Nathanaël Pevelet le royaume des Korrigans - Loïck Paillez - E-Book

Nathanaël Pevelet le royaume des Korrigans E-Book

Loïck Paillez

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Beschreibung

Avalon, jadis berceau de magie et de légendes, est désormais oublié, relégué au rang de mythe. Mais lorsque Nathanaël découvre ses pouvoirs magiques, son destin bascule. Accompagné d’Eol et Zelda, il plonge dans une quête périlleuse pour percer les secrets d’un passé oublié qui menace l’équilibre du monde. Face à Lafabul, un sorcier obscur avide de vengeance, ils devront redoubler de courage et d’ingéniosité. Sur les terres mystiques d’Avalon, où alliés et ennemis dévoilent des facettes inattendues, Nathanaël pourra-t-il accomplir son destin ? Les légendes sont-elles vraiment ce que l’on croit, ou dissimulent-elles des vérités plus sombres ? Une aventure où magie et mystère s’entrelacent pour défier l’imaginaire.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Loïck Paillez, passionné d’histoire, de mythes et de légendes celtiques, puise son inspiration dans les mystères et l’étrange, notamment ceux de la Bretagne et de la forêt de Brocéliande. Rêveur invétéré, il se lance dans l’écriture en 2011 et dévoile ici son premier roman.


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Veröffentlichungsjahr: 2025

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Loïck Paillez

Nathanaël Pevel

et le royaume des Korrigans

Roman

© Lys Bleu Éditions – Loïck Paillez

ISBN : 979-10--4226277-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes fils,

Léandre et Andréa,

vous avez fait de ma vie la plus merveilleuse aventure qui soit.

Que vos yeux voient à jamais la magie du monde qui vous entoure.

À mon épouse, Graziella, l’héroïne de ma vie.

Vous êtes l’équilibre de mon monde.

1

Quelque part en Bretagne…

C’est un mois de mai chaud, très chaud, qui s’invite sur la côte armoricaine de Pleumeur-Bodou cette année-là. L’air est suffocant et le vent sec fait danser les fleurs sauvages sur la falaise de granit rose. L’océan est paisible. Seules quelques ondulations fines et régulières se forment sur la surface presque lisse de l’eau, colorée d’un dégradé de bleu et de vert. Une chaleur écrasante s’abat depuis plusieurs jours déjà sur la plage de sable fin, presque déserte, où seul un couple badaude avec son jeune fils.

Soudain, le calme et la sérénité qui règnent sur la côte émaillée d’îlots se trouvent perturbés quand un grondement retentit dans le ciel d’un bleu azur… Un ronflement effroyable qui résonne à plusieurs kilomètres de là.

Le soleil disparaît, caché par de gros nuages noirs aux formes étranges et effrayantes. Le sol se met à trembler sous les pieds du couple et du jeune garçon, qui traverse pour accéder à l’île d’Aval. L’ambiance devient de plus en plus inquiétante, froide et lugubre. Presque malsaine… Le ciel, noir, s’assortit avec le gris de l’océan, qu’il vient de troquer contre sa teinte bleu vert.

Au loin, sur le front de mer de Pleumeur-Bodou, le sinistre présage des oiseaux qui fuient, comme si une catastrophe se préparait.

Un second grondement glacial retentit à nouveau au large d’Aval, plus fort et menaçant celui-ci… Alors que le garçon qui accompagne ses parents parvient sur la plage de galets de la petite île, la marée se met à monter à la vitesse d’un cheval au galop et engloutit le petit chemin, fauchant le couple qui traversait, dans un vacarme assourdissant.

Les embruns masquent le ciel ; l’écume, la surface…

2

Bienvenu à Vertchamps

Sur les galets humides, seul devant les flots encore vrombissants de l’océan, l’enfant ne réalise pas ce qui vient de se passer sous ses yeux à l’instant même. Il reste là, recroquevillé sur lui-même deux heures durant, au bord de l’île à ruminer la colère et le chagrin qui le consument tout entier. Une violente douleur lui ronge le ventre.

— Que s’est-il passé ? sanglote-t-il.

Il s’effondre à terre, peinant à respirer, complètement désemparé, son regard perdu fixant le large, espérant peut-être apercevoir un signe de ses parents. Ses larmes perlent le long de ses joues, disparaissant dans les galets.

Soudain, un léger tintement parvient aux oreilles du jeune orphelin, perdu dans une tristesse abyssale. Il lève la tête de ses genoux et regarde à gauche. Rien… Il regarde alors à droite. Rien non plus… Il repose à nouveau sa tête lourde entre ses jambes afin de cacher ses larmes. Il sent un picotement à peine perceptible dans sa tête. Comme si on tirait un ou deux de ses cheveux. Le garçon relève la tête et là, stupéfait, se frotte le visage d’un geste de la main. Il n’en croit pas ses yeux ! Seuls quatre mots sortent de sa bouche.

— Mais… c’est… une fée… !

En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, devant ses yeux grands ouverts et rouges de chagrin, se tient, ou plutôt, vole, une petite créature grande comme un pouce, à la grâce et la beauté d’un matin de printemps, entourée d’un halo de lumière verte.

— Nathanaël, lui dit-elle, Nathanaël…

Le jeune malheureux ne répond pas et se contente d’acquiescer d’un mouvement de la tête vers le bas, la bouche grande ouverte.

— Nathanaël, je suis Esterelle. Une fée Sylvestre. Comment vas-tu… ? Es-tu blessé... Tu as mal quelque part ?
— Ça va, enfin je crois. Mais que s’est-il passé ? sanglote Nathanaël. Mes parents… ?
— Je suis navrée, petit homme, écoute, les nuages que tu as vus tout à l’heure sont des êtres maléfiques, ils ont été aidés pour faire remonter la marée et faire disparaître tes parents. Nous devons partir d’ici, tu n’es pas en sécurité.
— Mais où allons-nous, attendez, expliquez-moi ! Les fées, ça n’existe pas… ! Et je dois rester ici ! Si mes parents…
— Nous n’avons pas le temps, coupe Esterelle, allez petit homme, hâte-toi, vite ! Ils sont sûrement en route.

Nathanaël se lève et scrute l’horizon, espérant apercevoir ses parents. Tout se mélange dans sa tête, se bouscule.

— Je dois rêver, se dit-il, je vais me réveiller…

Plus loin, sur le front de mer de Pleumeur-Bodou, il distingue une silhouette mystérieuse portant une longue cape noire ondulant dans l’air, portée par la brise marine. Il regarde la silhouette avec insistance et distingue alors, à sa grande surprise, Izobelle Uter, son professeur d’histoire à l’école.

Soudain, un halo de lumière jaillit de la cape noire d’Izobelle. Une très belle et vive lumière bleue. Puis, la cape s’ouvre et disparaît au loin dans le vent. Deux grandes ailes membraneuses naissent alors dans le dos d’Izobelle, qui fait apparaître une baguette magique et s’envole jusqu’au rivage d’Aval. Elle avance vers le jeune garçon, soucieuse et plein de compassion. Nathanaël voit même quelques larmes, bien dissimulées, qui remplissent les yeux bleus de son professeur. Il ne comprend pas.

— Bonjour Nathanaël… !
— Madame Uter, mais… que… que faites-vous ici, et vous êtes…
— Oui mon garçon, coupe la femme, je suis une Fée. Mais allons-y, ils vont arriver, partons, vite, je t’expliquerai plus tard, quand tu seras à l’abri.

Nathanaël ne comprend toujours rien à ce qui lui arrive. Est-il plongé dans un rêve profond ? Le mettre à l’abri ? Mais de quoi ? De qui ? Qu’est-ce que son professeur et la petite fée redoutent ? Izobelle s’avance, saisit Nathanaël par le bras et le tire vers la côte de l’île d’Aval.

Devant lui, le jeune garçon voit l’océan, qui se balance à nouveau dans le plus grand calme. Quand l’enfant s’approche de ce qui était la côte, l’océan disparaît, comme s’il s’évaporait. En lieu et place du sable blanc et du granit rose, il voit pousser de l’herbe sous ses pieds, des plants de lavandes, des fougères, ainsi qu’une belle et verdoyante forêt un peu plus loin. Cette vision l’enchante au plus haut point tant leur apparition semble magique et irréelle.

Mais soudain, des grognements et des cris de toutes sortes jaillissent de la forêt. Izobelle tourne brusquement la tête en direction des bois, et aperçoit au loin de petits êtres hideux, d’à peine trente centimètres de haut, courants à toute vitesse vers le jeune homme et les deux Fées.

— Ils sont là Esterelle ! Prépare-toi !
— Je suis prête, Izobelle ! Allons-y ! Ça va barder !

Les créatures approchent rapidement et Izobelle se met en avant afin de protéger le petit orphelin. Elle ne prononce qu’un mot que Nathanaël ne comprend pas : « Plantivore ! » Elle l’énonce haut et fort, en touchant le sol du bout de sa baguette. Nathanaël croit rêver. Un énorme grondement venant de la terre retentit soudainement, suivi d’un tremblement violent. Puis plus rien, le calme plat. Tout à coup, d’énormes plantes jaunes et bleues avec de grosses racines vertes et des feuilles immenses sortent du sol en se déployant et avalant littéralement les petites créatures menaçantes, n’en faisant qu’une bouchée. Les petits monstres se mettent à courir dans tous les sens, sautant afin d’éviter les racines vivaces des plantes, d’autres rampent à terre, tapis dans l’herbe. Nathanaël reste les yeux rivés sur la scène, stupéfait par le spectacle à demi croyable, se demandant encore si tout cela est bien réel.

Soudain, une vive douleur vient envahir son mollet. Un picotement sur la jambe. En baissant la tête, il voit une de ces créatures accrochée à sa jambe, la mâchoire grande ouverte et les dents plantées dans sa chair. Il secoue alors violemment sa jambe d’avant en arrière afin de faire tomber le monstre hideux, qui lâche prise et tombe à terre, juste devant les pieds d’Izobelle. D’un geste franc et décidé de la jambe, elle lui envoie un coup de pied en pleine tête qui le propulse à plusieurs mètres de là, dans la gueule d’une plante bleue.

— Bon débarras, lance Izobelle, non, mais, ça vous apprendra à vous attaquer à mon petit protégé !
— Joli coup, mais il en reste encore trop, s’écrit Esterelle.

Les créatures ayant échappé aux attaques des plantes géantes envoyées par Izobelle se rassemblent. La bataille entre monstres et plantes ne cessant pas, le chef ennemi joint ses deux mains vers lui, ferme ses grands yeux rouges et marmonne quelques mots incompréhensibles. Alors, le vent se lève. De fortes rafales se mettent à souffler en direction de nos deux Fées et de Nathanaël, avec une force extraordinaire. Izobelle et Esterelle se trouvent ballotées dans tous les sens sans pouvoir riposter.

— Accrochez-vous à moi, Mme Uter, et vous, la petite Fée, venez, hurle Nathanaël.

En effet, la force du vent ne déstabilise que peu notre jeune orphelin, agrippé au tronc d’un petit arbre. Le protecteur de fée, qui repousse les assauts à coup de pierres et de branches qu’il jette au hasard sur les petits monstres à la tête couverte de rides.

— Attention, en voilà deux là-bas ! crie Nathanaël, affolé. Mais qu’est-ce que c’est ?
— Oui, j’ai vu, allez ! On termine ! Esterelle, avec moi !
— Je m’en occupe, répond la petite fée verte.

Izobelle s’accroche à Nathanaël et lance un sortilège en levant sa majestueuse baguette magique vers le ciel, toujours assombri de ces affreux nuages mystérieux aux formes effrayantes.

— Centigrade ! crie-t-elle d’une voix franche et claire en pointant la tête de Nathanaël.

Un faisceau lumineux d’un bleu intense et fin entoure alors Nathanaël qui rapetisse à vue d’œil, jusqu’à atteindre la taille d’un pouce. Izobelle l’attrape dans sa main et s’envole avec lui, tapi au fond d’une poche.

Durant ce temps, la petite Esterelle lance un sortilège de Narcholépoudre, et survole les créatures des bois en évitant les projectiles, dispersant dans les airs une épaisse poudre verte aux effets soporifiques. Il ne reste plus en bas que des dizaines de petites créatures endormies sur l’herbe verte. Nathanaël ne sait pas ce qu’il trouve le plus dérangeant. Est-ce le fait que ses parents soient morts sous ses yeux, et qu’il ne parvient pas à réaliser… ? Serait-ce le fait qu’il vient d’être attaqué par des monstres hideux et mystérieux… ? Ou encore, parce que son professeur favori est une fée… ? Toutes ses idées, tout ce qu’il connaissait, sa vision du monde, tout est maintenant compromis.

Un moment plus tard, les Fées se rejoignent avec Nathanaël agrippé au battant de la poche d’Izobelle. Elles s’envolent rapidement dans la luxuriante forêt pour y disparaître, laissant derrière eux les petits monstres endormis, et un ronflement guttural. Nathanaël n’en revient pas du bruit effroyable et monstrueusement puissant que peuvent faire de si petites créatures quand elles dorment.

En une poignée de seconde, les trois compères sont arrivés à bon port. Ils font escale dans une petite clairière fort accueillante. À côté, une très belle et ancienne fontaine en pierre de granite rose, jonchée de verdure et de fleurs colorées on ne peut plus rassurantes, compte tenu des évènements passés… Des hortensias roses, des bleus, des tulipes, des roses rouges, tout ici respire le bonheur, le calme et la sérénité. Nathanaël quitte la poche qu’il partageait avec un bouton métallique. Izobelle le pointe de sa baguette.

— Grandimètre, lance-t-elle… Et le jeune garçon reprend sa taille normale en quelques secondes, dans un crépitement de lumière bleue.

Nathanaël, sa taille retrouvée, s’effondre à terre, les genoux sur le sol couvert d’une herbe d’un vert très vif.

— Mais… Mais professeur Uter, où sommes-nous ? éclate en sanglot Nathanaël.
— Nathanaël, reprend la grande fée, sois le bienvenu à la Fontaine des Fées, à Avalon. Et, pour commencer, appelle-moi Izobelle, ici, je ne suis pas ton professeur. Je suis une bonne fée, j’ai été choisie il y a exactement treize ans de cela aujourd’hui par Ebenezer et Edwige Pevel pour être ta marraine.

Un air d’incompréhension vient se dessiner sur le jeune visage accablé de Nathanaël.

— Mais… comment ça ? Vous connaissiez déjà mes parents avant ma naissance ? reprend le garçon les yeux noyés par le chagrin.
— Oui, bien sûr Nathanaël, tes parents vivaient à Avalon avec nous depuis toujours ! explique la bonne fée.
— Professeur, je dois vous avouer que je ne comprends pas… dit-il d’une voix morne et faible.

Nathanaël fond en larme. La tristesse l’emporte. C’en est trop.

Comment tout cela est-il possible ? Comment un autre monde, que personne ne connaît, peut-il bien exister ?

— Je sais… Je sais mon enfant… Mais tu comprendras bien assez vite, ne t’inquiètes pas Nathanaël. Je sais que c’est difficile… Bon ! Esterelle, mettons-nous vite en route, nous devons gagner Vertchamps avant la nuit et présenter Nathanaël aux villageois ! Aller, zou, zou, zou !

Le trio se remet en marche et quitte la Fontaine des Fées. Ils empruntent un petit sentier de terre bordé par de beaux et grands arbres, des fleurs toutes plus colorées les unes que les autres. Le nouveau venu ne cesse de s’interroger sur les récents évènements qui lui arrivent.

— Est-ce que je rêve ? Vais-je revoir mes parents ?

Mais aucune réponse ne s’offre à lui. Au bout d’une demi-heure de marche, Nathanaël voit à quelques mètres de lui un vieux panneau de bois indiquant le village de Vertchamps, à cinq cents mètres devant.

En levant les yeux, il découvre devant lui, un paysage enchanteur. Des champs à perte de vue à gauche, des champs à perte de vue à droite. Un magnifique damier de jaune, de rouge, de vert et de parme.

Du colza, des coquelicots, du maïs et de jachère. Devant lui se tient un vieux puits en pierre de granit avec une grande ferronnerie au-dessus.

Quelques pas plus loin, il entre avec Izobelle et Esterelle dans le village.

Non loin de là, ils arrivent tous les trois sur la place du marché, où tous les villageois sont réunis pour accueillir les deux Fées et leur petit protégé. Nathanaël promène son regard de droite à gauche, balayant la place et n’en revient pas de ce qu’il voit.

Le village affiche une architecture typique. De petites maisons en pierres, de granit gris, rose et des toits pointus. De grands et beaux arbres viennent peupler le village ici et là, conférant un côté très estival, renforcé par la présence massive d’hortensias roses, blancs et bleus et des fougères un peu partout dans les platebandes des maisonnettes. Instantanément, la magie opère. Il se sent tout de suite transporté dans un autre monde, sans en être pour autant inquiété. Tout ici inspire la joie, la fête et l’insouciance. Les villageois, tous regroupés sur la place, accueillent avec bonheur l’arrivée des deux Fées et de Nathanaël. Tous les saluent de la main. Certains osent même un timide :

— Bonjour Nathanaël.

Confus, le jeune homme répond d’un signe de la tête.

— Comment me connaissent-ils tous… ? se demande-t-il.

Izobelle, suivie de près par Nathanaël, avance et fend la foule, tandis que la petite fée, Esterelle, survole les villageois. Ils arrivent jusqu’à une grande bâtisse, surmontée d’un haut clocher au toit pointu en ardoise, construite dans le plus rose granit qui soit. Nathanaël se trouve alors devant une impressionnante porte de chêne, séparée en deux ouvrants. Izobelle frappe sur celle de gauche avec le heurtoir représentant un paon en métal bleu. La porte s’entrouvre dans un grincement effroyable et une petite voix aiguë et nasillarde s’en échappe. Izobelle baisse la tête et regarde le petit être qui se présente devant eux.

— Bonjour, Ningus, dit-elle, nous venons pour l’assemblée.
— Entrez, Izobelle, ils vous attendent.
— Une assemblée ? s’interroge Nathanaël.

Que peut bien lui réserver encore cette journée ? Est-ce que quelqu’un va enfin prendre la peine de lui expliquer ce qui se passe ? De sérieux doutes s’installent dans son esprit embrumé.

3

L’assemblée extraordinaire

Quand les deux fées et Nathanaël arrivent dans le grand hall sombre dont les murs froids et humides accueillent diverses tapisseries et lampes à huile, le jeune garçon jette un œil curieux. À gauche, il remarque un grand escalier poussiéreux et à droite, une vieille porte en bois abîmée.

— Bonjour Monsieur Nathanaël, reprit le petit être en direction du jeune garçon, occupé à regarder béatement la porte de chêne se refermer dans le même grincement effroyable qu’à l’ouverture.
— Ah… Heu… Bonjoouuurrrr… Heu… Monsieur… Ravis de faire votre connaissance !
— Ningus ! Je suis Ningus ! répond sèchement la créature. Je suis un Korrigan, ou, plus précisément, un Génie ! Mais, vous n’en connaissez sûrement pas l’existence, là d’où vous venez… ! Il jette un regard méprisant à Nathanaël.
— Ningus, cesses tes sarcasmes, veux-tu ! Nathanaël connaît presque tout de notre monde ! Il pensait simplement que… nous n’étions que légende. Voilà tout !

Le korrigan marmonne :

— Un sorcier qui vient du monde sans magie, on aura tout vu…

Nathanaël prend un moment pour examiner son hôte. Il prend un air dubitatif.

— Mais, Izobelle ! lance le jeune homme. C’est… C’est…
— Oui mon enfant, coupe la fée, c’est un Korrigan ! Oh, ne te méprends pas sur la chose… Ce qui nous est arrivé ce matin est extrêmement rare, voire plus que rare… D’ailleurs, à y réfléchir, je crois que ça n’est encore jamais arrivé… Vois-tu, les Korrigans, bien que repoussants et laids pour la plupart ; ne leur dis jamais que je t’ai dit ça… glisse-t-elle à l’oreille de Nathanaël, sont des êtres ni bons ni méchants, disons juste que… ils ont leurs propres lois et règles. Mais ils sont plutôt dociles et domesticables, comme Ningus. Ils s’occupent à merveille des animaux, des plantes et du château. Ici, on les appelle des Génies.
— Oh, je vois, répond alors Nathanaël complètement déboussolé, en buvant les paroles de Izobelle. Mais alors, pourquoi nous ont-ils attaqués tout à l’heure ?
— Ça, c’est ce que nous devrons découvrir, mon garçon. Et le plus vite sera le mieux…

Ils montent l’immense escalier en bois massif dont les planches grincent à chaque pas, qui les conduit dans un couloir éclairé par de vieilles lampes à huile et débouchant sur une vaste et profonde pièce. Une grande table rectangulaire très abîmée trône juste devant de hautes fenêtres à petits carreaux.

Comme dans le hall, diverses tentures ornent les murs de pierres. Au plafond, au centre de la pièce, lévite un impressionnant chandelier en cuivre à flammes volantes, forgé par la magie des fées.

Tout au bout de la grande table se trouve une chaise sur laquelle se tient un gros et grand monsieur, vêtu d’un étrange costume trois-pièces brun et une canne à pommeau sculptée, semblant appartenir à une autre époque. Un gros nez rond et une épaisse barbe brune le caractérisent. À sa droite, un autre homme, portant de petites lunettes rondes et dorées, est assis au coin du feu qui crépite dans l’âtre. Celui-ci est grand plutôt fin et porte une grande toge blanche avec des manches très amples et un chapeau pointu blanc posé sur de longs cheveux filasse et gris. Nathanaël scrute les moindres recoins de la salle. Il contemple particulièrement les grandes tentures qui habillent les quatre murs de la pièce.

— Cette tenture rouge brodée au fil d’or représente l’avènement d’un jeune homme de l’ancien temps, avide de connaissance et dont la vie parut si courte, qu’il ne pourrait guère tout savoir. Voyant la noirceur des abîmes de son esprit, le Malin fit un pacte avec lui et lui promit en échange de son âme, l’immortalité et le pouvoir, explique Izobelle.
— Waouh, mais pourquoi conserver une telle toile ici ? demande Nathanaël, qui semble être un peu moins bouleversé.
— Afin de nous rappeler que les pensées les plus obscures peuvent être lues par le Malin et qu’il faut garder espoir quoi qu’il arrive afin de protéger son âme.

Nathanaël reste sans voix.

— Prenez place, chers amis, je vous en prie ! clame l’homme au gros nez, au bout de la table.

Izobelle prend place sur une chaise et en tire une pour le jeune invité. Elle grimace en remarquant la fine couche de poussière accumulée par les années.

— Nathanaël, je te souhaite la bienvenue au nom de tous les citoyens de Vertchamps. Merci d’être venu, dans de si funestes circonstances certes, mais une nouvelle vie merveilleuse t’attend, je te le promets mon garçon… Et heu, excuse-nous pour l’état de cette pièce, nous n’avons pas fait de réunion ici depuis des lustres… L’homme ricane bêtement.
— Merci Monsieur… répond Nathanaël d’un ton faible.
— Ah ! Quel idiot, je ne me suis pas présenté ! Un léger rire s’échappe de la bouche barbue de l’homme. Je suis Nicodémus, explique-t-il, Nicodémus Pardaguil. Je suis le maire de Vertchamps et membre du Conseil de Sorcellerie de Cascarhode.
— Enchanté de vous connaître, Monsieur Pardaguil. Mais, j’ai une question… ? Qu’est-ce que je fais ici... Enfin, avec vous… ? Vous voyez… ? demande Nathanaël maladroitement.
— Bien sûr, Izobelle n’a pas eu le temps de t’expliquer, je vais donc le faire : depuis toujours, tes parents vivaient ici. Ils ont étudié ici et, à la fin de leurs études, ils se sont mariés. De là, tu es né. Ton père était un enchanteur très doué qui maîtrisait grand nombre de sorts tous plus complexes les uns que les autres. Quant à Edwige, la belle et brillante Edwige, c’est de loin l’un des meilleurs herbologues qu’il m’a été donné de connaître. Mais un jour, un sorcier obscur est apparu et le monde a sombré dans l’obscurité. Une très vieille légende raconte :

Quand les ténèbres apparaîtront,

Et qu’ils sèmeront le chaos sur le monde…

De la pluie s’éveillera le soleil,

Quand naîtra dans l’année le cinquième...

Il engendrera le plus puissant des sorciers,

Qui demeurera le seul en ce jour de Beltaine…

Il possédera le plus grand des Trois Pouvoirs,

Et lui seul pourra mettre en échec le sorcier obscur

Et l’unique de Samain…

Mais comme l’est la Mort pour la Vie,

Celui de Beltaine et de Samain le seront aussi…

Chacun dans l’ombre l’un de l’autre…

Jusqu’à ce que l’un ne trépasse par la main de l’autre à la naissance du cinquième, ou à la mort du dixième…

Nathanaël, stupéfait par le récit, reste muet. Pour lui, cette légende ne signifie absolument rien.

— Tes parents ont donc précipité ton baptême, reprend le Maire. Le jour venu, Izobelle, ta marraine, t’a jeté un enchantement afin de te protéger des forces du sorcier obscur et tes parents ont quitté Avalon pour s’installer dans le monde dépourvu de magie. Mais, chaque année, les portes vers Avalon s’ouvrent par deux fois. Ainsi, chaque nuit des trente avril et premier mai, pour la fête de Beltaine et celles des trente et un octobre et premier novembre, pour la fête de Samain, les portes s’ouvrent, dans les deux sens.

Nathanaël écoute avec attention, à la fois troublé et passionné par ce récit étrange qui lui en apprend beaucoup sur lui-même. Il se dit que sa vie n’était qu’un tissu de mensonges…

— Mais, excusez-moi, je ne vois pas très bien le rapport avec moi…
— Oh ! Heu, et bien…
— Non ! s’écrie Izobelle. Non, non, non ! Ce n’est pas le moment. Nathanaël saura tout, mais pas maintenant ! Il est épuisé, vous voyez bien !
— Il faudra bien qu’il sache ma bonne Izobelle…
— Oui, mais chaque chose en son temps !

Voyant la fée et le Maire se quereller pour savoir qui des deux a raison, Nathanaël, l’esprit embrumé, la tête lourde, s’effondre de sa chaise de tout son poids sur le vieux parquet grinçant de la pièce.

Quand il ouvre les yeux, un moment plus tard, il découvre un espace bien organisé et propre. Tout y est si coloré. Le lit dans lequel il est couché est tout petit, et recouvert d’un dessus en laine, fait main au crochet. Le jeune garçon remarque quelques étagères qui peuplent le mur de roche et une minuscule fenêtre ronde donnant sur le jardin.

Il se lève et se débarbouille dans la minuscule salle de bain et enfile un jean bleu, un peu juste pour lui, ainsi qu’une très belle chemise rayée rouge et noir.

Izobelle a décidément pensé à tout ! Le placard de la petite chambre est rempli de vêtements à sa taille. Nathanaël se regarde un moment dans le miroir embué et éclate en sanglots, qu’il tente d’étouffer par tous les moyens. Après avoir séché ses larmes, il sort de la salle de bain.

— Ah ! Nathanaël, mon grand… Comment te sens-tu ? demande la bonne fée.
— Bien… Je vais bien, merci, répond le jeune homme avec tristesse. Mais, où sommes-nous ?
— Nous sommes chez moi ! Bienvenue à l’Aubépine, mon humble petite chaumière… Tu as découvert ta chambre ?
— Oui, merci, répond à nouveau Nathanaël, accablé.
— Nathanaël, je comprends ce que tu traverses, explique Izobelle la main sur l’épaule de son filleul. Mais, je dois te protéger et pour l’heure, il est grand temps de te changer les idées, mon petit… Nous allons au banquet donné en ton honneur.
— En mon honneur ? Mais, vous n’êtes pas prête… ! lance le jeune homme. Vous… vous…

Izobelle interrompt Nathanaël et saisit sa baguette magique. Une très jolie baguette, en bois de rose sculpté et torsadé. De tout son bras, elle tend le bâton magique vers le haut et, d’un geste, pose l’extrémité de l’objet sur sa tête. Un éclair bleu aveuglant surgit alors de l’instrument magique et dévoile à nouveau la fée. Une fois la lumière aveuglante dissipée, Izobelle revêt une magnifique robe longue de lin blanc avec quelques véritables fleurs d’aubépine ici et là. Ses cheveux bouclés sont remontés en chignon avec une mèche tombante juste à côté de l’œil.

Quelques fleurs bleues, semblables à celles de la robe, sont parsemées dans sa chevelure. Elle est resplendissante.

— Comment me trouves-tu ? demande-t-elle à Nathanaël, resté bouche bée devant elle.
— Vous… Vous êtes… ma-gni-fique...! Vous n’êtes pas une Fée pour rien… ! répond celui-ci avec un bégaiement prononcé.
— Merci mon petit, répond Izobelle. Maintenant, si tu es prêt, allons-y !

Ils sortent de la petite chaumière. La nuit est tombée et laisse admirer de nombreuses étoiles, toutes plus brillantes et étincelantes.

Sur le chemin qui les conduit jusqu’à la place du village, les réverbères sont allumés et éclairent d’une belle et douce lumière tamisée le feuillage des platanes et les pas de nos convives. Au loin, Nathanaël peut admirer des lumières et des gens s’amuser en attendant son arrivée. Il se rapproche. Il peut maintenant entendre la musique et même, entendre les acclamations à toute voix :

— Les voilà, les voilà… !

Quand ils arrivent enfin sur la place pavée où, non loin, se tient le vieux puits de granit, Nathanaël reste en retrait. Il reste là, à regarder les bizarreries qu’il voit.

Une estrade en bois, avec un tapis rouge rectangulaire masquant les planches est installée sur la place et accueille quelques instruments traditionnels, qui jouent, seuls, une musique entraînante à la fois divertissante et enjouée. Nathanaël y voit une harpe celtique, un biniou kozh et un violon. Tous, sous l’emprise d’un sortilège de faitoimême, jeté par Célestane, la Fée du logis de la mairie.

Nathanaël avance dans la foule et, occupé à regarder et dévisager les gens autour de lui, cogne une demoiselle distraite elle aussi par la fête. La jeune fille aux longs cheveux auburn porte une jolie robe blanche, et se confond en excuse :

— Oh ! Excuse-moi… Bonsoir, Nathanaël, je suis Zelda, Zelda Philbois ! Ravie de te connaître enfin, explique la demoiselle en tenant dans sa main la goutte d’ambre qu’elle porte en pendentif à une chaîne en argent.
— Bonsoir ! répond Nathanaël, quelque peu déboussolé par les magnifiques yeux bleus de Zelda.
— Alors, que vas-tu choisir comme spécialité à la fin de l’année ?

Nathanaël, surprit par la question, ne répond pas.

— Oh, ne t’inquiète pas, nous verrons durant les cours. Moi non plus je n’ai pas encore décidé… Bon, et bien, bonne soirée.

Puis, il prend place à une immense table de banquet sur laquelle trônent de multiples mets, tous plus délicats et raffinés les uns que les autres. Au-dessus de la table, une gigantesque pergola flotte dans le ciel étoilé, pour abriter les convives d’une éventuelle pluie printanière. De multiples sphères lumineuses de couleurs bleues, rouges, jaunes et vertes, disposées par les Fées du logis, viennent ponctuer cette ambiance festive. Nathanaël en a l’eau à la bouche. Mais il ne sait par quoi se laisser tenter. Serait-ce par les cuisses de poulet, dorées et croustillantes ? Ou par ce superbe porc rôti ? Il n’a que l’embarras du choix.

Un jeune homme aux cheveux noisette est assis à ses côtés, d’à peu près son âge. Nathanaël, maladroitement, entame la conversation.

— Bonsoir, je… je suis Nathanaël… Pevel, content de te connaître, dit-il d’une voix timide et hésitante.
— Salut, moi aussi je suis contant de te rencontrer. Je suis Eol Pardaguil, et… je sais qui tu es ! Comme tout le monde à cette table. Je ne pensais pas te voir si tôt à Vertchamps, mais puisque tu y es, sois le bienvenu !
— Pardaguil ? reprend Nathanaël. Comme le maire du village ?
— Oui, bien vu ! Je suis son fils unique.

Les deux garçons continuent de faire connaissance quand Nathanaël voit disparaître les plats de nourriture de la table, sans que personne n’en touche aucun. Juste quelques étincelles lumineuses retombent sur la table, en lieu et place des plats. Il s’essuie la bouche avec sa serviette. Puis, d’autres plats apparaissent, comme par magie.

Des pommes, des poires, une montagne de choux à la crème, les bananes et tout plein d’autres merveilles viennent colorer la table de fête.

— Chouette, on nous sert le dessert ! s’enthousiasme Eol.
— Waouh, c’est génial, comment font-ils ça ? demande Nathanaël.
— C’est un sortilège de remplacetout, lancé par les fées du logis. Elles s’occupent de toutes les institutions, comme la mairie, le Conseil de sorcellerie par exemple.

Nathanaël regarde, ébahi par le spectacle. Il en oublie presque sa douleur et son chagrin. Une fée apparaît à côté de lui, pas plus grande qu’Esterelle, et dépose devant lui, une assiette à dessert. Il sursaute. Il commence à attraper sa fourchette pour manger sa part de tarte à la rose quand, soudain, Eol lui attrape le bras.

— Non, attends, Nathanaël !
— Quoi ? demande Nathanaël en admirant un bracelet qu’Eol porte à son poignet.
— Regarde… !

Soudain, la fourchette de Nathanaël saute de sa main et se met debout, en se tordant dans tous les sens sur la table.

Elle se met à pousser des petits cris à peine audibles, comme si elle disputait Nathanaël. Puis elle s’en va.

La fourchette parcourt toute la longueur de la table, puis bondit dans une grande bassine de cuivre, avec d’autres couverts sales.

Nathanaël contemple et se délecte de ce ballet vaisselier, sans en perdre la moindre miette.

— Ce n’était pas ta fourchette à dessert… reprend Eol. Tu sais, ici, il faut attendre un peu que le sortilège soit terminé avant de commencer un nouveau plat… explique-t-il.
— Un jour, ma tante Violetta n’a pas attendu avant de commencer son dessert, et quand elle voulut mettre sa fourchette pleine de gâteau de réglisse dans sa bouche, elle disparut, et la part de gâteau s’étala sur sa plus belle robe… Elle n’était pas contente du tout, raconte-t-il.

Une fois le sortilège dissipé, le regard de Nathanaël se porte à nouveau sur le bracelet du jeune homme.

Une très belle pierre fossile prisonnière des griffes d’un dragon sculpté dans l’argent de la monture.

— J’aime beaucoup ton bracelet, dit Nathanaël.
— Oh, merci beaucoup, c’est un cadeau que j’ai reçu le jour de mon baptême, explique Eol, fier de la pièce qu’il porte. Mon père dit que c’est de l’ambre.

Ils continuent de bavarder, jusqu’au milieu de la nuit…

4

L’apesenliste

Au petit matin, lorsque que les doux rayons du soleil réchauffent le village, la chaleur, encore douce en mai, éveille doucement les oiseaux et la lumière cajole les aubépines qui s’épanouissent délicatement dans les platebandes, devant la chaumière d’Izobelle. Nathanaël se réveille, étourdi par sa journée tourmentée de la veille. Quand il ouvre enfin ses grands yeux bleus, il se redresse, s’assoit dans son lit et enfile ses pantoufles représentant deux trolls aux formes simplifiées et plutôt drôles. Cela fait sourire Nathanaël. Il descend l’escalier sans un bruit et arrive à la cuisine, où Izobelle prépare pour son protégé croissants et autres viennoiseries. Sur la table, une tasse de chocolat au lait bien chaud, fume finement. Izobelle, en train de terminer son jus de citrouille sur le plan de travail, se tourne vers la table. Voyant Nathanaël qui, affamé, dévore sans relâche tous les présents qu’elle lui a préparés, pousse un cri en le voyant :

— Ah ! Tu m’as fait peur, dit-elle, en reprenant son souffle. Je ne t’ai pas entendu descendre. Aujourd’hui, c’est le programme des classes. Tu vas connaître tous les camarades avec qui tu seras en classe durant ton apprentissage. Le maire, Monsieur Pardaguil, te présentera tes professeurs.
— Mon apprentissage… ? demande Nathanaël d’un air dubitatif.
— Oui, c’est cela même, ton apprentissage. Esterelle et moi t’avons ramené ici pour que tu puisses te former dans l’art des enchantements, druidisme et d’autres matières que tu découvriras plus tard…

Izobelle sourit, satisfaite de son effet de surprise… Nathanaël termine son petit déjeuner et monte à l’étage pour se préparer. Une fois prêt, il sort de la chaumière avec la grande fée. Ils se mettent en chemin pour la mairie. Une fois arrivés sur la place où le rassemblement à lieu, tous les jeunes sorciers de l’âge de Nathanaël et leurs parents sont réunis et attendent le maire Pardaguil.

À dix heures, la grosse cloche sonne et, le son mélodieux et enchanteur, retentit dans tout le village de Vertchamps, comme pour annoncer la nouvelle. Une fois la douce mélodie du clocher dissipée, Izobelle s’approche de la grande porte en bois et frappe trois coups à l’aide du heurtoir représentant le paon coloré.

Ningus, le Korrigan, ouvre les portes et tous les jeunes étudiants entrent dans le grand hall et bousculent la créature toujours aussi désagréable, laissant leurs proches sur les pavés de la place. Ningus, étourdi par la bousculade, referme la porte, faisant apparaître une bourrasque en claquant des doigts.

Les voix des jeunes étudiants raisonnent contre les murs et le bruit de leurs pas martèle la tomette en damier recouvrant le sol.

Lorsque tout le monde est enfin entré dans le hall, la porte, au fond à droite de la pièce s’ouvre, donnant l’accès à une vaste salle de plus de vingt mètres de long. À l’extrémité de celle-ci, une grande estrade de pierre accueille une table à laquelle se tiennent, encore debout, cinq professeurs et le maire. Tous prennent place dans la salle. Nicodémus prend alors la parole.

— Chers enfants, soyez tous les bienvenus ! annonce-t-il d’une voix sûre et puissante. Aujourd’hui est un grand jour ! Un grand jour pour vous ! Vous allez commencer votre apprentissage de la magie, des enchantements, des sorts et des créatures magiques, annonce-t-il sur un ton mystique. À mes côtés se tiennent les treize professeurs. Je vais de ce pas vous en présenter quelques-uns. À l’extrémité gauche se tient le Professeur Izidor Bellaube, qui vous enseignera l’art du druidisme, dit-il en pointant l’homme en toge blanche avec le chapeau pointu.

Nathanaël reconnaît immédiatement le druide présent la veille dans la salle de réunion de la mairie.

— À ses côtés, reprend Nicodémus, le Professeur Cerfyne Padbol, qui vous apprendra comment utiliser le formidable pouvoir des plantes. À l’extrémité droite, le Professeur Yzore De La Stelle, qui vous enseignera l’art des sortilèges et enchantements. Et pour terminer, Ombélique Soufflèche. C’est elle qui vous enseignera tout ce qu’il faut savoir sur les secrets des créatures magiques d’Avalon et aux côtés du Professeur De La Stelle, le Professeur Isaâc Embrun, pour l’Athmolangage.

Il termine par présenter la totalité du corps professoral avec d’innombrables noms tous plus mystérieux les uns que les autres, à tel point que Nathanaël ne peut tous les retenir.

Soudain, un cri surgit de l’extérieur. Plus un bruit ne se fait entendre dans la salle. Puis, les portes s’ouvrent en laissant entrer un puissant courant d’air. Un léger tintement se fait alors entendre dans la pièce du rassemblement. Une longue traînée lumineuse allant de la grande porte à l’estrade de pierre laisse retomber de fines particules lumineuses vertes.

Là, une créature de petite taille vient se poser sur l’épaule du Professeur Soufflèche, encore debout. Le corps de la petite créature semble recouvert d’une cuirasse d’écaille de couleur verte de la tête jusqu’à sa queue fine et courte, de quatre petites pattes griffues ainsi que d’une tête reptilienne avec deux grands yeux jaunes surmontés d’une crête. De part et d’autre de cette crête, l’animal possède deux menues cornes osseuses. Mais, ce qui est le plus surprenant, ce sont les deux grandes ailes membraneuses, semblables à celles des chauves-souris, qui se trouvent de part et d’autre de son corps, juste au-dessus de ses pattes avant. Nathanaël n’en croit pas ses yeux. Un grand « Oh » s’échappe de l’assemblée.

— Mais… Ne me dis pas que c’est un dragon… ? s’exclame Nathanaël, en se frottant les yeux.
— Et oui, reprend Eol Pardaguil en chuchotant, assis à ses côtés, et un très beau spécimen. C’est un Dragon-Fée. La plus petite espèce de dragon connue.
— Waouh, il est superbe ! reprit l’autre, encore ébahi.
— Et ce sont les plus dociles. Ils sont très fidèles et joyeux. Celui-ci, au vu de sa taille, est adulte… Nathanaël le regarde. Oui, reprend Eol, je me passionne pour les dragons depuis tout petit.

Ombélique Soufflèche, avec son dragon sur l’épaule, prend la parole :

— Chers étudiants de première classe, laissez-moi vous présenter Flamèche, mon dragon. Quelqu’un ici peut-il me dire de quelle race de dragon Flamèche est-il issu ?

Un grand silence règne dans la salle.

— Non, personne...? Oui, vous, Monsieur Pardaguil, reprend Ombélique en montrant Eol du doigt.
— C’est un Dragon-Fée, répond Eol, fier de ses paroles savantes.
— Bonne réponse Monsieur Pardaguil, je suis très surprise venant d’un étudiant de première classe ! Mais, quelle variété de Dragon-Fée avons-nous là ? Ombélique jette un regard dans la salle, et scrute la moindre main susceptible de se lever.
— Oui, ici, au troisième rang, Monsieur Nollick Cerfeuille.
— Je dirais que c’est un Crète du Finistère...!
— Mauvaise réponse pour vous Monsieur Cerfeuille. Quelqu’un d’autre peut-être ? Monsieur Pardaguil, oui, nous vous écoutons…
— C’est un Crète Armoricain, parce que lorsqu’il vole, sa poussière de dragon est verte, et non jaune, et sa queue est plus courte que le Crète du Finistère. De plus, je dirais qu’au vu de sa taille, il est à l’âge adulte.
— Très bien, jeune homme ! Joli résumé et complet avec ça… Je suis impressionnée par tes connaissances draconitiques.
— J’ai hâte de te compter parmi mes étudiants, reprend-elle.

L’assemblée applaudit vivement le jeune garçon, qui, malgré son âge, a su montrer sa valeur aux yeux de tous. Nollick, lui, déçu, le salut sournoisement de la main. Durant toute la durée du rassemblement, Nathanaël ne cesse de questionner Eol, son nouvel ami, au sujet des dragons.

— Combien d’espèces existe-t-il ? Quelle est la taille moyenne d’un dragon ? Où vivent-ils ?

Eol, face à cet intérêt soudain, réagit en répondant avec passion à la moindre question. Nicodémus, le Maire, lève la main, pour capter l’attention des élèves et reprend la parole :

— Maintenant que cette assemblée est terminée, allez, chers étudiants… Nous nous reverrons lors de la rentrée, dans deux semaines, le temps pour vous de vous préparer.

La grosse cloche retentit de nouveau. Nathanaël, accompagné d’Eol, sort du grand hall.

— Que devons-nous faire maintenant ? demande-t-il à son ami.
— Il faut aller chercher nos uniformes et nos tenues de classe. Ne t’en fais pas, je vais t’expliquer. Le jeune garçon sort une feuille de papier jaunâtre de sa besace. La feuille reste en apesanteur au-dessus des mains d’Eol, puis se déplie, seule.
— Mais… ! Qu’est-ce que c’est Eol ? demande Nathanaël, encore surpris.
— C’est une Apesanliste ! C’est une feuille de papier, ou une liste, qui lévite toute seule.
— Ah je vois ! Je ne sais pas si je m’y ferais à toutes ces choses magiques. Ils sourient.
— Donc regarde ! Sur la liste, il est écrit que nous devons acheter :

Une robe de sorcier noire modèle Première Classe

Une cape d’été et une d’hiver noire modèle Première Classe avec trois attaches en cuir

Un chaudron en cuivre ou en étain

Une baguette magique

Un petit chapeau pointu modèle Ellipse

— Mais, où vais-je pouvoir trouver tout ça ? Je ne connais presque personne ici...!
— Ne t’inquiète pas, reprend Eol, avec un léger sourire, tu vas venir avec mon père et moi à Cascarhode, il y a tout ce qu’il faut là-bas. Enfin, si Izobelle est d’accord bien sûr.
— Eh bien, je vois que tu as tout prévu, allons lui demander !

Les deux garçons arrivent à la petite chaumière fleurie d’Izobelle. Ils entrent dans la cuisine. La grande Fée, assise sur une chaise, les attendait.

— Alors mes enfants, comment s’est passée cette matinée ? questionne la Fée.
— Oh très bien, Izobelle, merci, répond Eol, excité à l’idée de se rendre à Cascarhode.
— Et toi Nathanaël, qu’en as-tu pensé ? reprend Izobelle.
— Oh… Heu… j’ai trouvé ça très bien… répond timidement Nathanaël.
— Il a vu un dragon… chuchote Eol au creux de l’oreille d’Izobelle.
— Un dragon, voyez-vous ça ! s’exclame la marraine.
— Oui, un… Dragon-Fée, explique Nathanaël, il était superbe ! Izobelle remarque une lueur dans les yeux bleus de son filleul qui ne la laisse pas indifférente.

Nathanaël continue son récit avec passion, laissant Izobelle et Eol boire ses paroles.

— Et bien mon garçon, c’est bien la première fois que je te vois si heureux et enthousiaste à Vertchamps. Cela me fait grand plaisir, reprend la Fée.
— Izobelle, demande Eol, nous venions vous voir pour avoir la permission d’emmener Nathanaël avec Père et moi à Cascarhode, pour aller chercher nos robes de classes.
— Oh, mais bonne idée ! se réjouit Izobelle. Quand avez-vous prévu votre départ ?
— Demain. annonce Eol, enjoué !
— Bien sûr, je devais justement m’y rendre pour acheter des élémis, pour concocter un filtre pour Monsieur Beauprésage qui refait des cauchemars…
— Dans ce cas, nous irons tous ensemble, départ huit heures précises ! annonce Eol. Rendez-vous devant chez moi.
— Parfait, je vous apporterai des petits cakes au houx.

Le soir venu, après qu’Eol est rentré chez lui, Nathanaël se met au lit, emmitouflé dans ses draps, et s’endort des rêves plein la tête, en pensant à tout ce qu’il découvrirait encore demain, à Cascarhode.

5

La ferme aux dragons

Au petit matin, quand une douce lumière illumine sa chambre, Nathanaël descend dans le chaleureux salon de la chaumière. Il s’assoit sur le canapé aux motifs fleuris. Izobelle le rejoint, avec un panier débordant de petits cakes au houx, qu’elle fait disparaître en un claquement de doigts.

— Allez ! En route, mon petit.

En arrivant sur la place du village, devant la mairie, Nathanaël et Izobelle se dirigent vers une ruelle étroite. Ils passent sur un pont en rondins de bois, enjambant la rivière. Ils arrivent alors devant le manoir des Pardaguil. Une grande et belle demeure toute en pierre, avec un grand toit pointu et une tour. Tout autour, un parc verdoyant avec une variété impressionnante d’arbres et de plantes. La porte s’ouvre, Nicodémus et Eol sortent de la maison et marchent dans une allée jonchée d’hortensias bleus. Ils rejoignent Nathanaël et Izobelle.

— Mais, comment allons-nous à Cascarhode ? demande Izobelle à Nicodémus. C’est à plus de vingt-sept heures de marche ! Allons-nous emprunter votre auto ?

Le Maire, amusé par la question, regarde la grande fée et sourit.

— Regardez en haut, ma chère Izobelle…

Et tous lèvent la tête. C’est alors qu’une ombre furtive apparaît dans le ciel bleu. Une ombre qui se rapproche. Puis, un chant mélodieux survient… Soudain, un énorme dragon vient se poser à côté de Monsieur Pardaguil et d’Eol, dans un puissant souffle qui balaye le sol. Une créature fabuleuse, d’une longueur impressionnante. Nathanaël, effrayé, tombe, les fesses à terre.

— Waouh… ! Il est colossal, s’exclame Nathanaël encore à terre.
— N’est-ce pas, répond Eol, fier de l’animal de son père.
— Oh ! Quelle belle monture Nicodémus ! Vous m’aviez caché cela… lance Izobelle avec un grand sourire.
— C’est un dragon à plume. Appelé plus généralement Coatl à plume, explique Eol en caressant le flan de la bête d’une main assurée.

Le dragon fascine complètement Nathanaël qui n’entend plus rien autour de lui et reste les yeux rivés sur la bête de plus de sept mètres de long et quatre mètres de haut. Son plumage, majestueux, orange sous les ailes et dégradé bleu dessus et sur toute la partie supérieure de son corps. Sa tête, superbement proportionnée, révèle les yeux noirs semblables à deux perles et au sommet, une crête plumée orange. Ses quatre pattes griffues et puissantes pourraient démembrer et tuer n’importe qui.

Une voix raisonne dans sa tête, une voix qui lui rappelle celle d’Eol. Elle raisonne de plus en plus fort, mais il reste à contempler la créature.

— Nathanaël… Nathanaël… une main se pose sur son épaule. Nathanaël sursaute.
— Ah ! Excuse-moi, qu’est-ce qu’il y a ?
— Qu’en penses-tu, Nathanaël ? Il est chouette non ? Il s’appelle Zénith.
— Il est superbe ! Je peux le… toucher, demande Nathanaël, hésitant.
— Bien sûr que oui.

Nathanaël pose sa main sur la patte de Zénith, avec hésitation. Puis, il le caresse doucement d’un mouvement de la main allant de gauche à droite.

— Attention, reprend Eol, il faut aller dans le sens des plumes, sinon, gare à toi ! Il se met à rire.
— Bon, je pense qu’il est temps, annonce Nicodémus. Tout le monde en dragon !

Une échelle de corde et de lamelles de bois se déploie alors le long des flancs de l’animal et tout le monde se met à grimper pour atteindre une plateforme de bois et de cuir pourvue de cinq sièges.

Nicodémus s’installe sur celui se trouvant juste derrière le cou du dragon, afin de pouvoir tenir les rênes. Nathanaël ainsi qu’Eol prennent place au second rang, enfin, Izobelle s’installe sur l’un des deux sièges du dernier rang.

— Tout le monde est prêt ? demande le Maire.
— Oui, tout est parfait, répond Izobelle en nouant son chapeau sur sa tête.
— Alors c’est parti pour ton premier voyage draconique Nathanaël !

Nicodémus attrape les rênes et tire légèrement dessus. Zénith se relève et déploie ses immenses ailes colorées. Un vent violent s’élève et souffle sur les voyageurs. Nathanaël contemple une dernière fois la terre ferme, les yeux à demi ouverts. Puis, le dragon s’élance et finalement décolle.

Nathanaël ressent une surprenante impression de liberté, de bonheur, une douce sensation grâce au vent dans ses cheveux, qu’il ramène toujours vers la droite d’un vif mouvement de la tête.

— C’est extraordinaire ! pense-t-il.

Lui, qui se nourrissait depuis tout petit de mythes, de légendes, de contes, lui, qui se réfugiait toujours dans ses livres magiques, aujourd’hui, vole sur le dos d’un dragon. Un véritable dragon à plumes… Ils survolent toute la région d’Avalon. De là où il est, Nathanaël voit tout Vertchamps, qu’il ne connaît pas encore en entier. Mais il distingue bien la mairie et son haut clocher caractéristique. Il voit aussi les champs colorés qui entourent le village. Les deux garçons bavardent un long moment.

Ils parlent de leur enfance, de ce qu’ils vont étudier à l’école, de leurs nouveaux camarades, chaperonnés par Izobelle, qui, peu rassurée sur le dos de la bête, garde quand même un œil protecteur sur les deux jeunes hommes.

— Alors, crie Nicodémus, ça te plaît Nathanaël ?
— Oh, oui, beaucoup ! Merci, Monsieur Pardaguil, merci beaucoup, répond poliment Nathanaël.
— Ça te dirait qu’on fasse un peu de voltige ? Et le dragon pique vers le sol à toute vitesse.

Izobelle tient son chapeau d’une main ferme tout en se cramponnant à une poignée de maintien.

Sous l’effet de la vitesse, Nathanaël sent sa bouche se déformer. Nicodémus, avec poigne, tire les rênes à droite. Zénith exécute alors à merveille une vrille qui ne manque pas de panache au goût des jeunes garçons.

— Remonte maintenant ! commande le Maire en relevant les rênes.

Le dragon obéit immédiatement. Puis, au bout de deux heures de vol, Nicodémus aperçoit enfin les chutes d’eau de Cascarhode.

— Nous arrivons, regarde Nathanaël, voici Cascarhode !

En se penchant un peu sur la droite, Nathanaël aperçoit Cascarhode, une cité bâtie jadis sur les flancs d’une montagne protégée par des remparts naturels, canyons et cascades gigantesques. Une cité historique d’Avalon et sa capitale ! Le dragon entame sa descente. Puis il se pose à terre, sur un plateau rocheux. Les voyageurs descendent de leur monture de plumes et de muscles. Nicodémus remercie Zénith par une tape sur le cou. Le dragon, flatté par cette reconnaissance, remue vivement le cou, puis attrape un lapin qui passait par là, et le dévore tout cru. Izobelle, dégoûtée par la scène à laquelle elle vient d’assister, tourne la tête, et rejoint les autres à quelques pas d’elle.

— Nous allons marcher dans cette direction, explique le Maire en pointant le nord de l’index.

Tous se mettent en route et marchent une centaine de mètres avec Zénith, quand Nathanaël voit deux panneaux de bois sur lesquels sont inscrits : « Ferme aux dragons », à gauche, « Cascarhode », à droite.

— Eol… Eol, il lui tape sur l’épaule. Eol, qu’est-ce que ça veut dire « Ferme aux dragons » ?
— Ah ah, explose Eol, se moquant de l’ignorance de son ami. C’est un endroit où on élève les dragons et où les voyageurs peuvent laisser les leurs pour les soigner, qu’ils se reposent… C’est un endroit super, tu verras !

Nathanaël affiche un large sourire. La troupe s’approche de la falaise en direction d’un pont rocheux. Une fois dessus, ils traversent, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de l’eau. Cet ouvrage, soutenu par de solides piliers de pierre grise, mène à un gigantesque plateau naturel, au beau milieu de la rivière et dont le seul accès est ce pont.