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"Petit chiot deviendra grand chien-guide" relate l’expérience d’une famille d’accueil pour chiens-guides d’aveugles. Il offre un récit personnel et émotionnel qui explore le chemin qui a conduit
Dorothée Lulic à cet engagement ainsi que les aventures qu’elle a partagées avec ces chiens. Ces anecdotes vivantes illustrent le processus de formation des chiens guides d’aveugles et peuvent inspirer le lecteur à envisager le bénévolat dans cette noble cause.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Accueillant des chiens-guides d’aveugles depuis six ans,
Dorothée Lulic partage son témoignage détaillé de ces dernières années aux côtés de ses amis à quatre pattes. Les échanges avec des passants et des inconnus, ainsi que son amour pour ces animaux, l’ont inspirée à publier ce premier ouvrage.
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Seitenzahl: 134
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Dorothée Lulic
Petit chiot
deviendra grand chien-guide
© Lys Bleu Éditions – Dorothée Lulic
ISBN : 979-10-422-1320-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Dans ce livre, vous allez découvrir mon parcours avec les chiens de l’École de Chiens Guides de Paris, association de loi 1901, reconnue d’intérêt général, habilitée à recevoir des dons, legs et assurances-vie.
À l’heure où j’écris ces lignes, c’est la sixième année que je suis bénévole dans cette école pour laquelle je suis famille d’accueil pour des élèves chiens-guides. L’école a pour mission d’élever, d’éduquer et de remettre gratuitement des chiens-guides à des personnes aveugles ou malvoyantes et d’assurer le suivi des binômes.
Le rôle de la famille d’accueil consiste à accueillir un chiot âgé d’à peu près trois mois pendant une durée d’environ un an. Notre mission principale consiste à emmener le chiot partout avec nous afin de le socialiser et qu’il soit à l’aise dans un maximum d’environnements, de situations et avec tous types de personnes. Pour cela, le chiot porte un dossard bleu avec un liseré jaune où il est inscrit « élève chien guide » et une carte d’identification nous est remise afin de permettre au chien de se rendre avec nous dans tous les lieux ouverts au public. En effet, la loi autorise les chiens-guides à se rendre partout : « L’accès aux transports, aux lieux ouverts au public, ainsi qu’à ceux permettant une activité professionnelle, formatrice ou éducative est autorisé aux chiens guides d’aveugle ou d’assistance » et « La présence du chien guide d’aveugle ou d’assistance […] ne doit pas entraîner de facturation supplémentaire […] ».1
Pendant toute la période où le chiot vit avec nous, nous avons des séances d’éducation à l’école des chiens-guides qui nous permettent d’avoir les conseils avisés des moniteurs et cela leur permet également de suivre l’évolution du chiot. Le chiot effectue aussi des périodes de stage à l’école où il va passer quelques jours afin de travailler avec le moniteur canin et apprendre la vie au chenil.
En plus de la socialisation, nous apprenons au chiot les règles de base telles que faire ses besoins dans les caniveaux, ne pas réclamer à table, ne pas monter sur les canapés, ne pas aboyer, etc.
Après la période en famille d’accueil, le chiot, s’il est prêt, va entrer en éducation. Il va passer environ six mois à l’école où il sera formé par un éducateur à toutes les techniques de guidage et de déplacement.
Il existe également des « familles relais » qui accueillent les chiots sur de plus courtes périodes pouvant aller d’une journée à plusieurs semaines. Le rôle des familles relais est également très important. Ces relais permettent d’adapter le chiot à une autre famille et donc un nouvel environnement. Certains relais peuvent avoir un aspect éducatif. Ainsi, un relais peut être proposé dans une famille qui utilise quotidiennement les transports en commun si sa famille d’accueil ne les utilise qu’occasionnellement, par exemple. Enfin, en cas d’urgence, si la famille d’accueil est dans l’incapacité de s’occuper du chiot, il peut être confié temporairement à une autre famille.
J’ai ainsi pu accueillir cinq chiens en tant que famille d’accueil :
Nani : femelle Labrador sable,
Olda : femelle Labrador sable,
Phreeze : femelle croisée Labrador et Golden retriever sable,
Roma : femelle Labrador sable,
Sparrow : mâle croisé Labrador et Golden retriever sable.
J’ai également accueilli quatre chiens en relais :
Oasis : mâle Labrador chocolat,
Pipa : femelle labrador, croisée Golden retriever noire,
Roan : mâle Labrador noir,
Swing : mâle Golden retriever.
À travers cet ouvrage, je vais vous raconter mon parcours et je vais partager avec vous cette belle aventure en vous retraçant l’arrivée de Nani, ma première élève. Je vais vous relater des instants et anecdotes passés avec mes petits protégés, beaucoup d’amour, mais également des moments douloureux et plus tristes, tout ce qui fait partie de la vie.
Ce livre est pour moi un hommage à tous les fidèles compagnons avec lesquels j’ai eu la chance de partager un moment de vie.
Ajoutons que chaque année l’École de Chiens Guides de Paris remet une trentaine de chiens guides. Ils sont remis gratuitement aux personnes déficientes visuelles, mais leur formation a un coût qui est estimé à 25 000 €. L’association, qui est membre de la Fédération Française des Associations de Chiens Guides (FFAC) et de « l’International Guide Dog Federation » (IGDF), vit aujourd’hui à 95 % de la générosité du public : dons, legs, assurances-vie, mécénats financiers, partenariats avec les entreprises, etc.2
C’est un grand bonheur pour moi de pouvoir faire partie de cette belle chaîne de solidarité.
D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été animée par une passion pour les chiens.
J’ai toujours eu envie d’avoir un chien, mais comme beaucoup de citadins, mes parents ne voulaient pas en entendre parler, c’était un refus catégorique. Mais la jeune fille quelque peu têtue et déterminée que j’étais ne laissa pas tomber pour autant.
Je me souviens de lorsque j’étais gamine, à l’âge de l’école maternelle, je jouais à faire le chien, je marchais à quatre pattes dans l’appartement, me prenant pour un chien. J’ai toujours eu une connexion particulière avec cet animal, parfois même plus qu’avec certains humains.
L’été, quand je partais en vacances à Saint-Raphaël avec ma sœur chez notre grand-mère, j’avais une petite peluche en forme de chien à laquelle j’avais mis un collier et une laisse et je l’emmenais avec nous à la plage.
Ma mère recevait régulièrement des courriers d’écoles de chiens-guides d’aveugles avec de très jolies photos de chiots tout mignons. Moi qui adorais les chiens, je voulais à tout prix avoir un Labrador sable, c’était mon rêve. Mais pas un chien qu’on doit rendre au bout d’un an ! Ma mère me parlait du rôle de la famille d’accueil, mais éduquer un chiot dans sa phase pipi/caca/bêtises et le rendre une fois bien élevé, non merci !
En arrivant au collège, j’avais monté tout un stratagème avec une amie et ses parents. Ils avaient ainsi pu me rapporter de la campagne un jeune chiot Épagneul breton. Évidemment je n’en avais pas parlé à mes parents afin de garantir l’effet de surprise !
Et quelle surprise ils ont eue quand je suis rentrée à la maison avec un chiot dans les bras en leur disant qu’il s’agissait là de « notre chien » !
J’avais décidé de l’appeler Nirvana, en bonne fan du fameux groupe de rock. Devant cette petite bouille de chiot de trois mois, mes parents ont cédé et ont fini par l’accepter.
Sauf que du haut de mes treize ans, je n’avais aucune idée de la façon dont on éduque un chiot et à part lui faire faire ses besoins dehors, s’asseoir et donner la patte, ce chien n’ayant pas eu une éducation appropriée, il n’en faisait qu’à sa tête. D’autant plus que la race a des besoins spécifiques, les Épagneuls bretons étant des chiens d’arrêt, donc des chiens de chasse, ils ont besoin de beaucoup se dépenser et ne sont pas adaptés à la vie en ville, en appartement. Il était adorable, mais il a absolument tout détruit chez mes parents, ne supportant pas de rester seul. Ainsi les CD, télécommandes, livres et tout objet à sa portée s’est transformé en œuvre d’art, du « canin’art ».
On garda Nirvana une petite année et c’est finalement un ami de mon père qui habite à la campagne qui le récupéra. Il put ainsi profiter des grands espaces quotidiennement et se dépenser sans compter.
OK mes parents ne veulent pas de chien, cette fois-ci c’est bien enregistré.
Alors quand à vingt et un ans j’ai eu mon premier appartement, qu’est-ce que j’ai fait ? Bingo ! J’ai pris un chien ! Oui, mais voilà, à cette époque, encore l’esprit rebelle, ce n’est pas un petit chien que j’ai pris, mais un American Staffordshire Terrier, autrement dit un « staff », que j’ai nommé Bronx.
Toujours sans aucune notion d’éducation canine, mais après la première expérience avec Nirvana, je me suis un peu documentée tout de même. Bronx ne faisait aucun dégât dans l’appartement. En revanche, c’était un mâle et il pouvait se montrer agressif envers les autres mâles de son gabarit. Il était aussi ce qu’on appelle un chien réactif. Il était super gentil, mais il pouvait se mettre à aboyer si une personne avait par exemple un parapluie, une canne, ou une démarche inhabituelle, tout ce qui sort de l’ordinaire. C’est très difficile de gérer un chien réactif sur le long terme, car plus votre chien est réactif, moins vous osez le sortir dans les endroits très fréquentés et donc moins vous pouvez créer chez lui un phénomène d’habituation et vous avez tendance à vous isoler avec votre chien, même le travail avec un éducateur n’aura pas pu en venir à bout. Bronx partira au paradis des chiens l’année de ses six ans.
Je décidai de ne pas reprendre de chien, j’avais mûri, j’étais devenue plus responsable et reprendre un chien, ce n’était pas raisonnable. Je travaille toute la journée, avoir un chien pour qu’il reste seul, enfermé la journée à attendre mon retour, ce n’est pas sensé.
Les années passent, je deviens maman.
Puis je me retrouve à élever seule mon fils, des journées à cent à l’heure, à courir à droite à gauche, la vie de mère célibataire quoi !
Et là, ma mère m’apprend qu’une voisine dans l’immeuble où habitent mes parents, là où j’ai grandi, est famille d’accueil pour un élève chien-guide d’aveugle. Je suis très intriguée et j’ai bien envie de la rencontrer. C’est lors d’une fête de Noël des locataires de l’immeuble que je la croise enfin avec sa chienne Mara. J’en profite pour lui poser plein de questions :
« Vous l’avez depuis combien de temps ? Comment elle s’appelle ? Elle a quel âge ? Vous l’emmenez partout ? Et comment se passe l’engagement avec l’école ? Et à votre travail ? » blablabla… La pauvre, je l’ai assaillie de questions ! Et ça, je découvrirai plus tard que ça fait aussi partie du rôle de famille d’accueil : répondre aux interrogations des personnes que l’on croise sur notre chemin.
C’est ainsi qu’elle m’explique qu’il faut se rendre à des cours d’éducation avec un éducateur de l’école des chiens-guides, c’est dans le bois de Vincennes, tous les quinze jours environ. À ce moment-là, je me dis qu’en fait c’est impossible pour moi. Je travaille à plein temps, j’élève seule mon fils, même si je trouve le projet génial, ce n’est pas possible dans ma situation.
Quelques mois passent, mais ce projet de devenir famille d’accueil ne me quitte pas pour autant. Je décide alors de faire des petites recherches de mon côté. Je consulte les sites Internet des écoles, me renseigne un peu partout sur les sites et réseaux sociaux. Je fais le point sur mes disponibilités :
« C’est vrai que je bosse beaucoup, mais je cumule pas mal de RTT ce qui me permettrait de me rendre disponible pour les séances d’éducation.
— Mon fils grandit, il va avoir six ans, il peut rester seul dix minutes à la maison le temps que je sorte le chien pour lui faire faire ses besoins.
— Le bois de Vincennes ce n’est pas à côté, mais bon, j’ai la voiture, c’est faisable. »
Ça chemine petit à petit dans ma tête.
Et finalement je décide de m’inscrire à une réunion d’information à l’École de Chiens Guides de Paris.
Cette réunion se déroule un samedi matin. Une monitrice nous explique le rôle des familles d’accueil et des familles relais, tout ce qu’on devra faire avec notre chien : l’emmener partout, ne pas le laisser seul plus de trois heures, se rendre à des séances d’obéissance à l’école, ne pas habiter au-delà du deuxième étage sans ascenseur pour préserver les articulations de nos petits protégés. Beaucoup de questions sur les textes de loi, comment gérer le refus d’accès, comment prévenir son employeur, comment faire quand on part en vacances, le suivi vétérinaire, etc. Elle nous présente plusieurs chiens de plusieurs races différentes ; principalement des labradors, mais aussi un berger allemand.
J’écoute cette présentation et prends le plus de notes possible. Cette réunion aura fini par me décider. Cette fois-ci, c’est sûr, je veux devenir famille d’accueil !
Déterminée comme je suis, vous commencez à me cerner maintenant, plus rien ne pourra m’arrêter.
À la fin de la réunion de présentation à l’école des chiens-guides, un dossier nous a été remis afin de soumettre à l’école notre candidature pour devenir famille d’accueil en détaillant notre mode de vie, nos habitudes, la composition du foyer, notre profession, etc., et en ajoutant une photo de la famille.
J’apporte le plus grand soin dans la rédaction de ce dossier, aussi important à mes yeux que si je postulais pour le job de mes rêves.
Par la même occasion, il fallait que je prévienne mon entourage, à commencer par mon employeur. Et oui c’est peu banal de venir avec un chien au travail. Alors je me prépare sur la manière d’aborder le sujet avec ma directrice, je rédige également un courrier pour le président de l’association qui m’emploie. Étant donné que je travaille dans une structure d’accompagnement social et professionnel, il n’y a aucune raison que la direction ne soit pas favorable au projet. D’autant plus que légalement les chiens-guides et élèves chiens-guides sont autorisés dans tous les lieux ouverts au public et centres de formation. Et en effet, l’entretien se passe bien, ma directrice est surprise, évidemment, mais d’accord avec mon projet.
Parallèlement j’en informe mes proches. Tout d’abord ma famille, où je reçus un accueil plutôt mitigé :
« Mais comment tu vas faire avec ton fils ?
L’annonce de la nouvelle ne les a pas forcément enchantés. Avec le recul je pense qu’ils se sont surtout inquiétés pour moi. Ou bien ils ont pensé que c’était une nouvelle crise de ma part, genre caprice d’ado devenue adulte.
Je comprendrai plus tard que toutes ces craintes dont ils m’ont fait part sont en réalité le reflet de leurs propres angoisses. Les gens se projettent à votre place et vous renvoient leurs propres peurs.
Auprès de mes amis, l’accueil a été un peu plus chaleureux, dans l’expectative, la plupart me félicitant pour cette décision. Cependant, une de mes plus proches amies n’est pas à l’aise avec les animaux et a peur des chiens, elle n’était donc pas très enthousiaste, même si elle trouve l’idée géniale.
Ça y est le dossier est complet, je l’ai lu et relu, pas de faute, prêt à être envoyé, c’est parti ! Je le dépose soigneusement dans la boîte aux lettres la veille de mon départ en vacances mi-juillet 2017.