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Valentine a quarante ans lorsqu’elle s’effondre en scrutant cinq objets de décoration dans son salon, comme frappée par une vérité insaisissable. Elle sombre dans un sommeil profond et mystérieux. À son réveil, un simple flocon de poussière, flottant dans un rayon de lumière, ravive un souvenir qu’elle a effacé : l’inceste qu’elle a enduré au cours de la période s’étendant de ses six à ses onze ans, et les cicatrices invisibles, mais éternelles, gravées dans son corps et son âme. Animée par une force nouvelle, portée par l’amour, elle ose tendre la main à l’enfant qu’elle était, l’arrachant aux ténèbres pour se réconcilier avec la vie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Valérie Tessier, comédienne dans ses moments libres, entretient depuis toujours une relation intime et passionnée avec les mots. Elle les explore, les façonne, les anime avec une sensibilité rare. À travers ce récit, elle s’attache à répondre à une impérieuse nécessité : rompre la loi du silence qui entoure l’inceste, ce mutisme oppressant qui réduit l’enfant à l’invisibilité, l’empêchant d’être reconnu, entendu et cru. Portée par une plume vibrante et illuminée, elle souligne que la parole est une force souveraine : elle libère, éclaire, rassemble et devient une source de vie et d’espoir.
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Seitenzahl: 51
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Valérie Tessier
Rendez-vous avec la vie
Roman
© Lys Bleu Éditions – Valérie Tessier
ISBN : 979-10-422-6135-1
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À Rémi, Alice, Florence, Pierre et François,
mes enfants soleils de ma vie
À Arnaud mon frère à qui je dis merci
et demande pardon
À Joëlle mon amie, ma sœur de cœur
À Michèle ma fidèle
et accompagnante voisine
Rendez-vous avec la vie
Valentine est seule dans son salon. Un profond silence s’invite, il est dix heures ce matin-là. Elle regarde ce qui l’entoure comme si elle le découvrait. Cela fait dix-huit ans qu’elle habite cette maison. C’est elle qui l’a décorée, entretenue, bichonnée, rassurée et aimée. Partout où elle va dans le monde, elle pense à elle et lui ramène un souvenir. Elle passe tout en revue. Vision panoramique.
Valentine a dix-sept ans. Bertrand, dix-neuf.
La photo est en couleur, mais légèrement délavée, sans doute fatiguée par trop de lumière, par les années passées posée sur le rebord de la fenêtre. C’est dans un parc en Angleterre, à Oxford, lors d’un voyage étudiant. Elle est assise dans l’herbe, les jambes allongées, les mains derrière le dos et la tête relâchée en arrière arborant un large sourire à s’en décrocher la mâchoire, rien ne semble l’arrêter.
Son chemisier entrouvert laisse deviner une poitrine gourmande présageant sa destinée maternelle. Lui, assis en tailleur, la chevelure ébouriffée et la tête penchée en avant, a l’air concentré en peignant une aquarelle sur un carnet destiné à cet effet.
C’est Arthur, son frère cadet, plus jeune de dix-huit mois, qui a pris la photo et immortalisé la scène. Sa présence en ce moment l’inscrit comme le premier témoin de cette union naissante. L’image dégage la forte sensation qu’ils sont seuls au monde, tous deux tendus dans une insolente certitude, vers l’accomplissement d’un amour absolu.
Cette photo symbolise leur couple : elle rêvant sa vie. Lui réalisant son rêve.
Valentine va avoir trente ans. Alors qu’elle réalise son désir de fonder une famille, elle plonge régulièrement dans un bain solitaire de mélancolie. Elle ne peut faire autrement. Les trois enfants allant tous à l’école, elle se décide à travailler. Dans un premier temps, elle vend des bijoux de créateurs dans une boutique atypique de Lille où ils habitent, puis elle réalise les étalages. Cela lui plaît, elle exprime sa créativité et découvre une nouvelle part d’elle-même. Elle associe, coordonne, met en valeur objets et bijoux dans les vitrines extérieures et intérieures. Elle s’invente comme metteur en scène. Elle donne du sens à ses compositions, ce qui, effectivement, déclenche chez le chaland l’envie de pousser la porte, de découvrir l’objet convoité et de l’acheter. Des mois s’écoulent, rythmés par l’enchaînement de ses diverses activités familiales et professionnelles. En apparence, sa vie est réussie, harmonieuse avec les personnes qu’elle aime. Sur la photo, l’image est vraiment très belle. Et pourtant cet imprévisible vague à l’âme peut la surprendre à chaque coin de rue.
Valentine ne regarde pas vraiment la vitrine, ils lui sautent aux yeux immédiatement. Elle entre dans la boutique de cette rue bien connue pour être celle desbijoutiers à Bruxelles. Elle les essaye, deux bracelets joncs en or. Elle sait que ce n’est pas possible, demande le prix et les achète. La carte bleue passe… Elle n’aurait pas dû… Mais bon, c’est fait. Elle sort de la boutique prise entre deux ressentis : celui d’exister et celui de la culpabilité. Elle rejoint à temps son mari Bertrand, qu’elle accompagne pour deux jours à un congrès, devant le Musée où ils ont rendez-vous pour voir une exposition. Elle déambule, les yeux vides, le corps vide, la tête vide. Soudain, elle aperçoit les deux bracelets à ses poignets et les glisse sous sa manche. Il ne doit pas les voir. Pas tout de suite. Plus tard, elle lui dira que cela fait longtemps qu’elle les a. Pourquoi vit-elle cela ? Rien ne lui vient.
Ils ont dîné, les enfants dorment depuis longtemps. Elle va dans la chambre pendant qu’il termine de travailler dans le salon. Un cri. Son corps se crispe à se durcir de la tête aux pieds et à l’intérieur d’elle, c’est l’affolement, ça court dans tous les sens, en haut, en bas, ça tourne, ça coule, ça fait des bulles, il fait chaud puis froid. Quoi ? Qu’est-ce que c’est que ces dix mille francs ? Il l’appelle, lui demande des explications. C’est Valentine qui tient les comptes d’habitude, mais ce soir c’est vérification. Elle avoue. Elle n’a rien à dire. Elle ne sait pas pourquoi elle a acheté ces bracelets. D’accord, elle est folle. Peut-être après tout, sinon comment expliquer cet achat ? Elle accuse la colère de Bertrand, ses réprobations, son jugement et, pour finir, la punition. Il lui conseille de retourner à la boutique où elle se les est procurés pour demander s’il est possible d’annuler la vente. Impossible,Madame. Pouvez-vous les racheter alors ? Non, Madame, personne ne vous a obligé