Prier 15 jours avec Jean-Sébastien Bach - Alain Joly - E-Book

Prier 15 jours avec Jean-Sébastien Bach E-Book

Alain Joly

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Beschreibung

Un recueil de textes commentés pour découvrir ou redécouvrir la pensée chrétienne à travers l'un de ses guides.

Musicien d’Église, improvisateur inégalé et génial compositeur, Jean-Sébastien Bach (1685-1750) a été, sa vie durant, un chrétien nourri de la lecture de la Bible, qu’il annotait parfois, et enraciné dans la culture luthérienne allemande. S’il a lui-même peu écrit au sujet de sa foi, plusieurs témoignages subsistent cependant, outre son abondante musique religieuse, pour attester de sa profondeur spirituelle. Une sélection de ces documents permet de retrouver en Bach l’exemple d’une vie puissamment imprégnée de la présence de Dieu et toujours confiante en sa miséricorde.

Se ressourcer et apprendre pendant quinze jours en compagnie d'un maître spirituel.

EXTRAIT

Mon seul but a toujours été d’établir une musique religieuse bien réglée en l’honneur de Dieu, et pour accomplir votre volonté selon la nature de mes moyens. J’ai voulu surtout perfectionner celle de votre église qui, sous ce rapport, est en retard sur beaucoup de villages des environs. J’ai aussi cherché à contribuer à son bien en vous soumettant un projet de réparation de l’orgue, ce que j’ai considéré comme un devoir. [...] Par ailleurs, je me suis acquitté en tous lieux de ma tâche avec joie.

(Lettre au bourgmestre et aux conseillers de Mühlhausen, 25 juin 1708.)

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alain Joly est pasteur luthérien. Après avoir étudié l’histoire à Paris et la théologie à Strasbourg, il a été ordonné en 1992 dans l’Église évangélique
luthérienne de France. Longtemps responsable de l’église des Billettes, à Paris, il collabore à la presse chrétienne et est chargé de cours à la faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. Il intervient aussi régulièrement en conférence et est très engagé en oecuménisme. Il est président fondateur de l’institut culturel Martin Luther.

À PROPOS DE LA COLLECTION

La collection Prier avec, ce sont :

• Des livres sources
– pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

• Des livres pratiques
– un rappel biographique en début de volume;
– un itinéraire balisé en introduction;
– une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage;
– pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

• Des livres accessibles
– un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs;
– une information donnée de l’intérieur pour un public plus large.

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COLLECTION PRIER 15 JOURS

Des

livres sources

pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

Des

livres pratiques

un rappel biographique en début de volume

un itinéraire balisé en introduction

une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage

pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

Des

livres accessibles

un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs

une information donnée de l’intérieur pour un public plus large.

Les textes cités du premier au cinquième jour et du neuvième au quatorzième jour ont été traduits de l’allemand par l’auteur.

INTRODUCTION

Le grand musicien de l’Allemagne classique, monument incontesté de l’histoire de la musique occidentale, et dont les compositeurs et interprètes de jazz se savent redevables, était un chrétien que sa foi en Jésus-Christ a porté durant toute son existence.

Il a été baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, le 23 mars 1685, dans l’église Saint-Georges (Georgekirche) d’Eisenach, sa ville natale. Il a grandi et a été catéchisé au sein de l’Église évangélique luthérienne. Excepté quelques conflits avec les autorités de l’Église pour des raisons administratives et de service salarié, relations difficiles qui l’ont sûrement affecté humainement, Jean-Sébastien Bach a eu un parcours spirituel apparemment sans histoire.

Sa piété ressort des actes de sa vie personnelle et familiale. Son adhésion à la confession de foi du luthéranisme est claire et constante. L’inventaire sommaire de ses livres, après son décès, comme les références constantes aux écrits de Luther, ou des poètes et théologiens du XVIIe siècle et de son temps, confirment sa familiarité avec la pensée théologique du protestantisme. Ses œuvres mêmes attestent qu’il était chrétien en tout son art, et pas seulement à cause des commandes liées aux fonctions qu’il eut à exercer. Ses compositions profanes, pour qui veut bien en décrypter les subtilités d’écriture, ne sont pas éloignées, parfois, de la pensée religieuse puissante qui se dégage avec tant de netteté de ses œuvres sacrées. C’est que l’homme est entier, et qu’il n’y a pas deux Bach.

Le sens de l’honneur à rendre à Dieu, qui lui faisait signer certaines partitions du fameux SDG, « Soli Deo Gloria », « À Dieu seul soit la gloire », préside à son itinéraire de croyant s’acquittant de cette haute tâche « avec joie » (premier jour). Thème chéri des mystiques du Moyen-Âge et des piétistes luthériens du début du XVIIe siècle, l’union à Christ est, pour lui, une attirance mutuelle qu’il faut expérimenter sans cesse (deuxième jour).

La réalisation aboutie d’une œuvre doit concerner Dieu tout autant que l’homme contemporain qui exécute ou entend sa musique (troisième jour). Jean-Sébastien Bach n’eut aucun problème de conscience à attester qu’il ne s’écarterait en rien de la doctrine de l’Église luthérienne, à laquelle il adhérait de cœur et d’intelligence (quatrième jour). Sa lecture assidue des textes du réformateur Martin Luther (cinquième jour), ou du mystique rhénan Johann Tauler (sixième jour), nourrissait sa foi et inspirait son travail de musicien d’Église.

Son rapport au Christ s’inscrivait prioritairement dans la théologie de la croix et de la résurrection, références constantes jusque dans l’ordinaire des bonheurs et des tristesses de l’existence (septième et huitième jours). Le constat de l’égarement moral de l’un de ses fils lui faisait espérer la miséricorde divine, en laquelle il gardait obstinément confiance (neuvième jour).

Lecteur de la Bible (dixième et onzième jours), il y puisait le témoignage que son ministère de musicien d’Église était voulu par Dieu, et qu’il lui plaisait quand l’Esprit saint en était reconnu l’inspirateur. Luthérien pratiquant, Jean-Sébastien Bach communiait au pain et au vin de l’Eucharistie, vrai corps et vrai sang de Jésus, selon l’enseignement et l’expérience de sa foi, partagée par ses coreligionnaires (douzième jour).

Le croyant, disait Luther, est « à la fois juste et pécheur, et toujours pénitent » : cette dualité traverse l’être intérieur (treizième jour), le ramène sans cesse à la grâce de Dieu (quatorzième jour) et le prépare à la mort, dans la confiance que la miséricorde l’attend pour lui donner place dans le royaume céleste (quinzième jour). Voilà la foi de Bach.

Bach a laissé très peu de correspondances et d’écrits personnels. Quelques documents de sa main le restituent cependant devant nous comme un être également passionné et raisonnable, et profondément chrétien. Sa musique, et les textes qui l’inspiraient, ou qu’il commentait par son art, le dévoilent autant que s’il avait laissé une œuvre littéraire. Seule La Petite chronique d’Anna Magdalena Bach, de laquelle nous avons tiré trois extraits, est postérieure à notre personnage (1925) et permet, en fidélité aux traditions orales, d’imaginer Jean-Sébastien Bach en son humaine fréquentation de Dieu.

BRÈVE BIOGRAPHIE

Lorsque Johann Sebastian Bach naquit à Eisenach, en Thuringe, le 21 mars 1685, il y avait déjà eu, depuis environ trois quarts de siècle, et il y avait en son temps, dans sa famille, un nombre impressionnant de musiciens d’Église. Sa généalogie, si on inclut ses descendants, en compte près de 80. Il semble que l’un des premiers ancêtres connus de cette prolifique tribu était un Hongrois, ou un habitant de la Slovaquie, poussé à l’émigration pour cause d’adhésion au luthéranisme, et qui vint s’installer en Thuringe. Il est curieux de remarquer que, au-delà de l’étymologie ordinaire du patronyme, qui signifie en allemand « rivière » ou « ruisseau », le nom de Bach désignait, dans les régions de l’ancienne Hongrie, les musiciens ambulants. Toute cette famille était de confession protestante et s’est illustrée dans le service de la musique des Églises évangéliques luthériennes, principalement en Allemagne.

Johann Sebastian – que, pour le confort du lecteur francophone, nous appellerons Jean-Sébastien dans la suite de ce livre – était le fils de Johann Ambrosius Bach, organiste de l’église principale d’Eisenach jusqu’à sa mort en 1703, et de Maria Elisabetha Lämmerhit, qui mourut en 1694, lorsque donc il venait seulement d’avoir 9 ans. Quoique le père se fût remarié sept mois plus tard, Jean-Sébastien fut placé, avec un autre de ses frères, Johann Jacob, auprès de leur frère aîné Johann Christoph, installé à Ohrdruf depuis 1690 comme organiste et maître d’école, et dont la femme accoucha d’un enfant à cette époque. Grâce à Johann Christoph, il reçut une solide éducation dans le métier commun à sa nombreuse parenté.

En 1700, on l’envoya à Lüneburg, un peu au sud de Hambourg, où il demeura deux années, particulièrement comme maître du chœur scolaire de matines (l’office liturgique du matin) de l’église Saint-Michel (Mikaelkirche). Alors que, jusque-là, Jean-Sébastien avait été élevé dans les références de la musique de l’Allemagne du Sud, dont l’un des meilleurs représentants était Pachelbel (1653-1706), il découvrait dans l’Allemagne du Nord des orgues et une tradition qui remontaient à Sweelinck (1562-1621), à Amsterdam, et à Scheidemann (vers 1595-1663), à Hambourg. Bientôt, après qu’il eut été nommé organiste de l’église-neuve (Neukirche) d’Arnstadt, il put parfaire sa formation auprès du grand Dietrich Buxtehude (vers 1637-1707), qu’il alla écouter et visiter à Lübeck durant l’hiver 1706, suscitant à ce sujet le mécontentement des autorités du Consistoire luthérien, ses employeurs (le Consistoire est l’organe de direction de l’Église), parce qu’il y était resté quatre mois, c’est-à-dire bien plus que le congé imparti de quatre semaines !

Les désagréments pour lui étant finalement assez nombreux, et un autre poste étant devenu vacant à la suite du décès de son titulaire, Jean-Sébastien, nouvellement marié (le 17 octobre 1707) à sa cousine Maria Barbara, se porta candidat à la tribune de l’orgue de l’église Saint-Blaise (Blasiuskirche) à Mühlhausen. Il s’y trouva confronté à la polémique entre les deux courants du luthéranisme de ces années-là, le piétisme et le confessionalisme orthodoxe. Il resta à Mühlhausen jusqu’en juin 1708. Il fut ensuite nommé à Weimar, où il bénéficia du titre de musicien de la Chambre du duc et organiste de la Cour, avec les traitements afférents. C’est là qu’il écrivit une grande partie de son œuvre pour orgue, en moyenne, paraît-il, une pièce d’orgue toutes les trois semaines. Il devait aussi y composer une cantate par mois. L’épisode de sa rencontre probable, à Dresden, avec le célèbre musicien français Louis Marchand (1669-1732) se situe à l’automne 1717.

Quittant Weimar cette année-là, Bach fut alors embauché par le prince d’Anhalt-Köthen, et entra en fonction effectivement le jour de Noël mais comme musicien de la Cour, car il n’y avait pas de responsabilité pour les services religieux du fait que le prince était de confession calviniste. Il y avait en effet une grande différence entre l’usage de la musique dans le service divin des Églises luthériennes, où cantates et motets, préludes instrumentaux et cantiques soutenus par l’orgue avaient toute leur place, et l’absence d’instruments et de compositions musicales pour la célébration réformée, qui n’admettait que le chant de psaumes et des cantiques bibliques a capella. Dans ce contexte, Jean-Sébastien écrivit des œuvres profanes, presque toutes de musique de chambre, dont des sonates pour violon et clavecin ou pour violon seul, et des concertos pour divers instruments.

À son retour d’un voyage avec son prince, en juillet 1720, Bach apprit la mort de sa femme alors qu’elle était déjà enterrée. Aimée, précieuse pour lui, et mère de sept enfants dont quatre arriveront à l’âge adulte, Maria Barbara fut sans doute un élément important de stabilité pour le musicien exigeant et pas toujours facile à vivre dans ses relations avec ses supérieurs, ses élèves ou ses rivaux. Son chagrin fut grand, mais il songea très vite à ne pas demeurer veuf.

Le 3 décembre 1721, il épousait, à Köthen, Anna Magdalena Wilcke, fille d’un trompettiste et de seize ans plus jeune que lui. Il y avait alors quatre enfants à la maison, nés de la première union : Dorothea Catharina (1708-1774), Wilhelm Friedemann (1710-1784), Carl Philipp Emmanuel (1714-1788) et Johann Gottfried Bernhard (1715-1739). Du second mariage naîtront : Christiana Sophia Henrietta (1723-1726), Gottfried Heinrich (1724-1763), Christian Gottlieb (1725-1728), Elisabeth Juliana Friederica (1726-1781), Ernestus Andreas (1727), Regina Johanna (1728-1733), Christiana Benedicta Louisa (1729), Christiana Dorothea (1731), Johann Christoph Friedrich (1732-1795), Johann August Abraham (1733), Johann Christian (1735-1782), Johanna Carolina (1737-1781) et Regina Suzanna (1742-1809). L’année 1722, qui est celle figurant sur la première page des 24 préludes et fugues du Clavier bien tempéré, fut endeuillée par la disparition du frère bien-aimé, Johann Jacob, celui pour lequel il avait composé le Capriccio, et qui avait partagé avec lui les années de jeunesse à Ohrdruf.

En 1723, à la mort de Johann Kuhnau, Bach se présentait pour le poste de directeur musical de la municipalité de Leipzig et il y fut engagé comme Cantor de l’église Saint-Thomas le 5 mai. Il donnait sa première cantate à Leipzig le dimanche suivant la Trinité, le 30 mai 1723. Il y composerait ensuite la plupart de ses cantates dominicales, exécutées dans les églises Saint-Nicolas (Nicolaikirche) et Saint-Thomas (Thomaskirche), et les passions pour le Vendredi saint. Sa fonction l’obligeait à diriger aussi l’enseignement de l’École Saint-Thomas (Thomasschule), ce qui ne l’intéressait visiblement pas. Il y eut, au demeurant, plusieurs contrariétés avec les autorités de la ville. En 1730, Bach se défendit des attaques dont il faisait l’objet quant à ses devoirs à la Thomasschule, en rédigeant un Mémorandum critique sur l’organisation de la musique à Leipzig. Le directeur musical y faisait preuve de beaucoup d’exigences quant au sérieux et aux qualités requises des chanteurs et des musiciens.

Querelles et polémiques, liées souvent à des jalousies, n’entacheront pas le travail du maître, estimé partout en Allemagne, où il était le premier et incomparable expert pour les orgues qu’il examinait scrupuleusement, et dont la réputation d’improvisateur et de compositeur hors pair courait dans toute l’Europe.

Frédéric II de Prusse (dont, dès 1741, Carl Philipp Emmanuel était le claveciniste de la Chambre royale) le fera venir en son château de Potsdam le 7 mai 1747. Le roi joua sur un piano-forte, ou sur un des nombreux clavecins de la collection royale, un thème de fugue, et demanda à Bach de le développer : c’est l’origine de l’extraordinaire Offrande musicale. Sa vie durant, Jean-Sébastien Bach a aimé et recherché les titres honorifiques qui signalaient en lui une dimension parfois courtisane ! En 1736, il obtint « sur sa très humble prière et à cause de sa grande habileté » (ce sont les termes du décret de nomination) d’être désormais compositeur à la Chapelle du roi Auguste II, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne. À l’issue d’un concert mémorable sur le nouvel instrument de la Frauenkirche