Quand le monde s’éteint - Marwa Ait Taleb - E-Book

Quand le monde s’éteint E-Book

Marwa Ait Taleb

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Beschreibung

Perdue dans les brumes de sa première rupture amoureuse, une jeune âme vacille, tiraillée entre la douleur et le besoin de se reconstruire. Cherchant du réconfort auprès de ses proches et au cœur des méandres de ses réflexions, elle s’engage dans une profonde introspection, luttant pour transcender cette épreuve. Parviendra-t-elle à émerger de l’obscurité, comme un nénuphar s’élevant des ombres ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Marwa Ait Taleb, inspirée par des lectures qui l’ont marquée, explore dans ses écrits les émotions profondes et les défis intérieurs. Elle encourage ceux qui traversent des épreuves à puiser en eux la force nécessaire, offrant ainsi un message d’espoir.

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Seitenzahl: 78

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Marwa Ait Taleb

Quand le monde s’éteint

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Marwa Ait Taleb

ISBN : 979-10-422-4444-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

La douleur lancinante

Une douleur si aiguë, et pourtant inexplicable. Une douleur cliniquement indétectable, et qui est pourtant bien présente. Elle est avec toi, te suit où que tu ailles. Incessante, implacable, stridente. Peu importe ce que tu fasses, le chemin que tu choisisses, elle te retrouve, t’emplit, te ravage. Une sonnette d’alarme qui a été intériorisée, qui ne s’éteint pas. Elle est en toi. Tu es démuni face à elle. Mais tu ne sais pas ce qu’elle est. Quel est ce pouvoir destructeur qui rythme tes journées ? Cette intempérie monstrueuse qui fait éclosion ? S’agit-il de peine, de souffrance, de tristesse, de malaise existentiel ? Un état transitoire, éphémère ? État d’âme incongru, inattendu, incompris.

Je sombre dans cette peine. Elle m’a saisie corps et âme.

Le mois de décembre a été assez atypique. Je ressentais énormément de peine, j’étais devenue rancunière, envieuse, jalouse, et ça ne me ressemble pourtant pas du tout. C’était un mal-être qui présageait le dénouement à venir. Une résolution onusienne, qui ne mène nulle part.

Rien ne s’était bouleversé, rien n’avait chamboulé ma vie, et pourtant, quelque chose n’allait pas. J’avais envie de pleurer, de hurler, de m’en prendre aux autres, je m’énervais contre toi. Que se passait-il ? Je n’en avais absolument aucune idée. Moi qui clame être en phase avec mes émotions, consciencieuse… Niet, rien.

Odieuse avec ma propre famille, infecte, incapable de sourire, de rigoler, d’avoir une conversation normale sans me vexer, m’énerver. Constamment en position défensive, et prête à attaquer quiconque me touche et encore plus quiconque me heurte.

Mon corps, mon humeur me disaient quelque chose que je ne savais peut-être toujours pas. Les signaux de mon corps étaient bien là. C’est l’annonce de la fin.

La rupture

La définition de la rupture me semble assez vague, et on est toujours dans l’incapacité de l’élucider. Comment se définit-elle ? S’agit-il du moment où le pont commence à s’effriter ou l’instant où tout s’effondre d’un coup par terre et qu’il ne reste plus rien ? Est-ce un processus ou un résultat final ?

La rupture est conçue comme une destruction, l’anéantissement de quelque chose qui ne sera jadis plus là. Quand j’entends le mot rupture, j’entends quelque chose d’irrémédiable, irréparable (en tout cas, dans l’état originel des choses). Ce n’est pas le moment où un tableau a été abîmé et qu’une armée de réparateurs peut venir et porter secours à l’œuvre. D’ailleurs, on se rappellera ces bonnes dames qui ont lancé un peu de soupe sur la toile de Van Gogh, l’œuvre, elle est toujours là.

Pour moi, c’est cet instant où l’œuvre n’existe plus, elle a été arrachée en mille morceaux et la pièce manquante dont on a affreusement besoin a été perdue à jamais. Les équipes de restauration n’y peuvent plus rien, la situation devient irrémédiable. On peut chercher des solutions, chercher à être ingénieux, mais ce sont des efforts en vain.

Un exercice de dissertation peut facilement se faire sur la question lorsqu’elle ne nous atteint pas. En revanche, lorsqu’on est protagoniste d’une histoire de rupture, il ne s’agit pas seulement de comprendre ce que la rupture signifie, mais de vivre l’expérience de la rupture, la nier, la refuser, l’accepter et procéder avec tout ce qu’elle implique. C’est se poser comme sujet et non comme observateur, être protagoniste, et pas narrateur. J’étais désormais amenée à sortir de mon rôle de spectatrice. Le quatrième mur s’est brisé. J’étais rappelée à l’ordre, c’était bien mon histoire qui se produisait sous mes yeux. Je ne pouvais pas sortir du théâtre, la pièce était éponyme.

Avant que cela ne m’arrive, je ne me posais bien évidemment pas la question de façon quotidienne étant donné qu’elle m’était extérieure, mais je m’intéressais tout de même à en élucider le sens.

J’étais toujours curieuse de voir à quel point les distractions sont si nombreuses, que finalement ceux qui ne souhaitent pas affronter leurs sentiments, faire un effort d’introspection, faire un état des lieux, peuvent faire abstraction de la situation et simplement continuer à tracer leurs chemins sans ressentir une quelconque émotion, ou du moins un quelconque désagrément ou tracas.

Je me demandais si la rupture de nos jours est plus facile à digérer comparée à autrefois. Le monde a-t-il finalement basculé pour nous rendre la vie plus aisée ? Le fait est que rien n’a particulièrement changé, mis à part l’intensification des rapports et la connectivité que nous entretenons avec les autres. Changer de partenaire n’a jamais été plus facile que dans notre époque où tout est fait pour profiter pleinement de la vie, et entre autres, pouvoir mener un style de vie hédoniste. Les mœurs ont également évolué et le libertinage et libertinisme deviennent d’ores et déjà un fait socialement accepté, voire une action louable et clamée. Les Dom Juan, masculins et féminins, ont leur pleine place dans cette société, et ne sont plus à blâmer. Au contraire, quel bel exploit ! Avoir entretenu des rapports avec une vingtaine, trentaine de personnes en une année, c’est beau. On envie ces personnes. Aucune peur bien évidemment pour un petit sida qui traînerait par-ci par-là, une petite infection sexuellement transmissible. Non, ce qui importe, c’est le nombre de partenaires. Le passage fluide d’un partenaire à l’autre. Finalement, qu’est-ce qu’un compagnon d’une soirée ? Pas une personne, c’est une chose, un défouloir. L’homme, l’essence de l’homme, l’essence du relationnel sont perdus dans cette équation du libertinage de notre époque.

Es-tu en phase d’ennui, d’angoisse existentielle ? Veux-tu oublier ta peine (encore faudrait-il savoir qu’elle existe) et t’unir à un autre corps pour l’instant d’une soirée ? Les applications de rencontre sont là pour te porter secours. Elles se montrent sous l’angle de l’amour véritable et véridique. On sait tous qu’il n’en est rien. C’est le moyen parfait pour faire passer le temps d’une soirée. Autrement, toujours possible d’aller dans n’importe quel endroit proposant les bons cadeaux de Bacchus, et on peut remédier à nos tentations sexuelles. Le divertissement n’a jamais été aussi présent. La libido sentiendi est à la libre disposition de tous. Le divertissement pascalien. Aucun moment de repos pour soi, car finalement, rien n’est plus insupportable à l’homme que de rester seul face à ses propres pensées, sans aucune source de distraction. Intéressant de voir que c’est quand même ce genre de pratiques qui sont courantes aujourd’hui. Tout est fait pour promouvoir la « mental health » à l’anglo-saxonne, verbaliser les sentiments, voir des psychologues à tout va-et-vient. Pourtant, on reste quand même dans l’hédonisme et dans la distraction. Un manque cruel de recul sur soi. En lisant Houellebecq, on pense songer dans un monde morose. Il l’est, mais personne ne veut le dire à voix haute. On est seul dans ce monde, on essaye de s’entourer par tout moyen possible pour se sentir accompagné dans un monde d’égoïsme. De quoi déprimer, mais il faut le savoir, et vivre avec, et tout de même chercher du sens dans nos relations.

L’homme n’est qu’un roseau pensant, le plus faible de la nature, mais c’est un sujet pensant, nous dirait Pascal. L’est-il vraiment aujourd’hui, surtout s’il essaye d’échapper à sa rupture amoureuse par tout moyen concevable ? Non on est plus du côté de la brute, de l’animal, de l’instinct. Le manque de considération prime.

La rupture suppose un arrachement non négligeable. Une fois la rupture arrivée pour un objet, il cesse de fonctionner. Quand le pont est rompu, il perd son essence, son utilité. C’est ça la difficulté pour l’homme. Une fois que nous vivons, nous même une rupture, on a cette impression que nous ne pouvons plus continuer en étant qui nous sommes. Quelque chose manque, mais ce n’est pas aussi physique que pour un pont, tout est dans notre tête. Le mental prend sa place et les interrogations se multiplient :

« Comment est-il possible de discontinuer tout lien avec une personne d’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre, d’une minute à l’autre ? Comment l’être humain peut-il dénouer de cette relation qui lui est si centrale dans sa vie ? Construisons finalement pour tout déconstruire ? La rupture sert-elle comme moment de retour sur soi et pour réaliser que cette rupture n’en est pas une ? Le moment de se retrouver face à soi-même, se comprendre, analyser sa personnalité et continuer ? La rupture est-elle synonyme d’ennui ? Est-elle ce moment où on est affronté à cette réalité atroce, démoralisante qui est celle que nous vivons seuls au monde ? On n’est pas la moitié de quelqu’un… on est juste seuls dans ce monde. Le moment où on se rend compte qu’il faut simplement compter sur soi pour se relever ? »