Perspicio - Adrien Millot - E-Book

Perspicio E-Book

Adrien Millot

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Beschreibung

"Perspicio" explore une journée sous les perspectives variées de personnages appartenant à différentes classes sociales. L’écriture à la première personne permet de plonger dans l’esprit des protagonistes et de découvrir leur point de vue de manière détaillée et cohérente. Les cinq nouvelles contenues dans cet ouvrage offrent un aperçu fascinant et un éclairage nouveau sur les dynamiques humaines et sur les questions qui les entourent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Adrien Millot est un fin observateur des comportements et des relations entre les individus. Il s’intéresse particulièrement à la psychologie et à la sociologie. Ses écrits explorent ces deux domaines et offrent des éclairages précieux sur la mentalité et le mode de vie de groupes de personnes aux statuts sociaux divergents.

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Seitenzahl: 75

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Adrien Millot

Perspicio

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Adrien Millot

ISBN : 979-10-422-1904-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

En cette belle après-midi de la fin du mois d’avril, je me réveillais avec un rayon de soleil chaud qui traversait ma chambre et venait légèrement me brûler les paupières. Le bruit des oiseaux, qui chantent, accompagnait cette étrange sensation de bien-être. La sensation de se réveiller en pleine journée et de savoir qu’aujourd’hui, vous avez le temps. Il fait beau, les oiseaux chantent, la lumière du soleil inonde votre chambre, et aussi étrange que cela puisse paraître, vous ne ressentez pas de stress alors que la journée est extrêmement chargée. Mais l’idée de faire toutes ses choses et aussi tardivement ne me déplaisait absolument pas, alors qu’en temps normal, ce réveil tardif pour une journée aussi chargée m’aurait complètement stressé. Mais non, ce jour-là, je n’avais qu’une hâte, me lever et commencer ma journée.

Et c’est cette sensation, cette sensation exacte que j’appelle le bonheur.

Je ne l’avais pas connu depuis maintenant trois ans…

Mais ce jour-là, je ne m’en aperçus pas, ou que très peu. Je ne savais pas encore que le bien-être que j’ai connu auparavant était en train de revenir petit à petit, au fur et à mesure que ma vie prenait un tournant intéressant. Non, je n’avais pas de rêves qui se réalisaient ni de buts que j’étais sur le point d’accomplir. Je n’avais pas non plus rencontré de nouvelle femme depuis ma rupture avec mon ex-femme il y a trois ans. Ma vie était plus ou moins la même, vue de l’extérieur, bien que financièrement je touchasse mieux ma vie qu’auparavant. Mais cela m’importait peu, ce n’était pas si important pour moi, simplement le fait que cela m’apportait une certaine sécurité financière agréable.

J’avais seulement changé d’entreprise pour négocier un meilleur salaire, car je savais que je valais bien mieux que mon pauvre SMIC d’avant. Même si j’étais intérimaire, je n’avais pas besoin de dépendre d’un emploi, on va dire que j’avais mes petites affaires à côté qui me donnaient cette sorte de pouvoir sur mes employeurs. Le pouvoir de leur poser tous les ultimatums que je voulais, car peu m’importe qu’ils me virent, je savais très bien que j’avais ce qu’il faut dans ma tête de débrouillard endurci pour faire de l’argent avec un peu tout ce que je voulais. Et puis de toute manière, cela n’arrivait jamais, je partais de moi-même quand le travail ou l’ambiance m’énervait.

Je ne suis pas du genre à poser un ultimatum pour bluffer. Quand je disais vouloir quitter mon poste, je le faisais vraiment.

Donc à vrai dire, je n’avais aucune raison d’être plus heureux aujourd’hui qu’hier et pourtant je l’étais.

Je ne saurais comment l’expliquer, j’avais cette ultime sensation de bonheur que l’on ne ressent jamais instantanément, mais souvent le soir d’une incroyable journée, en y repensant la tête posée sur un oreiller, le corps enfoncé dans le matelas en regardant le plafond dans l’obscurité…

Je commençais tout de même à traîner un peu trop alors dans un élan de motivation, je décidai de me lever et sortis du lit. Je pris une douche glaciale immédiatement pour bien me réveiller. Et bien que je sois en retard dans ma journée, je pris le temps de pratiquer mon sport quotidien. Oui, j’étais en retard, mais peu importe, j’étais heureux et ça j’en étais persuadé, personne ne pourrait me l’enlever ce jour-là.

Une fois ma série de pompes terminée, allongé dans ma chambre sur mon tapis, je contemplais les murs de ma magnifique chambre. C’était un style d’époque très luxueux. Le tapis sur lequel j’étais était un tapis bleu roi orné de fleurs de lys tissé à la main. Les meubles, mon bureau ainsi que mes armoires et ma bibliothèque étaient de style Louis XV, en bois de merisier massif cirés et vernis. Mon lit était un lit assez royal en draps de satin luisants au reflet du soleil. De magnifiques tableaux signés représentant des paysages bucoliques dans de magnifiques cadres en or fin décoraient les murs de ma chambre. Au plafond, j’y avais installé de beaux lustres en bronze à pampilles de cristal.

J’étais assez fier de cette décoration qui paraissait être celle d’un riche aristocrate ou avocat parisien et qui pourtant ne m’avait pas coûté si cher, simplement des bonnes affaires dans les brocantes et vide maison du coin. Vous savez que les riches bourgeois se débarrassent de ce genre d’affaires tous les jours et il suffit de saisir la bonne annonce ou tomber au bon endroit pour repartir avec un magnifique petit trésor sous le bras pour moins de cinquante euros, si ce n’est gratuit…

En contemplant ma chambre, je m’aperçus que quelque chose avait changé, non pas que quelque chose avait bougé de place, mais que ma vision avait changé. Je voyais les détails de chaque tableau beaucoup mieux qu’auparavant ils me semblaient assez flous. Mais aujourd’hui, je distinguais les détails de chaque tableau tellement bien que je réussisse à m’imaginer la vie et la personnalité de chaque être vivant visible sur mes toiles, les moindres petits défauts de peinture sur les murs me sautaient aux yeux. La moindre poussière déposée sur le cadre d’un tableau ou petit moustique grillé sur l’ampoule du lustre me paraissait énorme, comme si ma vision avait grossi les détails pour que je les voie mieux. Sur le coup, je n’y fis pas vraiment attention, car je mettais cette explosion du détail sur le fait que le soleil inondait ma chambre et qu’il était tout à fait normal de voir les détails plus flagrants que d’habitude.

Mais je pense surtout qu’après ces deux années de mélancolie, je retrouvais enfin un nouveau goût du détail, plus avancé qu’auparavant, plus précis, une analyse plus profonde de ce qui m’entoure. Je commençai donc à rêvasser un peu trop et me levai d’un seul coup, je me dirigeai vers la cuisine pour me cuisiner un plat. Il était déjà 13 heures, je pris tout de même le temps de me préparer un bon steak bien assaisonné, car il m’était impensable de manger un plat fade. Pour moi, l’assaisonnement est primordial pour n’importe quel plat. Pendant ce temps, je faisais cuire à côté des patates et des oignons tout en préparant une sauce à base de crème fraîche dans un récipient. Une fois terminé, je me mis à table et mangeai assez rapidement, car j’avais beaucoup à faire aujourd’hui.

Le repas fini, je pris ma veste, fis trois fois le tour de mon appartement pour être sûr de n’avoir rien oublié et sortis de chez moi en activant ma caméra et mon alarme intérieure.

Je faisais attention à tout, car même si n’étant pas un riche aristocrate, j’avais tout de même des objets de grande valeur chez moi, et l’idée même de me refaire cambrioler encore une fois m’aurait insupporté. Car oui, on m’avait déjà cambriolé trois ans auparavant dans mon ancien appartement et je me suis dit que si cela se reproduisait, je serais un idiot de ne pas avoir depuis bien sécurisé mon appartement en pensant que cela ne se reproduirait plus. En quelque sorte, j’y avais ma part de responsabilité. La personne qui était venue ne pouvait être qu’un proche qui connaissait mes cachettes et mes objets de valeur, car c’est ce qui a été pris et il avait pris soin de fouiller toutes mes cachettes. J’habitais au sixième étage d’un immeuble en centre-ville et les appartements du rez-de-chaussée étaient bien plus simples à cambrioler que de grimper jusqu’au sixième… Mais d’une certaine manière, c’était moi qui avais provoqué cela. J’avais invité chez moi une personne à qui je n’aurais jamais dû faire confiance et je n’avais strictement pas sécurisé mon appartement. Oui le fautif c’est le cambrioleur, mais qui l’a invité auparavant ? Qui lui a fait confiance ? Qui n’a pas sécurisé son appartement ? Il faut bien se mettre dans la tête que ces gens existent et on doit vivre avec, on ne peut rien y faire, alors c’est à nous de prendre les précautions qu’il faut.

Je sortis alors et pris soin de bien refermer la porte. Dans les escaliers, je vis mon voisin de palier sortir de chez lui au même moment. Je lui dis bonjour d’un air enthousiaste, tandis que lui se contenta de me faire un léger hochement de tête et de marmonner dans sa barbe une sorte de « mmh ». C’était un homme d’une quarantaine d’années, à vrai dire ce n’était pas quelqu’un de bien apprêté.