Na ! La révolte de bébé - Danou - E-Book

Na ! La révolte de bébé E-Book

Danou

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Beschreibung

Dans un univers familial où règnent une mère irrésistiblement hypocondriaque, une nounou au tempérament de croquemitaine et une tribu de doux excentriques, Bébé peine à se faire entendre. Mais derrière ses airs de bambin, ce révolutionnaire de la tétine cache une volonté farouche : refuser d’être relégué au rang de simple bébé-objet. Avec une malice désarmante et une logique implacable, il entreprend de redéfinir sa place, bien décidé à imposer ses droits de couche-culotte. Un récit drôle et touchant, où l’humour et la tendresse se mêlent pour une aventure originale.

À PROPOS DES AUTEURS

Danou et Jean-François Faucanié forment un duo complice, mêlant passion pour les enfants et talent littéraire. Danou, dotée d’une grande pédagogie, a guidé de nombreux enfants dans les domaines éducatif et sportif, tout en évoluant dans les secteurs bancaire et de l’habillement, notamment dédié à l’enfance. Jean-François, auteur expérimenté, allie humour, tendresse et originalité à travers divers ouvrages. Leur créativité partagée donne vie à des histoires singulières et émouvantes.

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Seitenzahl: 132

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Danou & Jean-François Faucanié

Na ! La révolte de bébé

Ce que vous dirait bébé

s’il pouvait parler

© Lys Bleu Éditions – Danou & Jean-François Faucanié

ISBN : 979-10-422-5989-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avis important à l’attention des grandes personnes

Ce livre est plein d’amour, mais aussi plein d’humour. S’il peut parfois faire réfléchir, c’est tout à fait involontaire de la part de l’auteur qui n’est qu’un bébé.

Avertissement de bébé

1 – Certains passages très tendres de ce livre peuvent heurter l’insensibilité de certaines grandes personnes ;

2 – Du fait de l’absence de violence ou de suspense, la lecture de ce livre peut entraîner des troubles divers tels qu’attendrissement et même somnolence. Il est donc déconseillé de le lire juste avant de conduire la poussette ;

3 – Certains babillages ou onomatopées peuvent, à tort, être mal interprétés. Bébé décline toute responsabilité à ce sujet ;

4 – D’une façon générale, ce livre est déconseillé à ceux qui ne savent pas encore lire.

Avant-propos

Amis bébés qui allez me lire, je livre ici, avec les mots compliqués des adultes (puisqu’ils ne comprennent pas les nôtres, pourtant plus simples), mon témoignage de bébé avec tout ce qu’il peut comporter d’épreuves de toutes sortes.

Malgré tous nos efforts pour changer les choses, il n’est pas possible de nous faire entendre sur nos revendications légitimes qui auraient dû nous permettre d’améliorer notre condition de bébé.

Il n’est déjà pas facile d’apprendre une langue qu’ils semblent vouloir compliquer à plaisir. Il nous faut nous habituer à leurs usages, leurs coutumes, parfois leurs manies insupportables, en un mot, leur mode de vie. Si, comme moi, vous ne voulez plus avoir à supporter des petites chaussures étroites qui nous boudinent les pieds et nous font tomber. Si vous ne voulez plus être contraints de manger leurs purées insipides qu’ils nous enfournent avec une cuillère énorme qui déforme notre bouche.

Si vous ne voulez plus des bonnets qui nous grattent la tête, des couvertures de landau qui nous étouffent…

Si vous en avez marre de vous faire piquer par un papa qui, au nom d’une mode bizarre, ne veut plus se raser…

Si vous ne supportez plus les tapes sur vos fesses, et les baisers collants des vieux cousins qui viennent vous rendre visite pendant votre sieste.

Alors, réagissons !

Nous avons pris conscience que notre petit corps nous appartenait et que nul n’a le droit de l’exposer, nu entièrement, à la vue de tout un chacun, sous prétexte que nous sommes à la plage ou dans notre bain.

De plus, nous estimons, à juste titre, que nous n’avons pas à entendre leurs moqueries quand nous apprenons leurs gestes quotidiens, et leurs réflexions parfois grivoises sur notre postérieur.

Nous ne voulons plus être un… bébé-objet !

Je propose donc un manifeste regroupant nos doléances et nos revendications. Cette liste est loin d’être exhaustive, mais elle jette les bases d’un nouveau mode de vie, le mode de vie d’un bébé moderne avec des devoirs, mais aussi des droits, tels que :

Le droit de se salir, dans des limites raisonnables, sans être traité ipso facto de « petit cochon ».

Le droit de ne pas être contraint de finir notre assiette, lorsque nous n’avons plus faim, et d’avoir malgré tout, droit au dessert, si nous ne finissons pas notre soupe, et si tel est notre désir.

Le droit de pouvoir intervenir pour obliger papa à participer aux tâches ménagères, au lieu de rester collé devant la télé pendant des heures.

Le droit d’avoir des calins plusieurs fois dans la journée, car cela est indispensable à notre développement physique et psychique.

Le droit de vous paraître bête, tout simplement, puisque si parfois, nous le paraissons, vous oubliez que, étant vos enfants, nous vous ressemblons forcément…

Le droit, également, de vous paraître parfois mal coiffés, mal habillés, pour les mêmes raisons.

Mais encore, le droit d’être laids quand nous faisons la tête, pour, encore, les mêmes raisons.

Le droit de tirer la queue des chats, puisque c’est une affaire entre eux et nous, et que cela ne regarde que nous.

Le droit de priver papa de dessert lorsqu’il n’a pas été gentil avec nous ou qu’il a oublié la date d’anniversaire de maman.

Le droit de l’envoyer dans sa chambre lorsqu’il a dit un gros mot, droit qu’il s’arroge lorsque nous en disons.

D’une façon générale, le droit de pleurer lorsque nous n’arrivons pas à obtenir quelque chose, sans que ce soit considéré abusivement comme un « gros caprice ».

Le droit de nous faire entendre, au besoin par des cris contenus, si la situation l’exige, sans que cela soit considéré comme de la « pure comédie ».

Le droit de ne pas être interrompu lorsque nous parlons avec nos mots qui, pour nous, ont un sens, même si vous ne les comprenez pas toujours.

Na !

Le droit, surtout, d’être aimé pour ce que nous sommes, c’est-à-dire une partie de vous-mêmes. Nous sommes la moitié de chacun de vous et nous vous aimons ensemble. Vous êtes, pour nous, tout notre univers, alors que peut-être pour vous, nous ne sommes qu’une petite partie du vôtre.

Il ne faudra pas nous en vouloir, si nous ne sommes pas aussi beaux, intelligents ou forts que vous l’auriez voulu. Il ne faudra pas nous aimer moins si nous ne sommes pas parvenus à ce que vous soyez fiers de nous. Car nous, nous serons toujours fiers de vous, car vous êtes uniques. Vous pouvez avoir beaucoup de bébés qui seront mes frères ou mes sœurs, mais nous, nous n’aurons jamais qu’un seul père et une seule mère. Enfin, ne vous faites pas de mal, car c’est d’abord à nous que vous le faites.

L’affreux bonhomme tout en noir

À cette tendre époque de la toute petite enfance, j’étais curieux de tout. Évidemment, tout était nouveau pour moi. Au bout de seulement quelques semaines, je paraissais très éveillé et avec les rares repères que j’avais à ma disposition, je découvrais, repérais, étudiais, enregistrais, analysais, etc. J’entendais de jolis sons, c’était de la musique, d’autres qui irritaient mes jeunes oreilles. Je voyais de jolies choses, des tons de toutes les couleurs, des choses de toutes les formes, des silhouettes furtives, et un visage que j’aurais pu, moi qui ne connaissais personne, reconnaître entre mille, celui de ma douce maman qui était tout mon univers.

Ah ! Maman ! Le premier mot que mes lèvres ont prononcé, sans même m’en apercevoir, ce premier mot, si beau et si nouveau.

Mais le petit problème avec ma maman, comme avec toutes ces très grandes personnes, c’est que l’on nous prend pour des… bébés ! En d’autres termes, pour des débiles qui ne savent rien et ne connaissent rien de la vie, même après quelques mois.

Erreur ! Grave erreur ! Ce n’est pas parce que nous faisons des yeux ronds d’étonnement, des bouches grandes ouvertes et que nous rions apparemment bêtement que nous sommes des arriérés.

Ce n’est pas parce que nous agitons nos membres dans tous les sens et que nous ne savons pas encore parler votre dialecte que nous sommes forcément des crétins !

Nous sommes simplement au stade de découverte et d’étude de votre curieuse planète. Mais, comme vous voyez, nous apprenons très vite, à marcher, à parler, à lire, à faire n’importe quel sport, à manier les ordinateurs et bien d’autres choses. En tous les cas, beaucoup plus rapidement que vous. Rendez-vous compte du mal que vous avez, lorsque devenu adulte, vous devez apprendre à lire ou une langue étrangère ou à faire un nouveau sport ou encore à utiliser un ordinateur ! Vous êtes d’accord ? Alors, bébés 1, grandes personnes 0 !

Donc, j’en reviens à mon témoignage de bébé-ballot…

Je dévorais des livres où, pour la plupart, il n’y avait que des images de toutes les couleurs qui restaient encore un peu mystérieuses pour moi. Mais il y avait un livre qui, juste au-dessus de ces dessins, était rempli de tout petits signes qui, bien sûr, ne voulaient rien dire pour moi, comme pour tous ceux de mon âge. Alors, je ne regardais que les images et je ne comprenais rien. J’arrivais à m’inventer, moi qui ne connaissais rien de la vie, des histoires qui venaient de je ne sais où.

Mais, ces signes que j’aurais qualifiés de cabalistiques, si j’avais, à l’époque, connu ce mot, m’intriguaient au plus haut point et me revenaient sans cesse à l’esprit.

J’essayais de creuser ma petite cervelle qui, on s’en doute, n’était pas bien grosse, mais j’abandonnais vite, découragé.

Le meilleur moyen pour moi d’en savoir plus était de demander à la personne qui m’était la plus chère au monde, ma douce maman.

Ainsi, dès qu’elle fut passée près de moi, je demeurai fort étonné qu’elle m’adressât un sourire serein, alors que j’étais aux prises avec un énorme problème que ne peuvent pas comprendre les grandes personnes qui ont oublié les premières tortures intellectuelles des tout petits enfants qu’ils étaient.

La surprise passée, j’avisais donc ma tendre maman dans ma langue d’origine et avec une déjà parfaite maîtrise du vocabulaire et de la syntaxe :

— Ma… Ma… Ba… é… bé… iia… bé ?

Elle me sourit très gentiment et continua son chemin vers le salon.

Intrigué de ne pas avoir eu de réponse à une question pourtant simple, je renouvelai ma question en articulant un peu plus, et en essayant de sortir un son un peu plus énergique, disons légèrement guttural, où elle aurait pu y déceler une sorte d’impatience mêlée d’agacement.

À ma grande stupéfaction, elle me répondit :

« Oui, mon gros bébé, tu as un joli livre dans les mains. Maman a vu, mon chéri. »

Je restais bouche bée, cette bouche bien connue de tous les parents qui pensent que leurs enfants sont éblouis par ce qu’ils voient ou entendent autour d’eux, alors que, bien au contraire, ils restent ébaubis de tant de désintérêt.

Je ne crois pas m’être déjà demandé à cette époque dans quelle famille d’incultes j’étais tombé. Non, trop de questions m’assaillaient d’un coup.

En premier lieu, j’avais bien entendu « Maman a vu… ». Pourquoi, parle-t-elle d’elle à la troisième personne, ce qu’elle ne fait pas avec celui que j’ai appelé un peu plus tard « Papa ».

Ensuite, pensais-je, peut-être que maman ne sait pas me répondre. Et cela risquait d’être plus grave pour mon éducation et mon avenir.

Donc, une dernière fois, je répétais ma question avec encore un peu plus de conviction. Je voulais éviter la solution ultime, mais souveraine dans ces cas-là : faire mine de commencer à pleurer.

Enfin, elle vint près de moi. Je lui souris et tout en tenant tant bien que mal mon livre, je posais mon index minuscule, ici ou là, sur ces signes étranges :

— Bé… é… i ? insistai-je.

— Oui, mon ange adoré, tu as vu le li-livre comme il est beau le li-livre…

Je me suis demandé, bien plus tard pourquoi le « li-livre » alors qu’avec papa, c’était un livre, et pas un « li-livre »

Je compris alors que les choses n’allaient pas être si simples. J’essayais de rassembler mes idées et de faire le point sur la situation, un problème après l’autre. Ce que je compris aussitôt, c’est que ma mère tant aimée ne comprenait pas mon langage. C’était effarant ! Mais le problème n’était pas insurmontable. Loin de là. Il me fallait simplement apprendre le leur ! Le mien était pourtant simple et clair. Le leur était rempli de rrrr… de bbllllle… de jjee… et j’en passe. De quoi s’arracher la gorge et s’emmêler la langue !

De là, mon air ahuri qu’elle a sans doute pris pour une sorte d’hébètement infantile normal, alors que j’étais tout naturellement sidéré.

Elle finit par comprendre, mais je fus assez fâché de cette lenteur intellectuelle et, bêtement, je le reconnais, je fus tenté de ne plus lui adresser la parole pendant quelque temps.

Car il faut bien comprendre la tâche ingrate que je devais surmonter. Faire des phrases entières remplies de mots superflus et compliqués, oiseux, comparés à ceux de ma langue… maternelle.

Un simple exemple : lorsque j’avais faim, il me suffisait de dire :

— A… O… Ma… mama… é !

Simple, direct, efficace, en joignant un petit babil, c’était le signal de l’heure de la tétée, et plus tard, le petit pot de légumes qui arrivait illico. Carottes, épinards, pommes de terre… D’ailleurs, tout avait le même goût, seule la couleur changeait, mais qu’importe, le petit pot était là.

Mais, pour eux, c’était tout autre chose. Il fallait faire des phrases avec des mots très précis, tellement précis d’ailleurs qu’on s’y perdait parfois.

Mon père disait par exemple quelque chose comme :

— Chérie, je ne sais pas quelle heure il est, mais je commence à avoir un peu faim. Ne serait-il pas possible de grignoter quelques amuse-gueule avant de passer à table ? Au fait, que nous as-tu préparé pour le repas, etc.

Là-dessus, ma chère maman récitait… par le menu, tout ce qu’elle avait préparé sans oublier de demander à papa si le menu lui convenait, ce à quoi il répondait parfois oui, parfois non, et ce à quoi, elle répondait, ainsi de suite, jusqu’à ce que certains jours, elle lui réponde enfin : « Si tu n’es pas content, tu n’as qu’à aller au restaurant ! »

Et moi, j’éclatais de rire, disons plutôt que je me marrais doucement, ce qui avait pour effet de faire cesser un début de dispute, car ils se regardaient comme deux chiens de faïence, semblant se demander l’un l’autre pourquoi une réaction aussi hilare de ma part. Et je riais de plus belle en voyant leurs airs abasourdis.

Non, mais sans blague ! Il me fallait apprendre cette langue de oufs (je n’ai appris ce mot que bien plus tard, bien sûr, mais il convenait parfaitement à mon sentiment).

Pour en revenir aux repas, je trouvais déjà à cette époque que mon père avait un palais bien délicat, mais j’ignorais que cela allait s’aggraver avec le temps. Mais enfin, pensais-je, quand on a faim, on n’est pas si difficile que ça ! Il m’est bien arrivé de commencer à manger tout ce que j’avais sous la main lorsque j’avais très faim, en attendant que maman m’apporte ma compote.

À ce propos, et c’est tout à fait naturellement, que je dois soulever un autre problème. Je ne veux pas m’avancer pour les autres, mais me concernant, j’aurais voulu rapidement faire comprendre à ma mère que… je ne suis pas une oie que l’on gave pour aller la vendre au marché !

Si on savait combien de cauchemars j’ai eu au cours des nuits de ma petite enfance ! Je rêvais que mon père me réveillait et me traînait jusqu’à ma chaise de bébé. Sur ce, ma mère arrivait avec un « petit » pot gros comme une marmite et une cuillère longue comme une pelle. Et j’entendais une grosse voix qui me disait :

— Allez, mon gros bébé, encore une petite cuillerée pour maman… et une pour papa… et une pour mamie…

Qu’est-ce que mamie venait faire là-dedans ? Et je me forçais à avaler pour que maman soit contente de moi, pour lui faire plaisir. Mais je n’en pouvais plus, la purée collait sur ma serviette après avoir dégouliné sur mon menton et… je préfère vous passer les détails !

Bref ! Je ne désire pas m’étendre sur ces nuits cauchemardesques au cours desquelles, je me réveillais en criant et en pleurant.

En pleurant, oui… Et devinez quoi !