenue du monde. Fort heureusement, le Drugstore est toujours implanté non loin de l’Arc de Triomphe. Je m’installe et commande un single malt. Tout en le dégustant, je revois mon passé, mes rendez-vous ici avec mes flirts, le départ à scooter, direction les surprises party. Le temps est hémophile, comme l’a chanté Alain Souchon, dans son tube « C’est déjà ça ».

Toute ma jeunesse, attention, la vie est courte !

Il est plus de 19 h. Je quitte le Drugstore, pour retrouver le brigadier, son immeuble et j’espère, Jean de Carmilles, à l’intérieur.

Le retraité de la maison viens pou-poule, me fait part du retour de Monsieur Fernand, le factotum de Monsieur Des Carmilles Il ne lui a pas dit un mot, à propos de ma visite !

Troisième étage, un seul appartement par palier et une porte de service, la classe !

Après avoir sonné à son huis, la porte s’ouvre. L’homme d’une cinquantaine d’années, me demande

— Monsieur ?

Présentation de ma carte de Police.

Il s’efface pour me laisser passer. L’appartement n’est pas grand, il est immense. Dans le hall, une famille de 10 personnes y aura ses aises !

Fernand, me précède dans le fumoir, délicate attention, mais je ne fume plus !

L’inévitable question,

— Que me voulez-vous ?

— N’ayez aucunes craintes, Monsieur. Je souhaite seulement, parler avec Monsieur Jean des Carmilles,

— Il est parti lundi. Il devait rencontrer une amie sur Lyon, puis l’emmener en croisière. C’est tout ce qu’il m’a dit.

Jusque-là, tout concorde, son déplacement sur Lyon et sa disparition.

Je lui parle de quelques banalités. Dans la conversation je lui demande, dans quelle branche il exerce son activité.

— Président Directeur Général des pompes « Moitoux «, siège à Paris rue Royale, Usine à Sens, dans l’Yonne.

Malgré cette avancée, rien de concret.

Il me propose une boisson. J’accepte. Il m’offre même un whisky single malt, lui prend un Pastis 51.

Nous trinquons !

— Quel est habituellement, l’emploi du temps, chaque semaine de Monsieur ?

— Il est assez routinier. Il part vers 10 h, 10 h 30 et rentre tous les jours, très tard le soir, ou tôt le matin l

— Possède-t-il une voiture ?

— Evidemment, une Bentley et une Ferrari type F40.

— Je vois qu’il aime les voitures anciennes.

Je mets fin à l’entretien. Le majordome, me raccompagne a la porte.

Nous nous serons la main, sans chaleur.

« il avait les mains froides, comme celles d’un serpent », comme l’a écrit Pierre Alexis Ponson du Terrail, dans je crois « Rocambole ». Il écrivait sans se relire, alors, il est pardonné, Ponson !

De retour dans la loge du pipelet, Je demande au brigadier, s’il avait noté mardi dernier un changement dans les habitudes des habitants.

— Rien de spécial, mon Capitaine. Je suis de repos le dimanche et le lundi. Mardi matin, après mes jours de repos, je n’ai pas remarqué quoi que ce soit, si ce n’est que la Ferrari de monsieur Des Carmilles, n’étais pas dans son box. Vous pensez, une telle voiture se remarque. J’aime les Ferrari, je suis d’origine Italienne !

Dans peu de temps, il va me raconter sa petite enfance. Je récupère ma valise. Je le remercie et sors de « son » immeuble.

Encore une chose qui me chagrine, la Ferrari, hors de son box.

Affaire à creuser !

Sur le trottoir, avenue Foch, je suis toujours aussi loin de tout. Je prends mon téléphone et compose le numéro d’un camarade de régiment.

— Allo, Sophie, bonsoir, Charles a l’appareil !

— Le Charles celui que je connais, le malotru qui est parti sans me dire au revoir !

Clic, fin de la conversation. Là je l’ai bien mérité, pas normal de ne pas dire au revoir à une dame, tout de même !

J’ai plus d’une adresse dans mon carnet !

— Allo, Bonsoir Juliette, Charles à…

Clic, fin de non-recevoir.

Sans me décourager, j’appelle encore un copain d’armée.

— Allo, Laurence, bonsoir, c’est Charles

— Le Charles de la Fac ?

— Lui-même !

— Comment vas-tu ?

— Bien et toi, je suis à Paris et j’aimerai bien te revoir et continuer la conversation de vive voix.

— Bien sûr, viens tu connais l’adresse.

Difficile de trouver un taxi à cette heure.

Je me positionne au feu tricolore en haut de l’avenue, ma carte de Police bien en évidence.

Aux véhicules arrêtés, je demande si quelqu’un se dirige sur Boulogne. Au deuxième, je suis installé dans une Audi Q3, à côté d’une superbe blonde, qui ne semble pas insensible à mon physique avantageux et surtout, à mon charme naturel.

J’engage la conversation, en me présentant.

Elle se prénomme Isabelle, habite seule à Boulogne, qui plus est, avenue du Bois, encore une belle adresse !

Elle me propose de prendre un verre, j’accepte, je ne veux pas rater, l’insigne honneur de visiter son appartement, mais je monte, uniquement pour l’appartement, parole de Scout !

Arrivé devant son immeuble, j’ai oublié mon rendez-vous avec Laurence !

Cornélienne, la situation, que faire ?

Education avant tout et gros mensonge à la clef, j’appelle Laurence.

— Laurence, Charles, désolé, mais au dernier moment, changement de situation, je suis dans l’incapacité de passer ce soir. Accepte toutes mes excuses.

— Charles, je suis déçue, mais les vicissitudes de la vie, nous éloignent souvent !

— Je ne suis pas sans l’ignorer, hélas. Je te téléphone demain ?

— D’accord, Charles, j’attends ton appel. A demain !

— A demain, bises.

Charles, le nouveau Supérieur général des Jésuites, vient de frapper.

 

L’immeuble récent est cossu, mais dans cette partie de Boulogne, il n’y a pas trop de ruines. L’entrée est grande comme la salle des pas perdus de la gare Saint Lazare. Ascenseur, 4ème étage. Deux appartements sur le palier.

Entrée lumineuse donnant sur un salon, avec vue sur le Bois, salle à manger et cuisine Américaine. Elle me demande de m’installer et de préparer l’apéritif.

— Un whisky, sans glace, sans eau, susurre-t-elle.

— Je m’en charge !

Je m’aventure dans son porte bouteilles, près du canapé. A cet instant, j’aurai préféré m’aventurer dans son soutien-gorge. Je ne me savais pas autant porté sur la « chose ». Après moult bouteilles, soulevées, je trouve enfin son whisky, un single malt.

Une épicurienne !

Je remplis deux verres et attend ! Je regarde un peu plus en détail, son environnement. La pièce est grande. Meublée avec goût, par une commode Louis XV et une table moderne en marbre blanc, signée Knoll.

Autour, des chaises cannées de la même époque que la commode. Ce mélange d’ancien et de moderne possède un charme fou !

 

Retour de la maîtresse de maison. Seulement de maison, mais je veille.

Elle a revêtu un déshabillé des plus déshabillé. Il offre au regard tout ce qu’il veut cacher. Elle s’habille comme elle l’entend, elle est chez elle, tout de même !

Après cette envolée lyrique avec le pronom personnel féminin, elle, j’égale, enfin presque Pierre, Augustin Caron de Beaumarchais et son célèbre alexandrin, «  Le mur murant Paris, rend Paris murmurant ».

Elle prend le verre que je lui ai préparé…. Avec amour.

J’anticipe ?

Elle s’affale dans le canapé. Nous trinquons et buvons en silence. J’ai parlé trop vite, Isabelle prend la parole.

— Ainsi, vous arrêtez les jeunes femmes au feu de trafic avec votre badge de Police, j’en conclu que vous êtes policier ?

Elle a le sens de la déduction cette jeune et élégante demoiselle !

— Exact, je suis un policier Lyonnais, détaché sur Paris, pour une enquête. Quant à vous a part faire retourner tous les hommes sur vous, quelle profession exercez-vous ?

— Je suis Avocate au Barreau de Paris.

— Avec votre classe, vous devez faire acquitter tous vos clients !

Elle rit a gorge déployée. In petto, me reviens le dicton, « Femme qui rit, a moitié, dans ton lit ». Je pense au sien, n’ayant pas retenu de chambre d’hôtel.

Après deux verres et des dialogues convenus, je commence à avoir un creux. Les émotions qui sait ? Je souhaite l’emmener, diner, pour la remercier et montrer ma gratitude.

— Isabelle, je souhaite vous inviter. Connaissez-vous un restaurant près de chez vous ?

Elle refuse. Elle a parfaitement raison, dans sa tenue, c’est l’émeute assurée !

Une seule solution, s’offre à nous, diner sur place. Ouverture du réfrigérateur américain. En stock, saumon fumé et crème brulée ! Le repas est tout trouvé. Elle propose un bordeaux, Entre-deux-Mers pour accompagner notre dinette. Sur instructions de mon « chauffeur », je dresse la table. Le couteau à droite, la fourchette à gauche.

Que de talents cachés !

Le saumon fumé est un régal. Il fond dans la bouche, une merveille. Les spaghettis, au pistou, qu’elle a rajouté, sont à stapter. Pour les non-initiés, stapter, signifie, se taper le cul par terre. C’est le cas, outre l’ail et le basilic, un mélange de parmesan et de fromage de Hollande, manger devient art.

Je sais, j’en fais trop.

Personnellement, je termine sur le plat de pâte. Je cale.

Café et un troisième single malt en guise de digestif.

 

La soirée se poursuit, sous le signe dirais-je, d’un l’alcoolisme mondain.

De nouveau, dans le canapé, la conversation à bâtons rompus, reprend, là où à table, elle s’était arrêtée. Assis légèrement de biais, je croise le regard un peu vacillant d’Isabelle, sans parler du mien, whisky oblige.

Je ne tiens plus. Je me penche et l’embrasse, d’un patin, spécial Jeux Olympiques, façon Katarina Witt. Isabelle me rend mon baiser. C’est le feu que je viens d’allumer, que dis-je, un volcan. Entre chaque baiser, je lui ôte ce qui lui sert de vêtement. Très rapidement nous sommes très proche de la nudité. J’ai conservé mon caleçon.

Quelle dignité !

Un lit immense, un bureau, deux bergères, meublent la pièce. Sur les murs d’un blanc immaculé, sont accrochés à la diable, quelques tableaux. Mais je n’ai pu remarquer cette pièce, que le matin, après la nuit très, très mouvementée !

En un éclair, je n’ai plus de caleçon. Ayant soudainement froid, je saute dans le lit. Un corps à corps s’engage.

A ma gauche, l’Avocate. Au coup de gong, un crochet, elle met un genou à terre. Pratique pour engager une conversation téléphonique.

A ma droite, le Policier. Dès le début de la deuxième reprise, je continue ma pluie d’Orion, pour maintenir la liaison téléphonique.

A l’appel du troisième round, c’est l’entrée dans l’arène, comme Louis XV, le soir de ses noces, a Fontainebleau. Si tenté, qu’il n’ait pas fauté la veille avec Marie Leiszczynska.

L’arbitre qui veille au bon déroulement du combat, selon les règles établies par le Marquis de Queensberry, termine la rencontre, sur un nul.

Les partenaires, épuisés, se séparent enfin, après les félicitations de l’ensemble des Juges.

Nos corps, n’aspirent qu’à dormir, pour mieux, recommencer.

— Isabelle, travailles-tu demain ?

— Non, je n’ai aucun engagement !

Nous nous embrassons et dormons en rêvant à des lendemains qui chantent.

 

C’était écrit !

Samedi 5 novembre

 

Le lendemain a effectivement chanté. Le réveil d’abord a sonné et pour une sonnerie, c’est une belle sonnerie, avec un s comme carillon !

Ce réveil matin avec tout son vacarme, est capable de réveiller un dortoir de malentendants !

Comment n’a-t-elle pas encore reçu des plaintes du voisinage ?

Elle ne m’a pourtant pas paru, dure d’oreille.

Toujours dans un demi-coma après tous les coups que nous avons échangé, hier, je tente d’enlever ma conquête des bras de Morphée. Je comprends, maintenant, l’intensité du réveil. Malgré tout ce bruit, Madame dort toujours.

Que voulez-vous, la chair est faible. Devant le spectacle d’Isabelle, dans le plus simple appareil, j’entreprends de la ramener, sur terre, par des voies, qui comme celles du Seigneurs, sont impénétrables.

Enfin, presque !

Après le coup de mou, j’entrevois un « coup dur ». La coquine qui ne dormait qu’à moitié, se réveille. Nous ne formons plus qu’un. Ne voulant pas dans un moment pareil, rompre le charme, j’occulte, nos turpitudes du matin.

Point final !

Il est déjà 9 h. Après l’entrainement matinal, douche commune, car il faut penser à ne pas gaspiller, inutilement l’eau. Avec de tels propos, je vais sûrement être décoré de l’ordre du poireau. Les Verts, en verront enfin la couleur !

Petit déjeuner, pain, croissants et Le Figaro. Excellente lecture en attendant le café. Je lui lis les gros titres, avant qu’elle me rejoigne, autour de la table. Formidable début de journée, une femme superbe, le temps au beau fixe, que demander de plus à la vie, en ce moment ?

Je m’enhardi, j’ose.

— Isabelle, tu es libre comme l’air, qu’as-tu prévu pour aujourd’hui ?

— Rien, j’ai repoussé mon rendez-vous de lundi. Comme nous sommes samedi, je propose, que nous partions pour un week-end à Deauville, par exemple ?

Comment résister a une Maitresse femme ? N’est-elle pas Avocate !

— Quand partons-nous ?

— Je fais ma valise, Charles, dans quelques minutes, nous sommes sur la route !

Ma valise étant prête, je me replonge dans le journal. Rien que les mensonges d’Etats. Feu Michel Coluche l’a dit :

« La seule chose exacte dans un journal, c'est la date ».

Tout va bien, dormez bien.

Une demi-heure, plus tard, après avoir commencé les mots croisés, je m’inquiète ! Je vais vers la chambre, où Isa est toujours devant sa valise. Selon le vieil adage, une belle femme se fait toujours attendre, la mienne est splendide, alors !

Une heure plus tard, nous sommes partis !

Le Q3 Audi, est plus confortable, plus chaud, plus spacieux que ma 356. Rapidement, le pont de Saint Cloud et direction Deauville. Pour un mois de novembre, il fait un temps splendide, les mouettes crient, pourtant la mer est encore loin. C’est avec de telles envolées, que je vais entrer à l’Académie Française. Après mon élection, je vois déjà la tête de Richelieu qui a crée cette institution en 1634 !

Nous évitons Rouen, son vieux marché et sa grosse horloge, pour arriver au bord de la mer, notre destination. Nous sommes devant l’Atlantique.

Nous longeons le front de mer, vers le Normandy.

Cet hôtel 5 étoiles, est une institution. Situé, en centre-ville, devant les « planches », il a été Inauguré en 1912. Cela ne nous rajeunit pas !

Nos bagages sont déposés dans la chambre. Une heure plus tard, après un petit coup de peigne de Madame, nous sommes, dans les rues de Deauville,

Haut lieu du tourisme Normand, où tous les grands noms du luxe et de la mode, ont pignons sur rue.

C’est beau, c’est Deauville.

Par malchance, nous passons devant le magasin Hemés. Isabelle, tel un chien de chasse, tombe en arrêt devant un foulard.

— Celui-là, est trop beau, il manque à ma collection.

Devant son sourire concupiscent, vous commencez à me découvrir, je n’ai pas hésité. Quelques minutes plus tard, nous sommes ressortis avec une grande boite plate de couleur orangée.

Les yeux de ma belle, irradient de bonheur ! J’espère ne pas passer devant chez Louis Vuitton, Chanel ou Cartier. Je m’empresse de lui proposer un apéritif.

Devant nos whiskys, sans mon ami Ecossais, elle déballe son foulard, le trouve merveilleux. Moi aussi, je me trouve onéreux, pour un fonctionnaire.

Nous demandons au « bistrotier », l’adresse d’un restaurant de fruits de mer et autres gâteries pour le palais. Il a ça en magasin, nous donne l’adresse et fort civilement, nous indique le chemin. Je paye et suivant son itinéraire, nous nous retrouvons devant le restaurant recommandé, l’Etoile des Mers. Ancien petit bâtiment il abritait, autrefois, une poissonnerie. Nous avons, sur le trottoir, par ce magnifique temps d’arrière-saison, dégusté tout ce que la mer, peut offrir et plus encore.

 

Retour au Normandy.

Le foulard, l’apéro, le blanc avec les fruits de mer, ont désinhibé tous nos sens. Nous voilà occupé, à reproduire la Foire du trône. Un tour par la « chenille ». Elle a, fort heureusement une communication téléphonique urgente et la compose avec mon propre appareil. J’ai un doute, mon portable étant quant à lui, dans la poche de ma veste ! Dès qu’elle a raccroché, je déguste, avec un plaisir non dissimulé, une barbe-à-papa.

Pour terminer, le grand frisson. Nous montons dans le grand huit. Nous n’avons pas à forcer. Nous montons et redescendons au rythme, des montagnes Russes. Mais à force de tirer sur la corde, elle se tend, elle s’effiloche, puis se rompt.

Fin de la foire !

Une nuit apaisante, nous attend.

 

Calme et volupté, la devise du Normandy !

Dimanche 6 novembre

 

Le lendemain, ma conquête, suggère une visite du mont. Chic, une omelette chez la Mère Poulard née Anne Boutiaut. L’omelette l’emporte. Trois heures plus tard, deux heures pour que Madame s’habille et une heure de route, le Mont apparait.

 

C’est beau, c’est majestueux c’est grandiose.

La seule rue, empruntée pour accéder à l’Abbaye est truffée de boutiques de souvenirs. Un peu après l’entrée dans l’enceinte, nous passons devant le restaurant de la Mère Poulard. Prudent, au passage, je retiens une table ! Nous suivons les visiteurs. Une prière, dans l’Abbaye, pour tous ceux qui nous ont prématurément, quitté. Malheureusement, ils sont nombreux.

Midi sonne au clocher, l’heure de la retraite vient de sonner. Descente vers le restaurant. Cidre, omelette et dessert, voilà pour le déjeuner !

Plus rien ne nous retient au Mont.

Direction, Honfleur, décrète Isabelle. Impossible de la contrarier, elle conduit !

Après deux heures de route, Honfleur !

Nous errons, comme des touristes, au gré des rues qui s’ouvrent et se referment., La commune est des plus pittoresque. Tout concours vers, le centre de Honfleur, mais surtout, sa perle, le Vieux Bassin. Ce petit port est d’une beauté remarquable, avec ses maisons, aux façades recouvertes d’ardoises.

Diner chez La Lieutenance, restaurant des plus gastronomique.

Cette charmante escapade, hélas, prend fin 20 kilomètres plus loin, à Deauville en général et au Normandy en particulier.

Nous reprenons notre activité préférée.

Comme s’est exprimé Nicolas Boileau, « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage », ici, je l’applique !

Je commence à fatiguer, mais le crime est si beau !

J’ai tout de même, une enquête à poursuivre. Je m’égare dans le stupre et la fornication.

Toute la nuit, elle a été montée, démontée, puis remontée. A la fin comme les meubles Suédois, en kit, elle ne tenait pas debout.

 

Epuisés, nous, nous endormons, du sommeil du juste !

Lundi 7 novembre

 

Petit déjeuner dans la chambre, le luxe suprême.

La note de l’hôtel, un luxe dispendieux.

Vers 10 h 30, a regrets, nous nous éloignons de Deauville. Nous décidons de rentrer par le chemin des écoliers. Madame emprunte la route le long des boucles de la Seine. Jumièges, dans un méandre de la Seine, nous accueille, ainsi que l’auberge des Ruines dans son écrin, digne de la Normandie.

Une bouteille de rouge plus loin, elle reprend la route, avec moi affalé sur mon siège. Isabelle, tient bien l’alcool mais aussi toute la route. Pas triste le retour sur Paris.

L’alcool au volant, danger au tournant.

Elle évite, par je ne sais quel miracle, un énorme camion Berliet, moins gros que le T 100, de la même marque, mais par contre gros comme un poids lourd. Elle a voulu passer entre les phares du camion, pensant que c’était deux motards qui roulaient de front ! Deux motards, sept voitures évitées, nous sommes arrivés avenue du Bois, à Boulogne.

Nous sommes sains et saufs, Dieu soit loué, ainsi que les usagers croisés sur la route !

Lorsque nous entrons, tout est propre et rangé ! Les références d’une telle employée de maison, sur Paris, ne sont pas a diffuser, sous peine d’émeute, pour la récupérer.

La table est dressée. Dans le Frigidaire, une assiette anglaise a été préparé.

Je débouche une bouteille de Bordeaux, un Cheval Blanc.

Je laisse chambrer.

En attendant Madame, je pense à « mon affaire ». J’ai un mort sur Lyon. Il est appareillé de l’électro-stimulateur, d’un parisien, Jean des Carmilles, PDG de son état, absent d’après son majordome, Je fonde de grands espoirs, sur lui.

Je le joue gagnant à 10 contre 1 !

Enfin, ma parisienne, sort de la chambre. Sa tenue, est encore plus légère et diaphane a souhaits. Elle a de la conversation et soutient ce qu’elle avance. Normal elle est avocate ! Avocate, certes, mais pas sans causes !

Diner, encore bien arrosé. Après la charcuterie, le plateau de fromages. Le chèvre et le bordeaux, un régal.

 

En se couchant, Isa a froid. Elle se réchauffe les pieds sur moi. N’étant pas son chauffage, je me tourne pour lui infliger un tourment, dont elle aura le souvenir. Je plaque aussitôt mes deux pieds sur elle. Le cri qu’elle a poussé, s’est entendu jusqu’à Lille.

La route, la fatigue et son calvaire, elle s’écroule, je n’ai plus froid aux pieds !

 

Compliment, à elle !

Mardi 8 novembre

 

Nous sommes mardi. Madame plaide. Quant à moi, je reprends mon enquête, toujours en plein brouillard.

Fort gentiment, elle me dépose sur les Champs. Elle me donne son téléphone. Galant, comme pas un, je m’empresse de lui communiquer le mien. Impossible de se refaire, ne suis-je pas un vrai Gentleman ?

Si nos emplois du temps le permettent, peut-être déjeunerons-nous ensemble ?

Sur ces promesses, nous nous quittons. Un taxi, derrière nous qui n’apprécie pas notre séparation, klaxonne a qui mieux, mieux !

Je file au Drugstore. Je m’installe devant un excellent café. Je compose le numéro personnel de ma substitute préférée, Alexandra. Après trois, quatre sonneries, elle décroche. Je me fais connaitre, mais elle m’a reconnu. Avec ma voix de velours, je lui fais un rapport circonstancié.

Elle acquiesce.

— J’émet une commission rogatoire, pour vérifier les comptes de Jean des Carmilles. Il ne me parait pas très franc du collier ! Capitaine, continuez sur place afin d’obtenir le maximum d’informations sur le ci-devant. A bientôt Capitaine.

Elle met fin à notre entretien, malgré ma voix 35 bis, modifiée 36 !

Je ne quitte pas mon téléphone et je joins, du premier coup, mon Lieutenant

— Bonjour, Emilie, avez-vous du nouveau ?

— Rien Capitaine, nada !

Dans mon for intérieur, j’enrage.

Je lui communique les résultats de mes investigations.

— Madame la substitute, vous adresse une commission pour les comptes du parisien, Jean des Carmilles. Également, pouvez-vous vérifier ses antécédents, ses activités, ainsi que la société des pompes Moitoux. Téléphone-moi dès que tu auras du concret !

Je me dirige vers la station de taxis.

— Monsieur bonjour, rue Royale !

Il fait la tête pour ne pas dire la « gueule » du taxi parisien. La course ne va pas lui rapporter gros. En moins de temps qu’il en faut, à un homme politique, pour changer de parti, il stoppe. Je suis devant l’adresse de l’immeuble que dans ma grande mansuétude, je lui ai communiqué, nonobstant son air revêche. Je paye et en plus, je lui réclame un reçu pour la comptabilité. Déjà pas très avenant, il devient carrément hostile !

Que m’importe, je ne risque pas de le recroiser, j’habite Lyon.

Sur la façade d’un immeuble haussmannien, que ne renierait pas le Baron, à gauche de l’entrée, une plaque en cuivre : Pompes Moitoux 1er étage.

Je m’engouffre dans l’immeuble, direction, la conciergerie ! Une chance, c’est une pipelette. Désolé, mais gardienne, je n’ai pas encore fait la différence.



Tausende von E-Books und Hörbücher

Ihre Zahl wächst ständig und Sie haben eine Fixpreisgarantie.