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Sisyphe, professeur au lycée Albert Camus, vit une existence marquée par l’absurdité et la répétition, à l’image du personnage mythologique qu’il incarne. Il souffre d’insomnies et se sent constamment accablé par les contraintes de son quotidien. Malgré cela, il trouve du réconfort dans son humour et une voix intérieure qui le soutient. Son surnom, donné par ses élèves, symbolise sa lutte incessante et vaine. Un jour, il se lance dans une enquête pour résoudre une menace mystérieuse. Bien qu’il soit désenchanté, il garde l’espoir d’une fin, même incertaine.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Retraité de l’enseignement, Mohand Nait Abdelaziz a rédigé Quelque chose en nous de Sisyphe en fin de parcours professionnel. L’écriture, selon ses propres termes, constitue une manière de traduire les souffrances en mots. C’est ainsi qu’il a cherché à apaiser, tout au long de sa vie, les angoisses nées d’une guerre dévastatrice et de son enfance passée en orphelinat.
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Seitenzahl: 136
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Mohand Nait Abdelaziz
Quelque chose en nous de Sisyphe
Roman
© Lys Bleu Éditions – Mohand Nait Abdelaziz
ISBN : 979-10-422-7203-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
When it comes time to die,
let us not discover that
we have never lived.
Au moment de mourir,
ne découvrons pas que
nous n’avons jamais vécu.
HD Thoreau
Sisyphe est sujet aux insomnies. Aussi loin qu’il s’en souvienne, ses nuits ont toujours été de piètre qualité. Mais il les endure vaillamment. Il n’a jamais cédé, ni pour or ni pour argent, aux drogues qui génèrent un sommeil certain, mais peu réparateur. Il leur préfère de loin la lecture, la relaxation, les tisanes et une fois dans le noir, il se met à compter les moutons qui sautent l’un derrière l’autre par-dessus une haie jusqu’à ce qu’il tombe dans les bras de Morphée. Mais la nuit du dimanche à lundi reste exceptionnellement abominable. Il a beau compter les moutons, l’endormissement ne prend pas : une brebis galeuse se braque et refuse de se prêter au jeu, ainsi elle rompt fatalement la cadence berçante et lui pourrit la nuit. Ce qui explique sans doute son retard au lycée ce lundi matin.
Le lycée Albert Camus, à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, est un monstre en béton d’une interminable longueur. Il vient d’engloutir quelque mille élèves en un rien de temps. Plus personne devant les grilles sinon Sisyphe qui piaffe d’impatience, et pour cause. Il vient d’appuyer sur le bouton poussoir de l’interphone et attend. Une voix nasillarde d’un homme qu’il ne reconnaît pas lui demande de décliner son identité.
« Monsieur Khezer, dit-il.
— Et vous êtes ?
— Enseignant au lycée.
— Vous n’avez pas votre clé, Monsieur Kaiser ?
— Non, je l’ai oubliée chez moi.
— Excusez-moi, je suis nouveau et je ne vous connais pas. Veuillez patienter un instant, je vais demander à la CPE. »
Une poignée de secondes après, l’interphone nasillard lui apprend que la conseillère principale d’éducation n’est pas à son bureau et qu’il va falloir attendre son retour.
Il sait que les mesures de sécurité en France sont drastiques depuis l’instauration de l’état d’urgence. Il n’ignore pas que le pays demeure le plus menacé d’Europe par le terrorisme islamiste. Mais décidément, ce nouvel agent d’accueil dépasse la mesure dans l’exécution de sa mission.
Il tombe de la bruine, une poussière de pluie froide et pénétrante. Excédé, il lâche son énorme sac et s’agrippe aux barreaux, ne sachant que faire. Il est enfermé dehors. Il se sent poussé vers la sortie avant l’heure.
Seul Camus assiste à son désarroi. Il le regarde fixement du haut de la façade sans dire un mot. Mais la citation écrite sous l’effigie de l’auteur de l’étranger l’interpelle comme s’il la découvrait pour la première fois :
« En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout. »
Il fait une grimace.
« Le chemin importe peu ? Tu me suggères d’escalader la grille par exemple ? » lui dit-il intérieurement.
De son vrai nom Simon Khezer, Sisyphe est fils de pied noir originaire de Constantine, une ville de l’Est algérien, chère à Enrico Macias. Il est entré en France en 1962 avec la vague des rapatriés. Il avait six ans. Il doit son surnom à ce personnage de la mythologie grecque, condamné par les dieux pour désobéissance, à pousser continuellement un rocher sur une colline, lequel dégringole avant même qu’il n’atteigne le sommet. Il comprend alors que sa punition réside dans la répétition d’un geste inutile et sans espoir. Alors il se révolte et décide de déjouer les manœuvres de son existence absurde et de faire de son rocher sa source de bonheur.
On a tous quelque chose en nous de Sisyphe, répète souvent le professeur à ses élèves pour parler de son métier et de son énorme cartable qu’il ne quitte jamais. On a fini par lui coller ce surnom qui ne le dérange pas au demeurant.
Heureusement qu’il y a cette petite voix intérieure qui lui tient compagnie et qui le console dans ces moments de grande solitude.
« Cool Sisyphe ! Tu n’es qu’à trois mois de la fin, et tous ces tracas seront bientôt derrière toi. Tu déposeras enfin ce fardeau qui te fait plier les épaules. »
Il regarde Camus de nouveau.
« Après tout, c’est toi le maître des lieux, Albert, je te prends au mot », lui dit-il à mi-voix.
Il saisit son fardeau et le hisse par-dessus la grille qu’il escalade à son tour avec l’agilité d’un écureuil sous le regard médusé et désabusé de l’agent. Ce dernier sort de sa loge et vient s’immobiliser sur le parvis, la bouche grande ouverte. De mémoire de gardien, jamais il n’a assisté à une telle impudence. Le professeur de langue ramasse son cartable et grimpe, deux par deux, les dix marches qui le séparent de la nouvelle recrue. Il arrive à sa hauteur et lui dit en versifiant :
« Cela vous paraît incongru,
Mais c’est la faute à Camus. »
À pas de géant, il longe le couloir en direction de l’escalier central. Son corps allongé décrit une inclinaison piteusement prononcée du côté de son sac pesant une dizaine de kilos. Il croise la CPE avec qui il échange quelques salamalecs. L’agent sort de sa torpeur et regagne sa loge.
Tête baissée, il entame l’ascension des trois étages du bâtiment. Il essaie d’oublier son énorme cartable en se concentrant sur ses pieds qu’il pose dans le creux des marches, une usure à laquelle il a contribué plus que n’importe qui dans l’établissement. Quarante ans, qui dit mieux ? Mais il commence à trouver que le bâtiment est de plus en plus haut. La petite voix juge opportun d’intervenir.
— Ne baisse pas les bras en si bon chemin, Sisyphe. C’est bientôt fini.
— Mais cette fatigue n’est pas normale, elle est symptomatique, se plaint-il.
— Tu n’as plus vingt ans, Sisyphe. Il ne faut pas l’oublier, essaie-t-elle de le consoler.
Enfin, il arrive au troisième palier, essoufflé tout de même. Il aperçoit Carole, une collègue connue pour ses burn-out à répétitions, devant la salle où il fait classe. Il la remercie d’avoir surveillé ses élèves en attendant qu’il arrive.
« Ils sont comment ce matin ? s’enquiert-il.
— Somnolents. Des zombies. Ils récupèrent du week-end, fait-elle en lui faisant la bise. »
Carole René est une jeune professeure d’histoire-géographie. La connaissant fragile émotionnellement, les élèves s’acharnent sur elle dans le but d’en tirer un plaisir rapace. Sisyphe la protège du mieux qu’il peut. Il finit par en pincer pour elle. Ce qui l’attire chez elle, c’est paradoxalement ce qu’elle a de moins attrayant. C’est cette gaucherie dans sa façon de se coiffer, de s’habiller et de se parer. C’est son regard craintif, triste et plein de chagrins. Pourtant il sait que derrière cette apparence peu engageante se dissimule un être plein de grâce. Mais il ne le lui dira pas. À quoi bon ? Il pense qu’il est trop vieux pour elle et qu’à vouloir chercher l’amour, il risque de perdre une amie. De son côté, Carole n’est point indifférente à la bienveillance et à la compassion de son garde du corps. Ce qui, au départ, se révèle être de la reconnaissance et de la gratitude est vite devenu un sentiment amoureux. Mais elle non plus, elle n’en parlera pas. À quoi bon ? Elle est persuadée qu’il la considère comme sa propre fille. Cela n’empêchera pas leurs deux cœurs de battre secrètement l’un pour l’autre.
***
La classe ressemble à une salle de soins intensifs où les patients sont perfusés. Ils sont une douzaine, tous assis du côté des murs à proximité des prises où sont branchés leurs téléphones portables qui diffusent le sérum qui les maintient en vie.
Sans mot dire, il se met derrière l’ordinateur pour relever les absents. Un seul : Toufik, qui apparaît avant même qu’il clique sur son nom. Celui-ci présente son carnet avec un mot l’autorisant à reprendre les cours après une semaine d’exclusion. La cause ? Il avait traité la professeure d’histoire de salope. Pourquoi ? Elle l’avait mis dehors parce qu’elle pensait qu’il s’était moqué d’elle en répondant à la question « qui a cassé le vase de Soissons ? » par « pas la peine de me regarder, c’est pas moi ». Une semaine, il a trouvé cela injuste.
« En définitive, Toufik, lui dit Sisyphe, le vase, c’est toi ou c’est pas toi ?
— Arrêtez, Monsieur Khezer, n’en rajoutez pas, c’est pas drôle. Mon père y a cru, il voulait même rembourser.
— Assois-toi, je plaisante, lui dit-il, amusé par la tournure comique qu’a prise l’événement. »
Sisyphe passe dans les rangs et demande gentiment que l’on range les téléphones. Muni d’un bâton de craie, il écrit le titre de la leçon du jour au tableau : le prétérit.
« Ah non ! s’exclame une élève du fond de la classe. On nous sert le prétérit chaque année, ça commence à nous gaver.
— C’est dans le menu, se défend le professeur.
— Moi, je n’ai jamais rien compris de toute façon, dit un autre, c’est pas les verbes avec ing ?
— Mais non, espèce d’abruti, intervient un troisième, ce sont les verbes avec ed.
— N’importe quoi ! s’indigne un autre, c’est quand le verbe prend un “s” à la fin. »
La petite voix chuchote à l’oreille de Sisyphe :
« Pourquoi boudes-tu ton métier, il est génial ! Écoute ces inepties et savoure, délecte-toi. C’est du pain béni, du pur bonheur, un couscous royal comme tu n’en as jamais mangé, même chez ta mère dont tu vantes les prouesses culinaires. »
Sisyphe, imperturbable, esquisse un sourire. Un sourire qui lui est propre. Énigmatique. Lescommissures de ses lèvres traduisent la joie et la tristesse, la malice et la candeur, l’ironie et la révérence, tout cela à la fois. Les peintres devraient se bousculer pour l’immortaliser. Il rivalise avec celui de la Joconde. À la fin de l’heure, il réussit, bon an mal an, à injecter du prétérit dans les perfusions de ses élèves.
À la pause de dix heures, il s’enferme dans sa salle. Cette autarcie de quinze minutes le ragaillardit pour le cours à venir. Il lui arrive même de faire un petit somme sur les tables avec son sac en guise d’oreiller. Il s’endort sur le dos, les bras et les jambes croisés avec ce sourire qui nargue Mona Lisa. Mais aujourd’hui, il décide d’inspecter les tables. Muni d’un chiffon et d’un spray nettoyant, il s’attaque aux graffitis indésirables laissés par les élèves : Marie grosse vache.Marie sue Marie pue. Marie meilleur préservatif contre le sida. Il asperge la cruauté de ses élèves et frotte à n’en laisser aucune trace. Il ne peut s’empêcher de lorgner, impuissant, le coin de table où est écrit À mort, les juifs, vive la Palestine. C’est là depuis longtemps, mais il n’y peut rien. C’est gravé à l’aide d’une pointe de compas probablement. L’Arabe qui est en lui est en colère contre le Juif qu’il est. Il se voit au centre d’une intifada où il est à la fois la cible et le jeteur de pierres.
À 10 heures 15, la flûte de pan roumaine de Gheorghe Zamfir se met à jouer la bande originale du grand blond à la chaussure noire pour la reprise des cours. La musique est choisie unanimement pour servir de sonnerie. Fini le dring dring traditionnel et rébarbatif, aujourd’hui les élèves ont besoin de sérénades pour les motiver à aller en cours.
Sisyphe, angoissé, ouvre la porte pour laisser entrer les premiers prédateurs et prédatrices qui attendaient derrière la porte, avides de proies faciles. Pourtant, il ne craignait pas autant les élèves à ses débuts.
« Ne te remets pas en question,Sisyphe, le rassure la petite voix, les élèves ne sont plus ce qu’ils étaient. Ceux-là ont des cornes, des serres, des crocs et des dards. »
Parmi eux, il y a une proie tout de même : Marie, leur tête de Turc, qui rejoint tranquillement la première table contre le mur, sa place habituelle. À y regarder de près, la jeune fille est pourtant loin d’être laide. Son visage ovale aux pommettes saillantes, la douceur de ses traits, sa chevelure blonde et son regard bleu évoquent un idéal de beauté, mais un idéal trop vite contrarié par des rondeurs disgracieuses.
« Ne vous avisez pas d’écrire sur les tables, la femme de ménage vient tout juste de passer pour nettoyer les âneries que vous y laissez », lance le professeur depuis son bureau sur un ton plutôt plaintif qu’autoritaire.
Marie se retourne et inspecte du regard les tables, plus propres que jamais. Incommodée par les regards de ses camarades braqués sur elle, elle s’assoit et tourne le dos à la classe.
Une meute d’élèves arrive en courant et en braillant dans le couloir provoquant un nuage d’agacement dans le bâtiment. Ils s’engouffrent dans la salle en se poussant, et en guise d’excuse, ils égrènent un bonjour, un hellosir et un salam alikoum. Ce sont les mâles dominants de la classe.
Sisyphe accomplit le geste rituel, celui d’écrire la date au tableau, et juste en dessous, le prétérit, une fois de plus.
« J’ajouterais bien un “e” pour en faire une maladie aiguë », se dit-il. Et avant même que quelqu’un manifeste une allergie, il prend les devants.
« Je sais que vous avez déjà vu ça, mais c’est un rappel nécessaire pour rédiger votre rapport de stage qui vient d’avoir lieu, ensuite on fera un exercice sous forme de jeu.
— Si vous nous prenez par les sentiments, dit l’un.
— Ça s’appelle une carotte, fait un autre.
— Plutôt de la vaseline, enchérit un troisième.
— Moi, je veux un pain au chocolat à la place du jeu, poursuit un quatrième.
— Pourquoi pas un pain tout court, dans la tronche ? rétorque un autre. »
Cette gymnastique de l’esprit qui a duré toute l’heure a été un très bon assaisonnement pour un plat réchauffé, si bien que les élèves l’ont ingérée sans rechigner. D’ailleurs, Zamfir les a surpris en plein travail alors que d’habitude ils l’attendent debout au niveau de la porte.
Tout le monde est dehors sauf Marie qui avance timidement vers le bureau.
« Monsieur, j’ai quelque chose pour vous, lui dit-elle en allant chercher au fond de son sac une feuille de papier pliée en quatre. C’est Léon et Corinne qui me l’ont confiée la semaine dernière pour vous la remettre. »
Sisyphe, curieux, déplie la feuille et lit :
« Sale juif ! Tu es un homme mort. »
— C’est qui Léon et Corinne ? demande-t-il en sourcillant.
— Deux élèves que vous avez eus l’année dernière, mais c’est pas eux, ils ont trouvé ça sur votre pare-brise, se dépêche-t-elle de préciser afin de dissiper toute confusion.
— Ils connaissent l’auteur de cette menace ?
— Je ne pense pas, il vaut mieux en parler avec eux, suggère-t-elle.
— Tu peux leur dire de venir me voir ?
— Demain, aujourd’hui ils sont tous les deux absents.
— D’accord, conclut Sisyphe. Merci beaucoup.
Marie se harnache de son sac à dos, et timidement elle dit avant de s’en aller :
— Monsieur, la femme de ménage, c’était vous, n’est-ce pas ?
Le professeur la regarde longuement et sourit.
« Je l’avoue. »
Elle s’apprête à réagir à cet aveu, mais se ravise. Elle se contente de dire merci et au revoir puis elle s’en va, écrasée par le poids de son fardeau. Elle voulait certainement parler des moqueries que ses camarades lui infligent au quotidien à cause de son corps disgracieux, mais elle n’ose pas crever l’abcès. Alors elle s’en va tel un soldat désarmé qui va affronter l’ennemi qui, lui, est armé jusqu’aux dents. Désormais, le lycée est devenu un véritable champ de bataille où l’on se bat pour un seul drapeau, celui du sex-appeal. Marie, n’ayant pas de cartouches, se cache. Elle se déplace en rasant les murs pour échapper aux tirs mortifères de ses camarades.
Les heures de cette première journée se suivent et se ressemblent. La sonnerie de la fin des cours vient libérer Sisyphe du purgatoire. Merci Zamfir. À mesure qu’il range ses affaires, son cartable grossit et s’alourdit. Heureusement que le retour sera moins pénible.
Arrivé chez lui, il dépose son sac dans son bureau après l’avoir ouvert. On dirait que la journée n’est pas terminée. En effet, il va devoir préparer les cours du lendemain et corriger des copies.
***
Mardi à 6 heures 30, la Gibson de George Harrison dans Here Comes the Sun,