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Vingt nouvelles pour une immersion au cœur d’univers contrastés, où se déploie une palette d’émotions saisissantes. Chaque récit donne vie à des personnages singuliers, pris dans des situations tour à tour insolites, surnaturelles, mélancoliques ou tragiques. Véritable kaléidoscope littéraire, ce recueil joue avec les genres et les ambiances, offrant une expérience captivante et inoubliable.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Sylvie Ollivier a suivi un parcours éclectique, exerçant divers métiers avant de se consacrer pleinement à ses deux passions : l’écriture et la peinture. Récompensée à deux reprises pour ses nouvelles, elle puise son inspiration dans ses nombreux voyages et expériences à travers le monde.
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Seitenzahl: 155
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Sylvie Ollivier
Oscar et autres nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Sylvie Ollivier
ISBN : 979-10-422-6619-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La logique vous mènera d’un point A à un point B, l’imagination vous mènera ABsolument partout.
Albert Einstein
Elise, à 53 ans, était veuve. Elle était veuve depuis quelques jours seulement, et venait d’enterrer son mari, Georges, ce matin. La cérémonie s’était très bien passée. Tout le monde était venu, bien qu’Elise et Georges soient maintenant en province. La famille était au complet, et tous les amis étaient présents. Georges était une personne très appréciée pour son caractère agréable et joyeux, ainsi que pour sa fidélité en amitiés. Après la cérémonie, un déjeuner souvenir avait été organisé au restaurant. On y avait beaucoup parlé, et même ri, grâce aux anecdotes racontées par les invités.
Georges était mort d’une crise cardiaque, à son travail, et Elise n’avait pas eu le temps de lui dire « au revoir ». La nouvelle de son décès avait été un choc pour elle, et pour toute la famille, même s’ils connaissaient ses problèmes de cœur. Georges n’avait pas encore fêté ses 55 ans, et donc sa mort était très prématurée pour tous ses proches, et surtout pour sa femme.
Depuis, Elise était inconsolable. Elle n’arrêtait pas de pleurer dès qu’elle pensait à lui. Le repas de ce midi lui avait fait beaucoup de bien. Elle avait pu apprécier l’amour que lui témoignaient tous ses amis et sa famille. Mais cela n’allait pas lui rendre son Georges pour autant. C’était une triste consolation. Son Georges était tout pour elle : son mari, son amant, son amour, son ami et son confident. Comment allait-elle pouvoir vivre sans lui, sans sa chaleur, son amour, ses conseils ?
À présent, elle se retrouvait seule dans sa grande maison. Tout le monde était reparti à ses occupations, même ses enfants et son frère. Elle errait dans la maison depuis son retour chez elle. Tout lui rappelait Georges : le fauteuil où il s’asseyait pour regarder la télévision, la cuisine où il lui concoctait de bons petits plats, son bureau avec ses affaires si bien rangées. Elise passait de pièce en pièce, comme envoûtée par le souvenir de son mari. Elle marchait doucement en frôlant les meubles, les choses et les objets de la vie quotidienne, comme s’ils étaient des reliques sacrées. Elle finit par s’écrouler dans le canapé pour pleurer toutes les larmes de son corps. Elle ne reverrait plus son cher mari. C’était fini. Il fallait maintenant qu’elle fasse son deuil.
Plusieurs fois, ensemble, ils avaient parlé de la mort. Mais elle ne s’attendait pas à ce qu’elle vienne si tôt. Ils s’étaient promis de se faire un signe, de passer un message, par quelque moyen informel, après leur mort, si cela était possible. Mais maintenant qu’il était bien mort, elle se disait que ce n’était que des fadaises, des bêtises, des inepties, auxquelles il ne fallait pas rêver.
Gaëtan était le frère d’Elise. Il était allé aux funérailles de son beau-frère la veille. La cérémonie avait été très belle, et le déjeuner, en fin de compte, très agréable. Il redoutait ce genre de retrouvailles familiales, d’épanchements de sentiments. D’ailleurs, il n’avait pas voulu rester dormir chez sa sœur Elise, prétextant du travail qui ne pouvait attendre. Il se voyait mal, seul avec elle, dans cette grande maison pleine de souvenirs. Il aimait bien son beau-frère et sa sœur, mais pas les situations délicates. Il préférait la laisser seule. N’importe comment, il fallait bien qu’elle commence à faire son deuil, et lui n’était pas le meilleur interlocuteur pour l’aider dans cette tâche.
En plus, Gaëtan avait des projets beaucoup plus agréables. Nous étions jeudi, et il avait prévu un week-end avec sa nouvelle petite amie, près de la mer, non loin de la maison de sa sœur, en Normandie, en Pays d’Auge. C’était l’occasion pour lui de passer quelques jours loin de Paris.
Il était donc arrivé le jeudi soir à Cabourg. La mer était belle, le ciel était bleu et il y avait peu de monde dans la jolie ville de Proust. Son amie, détail amusant, s’appelait également Elise, comme sa sœur. Elle devait le rejoindre en fin d’après-midi, par le train, en sortant de son travail. Elle lui avait surtout recommandé de ne pas l’appeler le vendredi après-midi sur son portable, car elle serait dans une réunion importante.
Gaëtan avait réservé une chambre dans « le Grand Hôtel » avec vue sur la mer, celui même où avait vécu Marcel Proust. C’était un hôtel très chic et romantique sur la plage, bordé par la digue piétonne si bien nommée « promenade Marcel Proust ».
Gaëtan était aussi excité qu’un enfant qui attend ses cadeaux le soir de Noël. Il connaissait Elise depuis quelques semaines et commençait à être très amoureux d’elle. Ils s’étaient vus à Paris le week-end d’avant, mais elle lui manquait déjà énormément. Comme il ne pouvait pas lui téléphoner, Daniel eut l’idée de lui envoyer un mail le vendredi après-midi.
Quant à Elise, la sœur de Gaëtan, elle avait très mal dormi. Seule dans son grand lit, elle avait fait plein de cauchemars. Son mari n’était pas mort, mais était en mer, dans une mer déchaînée, où il se battait avec les éléments. Elle l’attendait sur le quai, sous la pluie et le vent, et ne pouvait rien faire pour lui, sinon prier qu’il ne lui arrive rien. Puis, elle s’était réveillée en nage, grelottant de froid, comme si elle avait eu de la fièvre. Ensuite, elle s’était rendormie pour rêver à nouveau de son mari en difficulté dans la montagne, seul dans une tempête de neige.
Quand elle émergea de son lit, elle s’aperçut qu’il était déjà 13 h 30. Elle avait l’impression pourtant d’avoir très peu dormi, et se sentait très fatiguée. Elle se leva et alla se faire un thé avec des tranches de pain, grillées, qu’elle tartina de beurre. Elle alluma machinalement la télévision. Mais tout ce qu’elle voyait n’arrivait pas à l’intéresser. Les informations, les publicités, tout l’agaçait. Elle éteignit donc l’écran et mit la musique de son téléphone portable. Mais à ce moment, elle entendit une chanson que son mari aimait et elle se mit à pleurer. Puis, elle prit son petit déjeuner en silence et alla se caler bien au fond du fauteuil préféré de son mari. Elle pouvait encore sentir son odeur. Elle toucha le tissu bleu canard des accoudoirs et se remit à pleurer. Elle reprit alors son téléphone portable et elle se mit à lire ses mails. Un flot de messages l’attendait. Des publicités bien sûr, qu’elle mit dans la corbeille en quelques clics, mais aussi de gentils mots de réconfort pour le décès de son mari, et également des mails de différentes administrations. Pour tout cela, elle n’en avait pas le courage, pour l’instant, ça attendrait un peu, se dit-elle. Puis, au moment de fermer son téléphone, elle aperçut un mail qui commençait par :
Mon Elise adorée,
Elle se mit à lire le mail, comme subjuguée. Elle n’en croyait pas ses yeux. Le mail continuait ainsi :
Je suis arrivé. Tout va très bien. Mon Dieu, qu’est-ce que c’est beau ! Le ciel est bleu et l’air est très pur. Un vrai paradis ! Les gens sont très gentils, et je pense que ça va te plaire. C’est un lieu très romantique et j’ai hâte que tu me rejoignes. Nous allons être si bien ici tous les deux. Je pense que tu ne vas pas tarder à partir. Le voyage ne va pas être très long, et nous serons ensemble très bientôt. J’ai tout préparé pour toi, pour ton arrivée, tu ne seras pas déçue. Je t’attends. Je ne peux plus me passer de toi. Je t’aime à la folie et pour toujours.
Ton amour,
G
Elise s’évanouit. Le choc était trop fort.
Mais, ce qu’elle n’avait pas vu, c’était l’adresse d’origine du mail. C’était celui de son frère Gaëtan. Il était si excité par la venue de l’autre Elise, son amie, qu’il s’était trompé d’adresse mail et avait mis celui de sa sœur Elise.
Nous étions en 1963 en Seine-et-Oise. Le Général Charles de Gaulle était Président de la République française.
Marcel conduisait sa voiture en rentrant de son travail. C’était une belle Renault 4 L, millésime 62, toute neuve. Il l’avait achetée de couleur « bleu Île-de-France », un bleu clair, un peu gris, qui rappelait le ciel bleu de Paris. Marcel était très fier de sa belle voiture, et il l’entretenait avec soin, tous les dimanches avec sa fille. Tout d’abord, il aspirait l’intérieur, puis lavait l’extérieur, nettoyait les vitres avec un produit qui ne laissait pas de traces, puis passait du Polish sur toute la carrosserie, et enfin terminait en astiquant les chromes avec un autre produit spécial. Ainsi, ce petit rituel dominical permettait à Marcel d’avoir une voiture encore plus belle et plus brillante que le premier jour de son achat.
Marcel travaillait à Maisons-Laffitte et habitait à Triel-sur-Seine. Il avait l’habitude de déposer un collègue tous les vendredis soir à Poissy, avant de rentrer chez lui. Ce soir-là, il fit de même, mais quand il s’arrêta au feu rouge devant la gare de Poissy, un homme en profita pour monter dans sa voiture, sans son autorisation, à la place du passager.
Le feu rouge passa au vert, et Marcel, contrarié, s’exécuta. L’autostoppeur inconnu avait une tête louche, bizarre, une mine patibulaire très impressionnante. Marcel l’avait remarqué dès qu’il était arrivé au feu rouge. Mais il ne pensait pas qu’il allait monter dans sa voiture, sinon il aurait fermé le loquet de la porte du passager. Comme il venait de déposer son collègue, comme tous les vendredis soir, il n’y avait pas pensé. On ne croise pas des autostoppeurs indélicats tous les jours !
Marcel n’était pas rassuré. Il se demandait qui était cet homme, ce qu’il lui voulait, et pourquoi il était monté dans sa voiture. Pourquoi la sienne précisément ? Et jusqu’où devrait-il l’emmener ? Est-ce qu’il allait l’agresser ? Le tuer peut-être ?
Marcel continua de rouler, prudemment. Il passa le pont de Carrières-sous-Poissy, puis poursuivit tout droit comme lui avait ordonné l’inconnu. Il arriva ensuite à Triel-sur-Seine, qu’il traversât la peur au ventre. Son angoisse montait au fur et à mesure que le temps passait, dans un silence lourd et pesant depuis plusieurs minutes.
Marcel était de moins en moins rassuré. Pourquoi avait-il parlé d’une voiture discrète, pour faire quoi exactement ? Il n’allait quand même pas l’emmener jusqu’au bout de la France dans sa voiture pour lui faire plaisir ! Ah ça, non ! Il fallait qu’il trouve une solution pour sortir de ce pétrin.
La voiture continuait sa route, quand Marcel aperçut une voiture de la police municipale au loin, un peu avant d’arriver à Vaux sur Seine. Mais au lieu de rouler à la vitesse réglementaire, Marcel se mit soudain à accélérer.
Marcel ne jouait pas. Il essayait de trouver une solution pour se sortir des pattes de ce kidnappeur de la route. Et le stratagème fonctionna tout de suite. Les policiers lui firent signe de s’arrêter sur le côté. Marcel était content, son idée avait merveilleusement bien marché.
Marcel insista, son regard pesant et expressif auprès du policier, mais celui-ci ne comprit pas ce qu’il voulait. Pendant ce temps, l’homme louche était sorti de la voiture et fumait une cigarette. Il tournait autour de la voiture, et également autour des deux policiers. Puis, il revint s’asseoir à la place du passager. Et Marcel qui pensait avoir une chance de se débarrasser de lui, grâce aux policiers, ou avoir le temps de partir avant qu’il ne remonte dans la voiture, c’était raté !
La voiture continua sa route. L’inconnu ne dit rien durant plusieurs kilomètres. Le paysage était très beau, avec de belles maisons donnant sur la Seine, à gauche de la route. Mais Marcel avait eu peur de la réaction de l’homme suite à sa tentative, et n’avait pas le temps ni l’esprit pour profiter de ce beau spectacle. Apparemment, l’essai de Marcel n’avait en rien contrarié notre voyageur squatteur d’automobile, qui était resté serein et à l’aise devant la police.
La petite Renault 4L bleue avait passé la ville de Vaux-sur-Seine, et se dirigeait maintenant vers celle de Meulan. Marcel ne demandait plus son chemin à son indélicat passager, il roulait toujours tout droit. Il arriva donc à Mézy, en passant devant l’usine de chocolat qui parfumait toujours l’air environnant de ses effluves gourmands. Après, ce n’était qu’une ligne droite bordée par de belles maisons bourgeoises en pierres meulières, avec la ligne de chemin de fer qui la jouxtait sur la droite, et la Seine toujours à gauche. Marcel recommençait à être très stressé. Combien de temps allait-il faire le chauffeur de cet homme inquiétant ? Jusqu’où lui demanderait-il de l’emmener ? Comment cela allait-il finir pour lui ? La police ne lui avait été d’aucune utilité, au contraire, il avait écopé d’une prune. Son passager d’infortune avait-il été contrarié par cette tentative ? Cachait-il sa colère ?
La voiture continuait de rouler en direction de Mantes-la-Jolie. Allait-il l’emmener dans un quartier mal fréquenté où il le dévaliserait, voire pire ? Cela devenait de plus en plus insupportable pour Marcel, cette attente dans un silence de mort.
Marcel n’en croyait pas ses oreilles. Son calvaire prenait fin. L’inconnu sortit de la voiture et lança quelque chose vers Marcel en lui disant :
Marcel se dépêcha de repartir à bord de sa jolie petite 4L. Il s’arrêta un peu plus loin pour voir ce que lui avait lancé l’homme louche. L’objet était tombé sur le tapis de sol de la voiture, côté passager, et il ne pouvait pas voir ce que c’était. Et à sa grande surprise, il reconnut le talon du carnet du policier. Son passager, pendant qu’il fumait sa cigarette, en fin pickpocket, avait discrètement volé le carnet de contredanses du policier. Ainsi, plus de trace de la contravention. Toutes les souches étaient là, et il n’aurait plus à payer son amende.
Agathe aime beaucoup la montagne, et surtout son village de Saint-Véran. Elle y a vécu toute sa vie, ses parents également, ainsi que ses aïeux depuis plusieurs générations. C’est un village très typique, en pierres et bois, et très connu pour être le plus haut village de France. On ne peut pas l’atteindre en voiture. Tout le centre est piétonnier et pour y accéder, il faut garer sa voiture sur un parking extérieur.
Agathe a donc grandi dans ce superbe lieu, en toute liberté, pendant vingt-deux ans. Mais aujourd’hui, elle doit partir pour aller travailler en Suisse. Une nouvelle vie plus urbaine va commencer pour elle, car c’est à Genève qu’elle est attendue.
Sa mère, bien sûr, lui fait plein de recommandations.