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À Marseille, l’ombre d’un tueur insaisissable plane depuis des mois. Yanis et Mehdi, enquêteurs aguerris de la brigade criminelle, mènent une traque haletante sur les traces d’un esprit torturé. Surnommé « Mystique » pour sa ferveur religieuse glaçante, l’assassin administre à ses victimes une justice perverse, guidée par une foi dévoyée. Chaque meurtre est un rituel, chaque supplice, une prétendue rédemption. Entre visions de pénitence et crimes d’une cruauté extrême, cette enquête plonge au cœur d’un fanatisme aussi fascinant que terrifiant.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Christelle Thomas-Zeller a toujours eu le goût des mots et de l’imaginaire. Portée par une passion profonde pour l’écriture, elle laisse libre cours à sa plume, guidée par une curiosité insatiable et un besoin de questionner le monde. C’est en explorant les mystères de la foi, en particulier les sept vertus catholiques, qu’elle trouve l’inspiration pour son premier roman. Entre recherche et création, elle tisse des récits où la spiritualité côtoie l’ombre, et où l’humain, dans toute sa complexité, occupe le centre de la scène.
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Seitenzahl: 150
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Christelle Thomas-Zeller
Mystique
Les sept vertus catholiques
© Lys Bleu Éditions – Christelle Thomas-Zeller
ISBN : 979-10-422-6987-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’homme vertueux, c’est celui qui librement pratique le bien. Personne ne l’oblige à agir, soit il le fait naturellement sans même réfléchir, soit il s’y oblige, forçant ainsi ce qui compose son corps à travailler dans le sens des vertus cardinales.
Tandis que les clochers carillonnaient à la voûte des cieux et que l’abondance de guirlandes lumineuses métamorphosait les places, les rues et les vitrines, l’inspecteur Yanis Dubreuil se lançait frénétiquement à la poursuite d’un dangereux criminel.
À quelques jours de Noël, la ville était plongée dans l’exaltation des préparatifs. La neige garnissait avec opulence les rues et avenues d’un manteau blanc parfait. S’il avait su qu’en se levant ce matin sa vie allait basculer, Yanis aurait organisé sa journée différemment. Il serait resté avec son fils comme il le lui avait promis. Ils auraient fait ensemble les boutiques pour trouver les derniers cadeaux à mettre au pied du sapin, et s’occuper des ultimes préparatifs de Noël. Ensuite, ils seraient allés boire un chocolat chaud et manger un muffin aux Myrtilles qu’ils affectionnaient particulièrement, au petit café situé à deux pas de chez lui. Mais une fois de plus, son boulot l’avait rattrapé. Par conséquent, il avait dû appeler Élisa, son ex-femme, pour l’informer de la situation et Enzo, déçu une fois de plus, s’était mis à pleurer.
Aux alentours de dix-sept heures, la neige tombait généreusement, le soleil n’était plus qu’un disque blême dans un ciel couleur ardoise. Appelé en urgence par son coéquipier, Yanis démarra en trombe pour aller le rejoindre.
Le cœur battant, il se fraya un chemin à travers les rues, son esprit tourbillonnant d’inquiétude. Au timbre inhabituel de sa voix, il comprit que son ami était en danger. Les mots résonnaient dans sa tête, comme un écho pressant : « Viens vite, j’ai besoin de toi. » Chaque seconde semblait une éternité, et l’adrénaline pulsait ses veines. Yanis savait qu’il devait agir rapidement.
Lorsqu’il arriva dans l’appartement de Mehdi, Yanis fut interpellé par le désordre qu’il y régnait. La pièce principale était sens dessus dessous. La table ovale en verre qui ornait le tapis du salon était brisée et de grosses gouttes de sang tachaient le sol. Soudain, un bruit suspect l’apostropha. Il s’avança dans la chambre obscure, seule la lumière faiblissante de cette fin de journée hivernale éclairait succinctement les lieux. En dépit de la pénombre, il aperçut devant le corps de son coéquipier une ombre terrifiante. Avant même qu’il eût le temps d’intervenir, l’homme cagoulé s’enfuit par la fenêtre. Yanis se précipita sur son ami. À la vue de ses blessures très graves, il appela les secours. Il lui murmura quelques mots à l’oreille tout en le serrant très fort contre lui. L’odeur métallique du sang lui donna des haut-le-cœur. Durant une fraction de seconde, se sentant en sécurité, un léger sourire passa sur les lèvres de Mehdi puis il ferma les yeux. Yanis sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. Tout en lui annonçant « qu’il n’avait pas à s’en faire, que les collègues allaient le sortir de cette galère et qu’il allait retrouver cet enfoiré », Yanis quitta l’appartement et fila à sa poursuite.
L’hiver exposait sa panoplie de froidure glaciale. Les gelées, les frimas, et la neige agrémentaient cette année rigoureuse.
La voiture de Yanis s’engouffra dans le brouillard épais. Un silence étouffé inondait l’habitacle de son véhicule laissant entendre chaque battement de son cœur. Son esprit vagabondait sur ses sombres pensées. Il espérait de tout cœur que son ami allait s’en sortir.
Malheureusement, pendant que le pays tout entier vivait au rythme effréné des fêtes de fin d’année, Mehdi rendait son dernier souffle.
Alors que la nuit tombait et que le ciel était voilé par endroit, la lune emprunta un visage légèrement différent. Autour du disque lumineux, un étonnant halo apparut. Yanis, encore groggy par son état comateux, ouvrit les yeux et fixa à travers la fenêtre de sa chambre de réanimation la lumière phosphorescente. Comprenant qu’il était toujours en vie, un léger sourire se dessina sur son visage, mais encore trop affaibli, il s’immergea à nouveau dans un sommeil profond.
Cela faisait deux mois qu’il avait été conduit dans l’unité de soins intensifs de Marseille. Suite à la course poursuite avec l’agresseur de Mehdi, Yanis avait perdu le contrôle de son véhicule. Sa voiture avait glissé sur la route verglacée et fini son chemin dans un ravin, après avoir effectué plusieurs tonneaux.
À son arrivée à l’hôpital, il fut transporté directement au bloc afin d’être opéré en urgence d’un traumatisme crânien et de différentes fractures. L’équipe médicale l’avait placé dans le coma en vue de mettre son cerveau au calme et le protéger en diminuant son métabolisme. Au bout de quarante-cinq jours, l’anesthésiste et les médecins décidèrent de le réveiller progressivement. Sa reviviscence fut difficile, car son corps meurtri le faisait extrêmement souffrir.
Conséquemment à diverses périodes d’éveil, vers quatre heures du matin ce mercredi 10 février 2021, Yanis émergea de son sommeil artificiel avec difficulté. Afin de prévenir le personnel, il actionna la sonnette d’appel positionnée en tête de son lit. Dans le couloir, un silence spectral régnait. Une odeur caractéristique aux hôpitaux planait dans sa chambre, l’aseptisation des lieux lui donna la nausée. À force d’actionner avec véhémence la sonnette, un infirmier à l’allure flegmatique se présenta sur le pas de sa porte. Voyant que le patient de la chambre neuf s’était réveillé, il appela sur sa radio interne le médecin en chef.
Le professeur Poirier expliqua à Yanis tous les soins qui lui avaient été prodigués depuis son arrivée dans leur établissement. Il l’informa que dans le but d’éviter une hypertension intracrânienne lors de son opération, son cerveau avait été mis au repos et que cette perte de conscience avait nécessité des soins intensifs. Que la phase de réveil dans laquelle il se trouvait actuellement était étroitement surveillée. Une rééducation allait être mise en place afin de pallier la perte musculaire, les difficultés à s’alimenter, et la reprise d’une respiration autonome. Sachant que son retour de conscience avait été relativement rapide, un retour à la normale sans séquelles semblait incontestable. Face au propos du professeur Poirier, Yanis se sentit rassuré.
Alors qu’il sortait de la chambre, le docteur croisa Jade sur le pas de la porte.
— Ah, tu tombes bien, dit-il en saluant sa consœur. Monsieur Dubreuil, je vous présente Mademoiselle Oliveira, la kinésithérapeute qui va s’occuper de vous.
Tout en faisant un clin d’œil espiègle à son patient, il lui lança avant de quitter la pièce :
— Je vous laisse entre de bonnes mains.
Jade s’approcha du lit de Yanis en arborant un sourire accueillant. Son visage d’une grande beauté enveloppé d’une longue chevelure blonde élégamment arrangée en un chignon torsadé venait tempérer la relative sévérité de son attitude.
Suite à une succession de mauvais souvenirs, la blouse blanche avait toujours rebuté Yanis. Le charme de la jeune doctoresse lui ferait peut-être changer d’avis.
— Bonjour, Monsieur Dubreuil, je suis le Docteur Jade Oliveira. Pour vous permettre de retrouver un usage complet de vos jambes, nous allons travailler ensemble avec des exercices et des soins adaptés.
— Encore fragilisé par son état fébrile, Yanis fit un mouvement de la tête en signe d’approbation.
— Parfait, si vous le voulez bien, nous commencerons les séances à partir de lundi. Je préfère vous prévenir qu’il va falloir vous munir de patience et de persévérance et grâce à cela vous retrouverez rapidement votre mobilité.
Yanis répondit par une légère impulsion de la bouche. Les mots sortaient par à-coups, comme s’il devait littéralement les expulser.
Après avoir fixé leur rendez-vous à lundi quatorze heures, la thérapeute lui adressa un sourire affectueux avant de quitter la pièce. Elle savait à quel point les patients avaient besoin d’être rassurés.
Yanis et Mehdi s’étaient rencontrés neuf ans auparavant. Ils travaillaient ensemble à la brigade criminelle de Marseille. Mehdi était sous les ordres de Yanis, inspecteur général. En plus d’être coéquipiers, au gré du temps, ils étaient devenus meilleurs amis. Mehdi était le témoin de son mariage célébré en août 2012 à l’église Notre-Dame de Rosaire ainsi que le parrain de son fils. De cinq ans son cadet, il avait un immense respect pour Yanis. L’un et l’autre s’appréciaient énormément.
Fils d’immigrés marocain, Mehdi avait un charme oriental très prononcé. Des cheveux noirs soyeux, un visage fin et ébarbé et des dents étonnamment blanches. C’était un homme élégant et distingué avec des tenues vestimentaires toujours bien soignées. Il aimait plaire aux femmes et elles le lui rendaient bien. Contrairement à son partenaire, Yanis avait une beauté plus naturelle. C’était un bel homme aux cheveux courts, presque rasés, le bouc parfaitement taillé au centre d’une mâchoire carrée. Les lignes vigoureuses de son visage séduisant exprimaient force, expérience et confiance en soi. De légères marques sur son front laissaient entrevoir quelques coups durs qu’il avait encaissés. Bien qu’il aimait prendre soin de son apparence, Yanis était beaucoup moins apprêté que son coéquipier.
Lorsque le procureur de Marseille avait pris connaissance d’une série de crimes épouvantables, il fit appel à la brigade criminelle. Yanis et Mehdi avaient bossé sur plusieurs affaires complexes depuis leur arrivée à la crim’, mais celle-ci était particulièrement singulière.
Effectivement, depuis plusieurs mois, ils travaillaient sur l’affaire du tueur en série : « Mystique » surnommé ainsi en rapport à son lien avec sa foi religieuse très prononcée.
La première victime avait été découverte le 18 juillet 2020. La France connaissait alors l’une des vagues de chaleur les plus précoces, avec un niveau d’ensoleillement à l’échelle du pays jamais atteint avant un mois de juillet jusque-là. Les deux enquêteurs avaient été appelés sur les lieux du crime situé dans le douzième arrondissement de Marseille.
Le quartier résidentiel Saint Barnabé se trouvait à côté du centre-ville. Son environnement était silencieux, loin de la foule et entouré d’espaces verdoyants. Lorsqu’ils pénétrèrent dans le charmant pavillon de Nadine Marchal, ils furent happés par une chaleur suffocante ainsi qu’une odeur pestilentielle.
Quand ils s’avancèrent dans la cuisine, le tableau effroyable qui s’offrait à leurs yeux était d’une cruauté inhumaine. La pièce, d’ordinaire dédiée à la convivialité et aux plaisirs culinaires, était désormais le théâtre d’une scène macabre. Au centre, une femme momifiée était enfermée sur une chaise, ses pieds et ses mains solidement ligotés par des cordes usées, témoins d’un acharnement insupportable. Son visage, figé dans une expression d’angoisse éternelle, semblait contenir les cris muets de ses derniers instants, résonnant dans le silence pesant de la pièce.
Devant elle, un plateau jonché de nourriture décomposée trônait sur la table, des restes à peine identifiables mêlés à des traces de moisissures et d’autres signes de putréfaction. L’odeur âcre qui s’en dégageait était suffocante, mélancolique émanation d’un festin qui n’avait jamais eu lieu. Les murs, autrefois peints d’une couleur vive, avaient perdu leur éclat, enrobés de calcaire et de l’humidité coupante qui se dégageait du cadavre sur la chaise.
— Mon Dieu, quel être humain est-il capable de commettre une telle atrocité ? proféra Yanis, l’angoisse au bord des lèvres, conscient que derrière cette simple question se cachait une complexité de la nature humaine.
— Ce que nous avons ici, répondit le médecin légiste, transcende la mort elle-même. Ce n’est pas une simple affaire de meurtre. Il y a une intention, une torture psychologique qui se dessine à travers ces cordes. Cette femme n’était pas seulement retenue captive, elle a été oubliée, abandonnée dans cet enfer pendant un temps incertain. Chaque morceau de nourriture pourri qu’elle a peut-être espéré avaler, chaque instant prolongé dans cette souffrance, est le reflet d’une cruauté qui dépasse l’imaginable.
Maël se redressa lentement, une ombre de tristesse dans ses yeux.
— Nous devons comprendre les motivations derrière cela, car derrière cette image de désespoir se cache une histoire complexe, et son récit est loin d’être terminé.
Avant de revêtir la blouse blanche du légiste, Maël Landrieu était plongé dans l’univers complexe et souvent troublant de la psychocriminologie. En tant qu’expert du profilage, il travaillait en étroite collaboration avec les forces de police, scrutant les méandres de l’esprit criminel pour dresser des portraits psychologiques d’individus meurtriers ou délinquants. Ses journées étaient rythmées par des analyses approfondies, des déductions minutieuses et des échanges parfois tendus avec des enquêteurs en quête de réponses. Maël se glissait dans la peau des criminels, tentant de déchiffrer leurs motivations, leurs peurs et leurs désirs tordus. C’était un travail fascinant, captivant même, mais également épuisant sur le plan émotionnel. C’est ainsi qu’un jour, il prit la décision de changer de cap. Il s’orienta vers la médecine légale, un domaine qui lui permettrait de se rapprocher des victimes, non plus au travers du prisme de la psychologie criminelle, mais en se concentrant sur la vérité factuelle qu’apportaient les corps sans vie. En devenant légiste, il trouva un nouveau sens à sa carrière, où chaque autopsie devenait une quête presque scientifique, une possibilité de rendre justice à ceux dont la voix avait été étouffée.
Un air de désespoir flottait dans la pièce alors que Yanis et Mehdi observaient le corps momifié. La lumière blafarde des néons ne parvenait pas à chasser l’angoisse qui pesait sur eux. Le visage décharné de la femme, figé dans une expression que seul le temps pouvait forger, les captivait dans une horreur indicible.
« Comment le corps de cette femme a pu se momifier ? demanda Yanis au légiste, déstabilisé par tant d’horreur.
— Pour qu’un corps devienne momie naturellement, il faut empêcher sa décomposition, expliqua Maël d’un ton grave, le regard fixé sur la dépouille. Ses années d’étude en médecine légale lui avaient certes forgé une certaine résistance, mais cette scène restait particulièrement troublante.
— Comment ? interrogea Mehdi, cherchant des réponses dans l’incompréhension.
— En inhibant l’activité bactérienne et chimique, poursuivit Maël, son savoir scientifique le poussant à une explication plus articulée.
— Et en langage plus clair, qu’est-ce que ça signifie ? l’interrompit Yanis, impatient et agacé par le discours trop savant du médecin-légiste.
Maël tenta de simplifier son propos.
— Dans l’atmosphère chaude et sèche, les tissus se déshydratent vite, ce qui empêche les moisissures et l’action des bactéries. Cette pratique, que l’on appelle momification naturelle, permet de conserver un corps intact.
La logique de Maël, bien accablante, illumina un coin sombre de l’esprit de Yanis. Il comprenait progressivement l’horreur de la situation.
— Je comprends mieux pourquoi le chauffage était à fond alors qu’il fait une chaleur à crever dehors. Tu penses que l’assassin a vraiment voulu préserver le corps.
— Oui, je pense qu’il voulait qu’on le trouve dans cet état, confirma Maël.
— Pourrais-tu m’indiquer la raison et la date approximative de sa mort ?
— Non, l’état du corps ne me le permet pas. Je pourrai t’en dire plus après l’autopsie. Mais d’après les premières constatations, il me semble que cette femme soit morte de faim, révéla Maël, son regard se plongeant dans les yeux de la défunte.
— Putain, cette scène de crime est vraiment horrible. Quel malade peut faire une chose pareille ? s’insurgea Mehdi.
— Maël, avertis-moi dès que tu as du nouveau, s’il te plaît, demanda Yanis, conscient que chaque seconde comptait alors que le mystère s’épaississait.
— Je fais au plus vite et je te rappelle pour te communiquer les informations aussitôt que j’ai terminé l’examen.
Après quelques salutations, Maël quitta les lieux, laissant les deux enquêteurs en quête de réponse.
***
Pendant ce temps, les experts de la scientifique avaient investi la scène de crime et prélevé tous les indices susceptibles d’être importants pour la solution de l’affaire.
— Est-ce que vous savez qui a découvert le corps ? demanda Mehdi à l’un des experts.
— Oui, c’est la fille de la victime, elle vous attend dans le salon.
Mehdi les remercia puis regagna le salon avec Yanis pour interroger le témoin.
— Bonjour, Madame, nous sommes les enquêteurs de la police criminelle. Tout d’abord, nous tenions à vous présenter nos condoléances.
Madame Williams afficha un léger sourire en signe de remerciement tout en tamponnant avec un mouchoir en papier ses grands yeux noirs, rougis par le chagrin.
— Pourriez-vous nous dire avec précision dans quelles circonstances vous avez trouvé le corps de votre mère ?
— Je suis arrivée à Marseille cet après-midi, après un long vol depuis Los Angeles, où je vis avec mon mari depuis trois ans. Comme chaque été, je fais le voyage pour rendre visite à ma mère. J’ai toujours aimé cette tradition estivale, c’est l’occasion de renouer des liens familiaux et de redécouvrir les petits plaisirs de la vie française. J’atterris généralement en France vers la mi-juillet et je profite de chaque moment passé ici jusqu’à mon retour prévu vers le quinze septembre.
Encore sous le choc, elle s’arrêta un petit moment pour reprendre son souffle.
— À ma grande surprise, ma mère ne m’attendait pas à l’aéroport. Une légère inquiétude m’a traversé l’esprit, mais j’ai rapidement décidé de prendre un taxi pour me rendre directement chez elle. En ouvrant la porte de sa maison, j’ai été frappée par une odeur nauséabonde qui m’a accueillie, ainsi que par une chaleur oppressante qui régnait à l’intérieur. Ce constat m’a immédiatement mise sur mes gardes. La première chose que j’ai ressentie fut un besoin urgent d’aérer l’espace ; j’ai donc ouvert les fenêtres en grand puis je suis entrée dans la cuisine et là…