Répression des fraudes - Claude-Olivier Bonnet - E-Book

Répression des fraudes E-Book

Claude-Olivier Bonnet

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Beschreibung

Répression des fraudes vous invite à découvrir le monde de l’immobilier à travers un récit captivant. Suivez le parcours de cinq amis aux destins contrastés, unis par une ambition commune : créer une entreprise immobilière de luxe malgré les obstacles et les tentations frauduleuses. Leur succès fulgurant les entraîne dans un tourbillon d’événements où se mêlent affaires louches, crises financières et enquêtes policières. Une histoire palpitante qui explore les limites de l’ambition et les dangers du pouvoir dans le monde impitoyable de l’immobilier.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fort d’une longue carrière dans l’immobilier, Claude-Olivier Bonnet a puisé son inspiration dans ses propres expériences et les cas qu’il a traités pour écrire cet ouvrage, mêlant autant de situations réelles que romancées.


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Claude-Olivier Bonnet

Répression des fraudes

Roman

© Lys Bleu Éditions – Claude-Olivier Bonnet

ISBN : 979-10-422-2832-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122 - 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122 - 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335 - 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Toute ressemblance avec des faits réels serait une pure volonté, mais l’histoire est romancée.

Fin des années 80

La famille Gourmalon vit à Salammbô Carthage en Tunisie, où ils sont expatriés depuis 2 ans. Charles de Gourmalon, ingénieur pour le BIT (Bureau International du Travail), y développe l’université des futurs ingénieurs tunisiens. Lui-même diplômé des arts et métiers, est spécialisé dans la thermodynamique, après être passé par le Liban, l’Algérie, l’Allemagne de l’Est, il poursuit sa carrière comme doyen de l’université de Tunis. Anne-Marie son épouse, mère au foyer, participe à de nombreuses actions de bénévolat au sein de la communauté chrétienne des expatriés de Tunis, tout en se concentrant sur l’éducation de leur fils Hubert, qui comme tout jeune garçon préfère jouer au foot, aux petits soldats dans sa chambre, plutôt que de faire ses devoirs.

Hubert de Gourmalon est scolarisé à l’école française de Tunis où il profite de sa dernière année avant le collège, cette année c’est lui le grand dans la cour de récréation, il se comporte en meneur, un petit chef qui fédère autour de lui. Son temps est rythmé entre les grandes parties de football, les jeux de billes ou d’osselets. Il collectionne également de figurines de joueurs de football de la première division française. Dans son album Panini, avec ses copains ils s’échangent les vignettes manquantes, négocient les plus rares pour tenter d’être le premier à avoir fini son album. Au sein de cette famille croyante, voire un peu austère, sa vivacité, son hyper activité bouscule un peu la volonté de discrétion de ses parents. Hubert aime négocier, là où sa mère a beaucoup de difficultés dans un pays où tout est sujet à transaction. Chez les Gourmalon, soit on achète au prix, soit on passe son chemin, car parler d’argent est un peu vulgaire, discuter les prix est insupportable !

Depuis qu’il va à l’école à pied, Hubert a pris l’habitude de discuter avec les commerçants locaux entre la Marsa et du marché de la Goulette. Sur la route de l’école, il passe chaque jour chez le coiffeur, qui a écrit sur sa porte « demain je rase gratis », il aime pousser la porte pour entendre la clochette, puis demander avec sa voix haut perchée :

« Tu me fais une coupe de cheveux gratis ? »

Comme un rituel, ce dernier lui répond :

« Regarde petit ce qui est marqué sur la porte, repasse demain… »

Un sourire réciproque entre ce vieil homme et ce jeune français, est un symbole de connivence qui les amuse, avant de le laisser s’en aller, il lui montre le grand bol de bonbons rempli de crocodiles de toutes les couleurs. Hubert adore les jaunes.

Un peu plus loin sur son chemin, il a pris l’habitude de passer chez Hamed le poissonnier, car Hubert n’aime pas trop la viande locale un peu trop fraîche, mais surtout vendue dans des conditions peu ragoutantes. En effet, sur le marché, on voit des têtes de mouton, du sang par terre et quelques boyaux, sans parler des mouches. De là lui est venu un léger dégoût pour la viande, lui préférant le poisson et surtout les fruits de mer, il a d’ailleurs négocié avec Hamed en lui proposant de passer chaque jour lui acheter des gambas à condition qu’il lui fasse 50 % sur le prix au kilo. Depuis cet accord, Hubert tient ses engagements quotidiens.

Parfois sur le chemin du retour, son père le croise et le récupère au passage, pour l’emmener dans sa grande voiture américaine une Ford 20 m TS, qui fait la fierté de ce gamin, fan des voitures Majorettes qu’il collectionne. Ses favorites étant une Rolls Silver Shadow, couleur or, ainsi que la DB7 de James Bond dotée de nombreux gadgets.

Les Gourmalon vivent au rez-de-chaussée d’une belle villa de Salammbô qu’ils partagent avec Samia la propriétaire. Tous les jours, elle invite Anne-Marie et Hubert à passer partager le goûter autour d’un thé à la menthe. Elle prépare quotidiennement des friandises parfumées à la fleur d’oranger, suintant de miel, qu’elle incite à consommer sans limites, trouvant qu’Anne-Marie comme son fils sont trop maigres. Pour elle, une belle femme se doit d’être ronde avec de jolies formes, cela évite les liftings et procure un teint lumineux.

Le soir, leur villa se situant à deux pas de la plage, la famille Gourmalon profite des fins de journées ensoleillées pour piqueniquer sur le bord de mer ou pour aller sur le port de Sidi Bou Saïd dont le charme, l’ambiance et la vue leur plaisent particulièrement. Le côté suranné de cette ville, avec ses cafés aux terrasses gigantesques, où les hommes jouent aux cartes toute la journée, où seules les femmes occidentales viennent accompagnées de leurs maris, les ramène à un temps qu’ils n’ont pas connu, mais que leur semblait doux quand chacun vivait en harmonie. De temps en temps, après la messe du vendredi soir, ils partent pour le week-end visiter le pays, entre Bizerte, Nabeul, Hammamet, Sousse et parfois le désert de Kairouan, l’ambiance et la culture tunisienne les séduisent. Le mois dernier, ils sont allés à Tataouine sur le site du tournage de Star Wars, pour faire plaisir à Hubert qui est un fan inconditionnel des héros qu’il collectionne, R2 D2, Obi-Wan, Chewbacca, princesse Leia, Luke Skywalker…

C’est au cours de ce déplacement qu’un événement va bousculer la vie paisible d’Hubert. En effet, en se promenant dans un souk de Tataouine, Anne Marie s’arrête devant un tapis et demande au marchand quel en est son prix. Ce dernier lui propose 800 dinars. Un peu étonnée par l’écart de prix entre le même à Tunis et celui-ci, elle décline l’offre et poursuit son chemin. Comme tout bon marchand, ce dernier la rappelle, il lui propose de prendre le temps, de goûter le meilleur thé à la menthe du désert et qu’il va lui faire un prix démocratique ! Chouffe ma gazelle, lui dit-il. Anne-Marie a peu l’habitude qu’on lui parle ainsi, mais ne semble pas offusquée, elle lui répond qu’il est à moins de 500 dinars à Tunis, que cela n’est pas grave, mais que ça ne l’intéresse pas de poursuivre les débats.

« Attends attends… répond le marchand. Prends le temps de vivre, je t’offre un thé à la menthe. »

« Sincèrement, je ne vais pas vous faire perdre votre temps, mais à ce prix cela ne me convient pas ! »

« Le temps c’est ce qu’il y a de moins cher ici dans le désert, je te l’offre ! Chouffe c’est fait main, par ma grand-mère et c’est une artiste. Le président lui en achète de ses tapis, elle a des doigts de fée… Pour toi je te fais 750 dinars. »

« Non merci, je vous dis que les mêmes, certes qui ne sont pas fait par votre grand-mère, sont à moins de 500 dinars, donc je ne vais pas me lancer dans cet achat déraisonnable ! »

« Bon tu es dure en affaire, je te propose 700 et une poupée chameau pour le petit. »

Pour une fois Anne-Marie s’arrête et écoute la nouvelle proposition que veut lui faire le commerçant, Hubert est étonné de voir sa maman revenir sur sa décision pour commencer à palabrer et négocier avec son interlocuteur. Il écoute avec attention les échanges, il s’en amuse tout en regardant sa maman faire et jouer le jeu. Au terme de quelques tractations, Anne-Marie et le marchand s’entendent sur un prix autour de 500 dinars. C’est à ce moment-là que Hubert va comprendre l’amour des adultes pour la négociation et la transaction. En effet, une petite Anglaise qui entend le débat et sa conclusion se rapproche du marchand en lui disant :

« À ce prix-là, je vous en prends un moi aussi. »

À la surprise générale, le marchand prend un air sévère et lui rétorque avec humour :

« Ah non non non, je ne te le vends pas à ce prix, tu recommences du début… »

2003

Début de carrière

Hubert sort de Audencia son école de commerce de Nantes, pour intégrer une compagnie d’assurance qui l’a recruté comme inspecteur. Après 6 mois de formation, il est muté à Strasbourg pour prendre en charge la région Alsace et animer les agences du groupe. Ce sont de belles années qui lui permettront de gagner sa vie et de jouer au rugby, l’une de ses grandes passions. Chaque jour il sillonne les villages alsaciens, profite des bonnes tables et des soirées autour d’une bière au « 12 apôtres » avec ses copains du rugby, l’objectif de ces afterworks étant le plus souvent de rencontrer les étudiantes qui s’émoustillent dans les ruelles de la vieille ville que de refaire le monde. Ses amis et lui étant plutôt beaux gosses, sportifs et cultivés, les discussions n’ont aucun mal à s’engager, faisant que trouver des partenaires de soirée devient presque banal.

La vie s’écoule tranquillement, quant au bout de 2 ans, sa compagnie lui propose une promotion en le rappelant au siège à Paris. Hubert est très demandeur, car depuis quelques semaines, il entretient une relation sérieuse avec Sybille, une amie d’enfance avec qui il faisait du 4.20 sur le bord des plages de Pornic. Ils se sont connus au club Mickey sur la plage de la Noëveillard puis ont un peu flirté à l’adolescence, en boîte ou dans les rallyes parisiens qu’ils fréquentaient, avant de se perdre de vue pendant les années universitaires, elle passée par Science Po Paris et lui à Nantes.

C’est au cours de l’été dernier qu’ils se sont retrouvés sur la plage de Pornic autour d’un verre avec des copains. Tous les deux célibataires, ils se sont cherchés au cours des barbecues et des soirées quotidiennes, que ce soit aux grandes vallées, sur l’avenue de la corniche dans les plus belles villas de la côte, tout était prétexte à se retrouver. Ne se quittant plus, naviguant ensemble avant de se retrouver à la Bonbonnerie de Josy et Christian, sur la plage pour l’apéro du soir, allant au marché du dimanche avant de se rendre à la messe, se collant dès que possible, coudes contre coudes, épaule frôlant celle de l’autre, le tout entremêlé de regards complices, c’est naturellement qu’un soir Sybille prit les devants et l’embrassa. Ils passèrent la nuit sous le grand Saule pleureur de la maison d’Hubert à parler, à se rappeler de meilleurs souvenirs d’enfance, à évoquer la qualité de leur jeunesse et à se remémorer une société plus douce, plus optimiste, plus rêveuse et plus charmante. Un premier fou rire fut pour une anecdote au cours d’un Rallye, où Hubert et ses meilleurs amis Jacques, Vincent, Paul et Jean-Louis avaient emprunté l’appareil photo d’une jeune fille un peu nunuche pour faire des photos de leurs fesses dans les toilettes. La mère de la jeune fille ayant fait développer la pellicule fut choquée et fit un scandale auprès des organisatrices de la soirée. Ce qui était encore plus drôle, c’est que l’anonymat fessier n’a pas tenu longtemps, puisque l’on reconnaissait un bout de chemise que seul Vincent portait ce soir-là. Donc par ricochet les coupables furent vite repérés !

Ce fut une révélation pour ce fêtard, multipliant les conquêtes. Une évidence Sybille est la femme de sa vie et plus rien ne compte, que de passer son temps avec elle.

À présent qu’ils se retrouvent à Paris, Sybille et Hubert vont pouvoir vivre leur vie de couple et envisager l’avenir. Ce qu’ils feront quelques mois plus tard…

Après quelque temps dans ses nouvelles fonctions, Hubert se lasse des assurances, qu’il trouve un peu austère, où il ne pourra pas faire vraiment beaucoup d’argent, même si sa voie semble toute tracée et sécurisée comme lui disent ses parents. À 27 ans, Hubert ne souhaite pas se mettre au chaud, il veut gagner de l’argent comme ses copains traders qui annoncent des chiffres autour d’un million de salaire annuel à New York, ou comme Paul qui s’est lancé dans l’immobilier de luxe et qui montre un train de vie hors norme à leur âge.

Hubert souhaite changer de direction, surtout qu’il a entendu parler de réseaux de nouvelle génération, où tu peux devenir professionnel de l’immobilier, tout en étant indépendant, en travaillant de chez toi, en gagnant de l’argent sur ceux qui tu as recruté et où tu peux te faire un max de blé comme lui a dit son ami Pierre qui vient d’en intégrer un. Pierre un pote du rugby est aussi son recruteur, car son réseau travaille en MLM (Multi level marketing) une forme un peu pyramidale du recrutement, tout en restant légal par rapport au droit français. Tous les agents sont amenés à faire des transactions immobilières, mais aussi à devoir recruter régulièrement pour se constituer une lignée de filleuls, suffisamment lucrative. Chacun touche sur les ventes du groupe qu’il anime, le « pharaon » qui a réalisé cette pyramide gagnant sur tous les membres de la chaîne, selon son propre chiffre d’affaires, mais également en cascade sur les ventes réalisées dans cette même lignée. La méthode de recrutement se fonde sur le modèle américain, afin d’attirer et de faire miroiter des montants importants de commissionnement. Dans les réseaux les plus agressifs, on annonce des rémunérations pouvant varier entre 150 000 et 300 000 d’euros à l’année. À l’évidence, Hubert qui aime la transaction et l’immobilier souhaite intégrer le meilleur réseau, enfin de booster sa carrière et d’agrémenter son train de vie.

Les assurances payent, mais pas suffisamment, il veut se donner une chance avant 30 ans d’avoir acquis son appartement, pouvoir voyager, s’offrir les meilleures tables, avoir une belle voiture et offrir une vie de couple séduisante à Sybille.

Après discussion entre eux, Sybille ayant un beau poste chez Deloitte, un cabinet comptable, d’audits et de conseils, elle l’encourage à se lancer pour ne pas regretter. Il pose alors sa démission, après avoir signé son contrat d’agent commercial dans l’immobilier. Un statut qui a le vent en poupe, car il procure une forme d’indépendance tout en fournissant des outils nécessaires pour débuter dans la transaction immobilière. Il intègre le réseau « Les gentlemen de l’immobilier » dont on parle beaucoup, car il vient de lever 10 millions chez Gordon invest.

Sa première réunion le laisse un peu perplexe, il se retrouve au milieu d’une quarantaine d’agents aux profils très hétéroclites, tous venus tenter l’aventure de l’entrepreneuriat. Comme il l’évoque le soir même avec Sybille.

HUBERT : Cela va de mimile je fais de l’immobilier, à Rébecca, ancienne coiffeuse, hyper tatouée et vulgaire. On a l’impression qu’ils surjouent les businessmen, costard Zara, cravate à deux balles et chaussures à bout carré, sans parler de la démarche en canard…

SYBILLErépond en riant: C’est un peu toi mon chéri !

À part avec Pierre, il s’est senti en fort décalage avec les recrutés, un peu comme pour la récupération de points de permis, où l’on côtoie de grands bandits de la route, aux exploits qui nous font passer les autres pour des enfants de chœur.

Le niveau intellectuel l’a un peu déçu, il reste convaincu que ce métier mérite de hausser le niveau, de montrer une image plus qualitative et des compétences affirmées. Tout en reconnaissant que ce n’est qu’un premier contact, que lui va travailler dans des secteurs plus chics et moins populaires par rapport aux autres agents. Il sent qu’il a une place à prendre et de l’argent à se faire.

2007

Initiation professionnelle

L’année précédente, Sybille a donné naissance à leur premier enfant, le couple voyage moins afin de se rapprocher de leurs familles et des néo-grands-parents que sont devenus leurs mères et pères respectifs.

Après une brève formation assurée par son parrain Pierre, Hubert se met vite dans le bain de la prospection en arpentant les rues de Boulogne-Billancourt, où il prend vite ses marques. La chance du débutant lui permet même d’initier sa première vente au bout d’un mois, sur une recommandation de sa boulangère. Une affaire en offrant une autre, l’acheteur lui propose de vendre son logement en exclusivité, ce qui lui fournira quatre opérations en aller-retour à partir du dossier initial. Un copain de rugby lui demande de vendre son appartement, puis un collègue de Sybille et la machine est très bien enclenchée.

Fort de cette réussite insolente pour un débutant dans l’immobilier, il se voit récompensé du Gentleman d’argent à la convention nationale. Statuette ressemblant aux oscars, décernés par le grand patron français, qui se la joue golden boy, beau gosse, avec une démarche du winner et le sourire aussi large que blanc. L’ambiance ressemble plus à un meeting de la scientologie, qu’à un congrès professionnel. Impression renforcée par l’entrée des meilleurs vendeurs « Les Gentlemen d’or » sous une musique assourdissante de Rocky, vêtus en boxeuse ou boxeur, sous les applaudissements dignes des rockstars en standing ovation.

Pour accentuer ce signe d’appartenance à une grande famille, les agents ont été plus qu’incités à participer à cette grand-messe annuelle, payante, car les fondateurs américains viennent exprès d’Austin, car la France est devenue tellement importante à leurs yeux. Ils viennent évangéliser les parrains et leurs filleuls sous une forme de baptême intellectuel, symbolique en abordant leur philosophie du MLM, ses forces, son esprit de famille et ses ressources permettant de devenir millionnaire ! Nelson Greenaway, le grand chairman du groupe présente à cette occasion son ouvrage « How to become a millionaire, through your charisma », théorie qu’il développe en parlant de séduction des clients, ainsi que des recrues que chacun doit fidéliser. À 250 € pièce, appuyé par une pression, ou plutôt une incitation lourde à s’offrir cet ouvrage majeur dans une vie, il semble évident qu’il devient aisé de faire un business juteux ! Celui qui n’achète pas, se met en marge et est considéré comme un réfractaire, qui ne pourra pas atteindre le nirvana des affaires !

Hubert joue le jeu, il semble galvanisé par l’ambiance qui l’entoure, ne laissant que très peu de répit à son libre arbitre et pour analyser l’absurdité de la situation. La promotion faite par « Dieu le Père », qui offre une opportunité extraordinaire d’acquérir son ouvrage avec un rabais de 10 % si on l’achète sur place, la musique à fond, les hourras à chaque annonce de résultats qui démontrent qu’ils sont les meilleurs et qu’ils explosent les plafonds, Hubert n’a pas le temps de relativiser, le timing est parfait, l’organisation envoûtante et les frères d’armes joyeux, souriants et beaux !

HUBERT : Tu sors de là, dit-il à Sybille, tu n’as qu’une envie de te défoncer pour eux !

Sybille, plus pragmatique, lui demande s’il a conscience qu’il est leur client et qu’ils n’attendent qu’une chose, te faire consommer leurs produits, leurs solutions, les logiciels maison, les goodies, te faire recruter plus d’agents qu’ils payent un pack mensuel, sans rémunération avant la première vente. On te le ressasse assez bien au cours du séminaire :

« Si tu veux gagner, il te faudra investir, comme au poker, si tu ne mises pas et que tu te couches, tu ne te donnes pas la chance de gagner, même si tu bluffes ! »

« Rappelle-toi, répète Sybille, que te fournissent-ils vraiment gratuitement ? Quand tu reçois 70 % des honoraires, qu’ont-ils fait pour toi pour 30 % sachant que tu règles une redevance mensuelle, que tous les à-côtés tu les payes, même cette convention tu la payes, 300 € pour venir acheter un bouquin et recevoir des statuettes, sans compter que l’on te demande encore d’investir, sur une campagne de SEO ou de SEA, attention Hubert tu ne sembles plus lucide avec tout ce que tu as touché dernièrement, tu as un enfant, tu m’as moi et tu prends moins de temps pour nous ! On a besoin de toi et de l’homme que j’aime. Relativise un peu… »

HUBERT : T’inquiète je sais ce que je fais, on va gagner beaucoup d’argent et se faire plaisir, tout ça je le fais pour nous, pour que mes futurs enfants soient fiers de leur père…

Pierre vient mettre fin à cette discussion, car on l’attend pour le gala du soir, il faut se mettre à table. Greenaway doit faire un discours ainsi que le boss français avant un spectacle et une soirée dansante. Une chanteuse que personne n’écoute vraiment occupe les transitions, le DG fait le chauffeur de salle, comme pour un show à l’américaine la star de la soirée vient envoûter en anglais les convives qui pour la majorité ne comprennent rien à ce qu’il dit. Heureusement, une traduction écrite passe sur les écrans, rappelant qu’ils sont l’élite de la société, que chacun d’entre peut réussir et faire beaucoup d’argent, il suffit de le vouloir ! D’ailleurs, un célèbre coach a martelé ce discours dans l’après-midi au cours de son show :

Ne subissez plus, ne soyez pas des cons vaincus, soyez convaincant ! Si vous ne croyez pas en vous, qui va le faire ? N’agissez plus comme des chèvres, des moutons de Panurge, prenez votre vie en main : Just do it ! Arrêtez d’agir en exécutant, soyez partenaires !

Par ailleurs comme le disait Marcel Achard, « Il est bon de dire du bien de soi-même… – ça se répète et on finit par ne plus savoir d’où ça vient ! »

Le tout suivi de standing ovations, la foule en liesse et en trans, repartie pour une année de production et de transactions immobilières.

GREENAWAYconclut son discours par: L’année prochaine, je veux vous voir tous sur la scène venir chercher votre Gentleman d’or, en m’annonçant des scores de plus de 500 000 € de CA personnel !

Les agents debout, applaudissent à tout rompre en répétant à la demande du chauffeur de salle, Frédéric, le numéro deux du groupe, un peu le look de culbuto, qui a dit un jour à Hubert arrête tes posts sur YouTube, c’est fini ! On va relancer la mode des pins ! Un vrai visionnaire a songé Hubert.

FRÉDÉRICharanguant les collaborateurs: Yes we can !

Un peu plus tard au moment du dessert, un drôle de spectacle s’offre au public médusé, un groupe de transsexuels, aux corps superbes, aux visages féminins se produisent sur la scène, à la fois provocateurs, voire obscènes, ils viennent chercher dans la salle des victimes qu’ils vont mettre en situation délicate, soit sur une chaise, soit en se lovant sur lui, soit couché sur le bar mimant un rapport sexuel. Hubert est un peu mal à l’aise devant ce spectacle qui lui semble déplacé dans le cadre de rapports professionnels. Il se met à distance, préférant discuter avec un groupe de jeunes femmes agentes sur la Côte d’Azur.

Un peu plus tard dans la soirée, chacun se retrouve autour de la piste de danse, entre grands professionnels de l’immobilier. Pierre chauffe une fille venue de Saint-Étienne, Hubert passe toute la soirée en dansant avec Ingrid de Cannes. L’alcool, la chaleur, font monter la température des corps qui se frôlent et s’entrelacent, avant de voir quelques escapades… passé 3 heures du matin les relations étant désinhibées l’instant devient propice de passer des débats aux ébats.

Au petit matin, avant la reprise du séminaire, Hubert retourne dans la chambre qu’il partage avec Pierre, ce dernier entouré de deux jeunes femmes totalement nues, est plongé dans un coma temporaire, des préservatifs sont à même le sol, des mignonnettes en nombre sont posées sur la table, l’odeur fétide pousse Hubert à ouvrir grand les fenêtres. D’autant que le démarrage est prévu dans une demi-heure.

Hubert passe par la salle de bains où il trouve Jonathan l’agent de Toulouse allongé dans la baignoire, commençant à ouvrir un œil. Un peu gêné, il se lève, se rhabille et file se changer dans sa chambre. Pendant ce temps, il réveille les deux femmes ainsi que Pierre, qui le prend à part :

PIERRE : Hub, rien sur ce qui vient de se passer ! Ce qui se passe à Biarritz reste à Biarritz frère !

HUBERT : T’inquiète.

PIERRE : Au fait, tu étais où toi ? Non tu t’es tapé Ingrid ? Waouh la bombasse, tu ne t’emmerdes pas ! T’as toujours été le meilleur ! Les nibards de la gonzesse, mazette ! Elle est bonne non ?

HUBERT : Arrête, je suis assez mal comme ça ! Comment je vais expliquer ça à Sybille ?

PIERRE : Surtout tu ne dis rien, tu te la fermes ! Ça n’apporte rien, on a tous besoin d’un peu de détente, ça fait un bien fou ! Ne fais pas ton jésuite, laisse ça à tes parents, mais surtout ne fout pas ta famille en l’air, on a tous besoin d’un jardin secret ! Dans Elle…

HUBERT : Tu lis Elle ?

PIERRE : Oui sur la plage, c’est celui d’Emma, c’est instructif ! Elles conseillent d’avoir des aventures pour souder ton couple et te faire respirer un peu…

HUBERT : Je ne suis pas sûr que ce soit exprimé comme ça, tu lis les phrases qui t’arrangent !

PIERRE : En tout cas, Hub t’es un gagnant, ne te laisse pas enfermer par ton éducation trop stricte qui t’interdit de t’épanouir, de sortir de ta zone de confort ! Tu veux quoi ? Te retrouver à 45 ans en débardeur bordeaux, en pantoufle dans ton pavillon de banlieue avec Bobonne qui t’attend le soir en lisant les mémoires de Simone Veil ? Ne te juge pas ! Fous-toi la paix, vis ! T’es de la race des seigneurs, tu avances, tu fais du fric et tu baises qui tu veux ! Tant que ta femme ne le sait pas, elle restera heureuse de sa vie, de ses gamins bien coiffés et bien éduqués… On est d’accord ? Tu ne fais pas ce job pour le SMIC ? Tu vaux mieux ! À 40 ans, je te vois en Aston Martin, ton jet pour aller dîner à Cannes, à Nice ou à Porto Cervo !

HUBERT : T’as raison la vie est trop courte pour ne pas faire ce que je veux et m’amuser comme je le souhaite !

Après la convention, chacun est reparti dans sa région, la majorité des agents ressentent cette impression d’appartenance à une grande famille, les grands patrons ayant pris le temps de leur parler et de les mettre en valeur.

La vie reprend ses habitudes, dès le lendemain Hubert doit rencontrer un client, un marchand de biens qui veut revoir des biens qu’il a à la vente. Ce dernier en a retenu deux qu’il souhaite revisiter avant de faire une proposition. Hubert a pris tout son dossier, des offres d’achat afin de tenter d’obtenir une proposition dans la foulée, mais le rendez-vous ne va pas se passer comme prévu, si le marchand de biens veut effectivement faire une proposition, celle-ci s’avère étonnante.

LE MARCHAND DE BIENS : Hubert, vous permettez que je vous appelle Hubert ?

HUBERT : Évidemment !

LE MARCHAND DE BIENS : Je vais faire deux offres, je vous prends la rue du Laos et Suffren, pour l’appart de la rue du Laos, il y a 50 000 € d’hono, je vous en propose 35 000 € en off comme vous êtes en mandat simple, ça ne se verra pas ! De la main à la main, je gagne 15 000 €, vous gagnez 15 000 €. Je vous explique, 50 000 moins la TVA, ça fait 40 000 pour votre boîte, vous touchez 70 % soit 28 000 €, moins les impôts et les charges, ça vous laisse moins de 20 000, donc on est gagnant-gagnant. On en fait passer une offre en officiel et l’autre entre nous. Et sachez que ce n’est que le début !

Hubert est perturbé par la situation, mais son esprit ne fait qu’un tour, lui qui aimerait s’installer à son compte en ouvrant sa propre agence, cela constitue une première base pour sa cagnotte, car se lancer coûte cher, entre le droit au bail, la décoration, les abonnements aux portails immobiliers, etc. Il faut au moins 100 000 € pour prendre ce risque. Un sourire complice et voilà l’affaire conclue :

HUBERT : Qu’est-ce qui me dit que je vais être payé, si mon réseau n’est pas cité dans la promesse ?

LE MARCHAND DE BIENS : C’est une question de confiance en effet, vous n’aurez aucune garantie, mais j’ai aussi tout à perdre si je ne tiens pas mes promesses, ça tourne vite la mauvaise réputation, or j’ai une enveloppe de 10 millions à placer, donc je ne joue pas, c’est ma seule promesse, à prendre ou à laisser ! On fait quoi ?

HUBERT : On joue !

LE MARCHAND DE BIENS : Vous ne le regretterez pas !

C’est la première fois que Hubert songe à profiter de la situation en sortant des clous, mais finalement le côté banditisme l’amuse un peu. Il commence à imaginer une ou deux autres opérations similaires qui l’amèneraient vite à l’enveloppe qu’il souhaite atteindre avant de s’installer.

L’occasion va rapidement se représenter, Pierre lui propose la mise en place d’une arnaque simple.

PIERRE : J’ai un truc pour nous, j’ai imaginé d’ouvrir une SARL, je prends la carte T et on facture en direct les notaires. Le siège social est à Montpellier, on détourne un lead sur 3, on dit qu’ils n’ont pas abouti et on se les garde.

HUBERT : Je ne te suis pas, sois plus clair…

PIERRE : Le groupe nous fait parvenir des coupons de personnes qui ont sollicité un avis de valeur.

HUBERT : Oui !

PIERRE : Ces coupons nous donnent droit qu’à la sortie, on est payé à 70 % sur la moitié des honoraires, tu me suis ?

HUBERT : Pour le moment ça va.

PIERRE : Je te propose de garder un mandat sur trois pour nous, on dit que le client n’a pas donné suite ou qu’il a pris une autre agence. Si on a 10 000 d’hono, au lieu de prendre 70 % sur 5000, car on lâche la moitié au siège, on garde les 10 000 pour nous et on se fait 5000 chacun, net !

HUBERT : Waouh touchy, mais pas con ! On est seul sur Paris, on ne nous contrôle pas trop, c’est jouable ! On peut aussi le faire sur nos dossiers pour quelques ventes, on se garde la totalité des honoraires…

PIERRE : Top, je te reverse alors 90 % des hono, je ne te taxe que de 10 % sur tes propres dossiers, ensuite je change de nom commercial et j’ouvre mon agence avec la trésorerie que je vais accumuler !

HUBERT : J’adore ton idée…

PIERRE : J’ai un nom pour nous : GentlemanImmo SARL.

HUBERT : Ouh là, c’est un peu chaud non ?

PIERRE : Il ne faut pas le faire longtemps, mais c’est imparable ! On aura bougé avant qu’ils ne s’en aperçoivent.

Les jours suivants Pierre et Hubert ne se quittent plus, entre la constitution de la société, l’enregistrement auprès du greffe, puis à la préfecture rue des Morillons, la carte professionnelle de transaction prend 2 mois pour être délivrée, cela tombe bien, car justement un dossier doit passer sous promesse de vente.

Le mandat de vente sous enseigne du réseau est fourni au notaire, mais avec les coordonnées de la nouvelle SARL GentlemanImmo, personne ne réagit et le dossier passe sans aucune complication. L’argent est versé sur le compte de la SARL de Pierre et Hubert a perçu sa part. Ainsi, dans les mois qui suivirent, ils ont réussi à détourner 8 dossiers de vente pour un chiffre d’affaires de 220 000 €, évidemment en privilégiant deux gros dossiers. En revanche, la supercherie ne va pas durer longtemps, entre le cabinet d’avocat des Gentlemen de l’immo, qui opère une veille concurrentielle sur les noms des sociétés qui se créent, pouvant se rapprocher du leur, plus une affaire qui tombe mal, ils sont vite rattrapés par une procédure judiciaire pour faux en écriture et détournement de fonds.

En effet, un dossier va les confondre, les mêlant à un vendeur d’appartements de haut standing, dont la vue donne sur tout Paris, une belle terrasse, refaite à neuf. Le vendeur souhaite proposer un prix attractif afin de réaliser l’opération au plus vite et repartir dans son pays. À l’époque le bien paraît sur un support papier, le PAP, de nombreux particuliers appellent dès la parution, voulant visiter au plus vite. Pierre le commercialise également de son côté et a immédiatement des clients. Le dossier représentant le plus gros montant d’honoraires qu’il ait eu à traiter, il décide de le passer sous l’enseigne fantôme.

PIERRE : Hubert, je rentre un appartement aux Buttes Chaumont, un appartement de 165 m² avec terrasse de 40 m², en parfait état à 1 200 000 ! 72 000 de com !

HUBERT : 72 000 c’est ton record !

PIERRE : Tout à fait, ça fait un joli paquet, on y arrive à notre propre agence ! On va secouer les Nobel, les Maxwell Baker, les Étienne Pujols ! Attention, on arrive sur le marché du luxe !

HUBERT : J’adore, il faut que l’on entre sur ce marché, il y a un max à se faire et il n’y a pas encore beaucoup de concurrents !

Il organise la signature de la promesse sous seing privée, directement chez le vendeur, le week-end suivant. L’agence-écran est couchée sur la promesse de vente, l’affaire semble juteuse et rondement menée. De son côté le vendeur avait exigé pour finaliser la vente qu’un dessous de table de 20 000 € soit versé contre un chèque de garantie qu’il remet à la signature de la promesse. Ce qui fut fait en présence de Pierre servant en quelque sorte de garant de la bonne fin de l’opération. Les deux parties satisfaites, il ne reste plus qu’à transmettre les dossiers aux notaires pour se revoir dans trois mois.

À partir de cette poignée de main, tout va basculer dans le cauchemar. Après les sept jours de réflexion de la loi SRU (Solidarité Renouvellement Urbains) quelques semaines plus tard, les acheteurs s’étonnent que le notaire de leur vendeur n’ait pas pris attache avec le leur. Pierre n’arrivant plus à joindre son vendeur, l’angoisse monte progressivement. Rapidement, les acquéreurs déposent une plainte auprès de la police, contre leur vendeur, dépôt qui ne tarde pas à susciter un vif remue-ménage dans le commissariat. En effet, le nom du vendeur fait l’objet de 18 plaintes sur les derniers jours.

Le lieutenant leur expose les faits relevés.

LE LIEUTENANT : Votre lascar est un sacré malin, le matin même de la parution de son annonce, les acquéreurs on fait des offres au prix, deux agences sont venues avec leur client, dont vous. Puis le vendeur les a rappelés après avoir reçu une première offre ; il leur a dit, je cite :

… Bonjour, je vous rappelle que suite à votre offre, je suis prêt à vous réserver la primeur, mais vous comprenez qu’avec le nombre de propositions que j’ai collectées, vous avez bien conscience que le prix est un peu bas. Si vous êtes disposés à verser 20 000 € en cash, je signe avec vous…

… Ils ont tous, un par un accepté, ou presque. Il leur propose de signer rapidement…

… Vous venez samedi avec l’enveloppe, je vous remets un chèque de garanti, que l’on déchirera à la signature définitive chez le notaire c’est un copain ! Il reprend son souffle.

« Le samedi suivant, le phénomène se reproduit tout au long du week-end et le lundi, dans la semaine, après avoir transféré son argent sur compte off-shore, notre Arsène Lupin, file à Roissy et retour au bled avec 360 000 € ! Nous avons 18 plaignants dans cette affaire, dont deux ont signé via une agence immobilière. »

LES CLIENTS VICTIMES : Alors là, nous sommes abasourdis de ce que vous nous dites, monsieur le commissaire, car nous, nous sommes passés exprès par le Réseau des Gentlemen, comment se fait-il qu’ils aient prêté leur concours à une telle arnaque ?

LE LIEUTENANT : Ça, c’est l’enquête qui pourra nous le dire, mais je peux vous assurer que ça va être chaud pour eux, s’ils n’ont rien vérifié, que ce soit ; identité, titre de propriété. Oui, car j’ai oublié de vous dire, notre escroc n’était pas le propriétaire, il avait loué l’appart juste pour faire l’opération !

« Oh putain », s’écria la plaignante, sous le regard dépité de son mari.

Les jours suivants, le dépôt de plainte, l’affaire prend une tournure délicate pour Pierre qui est convoqué à la Brigade financière au Château des rentiers à Paris. Le patron du réseau est également sollicité. Or ce dossier n’apparaît pas comme vendu dans ses dossiers. Donc l’enquête se concentre sur GentlemanImmo avec comme chef d’accusation ; le détournement d’affaires, le faux en écriture. Après une garde à vue de 24 h pour Pierre, le réseau comprend la supercherie, avec une perte sèche de plusieurs centaines de milliers d’euros. Pierre et Hubert sont immédiatement convoqués au siège à Montpellier pour se voir signifier leurs suspensions, sans indemnités, à la condition qu’ils ne fassent aucune vague. Le réseau préfère étouffer l’affaire, que de la porter sur la place publique. Le patron de la master franchise leur demande leur démission, ce qui suspend leur droit à indemnités pour rupture du contrat à la demande du réseau, soit une perte de l’équivalent de 2 ans de commissions générées par les deux copains. En contrepartie, ils échappent à un procès par le réseau.